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| Un forgeron sachant forger... | Ybu | |
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Nilah Sang-mêlé
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| Sujet: Un forgeron sachant forger... | Ybu Sam 3 Juil 2010 - 20:25 | |
| Un forgeron sachant forger... Diantra la Grande, l'été du Voile… ne laisse pas ses objets dangereux à porté de mains des enfants. Tout le monde savait cela, la forge comptait parmi les environnements les plus hostiles pour les jeunes têtes blondes. Entre les fourneaux aux températures infernales, les pinces, les épées inachevées - et parfois encore rougeoyantes - et les lourds marteaux capables de fracasser le crâne de n’importe qui sans même s’en rendre compte, les occasions de se blesser étaient nombreuses. Le vieux Fagorn le savait, il n’était pas né de la dernière pluie. Apprenti lors de ses jeunes années, puis maître à l’achèvement de son chef d’œuvre, il l’avait mainte fois répété au jeune Fouineur, avec toute l’ardeur qu’on lui connaissait. « Ecoute, petit. Ne touche jamais à rien quand tu fourres tes pattes chez moi. » Heureusement pour le petit en question, il se trouvait que Fagorn l’aimait bien, trouvant rafraichissant d’avoir une présence jeune à ses côtés. Fouineur avait ses propres façons de penser, parfois bien à lui, très souvent surprenante et, en de rares occasions, étrangement justes. Son apprenti était trop sérieux, trop concentré sur son travail, pour faire un réel divertissement. Et heureusement ! Car le forgeron était aussi exigeant derrière le fourneau que bon enfant le reste du temps. Aussi n’était-il pas rare de voir Fouineur fouiner dans le quartier, furetant tel un jeune diable dans le marché qui s’y tenait, le délestant de leurs ornements inutiles - franchement, à quoi servait une bourse à une vendeuse de légumes ? Elle n’espérait quand même pas la vendre ! - et recevant par moment quelques leçons d’escrime. Oh, rien de bien pharamineux, Fagorn restait un forgeron, mais il s’était parfois amusé à manier ce qu’il avait forgé. Il n’y avait rien qui l’amusait plus que d’enseigner son art empirique à ce fieffé chenapan. Ses tentatives désastreuses étaient à mourir de rire, tout simplement. Heureusement qu’il se débrouillait au lancé, d’ailleurs, sinon il ne donnait pas cher de sa peau. A force d’en entendre parler, Nilah avait fini par désirer voir de ses propres yeux le terrain de jeu de son ami. Profitant du fait que le soleil commençait lentement mais surement à se cacher derrière l’horizon tout en toits de Diantra, elle avait décidé de quitter sa cachette. Par les Cinq, qu’est-ce qu’elle pouvait haïr l’été. Les journées étaient interminables, et la chaleur alliée à la luminosité l’empêchaient bien souvent de s’amuser. Rester cloitrée n’avait, de fait, rien d’amusant. Si seulement ses yeux ne se plissaient pas autant… Elle aurait bien pu mettre une capuche, mais quand Othar lui-même semblait déchaîner son feu sur la tête des mortels, porter un tissu en plus de ses cheveux relevait bien souvent du suicide. Les corbeaux suffisaient, elle n’avait pas besoin d’autres bâtons à donner aux gens qui la regardaient avec méfiance. Ce jour là, elle avait de la chance : Fagorn semblait décidé à écouler son stock. Le regard concentré, il gardait une table sur laquelle il avait entreposé quelques unes de ses créations parmi les plus âgées. A n’en pas douter, il espérait attirer quelques clients, leur taper le dos avec un des rires dont il avait le secret et les inviter à rentrer s’ils désiraient voir « quelques merveilles ». Mais Nilah n’avait que faire des merveilles, elle se contentait de regarder ce qu’elle avait sous les yeux. Timidement, elle tendit la main vers une épée. « Tu te crois où, gamine ? l’arrêta brusquement le forgeron qui ne l’avait pas quitté du regard depuis son arrivée. Tu veux te couper la main ? Histoire de m’attirer des ennuis ? - Je regardais juste ! »Au même moment, un corbeau croassa, comme pour se moquer de la situation. Levant les yeux en fronçant les sourcils, le vieil artisan grommela quelque chose contre ces « satanés piafs d’malheur » sans faire le rapprochement avec la présence de Nilah. Elle profita de la diversion pour croiser ses bras dans son dos. « On est d’accord, répondit-il finalement en reportant son regard sur la fraudeuse. Tu touches qu’avec les yeux. » Hochant docilement la tête, la sang-mêlé fit un pas en arrière pour prouver sa bonne volonté… Il aurait sans doute été plus intelligent de regarder derrière elle avant. |
| | | Ybu Ziewyn
Humain
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Dim 4 Juil 2010 - 12:33 | |
| Reviens là ! Natalrahc tu vas m’entendre ! Sérieusement, rends-moi ça toute suite ou je … ou je … Ou tu vas quoi ? Claquer des doigts et me faire choper par les gardes pour une pomme ? Oui, parfaitement. Hum. Ce ne serait pas la première fois, comme si leur intervention avait servi à quelque chose … je suis toujours là mon cher.
La scène était amusante. Voir un grand dadet agitant fièrement une pomme au dessus d’un gros marchand c’était comme voir un grand frère levant bien haut le triomphe du vol de la poupée d’une petite sœur. Le gros coléreux ne parvenait même pas, en tendant ses bras de toute leur longueur, à atteindre le haut de la tête du voleur. Le brun ne se contenta plus de laisser ce petit scarabée sauter dans tout les sens sous sa grande taille, non non, maintenant en plus d’agacer légèrement ce petit Hubert – là était son nom, fort commun n’est-ce pas ? – Ybu – ah, ça a quand même un peu plus de classe, non ? - se mit à jouer avec le fruit le lançant par dessus les épaules du marchand dépourvu du moindre réflexe, se fondant autour de lui, le voleur n’était qu’une ombre vivace. Les deux silhouettes se déplaçaient maintenant le long de la rue si peu peuplée que personne ne remarqua leur manège pourtant si … attractif. Jongleur adroit, rien ne le déstabilisait vraiment capable de marcher, lancer, tourner sans rater sa trouvaille lorsqu’elle lui échappait des mains. Ainsi, les deux guignols se dirigeaient vers l’antre de Fagorn et de ses fours. Quelle idée de travailler dans une fournaise pareille en plein été ? Puis quelle idée d’être forgeron tout court. Ça use les mains et vous les rends incroyablement calleuses, ça vous sculpte une espèce de silhouette de colosse à en faire trembler des feuilles … Bref, être forgeron c’est le mal et la construction d’un physique de monstre, qu’ils le nient ou non, ce n’était que la stricte vérité.
