Dur Réveil [Terminé]

Le soleil venait à peine de se lever que déjà quelques rayons jaunâtres diffusaient à travers la ville. Comme à son habitude, le chant du coq tira Brok de son profond sommeil. Un tenace mal de tête venait lui rappeler qu'il avait encore trop but la vieille. Machinalement, le garde attrapa ses affaires éparpillées un peu partout dans sa chambre qui ressemblait à un véritable taudis. Les yeux mis-clos, la bouche pâteuse, Brok quitta sa demeure et passa à la boulangerie. Là, il acheta en guise de déjeuner une petite pâtisserie sucrée en forme de rond qui ,disait-on, était particulièrement populaire auprès des membre de la gendarmerie. Après cette courte halte, il poursuivit sa route. Finalement rendu à la caserne, le capitaine de la garde assigna Brok aux cachots, au grand bonheur de ce dernier. Passer une journée à ne rien faire tout en profitant de la fraîcheur de cet endroit était une véritable bénédiction. Et au moins là, il n'y avait pas cette odeur omniprésente de cadavres infectés par la peste qui brûlaient jours et nuits.

Encore légèrement endormis, Brok se dirigea vers le château. Après avoir descendu les marches en colimaçon menant à la prison, Brok pénétra enfin dans le lieu de décadence par excellence de Diantra; les cachots. En arrivant, il remarqua que le sergent l'attendait pour lui attribuer une tâche.

-Vous voilà enfin! J'ai besoin que vous libériez un prisonnier qui a été arrêté la nuit dernière. Pour se rendre à sa cellule, c'est le troisième couloir à droite, puis le premier à gauche, la porte du fond. Voici ses effets personnels et ainsi que la clé qui ouvre sa cellule, lança t-il en désignant une caisse ainsi qu'une vieille clé rouillée. Vous ferez attention , il est assez costaud, ça pas été facile de le maitriser...

Sur ce, le sergent quitta la pièce pour retourner à d'autres occupations. Maintenant seul, Brok attrapa la clé et jeta un coup d'oeil parmi les effets personnels du prisonnier en question. Une cuirasse, une épée, un sac et ainsi qu'une bourse bien remplie. À la vue de ceci, un malin sourire étira les lèvres du garde qui ouvrit le sac de cuir et prit une poignée de pièces qu'il déposa dans la poche de son pantalon. Ensuite, il referma la bourse et la replaça parmi les autres objets. Comme le prisonnier ne devait reprendre ses possessions qu'à la sortie, Brok laissa la caisse dans la sombre pièce puis s'équipa d'une torche avant de s'aventurer dans les nombreux couloirs des cachots. De chaque côté se trouvait une série d'épais barreaux de fer au travers desquels on pouvait entrevoir brigands et vandales, beuglant et crachant au sol à la vue du garde qui passait tranquillement. Quelques couloirs plus loin, il arriva dans la section où les cellules étaient individuelles. C'est là qu'on enfermait les prisonniers plus susceptible de blesser ou voir même tuer d'autres prisonniers. Le garde bedonnant arriva finalement devant la massive porte de bois derrière laquelle se trouvait le captif qu'il devait libérer. Il déverrouilla la porte puis entra dans la petite cellule.

-Allez, debout là-dedans! C'est l'heure de partir!

En entrant dans la minuscule cellule, Brok fit enfin face au prisonnier. Pas besoin de vous décrire la surprise du garde lorsqu'il appercut le géant de six pieds se dresser face à lui. Finalement, il comprenait pourquoi le sergent lui avait mentionné que le captif avait été dur à arrêter. Alors qu'il faisait quelques pas vers l'arrière pour mesure de précaution, il examina plus le visage ridé qui lui semblait étrangement familier. Un cours instant de réflexion permit au garde de replacer le personnage dans sa mémoire. Il y a quelques années, l'homme qui se trouvait devant lui avait été arrêté pour un simple vol. C'était un moment mémorable car ce n'était pas tous les jours qu'on rencontrait un homme aussi grand et baraqué. Maintenant que cela lui revenait à l'esprit, le garde poussa un soupir d'exaspération en entendant la réplique du voleur. Il n'avait pas changé, toujours aussi chiant. Non, Brok ne vivait pas dans les cachots, mais ce serait bientôt le cas de Sigmar s'il continuait à être aussi arrogant.

