Lente introspection [libre]

La journée se voulait chaude et ensoleillée, agréable et belle pour la populace humaine, mais résolument dramatique pour la caste Drow. Edeïs le savait pertinemment, sa croisade dans les murs de la cité humaine se voulait pénible et réellement suicidaire. Sa présence, accablée par ses contre-indications raciales, était davantage mise en jeu sur la table du destin par sa couleur de peau.

C'est caché sous une longue cape sombre que la Drow se mouvait dans les rues bondées de citoyens crédules et de commerçants. Le vacarme était omniprésent et perturbait la tranquillité relative de la jeune femme, déjà si stressé par sa position incongrue. Ses pas s'enchaînaient maladroitement, amoindris par une luminosité qui se voulait de plus en plus insupportable à ses yeux. Pourtant, bien que souffreteuse et réellement mal à l'aise, elle n'était à présent accompagné que par une envie irrépressible de titiller le destin, braver les interdits et connaître de ce fait de nouveaux horizons.

Des passants la percutaient par moment, la détachant de son avancée durant quelques secondes. Elle n'avait de ce fait qu'un court laps de temps durant lequel elle devait surveiller ses arrières et veiller à ce qu'elle ne perde pas son anonymat si vital en ville. C'est à la suite de plusieurs bousculades qu'elle cru un moment avoir été repérée par un enfant qui passait, sa mère le tenant par la main droite. Il fit un surplace, tentant désespérément de dévisager la jeune créature qui faisait sa halte avec rapidité entre les petites gens. Elle avançait encore et toujours, feintant le système déjà établit pour ne pas éveiller le moindre soupçon.

Elle était à la recherche de quelqu'un, quelqu'un qui saurait l'étudier à sa juste valeur et bien qu'elle fasse partie du clergé Drow, la belle se targuait de faire la rencontre de nouveaux individus particuliers, autant sur le plan racial que sur le plan intellectuel. Elle savait aussi que la moindre erreur lui coûterait sans nulle doute la vie, les gens d'ici ne tarderaient pas à la placer sur le bûcher à titre d'exemple notoire. Ses gants, sa cape et sa longue robe l'aidaient à se dissimuler dans la masse, son visage couvert par le pli de son imposante cape noire, seuls ses yeux luisaient dans cette pénombre artificielle qui cerclait désormais ses traits sombres.

Elle était arrivée à un grand carrefour sur lequel les marchands scandaient à répétition leurs slogans. Les ventes s’enchaînaient, les échanges aussi, la vie battait son plein dans la cité humaine. Tandis que les regards se braquaient sur de petites banalités commerciales, la Drow se dirigea dans le
coin d’une ruelle sombre et se plaqua contre l’un des murs, visiblement affaiblie par la pleine journée.

La jeune Drow vint rapidement être perturbée par l'intervention d'un ... autre de ses congénères. Une question percuta son esprit encore embrumé par l'atmosphère environnant... comment se faisait-il qu'un Drow vive en parfaite autarcie parmi les humains sans subir les réprimandes ou les tortures ? De toute évidence, cette question n'était que subjective, la belle ayant été tenue en joue par le mystérieux inconnu.

Elle savait pertinemment que le moindre faux pas lui vaudrait surement la mort. Elle se tourna lentement, posant délicatement ses pieds un à un sans émettre le moindre geste suspect qui pourrait altérer la vigilance de son geolier en arme. Elle porta ses mains sur le dessus de sa cape avec lenteur et hésita un long moment avant de l'hôter partiellement. Elle révèlait sa vraie nature à cet individu nonchalant tout en sachant qu'elle mettait sa vie en danger. Soit, il voulait qu'elle se dévoile, tant qu'a faire, elle perdrait la vie d'une manière plutôt ridicule.

Arrivée à la moitié de son visage, la cape laissait entrevoir deux petits yeux miroitants d'un gris très clair lesquels luisaient d'une lumière froide. C'est à ce moment qu'elle en vint à parler:

- Edeïs Nénharma Rildaris, intendante de Div'Arght Rilyntlar, prêtresse de Taewon... qui est ce jeune homme qui ose me tenir en joue avec son arc ?

La jeune femme restait calme et neutre, sans bouger.