[Mare Noire] Pas de repos pour les braves

<< Euh... Auriez vous une seconde ?

L'histoire s'écrit sur du papier >>

Nous conseillons aux druides et Noss jouant l'introduction aux mares noires de ne pas lire ce RP pour garder le mystère entier !

Règles spécifiques HRP :

• Pas de longueur de poste minimale
  
• Double posts acceptés après 48h d'attente
  
• Pas de tour de parole
  
• Pas de nouveau joueur
  
• Pas plus de 3 PNJs par joueur. C'est au joueur de les faire vivre mais Entité se réserve le droit d'influer sur eux au cas par cas

Une petite carte du trajet espéré:

Les joueurs participant à l'évènement sont priés de ne pas ouvrir de RP se déroulant après la date du présent RP jusqu'à la clôture de celui-ci.

Sujet HRP de l'évènement

Clôture au plus tard : Vendredi 13 septembre à 23h

2e jour de la 8e ennéade de Karfias ~ été
17e année du XIe Cycle
Protes Sud d'Alëandir

Le Maître du jeu parlant à son audience... Ce matin, le ciel est particulièrement clair lorsque vous vous retrouvez aux portes Sud d'Alëandir, avec vos paquetages et vos fières montures. Qu'il s'agisse de chevaux ou de Faïras, vous avez suffisamment de temps et de place pour emmener tout ce que vous pensez nécessaires. Armes, armures, rations. Sans doute les plus prévoyants d'entre vous auront également penser à des nécessaire de soin, des duvets aussi imperméables que possible ou des toiles pour vous constituer des hamacs et dormir loin de la vermine rampante. Un objet porte bonheur se glisse facilement dans tous ces paquetages. Après tout, mieux vaut avoir trop de chance que passez étant donné la mission dans laquelle vous vous engagez.

Le soleil se lève à peine, colorant le ciel d'une lumière blanche et diffuse. Vos pas et ceux de vos premiers compagnons résonnent sur le sol pavé, mais les caravanes et voyageurs qui pourraient vouloir prendre la route ne sont pas encore présent. Les façades de pierre blanche, finement sculptée par vos ancêtres, vous observent avec attention sous les vignes et les mousses que le Voile y a accroché. La fraicheur et le silence se parent d'odeurs végétales et d'une fine rosée faisant luire le paysage. Les grandes portes sont closes. Leur bois épais renforcé d'acier est gravé d'une fresque représentant le Premier Aran posant la première pierre de la Cité. Dans le corps de garde à sa droite, les soldats s'agitent. Le passage sera ouvert d'une minute à l'autre.

Une fois ce seuil franchi, vous serez seuls maîtres de vos destinées... et peut-être de celle d'Alëandir.

Vous pouvez décrire les préparatifs de vos personnages ou les placer directement sur le seuil du départ. Pensez également à introduire les compagnons de routes qui partent avec vous d'Alëandir et vos montures.

Ils y étaient. Une fois de plus sur le point de laisser leur foyer derrière eux et d'accomplir leur devoir.

 
S’il ne pouvait que se douter qu’il en était de même pour les trois camarades qui l’accompagnaient autant que ceux qui arriveraient ensuite, Aegden ressentait une douce amertume à l’idée de partir à nouveau. Alors oui bien sûr il y avait le devoir. Evidemment que jamais ô grand jamais il ne lui serait venu en tête d’envisager de rester ici alors que d’autre iraient risquer leur vie pour sa cité. Mais c’était se mentir à soit même que de ne pas se rendre compte qu’Alëandir lui manquerait.

Elle était magnifique ce matin. Assorties au ciel clair, les pierres blanches resplendissaient au milieu de la folle végétation. Il n'avait pas eut le temps de s'attarder dans ses rues mais il les savait égale à l'endroit où il se trouvaient. Splendide. C’était toujours dans les moments où l’on était sur le point de laisser quelque chose derrière nous qu’on se rendait compte à quel point l’on aimait…

D’un autre côté, peux être qu’au final c’était aussi ça en partie qui poussaient les elfes dans cette expéditions. Pour que ce sentiment de manque, il n'y ait qu'eux qui le ressentent et que le reste des habitants d'Anaëh n'aient pas à craindre de perdre leur chez eux à leur tour. Pour que d'autres puissent continuer à admirer ces rue blanches teinté ça et là des nuances verte de la végétation reprenant ses droits.

Toujours est-il qu’ils étaient désormais quatre, proches de l’immense porte. Quatre à attendre leurs frères et compagnons pour une expédition à l’issue incertaine.

Le commandant d'Alëandir n’avait pu se permettre d’emmener avec lui que trois miliciens. L’expérience était trop incertaine pour priver Alëandir de bien plus d’homme. Le secret de leur mission exigeait lui aussi de n’impliquer que peu d’elfes.

Au vus de la longueur du voyage, chacun des milliciens présents possédait bien entendu une monture, principalement des chevaux, pourvu de fontes contenant à chaque fois tout ce qu'ils avaient jugés nécessaires d'emporter avec eux pour un voyage d'au moins deux ennéades. Les faïra n’étaient pas aussi répandus dans la milice Lëandrine que d’autre protectorats plus montagneux et Aegden n’avait pas trouvé cela judicieux de priver la cité d’un ou plusieurs de ses rares félinier. 

Le commandant  s’était aussi appliqué à essayer de trouver des mages qui, il avait dû l’avouer, leur serait probablement d’une utilité indéniable… Mais les mages de guerres n’étaient pas des plus courants, et au final parmi ses trois compagnons Aegden n’avait pu en récupérer qu’un. Malgré tout, conformément au recommandations d'Artiön la veille, l'élémentaliste faisait partie de ces elfes avec qui il avait déjà fonctionné durant les entraînements des Aigles et il ne doutait pas plus de lui que des autres membres du voyage.

Il avait été le quatrième à arriver, le mage. Celle qui était arrivée la première, à peine cinq minutes plus tôt revérifiait surement pour la centième fois le contenu des fontes de sa propre monture sous l’œil mi-figue mi-raisin de son archère de camarade qui d’une main contenais un cheval un peu trop impatient.
Quant au lancier, il fixait simplement l’endroit d’où il venait se demandant qui serait le prochain à arriver.

Pnj:

Un nouveau matin. Une nouvelle fois seul dans mon lit au réveil. Cela faisait plusieurs ennéades que j'étais loin d'Enolir, et, force est d'admettre que ma cité me manquait, et ceux que j'aimais aussi. Avec le recul, je me rendais compte que mon absence risquait de se prolonger de plusieurs ennéades, et pas seulement de quelques jours. Sur le moment, ma curiosité et mon excitation avaient pris le dessus, et j'avais accepté de partir en Aduram, alors que mes obligations principales étaient sûrement ailleurs. Mais, il était trop tard pour regretter et tourner les talons. Je ne pouvais pas me permettre de lâcher Aegden et Akiblaedÿl à leur sort, surtout quand est en jeu Alëandir, et possiblement Anaëh.