Ecoute, je ne l’ai pas volée pour moi cette fois, ce n’était qu’afin d’exprimer mon immense générosité. Généreux ? « Ybu » sonnait très très mais alors très mal avec « générosité » . Un mensonge. Encore un. Maintenant, le tout était de trouver un cobaye pour que ses dires paraissent vrais. Dos à la forge – des yeux ne lui étaient, jusqu’à nouvel ordre, pas poussés dans le dos – Ybu ne voyait pas du tout ce qu’il y’avait derrière lui contrairement à cet empoté d’Hubert. La perche vint alors à heurter… quelque chose, oh ce n’était pas bien violent, il s’arrêta directement affichant une mine presque effarée. C’était petit, pas bien dur . Il tendit alors sa main derrière son dos pour tâter le machin qu’il avait bousculé sans faire vraiment attention. La chose avait des cheveux tient, il continuait d’explorer à l’aveugle et totalement sans gène le petit visage doux de sa jeune victime. Une petite fille ! La personne rêvée – vous avais-je dit que la chance était quelque chose qui lui collait à la peau ?
Larelia ! Je t’ai cherchée partout ! Demi tour et il était face au dos de ce qui serait sa complice involontaire, il mit ses mains sur ses épaules comme pour feindre une affection, qu’elle veuille se débattre ou non, ce n’est pas une enfant qui l’empêchera de clore son numéro. Ces enfants, c’est incroyable, à un moment vous les avez dans les pattes et la seconde d’après ils ont comme … disparu, évaporés dans la nature et le danger cruel de la capitale. Bon et bien, Hubert, ce fut fort sympathique mon ami. Au plaisir.
Son sourire s’étirait accentué par les scarifications courbes à ses commissures, sourire plus démoniaque qu’angélique, mais il ferait l’affaire. Hubert ne bougeait même pas et à le voir on aurait presque cru qu’il n’était plus que statue. Ybu empoigna plus fermement les bras de la petite et approcha son visage du sien.
Ne t’en fais pas, je ne vais pas te faire de mal. Tu aurais plus de raison d’avoir peur d’un bambin criard que de moi, contente-toi juste de ne pas trop gesticuler. Ce qui rendrait la fuite un peu plus ardue. Pomme glissée dans une poche, Ybu filait avec son otage vers une ruelle voisine avant de se faufiler dans un passage étroit annexe duquel il purent voir le gros Hubert les louper en beauté et continuer sa route en hurlant tel … et bien tel un marchand volé. Etrangement, il y avait beaucoup d’oiseaux aux alentours, que ce soit des corneilles ou des corbeaux, ils restaient des oiseaux noirs, potentiellement charognards. Pas de chance mes amis, il ne comptait pas y avoir de morts au déjeuner. Il relâcha sa prisonnière et pu enfin lui faire face et voir son visage qu’il n’avait fait que toucher comme un vieux rustre.
Excuse-moi pour la manière dont ce sont passées les choses, impliquer une enfant dans mes poursuites n’est pas vraiment choses habituelles. Rassure-toi je ne te veux réellement aucun mal. Tient … Il sortit alors son trésor du jour et le fendit en deux de ses mains tendant un des deux morceaux de la pomme à la jeune fille. Tu m’as aidé à achever ce vol, tu le mérites. Il mordit alors dans son morceau à lui pour lui prouver que rien n’était mauvais dans ce fruit. C’est vrai que dans cette ville, les mauvaises personnes mal intentionnées ne manquaient pas et en étant enfant, la vie ne devait pas être simple tous les jours. Il ne pu s’empêcher de relever la triste mine qu’avait l’enfant, sûrement vivant dans les rues le clair de son temps, il aurait peut être du tout lui donner. Et là vous vous dites « Oh qu’il est généreux ce petit ! » la seule raison qui le poussait à faire c’était la personne concernée. Une enfant. Pourriez vous laisser un enfant dans un mensonge complet, la laisser vous regarder savourer un délice de fruit volé ? Son visage était pour Ybu si attendrissant qu’il ne pouvait que basculer vers une facette de sa personnalité qui était bien trop voilée pour qu’une personne normale puisse y accéder.
Dis, tu attendais de te faire rôtir par ce vieux Fagorn dans sa forge ? Il est réputé pour manger des enfants après les avoir faits dorer dans sa forge à ce qu’il paraît.
Peut-être avait-elle passé l’âge de croire aux contes d’ogres mangeurs d’enfants, tu ne crois pas Ybu ? |
| | | Nilah Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Dim 4 Juil 2010 - 21:42 | |
| Nilah sursauta, alors qu’un doigt d’origine inconnue tentait de s’immiscer entre sa paupière et son œil. Avec un cri tout ce qu’il y avait d’enfantin dans les intonations, mais chargé d’une indignation tout ce qu’il y avait de plus sérieuse, elle fit un pas en avant, tentant de s’éloigner de ce… curieux personnage. Malheureusement, elle ne fut pas assez rapide. Avant qu’elle ne puisse réellement réagir, il avait déjà posé ses mains sur ses épaules, la faisant frissonner au passage. La sang-mêlé n’était pas habituée à ce genre de contact, après tout. Elle fut tentée de lui dire qu’elle ne s’appelait pas Larelia, comme il semblait le croire, mais comprit bien rapidement qu’il jouait une scène. Se retournant, elle décida de ne rien laisser paraître, ce qui n’était pas réellement dur en réalité : il lui suffisait de ne rien changer à ses habitudes. La première réaction qui lui vint, très condamnable, fut un subtil mélange d’horreur et de dégoût. Par les Cinq, que ses cicatrices étaient dérangeantes ! Pourtant, malgré tout, elle ne pouvait détourner les yeux. Comme si… Comme si, à force de les regarder… Non, en fait, ce n’était pas une réaction rationnelle. Finalement, elle se força à rencontrer son regard, qui était beaucoup plus facilement soutenable.
Mal à l’aise, Nilah lança un regard au fameux Hubert, qui ne semblait plus savoir où donner de la tête. Elle le plaignait presque, même si elle ne le connaissait pas. La poigne soudainement plus ferme de son « complice » la fit détourner le regard, et elle resta une nouvelle fois indécise devant cet improbable sourire. Avait-il mal ? La gamine aurait juré que oui, mais elle n’avait aucun moyen d’en être sûre, et il ne laissait paraître aucun signe de souffrance. Il lui intima le calme, arguant le fait qu’il ne lui ferait rien. Il avait pourtant une façon de le dire qui n’avait rien de très commode. Plutôt que de lui faire remarquer - plus tard, peut-être, quand la situation s’y prêterait - elle se contenta d’hocher la tête et de reporter une nouvelle fois son regard vers Hubert. Grand mal lui prit, elle ne s’attendait pas à être tirée de la sorte. Manquant de s’étaler par terre, elle reprit son équilibre et se laissa entraîner… dans une ruelle sombre et étroite. Exactement ce qui ne devait jamais arriver, lui avait assurer le vieux monsieur avec le plus grand sérieux. Soudainement angoissée, elle vit passer et s’éloigner Hubert avec un mélange d’amusement et de désespoir. Son premier reflexe fut de tenter de se dégager, avec toute la violence dont elle était capable. Son kidnappeur la laissa faire, ce qui la rassura un peu. Pas beaucoup, cependant, car vu la différence de taille il n’aurait aucun mal à la rattraper.
