Un rôdeur sachant rôder... [Terminé]

Plage de Nelen – Fin d'après-midi

Les rayons d'un soleil sans chaleur s'abattait pour la dernière fois de cette journée sur l'île, c'est d'ailleurs la première chose que regarda Hrolf lorsqu'il mit pied à terre, le soleil. L'hiver s'était emparé des lieux, laissant de puissant vent maritime répandre un froid glacial sur l'île. Pourtant le soleil continuait à briller sans rien n'apporter d'autre qu'une éblouissante pâleur dans le ciel morne de cette journée. Tant qu'à faire il aurait mieux fait de pleuvoir, il aurait été ainsi plus facile de se dissimuler pour visiter l'endroit pendait Hrolf.

Soupirant, le demi-drow remit sa besace correctement sur son épaule droite, rabattant le capuchon de sa cape sur son visage il se mit à avancer vers l'intérieur de l'île en prenant soin de marcher le moins possible sur le sable. C'est donc avec de bond en bond qu'il s'appuya sur des pierres pour avancer. On disait des lieux qu'ils étaient habités par des personnes plus ou moins dangereuses. Un excès de précaution ne serait donc pas de trop aujourd'hui.

Centre de la forêt – Début du soir

Pendant trois ou quatre heures le bâtard parcouru la forêt, dotée d'une végétation luxuriante il fut surpris par sa densité à certains endroits. Des arbres aux racines monstrueuses qui masquaient parfois habilement en dessous d'eux, de profondes crevasses. Hrolf se rendit rapidement compte de la dangerosité des lieux, un étrange animal qui passe, un arbre aux allures de colosse, tant de chose qui attiraient votre attention pour mieux vous entraîner dans un des nombreux pièges naturelles de l'île.

"Foutue forêt... Le pêcheur n'aura pas volé son argent..."

En effet, c'est grâce à un homme de la mer que Hrolf avait entendu parler des lieux et pu si rendre. Un soir dans une auberge il avait entendu dire qu'une île avait été choisie comme lieux d'habitation par d'étranges personnages. Le vieux loup de mer avait quelques fois croisé des embarcations convergents toutes vers la fameuse île de Nelen, le tout avec une discrétion un peu trop anormale selon lui. Personne ne crût les élucubrations du gaillard et on lui conseilla gentillement d'aller cuver sa gnôle au lieu d'attirer l'attention sur lui. Mais en rentrant chez lui, le marin trouva une oreille attentive à qui raconter son histoire et une bouteille de rhum ainsi que quelque pièces plus tard, Hrolf embarquait en mer pour vérifier les propos du pêcheur.

Lisière de la forêt – Milieu de soirée

Les indications fournies bien approximatives s'étaient révélées exact, après une longue marche au sein d'une forêt hostile, le demi-drow arriva enfin à son but. A travers les branchages Hrolf aperçut au loin ce qui ressemblait à des chaumières, le village se trouvait donc dans cette partie de l'île. Retirant sa besace pour la suspendre à une branche, le demi-drow décida qu'un petit repérage des lieux s'imposait. Mémorisant l'endroit où ses affaires se trouvaient, le rôdeur prit la direction du village à pas de loup. Pas un bruit n'accompagna l'arrivée de Hrolf à la lisière de la forêt. C'est ainsi que telle une ombre, le bâtard se faufila discrètement dans la végétation pour finalement venir se dissimuler derrière le tronc d'un arbre. Se penchant discrètement sur le côté le rôdeur eut enfin une vision nette de ce à quoi ressemblait le mystère de l'île.

"Un vulgaire village de pêcheur..."

Murmura-t-il pour lui même alors qu'il s'accroupissait pour réfléchir quelques instants sur la situation et ce qu'il allait faire. Comme à l'accoutumai la réflexion fut assez brève, Hrolf était plutôt du genre à marcher à l'instinct, le type d'homme à se mettre dans des situations catastrophiques et à réfléchir ensuite. Mais bien qu'il ne l'avouerait jamais s'était bien cela qui l'exilait dans cette vie de nomade.

"Allez on va voir ça."

Se redressant subitement, le demi-drow sortit de sa cachette pour s'engager comme si de rien n'était dans l'une des ruelles du village.

Village des Silencieux – Milieu de soirée

Son capuchon dissimulant son regard, Hrolf marchait d'un pas lent, examinant à peu près tout ce qu'il pouvait voir. La plus part des habitations étaient plongées dans les ténèbres, ce qui était en toute logique normal, les pêcheurs se levaient généralement tôt le matin. Continuant sa marche, le rôdeur se rendit compte que tout laisser supposer que l'endroit n'était habité que par des marins. Des barques, des filets, des tonneaux et cette odeur de poisson... Un village miteux comme tant d'autre se dit-il.

Passant devant l'auberge encore ouverte, Hrolf vit sortir un homme n'ayant rien avoir avec un pêcheur, bien au contraire. En générale les marins ne portaient pas d'arme sur eux et pas le même genre de vêtement non plus. Subitement Hrolf comprit que le village n'était qu'une sorte de couverture et il était tombé dans le panneau comme un débutant. Baissant la tête, le demi-drow décida qu'il serait plus sage pour lui de continuer ses observations mais en restant invisible aux yeux des autres.