Je me réveillai en douceur, prenant le temps de me laver, de m'habiller et de coiffer me belle chevelure. Une fois ceci fait, je profitai du temps restant pour écrire mon courrier pour Enolir. Les deux pour mon épouse. Oui, parce que j'ai décidé de ne pas mélanger mots d'amour et consignes politiques dans une seule et même lettre. C'est un défi trop difficile pour ma belle prose. Désireux de finir en beauté, je commençai à rédiger la lettre avec toutes les consignes politiques. Ce n'était guère difficile d'octroyer au Conseil la gestion entière de la ville, et mon épouse ne ferait que présider les réunions à ma place, sans mes prérogatives. Quelle barbe !

Place au cœur maintenant. Tel un elfe affreusement laid voulant déclarer sa femme à la plus belle femme de son Protectorat, j'abandonne toute raison pour laisser au cœur les rênes de mes gestes et de mes mots. L'effet n'est pas du tout celui que j'aurais imaginé. Ce doit être les pires mots d'amour que je n'ai jamais écrit de toute ma vie. “Quel homme se fait passer pour mon mari” s'écriera-t-elle sûrement, éhontée devant une telle lettre. Mais bon, comme on dit, c'est l'attention qui compte. Je scellai les lettre et les fis expédier à Enolir. Une bonne chose de faite.

Désormais, je devais achever mes préparatifs. Je contemplai mon armure comme si c'était une merveille, alors qu'elle n'avait rien d'extraordinaire. C'était exactement la même armure que la veille (comme si j'avais eu le temps d'importer une autre armure…). Je me décidai enfin à l'enfiler avec un long manteau gris, sanglant mon carquois sur l'arrière de ma ceinture et mon arbalète sur le dos et j'étais enfin prêt. Je pus prendre la route des portes de la ville, avec toutes mes affaires, pour peu qu'elles seraient utiles, et j'avais ma lance qui me servait d'appui comme si j'étais un vieillard qui ne tient plus sur ses jambes. Par chance, j'eus droit à un cheval, car je n'étais pas encore assez stupide pour prendre la voie terrestre pour venir jusqu'ici. Ma bête était aussi blanche que la neige. Il ne me restait qu'à rejoindre les autres au point de rendez-vous, et… adieu, monde cruel !

Apparemment, Aegden avait réussi à mobiliser quelques renforts. Hélas pour nous, j'étais venu seul à Alëandir avec mon épouse, et, quand bien même elle était encore ici, je n'aurais pas pris le risque de l'emmener avec moi puisqu'elle ne sait pas se battre. Et nous n'avions pas le temps d'attendre des soldats venus d'Enolir, aussi doués et utiles pourraient-ils être. Dans tous les cas, je saluai Aegden et ses soldats d'un (très) léger signe de tête et un demi-sourire, sans rien dire. J'avais hâte que nous soyons tous là pour partir au plus vite. J'étais un peu excité, mais surtout, j'avais hâte d'en finir. Il était quand même curieux que le sort d'Alëandir reposait en partie sur un Protecteur qui n'y mettait jamais les pieds…

Mon armure était déjà polie tout comme l’armure de mon cheval également, la corde à mon arc tendue, mes armes aiguisées. Je n’avais aucun préparatifs à faire. Je pris la peine toutefois d’écrire une lettre au conseil de Daranovar ainsi qu’à l’engyl sain. Je leur mentionnais que mon séjour hors de la cité se prolongerait et qu’en cas d’affaire urgente ou d’un besoin de mon humble personne, ils pouvaient envoyer une lettre au palais d’Alëandir et on me la ferait parvenir. Je me trouvais devant ma plume et l’idée d’ommettre la mission qu'on m'avait confié aux gens de ma cité me rongeait l’âme. Je détestais mentir, et si on apprenait que j’avais délibérément cacher cette information aux miens, comment le prendrait-on ? J’hésitais. Je pourrais peut-être demander à Maltlin de faire des recherches à propos de cette force extérieure qui avait surchargé la relique, mais je savais qu’il demanderait davantage d’informations ou alors que cette demande pourrait éventuellement mettre sa vie en péril. Je me retins de partager quelconque information, même vague, malgré mon hésitation. J’envoyais aussi une lettre à mes parents, un mot tout simple signifiant mon affection pour ceux-ci.

Je passa donc la journée à réunir différent documents théorique sur la magie à partir de l’académie, je réunis également tous les ouvrages que je pouvais trouver sur Anduram. Je savais qu’en cas de guerre, c’était souvent le camp ayant le plus d’informations sur son adversaire qui l’emportait.

Je me leva avant l’aube au matin du départ. Il faisait toujours noir à l’extérieur. J’enfilais mon armure et rangea mes possessions de voyage dans la besace qui était accrochée à la scelle de mon cheval. J’avais toutes sortes de choses. Une corde de 3m, un petit coffret, un miroir, une paillasse, une tente, une boussole, un faux pour couper des plantes, une lanterne, de l’huile, de l’encre, des plumes à écrire, un livre vierge, des rations de nourriture autant pour moi que pour ma monture et mon Mirage d’Argent, trois outres d’eau, des bandages, des aiguilles à coudre - pour les points de sutures - un grappin, du vin, un silex, un amorce, de la ficelle et des clochettes pour installer autour des campements durant les nuits ainsi que des vêtements de rechange et une vingtaine de flèches. Il manquait toutefois de l’Erboas à ma réserve d’herbes et c’est pour cela que je m'étais levé aussi tôt. Je partis en faire la cueillette avec ma faux, accompagné de ma monture et revint vers l’entrée de la ville qu’alors que les lueurs du soleil faisaient leur apparition.

Mes confrères étaient déjà là. J’étais satisfait de les savoir ponctuel. Ils devaient considérer comme moi qu’il s’agissait d’une mission d’une haute importance. J’arrivais alors du sentier au trot sur ma monture. Je jugea du regard les soldats qu’Agden avait amené. Leur posture semblait juste et leur savoir diversifié. Je leur offrit un signe de tête alors qu’ils m’aperçurent. Mon Mirage d’Argent volait au dessus du groupe en scrutant les horizons. J’étais au plus grand de mon aise, sur le dos d’une monture à l’aube alors que la rosée du matin perlait sur les différentes plantes nous entourant.

