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| Le cher prix de la concorde [ Adonia ] | |
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Heracle Ypsilantis
Humain
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| Sujet: Le cher prix de la concorde [ Adonia ] Mar 6 Aoû 2024 - 22:44 | |
| 2ème jours de la 1er ennéade de Karfias d’Hiver, an 22 du XIème cycle Le Phare Céladon, Cité de Thaar
Une main doucereuse, tendre et délicate se glissa en couleuvre le long d’épaule d’Héracle. Confortablement callé dans un de ses fauteuils, à se faire griller les petons par un âtre bien gras de braises, une donzelle s’était immiscée dans sa bulle et cherchait à le conforter de quelques langoureuses caresses. D’abord, à l’encolure de son col, puis coulante jusqu’à l’intérieur de sa cotte, cherchant à terminer sa course là où se terrait sous d’amples braies son mât de misaine … Sa menotte fût brusquement interceptée par le Prince, lui interdisant non seulement accès au pont, mais chercha également à l’ostraciser en l’envoyant valser sans la moindre considération.
- Mon Prince n’est ce soir pas très gaillard, quelque chose le tarauderait, questionna sa concubine, résiliente qu’elle se montra en retournant assaillir de caresses les larges épaules de son amant.
- Pas ce soir, trancha l’Espadon sans ambages, chassant derechef la présence féminine de sa proximité.
- Je ne vous ai jamais vu renâcler de la sorte, trouva à répondre la jeune musaraigne, plus sèche que jamais. Je peux au moins me rendre utile, à défaut de vous être agréable ? Elle patienta dans l’ombre d’Héracle, tandis que ce dernier peinait à lui répondre, en difficulté qu’il fût fasse aux maux qui le harassaient.
- Va-t’en solliciter l’endroit où se terre ma sœur. J’ai grand besoin de l’entretenir et cela ne peut décemment plus attendre, manda le Prince sans daigner lui adresser le moindre coup d’œil.
Certainement blessée dans son orgueil que d’être réduite au rang de coursière, elle s’éclipsa en silence et s’enfonça dans les dédales du Phare. Pauvre d’elle, noyée d’incompréhension, elle ne pouvait se douter que son greluchon était, depuis son retour du palais de l’Asharite, rongé d’une ire mise en cage. Porté à ses oreilles que sa jeune sœur avait cherché à patauger dans la fange de la roture, à caresser du bout des doigts la pauvreté du petit peuple, à s’enfoncer dans les ruelles les plus malfamées, bref : à remettre sa vie au bon vouloir de ces gredins aux blanches ailes, ulcéra notre bon Prince comme jamais. Il s’était longuement imaginé torgnoler sa cadette, lui faire bouffer une avoine si prompte qu’elle pourrait avoir en bouche le goût du dernier endroit où ses doigts s’étaient nichés. Et dans cette fugace rêverie, il pouvait apercevoir battre au travers son buste un cœur d’or, un battant de pureté et de noblesse : des qualités qui lui faisaient tant défaut. Alors il s’excusait à elle, implorait son pardon et en oubliait que la portée de sa bienveillance lui serait un jour fatale. Voilà bien pourquoi depuis son retour il s’était esquivé d’elle, cherchant à la sauvegarder de ce que pourrait bien engendrer le débordement de sa colère toujours bouillante. Il ne pouvait ni la punir, ni lui tenir morale ; elle aurait aisance, d’un battement de cil, à faire se retourner la situation contre lui. Elle avait passé l’âge où sur elle il avait l’emprise du grand frère protecteur. Alors que faire? Il espérait que sur le chemin de la salle dans laquelle elle se trouvait, après que sa putain le lui ait indiqué, une épiphanie le frappe et lui indique la droite sente à emprunter …
Dans le très intime boudoir, Héracle traversa le cadre de porte et imposa sa présence à sa sœur, qui de toute évidence, tenait conversation à son maître à penser, comme il aimait à l’appeler. Ses deux mains se marièrent au bas de son dos, dégageant dans sa posture une certaine austérité, promesse d’une humeur de malcommode.
