L'honneur pour les braves

7ème jour, 4ème ennéade de Favriüs | Premier du Printemps.
Année XXII | XI Cycle.
Cité de Thanor | Dans les forges des Hargrund.

La Mare Noire scellée pour l’éternité, les runistes, qui s’étaient réunis à l’appel du vieux Rhunki au cœur de l’antique cité d’Almis pour pouvoir étudier ce qui était très certainement un portail vers le monde des ombres, purent rentrer chez eux. Certains retournèrent à Molgrunn, cœur de l’étude des runes depuis la redécouverte de la cité alors que les chantiers pour retrouver l’antique Gransalle des Scriberunes de Kirgan peinaient parfois à avancer. Sous l’impulsion du vénérable Wyrgar Sage-Pierre, les mineurs retrouvèrent ce qui était l’entrée de l’antique Gransalle. Alors, de partout dans le monde des Nains, runistes et apprentis quittèrent leurs foyers pour venir prêter main forte à ceux qui œuvraient pour retrouver les antiques savoirs qui auraient miraculeusement résistés aux affres du Voile.

Assurément, Yggdar reviendrait à Kirgan pour aider à son tour comme il l’avait fait par le passé. Mais, aujourd’hui, l’archiruniste avait une nouvelle ambition, un nouveau projet. Et ce projet nécessitait l’expertise et l’aide d’un Nain aussi légendaire que lui : Thordril Hargrund.

L’aventure du Roi dans les monts du Nord en direction de la montagne de feu, n’était pas passée inaperçue. La quinzaine de guerriers et guerrières qui étaient partis avec lui, figuraient déjà parmi les légendes et les sagas. Véritables héros qui sacrifièrent leurs vies pour que le Roi puisse rencontrer les Nains de Feu et s’assurer de l’innocuité de ces derniers, certains ne tardèrent point à nommer ces Nains les « Compagnons du Roi » ou encore Groman-Rinn. Plus honorifique qu’un véritable titre, cette qualification était surtout un hommage fait à ceux qui permirent au Roi de revenir en vie, et qui donnèrent leurs Braises-Vies pour y arriver. Quinze partirent, seulement cinq revinrent, et déjà, les honneurs leurs étaient dus.

Alors, Yggdar, bien que grognon, froid et têtu, s’était donné pour mission d’honorer lesdits combattants et le Roi, lequel avait failli rejoindre le monde du Dessous. Il voulait créer des armes pour les compagnons, des armes runées… Et une arme forgerunée pour le Roi. Bien que Thordril ne soit point runiste, il demeurait le meilleur forgeron de ce temps. Forger les armes des compagnons du Roi, qui seraient ensuite gravées de runes par d’autres maîtres, serait un honneur pour lui, mais surtout, pour ceux qui recevraient l’arme en question…

« Baruk ! Saluait-il, frappant son poitrail sans grande force et claudiquant pour se mettre sur le perron de la forge. « Je suis Yggdar Frappe-Rune, Archiruniste. J’aimerais deviser avec Thordril. Est-il possible de voir sa couenne ? »

Il y avait une mince barrière entre folie et légende, et cette barrière se franchissait en fonction de l’issue de l’action. Nous avions aussi la barrière de la stupidité qui se trouvait quelque part, sur la frontière avec la raison. Légendaire mais stupide, folle mais raisonnable. Et enfin, comme tout élément était en trois dimensions, nous avions la frontière entre l’utile et l’inutile. Ces trois dimensions étaient difficiles à évaluer, à chaque instant, et pouvaient varier dans le temps.

Avec le temps, la quête du Mogarium était passée dans mon esprit de folie stupide mais utile à une légende raisonnable utile. Paradoxalement, l’utilité du Mogarium ne se jugeait pas à sa résistance, son poids, sa force, son point de fusion ou sa facilité à être travaillé. Il était utile pour les nains, d’une manière difficile à verbaliser, expliquer. Son utilité se trouvait dans notre braise-vie, tout simplement.