- Si vous êtes tous prêts…, dis-je d’une voix calme alors que je plaçais ma monture perpendiculairement à ceux-ci dans un quart de tour. Un long voyage dangereux nous attends. Bien que j’admire votre courage, si vous hésitez ou vous voulez changer d’avis, mieux vaut le faire maintenant. Sinon, eh bien, me voilà honoré de vous compter parmi mes frères et soeurs d’armes pour cette mission.

Comme d’ordinaire tu te lèves tôt, avant le soleil même, mais cette fois ce n’est pas à cause d’un cauchemar. Cette fois c’est une certaine appréhension que te réveille mais maintenant que tu es debout tu sais que tu ne dormiras plus alors, les yeux encore à moitié clos tu t’approches de ta penderie pour en sortir l’uniforme que tu n’as pas mis depuis un moment. Il te semble maudit, après tout à chaque fois que tu l’as revêtu quelque chose d’horrible est arrivé peu de temps après mais le symbole de l’armée royale accroche ton œil et il ne t’en faut pas plus pour calmer tes doutes, tes peurs. Tu t’habilles rapidement, tu mets ta cuirasse, tes jambières et tes brassards de cuir ; c’est bien plus de protection que tu n’en as l’habitude mais quitte à aller dans un endroit que tu ne connais pas autant mettre le paquet. Puis tu enfiles ta cape que tu refermes grâce à ta broche, tu prends une grande inspiration. Si ton roi et ami te le demande as-tu un autre choix ? En réalité c’est aussi ton devoir et c’est à toi de t’en acquitter. Ainsi tu remplies tes poches intérieures, tu ne prends pas grand-chose qui ne puisse pas rentrer dans lesdites poches, tu préfères voyager léger. Très léger.

Pour compléter le tout tu fais glisser une dague dans le fourreau attaché à ta cuisse, tu mets ton ceinturon d’arme auquel pends un carquois remplis de flèches empennés de plumes de Silm'Aiwë pour commencer avant de laisser la place à des plumes d’oiseaux plus communs, souvent foncées. Tu passes ensuite ton arc en bandoulière et tu descends pour avaler quelque chose, prendre la nourriture que la prêtresse a gentiment préparé pour ton départ, apprêter ton cheval et retrouver Ildilyntra.

Elle est, tout comme toi, un épervier mais si tu l’as choisi pour t’accompagner c’est parce qu’elle a plusieurs donc tous particuliers et parmi tous ces dons il y en a deux qui, tu le penses, risquent d’être très précieux : une mémoire eidétique et un talent certain pour coder et décoder des messages en un temps record. C’est d’ailleurs en demandant au roi si ce dernier pouvait affecter Ildilyntra à cette mission que vous en êtes venu à rediscuter ton propre rôle dans tout ça. Le moins que l’on puisse dire c’est que votre discussion dans les appartements royaux fut radicalement différente de la dernière fois, notamment parce que tu as croisé le jeune garde en sortant et non à l’aller, mais aussi et surtout parce que cette fois ce fut très calme. Et au final assez rapide. Tu as ensuite laissé Artiön s’occuper de prévenir ta camarade pendant que tu allais préparer ton départ.

Tu la retrouves donc le lendemain, assise sur une margelle, son gant de fauconnier est posé sur le rebord mais en réalité tu l’entends avant de la voir, de toute façon tu n’entends qu’une poignée de choses : les sabots de ton cheval résonner dans la ville endormie, celui de Ildilyntra renâcler et les longues notes lancinantes d’une cithare. Des notes que tu reconnais car après avoir longuement travaillé avec elle tu sais que la musique est un de ses moyens préférer pour faire passer une information. Alors tu accélères car les notes t’apprennent qu’elle s’impatiente.

« Pas trop tôt. » Te dit-elle en ponctuant sa phrase d’une dernière note.
« J’ai eu des soucis pour... c’est pas important. Tu es prête ? » Demandes-tu en espérant qu’elle acceptera bien de changer de sujet.
« Allons-y. »

En réalité ce n’était pas vraiment risqué d’avoir fait ça, tu sais qu’elle déteste perdre du temps et que, contrairement à toi, elle n’est pas en selle, alors elle remet son instrument en bandoulière et renfile son gant avant d’enfourcher sa monture. Alors que vous partez pour la porte de la ville où vous avez rendez-vous tu entends un bruissement et en levant la tête tu peux voir son gerfaut vous suivre de près.

Une fois arrivé devant ladite porte tu pousses un long soupir et du coin de l’œil tu vois Ildilyntra enfouir violemment son visage dans son gant.

« Ça risqué d’être un peu compliqué... »
« Ouais un peu… » te réponds-t-elle avec un ton caustique. Vous vous approchez de vos concitoyens au pas et tu te retiens de pousser un nouveau soupir en entendant le membre du conseil daranovan.
« Quant à moi je serais honoré de ne pas compter parmi mes frères d’arme un phare sur pattes. »

Aegden avait rendu le même hochement de tête au protecteur sans rien dire. Il avait continué d’attendre, fixant de temps à autre la carte qu’il avait finalement prise. Car après tout c’était lui le mieux placé pour mener l’expédition. Et puis le conseiller daranovan était apparu de l’autre côté à peine quelques minutes après. Tous semblaient ponctuel c’était déjà ça.

Son discours  n’était par contre peut être pas des plus utiles. Il s’était déjà assuré de l’entière volonté des elfes qui l’accompagnaient lorsqu’il les avait mandatés la veille. Et il était évident que s’ils étaient tous là c’est qu’ils ne reculeraient plus. Le mage bavard qui l’accompagnait eut l’air d’ouvrir la bouche pour exprimer une pensée similaire mais ce fut un second daranovan qui lui vola sa réplique.

Jusque-là le dos appuyé contre un mur, Aegden eut un sourire crispé devant la remarque de lyorindel et il se redressa. S’il n’avait pas tort il n’aurait probablement pas fait la remarque de cette manière. Après tout ils passeraient au minimum deux ennéades ensembles. Mieux valaient-il que des conflits n’éclatent pas maintenant. Pourtant…

-Lyorindel a raison, Akiblaëdyl. Son regard se posa sur l’un puis sur l’autre, empêchant les deux elfes d'ajouter quoi que ce soit de certainement inutile. Peux être fut il un peu plus appuyé en direction du diplomate, lui faisant comprendre qu'il devrais tout de même mieux choisir ses mots. Si tu portes autant de métal, et aussi...brillant. Il avait eut envie de dire clinquant mais s'était retenu in extremis. tu risques de perdre en discrétion. Et on sait tous à quel point ça peut inverser la tendance au moment propice. Si tu ne veux pas te retrouver à te couvrir de boue tout le long de l’expédition tu devras te changer une fois à Ardamir. Je t’aurais bien envoyé chercher de l’équipement dans la caserne mais on manque de temps.