L’entendre s’excuser lui fit un choc, mais elle ne le montra pas, se contentant d’accepter sa portion de pomme. Si il ne lui arrivait rien de pire que de manger un fruit, alors elle voulait bien recommencer l’expérience aussi souvent qu’il le voulait. Mordant à son tour dans le précieux butin, elle laissa échapper un léger sourire de satisfaction alors que le jus roulait sur sa langue, avant de reprendre son masque d’impassibilité et de reporter son attention sur le « Grand ». Elle en avait presque oublié sa peur, même si elle restait sciemment dos à la sortie. Au cas où.
« C’est gentil. » le remercia-t-elle.
Il lui parla alors de Fagorn et du traitement qu’il réservait aux enfants des rues. Outre le fait que le forgeron n’avait reçu que des louanges de la part de Fouineur - fait rare pour être noté, le gamin étant connu pour être un râleur invétéré -, cette histoire sonnait un peu trop comme une mauvaise blague.
« Je crois qu’on vous a menti, monsieur… »
Et à son intonation, il était clairement audible qu’elle lui demandait de se nommer. Un nom, ce n’était pas grand-chose, mais ce n’était pas réellement agréable de parler à quelqu’un dont on ignorait tout. Vu la façon cavalière dont il l’avait isolée, il lui devait au moins ça.
« Vous étiez obligé de me mettre le doigt dans l’œil ? » lui demanda-t-elle finalement, un brin accusatrice. |
| | | Ybu Ziewyn
Humain
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Lun 5 Juil 2010 - 14:44 | |
| Elle avait peur. Autant c’était un fait que Ybu ne pouvait comprendre, mais au vue de ses agissements et de son physique, ça n’étonnerait personne d’autre que lui. Il avait une bonne tête si on ôtait toutes ses extravagances. Enfin, elle acceptait déjà ce qu’il lui proposait, c’était déjà un grand pas. Pauvre petite.
Je crois qu’on vous a menti, monsieur… On m’aurait menti alors ? Je me disais bien que ce mendiant était un charlatan. Diantre ce que je peux être naïf ! Et, tu peux m’appeler Ybu. Tu peux balancer ton vouvoiement avec moi, ça me … ça me gène terriblement.
Il feignit de se cacher de ses mains et de fuir le regard de l’enfant qui lui faisait face. Ainsi il lui avait donné son véritable nom, elle ne devait sûrement pas avoir conscience du grand ou, ou plutôt l’immense honneur que cela représentait de connaître la véritable identité de cet escroc pure souche. Un nom. Ça ne valait pas grand chose pour une personne lambda, mais pour cet énergumène sorti tout droit d’une poche de clown de rue il en était tout autre, il représentait ce qu’il était vraiment et qu’il ne daignerait sûrement pas mentir à cette enfant par la suite.Ils sont si innocents que c’était un acte qu’il ne pouvait se permettre de faire. Sensation étrange.
A moins que je ne me sois découvert une face cachée de devin extraordinairement talentueux, je ne pense pas que tu te nommes Larelia. Quel est ton nom ?
Larelia. Ça ne lui allait pas du tout. Même s’il ne sous-estimait pas son sixième sens sûrement très développé – rassurez-vous, ses chevilles vont très bien – ce nom ne lui convenait pas, ça faisait trop bourgeois et aristocrate coincé et ne s’accordait pas avec son visage blanc comme neige. « Oh qu’elle devait en faire fondre plus d’un », c’était la chose qui venait à l’esprit du brun, oui, il était vrai que sa façon de penser et de voir les choses était différente de bon nombre de personnes et cette fois-ci n’y fit pas exception. C’était une enfant de rue rattrapée par la dureté d’une vie pareille. Mais il ne la prendrait certainement pas en pitié, non, vraiment, il était tout simplement attendri par cette douceur enfantine. Il ne voyait pas ses pommettes saillantes comme des marques de sa maigreur mais comme marque d’une adulte précoce. Il ne voyait pas ses cernes, certes contrastant avec sa pâleur, il voyait ses yeux. Une enfant. C’était beau un enfant.
Vous étiez obligé de me mettre le doigt dans l’œil ? Son sourire se prononça. C’était mignon quand ça se plaignait ces bestioles. Excuse-moi encore, je ne souhaitais pas te blesser, ma maladresse et mon manque de courtoisie me perdront un jour, on ne cesse de me le répéter. Tu veux un peu d’eau ? Je ne voudrais pas que de si jolis yeux que les tiens soient rougis par le fruit de mon égarement.
Il farfouilla tour à tour dans plusieurs poches de son manteau toutes, en apparence, plus petites les unes que les autres et finit par en tirer d’un air triomphant une outre d’eau à peine remplie, puis la tendit à la jeune fille. Il s’en versa un petit peu dans le creux de la main et en avala le contenu pour lui montrer qu’il n’y avait rien à craindre non plus de ce liquide qui aurait pu abriter autant de poison et autres produits nocifs que la pomme qu’il lui avait précédemment passée.
Mais dis-moi … Qu’est-ce qu’une petite fille comme toi pouvait bien faire près de la forge de Fagorn. Il n’a, à ce que je sache, pas d’enfant et encore moins de petit enfant. Une évidence lui sauta alors aux yeux. Je ne t’ai pas dérobée à tes parents qui seraient des potentiels clients de ce vieux fabricants d’armes j’espère ?
Euh non, le rôle de kidnappeur d’enfant, trop peu pour lui. Ce n’était pas vraiment l’étiquette qu’il souhaitait porter sur le front. Mais c’est vrai qu’il n’avait pas plus réagi que ça à la situation. Les enfants orphelins ne manquaient pas à Diantra, mais rien ne lui disait qu’elle en était une. Il était légèrement plus âgé qu’elle lorsqu’il avait été lâché dans l’enfer de cette capitale Humaine, livré à lui-même et avait eu la chance de se dégoter un protecteur certes aigri et qui en avait vu passer des dizaines d’années mais bien généreux ce vieillard. Ah ! Ce cher Ghurt. |
| | | Nilah Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Mar 6 Juil 2010 - 14:14 | |
| Nilah avait la désagréable impression que le sieur Ybu ne la prenait pas au sérieux. Avec son histoire d’ogre à dormir debout, d’abord, puis avec ses mimiques dignes d’un enfant de trois ans. Elle se contenta de le regarder en silence, comme s’il n’était même pas digne de son attention. Il restait un énigmatique personnage, tout de même. La gamine n’arrivait pas à cerner ce qu’il pouvait bien lui vouloir. Elle l’avait aidé à voler une pomme… Ce n’était ni le casse du siècle, ni une raison suffisante pour la plupart des gens pour poursuivre une conversation ensuite. Enfin, il cherchait peut-être à tout simplement passer le temps, histoire d’être sûr que le brave et infortuné Hubert ne les trouve pas sur son chemin de retour.
« Nilah. » répondit-elle simplement quand il lui demanda son nom.