Pourtant, désormais plus pragmatique, plus courageux face à ces voyages à destination inconnue, dans le temps et l’espace, j’avais trouvé Harald complètement fou à vouloir absolument se rendre maintenant à la demeure des Nains de feu. L’hiver battait son plein, et si la neige envahissait les plaines ici, je n’ose imaginer les chemins de montagne. Même le plus brave, le plus endurci des nains n’avait pas assez de chaleur physique pour y survivre. Néanmoins, la détermination pouvait nous conduire n’importe où. Il avait réussi à sélectionner des braves, se bousculant pour l’honneur du Roi et sa sécurité. Et ils étaient partis, sans savoir s’ils allaient revenir. Depuis Thanor, nous recevions les nouvelles pratiquement aussi rapidement qu’à Kirgan, et nous ne manquions pas de recevoir un messager particulier dès que les affaires du Roi devenaient celles de tous les cognards.

Le messager était absent depuis longtemps maintenant. Je m’étais surpris à parfois demander à l’extérieur, sur le port, dans des échoppes, si quelqu’un avait eu des nouvelles de la troupe du Roi. Tous secouaient la tête et grognaient leur mécontentement.

Le jour où le message réapparut, quelques énnéades plus tard, il n’apporta pas de bonnes nouvelles. La troupe était revenue estropiée, certains cognards ne redescendirent pas des hauteurs, et le Roi était gravement touché. A part nos prières, il n’y avait rien à faire. Les soigneurs se relayaient à son chevet, et lui préconisaient de la chaleur, des soins et du repos. Pas de travail, pas de visite. Ce jour-là fut maussade, et nous craignions ardemment le retour du messager désormais. En fin de journée, nous remercions les Fils de nous avoir laissé le Roi une journée de plus. Et le lendemain la vie continuait.

Un peu au milieu de l’après-midi, j’étais occupé à travailler sur une réparation d’armes avec un apprenti. Je lui montrais les défauts, là où la lame s’était abimée sur un rocher, avait accroché de la chair, ou bien n’avait pas été bien conçue à l’origine. Ici le marteau s’était fissuré sous l’impact d’un crâne, là le manche d’un tranchoir s’était usé avec l’âge. Encore jeune au métier, il se contentait d’observer et de s’exécuter du mieux qu’il le pouvait. La dextérité lui viendrait avec l’âge, il était plus facile de débuter avec l’arme déjà formée, plutôt que de concevoir depuis sa caboche une forme et de la réaliser entre ses mains.

Un autre jeune forgeron, en vérité nous avions le même âge, leva sa main vers moi et s’approcha de nous.

“Thordril! Une vieille barbe du nom d’Yggdar Frappe-Rune te demande à la porte.”

Une fois bien proche de nous, il baissa sa voix et nous chuchota.

“C’est vraiment un vieux cognard, je ne sais pas comment sa braise vie tient sur ses gambettes.”

L’apprenti eut un rire rauque, ce qui lui valut un regard courroucé. La remarque de mon frère de Clan n’était pas une moquerie. Elle portait plutôt une marque de respect, voire d’étonnement. Lors du Voile, nos anciens avaient péri en nombre, et avec eux leurs connaissances s’étaient consumées. Comme le Mogarium par exemple. S’il était si vieux qu’il le prétendait, alors c’était un survivant du Voile.

“Reste ici et ensemble, finissez donc moi ce travail! Je vais accueillir notre invité avec tout le respect qu’il se doit.”

Je les saluais d’une accolade avant de m’avancer vers l’immense porte d’entrée de nos forges. Il y avait un fort contre-jour entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment. Aussi, je ne pouvais voir distinctement les traits de mon interlocuteur, simplement une forme, certes un peu recroquevillée mais toujours imposante. Je remarquais enfin son visage, avec des yeux enfoncés dans un visage ridé et fatigué, avec un regard toujours animé.

“Baruk Yggdar Frappe-Rune, je suis Thordril Hargrund! Rentre donc, et tu me diras ce qui t’ammènes à nos immenses forges.”