Rebroussant chemin, le bâtard se mit à marcher un peu plus rapidement. Ajoutez à cela le capuchon masquant son visage ainsi que la tête étrangement baissée vers le sol et vous avez un individu suspect jusqu'à la moelle. Malheureusement Hrolf ne fit pas attention à ses détails et c'est sans se douter qu'on puisse l'avoir repéré qu'il s'enfonça à nouveau dans la forêt.

Hrolf n'était plus qu'à quelques mètres de la lisière de la forêt lorsque, ce qui semblait être un guerrier s'interposa devant lui. Le sang-mêlé s'arrêta à une dizaine de pas du Silencieux et il n'eut pas le temps de prononcer mot ni même bouger que déjà la pointe d'une lame venait cibler sa personne. Son visage en parti dissimulé par le capuchon de sa cape ne sembla pas plaire à l'homme à l'épée car d'un mouvement de sa lame il fit signe à Hrolf de se dévoiler.

Pourquoi pas...

Murmura le sang-mêlé alors qu'il redressait lentement la tête tout en retirant son capuchon. Ses longs cheveux bruns retombant en bataille vers les épaules du demi-drow accentuait l'idée qu'on avait à faire à un rôdeur. Ses vêtements étaient usés et rapiécés à l'extrême, les rafistolages en tout genre étaient légion pour que tout tienne, ce qui laissait penser tout d'abord à un simple mendiant. Pourtant si on prenait le temps de le détailler un peu plus on apercevait à certains endroits les mailles d'une cotte dépassant des tissus, ou alors cette épée pendant à sa hanche gauche mais habilement dissimulée par la cape.
Levant sa main vers le guerrier, Hrolf braqua son regard dans celui de son adversaire, un regard embrasé par des pupilles rougeoyante dénué de toute crainte vis à vis de cette lame menaçante.

Doucement, faudrait pas que quelqu'un se blesss...

Le rôdeur n'eut pas le temps de finir sa phrase que la lame entamait sa première courbe pour trancher au vif la situation. Reculant d'un pas tout en tirant ses épaules vers l'arrière, Hrolf esquiva cette première attaque. Toute fois l'assaut ne s'arrêta pas là, à nouveau le fer de la lame trancha l'air dans le même but meurtrier d'éliminer le rôdeur.
Hrolf ne prit pas le temps de sortir sa lame, pour être franc malgré son air décontracté dans une telle situation il aurait préféré avoir eu la possibilité de la sortir. Qu'importe pour cette première passe d'arme le sang-mêlé marcherait sans épée. La stratégie qu'il adopta fut d'ailleurs dès plus simple, esquiver et laisser l'adversaire se lasser, c'est ainsi qu'à l'aide de pas-chassés, de divers pivots et autre acrobatie, Hrolf évita chacune des attaques sauf une. Le Silencieux baissa l'espace d'un instant sa garde et ce avec une telle rapidité que Hrolf pensa à un arrêt du duel. Une erreur qui aurait pu lui coûter chère, heureusement ce n'est qu'un genoux qui vint heurter le ventre du demi-drow. Celui-ci se recula de quelques pas sous le choc, sa main droite venant se poser sur l'endroit brusqué.
Le bonhomme en face n'était pas sans connaître le maniement de l'épée et faisait même preuve de sournoisie. Hrolf le considéra donc comme une menace suffisante pour ne pas retenir ses coups. Il était temps de ré-équilibrer les forces.

Tu m'aura bien fait perdre mon temps toi, j'ai le devoir de t'éliminer donc ... Et c'est moi que l'on à choisit, tu n'est vraiment pas chanceux ... -

La situation avait le mérite d'être claire à présent. Sans un mot Hrolf tira à son tour le fer de son fourreau. Le bruit de la lame glissant contre le fer se fit lentement entendre, vulgaire coup de bluff que faisait la plus part des frimeurs pour se donner un air dangereux. Qui sait avec de la chance son adversaire le sous-estimerait ? Et puis avouons le, Hrolf aimait bien débuter un combat avec ce bruit dans les oreilles.

M'éliminer ? L'accueil est vraiment déplorable ici... Tout en parlant la main gauche du demi-drow serra avec discrétion un pan de sa cape. Et la prochaine fois oublie pas de parler avant d'agir t'auras l'air moins nié !

Finit-il par dire alors que d'un brusque mouvement sa main gauche arrachait sa cape de son cou pour la lancer sur le Silencieux. Et alors que le tissus venait entraver Demoras, Hrolf en profita pour attaquer avec une vivacité toute aussi déconcertante que la première attaque de son ennemis. D'un coup de taille, le fer de sa lame se dirigea vers la cuisse du Prince pour entailler sa chaire. La cape s'occupant de gêner la vision ainsi que la gestuel de Demoras, le rôdeur espérait bien faire touche. Et peu importe que son attaque fasse mouche car déjà le rôdeur disparaissait dans la nature. Véritable poisson dans l'eau, Hrolf ne semblait en aucun cas dérangeait par la végétation l'entourant. Et lorsque Demoras retira la cape, le temps qu'il regarde autour de lui, le batârd avait disparut sans laisser de trace.