Elle aurait pu ajouter sa véritable signification, c’était une des rares choses qu’elle gardait - avec le collier d’esclave fièrement porté à son cou - du Puy, mais elle n’en voyait pas l’utilité. S’il savait parler la langue des sombres - ce dont elle doutait sincèrement - il comprendrait sans aide, et sinon il n’avait rien à gagner à connaître un mot d’une langue étrangère. En réalité, Nilah ne savait ni quoi faire, ni quoi dire. Elle aurait très bien pu partir, mais quelque chose l’en empêchait. Peut-être un brin de curiosité. Il était, avec Aidan, le seul étranger qui n’avait pas cherché à lui nuire… Quoi que son entrée à lui avait été un brin moins spectaculaire. Elle s’en plaignit d’ailleurs, arguant le fait qu’elle aurait préféré qu’il ne s’attaque pas à ses yeux.
Elle aurait aussi préféré qu’il évite de sourire aussi facilement.
Comment avait-il pu recevoir de telles blessures ? Vu leur forme, elles n’étaient pas le fruit du hasard. Elles étaient trop symétriques. On aurait dit un dessin, tracé amoureusement à la pointe d’une dague. Il cachait sans aucun doute un lourd passé, peut-être avait-il été enlevé, séquestré, torturé… Et autres verbes en « é » synonymes de malheurs et de souffrances. Sur le coup, l’enfant le prit en pitié. Elle attrapa la gourde qu’il lui tendait, signe qu’elle acceptait ses excuses, et la vida tant elle avait soif. De toute façon, soif ou pas, quand on lui proposait de l’eau, elle n’allait pas faire la difficile, ce n’était pas comme si elle avait accès à l’élément de Tyra quand elle le souhaitait. Quand il ne resta plus rien à boire, elle lui rendit sa précieuse gourde, et s’essuya les lèvres avec sa manche.
« Mais dis-moi … Qu’est-ce qu’une petite fille comme toi pouvait bien faire près de la forge de Fagorn. Il n’a, à ce que je sache, pas d’enfant et encore moins de petit enfant. Je ne t’ai pas dérobée à tes parents qui seraient des potentiels clients de ce vieux fabricants d’armes j’espère ? - Non, non, répondit-elle avec détachement. Fouineur m’en avait parlé, j’étais juste venue voir. »
Qu’avait-il donc craint ? Que des gardes lui tombent dessus alors qu’une mère éplorée fondait sur sa fille enfin retrouvée ? Sa mère ne risquait pas de venir la chercher, là où elle était, pas plus que son père. Pour ce qu’elle en savait, ils étaient peut-être morts, même si elle n’avait aucun moyen d’en être sûr. Déjà parce qu’elle avait fait ce qu’il fallait pour oublier cette partie de sa vie - inconsciemment, certes, mais le résultat était le même - et aussi parce qu’elle n’avait aucun moyen de les contacter. Le Puy n’était pas réellement la porte à côté. Gênée par le soleil, elle fit un pas en arrière pour se réfugier dans l’ombre, bien moins agressive pour ses pauvres yeux. Au dessus de sa tête, les corbeaux se posèrent aux alentours, comprenant sans doute qu’elle ne bougerait pas avant un moment. Nilah ne leur accorda même pas un regard, c’était inutile, elle avait l’habitude après tout. Restait à savoir combien de temps mettrait Ybu pour lier la gamine qu’il avait embarqué et les corbeaux qui le suivaient depuis.
« Tu fais souvent ça ? Voler et choisir un complice au hasard pour t'en sortir ? » |
| | | Ybu Ziewyn
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Jeu 8 Juil 2010 - 10:11 | |
| Nilah. Nilah. Quel joli prénom. Il le jugeait presque aussi magnifique que le sien qui était, avouez-le, sans pareil de magnificence. Heureusement, il n’étais pas nouvellement mêlé dans une affaire d’enlèvement d’enfant, ou du moins, celle-ci n’appartenait à personne – il était, certes, cruel de parler de la sorte n’est-ce pas ? Pauvre petite gamine, était-elle orpheline ? Vivait-elle livrée à elle-même dans cet enfer urbain ? Il doutait fortement qu’un potentiel refuge pour enfant perdus ait été érigé dans la Capitale et même si ça en avait été le cas, il ne laisserait certainement pas leurs petits protégés auxquels ils tiendraient tant gambader droite à gauche près des fours et des instruments dangereux d’une forge, peu importe leur âge. Tient leur âge, quel âge pouvait-elle bien avoir ? Dix, douze, quinze ans ? Non, peut-être pas tant. Etait-il sans cœur pour penser à l’âge de cette petite plutôt qu’à ce qu’elle venait de sous-entendre ? Sans parent, sans famille. Lui, il s’y était vu. Elle, il ne l’y voyait pas.
Fouineur m’en avait parlé, j’étais juste venue voir.
* Fouineur ? C’est quoi ça un rat apprivoisé ? * Voilà ! Il avait trouvé, c’était ça son aura spécial dégagé dès qu’on posait les yeux sur elle, elle parlait aux bêtes. Et le pire dans l’histoire c’était que ce fou commençait à y croire dur comme fer. * Ou alors un renard, ça fouine un renard, beaucoup même. Quoique, c’était peu plausible. C’est pas vraiment l’animal du coin ces bêtes-là. Bon sang, je veux savoir son truc. *
Tu fais souvent ça ? Voler et choisir un complice au hasard pour t'en sortir ? Oh non, pas vraiment. Seulement quand je trouve des petites brunes aux yeux verts devant les forges de Fagorn. Et, crois-le ou pas, il y en a eu beaucoup, même que plusieurs y ont cru à cette histoire de mangeur d’enfants. Il fit mine de réfléchir un instant en regardant au ciel, passant par la même occasion son regard sombre sur ces corbeaux qui l’étaient tout autant. Ou attends finalement, peut-être pas tant que ça en fait. Il poussa même cette farce ridicule au bout lorsque qu’il commença à compter sur doigts – chose que ce vieux Ghurt avait mis particulièrement de temps à lui enseigner. Si l’une d’elle m’a échappée en courant et hurlant au diable, je l’écarte du compte ou … ?
Elle était lucide ? Il s’en fichait. Faire le clown, le fou, les farces, c’était son passe temps et peu importe son public, il les poussait à fond. Un léger sourire aurait quand même réussi à fleurir son ego davantage. Très bien, il se contenterais de … du moindre signe qu’elle aurait pu envoyer même si ce n’était pas volontaire, voilà.
Certaines ont eu de la chance, Hubert avait été allégé d’un festin la dernière fois. C’est peut-être d’ailleurs pour cela qu’il m’a repéré un peu plus facilement que les autres fois, c’est qu’il me guette ce petit homme. Je suis devenu son ennemi public numéro un, il fera mon portrait bientôt et le placardera à côté de son échoppe pour prévenir les passants. Tant qu’il prend mon bon profil, ça me va.
Oh, il aurait pu déballer sa vie entière à un parfait inconnu. Enfin … sa vie. Une vie. Qu’elle soit sienne, il ne fallait pas trop espérer non plus. Les gens se contentaient souvent d’histoire et de contes créés de toute pièce par la machine merveilleuse qu’était son imagination. Et là ! Paradoxe. Il ne racontait pas un de ces contes à une enfant mais sa véritable histoire – oh, un bout, vous n’allez pas pinailler – à lui, Ybu Ziewyn, le plus beau menteur que cette ville ou que même tout Miradelphia n’ait jamais connu. Honneur, honneur. Tu n’en as certainement pas conscience ma petite Nilah, ça viendra, ça viendra.