Attendre ainsi, les deux pognes posées sur la poignée usée de sa canne, n’était point le plus agréable pour le vieillard. Bien que robustes, les Nains, eux aussi, étaient sujets au vieillissement. Un vieillissement qui se ralentissait particulièrement à partir de leur trentième année de vie, jusqu’à l’orée de leur deuxième centenaire. Là, le vieillissement reprenait, de manière un peu plus visible, jusqu’à leur 250ème anniversaire, approximativement. Mais cela n’empêchait point les Nains d’atteindre 350 voire 400 ans d’existence, surtout avant le Voile. Certains, même, virent leur 600ème anniversaire… Mais voilà longtemps que de tels Nains ne vivaient plus sur ces terres du Nord… Car le Voile, cruelle malédiction issue de la folie du Père aura emporté dans la mort et la folie, tous ceux qui toisaient les trois siècles de vie.

Certains vieillissaient mieux que d’autres. D’aucun disait que les clans de commerçants, de joailliers, de scribes et autres métiers confortables car réalisables en intérieur, vivaient mieux, plus vieux et en meilleure santé. Ceux qui vivaient de la terre, de l’acier, des forges et des armes, vivaient résolument moins vieux, ou, en tous les cas, en moins bonne santé. Ainsi, Yggdar accumulait-il l’arthrose au niveau de ses épaules, de son dos et de ses chevilles. Ses doigts de raidissaient au fur et à mesure que passaient les hivers, et forger les runes devenait assurément de plus en plus complexe… Alors, attendre ainsi debout, sur le seuil de la porte, était autrement plus désagréable que de devoir se mouvoir et marcher dans les rues rocailleuses de la cité portuaire. Au moins, se disait-il, le mouvement fait chauffer les muscles et les articulations, et l’on a moins mal ainsi.

Fort heureusement, Thordril, le jeune mais déjà légendaire forgeron, s’amena bien rapidement à l’entrée de la forge. De salutations d’usage en invitation polies, Yggdar reconnu là la voix de celui qui, il y a quelques ennéades seulement, mena les négociations avec les Elgis quant au reforgeage d’outils dédiés au travail de l’Acier Véladrien. Bien que maitres eux aussi, les Elgis avaient malheureusement perdus leurs outils, voilà une dizaine d’années… Ils demandèrent alors l’aide des Nains, faisant alors marcher l’alliance née entre les deux peuples depuis l’an XVII, assurant qu’au vu de l’aide Elgi dans le domaine de l’agriculture, de l’horticulture et dans l’étude des Engeances, les Nains pouvaient bien leur rendre ce « petit service ». Ce fut alors Thordril qui fut chargé de cette décision. Et de son accord, de sa clairvoyance, naquit alors un Arbre Forge dans cette partie du Lörn, que les deux races sauraient utiliser tour à tour pour forger ensemble une alliance pérenne.

Yggdar entra alors, sans se faire attendre. A chaque pas claudiquant, la pointe forgerunée de sa canne s’enfonçait dans la pierre comme le couteau dans une motte de beurre, laissant de tout petits impacts, que des étincelles bleutées rendaient évidents au moment de leur formation seulement. Il s’avança, entrant dans la forge d’un clan désormais légendaire, suivant le maître des lieux jusqu’à un endroit que ce dernier jugea fort adéquat.

