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 De vieux amis [Deejarah]

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Perdiccas
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MessageSujet: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeJeu 13 Juin 2024 - 11:20


L'an 21 du XIème cycle
Quatrième ennéade de Verimios - Hiver
Le septième jour


Une douce quiétude régnait au sein de la petite cour d'entrée, à l'ombre des hauts murs de la résidence derrière lesquels vous parvenaient les échos étouffés du tumulte urbain. Le marbre blanc des pavés, baigné de soleil, reflétait une lumière apaisante qui scintillait sur les eaux cristallines d’une fontaine sculptée en forme de nymphes. L'air était embaumé d'un délicat parfum de roses blanches qui fleurissaient le long des murs et des arcades. Au centre de la cour, sous une pergola ornée de glycines en fleurs, Pasiphaé commandait à sa maisonnée, élégamment drapée dans une robe ivoire, cheveux noués en une tresse complexe ornée de perles rutilantes. Ses yeux d'un vert profond balayaient supervisaient les travaux de ses domestiques avec l'attention d'un chef d'orchestre, avec l'amour des maisons bien tenues, où rien ne dépasse, où tout est à sa place…

- ‘jour, m'man, lança Perdiccas en pénétrant dans la petite cour, le regard vitreux, cheveux désordonnés, l'habit débraillé. Il bailla sans retenue, la bouche grande ouverte avec un filet de bave entre les amygdales, et se dirigea vers la fontaine en se gratouillant les baloches. Voilà une bien belle journée qui commence, dit-il avant de plonger les deux mains dans l'eau pour s'asperger le visage.
- Il est déjà midi, répondit la Rose Virginale avec un rien d'impatience. Tu as encore passé la nuit dehors.
- Ne dit-on pas que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ? Je prends juste un peu d'avance en ne me couchant pas.
- La vie de citadin ne te sied décidément pas. Sais-tu quand ta compagnie repart battre le campagne ?
- Après-demain, dans trois jours, deux ennéades ? J'attends que Varsken me fasse signe. D'ici-là, il faut bien que je m'occupe. Seriez-vous déjà lasse de ma plaisante compagnie, Mère adorée ?
- Elle me serait plus agréable si tu commençais par prendre un bain avant de paraître devant moi. D'ailleurs, tu vas y aller tout de suite, car j’attends de la visite. Hors de question que l'on te voie dans cet état.
- J'y vais, ma douce et tendre maman, j'y vais. Juste après le petit déjeuner. Est-ce qu'il y a de la bière ?
- J'ai dit tout de suite, Perdiccas.
- Bon, bon.

Se détournant de la fontaine, Perdiccas se dirigea vers le corps de logis. Son crâne le grattait désagréablement ; où avait-il donc fourré sa tête hier soir ? Il n'en gardait aucun souvenir.

- Tu n'as rien oublié ? demanda sévèrement Pasiphaé alors que son fils franchissait le seuil de la porte.
- Ma mémoire est faillible, Mère.
- Tu as oublié mon bisou.
- Oh ! Pardon.

Le jeune mercenaire accourut vers sa génitrice, qu'il enlaça de ses bras aimants.

- Bon. Maintenant, décampe. Tu empestes.


Dernière édition par Perdiccas le Lun 8 Juil 2024 - 13:29, édité 1 fois (Raison : Illustration Pasiphaé)
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MessageSujet: Re: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeDim 16 Juin 2024 - 7:41




Un jour avant le départ, Ballast avait au hasard d’une rencontre, réussi à obtenir un rendez-vous avec une de ses fameuses connaissances dont il refusait toujours de m’en dire plus, alors que nous nous dirigions vers le palais où son contact résidait. Chose qui était assez inhabituelle pour moi, et cela pour deux raisons. D’ordinaire, Ballast préférait pour ce genre de rendez-vous la discrétion de la nuit pour laisser les langues se délier, mais aussi parce que cette fois, il m’avait convié à l’accompagner.  
J’ignorai ce qu’il manigançait, mais tout cela titillait grandement ma curiosité, autant que ma méfiance. Oui avec mon mestre, il fallait toujours être méfiant, et s’attendre à un coup de fourbe.

Je n’en admirai pas moins les superbes palaces de ce fameux quartier de la Soierie, tout en élégance et raffinement, avec un rien d’ostentation, bien loin des quartiers du petits peuple. L’occasion de visiter tel endroit était rare, aussi me laissais-je volontiers charmer par ses palettes de tons chauds, et ses murs clairs très bien entretenus, ses architectures rondes typiques de ces pays du sud, sans parler des jardins qui se cachaient derrière les murs et que je ne pouvais que deviner, même si l’hiver avait laissé sa marque.
Et si au coucher du soleil le froid glacial de la saison prenait toute sa place, même ici au sud, l’astre désormais à son zénith, brillait de milles feux, accordant un peu de douceur à cette journée malgré l’hiver.

Pour cette occasion très particulière, j’avais fait un effort de toilette. Enfin surtout parce que Ballast l’avait exigé, lui-même d’allure pimpante dans son jabador trois pièce dont la longue tunique qui se superposait aux autres couches, faisait ressortir par son bordeaux et ses broderies or tissées de sequins, la parfaite élégance. Ajouté à cela le soin particulier qu’il avait porté à ses cheveux noués proprement sur son crâne en un chignon lisse. Il l’avait noué tellement serré que même ses rides pourtant nombreuses s’en trouvaient atténuées !