Natalrahc ! Je veux récupérer ma possession ! Viens là vieille canaille ! Oh tient ! On a de la visite.
Elle n’allait pas aimer ce qui suivrait. Elle aurait même sûrement très peur car il doutait fortement que la magie soit chose qu’elle rencontre habituellement. Il se redressa de toute sa hauteur, ce qui venait à dépasser Nilah de … beaucoup, puis l’écarta de la sortie de leur supposée impasse, passant devant elle – ou plutôt derrière, mais je vous avez dit de ne pas pinailler. Le sourire d’Ybu s’effaça et il adopta une posture, à peine exagérée, qui lui permettait de contenir ce qu’il s’apprêtait à lancer. L’illusion qu’il devrait représenter était de taille assez conséquente et devait être assez réaliste, il ne s’agissait pas là de manier les éléments ou autres choses habituelles et cette barrière n’était qu’une sécurité au fond. L’image se façonna assez rapidement, le temps n’était pas vraiment une chose qui leur été offerte, peu à peu, une réplique du mur de la bâtisse voisine se forma pour leur masquer la vue de cette ruelle annexe dont ils étaient venus. Ce n’était pas vraiment du grand art et l’artiste se critiqua lui-même avant de retomber dans la réalité. Il fit volte face pour précipiter Nilah vers le mur réel, lui.
Ecoute, c’est simple. Je vais positionner mes mains de telle sorte qu’elles puissent t’aider à prendre un peu de hauteur, tu passeras alors ce mur sans grand mal, aie juste l’intelligence d’esprit de m’accorder une minute de ta confiance. Tu y arriveras ?
Le mur n’était pas trop haut s’il l’aidait. Quand il serait le temps de le passer à son tour, ce sera différent, se lancer dans les illusions complexes qu’il ne maîtriser pas du tout pour se confectionner une prise était quelque chose qu’il ne pourrait pas tenter. Tant pois, il n’aurait qu’à attendre et perfectionner sa première illusion, il taperait la causette avec la gamine - si elle ne s’était pas déjà enfuie – avec l’obstacle d’un mur. Tant qu’il ne revoyait pas la face d’Hubert pour l’heure, il se porterait bien. |
| | | Nilah Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Mer 28 Juil 2010 - 2:00 | |
| Une chose était claire : Ybu ne la prenait pas au sérieux. Pire, il la considérait manifestement comme une attardée. Ses mimiques étaient, il fallait l’avouer, ridicule… Et amusantes, il fallait l’avouer. On aurait dit un bouffon de foire, un bouffon qui jonglait avec les mots et les grimaces et non avec les boules de chiffon habituelles. Pourtant, Nilah ne se permit pas un rire, ni même un sourire, pas plus qu’un plissement de lippes amusé. Ce n’était guère dur, d’ailleurs, Fouineur n’arrêtait pas de se plaindre du manque d’humour de sa « protégée ». Seul geste trahissant son attention, elle pencha légèrement la tête sur le côté, comme pour le regarder sous un angle différent.
« Ca compte si c’est la vérité », répliqua-t-elle le plus sérieusement du monde à une question qui n’attendait aucune réponse, pur exercice de rhétorique qu’il semblait maitriser à merveille.
Si seulement elle avait connu le mot, elle aurait pu s’en méfier d’avantage. Il continuait sa fable. Nilah, attentive, ne prêtait plus attention aux corbeaux qui, toujours, voletaient au dessus de sa tête. Elle était entièrement concentrée par les paroles de son « kidnappeur », devinant qu’il y avait une part de mensonge – il forçait tellement le trait, d’un autre côté – mais n’ayant aucun moyen de deviner jusqu’à quel point il travestissait la vérité. C’était un exercice intéressant, aussi novateur qu’inattendu. Instinctivement, la sang-mêlé du se rendre à l’évidence : elle l’aimait bien, tout autant étrange qu’il fut… Peut-être parce qu’il était étrange, justement.
« Un voleur efficace n’a de connu que ses méfaits, non son visage », cita-t-elle.
Une phrase qu’elle n’aurait pu formuler elle-même mais qu’elle avait retenu facilement tant elle lui paraissait juste. Elle taquinait d’ailleurs Fouineur dès qu’elle le pouvait, affirmant qu’il n’y avait pas un commerçant à Diantra qui ne connut sa frimousse. Mais déjà, on les interrompait, avec véhémence qui plus est. Surprise, Nilah se retourna d’un bloc, le cœur battant la chamade. Elle avait beau avoir de la sympathie pour le géant bavard, elle n’avait aucune envie de payer pour ses « crimes ». Elle savait très bien ce qui arrivait à la main d’un voleur, et préférait encore payer ses larcins plutôt que ceux d’un inconnu. Croisant un instant le regard du nouvel arrivant, elle se rendit compte avec soulagement qu’il se moquait éperdument d’elle. Tout ce qui l’intéressait était Ybu… Ou, dans sa bouche, Natalrahc. Elle ne savait pas quoi faire, mais heureusement pour eux deux, Ybu, si. Un instant, elle était devant lui. L’instant d’après, il l’avait écartée, et l’avait dépassée. Surprise, elle s’était laissée faire, et contemplait désormais son dos. Si bien qu’elle ne vit pas directement le mur apparaître. Par contre, elle sentit le sortilège dès qu’il l’entama. Ses bras furent parcourus des fourmillements habituels, qui se transformèrent sans plus de surprise en de dérangeantes démangeaisons. Levant instinctivement les yeux au ciel, elle remarqua avec soulagement – et surprise – que ses fidèles corbeaux ne s’affolaient pas comme il le faisait d’ordinaire… Il déglutit péniblement, et comprit qu’elle n’était pas à l’origine du phénomène.
Etait-il comme elle ? Ce ne fut que quand cette pensée, surprenante et inédite, fusa dans son esprit qu’elle se rendit compte de la situation. Le fameux Hubert n’était plus devant eux. Il n’y avait rien d’autre devant eux qu’un mur qui n’y était pas quelques minutes plus tôt, et ce malgré le poids des ans qu’il semblait supporter.
« C’est impossible. »
L’affirmation aurait pu être touchante, si elle n’avait pas été prononcée en pareilles circonstances. Elle fit un pas en avant, comme pour aller vérifier la solidité du mur, mais Ybu ne semblait pas d’accord et lui attrapa l’épaule, la tirant vers un mur jumeau de sa création. Elle se laissa faire, lui lançant tout de même un regard trahissant sa peur naissante, et elle fut soulagée quand il la lâcha.