« Baruk, Thordril. » Dit-il, en retard certes mais heureux d’être dans une zone chaude, sans moiteur. « Pardonne mon retard dans ce salut ! C’est que mes vieux os n’m’aident pas à patienter debout sans ensuite en ressortir un peu d’inconfort ! Bah ! Tu comprendras ça, plus tard, quand tu auras le triple de ton âge actuellement ! » Dit-il, rigolant en toussotant tant les années à la forge avaient produits chez lui quelques empreintes peu ragoutantes sur ses poumons. « Je m’en reviens d’Almis ! Parbleu, un jour, il faudra que je songe à arrêter mes voyages ! Je suis trop vieux pour ces Nanilleries ! » Râlait-il, tradition oblige. « As-tu appris pour l’épée du Groman-Rik ? » Demandait-il, regardant le visage du jeune forgeron pour entendre sa réponse, ou du moins, voir un mouvement quelconque. « Dix morts ! Par Yaron, dix valeureux guerriers… Et le Roi, qui manque de caner avec ! Mais au moins, c’est la paix qu’nous avons avec les Nains de Feu… Pour l’instant. Oh, Thordril, les cadavres des valeureux sont restés là-haut dans la montagne, et ceux qui sont r’venus n’étaient pas bien plus beau, ni pas mieux portant… Une attaque d’Engeances, de c’que j’en ai compris. Mais ce sont ces quelques survivants qui ont défendu le Roi, et l’on ramené souffreteux jusqu’à Almis en le portant sur leurs fières épaules, avec un portage de fortune ! Courageux gaillards, braves bavettes… L’Roi leur a fait l’honneur d’les nommer « Groman-Rinn »… Moi, j’crois qu’ils méritent bien l’honneur d’une arme d’guerre de l’un des plus valeureux forgerons, hm ? » Dit-il, expliquant le pourquoi de sa venue sans se faire prier. « J’aimerais qu’toi et moi, on rende hommage à c’te troupe de cinglés qui sont aller là-haut. Et pour le Roi… J’ai l’intention d’lui forgeruner une arme. Et j’crois que j’serais fort honoré d’travailler avec toi, Zharrhazarsson. Qu’est-ce qu’t’en dis ? »

Comme à mon habitude, il m'était impossible de cerner l’humeur du forgerune. Ses traits faciaux étaient immobiles, son regard impénétrable, à la fois vide et rempli de sens. J’accompagnais Yggdar patiemment, au rythme de sa canne forgée dont le bruit se confondait avec le reste de l’ambiance sonore. Je l’entrainais dans mon bureau, qui se trouvait juste derrière les forges. Il y avait de quoi poser son joufflu, discuter en paix sans être dérangé une fois que la porte serait tirée. Ses premières phrases ne m’aidèrent pas à juger si l’accueil lui avait été bon ou non. J’étais un peu mal à l’aise mais je ne me laissais pas départir. Yggdar étant ce qu’il était, un sacré personnage, il restait intelligent. Il n’allait pas se trainer jusqu’ici simplement pour se plaindre des jeunes barbes qui ne savaient pas traiter les anciens. Sans y réfléchir, sans entendre trop la question sur Harald également, je lui répondis.

“Les dieux ont encore eu pitié de nous cette fois, ils nous ont laissé la braise vie du Groman Rik. Qu’il se remette de ses blessures. Je n’en connais pas la gravité mais tant de morts, ce ne peut être qu’une attaque de ces villes créatures qui infestent nos montagnes et qui rendent nos voyages si difficiles.”

Avec regret, le sage me confirma que c’était bien à cause des engeances que notre troupe Royale avait presque succombé. La seule maigre bonne nouvelle qu’il apporta, c’est que les Nains de Feu n’étaient pas avides de querelles, pour le moment. Ce voyage, funeste pour certains, aura rassuré tout un peuple, mais l’aura également inquiété. Visiblement, le Roi allait mieux, assez pour prendre la parole au sein de la cité d’Almis. Quel symbole. Les survivants avaient eu le droit à tous les honneurs et à ce titre bien particulier “Groman-Rinn”.

Cependant, Yggdar n’était pas venu pour discuter et radoter. Je ne le connaissais que très peu, mais il n’avait l’air comme ça. Sa requête était impressionnante, incroyable, voire intimidante. Pourtant, c’est le forgerune qui se sentait honoré! “Forgeruner”. Je connaissais le terme, le résultat, mais je ne l’avais jamais vu de mes propres yeux, je ne savais même pas en quoi cela consistait. Cela devait se rapprocher de la magie utilisée par ces elgis pour forger des armes surnaturelles, mais en plus “terre à terre”. Ma curiosité était palpable. Si un oeil pouvait se glisser entre les fissures de la porte, il ne reconnaitrait pas le Zharrhazarsson et son invité, mais penserait voir un maître et son jeune apprenti encore émerveillé de tout.