Le commandant n’attendit pas plus avant de monter à son tour en selle sur un cheval qui se trouvait tranquillement à ses côtés. Maintenant qu’ils étaient tous là, il était grand temps de partir. Après tout n’était-ce pas dans l’urgence que tout cela avait commencée ?

-En route. fit-il, son cheval s'avançant en tête du groupe.

Il n'ajouta rien de plus, s'attendant à ce que les deux elfes qui avaient entamé une conversation peu amicale fassent de même au moins le temps du départ. C'est qu'il n'était pas connu pour être un grand bavard le commandant Lëandrin.

Ma patience avait des limites et je ne pouvais même plus compter sur les doigts de ma main le nombre d’interactions avec des elfes condescendants que j’avais eue depuis mon séjour à Alëandir. Je n’étais pas venu dans cette Capitale depuis plusieurs siècles et je commençais presque à comprendre pourquoi ça ne m’avait jamais tenté plus qu’il ne le fallait. Je trouvais complètement ridicule l’idée de vouloir voyager discret dans notre propre territoire, comment être plus louche que cela ? Je secouais la tête de découragement.

- Bien sûre, bien sure. On se ballade avec le commandant des armées d’Alëandir, le protecteur d’Énolir et… je ne sais pas vraiment qui vous êtes. C’est sure que si en plus on s’habille en brigand ça va éveillé beaucoup moins de soupçons, voyons. Dis-je d’un ton sarcastique. Alors si les Noss nous voit visiblement désireux de se cacher ne croyez-vous pas qu’ils vont nous suivre ? D’autant plus que les druides peuvent bien demander ce qu’ils veulent à la végétation, c’est-à-dire nos déplacements.

Je marqua une courte pause le temps que mon regard parcourt chaque personne présente. Je m’étais fais courtois jusqu’ici mais j’étais tanné que l’on se permette à mon égard. J’étais trop habitué à l’unicité qui habitait les citadins de Daranovar. Je comprenais qu’ils voulaient tous être discrets et que tout le monde désirait le mieux de cette mission. Quel meilleur déguisement que de marcher comme les siens, parmi les siens, en plein jour ? Le groupe partait alors finalement sous l’ordre d’Aegden, mais alors que tous se mettaient en scelle, j’enchainais.

- Et puis si nous croisons n’importe-quel citadin en chemin qui voit notre groupe hétéroclite habiller pour se dissimuler, ne croyez-vous pas que ça va éveiller les soupçons ? Et bien sure qu’est-ce qui pourrait réunir des personnes de notre genre ensemble si ce n’est pas une mission secrète ou alors une visite diplomatique ? Et pourquoi se cacher quand on est en visite diplomatique ? Et qu’importe ce qu’Artion envoit comme message ce ne sont pas les justifications d’un roi qui s’absente de l’Anaëh qui vont faire diminuer la curiosité de nos confrères, ça ne fera qu’augmenter le doute, plusieurs sont ceux qui ne lui font pas encore confiance.

Je leva un des sac accroché à la scelle de ma monture pour l’ouvrir et sortir un grand manteau brun, assez large pour recouvrir mon armure. Je le montra à mes confrères avant de le ranger à nouveau. Alors que le groupe commençait à se déplacer, je termina ce que j’avais à dire.

- Je suis préparé à être discret lorsque ce sera intelligent de l’être. Je couvrirai cette armure lorsque je jugerai pertinent d’ainsi faire, c’est-à-dire lorsque  nous approchons d’Aduram, pas avant. Si cela ne vous plaît pas, je vous retrouverai en Aduram.

Sans pour autant faire mine d’arrêter son cheval ou de se retourner, Aegden leva les yeux au ciel. Pourquoi il fallait toujours que des elfes lorsqu’ils ne se connaissaient pas se disputent pour des raisons aussi stupides? N’avaient-ils pas plus important à penser qu’un idiot problème d’armure ?

-Ce qu’on croisera en Aduram ne fera pas la différence entre un protecteur, un soldat ou un autre elfe. Aegden répondit sur le même ton. Par contre ça fera moins attention si ce qui s’y ballade ne brille pas. Il n’aimait pas la manière de parler de l’autre, et s’il s’était montré patient pour l’instant, il allait vite lui aussi s’agacer. Personne n'aura de soupçon puisqu'on ne se cache d'aucuns de nos frères...Et s'ils se montrent trop curieux nous leur répondront ce dont nous avons déjà parlés. Mais le fait de te balader avec cette armure , même si tu as de quoi la cacher, ça va t'encombrer inutilement. Le ton de sa voix se fit ensuite plus catégorique.Et non tu ne partira pas seul pour nous attendre en Aduram. Hors de question. Il avait rarement entendu phrase plus stupide venant d'un elfe ayant sans aucun doute au moins un passé militaire. Un soldat seul dans un environnement hostile et inconnu c'était un soldat mort.

Il pinça l’arrête de son nez entre ses doigts. Ça n’allait pas du tout. S’ils continuaient ainsi autant ne pas partir du tout…Entrainement des Aigles ou pas, si personne n'arrivait à s'entendre, personne ne reviendrait de cette expédition.

Finalement c’est peux être celui qui pouvait le mieux faire preuve de diplomatie qui en usa afin de peux être mettre un terme à cette altercation...

Un regard au daranovan persuada Lyorindel qu’il ne se laisserait pas convaincre de toute façon, la mauvaise foi pouvant être particulièrement tenace. Alors il fit avancer sa monture au pas pour rejoindre Aegden mais s’arrêta au niveau du conseiller et enroula les rênes autour de ses mains.

-Heru Akiblaedÿl, nous allons travailler ensemble et j’apprécierais que votre belle armure ne ruine pas nos efforts pour éviter d’ameuter l’Aduram. Une fois à Ardamir ce sera avec plaisir que nous choisirons une protection adaptée à notre mission. Sans attendre de réponse il continua son chemin pour rejoindre le commandant à la tête du groupe. Je suis heureux de te voir à nouveau, même dans de telles circonstances… surtout dans de telles circonstances. 

-Heureux aussi Lyorindel. Aegden lui répondit en lui adressant un signe de tête amical.