Personnellement j’étais restée dans un style parfaitement mécan, avec culotte de daim près du corps, mes bottes dûment lustrées d’un camel tirant vers le brun, un chemisier blanc soutenu d’un corset noir brodé de fil d’or, le plus élégant dont je disposais et le manteau noir lui aussi, était rehaussé de ses boutons en or et à la coupe officier qui allongeait ma silhouette. En revanche, je détestai nouer mes cheveux et ils flottaient librement dans mon dos, brillant de tout leur éclat après le récent bain que j’avais pris.

Le tout renforçait le mystère de ce rendez-vous de cette mi-journée. Je croisais quelques regards étonnés sur notre passage, ne sachant pas si c’était du fait de Ballast ou de moi, ou des deux peut-être. Nous avions l’air de ce que nous étions, deux étrangers endimanchés qui se rendaient à un rendez-vous princier !
Aussi pour la millième fois, le tannais-je d’une nouvelle bordée de questions.
- Vas-tu donc me dire où est-ce qu’on va ??
- Tu vas bientôt le découvrir.
- On va voir qui ?
- Une très vieille connaissance.
- Une femme ou un homme ?
- Une femme.
- Ooooh je vois une de tes maîtresses ? Hmm ??  OHHH ouiiii c’est pour ça que tu t’es fait tout beau !!

BIM, je me reçus un coup de bâton sur l’épaule :
- Aaiie !! Alors c’est ça, repris-je guère refroidie par le coup, non sans me frotter l’épaule douloureuse.
- Ce n’est pas ma maîtresse, c’est une vieille amie c’est tout !
- Hmm hmm fis-je parfaitement dubitative. C’est pour ça qu’on a enfilé nos plus beaux vêtements, juste pour aller voir une vieille amie et que tu as passé autant de temps à te préparer.
- Elle ne m’aurait jamais reçu sans ça . Cette femme ne fréquente que la haute société. On se doit de d’afficher le prestige qu’elle mérite.
- Qu’elle mérite ! je vois je vois !
- NON ! il s’arrêta un instant pour fixer sur moi son regard opaque.
- Tu ne vois rien du tout !

Je m’esclaffai à cette répartie, c’était le comble d’entendre ça de la bouche d’un aveugle. Ballast sentant venir le trait, aussi prévisible qu’un lever de soleil,  lâcha un énorme soupir et c’est là qu’il fut sauvé quand il comprit grâce à ses sens aiguisés que nous étions arrivés à notre point de rendez-vous. Je le vis soudain accélérer le pas pour aller frapper à la porte. Ce qui coupa aussitôt court à toute question de ma part.

Nous fûmes accueillis par ce qui devait être un domestique ou peut-être un esclave et on fut rapidement mené après avoir été annoncés, jusque dans une très coquette cour intérieure qui cachait comme je l’avais deviné, un ravissant jardin. J’observai le tout d’un regard empli de curiosité, avant de m’arrêter sur la femme d’une beauté sans pareil. Elle était d’un âge indéfinissable, mais rien ne venait ternir sa superbe, parfaitement mise en valeur par sa coupe et sa tenue.

Je me penchai pour glisser à Ballast discrètement.
- Hmm je comprends mieux à présent.

Il m'écrasa alors le pied du fond de son bâton d'un coup sec et rapide, m’arrachant un grognement de douleur étouffé, me gardant bien d'émettre le moindre juron. Il s’était recommandé sur ma bonne tenue et cette promesse là je savais que j’avais tout intérêt à la tenir. Et puis je ne voulais pas porter ombrage à leur si « grande amitié » n’est-ce pas ?

- Très chère amie ! lança Ballast avec emphase, quelle joie de te retrouver !

Je restai à sage distance, observant le couple qu’ils formaient, assurément décalés par l’âge, même si je savais que celui de Ballast trahissait une vieillesse prématurée, dévoré qu’il avait été dans ses plus jeunes années par son art.

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MessageSujet: Re: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeSam 22 Juin 2024 - 22:43


- Toute la joie est pour moi, Cécias, dit Pasiphaé en entourant le Ballast de ses bras, appelant ce dernier comme elle en avait l'habitude par son véritable prénom. Tu n'as pas pris une ride depuis notre dernière rencontre.

Ce mensonge éhonté ne pouvait tromper personne, mais Pasiphaé l'avait proféré avec un aplomb des plus courtois. Bien sûr que l'élémentaliste avait encore pris un coup de vieux ; mais d'aussi loin qu'elle s'en souvienne, il avait toujours eu la trogne d'une vieille pomme ridée. Et elle l'aimait bien, cette vieille pomme. Ballast pouvait au moins se vanter de compter parmi les véritables amis de la Rose Virginale : ils étaient finalement assez rares, les hommes qu'elle ne côtoyait pas que par intérêt. Ces dernières années, les occasions qu'ils avaient de se retrouver tendaient à s'espacer, mais ils se connaissaient depuis longtemps. Le mage avait par le passé sorti Pasiphaé d’un bien mauvais pas, et la Rose Virginale ne l'avait jamais oublié. Guère ingrate, elle n'hésitait pas à lui faire profiter de renseignements de première main sur ce qui se tramait à Thaar ; ses réseaux et son influence en faisaient une femme plutôt bien informée.

