En route vers la plaine [Isabeau Lazarë]

Combien de villages avait visité le mercenaire depuis son dernier départ d'Ydril, quelques mois auparavant ? Il ne les comptait plus. Ces temps-ci, ils étaient de plus en plus nombreux à vouloir s'offrir ses services de mercenaire. A croire que la peur amenait certains à dépenser plus facilement leur argent pour éliminer leurs problèmes...

La peur, un sentiment qui grandissait en ce moment chez les peuples de Miradelphia. Toutes les rumeurs circulant dans les nombreuses tavernes que le mercenaire avait visitées ces derniers mois indiquaient bien qu'on allait au-devant de temps sombres. Mais pour lui, peu importait : il n'était au service de personne ! Seul ne comptait comme maître le gain qu'il récupérait.

Après cinq mois passés à chevaucher à travers le pays, Logan était tout de même pressé de retrouver Ydril, ses auberges, ses lits, sa bière et ses femmes... oh, il aimait voyager, mais comme tout être humain, il avait besoin de repos. Le voyage était encore long jusqu'à Ydril, mais il en avait franchi la majeure partie depuis son départ d'Eteniril, le dernier petit village elfique qu'il avait visité.
Bien qu'étant itinérant, il ne pouvait se considérer comme chez lui nulle part, Ydril avait toujours été et resterait un symbole de familiarité. C'était un lieu où il avait passé une partie de son enfance, où il avait grandi, où il avait vécu. De ce fait, il aimait s'y retrouver lorsqu'il devait se poser une ou deux semaines avant de se lancer dans de nouveaux périples.

Alors que le cheval s'engageait dans la forêt, Logan savait déjà que c'était une mauvaise idée. Le jour touchait à son terme, et la forêt était grande... sans compter la réputation qu'elle avait. On n'était pas en sécurité de jour ici, alors la nuit, qu'est-ce que ça devait être... mais il saurait compter sur l'appui de son épée, la vitesse de son cheval en cas de problème. Pour le moment, il devait se borner à ne pas s'éloigner du sentier, c'était la meilleure chose à faire pour ne pas se perdre et sortir de là rapidement.

Les heures passaient. Le sentier devenant de plus en plus touffu, le cheval devait avancer au trot. Logan tranchait de son épée les branches sur son passage, mais il y en avait tellement... il risquait de ne pas être sorti de la forêt avant la fin de la nuit. Le soleil commençait déjà à décliner, l'obscurité grandissait, comme si elle était annonciatrice de mauvais présages...
Au bout d'une durée indéterminée, Logan décida d'abandonner pour cette nuit. Il tombait de fatigue, et sentait bien qu'il ne pourrait pas quitter cette forêt cette nuit. Il fallait donc qu'il prenne du repos, à présent. Il n'était pas prudent de s'arrêter là, mais il fallait prendre des risques, il n'avait pas le choix.

Il s'écarta légèrement du chantier, attacha son cheval à un arbre, puis jeta ses affaires de voyage au sol. Sans oublier d'allumer un léger feu pour faire fuir les prédateurs nocturnes, il ne tarda guère à s'endormir, s'étant étendu au sol sur le ventre, les mains encore crispées sur le fourreau contenant son épée.

Il ignora tout d'abord s'il rêvait, où s'il s'était vraiment réveillé. Toujours est-il qu'il entendit tout à coup un grand bruit, et se releva avec sursaut. Ses yeux entrouverts distinguèrent mal la scène tout d'abord. Le feu était toujours allumé... lorsqu'il reprit ses esprits, il se rendit compte que la lanière de son cheval s'était arrachée et pendait tristement à l'arbre. Le cheval, lui, était parti au triple galop au fin-fond de la forêt. Dans le tumulte que ce départ avait causé, les voleurs étaient partis sans demander leur reste. Peut-être pensaient-ils que Logan n'était pas seul, car dans le cas contraire, ils auraient aisément pu le tuer tant qu'il sommeillait encore...

Ainsi, il se retrouvait au milieu de la forêt, au milieu de la nuit, sans cheval. Observant les lieux, Logan s'aperçut qu'ils avaient également emporté ses affaires de voyage. Il était donc sans vivres, sans vêtements de rechange, sans carte. N'ayant plus pour l'aider que son épée, ses dagues, et la légère bourse d'écus qu'il gardait toujours sur lui... il se maudit, poussant des jurons à haute voix, sachant bien qu'il n'aurait jamais dû prendre un tel risque cette nuit dans cette forêt infestée de bandits.

Isabeau sourit et franchit les limittes de la forêt d'un pas assuré. Quelques minutes plus tôt, elle était arrivée et avait relâché son cheval qui lui serait encombrant dans la forêt. Elle était allée à Diantra plusieurs jours auparanvent, avait traversé la plaine d'Atral. Son but: la forêt d'Anaëh. La rencontre d'une Elfe durant sa traversée de la plaine lui avait donné une irrésistible envie de retourner dans le lieux merveilleux qu'elle avait visité une ou deux années plus tôt. Cette première forêt n'était qu'un intermédiaire où elle ne s'attarderais certainement pas.