Derrière ce qui pouvait rester d’irritation et de tension propre à ce genre de situation, le diplomate pouvait tout de même déceler une vague sourire sur le visage de son camarade. Il n’est pas rare d’entendre dire que les épreuves rapprochaient les gens. Et des épreuves ensemble ils en avaient vécu. S’ils n’étaient pas les plus proches qui soient, Aegden considérait tout de même le diplomate comme un ami. Surtout, il était un visage connu à la différence d’Akiblaedÿl et d’Akhoraril, ce dernier resté silencieux jusque-là.

-J’espère juste que cette expédition ne se compliquera pas plus qu’elle ne l’est visiblement déjà…Marmonna-t-il.C'était autant pour ce qui venait de se produire que parce qu'au final il n'avait aucune idée d'au devant de quoi ils allaient aveuglément qu'il disait cela. 

Le Maître du Jeu s'adressant à son audience... La Voie Blanche. L'une des plus grandes routes de votre contrée. Celle qui reliait le Fort d'Ellyrion au Trône Blanc. Celle qui aujourd'hui, relie la prairie d'Eraison à la Capitale. Faite de terre battue et régulièrement balisée, elle suit en douceur les courbes du paysage et est perpétuellement retracée pour ne contrarier aucun des arbres cycliques qui étendent leurs branches sur son trajet.

Sur tout le tronçon que vous suivez d'Alëandir à Ardamir, la large voie suit doucement le tracé sinueux de la Rêveuse. La trouée de ciel bleue que vous offre le cours d'eau vous permet de profiter du soleil de fin d'été, barbotant dans un ciel moucheté de nuages blancs. Sur votre droite, une falaise verte et brune se dresse sur plus d'une dizaines de mètres de haut. De chaque côté de la Rêveuse, la végétation forme presque un mur autour de ce ravin aqueux sur lequel passent des barges tranquilles. Peu de chance d'en croiser plus d'une ou deux par jours, mais sur la première qui faisait route vers l'aval, la batelière vous a fait un signe avenant, échangeant quelques mots au passage.

Mais malgré ce confort d'apparence, vous savez qu'aucun voyage n'est parfaitement sans risque dans les frondaisons de votre chère forêt. Quelques mètres après la bordure de route, vous ne distinguez plus ce qui se cache entre les troncs, les lianes et les fourrés. Les pépiements, grincements, et grattements qui s'éteignent au-dessus de vos têtes lorsque vous avancez vous rappellent que la vie dans la canopée est plus riche que celle déjà vivace qui s'étale au sol. Des ondulations furtives dans l'eau apparaissent et disparaissent à la périphérie de votre vision. Une fois passé le périmètre de patrouille plus intensif d'Alëandir, vous avez parfaitement conscience qu'un Noss ou une bête fauve pourrait s'aventurer près de votre petite troupe de huit voyageurs.

Mais les deux premiers jours se passent sans heurt. La Symphonie est paisible, habituelle. Le seul phénomène un peu étrange pourrait être le fait que plusieurs fois durant la seconde journée de voyage, Loyrindel et Akiblaedÿl se sont sentis observés. Là, derrière un tronc. Ici, de l'autre côté du fleuve, dans les hauteurs... Quelque chose vous guette. Des Noss ? Autre chose ? Pour l'instant rien ne semble présager d'une attaque.

Vous pouvez jouer le voyage et de tension pour les passer à votre convenance. Le campement du 3e jours de la 8e ennéade s'établit à l'endroit de votre choix. Vous pouvez vivre sur vos vivres sans soucis et sans avoir à prendre un temps particulier pour trouver de quoi manger. Les chevaux peuvent paître sans trop de risque. A vous de définir les tours de garde et la répartition des taches. La soirée se passe sans que rien ne vienne troubler l'ambiance peut-être chaotique de votre campement, mais il n'en sera peut-être pas de même toute la nuit durant...

Je n’avais fait que hocher la tête aux dernières paroles qui m’avaient été adressées avant notre départ. Rien ne valait argumenter pour de telles futilitées et je savais pertinemment que j’étais mieux placé que quiconque pour savoir ce qui m’encombrait ou non. Je verrais en temps et lieux ce que je ferais avec mon armure et en serais le seul décideur.

La pensée d’écrire à Daranovar durant le voyage traversa mon esprit à maintes reprises car je commençais à douter de la compétence des gens qui m’accompagnaient mais je décidais de leur donner le bénéfice du doute et la chance de se prouver, bien qu’ils se diraient sûrement qu’ils n’avaient rien à prouver si je leur faisait par de mes pensées.

Bien que le voyage allait bon train, quelque chose me troublait. Aussi, quand nous nous arrêtions pour faire boire les chevaux et manger, je sentais quelque chose qui troublait ma paix, quelque chose autour de nous. Je ne savais pas distinguer s’il s’agissait d’une présence physique ou si quelque chose d’autres nous suivaient mais je savais que nous étions définitivement sous observation. J’ignorais s’il s’agissait de notre Roi, des Noss ou de quelconque tierce parti qui s’incrustait dans nos affaires.

Je pris donc le temps, durant un repas, de sortir un parchemin vierge, mon petit pot d’encre et une plume afin d’écrire sur celui-ci un message que je fis passer par un des hommes d’Aegden afin que tous le lisent. Sur le papier, on pouvait lire les phrases suivantes :



Je laissa également mon encre et ma plume en même temps que le message au cas ou quiconque voudrait ajouter quoi que ce soit.

(...)

Une fois le soir venu, j’installais de la ficelle avec des petites clochettes autour de notre campement. Ce n’était rien de bien complex et quelqu’un d’averti saurait probablement éviter ce piège mais nous saurons au moins averti d’avance si des bêtes approches. Je monta ma tente et installa ma paillasse.

- Je me propose pour faire le dernier tour de garde, si cela vous convient. Ça correspond environ avec l’heure que je me lève habituellement de toute façon.

J’ignorais s’ils désiraient faire un feu ou non et je ne participais pas à cette décision dans tous les cas.

Malgré l’accrochage du début, le reste du voyage se passa sans accro particulier. Comme un calme avant une tempête, ou après ça dépendait de comment on voyait les choses…

C’était presque trop paisible. Tout allait si bien alors qu’ils partaient en catastrophe pour une dangereuse expédition. Le contraste faisait un effet étrange, presque surréaliste et pourtant si normal.
Seuls les rares moments où ils s’arrêtaient offraient  une rupture à cette douce monotonie. Et encore, là aussi leurs gestes avaient aussi tendance à se répéter.

Le deuxième jour vint cependant l’inquiétude. S’il prêta évidement attention particulière au message d’Akiblaedÿl, Aegden n’en montra pas le moindre signe. Bien sûr cela le préoccupa mais si le daranovan considérait important d’être discret, autant jouer le jeu, alors il se contenta de plier délicatement le morceau de papier dans l'une des fontes sur la selle de sa monture. 