- Il me faut parler à ma sœur, vieillard, intima Héracle au spirite, teinté de son habituelle hostilité face à ce dernier. Prends congé céans, il se fait tard, tu dois très certainement être terrassé d’éreintement.
Lorsqu’ils ne furent plus que deux, que le géronte s’en était allé, il se retourna à demi et d’un signe du chef, congédia également les serviteurs qui veillaient au confort de leurs maîtres. Précautionneusement, sans doute, il s’était assuré que de témoins n’habite les lieux en cas de dérapage. Avec sa sœur, leurs conciliabules avaient de ces aisances à couler de manière bien imprévisible …
Dernière édition par Heracle Ypsilantis le Jeu 8 Aoû 2024 - 2:50, édité 4 fois |
| | | Adonia Ypsilantis
Humain
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| Sujet: Re: Le cher prix de la concorde [ Adonia ] Mer 7 Aoû 2024 - 14:08 | |
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Combien de jours, combien de temps, encore, dans cette tour celadone sertie d’éclats d’argent ? Les nuits ont succédé aux jours, et ces derniers se sont enchaînés sans même qu’elle n’ait pu le remarquer. Figée dans les profondeurs de sa psyché, aux côtés du maître Kaelthar, les deux spirites n’ont plus parlé à haute voix depuis une date incertaine. C’est à peine s’ils prirent la peine de manger, de boire et de dormir, préférant de loin faire passer en premier les choses de l’esprit à celles des mortels. C’est ainsi, depuis qu’elle est revenue de son exploration des bas-fonds de la cité. N’ayant eu d’autres choix que d’atteindre la concentration maximale pour parfaire la conservation de sa mémoire, seule la réclusion passée dans le plus profond des silences, eut de quoi satisfaire leurs exigences ; puisque le grand maître, aussi, s’affaira âprement à ses côtés, la délestant de ses pensées parasitaires comme ces bruits perpétuels en provenance du Phare.    Assise par terre, au centre de sa chambrée, la voilée donne l’impression de voguer à la fois sur deux eaux glacées. Ses lèvres bougent sans qu’aucune parole ne les traverse. Ses paupières s’animent et remuent, laissant entrevoir ses pupilles tout aussi nacrées que son teint. Un étranger se questionnerait certainement sur la gravité de son mal, imaginant que la belle enfant serait soit atteinte de démence précoce ou d’une autre tare s’ajoutant à sa cécité. Dès lors, un bruit s’immisce soudainement dans sa tête, l’obligeant à interrompre le travail. Comme un lointain écho cherchant à la ramener d’un monde fait de brouillards et de formes, ce dernier finit par se muer en grognement sourd avant de prendre les traits d’une voix tout aussi familière qu’emprunte d’autorité. La remontée à la surface prend des airs de chemin de croix où chacune des brassées l’éloignant du ténébreux monde des pensées est une lutte armée. La fatigue est telle que son corps convulse et que les battements de ses paupières s’accélèrent. Est-elle allée trop loin, cette nouvelle fois ? La fatigue de son dernier voyage dans la fange thaarie était sans-nul doute bien trop ancrée pour oser s’affranchir d’une bonne et quiète récupération. Dès lors, au moment où elle réapparaît enfin dans le monde des vivants, la voilée se trouve à demi allongée, le front et le corps luisant de transpiration comme celle que l’on pourrait écoper après une journée dans les étuves en quête de sudation.    Là, à quelques pas seulement, se tient son aîné bien plus grand qu’elle ne l’est en embrassant les pavés. Depuis quand ne lui a-t-elle pas parlé ou même aperçu ? Ignorant le nombre de jours passés dans les méandres de sa psyché, elle ne saurait même plus se rappeler de la dernière fois qu’ils se sont croisés. Pour autant, ce n’est pas là ce qui l’interpelle le plus, lorsqu’elle perçoit dans l’ombre le visage blême et orageux de son frère, qui n’a semble-t-il, guère mis de temps à congédier leur spirite.    « Au revoir doux ami, la nuit n’est pas encore tombée, mais il faudra bientôt nous retrouver, je crois. N’est-ce pas ? Ou n’êtes-vous qu’un autre bruit, une symphonie funeste m’annonçant qu’il est tard…    — Tâchez de vous reposer, Adonia, prononce Kaelthar.    