La jeune femme marcha quelques heures, la piste était dégagée, l'avancée facile. Au début. Peu à peu, le paysage devint plus dense et Isabeau était obligée de pousser des branchages pour se frayer un chemin. Une goûtte de sueur perla sur son front et elle sortit son épée. Celle-ci était l'héritage de son maître, Aro, qui lui avait enseigné l'art du guerrier quand elle avait quitté Ydril à sa majorité. Elle était rapidement devenue très douée et l'homme lui avait proposer de l'aider à intégrer l'armée des Humains. Elle avait refusé, tenant plus que tout à sa liberté. Elle aimait aller où bon lui semblait, ne dépendre que d'elle même, s'attarder dans les lieux les plus repliés... Bref, se retrouver aux ordres de quelqu'un n'était vraiment pas sa vocation et elle n'avait jamais regrètté d'avoir fait le choix qu'elle avait fait.

L'acier brilla et la jeune femme fendit l'air. Les branches se coupèrent avec une grande facilité, comme si elles n'avaient été que de beurre. Tout devint plus facile. Elle avança à une halure assez élevée et parcourut plusieurs kilomètres en quelques heures. Lorsque le soleil commença à décliner, elle quitta la supposée piste et s'enfonça dans le plus profond de la forêt avant de s'arrêter sous un arbre qu'elle avait trouvé sympathique et acceuillant. Une sourire se dessinait sur son visage tendit qu'elle s'esseyait, le dos appuyé sur le tronc, et fouillait dans son sac pour en sortir de la viande séchée. Elle décusta son modeste repas et se remit en marche en direction du sentier. Elle le retrouva sans mal. Une chose étonnante chez la jeune femme, elle était dottée d'un redoutable sens de l'orientation mais pouvait se perdre avec une facilité déconcertante si elle n'était pas attentive. Enfait, en général, quand elle s'égarait, c'est qu'elle en avait envie pour une raison ou pour une autre.

Il faisait nuit à présent mais Isabeau ne ralentit pas sa progression, elle n'était pas fatiguée pour le moment et elle trouvait inutile de se reposer dans ce cas. Les lieux étaient à la fois silencieux et bruyants. Seul les mouvements et chants d'animaux nocturnes comblaient le vide. Ils révélaient l'absence totale d'humanité hormis elle. Tout à coup, elle entendit le galop d'un cheval. Le son se rapprocha et la jeune femme supposa qu'il se dirigeait droit sur elle. Par prudence, elle se rebatit sur la côté du chemin et attendit. L'animal passa à toute vitesse mais elle eut le temps de voir qu'il n'évait pas de cavalier. Elle resta plongée un moment dans ses pensées, se demandant ce que cela signifiait puis haussa les épaules et se remis en route.

Elle décida de de nouveau quitter la route. A cet instant, elle entendit un bruit. Un bruit qu'elle n'avait pas entendut depuis qu'elle avait quitté Diantra. C'était un bruit humain. L'oreille au aguets, elle se dirigea vers son origine. Un homme était là, il semblait pester tout seul contre quelque chose qu'Isabeau ne devina pas. La jeune femme sourit largement et étouffa un rire après l'avoir observé quelques minutes sans qu'il ne la voie. Elle se décida à intervenir, consciente qu'elle ne pouvait abuser de la situation plus longtemps. Elle parla d'une voix forte, tintée d'ironie:

- Tu me sembles bien énnervé.

Logan n'arrêtait pas de jurer, bien qu'il se croyait seul. C'était tout de même incroyable de commettre une telle erreur de débutant, alors qu'il s'apprêtait tout juste à prendre un repos bien mérité à Ydril ! Et pas moyen de retrouver le cheval dans cette immense forêt, il était certainement déjà loin.
Enfin, heureusement, il aurait bien l'occasion de se refaire là-bas, et la situation aurait pu être pire : si on l'avait volé lorsqu'il se trouvait encore dans la forêt d'Anaëh, là d'où il venait, c'est à pied qu'il aurait fait le chemin de là-bas jusqu'à Ydril. Néanmoins, les deux jours de voyage qu'ils prévoyaient allaient tout de même se transformer en une semaine...

C'est alors qu'une voix moqueuse le tira de ses pensées et le fit sursauter. Tout d'abord, il crut que c'était encore un voleur, et il tira son épée du fourreau d'un geste instinctif. Puis il observa son interlocuteur, ou plutôt son interlocutrice. Une femme se tenait là, devant lui. Que faisait-elle dans cette forêt, en pleine nuit ? Elle n'était quand même pas là simplement par plaisir de rire des mésaventures des gens comme lui... finalement, il inspira profondément pour se calmer un peu, le teint un peu rouge de s'être fait voir dans cet état d'emportement. Depuis combien de temps l'observait-elle ?