- Serait-ce ta fille ? ajouta-t-elle alors que son regard se posait sur Deejarah et que l’iris de ses yeux verts s’éclairait d’une lueur perplexe. Tu m'avais caché cela, petit fripon ! Et elle est si belle ! Elle doit le tenir de sa mère.

Ses lèvres s'ourlèrent d'un fin sourire, amusée qu'elle était de sa propre taquinerie. Ce faisant, elle jaugeait du regard la jeune inconnue. Plutôt grande, élancée et joliment proportionnée, elle avait un visage des plus avenants et ses cheveux étaient du plus beau roux ; Pasiphaé aurait payé cher pour l'embaucher dans l'un de ses bordels. Les rousses, ça plaisait toujours ; les Vaanis leur trouvaient toujours un côté exotique, même quand elles venaient elles-mêmes d'Ithri'Vaan. Elle se garda bien toutefois d'en faire la suggestion au Ballast, d'abord parce qu’elle ne se faisait pas d'illusions sur ce que le mage en penserait, ensuite - et surtout - parce que l'intéressée avait dans le regard quelque chose de farouche qui ne donnait pas envie de se la mettre à dos.


Dernière édition par Perdiccas le Lun 8 Juil 2024 - 13:30, édité 1 fois (Raison : Illustration Pasiphaé)
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MessageSujet: Re: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeMer 26 Juin 2024 - 9:58




Mon sourire s’étira face à ce si charmant spectacle. C’était une première pour moi, observer Ballast en pleine parade amoureuse ! Et chacun y allait de sa flatterie. Ils étaient trop mignons ! Même si je doutais que ce n’était pas pour que je puisse profiter de son expérience en la matière ou comment faire la cour à une dame qu’il m’avait entraînée dans ce rendez-vous. Non il devait y avoir une autre raison et je ne l’avais pas encore trouvée.

Je continuais donc d’observer plus ou moins discrètement à distance, sans chercher à me mêler de leurs roucoulades quand la remarque de Pasiphaé eut le don de transformer mon expression en stupeur dans un premier temps, avant de voir que Ballast lui n’avait pas l’air de s’en formaliser du tout. Même que quand il répondit, j’aurai juré deviner une certaine douceur dans ses mots alors que son regard aveugle se tournai vers moi.
- Non, mais ça aurait pu. Je suis seulement son tuteur et maître d’apprentissage bien qu’elle sache se débrouiller sans moi désormais.

Je rougis soudain, et difficile à dire si c’était à cause de la déclaration de Ballast ou du compliment de Pasiphaé. Je passais pour la peine totalement à côté du sobriquet de petit fripon qui était pourtant si insolite au vu de l’image que j’avais de Ballast. Mais nul doute que mon esprit s’en souviendrait en temps voulu. Pour l’instant je m’agitai quelque peu, ajustant mon foulard, et mes cheveux dans un geste pour dissimuler ma gêne.
- Son père est Raegon Sandrakis et sa mère....

Cette fois j’intervins parce que cela devenait déplaisant qu’on parlât de moi en ma présence comme si j’avais été invisible ou incapable de m’exprimer.
- Ma mère est morte, il y a très longtemps. Je n’ai jamais connu mon véritable père. Raegon Sandrakis m’a adoptée suite au décès de ma mère et confié mon apprentissage à notre ami commun Cécias, vu que nous partageons le même art.

Je m’inclinais légèrement et poliment suite à cette présentation, captant au passage, l’air surpris de Ballast. Imaginait-il que j’ignorai cette partie de l’histoire ?
- Je suis enchantée de faire votre connaissance, Madame. Ballast.. je veux dire, Cécias m’a si rarement parlé de vous comme si c’était un secret jalousement gardé, dis-je avec impertinence, mais gardant toujours un ton poli comme on me l’avait longuement enseigné.
- Et comme tu peux le constater, enchaîna Ballast avec le reproche dans la voix, un ton qui m’était bien plus habituel. Elle n’a pas la langue dans sa poche.
Tiens à ce sujet, ton fils comment va-t-il ? S’est-il quelque peu assagi ?  


Il y avait une note de malice dans sa voix, mais pour ma part, je fronçais les sourcils. Un fils ? De ça il ne m’en avait nullement parlé, oui enfin il ne m’avait pas révélé grand-chose de ce rendez-vous.
Oh OH non ? Il ne songeait quand même pas à ce que j’étais soudain en train de soupçonner ? Mon expression perdit tout sourire, craignant désormais d’entendre la réponse de Pasiphaé, et commençant à surveiller autour de moi, me méfiant de toute nouvelle arrivée impromptue qui puisse ressembler de loin ou de près à cette femme que j’imaginai déjà la lippe boudeuse, et les manières de l’enfant à qui on cédait tout caprice. Un gosse si insupportable que ces deux-là avaient arrangé l’air de rien, un rendez-vous pour leurs chers petits protégés. Une punition peut-être de Ballast, un autre de ses plans tordus pour se débarrasser de moi ? Vu qu’il ne cessait de me dire que je n’avais plus besoin de lui, ou quoi d’autres ? Milles suppositions toutes aussi affolantes et déplaisantes les unes que les autres se bousculèrent dans mon esprit trop imaginatif.