Suite à son départ, le silence recouvre la chambrée, qui, privée encore de lumière du jour, donne assurément l’impression au seul être pourvu de la vue, la certitude d’être parvenue jusque dans les entrailles de la citadelle celadone.    « Dois-je m’inquiéter ? murmure-t-elle. Il m’a semblé entendre le ressac d’une colère venue s’échouer sur les récifs de ma tanière. Ou est-ce le tonnerre, celui-là même qui me fit rappeler de mes pensées pour trouver cette silhouette menaçante ressemblant à une hydre géante ? J’écoutais encore des harpes lorsque tu m’a trouvé et j’étais perdue dans ces voix comme l’on se perd en mer. Il y avait de noirs oiseaux de nuit qui s’en allaient par volées, m’obligeant à me demander ce qu’étaient ces bruits que mille échos faisaient vibrer. Mais cette autre voix, comme un cri de cavalier qui s’effare et comme le gond rouillé d’une porte de fer…»    L’a-t-il déjà vu dans cette phase de demi-transe ? Jadis, lorsqu’elle n’en était qu’aux balbutiements de sa formation et que ses parents devaient la tirer de ses rêveries, de force ou de gré. Elle poursuit ainsi son vocéro comme une oracle envoûtée par des fumées sacrées, allant même jusqu’à se demander si la présence de son aîné est le fruit de son imagination ou bien la réalité.    L’abîme l’a rappelé, ses griffes la retiennent et bien qu’elle lui ait laissé quelques instants de répit pour remonter à cette surface trop longtemps délaissée, voilà qu’elle se sent à nouveau entraînée dans ce brouillard infini où règne l'obscurité.    « Tu vois les cieux, troublés par les actes des hommes, menaçant cette cité sanglante ; d'après le temps, c'est le jour, et pourtant la nuit noire étouffe la pluie orageuse. Est-ce la prédominance de la nuit, ou la honte du jour, que l'obscurité recouvre la face de la terre, quand la lumière vivante devrait l'embrasser ? »    Elle tangue, cligne des yeux, se balance d’avant en arrière comme une enfant punie cherchant la lumière dans l'épais voile de la cécité. Son errance n’est pas terminée et la traversée de cette mer déchaînée continue de l’éloigner de la réalité. Sans-doute trop tard pour rappeler le maître spirite, la voilée se rue à nouveau sur les pavés, ses lèvres fredonnant d’autres mots faisant résonner ses pensées.    « Dieux maudits, quelle horrible nuit à mes yeux s’est offerte, tout mon sang dans mes veines s’est mué en terreur. Ô, que cette chair trop souillée fonde, dégèle et se résolve en rosée ! Ou que l'Éternel n'ait pas fixé sa loi contre le suicide ! Oui, suicidez-vous ! Repentez-vous ! Ou mourrez lestés de vos chaînes, bras entravés par la liberté bafouée. Soufflez ! Ragez ! Mourrez ! La ville est en ruine, la chair brûlée et l’odeur de la mort vous assassinent ! »
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| | | Heracle Ypsilantis
Humain
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| Sujet: Re: Le cher prix de la concorde [ Adonia ] Jeu 8 Aoû 2024 - 17:56 | |
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Il s’était par le passé affligé bien des scènes, capables tous de soulever le plus infrangible des estomacs : des trippes sorties de leurs chaudes niches, des têtes coupées à moitiés par de gauches bourreaux, des tortures dont l’imagination même serait en souffrance de figurer. Pourtant, la bien triste allégorie qui se présentait à lui était la pire de toutes. Le derme de sa soeur reluisait des sueurs froides de ses pérégrinations oniriques. Son corps, leste à outrance, se mouvait désordonnément dans l’apparition de quelques involontaires secousses erratiques. Craquelées et morcelées, ses lèvres desséchées mimaient celles des âmes perdues aux arides et désertiques horizons. La notion du temps avait-elle seulement encore quelconque valeur aux yeux sibyllins de sa cadette ? Par les Dieux que le Prince le haïssait, ce sorcier aux couilles tombantes. À ce propos, de prestigieux arithméticiens ne pourraient figurer de chiffre assez grand pour totaliser les fois où Héracle avait souhaité le trépas de Kaelthar, maudit soit-il! Bienveillante que se montrait la main de ce vieil onagre, à enfoncer toujours un peu plus profondément l’aveugle dans ses pénates spirituels. Un jour, avec ravissement Héracle la lui arrachera, qu’il puisse après s’affubler d’elle en collier : alors il comprendra le prix qu’il en coûte de toucher à sa sœur.