“Je..Enfin…Avec plaisir Yggdar, baruk!”

Je tapais du poing contre mon torse, avant de commencer à faire quelques pas dans la pièce et réfléchir à voix haute. Beaucoup d’idées tournaient et repassaient dans ma caboche.

“Quelle arme..une hache oui. Avec un beau manche, incrusté de minerais bruts polis. Et pour la lame, un double tranchant avec un arc bien travaillé, surmonté d’un pic, peut-être en or. Pour le matériel…du fer pour la lame, c’est sûr, peut-être des alliages ailleurs, pour la couleur, la symbolique…”

Je sentais de la chaleur se manifester sous ma tunique. Au niveau de mon torse plus précisément. Je m’immobilisais. Je savais très bien que c’était le médaillon qui rayonnait. Est-ce que je le réveillais par moi-même ou bien se réveillait-il seul? Je n’en savais rien. J’avais toujours du Mogarium. Harald le conservait dans un lieu protégé, afin qu’il ne soit pas volé ou utilisé à mauvais escient. Sa couronne en Mogarium était sa grande fierté, en tant que Groman Rik. Mais je n’étais pas sûr. Il ne fallait pas oublier que l’arme d’honneur que j’allais concevoir passerait dans les pognes d’Yggdar, et sera forgerunée. Je sentais déjà une puissance dans le Mogarium lui-même. Pouvait-elle se réveiller encore plus avec la magie des runes?

“Dis moi Yggdar…As-tu déjà forgeruné du Mogarium?”

« De c’que j’ai compris, ce n’est que sur le chemin du retour que les Engeances auront attaqué la cohorte. Autrement, ce sont des accidents, des congères et autres saloperies de Nord glacial qui aura eu raison d’eux… Mais le résultat est l’même : de la main des Engeances ou par celles des dieux, tous sont morts pour que cette mission diplomatique, et puis pour sauver le Roi. J’crois qu’on peut tous être fiers de ces cognards et bavettes qu’on été plus courageux qu’quiconque. »

Assi sur un fauteuil de cuir froid mais confortable, le vieux Rhunki était vouté sur sa canne qu’il avait placé entre ses gambettes, lesquelles étaient presque mises en angle droit par rapport à son assise. Ainsi installé, on aurait pu croire à un élève, attendant une leçon d’un maître peu patient ; ou bien simplement quelqu’un peu enclin à la confidence et à la parlotte. Mais non. Le Rhunki était juste vieux, et avait bien des choses à dire.

La question de Thordril toutefois, lui arracha une moue inquisitrice. Curieux, il se demanda tout d’abord pourquoi, puis ensuite fouilla dans sa mémoire. Avait-il déjà forgé du Mogarium ? Non, par Smedan, jamais ! Cela demeurait bien trop rare, depuis des cycles. Et puis, forger du Mogarium était déjà si complexe, alors forger des runes au-dedans ? Impossible ! Cela serait une mission pleine d’honneur pourtant… Et une joie ô combien incroyable, que de voir ainsi ce précieux métal empli d’une magie qui la rendrait… Indestructible ? Et énormément, inimaginablement, puissante !

« Neh… Jamais. Faut dire que c’métal a toujours été rarissime. La forgerune, Thordril, c’est un peu comme un forgeage, dans le forgeage. C’est le forgeage d’une pièce d’métal, tandis qu’au-dedans, au même moment, on forge des runes inaltérables, inaliénables, qui dureront aussi longtemps que durera la magie sur cette terre. Que durera cette terre, tout simplement. C’est déjà incroyablement difficile de le faire dans le fer, l’acier, les alliages traditionnels… Mais dans du Mogarium ? La tâche est presque impossible. Il me faudrait pouvoir tenir au milieu de la fournaise afin de forger les runes dans le métal rougeoyant… »