« Ecoute, commença-t-il, et elle comprit qu’il ne jouait plus. C’est simple. Je vais positionner mes mains de telle sorte qu’elles puissent t’aider à prendre un peu de hauteur, tu passeras alors ce mur sans grand mal, aie juste l’intelligence d’esprit de m’accorder une minute de ta confiance. Tu y arriveras ? - Je… » N’ai rien compris ? C’était plus ou moins ce qu’elle avait été sur le point de se dire. Se forçant au calme, elle se mordit la lèvre inférieure en tentant de comprendre ses paroles, et finit par hocher la tête. « Je vais essayer. » |
| | | Ybu Ziewyn
Humain
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Jeu 29 Juil 2010 - 22:29 | |
| Lui en demandait-il tant que ça ? Une courte échelle, ce n’était pas sorcier non plus quand même. Il n’avait pas l’air de saisir ce que la petite Nilah aurait bien pu ressentir à ce moment et depuis les dernières vingt minutes, c’était quelque chose qui lui passait un peu au dessus pour l’heure. Ecoutant les grognements du vieil Hubert derrière le mur dont il était l’illustre créateur, il se mit à songer une seconde que le vieux marchand voudrait sans doute toucher ce fameux mur, que ce soit pour tambouriner dessus avec ses grosses mains calleuses ou bien se jeter dessus puisqu’il l’avait vu apparaître sous ses yeux. Pour l’instant, Ybu pouvait compter sur sa surprise et il s’imaginait de loin la tête béate de tout homme qui verrait apparaître une chose pareille devant eux. Se précipitant à la base du mur, il y croisa ses mains et les présenta à sa jeune amie pour lui faire un marche pied – se faire un escabot du Menteur n’était là aussi pas donné à tout le monde, oh mon dieu, cette petite est bénie par les Cinq ! Elle pourrait s’appuyer sur son épaule également, ce n’est pas ce genre de poids plume – et encore, la création d’une catégorie encore plus légère aurait été nécessaire - qui l’enverra valser contre le mur. Encore heureux qu’elle ne fasse pas de caprice, le grand brun se retrouva avec une petite fille en guise de perroquet de pirate l’espace d’un instant. Ça donnait un genre, pas très commun … mais les circonstances ne le portaient pas à réfléchir sur comment apprendre à répéter à un oiseau humain – chose bien étrange à dire – ses moindre dire quand il serait à bord d’un navire à moitié mité. Et puis de toute manière, il n’avait pas le pied marin.
Attends juste sur le bord, il doit être assez large pour que tu y sois bien installée sans la nécessité des aptitudes d’un funambule hors pair.
C’est vrai qu’il n’avait pas pensé une seconde à la redescente en fait, c’était bien beau des les monter ces quelques deux mètres cinquante voire plus mais la descente pour une petite qui faisait à peine la moitié du mur risquait d’être un peu plus effrayante. Manquerait plus qu’elle ait le vertige tient ! A trois mètres de hauteur, et là, bonjour pour la faire redescendre de son nouveau perchoir. Il lâcha la concentration qu’il apportait à son illusion un instant pour sauter majestueusement – ah non, ce n’était pas un semblant de saut comme une poule ferait un semblant de vol, il y avait de la maîtrise au final là-dedans – et venir se hisser à califourchon sur le haut du mur, face à Nilah. Il ne s’attarda pas plus longtemps que pour remachiner quelque chose en direction de son mur de fortune qui ne tiendrait pas bien longtemps s’il le lâchait constamment, passant sa jambe côté « Liberté » il se laissa tomber sur le pavé dur d’une nouvelle ruelle, une réception ô combien parfaite – de la maîtrise vous dis-je, de la maîtrise … - puis se retourna vers Nilah qui pouvait se reposer sur la satisfaction de le voir de haut, ce n’était pas donné à n’importe quel petit schtroumpf dans son genre – bon sauf que ce schtroumpf là, il était pas bleu mais plutôt blanc œuf, bref, c’était pas plus mal, le bleu, c’est moche.
Bon, j’étend mon forfait confiance encore un peu, eh oui, j’ose déjà taper dans les extras. Si tu sautes, je te rattrape. Comment te dire que l’adresse, l’habileté et le rattrapage de choses en tout genre c’est mon rayon ? Maintenant tu peux choisir de descendre seule, ce serait embêtant que tu te fasses mal.
De toute manière, si elle tentait sa descente en solitaire, il serait en dessous pour la rattraper en cas de chute, très probable vue que le mur était quasiment lisse. Il réfléchissait à un autre moyen de la faire descendre de façon parfaitement sécurisée sans qu’il n’ait à la toucher ce qui avait l’air de particulièrement l’effrayer. Beh quoi ? Il n’avait pas la rage ni la peste à ce qu’il sache. Tenter de créer une illusion matérielle était trop dangereux et elle n’aurait certainement aucune envie de se jeter sur une montagne de coussins apparus devant elle à la seconde même, comme ça avait été le cas pour le mur. Le mur ! Bon sang, il ne pouvait pas le tenir correctement s’il était hors de sa vue. Il fallait qu’elle se dépêche de descendre avant d’affronter … directement le marchand – quoi que, vue la petite taille d’Hubert, il ne réussirait pas à l’approcher à moins d’un mètre, Ybu se figurait déjà la scène du petit gras sautant de toute sa taille, ses bras potelés tendus vers la frêle petite fille, ah ! comique.
Ou alors, tu restes là-haut, à admirer ce magnifique paysage de rues, de dessous de toits, de façades de maisons et autres fenêtres délabrées. Pas mal comme lieu de résidence, j'y passerai bien mes vieux jours. Aucune autre possibilité ne lui était offerte, les toits étaient trop hauts et il était strictement impossible qu’elle sache voler. Tseuh, elle n’avait même pas d’aile ! Ou alors, bien cachées sous son léger haillon qui la couvrait de part en part. Oh la vile ! Il s’était trompé sur son compte, elle ne parlait pas aux animaux, il était carrément probable qu’elle sache voler. Fou, oui. Complètement fou. Natalrahc ? Natalrahc ! Je sais que c’est toi, rends-moi ce qui m’appartient tout de suite ou tu goûteras de mon … de mon … et toi petite ! Rends-la moi, c’est toi qui a ma pomme hein ? Avoue-le. Passe-la moi et je ne te ferais pas d’histoire … Passe-la moi par les Cinq ! Le vieux était aussi excité que si on lui avait dérobé l’intégralité de sa marchandise. Une pomme, ce n’était qu’une pomme. Il s’était complètement reculé de sorte qu’il puisse apercevoir Nilah, ce qui le rendait très distant des deux protagonistes et l’obligeait à crier comme une poissonnière – la voix un peu plus virile, juste légèrement. Tant pis pour sa pomme, elle ne pourrait pas vraiment ressortir de là où elle était de toute manière. Brrr, rien que d’y penser, la chose était peu ragoûtante.
Nilah, n’aie pas peur de ses menaces, il ne te fera rien et tu n’as en aucun cas à t’inquiéter. Ma tête ne lui revient pas et il se l’est encrée fermement dans un coin de tête de vieux grand-père radoteur, mais, de façon générale il n’a absolument pas la mémoire des visages, jamais il ne pourra se souvenir de toi. Fais abstraction de sa présence.
