Vol raté...(PV Kay-Lahn Arameïr)

Diantra. Orlane avait déja passé des semaines dans cette ville, mais elle n'y était pas revenue depuis un bon moment...
Enfin, elle y était. Seulement, elle regrettait déja de s'y être rendue.
Elle avait bien entendu parler d'une rumeur annonçant la peste dans à Diantra, quand elle s'était arrêtée dans une auberge d'Ydril, mais n'aurait jamais pensé que ces supposées fabulations aient pû s'avérer réelles...
A cette seule pensée, l'humaine remonta son foulard noir par-dessus son nez.

Il commençait à se faire tard et la jeune femme pressait le pas tout en se frayant un chemin parmi la foule. Elle ne tenait pas du tout à passer la nuit dehors... Cette seule pensée la fît frémir. Volant une pomme au passage sur l'étalage d'un marchand occupé à négocier un prix, Orlane avançait rapidement, songeuse.

Rangeant la pomme dans la poche de son grand manteau noir, elle n'avait vraiment rien d'une voleuse...
La jeune femme observait chaque personne qu'elle croisait. Son regard s'attarda sur un jeune homme. Sa carrure était bien impressionante, d'autant plus que de dos, la couleur de ses cheveux laissaient Orlane perplexe.

L'humaine continuait de marcher à la même allure, passant à proximité de l'homme, elle glissa lentement une main dans sa poche, lorsqu'une femme, marchant dans le sens inverse la bouscula légèrement.
Orlane avait raté son coup, et elle poussa un soupir presque imperceptible, attendant la réaction de l'homme.

Le soleil se couchait lentement, et au marché, les gens se dépêchaient de terminer leurs achats pour rentrer chez eux au plus vite ou encore pour rejoindre leurs amis à la taverne du coin. Aussi, nombre d’entre eux se hâtaient de quitter l’endroit pour aller se mettre à l’abri de la peste, qui effrayait grandement la population. Cependant, parmi cette foule pressée, un jeune homme avançait, la démarche décontractée, l’air tranquille. Il balayait la place de son regard perçant, ne perdant rien de l’action qui se déroulait autour de lui. Près de lui, un itinérant se faisait rembarrer par une demoiselle. Un peu plus loin, un commerçant se disputait avec un client au sujet du prix d’un objet, un objet qui, aux yeux de Kay, car c’est bien de lui dont nous parlons, ne valait pas deux écus. Là-bas, deux enfants s’amusaient, ou du moins l’un d’entre eux, celui qui tirait les cheveux de l’autre, paraissait avoir bien du plaisir. Et tout près d’eux, une femme dont on ne voyait que les yeux verts à cause du foulard remonté au-dessus de son nez, venait de voler une pomme sans que le marchand, occupé ailleurs, n’ait vu quoi que ce soit. Ah, le marché! Quel endroit divertissant!

Tandis qu’il marchait, Kay en profitait bien évidemment pour dépouiller quelques personnes malchanceuses de leur bourse ou autres objets de valeur laissés en évidence à la vue aiguisée du voleur. Ses activités, bien que nécessitant un peu d’attention, ne l’empêchait toutefois guère d’observer autour de lui et de se perdre dans ses pensées. Le Silencieux pensait à l’étrange femme qu’il avait rencontrée au cours de la journée, la prêtresse. Il se demandait encore comment elle pouvait connaître son nom, et surtout, qui le lui avait révélé et pourquoi il était resté gravé dans sa mémoire alors qu’ils ne s’étaient que croisés plusieurs années plus tôt. Imperceptiblement, Kay soupira et haussa les épaules avec un brin d’agacement. Cela n’avait pas d’importance. Lorsque cette prêtresse se retrouverait à nouveau sur sa route –parce qu’il avait la conviction que cela se produirait tôt ou tard-, il lui poserait la question et mettrait son plan à exécution. Sauf si une opportunité pareille à celle qu’il désirait saisir se présentait à lui avant.