En attendant, il se trouva là, seul, de toute évidence, à vouloir converser avec une femme qui n’en était plus que la moitié d’une. Il lui avait prêté l’oreille et secoua du chef, désappointé qu’il se trouva, à mesure qu’il constatait l’ampleur de sa confusion. L’esprit embrumé et torturé par ses récentes errances, jamais elle ne lui avait semblée aussi vulnérable. Et cela le peinait à outrance, vraiment. Ses tripes se soulevaient et son cœur saignant, fracassé par cette tragique scène, s’en retrouva éparpillé en de biens menus morceaux. À l’instant, l’envie de lui flanquer l’une de ses mercuriales grandiloquentes, incendiaire à souhait, avait cédé le pas au chagrin et à la pitié. Il avait envie de prendre place près d’elle, de perdre ses doigts dans la cascade dorée de ses cheveux, de prendre soin d’elle et de lui remémorer, tout bas, qu’oncques il ne pouvait se dérober de son devoir d’aîné. Il l’aimait, de tout son cœur, et veillerait jusqu’à ce que ses yeux se ferment définitivement de le lui faire savoir.
Et cela commença par l’invitation des neiges à l’intérieur : un serviteur, mandaté plutôt, dégorgeât sans crier gare sur la pauvresse une seille pleine de neige à moitié fondue. Sitôt que l’ondée glacée trouva épaules, tête et corps sur qui s’échoir, un second serviteur s’approcha avec à l’avant-bras, une épaisse serviette qu’il présenta à Adonia.
- Adonia! Ressaisies-toi, par la verge d’Othar! Cherchât-il à l'extirper définitivement de sa torpeur, tout en haussant le ton. Il la laissa reprendre ses esprits, la laissa jacter son mécontentement si elle en embrassa le désir, puis poursuivit sur une note plus calme, mais tout aussi rêche que le geste de son serviteur. J’ai eu vent de tes aventures sur le plancher des vaches, en compagnie de la menuaille, Adonia. Ais-je à m’inquiéter de toi, alors que tu semblais être habitée par l’idée d’emporter ce secret dans la tombe ?