Tout sourire était absent de son visage si ce n’est ses faux traits gravés à jamais s’étirant de ses commissures, rassurer les gens ce n’était pas son fort, il avait si peu l’habitude de s’en préoccuper la majeure partie du temps il fallait le dire, cette fois faisait exception à un peu tout dans son passé de menteur, de charlatan et de tout autre. Et encore, pour le moment, son ego – s’il n’avait été récompensé d’un rire ou même sourire pour sa superbe histoire – s’enorgueillit déjà de faire la chose à merveille. Ben quoi ? Nilah était perchée là-haut non ? |
| | | Nilah Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Ven 27 Aoû 2010 - 23:01 | |
| Nilah n’avait pas prévu de se retrouver ainsi perchée à une telle hauteur, quand elle avait décidé – ou, plutôt, quand on avait décidé pour elle – qu’elle accompagnerait le géant Ybu. Juchée sur son mur, elle serrait ses petits poings jusqu’à s’en faire pâlir les jointures, agrippant la pierre et serrant des dents pour garder son calme. Au dessus d’elle, les corbeaux planaient mollement, croassant parfois ce qui pouvait ressembler à de l’amusement. L’enfant, elle, ne s’amusait pas du tout, ne comprenant même plus ce qu’elle faisait dans une telle situation. Et le pire qu’elle était purement et simplement coincée, sauter était hors de question. Elle allait devoir attendre le bon vouloir du responsable de ses malheurs. Responsable qui la rejoignit bien vite, avec une aisance impressionnante. Plantant son regard dans le sien, Nilah tenta de le faire culpabiliser. Peine perdue, il passait déjà de « l’autre côté », l’abandonnant à son sort. Un coup d’œil lui montra un mur qui commençait doucement à s’altérer. Certaines pierres paraissaient plus pâles, d’autres disparaissaient carrément, si bien qu’elle crut apercevoir la main de leur poursuivant. Une main bien agitée, qui n’arrêtait pas de se serrer et de se desserrer.
La voix d’Ybu l’arracha à ce spectacle si particulier. Tournant la tête en sa direction, sans trop baisser le regard de peur d’avoir le vertige, elle l’écouta avec attention, attendant le moment où il lui donnerait la solution qui la tirerait d’affaire. Sa patience devait rapidement être récompensée, alors qu’il lui proposait de la réceptionner si elle trouvait le courage de sauter dans ses bras. L’idée était tentante, mais arrivait un peu trop tard. Elle avait tant contracté ses muscles qu’elle doutait soudainement d’être seulement capable de bouger. Elle tenta de lever un bras mais ne put le faire que trembler, ce qui confirma ses doutes.
« Je ne veux pas rester là haut », répondit-elle à sa petite provocation.
Au même moment, le mur devenait assez flou pour que le marchand puisse l’apercevoir directement. Il avait beau être ridicule, à tant tenter pour un simple fruit, il n’en restait pas moins vindicatif et, par la force des choses, intimidant. A nouveau, Ybu lui parla, l’encourageant à faire la part des choses et, surtout, à ignorer l’énergumène qui lui criait dessus. Mine de rien, elle aurait bien voulu qu’ils se taisent tous les deux.
« Tu me rattrapes ? » demanda-t-elle, connaissant déjà la réponse mais ne pouvant faire autrement. La pauvre avait besoin d’être rassurée, et se faire crier dessus ne l’aidait pas. Fermant les yeux, elle répéta sa question. « Tu me laisses pas tomber, hein ? »
Avec un effort de volonté immense, elle passa sa jambe du fameux côté « Liberté ». Le cœur battant la chamade, elle regarda son futur sauveur. Il lui semblait qu’il était à des kilomètres, et qu’elle ne pourrait que tomber entre lui et le mur. Pourtant, elle sauta, fermant les yeux et lâcha le cri le plus aigüe que sa gorge eut jamais enfanté. Il n’eut pas le temps de s’éterniser, et c’était sans doute mieux pour l’audition de tous, mais il fit tout de même son petit effet. Le hasard de sa chute voulut que ses cheveux, pour la première fois, laissent apparaître la forme légèrement pointue de ses oreilles.
Comme s’il était une bouée et son seul moyen de rester en vie, elle s’agrippa à Ybu avec une force similaire à celle qu’elle avait utilisée pour rester sur le mur. Il allait lui falloir quelques minutes pour retrouver un rythme cardiaque normal, pour sur. |
| | | Ybu Ziewyn
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Mer 1 Sep 2010 - 21:48 | |
| Vindicatif ? Un peu comme les panneaux ? – comprendra qui pourra – Oui, bon, non en fait. C’était un peu une sorte de mécanisme de défense dans la déclinaison de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf. Il y aurait mis ses mains à couper – et pourtant dieu sait ce qu’il pouvait les aimer … ses mains – jamais Hubert ne se vengerait très méchamment, puis, il se le répétait, sa mémoire égalait celle d’un poisson rouge avec l’immense honneur d’avoir fait l’exception pour le voleur que notre cher ami était. Quelle veine !
Je ne veux pas rester là haut.
Ben un peu normal en soit. Pour quelqu’un comme lui, concevoir la peur de ce genre de chose commençait à relever de l’absurde. Il essayait tant bien que mal de se mettre dans la peau d’une fillette de … bon une gamine quoi, lui qui avait toujours été attiré par les hauteurs, voilà qu’elle préférait les fuir. Bon d’accord, qu’elle veuille les fuir soit, il avait tout à lui pardonner puisqu’il l’y avait trainée, mais qu’elle se dépêche de les quitter ses hauteurs. Il ne pouvait pas voir l’état de son mur de fortune ce qui l’empêchait considérablement de tenir une illusion correcte et vraisemblable. Une fois que le marchand se serait aperçu de la supercherie et remis du choc que cela occasionnait, une tentative pour le toucher et tout tombait à l’eau.
Tu me rattrapes ? Tu me laisses pas tomber, hein ? En tout autre situation, c’aurait été presque attendrissant mais, la patience n’étant vraiment pas sa qualité principale, Zébulon commençait à piétiner sur place non sans lâcher l’enfant des yeux – chose pas si rassurante que ça, si ? Je ne te laisserai pas tomber Nilah.
A peine eut-il finit sa phrase qu’elle sauta enfin de ce mur criant telle une harpie à qui on aurait arraché la dernière de ses plumes, en somme, quelque chose de suraigu qu’il était presque impossible de concevoir venant d’un être humain lambda. Oreilles agressées, il n’en fut pas déstabilisé pour autant et rattrapa le petit corps de la jeune fille comme il lui avait promis. Il crut un moment avoir halluciné en voyant le visage de la petite lorsqu’elle s’était laissée tomber. La lumière surplombante du soleil ne jouait pas en sa faveur et l’avait sans dote un peu trop aveuglé, comme un présent qui tombe du ciel, il avait du rêver, n’empêche … il vérifierait, à l’occasion, se tromper ne faisait pas partie de ses occupations quotidiennes et rester dans le doute non plus d’ailleurs. Une plume, une véritable plume. Il se garda de montrer ouvertement son doute et affichait toujours un sourire radieux – terrifiant pour d’autre, mais les autres avaient de biens étranges façons de le voir, vous y croyez vous ? Il n’avait pas vraiment pour objectif de la reposer tout de suite au sol et son étreinte renforcée le poussa à faire comme il avait tout bonnement prévu.