Soudain, Kay sentit une petite main se glisser dans sa poche. Par réflexe, il se saisit du poignet de la personne qui essayait de lui faire les poches, et l’entoura de sa grande main. Non mais! Qui croyait l’avoir aussi facilement? Voler un autre voleur, rater son coup et penser qu’il n’allait pas s’en rendre compte, il fallait être bien naïf! Bon, ce petit malin qui avait tenté de lui piquer sa bourse, qui, en fait, ne se trouvait pas dans sa poche mais à l’intérieur de son manteau, oui, ce petit malin ne savait probablement pas qu’il avait affaire à un voleur, mais tout de même! Ah, ces gens, qu’allait-on faire d’eux?
Le voleur chercha l’impertinent des yeux, mais ne vit rien à sa hauteur. Cependant, en inclinant un brin la tête vers le bas, il remarqua une jeune femme. En fait, il s’agissait de celle qui avait rendu le marchand plus pauvre d’une pomme. Imprudente! Si elle avait eu le malheur de tomber sur une personne sans indulgence, elle serait sans doute déjà morte s’il avait la même taille et la même carrure que lui! Elle aurait pu dépouiller un vieillard… beaucoup plus facile et moins dangereux. Enfin, trop tard, le mal était fait.
Posant son regard dans celui de l’inconnue et ignorant les paysans qui se plaignaient qu’ils bloquaient la circulation, Kay murmura, l’air moqueur :

-Bien tenté, mais c’est raté, chère demoiselle.

Il ajouta, oubliant qu’il tenait toujours le poignet de son interlocutrice et suivant un instant du regard la femme qui avait bousculée cette dernière :

-La prochaine fois, il faut éviter avec plus d’agilité ceux qui se dressent sur ton chemin, car je pense que c’est en partie pour ça que tu as raté ton coup, ma jolie.

Il la fixa à nouveau, ses lèvres s’étirant en ce sourire en coin qui lui était particulier.

-Et le mieux est de piquer ce qu’on peut voir. Je n’avais rien dans ma poche.

Kay sourit de plus belle, et envoya balader un homme qui le traitait de noms parce qu’il se tenait au beau milieu du chemin. Ensuite, il observa les alentours. Puis, pointant une femme dans le trentaine qui avançait dans leur direction, la bourse bien en évidence, il ricana et dit à voix basse :

-Ah, regarde celle-là : elle est à ta merci!

Il lui servit un sourire espiègle et regarda la femme avancer vers eux.

Retirant prestement sa main de l’emprise de l’homme, Orlane lui jetait un regard assassin.
Le temps se faisait de plus en plus sombre, mais malgré ce fait, la jeune femme restait concentrée sur ce que l’humain lui disait.
Même si elle n’arrivait à comprendre que quelques bribes de ce qu’il pouvait lui raconter, elle comprit enfin qu’il s’agissait surement d’un voleur bien plus expérimenté.
Après quelques secondes de silence, Orlane tourna enfin la tête vers la femme que ce dernier lui désignait.

En effet, il aurait été plus judicieux de s’attaquer à une cible aussi vulnérable…
Mais quoi qu’il en fût, elle s’en fichait éperdument. Le plus important était de trouver
Un endroit où dormir avant qu’il ne fasse complètement noir sur la ville de Diantra.
Cette seule pensée la fit frémir.
Poussant un léger soupir, l’humaine abaissa son foulard noir, laissant paraître le reste de son visage blême.

-Je… Je dois rentrer…

Les habitants se pressaient de rentrer chez eux alors qu’elle était coincée ici avec cet homme.
Levant les yeux au ciel pour vérifier qu’il ne faisait pas complètement nuit, Orlane finit sa phrase.

-S’il vous plaît…

Un tremblement parcouru la jeune femme. Elle n’avait absolument nulle part ou aller.

-sauriez-vous ou pourrais-je trouver une auberge ? Chuchota-elle se mordant violement la lèvre inférieure.

Elle était terrorisée et n’était restée dehors aussi tard qu’à de très rares occasions.
Il lui était capital de trouver un logement ce soir... De plus, l’homme, bien qu’il avait une carrure plutôt imposante, l’aurait surement déjà attaquée s’il avait eu l’intention de la faire…

[Désolée si j'ai mis du temps à répondre >_<]

Oulah, c’est qu’elle était fâchée la petite dame! Pourquoi le toiser avec ce regard assassin et retirer sa main aussi brusquement? Kay avait pourtant été des plus polis! Bon, il avait oublié de lâcher son bras, mais il avait quand même donné des conseils à cette jeune voleuse visiblement inexpérimentée. Cela devrait être suffisant pour se racheter aux yeux de son interlocutrice, non? D’autant plus qu’elle semblait n’avoir écouté que la moitié de ce qu’il lui avait raconté. En effet, l’étrangère n’avait eu aucune réaction pendant quelques secondes, puis s’était contentée de jeter un bref regard vers la femme qu’il lui avait désignée, l’air de s’en ficher complètement. Pfff, avoir su que cette fille n’écouterait rien de ses précieux conseils, il aurait économisé sa salive! En fait, non, il ne l’aurait pas vraiment économisée, car il aimait trop taquiner les gens qu’il croisait, et cela l’amenait à utiliser une quantité considérable de salive chaque jour. Mais bon, nous nous éloignons du sujet.