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| | | Adonia Ypsilantis
Humain
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| Sujet: Re: Le cher prix de la concorde [ Adonia ] Ven 9 Aoû 2024 - 9:48 | |
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Aux froides lueurs habitant son être se mêlent les pénibles sueurs arpentant son corps. De la glace s’y déverse et ses membres s’engourdissent bien plus encore qu’ils ne le sont. La brûlure prend et la fait pousser un chant de douleur dont le cri d’effroi recouvre l’endroit. Se comportant dès lors comme une bête acculée, gémissant, battant des ailes et claquant des dents, ses tortionnaires s’y reprennent pour la maintenir immobile. Et pendant que l’animal farouche continue de remuer, la perle Ypsilante remonte à la surface. Les quelques chandelles allumées ici et là l’aveuglent au point que ses mirettes déjà pâles les fuient pour recouvrer quelque chose de plus sombre et supportable. Des frissons l’assaillent subitement, son corps frigorifié peine à se réchauffer, alors ses dents continuent de claquer et sa langue de claper. Les quelques couvertures venant l’étreindre ne sont qu’un piètre réconfort et il faut bien quelques instants, encore, pour que son esprit revienne à lui. Ce pourquoi les geignements de son aîné n’ont qu’une faible portée, pour ne point dire que leur résonance s’atrophie comme un écho s’évanouirait dans les profondeurs d’un abîme oublié.    « Ton ombre m'intimide et ta voix me glace plus que je ne puis déjà le supporter, qu’ais-je ainsi fait pour mériter pareil talion ? se dolente-t-elle tout en s’évertuant à se frictionner la peau pour recouvrer sa chaleur. Viens, s’il te plaît, prends-moi dans tes bras et aide-moi à ne plus trembler, je vais finir par attraper la mort si je ne parviens pas à me réchauffer… » demande-t-elle avant de se tourner en direction des deux serviteurs venus la ramener. Partez, maintenant… Laissez-nous, je vous en prie… leur demande-t-elle avant que les deux compères les laissent finalement. Un jour viendra où je serai trop loin et où nul remède ne me fera plus revenir. Il te faudra compter sur cet homme que tu méprises tant et que tu rêverais d’expédier dans l’océan ; sache seulement qu’hormis lui et quelques-autres seulement, tu ne pourras plus me réveiller comme lorsque je n’étais qu’une enfant. Et n’est-ce pas ainsi, d’ailleurs, que tu me considères encore en te ménageant pour ne point céder à la colère ? le questionne-t-elle en reposant sa tête contre son épaule. Je confesse de ne pas t’avoir mis dans la confidence de cette sortie au cœur de la fange thaarie. Tu ne m’en aurais jamais donné la permission, et je n’aurais su te convaincre de me laisser y aller, sans devoir consentir à tes conditions ».    Commençant à ressentir ses membres, la température devient un peu plus supportable et elle s’enroule dans une fourrure trouvée à quelques pas seulement.    « Je m’excuserai seulement pour l’omission, mais non pour mon action. Ma vie est assurément bien plus en danger lorsque je m’en vais prodiguer les ultimes vœux des lépreux que lorsque je suis allée visiter ces bas-lieux aux côtés de l’Asharite que je souhaitais étudier ; tout comme cet homme se pensant libérateur et dont le manque de clairvoyance finira sans-doute par le tuer ».
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| | | Heracle Ypsilantis
Humain
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| Sujet: Re: Le cher prix de la concorde [ Adonia ] Jeu 15 Aoû 2024 - 1:11 | |
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- Tu ne distingues pas le bout de ton nez et pourtant, ta clairvoyance t’a bien menée : jamais je ne t’aurais laissée te mêler aux bélîtres, aux galvaudeux et autres traine-misère de la basse. J’abhorre tes escapades jusqu’aux souffreteux et cela peu importe le mobile qui t’encourage à le faire! Cela tu le sais fort bien, et pourtant ... Il s’approcha d’elle d’un pas lent et posé, de suite après qu’elle en formulé la requête. Tu t’es toujours plut à le faire quand même, dit-il sous l’ombre d’un ton de voix aussi doux que son arrivée. Il s’assit près d’elle, puis de sa grande paluche, vint frictionner son dos humide et frais à souhait. À défaut de tes yeux voilés, ton cœur d’or t’indique la voie à emprunter ; qui suis-je pour t’empêcher de porter pas devant l’autre ? Eut-elle été employée plutôt que sœur qu’il l’aurait fait battre à répétition en chienne indocile, incapable de se plier aux moindres directives! Mais là, baignée de bonne fortune, elle était riche de son amour duraille, capable de faire plier à sa volonté raison et devoir du Prince! En seulement, continuât Héracle, le timbre affable, ne perd jamais de vue qui tu es ; tu es la riche sœur d’un Prince Marchand. Et pas le plus aimé de la roture ; nombre de gueux, de pendards et d’autres fripons donneraient tout pour avoir la chance de te passer au fil de l’épée, ne serait-ce que pour avoir l’impression d’avoir écorché les grands de ce monde. Quand tu ères dans les bas quartiers, c’est n’est pas simplement qu’à la fange, la pauvreté et à la maladie que tu t’exposes, mais aussi à la grogne du petit peuple qui ne demande qu’à se mettre les dents sur ce qui leur semble comme le sang le plus bleu. Encore une fois elle semblait se dérober aux faix de sa sédition! Elle s’abstint envers lui tout usage de son art, mais tout d’elle s’harmonisait pour attiser la sympathie de son aîné ; ses paroles chantées, doucereuses à souhait, son regard acrimonieux, qui chaque fois faisait main mise à son cœur, cela aussi aisément qu’un hochet à un poupon. Elle était pour le bon prince la plus vivante de toutes ses vulnérabilités. Pourtant, s’il se trouvait là, à frictionner le dos de sa cadette de sa main coupable, ce n’était pas sans raison.