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MessageSujet: Re: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeLun 1 Juil 2024 - 21:28


A l'évocation de Raegon Sandrakis, la Rose Virginale haussa un sourcil intrigué. Le regard qu'elle posait sur la jeune femme se fit tout autre ; c'était comme si elle découvrait subitement chez elle quelque chose d'inattendu et de remarquable. La dénommée Deejarah pouvait se targuer de jouir de puissants amis, parents et protecteurs, encore que Raegon Sandrakis ait disparu depuis plus de vingt ans. Le célèbre seigneur pirate laissait toutefois un souvenir vivace dans la mémoire de tous ceux qui l'avaient côtoyé, ou dont l'existence avait été impactée, de près ou de loin, par les exploits de cet écumeur de mers. En femme bien informée, Pasiphaé s'étonnait de ne jamais avoir entendu parler de la fille adoptive du célèbre flibustier ; soit celle-ci avait mené jusqu'alors une existence discrète, soit les réseaux d'informateurs de la Rose Virginale n'étaient plus ce qu'ils avaient été.

- Je suis enchantée, moi aussi, souffla-t-elle, encore mal remise de sa surprise. Vous portez un nom... prestigieux. Un nom apte à vous ouvrir bien des portes, mais qui pourrait également vous attirer bien des ennuis ; c'est le prix de la renommée.

Deejarah comprendrait sans peine que la Rose Virginale n'ignorait rien de la légende de son père adoptif. Mais Pasiphaé n'eut pas le temps d'en ajouter davantage, Ballast ayant décidé d'orienter la conversation sur un tout autre sujet. A l'évocation de son fils, Pasiphaé esquissa une moue désabusée.

- Assagi ? Oui et non. Figure-toi qu'il est ici. Il a bien changé depuis votre dernière rencontre, mais lui non plus n'a pas sa langue dans sa poche. Et un jour viendra où il en paiera le prix fort, s'il n'y prend pas garde, aurait-elle pu ajouter.

Elle avait à peine prononcé ces mots que les portes du logis s'ouvrirent à la volée et que, d'une démarche assurée et un brin cavalière, Perdiccas déboula dans la petite cour. Au grand désarroi de sa génitrice, le Rejeton de la Rose persistait à se vêtir en homme de guerre : dédaignant les tuniques brodées à la mode des bourgeois, il portait un épais gambison de toile sombre. Au moins n'avait-il pas revêtu sa cotte de mailles. Du reste, il avait obéi à la consigne : il s'était lavé, parfumé, et même peigné pour l'occasion, bien que ses cheveux ne tarderaient guère à reprendre leur liberté et à se disperser en mèches rebelles ; ils étaient aussi indomptables que leur propriétaire.

- Par les saints mamelons de Néera, s'exclama le jeune homme à la vue des invités, que je sois pendu si ce n'est ce vieux Cécias ! Ce faisant, il s'avançait vers les convives, le regard braqué sur le vieux mage aveugle, bras grands ouverts, puis, sans façons, il étreignit avec force le vieil homme. Ce bon Cécias ! La dernière fois que je t'ai vu, j'étais encore puceau. C'était il y a drôlement longtemps !

Comme il lâchait le mage, son regard oscilla en direction de Deejarah, qu'il sembla remarquer seulement à cet instant.

- Je ne crois pas avoir le plaisir de vous connaî...
- Elle s'appelle Deejarah, précisa Pasiphaé avec un rien d'impatience, peu désireuse de voir se répéter indéfiniment les présentations. Elle est l'apprentie de Cécias.
- Les amis de ma mère sont mes amis, lança-t-il sur un ton enjôleur, avant de franchir les deux mètres qui le séparaient de la rouquine, ouvrant grand les bras pour l'étreindre à son tour.


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MessageSujet: Re: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeJeu 4 Juil 2024 - 6:44




Mon sourire moqueur passa rapidement de l’amusement à la surprise face à la réaction de l’amie de Ballast qui connaissait mon père de réputation, si ce n’était en personne. Et vu que ça faisait longtemps qu’on ne m’en avait pas parlé en ces termes, j’étais soudain bien moins prompte à tacler mon mestre, et touchée pour la peine.

De fait j’inclinai à nouveau la tête en signe de respect, avant de répliquer avec l’audace qui était désormais mienne :
- Un Sandrakis ne craint pas les ennuis. Mais ravie d’apprendre que vous avez connu mon père... personnellement peut-être ? ajoutais-je aiguillonnée par la curiosité, voyant bien que Ballast lui, s’amusait de ma réaction.

Mais il avait de son côté, semblait-il une toute autre préoccupation ou peut-être posait-il la question par pure politesse ? Puisqu’il fut soudain question d’un fils, ce qui ne manqua pas de me contrarier, croyant deviner là une autre des manigances du vieux mage.