Déjà que le garde n'était pas de bonne humeur, le géant empira les choses en le traitant littéralement comme s'il n'était qu'un vulgaire gamin. Il était vrai que n'importe qui aurait pu passer pour un simple enfant à côté de lui.

-Hey! Ôte tes sales pattes de moi sinon tu vas le regretter amèrement! Cracha-t-il tout en le regardant d'un air menaçant.

Tient, c'était assez ironique car cette réplique, Brok l'avait mainte fois entendu mais à chaque fois, elle venait de la bouche d'une femme qui s'adressait à lui. Enfin, il n'avait pas envie d'éterniser ces retrouvailles assez inhabituelles. Brok devait apporter le déjeuner à la meute de prisonniers qui attendaient impatiemment leurs repas. Et puis, disons que la compagnie de Sigmar n'était pas très agréable. À ses yeux, ce n'était qu'un voleur misérable, prétentieux et insolent par-dessus le marché. Ce n'est pas parce qu'on mesure un pied de plus que tout le monde et qu'on est large comme une armoire à glace que tout est permis...

-Allez, dehors l'ancêtre! Et passe en premier, tu connais le chemin après tout...

Le garde afficha un sourire amusé tout en poussant le géant à l'extérieur de la cellule. Il n'avait pas l'intention de lui donner son nom. Il ne lui ferait pas ce plaisir. Un dernier regard dans la petite pièce vide, puis il claqua violemment la porte et poursuivit son chemin, le captif marchant devant lui. Seule la faible lueur de la torche que tenait le garde éclairait le couloir. La journée était à peine commencée et déjà, il avait hâte qu'elle finisse.

-Alors, qu'est-ce que t'a encore fait pour te ramasser en tôle? T'a volé la poupée d'une gamine? dit-il tout en riant de sa voix rauque.

La réponse du captif ne fut pas très appréciée par le garde qui grimaça de colère. L’autre avait poussé la provocation un peu trop loin et Brok avait perdu le peu patience qui lui restait. Sortant sa mattraque, il donna un violent coup dans le flanc de Sigmar. Le garde poussa un soupir de satisfaction et retrouva son sourire jaunâtre. Les autres prisonniers qui venaient d’être témoins de cette scènes se mirent à crier et à vociférer contre cette injustice. Brok se contenta de pousser un petit rire sadique à la vue des autres captifs qui étaient impuissant coincés derrière les épais barreaux. L'homme corpulant leur odronna d'un ton sévère de se taire, ce qui ne causa qu'encore plus d'émois et de grabuge du côté des prisonniers révoltés. Il n'y avait rien à faire, il était mieux qu'il continue son chemin avant que les choses deviennent hors de contrôle. Alors qu'il marchait, le captif escorté expliqua la véritable raison de son arrestation. Sigmar s’était réellement battu avec le capitaine de la garde? C'était assez étonant, quoique lorsqu'on a un telle carrure, on peut se permettre bien des choses.

-Vraiment? Ça explique pourquoi le capitaine avait une tête d’enterrement ce matin! T’aurais dû profiter de l’occasion pour le tuer, ça m’aurait bien arrangé. T’aurais du l’entendre l’autre jour, il arrêtait pas de me répeter que je devait pas donner de punitions corporelles trop sévère! Franchement, c'est n'importe quoi! Il faut que je m’assure qu’on respecte mon autorité quand même, t’es d’accord pas vrai?

Pour illustrer ses propos, le garde asséna un second coup de matraque au géant puis le poussa dans le dos pour qu’il accélère le pas. Pour Bork, martiriser les autres était un plaisir dont il ne pouvait pas se passer. Et puis, comme il avait le gros bout du bâton, les occasions de s'amuser était très fréquentes. Les deux personnages poursuivirent leur chemin dans le dédales de couloirs des cachots jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’anti-chambre qui menait à la sortie de la prison. Sur une vieille table trainait une lourde caisse de bois contenant les effets personnels du prisonnier. Brok s’en empara et jeta brutalement le contenu au pied du captif.

-Voilà tes affaires le balafré. Il ne devrait rien manquer…hé hé hé…

Le garde plongea ses mains dans ses poches et commença à jouer avec les pièces qui s’y trouvait. Ces mêmes pièces qu'il avait volé de la bourse de Sigmar. Le bruit du tintement des pièces de métal rapella à Brok avec une certaine dose de satisfaction que ce soir il pourrait boire sans avoir à payer un seul écu de sa propre bourse.