- Si je suis ici, ce n’est pas pour t’incendier d’éternelles remontrances à ce sujet. Ta bienveillance aura toujours le pas sur les inquiétudes de ton frère et je n’épouse point désir d’endiguer cela. Il continuât à caresser son dos, faisant discret signe du chef à un serviteur pour qu’une pelisse supplémentaire vienne recouvrir ses frêles épaules. L’incertitude des temps qui courent me tienne loin du prompt sommeil ; ils sont des choses auxquelles nous devons voir et qui depuis trop longtemps ont été laissées de côté. Notre domaine de Feldorn, dont nous tirons larges profits n’a pas été sondé depuis le funeste sort de nos parents. Il cessa ses attentions à son dos et se repositionna pour qu’elle puisse mieux le voir, lui et son visage redevenu acier. Je veux que tu partes pour Feldorn, Adonia. Je veux que tu retrouves la demeure de mère et que tu t’assures de la pérennité de nos commerces, mais aussi, de nos gens. Ypsilantis a été bâtit perles par perles, nous ne pouvons renier ni tourner le dos aux racines de notre prospérité. Va et assures-toi que Ypsilantis a encore un sens dans cette cité.
La tâche était conséquente en bien de sens, cela était une certitude. En demandant une telle chose à sa sœur, il se trouva à la lancer en bas de son nid, parce qu’Adonia était certes un majestueux oisel, mais qui n’avait jamais eut à battre des ailes lors d’intempéries. Là, il reposerait sur ses épaules roidies par la fraîcheur, le poids des vraies responsabilités.
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| | | Adonia Ypsilantis
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| Sujet: Re: Le cher prix de la concorde [ Adonia ] Jeu 15 Aoû 2024 - 9:59 | |
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Eut-il fallu qu’il se retienne de la réprimander sévèrement pour qu’elle décèle - dans cette voix qu’elle ne connaît trop bien -, les nuances d’une fébrilité teintée de fatalité ? Il s’affaire pourtant à jouer son rôle d’aîné, celui-même qu’il assura tout le temps de son enfance avant que ses longues périodes en mer ne l’éloigne et le déleste de sa poigne. Les termes employés, pour ne point la brusquer et la mettre à mal, sont ceux d’un homme ayant pris le rôle de père et considérant la femme devant lui comme sa propre enfant. Longtemps couvée, protégée, mise à l’écart des choses du grand monde, par crainte que son atrophie des yeux ne l’expose à la méchanceté et même à la mort, il lui semble aujourd’hui avoir tout à prouver plutôt qu’à exister, simplement. Raison pour laquelle la douce harangue enveloppée d’amour et de miel, la plonge dans un émoi qu’elle se retient - encore - de professer. Préférant ainsi le laisser poursuivre, sans l’arrêter, elle patiente et se fait emporter dans ce nouveau flot de mots aussi tumultueux que celui de ses pensées. Ainsi donc en vient-il enfin au véritable objet de sa venue, lorsqu’il vient à évoquer leurs possessions de Feldorn. Profitant encore de la chaleur de ce frère poursuivant son soliloque, elle ferme les paupières et comprend ce qu’il attend, souhaite et ordonne, par l’entremise de sirupeuses paroles. Faut-il y voir une opportunité ou un châtiment ? Telle est la question demeurant au creux de ses pensées refusant d’admettre que son aîné cherche à la condamner. Il doit y avoir de cela, pourtant, réalise-t-elle, quand bien même l’aîné joue son rôle de Prince plutôt que de