Soudain, l’inconnue abaissa son foulard, et Kay put enfin apercevoir son visage. Sous les pâles rayons de la lune qui commençait lentement à remplacer le soleil dans le ciel, sa peau paraissait blanche comme neige, contrastant fortement avec son écharpe, qui était aussi noire que la nuit. Ses yeux verts, eux, brillaient d’une inquiétude que le voleur ne comprenait pas. Le craignait-elle? Allons, il ne comptait lui faire aucun mal. D’ailleurs, si cela avait été le cas, il l’aurait fait bien des minutes auparavant. S’il avait voulu la voler, la torturer ou la tuer, il se serait arrangé pour l’emmener dans une ruelle sombre et il aurait accompli ses sombres desseins, voilà tout. Il ne serait pas resté là gentiment à lui apprendre l’ABC du vol.

La voleuse en herbe déclara alors qu’elle devait rentrer. Elle ajouta même un « s’il vous plaît ». Kay haussa un sourcil incrédule. Pourquoi lui parlait-elle comme s’il la retenait de partir? Elle était libre de dégager, il n’allait pas la poursuivre comme un fou furieux.
Ce ne fut que lorsque l’inconnue lui posa une question qu’il comprit que ce « s’il vous plaît » accompagnait sa demande. Le tremblement qui avait parcouru son interlocutrice n’échappa pas à Kay, qui fronça légèrement les sourcils. L’étrangère semblait vraiment terrorisée, et la source de sa terreur échappait toujours au Silencieux. Il balaya discrètement les alentours du regard, cherchant ce qui pouvait causer autant de crainte chez cette personne qui se tenait près de lui. Il ne vit rien de spécial, juste des gens qui se déplaçaient dans diverses directions, comme tout à l’heure. Il plissa imperceptiblement les yeux, comme pour trouver quelque chose qu’il aurait pu manquer au premier regard. Rien. Le voleur pivota donc vers la jeune femme, la fixant de ses yeux clairs. Il croisa avec désinvolture les bras sur son torse, et se frotta le menton d’une main avant de la laisser retomber le long de son corps.

-Il y en a quelques-unes dans le coin, répondit-il. Pas trop loin, il y a celle du Feu Joyeux… Il y a aussi celle du Dragon Vert. La première est pas mal, si ce n’est que des quelques rats qu’on y croise de temps à autre. Abordable aussi. La deuxième est un peu plus loin, mais il n’y a pas de rats et c’est un peu plus cher.

Il ne put s’empêcher d’avoir un sourire en coin avant d’ajouter :

-Mais pour le prix, ça n’a pas vraiment d’importance.

Et avec agilité, Kay s’empara de la bourse d’un passant, qui ne remarqua rien du tout comme un pauvre innocent. Nonchalamment, il la lança à l’inconnue, la lui offrant par le même fait. Puis, constatant que son air effrayé n’avait pas quitté sa figure, il demanda :

-Tu sembles avoir peur... T’es suivie par quelqu’un qui te veut du mal?

En effet, cette hypothèse venait de lui traverser l’esprit. Peut-être s’était-elle fondue dans la masse pour fuir une personne qui voulait sa peau pour X raison. Peut-être cette personne était-elle un Silencieux… Si c’était le cas, il ne pouvait pas grand-chose pour elle, car il ne devait pas gêner le travail de ses compères lorsqu’ils remplissaient un contrat. Enfin, Kay ne faisait là que des hypothèses basées sur… sur rien du tout en fait, il s’imaginait encore des scénarios.

Kay-Lahn jeta un nouveau coup d’œil autour de lui, ce après quoi il reposa son attention sur l’étrangère, attendant une quelconque réaction de sa part. Il espérait seulement qu’elle n’allait le prendre pour un imbécile et inventer un pitoyable mensonge repérable à des milles à l’heure. Si donner une réponse à sa question la gênait, elle n’avait qu’à ne pas y répondre, voilà tout. Il ne lui tordrait pas un bras, il n’accordait pas tant d’importance à ses révélations…

Bien sûr qu’elle s’était rendu compte qu’elle avait complètement l’air stupide, mais à quoi bon s’en faire, l’important était de quitter cet endroit au plus vite.
Orlane avait réussi à faire un grand effort de concentration pour écouter les paroles de l’homme.
Elle réussit tout de même à comprendre qu’il y avait deux auberges dans les environs, et que cette personne connaissait bien Diantra.
Volant agilement la bourse d’un passant, l’humain lui donna celle-ci.
Orlane n’eut pas vraiment la possibilité de se frustrer, comme elle l’aurait surement fait en temps normal, car elle jugeait qu’elle aurait pu se débrouiller seule (avec un peu moins d’aisance, il faut l’admettre), elle était bien trop préoccupée par le fait de rester dehors à cet heure-ci…

Levant rapidement les yeux vers le ciel pour y vérifier que la nuit ne soit pas complètement tombée, elle ajouta dans un murmure,

-Merci…

Bien qu’elle n’ait pas vraiment accordé d’importance à ces mots, elle le pensait vraiment…. En fait, elle pensait à bien trop de choses en même temps. Instinctivement, elle croisa les bras suite à sa question.