En tout cas ils se connaissaient et.... je n’eus guère l’occasion de pousser mes observations plus en avant puisque le fils prodigue fit son apparition, non sans lâcher un chapelet de jurons qui contrastait vivement avec le raffinement du décor et l’élégance de sa mère. Je compris à sa tenue d’où il tenait pareil langage, avant de le voir, médusée, étreindre le Ballast qui grimaça un sourire, lui si peu adepte des familiarités.
J’étouffai un rire face à son embarras, ou peut-être était-ce à cause de cette nouvelle saillie sortie de la bouche de ce jeune premier qui avait belle allure, et qui avait hérité de la beauté de sa mère. Mui un bellâtre en herbe, sûr de son sourire étincelant et de son charme, un regard sombre mais qui pétillait de la même impertinence se reflétant trop souvent dans mon propre regard au goût de Ballast.

J’en oubliai ma méfiance quand soudain le bel adonis s’approcha pour sans attendre me réserver le même sort qu’à Ballast. Et les rôles furent intervertis, mon mestre riant sans même se cacher de ma surprise, coincée que j’étais par la bienséance, m’empêchant de repousser le fiston tout de go pour lui coller un coup de genou dans les burnes. Mais mon regard lui, dût être des plus explicites.
- Perdiccas ! Tu as gagné en taille et en verve depuis la dernière fois que nous nous sommes rencontrés. Mais peut-être pas de la façon dont ta mère aurait pu l’espérer, ajouta-t-il en se tournant vers la concernée. Ma pauvre Pasiphae, dit-il oubliant toute moquerie, d’un ton que je ne lui connaissais pas, combien je compatis à ta peine ! Je ne sais que trop ce que tu endures, hélas !

Je le foudroyai du regard, même s’il ne pouvait le voir. A l’entendre, j’étais le pire fléau qui soit. Et il avait l’air de penser tout pareil pour ce Perdiccas.
- Et on en parle de ce que moi j’endure ? marmonnais-je en croisant mes bras sous ma poitrine. C’est vrai ça, de quoi se plaignent-ils ? Dis-je à l’attention de mon compagnon de blâme.

Mais visiblement, ils avaient tous deux décidé de faire comme si je ...nous ? n’étions plus là, ou plus aptes à pouvoir répondre de nous-mêmes. Aussi à défaut d’avoir l’attention de nos aïeux, m’adressais-je directement à ce jeune homme :
- Perdiccas, donc... vous êtes dans quel service armé ? Est-ce là votre propre choix ou quelqu’un a jugé plus utile de choisir à votre place ?

Oui c’était une accusation à peine déguisée, même si dans le fond, elle était injuste, sachant que Ballast n’avait pas eu plus voix au chapitre que moi. A cette époque, c’était Raegon qui décidait pour tout et tous ceux qui faisaient partie de son entourage, moi y compris, moi particulièrement !  Quoique je n’avais aucun réel reproche à faire à ce sujet. J’étais seulement contrariée de me voir traiter comme un boulet par un Ballast qui n’avait plus d’yeux que pour sa Pasiphae. Oui enfin.. façon de parler.

Un Ballast qui s’enquit bientôt de ce qui pouvait se passer à Thaar, au vu de nos deux ans d’absence.
- Alors quelles sont les nouvelles ?.. et d’un ton plus sinistre d’ajouter : j’ai appris pour Marzaban, sa disparition tragique, espérant sans doute que la belle saurait quelque chose à ce sujet.



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MessageSujet: Re: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeLun 8 Juil 2024 - 15:27


La remarque du Ballast était censée vexer le jeune homme, mais ce persiflage glissa sur Perdiccas comme un pet soufflé dans la bise matinale des quais de Thaar. Il se fichait bien des critiques ; il avait l'habitude d'essuyer celles de sa mère avec un flegme implacable. Tel ne semblait pas être le cas de la protégée du Ballast, laquelle s'insurgea d'être mise dans le même sac par son mentor. Ses protestations, pourtant, ne trouvèrent auprès des anciens qu'une sourde indifférence. Perdiccas lui esquissa un fin sourire compatissant. Tel était le prix à payer quand on était jeune et libre ; chercher l'approbation de ses aïeux est une quête sans fin, surtout quand on a choisi de ne pas suivre bêtement la voie qu'ils ont tracé pour nous.

- Oh, moi, je suis mercenaire, ma bonne dame, répondit le freluquet avec emphase. La Compagnie des Justes, vous connaissez ? Nous sommes des justiciers, à notre manière ; à ceci près que nous ne travaillons jamais gratuitement. On est des mercenaires, mais toujours du côté des gentils. En tout cas, il n'avait jamais servi un maître qui revendiquait d'être le méchant. Quant à savoir si ce fut mon choix, la réponse n'est pas si simple ; ma chère mère rêvait que je m'engage au service de la communauté, mais le commerce, la diplomatie, la politique, tout ça me file des boutons. Résultat, je sers la seule force armée qui protège les intérêts du peuple, et j'en suis le Second Capitaine. D'une certaine manière, j'ai fait ce qu'elle attendait de moi. Il ne sembla pas remarquer que ses propos faisaient lever au ciel les yeux de sa mère, laquelle prêtait une oreille distraite à ce boniment avec un air blasé. Et vous, vous êtes dans la marine ?