Oreleth, l'archère, avait malgré tout pris soin de ralentir sa monture pour arriver au niveau d'Akibaedÿl. Peut-être pourrait-elle ainsi remarquer ce que le conseiller semblait percevoir ?
Aegden, lui, au lieu de monter un quelconque signe d’inquiétude continua dans une apparente, apparente seulement, tranquillité la discussion qu’il avait jusqu'alors avec le diplomate. 

-D’ailleurs Aegden, tu te souviens quand je cherchais ma mère il y a trois mois de cela ? Le commandant ne répondit mot, interrogeant du regard son interlocuteur et le laissa continuer. Je suis certain qu’elle est dans les parages, Ildilyntra m’a même confirmé qu’elle était très proche. L’intéressée lui  lança un regard surpris, haussant un sourcil avant de reprendre une expression neutre et de lancer un coup d’œil dans les buissons alentours.

-Espérons que ta mère ne nous soit pas hostile dans ce cas. Marmonna-t-il. S’il n’avait pas l’air très heureux de ce qu’essayait de lui dire le diplomate, car il saisissait le message derrière ces mot, il parlait sur un ton calme, comme si de rien n’était. A l'instar du comportement qu'il avait eut plus tôt envers les information d'Akiablaedÿl. Est-ce qu’elle est seule selon toi ?

-Oui elle a toujours été solitaire.

Aussi préoccupant cela pouvait être d'être épiés ou du moins de le croire, ils ne pouvaient pas faire grand-chose de toute façon si une présence les suivait réellement. Ils devraient se contenter de continuer leur route, faire un peu plus attention encore et se préparer à se défendre dans le pire des cas, mais commencer à s’inquiéter ostensiblement et tourner la tête à droite à gauche en essayant de repérer une présence invisible, peux être même illusoire, n’avait rien de très intelligent.

Plus tard, lorsque le camp fut finalement installé pour un pause bien méritée, chacun vaqua plus ou moins à ses occupations. Machinalement le petit groupe avait accomplis des gestes quasi rituels dès leur arrêt. Réunir les montures, les affaires de chacun, installer les toiles qui leur servirais de hamac de fortune, réunir ce qui serait leur commun repas, c'était là des gestes aussi importants que machinaux pour des elfes d’armes en voyage.

Et puis Akiblaëdyl proposa de prendre le dernier tour de garde. Aegden hocha la  tête, n’ayant rien à redire à la proposition du conseiller. 

-Je prendrais le premier tour dans ce cas. L’archère au visage d’habitude avenant hocha la tête avec un air assuré.

S’ensuivit alors un bref moment d’organisation où chacun trouva sa place sans soucis. C’est qu’ils  finissaient par s’entendre finalement…

Le Maître du Jeu s'adressant à son audience... La nuit passa donc sans heurt, si ce n'est la tension qu'amenait les révélations de Lyorindel pour son vieux camarade. Le chemin se fit cependant sans autre troubles que quelques mouvement furtifs dans les fourrés et quelques fuites dans la canopée. Jusqu'à ce que vous vous trouviez tout proche de la frontière d'Ardamir, à un petit jour de la cité du même nom...

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4e jour de la 8e ennéade de Karfias ~ été
17e année du XIe Cycle
Début de soirée

Le soleil avait encore accompagné les voyageurs une bonne partie de la journée bien que le vent se soit fait plus frais et humide. Les montures tenaient bon et les grands prédateurs semblaient soigneusement éviter de croiser la Voie Blanche. A croire que les patrouilles avaient payées. Même alors que les ombres s'étiraient une fois de plus vers l'est, couvrant l'éclat de l'onde d'un voile terne, un calme percé de bien des bruissements régnait autour d'eux.

Depuis deux bonnes heures, Malgelir remuait sur sa selle, déchaussant et remettant ses étriers. Le mage se dandinait dans un grincement de cuir, agaçant son cheval qui agitait la queue de plus en plus violemment.

- Arrête. Tu vas finir par le faire botter. " soupira l'archère d'une voix blasée.
- Oui bah j'ai mal figure toi !

Oreleth allait répliquer quand l'éclaireuse recrutée par Lyorindel leva vivement la main pour attirer silencieusement l'attention du groupe sur le point indistinct qui venait d'apparaitre plus loin sur la route. En plissant les yeux, ceux qui avaient une bonne vue pourraient reconnaitre une créature humanoïde. Sûrement un ou une elfe aux cheveux aussi roux que ceux du Commandant d'Alëandir. Immobile, la forme semblait attendre quelque chose sans esquisser un pas pour venir vers eux.

Cela faisait déjà plusieurs jours que notre voyage avait commencé, et depuis le début, j'étais silencieux comme une crypte. Fort heureusement pour les autres (ou pour moi), ce n'est pas un synonyme d'inutilité. D'un autre côté, ce silence donnait à ce voyage un goût insipide. Quand je voyageais (même si c'était suffisamment rare pour être souligné), je prenais toujours une personne que j'appréciais à mes côtés pour annihiler toute monotonie avant même qu'elle n'existe.

En l'occurrence, nous étions nombreux, et je ne connaissais pas grand monde. Force est d'admettre que je ne suis pas du genre à "briser la glace" comme on dit si bien. Alors je passais mon temps à laisser mon esprit voguer à son gré quand je n'avais pas l'œil sur les fourrées, les arbres ou que sais-je encore. C'était plus simple que de s'essayer à de vaines ou plates discussions. Et cela n'avait rien de si désagréable que cela. Tous les silences ne sont pas oppressants.

La nuit tomba alors une fois de plus, sans rompre mon silence qui pouvait paraître glacial à certains moments. Et puis ce type qui gigotait sans cesse sur son cheval m'agaçait autant qu'un politicien qui parle trop, et Tari sait que j'en connais un paquet qui, hélas, déborde un peu trop de sa boîte. Sa compagne de voyage, essayait de lui faire comprendre qu'il fallait qu'il s'arrête, mais seule l'intervention d'un autre compagnon suffit à calmer ses ardeurs. Cela m'économisera un carreau, mes cordes vocales, et le crâne de ce monsieur.

Mais, la pénibilité de la situation fut vite remplacée par l'anxiété quand une ombre semblait se détacher de la nuit noire. Connaissant dame chance, cela devait forcément être un Noss qui cherchait les ennuis et qui avait trouvé son nouveau défouloir. Avec le Protecteur d'Enolir dans le groupe, il n'imaginait sûrement pas à quel point il avait bien trouvé sa cible, si tant est qu'il porte un quelconque intérêt, malsain ou non, à mon égard.