frère. Éloignant quelque peu sa tête de la poitrine de ce dernier, elle recouvre quelque contenance et s’empare d’une tasse chaude et bouillante d’un lait d’ânesse rapportée en toute hâte. Sa dernière pérégrination intérieure la privé depuis trop de temps des bienfaits de ces choses si cruciales pour animer un corps vivant. Mais une fois que ses lèvres ont cessé de tremper dans le tendre nuage, ces dernières se raniment et cherchent à combler le silence laissé par l’homme attendant, sans-doute, qu’elle cautionne l’injonction ne laissant que peu de place à la contestation. Il doit pourtant la savoir rebelle et incapable de suivre autre chose que sa propre voie. Mais, mise devant le poids de la responsabilité familiale, il ne peut ignorer non plus qu’elle se trouve, tout comme lui, lestée d’une charge qu’elle n’a jamais souhaitée.    « Je nous sais pourvus d’un bon nombre suffisant d’intendants et régisseurs pour combler l’éloignement de cette terre qui a vu naître notre mère. Mais ainsi, c’est à moi que tu demandes ou plutôt ordonnes, d’aller administrer ces affaires si loin de cette cité. Dois-je y voir la conséquence de mes dernières actions, celles que tu désapprouves ? Je n’y décèle qu’une cause à effet, qui dans cet hiver cruel au relent d’éternité, m’empêche de t’accorder la docilité que tu espérerais tant. Tu sais pourtant que je m’y rendrai, n’est-ce pas ? La corde fraternelle glane ma servilité de sœur dévouée au bien-être du seul parent qui lui reste…»    Elle repense subitement à sa dernière sortie de route, celle qu’elle emprunta aux côtés d’une femme tout aussi frêle, mais dont la couronne de sel offre à son être le droit de figurer parmi les plus grands et donc son frère.    « Tu n’as pas cherché à me demander ce pour quoi je m’étais rendue dans la fosse de cette cité que tu as accepté de gouverner depuis que la mort de nos parents t’a précipité parmi les régnants. Ce n’était pas uniquement par pure curiosité comme lorsque je m’essayais à alimenter une cheminée de bûches dans l’espoir de connaître jusqu’où une flamme pouvait devenir mortelle. Nenni, si cher frère, j’ai seulement tendu l’oreille là ou la tienne et celle de tes pairs ne parviennent plus à entendre. A ce titre-là, j’ose affirmer que si je suis affligée de cécité, ceux qui vivent dans les palais sont atteints de surdité les empêchant de réaliser que l’on ne peut diriger sans chercher à connaître le poul de ceux que l’on domine et dont les complaintes s’agglutinent au point de laisser entrevoir la genèse d’une insoumission ».    Elle esquisse un léger sourire, comme ceux qu’elle arbore lorsqu’elle s’apprête à prononcer une prophétie funèbre.    « J’ai entendu et senti la fièvre, Héracle, murmure-t-elle. Plus tôt que tard, tu en auras la preuve lorsque Tyra réclamera des âmes. A ce moment-là, peut-être regretteras-tu de m’avoir éloigné quand tu chercheras à recevoir mes conseils… Mais, oui, je crois comprendre désormais que tu espères aussi me protéger de tout ça. Retiens seulement que si je ne puis voir, aussi bien que tes propres yeux, les coups tranchants arriver, je suis tout aussi amène à les esquiver et même à faire oublier à mon assaillant pour quelle raison il a souhaité intenter à ma vie ; ou bien, à annihiler tous ses souvenirs jusqu’à celui permettant de savoir comment respirer et donc, exister ».
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