La question était posée avec un soupçon d'ironie. Tout insouciant qu'il était, Perdiccas n'était ni idiot, ni aveugle ; l'accoutrement mécan que revêtait la jeune femme était des plus éloquents, encore que sa mère lui répétait souvent que l'habit ne fait pas le moine.

Tandis que bavardaient les plus jeunes - encore que Deejarah, du fait de ses origines elfiques, se trouvait finalement être plus âgée que la Rose Virginale - les anciens s'étaient mis à échanger de leur côté. D'emblée, la discussion prit un tour plus sérieux lorsque Ballast évoqua la disparition du Maître des Mille Caves, le Prince Marchand Marzaban Ambreroc. La Rose Virginale esquissa une moue dépitée.

- Il ne fait pas bon être Prince Marchand par les temps qui courent, répondit-elle. Marzaban est mort, en effet. On parle d'une embuscade tendue par une tribu zurthane, alors qu'il traversait le désert pour se rendre à Esion. Quelle folie ! J'ose espérer que son successeur, le prince Ozkun, retiendra la leçon et fera preuve d'une plus grande prudence... mais la prudence n'est pas une qualité répandue chez les puissants, et je crains qu'il ne déroge pas à la règle : il semble s'être entiché d'une autre tribu zurthane, rivale de la précédente, qu'il a invitée à Thaar et qu'il va recevoir en grande pompe dans quelques jours. Sans doute compte-t-il se servir de celle-ci pour se venger de la première. Une erreur, à mon avis ; il ferait mieux de laisser ces sauvages à leur désert, ils n'apporteront rien de bon à Thaar. Elle pinça le nez, comme si l'évocation des barbares venait vicier le doux parfum floral qui baignait la cour. Il n'y a pas que Marzaban qui a connu une fin tragique. Demetor et Elvira Ypsilantis ont également connu une mort brutale, il y a peu.
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MessageSujet: Re: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeMer 10 Juil 2024 - 11:56





Le « bonne dame » m’arracha aussitôt une grimace et je l’interrompis de suite :
- Oh je vous en prie, vous pouvez m’appeler Deejarah, dis-je le plus obligeamment possible.

Parce que là il me faisait l’effet d’appartenir au clan des bourgeois de Thaar et combien même m’aurait-on payé que je ne souhaitai pas rejoindre la clique des « grands » de ce monde. J’étais très bien en femme libre de Meca et tout ce qui allait avec, même si Ballast continuait de m’entraîner dans ses magouilles, pour ma formation qu’il disait, mais je supputais d’autres projets dans sa tête de fourbe.

Mais comme ce dernier m’ignorait avec une royale détermination, je n’avais d’autre choix que de faire connaissance avec Perdiccas le mercenaire. Même si je dus bien l’avouer, apprendre qu’il était mercenaire aida grandement à faire oublier cette image d’enfant gâté que Ballast avait fait naître dans mon esprit. Un mercenaire qui disait se battre pour les gentils. Mon sourire revint alors éclairer mon visage, oubliant toute contrariété, avec une note de malice dans les yeux.
- Pour les gentils ? Vous m’en direz tant ! Et je soupirai, déclarant d’un air navré. Non je n’en ai pas entendu parler, il faut dire que nous avons été longtemps absents. Mais je suis enchantée de faire la connaissance de l’un de leurs membres. Le mercenariat aurait pu me plaire si je n’avais pas autant aimé la mer, avouais-je toujours en souriant et si on ne m’avait pas poussé dans ce sens.

Je soupirai, mais sans plus trop de regrets, je n’avais pas à en avoir, puisqu’au final, je faisais ce que j’avais envie de faire, à quelques détails près. Ce qui semblait être aussi le cas de Perdiccas qui m’expliqua son mépris pour le commerce, politique et diplomatie. Et là il se fit une amie. J’abondai aussitôt dans son sens.
- Ah la politique et la diplomatie, ne m’en parlez pas, il y a de quoi vous coller des migraines, ou des boutons, ajoutais-je avec un léger rire. Et je confiai encore, c’est plus le truc de mon mestre qui essaie de m’inculquer quelques notions, mais.... je fis une nouvelle grimace, je ne suis pas sûre d’être douée pour ça, mon franc-parler finit toujours par me rattraper.
- Je suis en tout cas ravie pour vous, si vous avez su trouver votre voie. Second capitaine ! C’est très bien et en plus ouais, votre mère doit être fière de vous,
lançais-je avec un sourire moqueur et un regard en direction de la concernée.

Parce qu’au final, s’il suivait plus ou moins les désirs de sa mère, il faisait quand même ce qu’il voulait de sa vie et je comptais bien suivre le même chemin, avec ou sans l’approbation de Ballast, même si en quelque part je me glissai déjà dans les pas de mon père, ce qui ne pouvait que satisfaire l’homme que Raegon Sandrakis avait engagé pour me former.