« Depuis combien de temps il est là, lui ? » marmonnai-je sans même imaginer à un seul instant que cela pouvait être aussi à cause de moi que personne ne l'avait repéré. « Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, en ce qui me concerne, je ne fais pas de diplomatie la nuit. » continuai-je en marmonnant, dans l'espoir que seuls mes compagnons puissent m'entendre et me comprendre.

Pour être honnête, je ne pensais pas que le voyage nous dévoilerait ses premiers piquants lors du quatrième jour. J'aurais pensé que nous serions tranquilles jusqu'à Ardamir. Au moins. Certains ennemis étaient plus difficiles que d'autres, et les Noss font partie de la "caste" des imprévisibles. Bon, rien ne prouve que lui en est un, mais je ne suis pas sûr qu'un lëandrin, envoyé royal ou non, se serait amusé à jouer les spectres avec nous. Selon toute vraisemblance, nous n'avons pas affaire à un allié. Reste plus qu'à savoir si c'est un ennemi ou un "neutre".

« Cette histoire empeste le piège. » ajoutai-je en chuchotant.

Je portai la main à mon arbalète sur le dos, prêt à dégainer pour tirer un premier carreau sur ce malotru qui nous faisait face dans le noir ou sur n'importe quel ennemi. Nous n'aurons pas beaucoup de temps pour réagir, ni même pour savoir s'il est seul ou pas. Néanmoins, je ne pouvais agir spontanément sans l'accord de tous ou au moins le signal du chef de cette expédition, même si je doutais fort que nous avions un allié devant nous. Certains avaient parfois l'âme trop charitable ou diplomate, au risque de se faire trancher la gorge dans la minute qui suit. Espérons que ce ne soit pas le cas de mes compagnons.

-Akhoraril a raison. Le visage déjà froid de Silivrin se glaça un peu d’avantage alors qu’elle affichait elle aussi sa contrariété et son inquiétude. Qui que ce soit, il n’est pas là par hasard.

Aegden grimaça, face à un dilemme. D’un côté le protecteur et l’épéiste avaient tous deux raison de se montrer méfiants.  
Vu le moment de la journée et l’endroit, la coïncidence était trop belle. Aegden n’appréciait guère les Ornedhels. Certains encore trop récents événements achevaient de cristalliser sa méfiance à l’égard de cette autre facette du peuple elfique.

Pourtant Alëandir se montrait malgré tout toujours neutre envers les noss du protectorat et eux en faisaient donc de même, tandis que les noss Ardamiries  sauf exceptions, étaient du genre pacifique envers les citadins, au moins n’étaient pas ouvertement agressives.  Il n’y avait pas de raison qu’on leur tende de piège à cet endroit-là.

Certes il y avait cette présence repérée par Lyorindel et Akiblaëdyl, mais celle-ci non plus n’avait pas donné de signe agressif tout le temps qu’avait déjà duré leur voyage. c’étaient eux qui avaient l’air le plus à craindre actuellement et mieux valait désamorcer cela au plus vite. Et qui savait? Peut-être que leur mystérieux accompagnateur se trouvait finalement devant eux...

-Tenez-vous aux aguets mais ne soyez pas menaçant tant qu'on n'y est pas forcés. Ça ne ferait qu’empirer les choses. Aegden espérait sincèrement ne pas se tromper cette fois. Ce n’est peux être pas un allié, mais ça n’est peux être pas un ennemi non plus.  On ne pourra pas le savoir avant d’avoir approchés.

Et puis rien ne leur prouvait que la silhouette en face d’eux était bien un noss après tout… C'était le plus probable mais pas la seule possibilité.

De toute façon ils étaient sept elfes, armés et préparés à se défendre s’il le fallait. Ils n’avaient rien à craindre d’une personne seule, et si piège il y avait, les noss n’avaient pas besoin d’un appât pour le tendre au beau milieu de la forêt…

Les chevaux s'avancèrent pas à pas sans que la silhouette au milieu du sentier ne bouge. Dans les ombres étirées, les cavaliers virent rapidement que l'elfe qui leur barrait la route était une elfe. Grande. Rousse. La peau mate. Les yeux clairs et vifs. Des lignes symétriques tracées à l'encre noire étaient visibles sur son menton et son col. Portant un habit de cuir renforcé de bois et d'une cape brune et verte aux reflets de la canopée. Dans son dos, un arc bandé était glissé dans un étui. A sa hanche, un carquois ne tentait rien pour dissimuler sa présence.

Elle attendit, sans bouger, que les voyageurs soient près d'elle. Elle lançait bien quelques regards peu amènes envers les chevaux, mais ne bougea pas plus que les citadins ne changèrent leur trajectoire.

- Hola ! " lança-t-elle en montrant ses paumes vides. " Que les Ëalas veillent sur vous, étrangers. Ma présence doit vous paraitre étrange, mais soyez assurez que nous ne vous ferons aucun mal si vous ne nous en faites aucun. " Son visage suspicieux passait d'arme en armure. Toute cette quincaillerie de métal... " Les miens et moi avons décidé qu'il était nécessaire de mettre en garde les voyageurs. Au sud-ouest d'ici, plusieurs Noss se réunissent à l'appel des Hérauts de notre Sœur et les environs ne sont plus sûres. La Mère a délivré un message qui ne doit pas être pris à la légère et nous aimerions que vous le transmettiez aux vôtres : Nul ne doit aller dans l'Ancien Linoïn. Pour cette raison, nous vous demandons de ne pas vous éloigné des routes que vous avez tracées et de ne pas vous approcher de sa frontière, plus près que la grande cité façonné dans les arbres au bout du chemin que vous empruntés maintenant. "

Aegden accueilli le discours de la noss par un haussement de sourcil perplexe. Qu’entendait-elle par ‘’appel des hérauts de notre Sœur’’ ? Qui était ladite sœur ? Pouvaient-ils aussi la croire lorsqu’elle invoquait  I Emël comme raison de les dissuader de s’approcher de l’ancien Linoïn ? Aegden considérait que mentir en prétextant un quelconque signe divins était une faute très grave, mais comment être sûr que l’elfe en face du petit groupe avait la même perception ? D’ailleurs savait-elle qu’ils se rendaient réellement là-bas où était-ce une effrayante coïncidence ?

-Je ne doute pas de vos bonnes intention Heri mais je pense que vous pouvez facilement comprendre que ce que vous nous dites là c’est difficile à croire et qu’à notre place vous n’auriez sans doute pas cru un traître mot de ce qu’on vous aurait dit… Il l’observa une demi-seconde avant de reprendre. Qui sont ces hérauts et qui est votre Sœur déjà ? Et pourquoi la mère leur aurait-elle délivré un message et pas à ceux qui s’aventurent déjà là-bas depuis un moment ?