- Oui, effectivement... et vu qu'on se tutoie déjà, je peux même te dire que je suis exaspéré.

Cela faisait longtemps, longtemps qu'il n'avait pas dit un mot... plusieurs jours en fait. La dernière fois qu'il s'était arrêté à une auberge, c'était il y avait environ une semaine. Le simple fait de prononcer cette phrase l'emplissait d'une impression nouvelle et étrange. L'abandon brusque d'une solitude qui durait depuis un moment.

- Belle soirée pour une promenade en forêt, je présume...

Son ton était bien évidemment ironique. Ce n'était pas tellement l'heure pour venir ramasser des champignons... et en général, les gens ne s'enfonçaient pas si loin dans la forêt pour ce genre de choses. Si elle ne faisait pas partie de ses voleurs de chevaux, alors c'était sans aucun doute une voyageuse, comme lui. Il nota tout de même, en raison de sa direction, qu'elle allait dans le sens inverse au sien. Il ne compterait donc par sur elle pour l'accompagner jusqu'à la plaine...
L'enchaînement des événements semblait lui avoir ôté sa fatigue. Du moins, pour l'instant, le peu de repos qu'il avait prit lui suffisait. A moins que ce ne soit l'incident qui lui donne soudain envie de quitter cette forêt au plus vite. Enfin, pour l'instant, il ne se sentait guère menacé... cette femme n'avait pas l'air d'être là pour lui faire de mal.

Oui, Isabeau tutoyait tout le monde, la seule personne qu'elle trouvait digne de son respect était Aro. Dans toute sa vie, il avait été le seul être qu'elle avait vouvoyé. La jeune femme ourit à la remarque mais ne releva pas, a quoi bon s'expliquer? C'était une perte de temps. Isabeau détestait perdre inutilement son temps. Sauf peut être s'il y avait une "récompenseé au bout mais à ce moment là, on ne pouvait appeler cela une perte de temps. Elle aurait put continuer à le charier si elle avait voulut obtenir le combat à l'épée qu'elle attendait depuis trop longtemps àson goût, elle sentait ses capacités telles que la rapidité et la souplesse s'envoler au fur et à mesure que le temps qui la séparait de son dernier véritable entrainnement s'éloignait. Elle soupira bruyament à cette pensée et fut fort tentée de provoquer cet homme, ce qui aurait surement très facile étant donné de son énervement mais il n'avait pas l'air bien méchant. Dommage. Elle avait remarqué la présence d'une épée dans son campement et elle voyait dans sa manière de bouger qu'il était habille à cet art, ç'aurait été un beau combat...

La jeune femme secoua la tête pour se tirer de ses pensées et une deuxième remarque au ton ironique parvint à ses oreilles. Elle n'en compris pas réellement la signification mais elle l'irrita. Peut être croyait-il qu'elle avait un but malhonnête pour se prommener dans cette forêt à cette heure-ci? C'était un outrage à ses principes. Jamais elle n'accepterais de dépendre de l'argent des autres pour survivre. Elle sonda le visage du jeune homme. Non, il ne lui semblait pas hostille. Il avait même l'air sympathique si il n'avait pas été énervé.

Une question apparut dans l'esprit d'Isabeau: Que faisait-il ici? Et, bien sûr, pourquoi était-il énervé? Elle observa les alentours. Rien, il n'avait pas de sac, de cheval ou autre chose qu'un voyageur emporte normalement avec lui. La jeune femme, qui voyageait pourtoutant léger habituellement trouvait qu'il manquait des choses. Son oeil fut attiré par une trace. Non, plusieurs traces. Des traces de pas humains, trop pour qu'elles ne soient qu'au jeune homme. Elle remarqua aussi des traces de cheval. Ainsi c'était lui qu'elle avait vu précédement. Il s'était fait détroussé. Elle ne put empêcher un sourire. Il fallait le faire. Dans une forêt si déserte, dans un endroit si éloigné du sentier, il était étrange que quelqu'un l'ai trouvé. Il avait peut être été suivit de là où il venait. Certains voleurs étaient égallement d'excelents pisteurs et étaient capables de suivre à la trace un Elfe, créature ne laissant que très peu de marques de son passage. Quelle idée aussi de traverser une forêt à cheval!

Isabeau souriait largement à présent et elle finit par dire, d'une voix amusée mais moins ironique que précédement:

- J'ai vu un cheval lancé à pleine allure un peu plus au Nord. Je suppose que c'était le tiens, que lui as-tu donc fait?

[Arg. Désolé, c'est pas très long, je ferais mieux la prochaine fois]

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