Et là Perdiccas me demanda si je faisais partie de la marine. J’affichai un large sourire.
- En quelque sorte ! fis-je le regard brillant d’un éclat de malice. À la différence que je navigue sous mon propre pavillon.

Je tendis alors l’oreille vers la conversation qui se tenait entre mon mestre et la mère de Perdiccas quand il fut question des Ypsilantis, sachant désormais à qui appartenait ce nom après quelques investigations que nous avions menées à notre retour à Thaar, suite à ce qui s’était passé sur le Royal.

Le Ballast lui, restait concentré sur chaque mot prononcé par la Rose Virginale, ses mains croisées sur son bâton et désormais assis sur une chaise pour épargner ses vieux os. Il fronça les sourcils à l’évocation des Zurthans, cette terre sauvage accueillait bien des tribus et c’était l’une d’elle qui avait d’après ce que savait Pasiphae, tendu une embuscade à ce pauvre Marzaban. Ce qui ne faisait pas du tout ses affaires.

Puis il fut question de son successeur et Ballast réagit :
- Ozkun le magnifique, hm je vois, l’intendant des pavés a donc trouvé le moyen de s’élever, si je puis dire, conclut-il avec cette touche de cynisme qui lui était propre.

Et ce dernier cherchait à se rapprocher d’une tribu zurthane qu’il s’apprêtait à recevoir. Pour Pasiphae, c’était sans doute pour se venger. Pensif, Le Ballast répondit :
- Peut-être.. ou peut-être cherche-t-il juste à s’enrichir encore plus qu’il ne l’est déjà !
Ce qui lui paraissait plus probable qu’un désir de vengeance au vu de la réputation du magnifique.
- Je serai curieux d’apprendre de quoi il va être question.

Quant aux Ypsilantis, son vif se tourna vers Deejarah, il savait que cette information ne manquerait pas de l’intéresser. Le Ballast ironisa :
- Aussi assassinés par une tribu zurthane ? Ma foi, on dirait que les choses semblent effectivement fort se corser pour les princes marchands.

Il ne pouvait à ce sujet pas manquer de faire le rapprochement avec la liste que le Goff avait confié à Deejarah, une liste désormais réduite de quelques noms.


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MessageSujet: Re: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeVen 19 Juil 2024 - 20:39


Une lueur d'intérêt naquit dans les pupilles de Perdiccas lorsque Deejarah révéla qu'elle naviguait sous son propre pavillon. Puisqu'il était arrivé après les présentations, il l'avait prise pour une vulgaire galérienne dont Cécias se serait entiché, gageant qu’entre deux leçons de magie élémentaire, l’apprentie réchauffait le lit du vieux forban. Or, la rouquine se révélait être une authentique corsaire mécane, et elle se targuait même d’avoir son propre navire ! Chez Perdiccas, l'intérêt se mua rapidement en une discrète jalousie. Lui n'était que le bras droit, le second. Avoir son propre pavillon, quelle classe ! Elle n'avait pas l'air plus vieille que lui, pourtant. Devait-il en déduire qu'il était en retard dans l'avancement de sa propre carrière ? Il allait falloir mettre un sacré coup de collier ; l'ennui, c'est que Perdiccas n'avait jamais été un grand bosseur.

- Ça doit être grisant de braver la haute mer, badina Perdiccas en gardant pour lui ses états d'âme. Il paraît qu'aux confins de l’Éris, là où s’achève l’immensité de l’océan, il y a d'immenses tourbillons pourvus de grandes dents pointues qui croquent les coques des bateaux et qui bouffent tout, de la proue à la poupe, y compris l'équipage. Je ne sais pas si c'est vrai, mais il y en a qui appellent ça la bouche de Tyra. On pourrait aussi appeler ça les Dents de la Mer, ça serait accrocheur, vous trouvez pas ?

Pendant ce temps, la Rose Virginale, en pleine conversation avec le Ballast, esquissait un sourire sans joie. Le mage faisait montre de son cynisme coutumier ; au moins restait-il égal à lui-même. La situation politique de Thaar n'appelait pas la même légèreté chez la Rose Virginale, mais c'était bien naturel : le Ballast n'était que de passage à Thaar, alors que Pasiphaé y résidait, et que tout ce qui s'y tramait de vicelard était susceptible d'impacter ses affaires.

- N'est-ce pas dans la nature des hommes de chercher à s'enrichir plus qu'ils ne le sont déjà ? Le prince Ozkun ne fait pas ici figure d'exception. Ce n'est même pas un trait distinctif des seuls Princes Marchands. Le propre des Princes Marchands, Cécias, c'est justement le caractère éphémère de leur existence. Tous ces noms qui régnaient hier au firmament ne sont que cendres à l'heure où nous parlons, et nous les avons déjà oubliés : Salfaryl le Sombre, Vel Do'Hel Rewt, Diolando Vega, Amshet Ahk Afah, Azhar Tawhi Salougan, Ethirelon Nas’olen, Ascanio Vossula, Milynéa Lythandas, Krish Al’Serat… la liste se complète et s'étoffe au fil du temps, mais il semble que tous soient appelés à la rejoindre plutôt tôt que tard. Je me demande souvent comment, après tant d’années et tant d’échecs, le Conseil de Thaar peut-il encore perdurer. Probablement parce que ceux qui en briguent les sièges ont l'impudence de croire qu'ils feront mieux que leurs prédécesseurs. Ils se trompent tous. Un jour, cette institution de bric et de broc s’écroulera comme un vulgaire château de cartes, et alors Thaar se dotera peut-être enfin d’institutions véritables. Mais verrais-je cela de mon vivant ? J’en doute.
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MessageSujet: Re: De vieux amis [Deejarah]   De vieux amis [Deejarah] I_icon_minitimeMar 23 Juil 2024 - 20:05