Ils n’étaient pas les premiers à s’aventurer en Aduram. Depuis que la dissonance semblait s’apaiser des expéditions, certes peut être moins périlleuses, avait déjà eu lieu et il n’y avait eu aucun écho d’un quelconque incident majeur qui aurait pu dissuader tous les protectorats alentour de continuer leur activités dans la zone.

Il avait répondu sur un ton égal sans animosité mais laissant quand même bien entendre qu’il n’était qu’à moitié convaincu. S’il ne comptait pour l’instant pas faire demi-tour sur les simples paroles d’une noss inconnue, il faisait tout de même mine d’attendre une réponse. Peux être que de cette réponse dépendrait la suite de leur voyage après tout, même si Aegden doutait que l’archère arrive leur faire changer d’avis.  Le mainyth n’oubliait pas qu’Alëandir était toujours en jeu…

La grande femme fronça les sourcils devant les paroles de l'homme à la face marquée de cicatrices. Ses oreilles frémirent et elle le dévisagea. Longuement. Ce n'était pas du mépris ou de l'animosité, mais de l'étonnement et de la curiosité. Étaient-ce ses paroles qui avaient trahies quelque chose et attiraient ainsi le regard ? Ou y avait-il autre chose ?

- Les Hérauts sont ceux que vous appelez Druides. Il est de leur devoir d'écouter et de transmettre les volontés de la Mère et de sa Fille Aînée. Notre Sœur est aussi la votre, enfants des pierres. Anaëh.

-Donc d’après vous les druides ont reçu ordre d’empêcher quiconque d’approcher de l’ancien Linoïn…Jusqu’ici  Oreleth avait simplement écouté. Au contraire des autres, elle n’avait pas montré le moindre signe de méfiance depuis qu’ils avaient aperçu la silhouette. Ornedhel, Taledhel, pour l’archère ça ne faisait aucune différence. N’ont-ils pas entendu d’autre volonté que celle-là ? Une raison ?

Machinalement Aegden fixa un instant sa camarade qui s’était avancée. Sa question était légitime mais une autre résonnait dans l’esprit du Commandant. Si ce que la femme rousse disait était vrai, si effectivement,  leur déesse leur intimait de ne pas s’approcher d’Aduram, que feraient-ils ?

Obéir à celle à laquelle ils devaient tout ? Mais à quel prix ? Combien de souffles condamneraient une telle décision ? Beaucoup trop.

Ne pas écouter dans ce cas ? C’était tout de même un message d’I Emël, ils ne pouvaient réellement l'ignorer…

-Et pourquoi ne pas prévenir directement ceux qui sont concernés par cela ? Linaëh et Wyslena par exemple Ajouta un Malgelir bien moins avenant qu’a l’accoutumée interrompant les réflexion de son camarade. Barrer la Route d’Ardamir ne rime à rien.

La grande rouquine fronça le nez, visiblement agacée par les paroles des citadins, mais elle ne semblait pas prête à s'en formaliser pour autant. Pouvait-elle seulement leur en vouloir de ne pas la comprendre alors qu'ils étaient de parfaits étrangers, non seulement à son clan mais aussi à ces terres ?

- Les Hérauts ont entendu l'Appel et nous l'ont transmis. Nous n'obéissons pas à des ordres. Nous sommes tels que notre Mère l'a voulu : libres de nos propres choix. Nous ne rejetons pas la responsabilité de nos actes sur d'autres. Et il n'est pas dans les habitudes de mon clan de prendre parti dans des conflits. " Elle rajusta son arc d'un mouvement d'épaule inconscient. " De ce que nous savons, d'autres clans ont fait le choix de se porter au devant de vos murs de pierre pour leur interdire l'accès à l'Ancienne Forêt. D'autres surveillent vos routes et vos sentes de chasse. La tension est palpable jusque dans la Symphonie et pourrait dégénérer rapidement, surtout connaissant les Lam'Nir. Nous avons donc choisis d'avertir tous ceux qui arrivaient dans cette région pour qu'ils ne soient pas pris par surprise dans des combats dangereux. Libre à vous de passer si vous le désirez. Nous nous assurons seulement que, comme nous, vous puissiez faire un choix éclairé. "

« -Et nous vous remercions pour cela. » Oreleth hocha la tête avec déférence après avoir froncé les sourcils à l’intention de l’élémentaliste. Silencieusement elle semblait demander à son camarade de ne pas en rajouter sur l’animosité.

« -En retour nous préviendrons nos camarades. » Aegden lança un rapide regard vers le diplomate du groupe.  Le Trône Blanc et le Chapitre Blanc devaient être prévenus, quoi qu’il se décide.  Si une quelconque menace arrivait à effaroucher  les clans sauvages à ce point c’est que ça devait être inquiétant…« Mais de toute façon nous nous allons en Ardamir. » Son attention se tourna à nouveau vers la noss sur le chemin.  J’imagine que jusque-là nous n’aurons pas de problèmes ?

- Je l'espère pour vous. " acquiesça la Noss avec une moue plus empathique que le visage agacé qu'elle avait montré jusque là. " Mais je ne peux parler qu'au nom des miens. "

- Est-ce qu’on peut savoir de quel clan vous venez dans ce cas ?''

Aegden venait de se rendre compte qu’il ne savait absolument pas à qui il s’adressait au final. S’il y avait au moins un clan de noss qui ne leur poserait pas problème jusqu’à Ardamir c’était tout aussi bien de savoir lequel c’était…

- Je suis Lessaya, fille d'Ethel des Mirthil'Di. " répondit tout naturellement la grande femme avec un sourire presque sympathique cette fois.

En retour, un pli quasi invisible apparu sur le coin des lèvres du commandant, comme une vague ébauche de sourire. Que leur interlocutrice ne se montre pas agressive comme ils l'avaient d'abord craint avait quelque chose de bien plus agréable qu'une conversation houleuse.

"-Bien si vous n’avez pas d’autre mise en garde à nous transmettre heri, je pense qu’il est temps pour nous de continuer notre voyage." Comme pour appuyer ses paroles, il fit avancer sa monture d’un ou deux pas sans pour autant dépasser la grande femme. "On gardera votre avertissement en tête soyez en certaine."

La Noss se poussa sur le bord de la route, secouant la tête, déçue.

- Bonne chance dans ce cas.

Le groupe de cavalier s'éloigna de nouveau vers Ardamir, sous les yeux invisibles du petit groupe de Noss qui ne bougea pas d'un poil. Leur destin était entre leur mains à présent...