-Personne ne me veut du mal, merci de vous en inquiéter…

Elle n’avait pas précisé, qu’en effet, elle était complètement terrorisée, mais la jeune femme en déduisit qu’il avait surement remarqué…
De plus, s’il tenait vraiment à savoir ce qui la préoccupait, elle lui dirait surement en temps voulu, si elle jugeait cela nécessaire… De plus qu’il la prendrait surement pour une folle.

Tournant lentement la tête vers la direction qu’il lui était indiqué tout en se mutilant la lèvre, Orlane poussa un léger soupir, aussi imperceptible soit-il.

Kay remarqua que la jeune femme ne cessait de lever les yeux vers le ciel. Était-ce un signe d’impatience? Non, sans doute pas. À chaque fois qu’elle regardait les cieux et ses minces nuages, elle paraissait encore plus nerveuse, effrayée… Planait-il au-dessus d’eux quelque oiseau, quelque créature inconnue qui la terrifiait? Le voleur eut beau chercher, il ne trouva rien de terrorisant. Il haussa les épaules.

L’inconnue le remercia et lui fit savoir que personne ne la suivait, et Kay se contenta d’hocher la tête, écoutant à moitié. Il ne restait plus que quelques personnes au marché, mis à part les commerçants, qui rangeaient leur marchandise pour la nuit. L’endroit était à présent silencieux, et le temps se faisait de plus en plus sombre, quoique la lumière que dégageait le soleil couchant et le croissant de lune nouvellement formé dans le ciel éclairait encore assez pour que tous parviennent à retrouver leur chemin.
Kay soupira un peu. Comme le marché se vidait, l’ambiance était beaucoup plus calme. Le voleur préférait les atmosphères animées, sauf à quelques rares exceptions. Bon, bien sûr, il aimait parfois s’isoler pour réfléchir, mais ce soir-là, il se sentait plutôt d’humeur à rigoler, à s’amuser, à festoyer. Il irait probablement faire un tour dans une taverne dans la soirée...

Le Silencieux posa son regard sur l’inconnue, qui semblait de plus en plus terrifiée au fur et à mesure que le marché retrouvait un calme de cimetière et que la pénombre les entourait. L’évidence frappa alors Kay : cette femme n’avait pas peur d’un oiseau ou autre machin volant non-identifié! Elle craignait le noir, la nuit! Le voleur se trouva stupide de ne pas y avoir songé plus tôt. Après tout, cette peur était très courante… Enfin, surtout chez les enfants, mais tout de même. De son côté, Kay n’avait jamais était effrayé par la noirceur. En fait, il l’avait toujours appréciée, car lorsque les ténèbres l’encerclaient, il pouvait voir les choses sous un autre angle. Toutefois, son interlocutrice ne semblait pas partager sa manière de penser.

-Hum, t’as peur du noir, c’est ça? demanda-t-il, direct comme à son habitude.

Il haussa les épaules avec nonchalance. Assumant qu’il avait raison, il continua :

-Faut pas t’inquiéter, ils vont bientôt allumer des torches.

Pour appuyer ses propos, Kay-Lahn pointa avec son pouce quelques torches qui se trouvaient autour d’eux. Puis, dans un geste machinal, il remonta le gant de cuir qui couvrait entièrement son avant-bras gauche. L’action s’était faite inconsciemment, il avait tellement l’habite de la poser… Il fallait dire que le voleur ne tenait pas à ce qu’on aperçoive ce que plusieurs qualifiaient de dégoûtant, de monstrueux, etc. Et encore plus s’il s’agissait d’inconnus. Peu de personnes pouvaient dire qu’elles avaient vu ou même entrevu le bras calciné du Silencieux, celui-ci refusant totalement de l’exposer à qui que ce soit. Enfin, passons.

Voyant que la voleuse en herbe ne paraissait pas très rassurée –et aussi parce qu’il n’avait rien de mieux à faire pour le moment, Kay lui proposa la chose suivante :

-Si tu veux, j’peux t’emmener à l’auberge. Ça ne me dérange pas. C’est comme tu veux, ma chère.

Il croisa les bras, attendant sa réponse.

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