Mon sourire s’étira, le regard  éclairé d’une lueur ardente. Et c’est d’une voix portant la même flamme que je répondis :
- Oh que oui, mieux encore que le meilleur des rhums. Jamais vous ne connaîtrez sensation comparable à celle que vous apporte l’ivresse de voguer sur les flots, porté par la houle et les vents, les pieds accrochés au plancher qui craque et se tend pour mieux braver les éléments ! C’est une liberté qui n’a pas de prix, conclus-je.

Mais au-delà de ce sentiment, il y avait les légendes portées par les embruns et assurément à entendre celle de Perdiccas, un bon zeste de fantaisie qui m’arracha un rire franc et sans vile moquerie.
- Ça pour sûr, on peut dire que c’est accrocheur, tels les crocs  d’un rokvenha accroché à vos fesses ! Même si ayant navigué très loin au sud, je vous assure n’avoir jamais rien vu de tout ça, mais.. allez savoir quelle est la part de vérité des légendes qu’on raconte sur les océans et les mers de ce monde.
Et toi ? enfin je veux dire, et vous ?
Me repris-je très vite. Où est-ce qu’on a besoin de mercenaires en ce moment ? Quelles sont les batailles que vous menez ? Nous avons été si longtemps absents que j’ignore s’il y a des conflits déclarés sur le continent.

Ce que je savais en revanche, c’est qu’il y avait de l’agitation dans l’air chez les princes marchands après avoir appris que l’un d’eux, celui-là même avec qui nous avions traité avant notre départ, avait été assassiné.


C’était justement là le sujet de la conversation entre mon mestre et Pasiphae. Et Ballast eut un rire sarcastique à la réponse de la Rose Virginale.
- Je ne peux que te l’accorder. La richesse et le pouvoir, c’est ce qui fait tourner ce monde, plus encore qu’un désir de vengeance et si Ozkun le magnifique est en affaire avec les Zurthans je gage que ça n’a rien à voir avec de la vengeance mais peut-être aura-t-il eu envie de les remercier pour lui avoir permis d’accéder au trône des milles-caves.

Et il ajouta encore, toujours narquois.
- Ça assurément, c’est une « qualité » propre à tous les princes marchands de ce pays. Toujours à vouloir se tirer dans les pattes, pour être celui qui en tirera le plus de profit. Tu as raison ma chère, ça fait des siècles que ça dure, et m’est avis que ce n’est pas prêt de s’arrêter, sauf le jour où ils devront faire corps pour lutter contre un même adversaire. En attendant, il faut bien qu’ils laissent leurs désirs de pouvoir s’exprimer, quitte à faire couler le sang, conclut-il sur le même ton ironique.

Il eut alors un sourire beaucoup plus doux pour la Rose, osant même poser sa main sur la sienne, mais c’était purement affectueux. Un geste si rare qui n’échappa aucunement à mon attention, malgré la joyeuse distraction que créait cet étonnant Perdiccas.
- Toutes nos existences sont éphémères, O belle Rose Virginale, c’est pourquoi l’homme met tant d’ardeur à consommer sa vie par tous les moyens possibles jusqu’aux moins louable. Et ma foi, je ne vaux guère mieux. Regarde-moi, je suis déjà dévoré par cette vie qui s’achèvera bientôt, ayant à mon compte autant de méfaits si ce n’est plus que celles de ces princes, et paré à grignoter le moindre renseignement que tu pourras me fournir, parce que c’est ainsi qu’on survit face au pouvoir des têtes couronnées. Et je voudrais que Deejarah en prenne conscience.

Ballast soupira, son énergie se tendant vers la jeune demi-elfe.
- Elle a encore tant à apprendre, mais elle est bien trop fougueuse et ... c'est une véritable tête de mule, marmonna-t-il.  Et d’un ton plus bas il ajouta : Et je ne serai pas toujours là pour veiller sur elle.

Je m’étais approchée, percevant chez le vieil aveugle, un je ne sais quoi qui m’inquiéta, même si c’est d’un ton plein d’impertinence que je lançais :
- Alors Cécias, les nouvelles sont-elles si mauvaises pour que tu fasses cette tête de six pied de long ?

Il redressa la tête et m'adressa un regard opaque teinté de reproche. La forme de ma question ne pouvait que lui déplaire, lui qui s’efforçait tant de m’apprendre les bonnes manières de celles dont la noblesse s’enduisait tel un poulet d’huile pour mieux briller, mais je trouvais tout ce protocole épuisant, et puis j’étais inquiète malgré les apparences. Ce dont je ne pouvais me cacher.



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