Tu devrais serrer encore un peu plus fort, on sait jamais, je pourrais te lâcher hein.
Elle ne lui faisait pas du tout mal mais c’était une situation amusante. Il la soulevait comme une princesse mais le tableau était bien loin d’être aussi anodin qu’un pseudo conte de fée bon à enchanter la marmaille à peine sortie de l’allaitement maternel. Elle était si légère qu’elle ne le gênerait strictement pas pour courir et s’échapper de la place marchande où vagabondait encore leur poursuivant acharné, il pourrait ensuite relâcher sa captive sans crainte de se faire encore déranger par cet abruti au cerveau à peine plus gros qu’un … que … ben tient, que l’œil d’un de ces corbeaux qui semblaient bien apprécier le spectacle qui se déroulait à Diantra aujourd’hui. C’est vicieux un corbeau. La course qui s’en suivit fut muette, ni l’un ni l’autre ne parlait, l’improviste athlète préférait conserver son souffle pour tenir la distance le plus longtemps qu’il put. Il avait toujours su que son endurance était bien au delà de celle de n’importe qui de mortel – ce cher Ybu tient à signaler que ses chevilles vont très bien, c’est bien aimable à vous de vous en inquiéter - drow, elfes et toutes ces salades hors courses, au fond, ils ne faisaient que tricher ces immortels.
Ils s’étaient éloignés de la place du forgeron sans pour autant avoir parcouru la moitié de Diantra – quoi, quoi, c’est un défi ? – mais personne ne les avait remarqués. Décidément, les empotés qui peuplaient cette ville étaient plus aveugles que ne l’étaient les cinq Gardiens. Ybu finit par relâcher doucement Nilah et la faire glisser au sol, il s’attendait presque à ce qu’elle reste agrippée tant sa prise avait été forte. Il lui épargna un « Terminus, tout le monde descend ! » qui aurait sûrement été récompensé d’un superbe regard noir de celle qu’il ne cessait de trimbalait de droite à gauche, contre son gré, depuis bientôt une heure, peut être plus. Il s’abaissa à sa hauteur car il ne supportait pas la regarder de haut, c’était comme se sentir incroyablement supérieur et vouloir ouvertement lui montrer, à elle, une enfant. Il aimait bien les enfants. On put souvent entendre que la vérité sortait souvent d’entre leurs lèvres et bien chez lui, c’était quelque chose de contagieux, il ne pouvait leur mentir … rien à voir avec la capacité mais, c’était une question de principe.
Dis moi, voudrais-tu manger autre chose ? Ces péripéties doivent d’avoir ouvert l’appétit. Tout en rime s’il vous plaît ! Ouvert l’appétit … Il était loin de se douter de la vie que pouvait mener la gamine mais il en imaginait les grands traits, il était passé par là lui aussi après tout. La faim qui vous dévore de l’intérieur à n’importe quel moment de la journée, nuit et jour, le moindre aliment ingéré n’est que pour vous sauver de la mort et non pour sustenter une faim. Un ami à moi dans le coin sera très certainement d’accord pour t’offrir quelque chose. Et oui, contre toute attente, Ybu avait des relations, ceci aurait presque mérité des applaudissements.
Outre les choses qui lui étaient tombées dessus, il se sentait presque obligé de subvenir à ses besoins. Son visage d’enfant, sa pâleur de poupée et son regard le rendait aussi généreux qu’un prêtre de Dame de Deina, totalement paradoxal. |
| | | Nilah Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Jeu 2 Sep 2010 - 12:27 | |
| La course ne fut pas agréable, c’était le moins qu’on puisse dire. D’abord sous le choc de sa dernière péripétie – être suivie par des corbeaux ne lui donnait malheureusement pas des affinités avec les hauteurs – elle n’eut bientôt plus le choix : ballotée par la course effrénée de son moyen de transport improvisé, elle ne put que se raidir encore un peu plus et s’agripper à la pauvre tunique d’Ybu à s’en faire mal aux poings. Elle tenta bien de lui crier de s’arrêter, qu’elle pouvait très bien courir elle aussi, mais sa position inconfortable l’en empêcha, et elle serra les dents en attendant que cela cesse. Sautant littéralement au sol dès que son pas se ralentit, elle fit quelques pas pour s’éloigner de ce fou – furieux. Du moins essaya-t-elle, mais il semblait que le géant ne voulait pas la lâcher car, déjà, il s’agenouillait près d’elle, lui imposant la vision désagréable de son sourire sacrificiel. Par les Cinq, comment pouvait-on être si grand et si rapide en même temps ?
Manger ? Elle ne savait pas vraiment si elle avait faim, la demi-pomme qu’il lui avait déjà donnée était, comment dire… mal passée. Après un instant d’hésitation, elle secoua négativement la tête. Elle n’avait aucune envie de partir une nouvelle fois à l’aventure à ses côtés, elle était pour le moment très bien les deux pieds au sol. De nouveau, elle fit un pas en arrière, instaurant pour la deuxième fois la distance de sécurité qu’elle jugeait nécessaire, puis prit le temps de repenser à ce qu’elle venait de vivre et…
« Comment as-tu fait ? » La question pouvait surprendre, posée ainsi, mais Nilah ne sembla pas effleurée par l’idée. Fronçant des sourcils, elle fixa Ybu avec la volonté claire d’avoir une réponse. « Je sais que c’était toi, je l’ai senti. »
Deux solutions, alors. Soit Ybu ne comprenait absolument rien à son baratin… Soit il se souvenait de l’étrange mur qu’il avait fait jaillir de nulle part et ne pouvait en conclure qu’une chose : sa petite amie – petite car il fallait avouer que Nilah n’était pas bien grande, et rien de plus – avait quelques dons en friche. Serait-il intéressé ? Souhaiterait-il la former ? Il n’y avait rien de moins sûr, l’homme ne semblait pas être de ceux qui s’attachaient à des choses aussi bassement matérielles que des enfants. Quoi que la sang-mêlé, bien que petite pour son âge, avait déjà atteint un âge respectable, était autonome plus que de raison et pouvait faire preuve d’une grande maturité par moment.
Peut-être fatigué de voler, un des trois corbeaux qui flânaient dans les environs vint se poser non loin des deux compères, croassant sinistrement pour se manifester. En oubliant presque Ybu, Nilah fixa toute son attention sur ce qu’elle associait à un étrange phénomène. Les volatiles ne la lâchaient pas, certes, mais ils s’approchaient rarement autant, si bien que les rares fois où ils le faisaient, elle ne pouvait s’empêcher de les fixer avec méfiance. Mal à l’aise, elle fit un pas en arrière.
« Ils sont toujours là, murmura-t-elle doucement. Tu sais pourquoi ? »
Elle ne pensait pas qu’il pouvait l’aider, mais elle avait soudainement besoin de parler de ce lourd fardeau qu’elle traînait partout tel un boulet accroché à sa cheville. Il devait bien y avoir une solution, mais elle ne la connaissait pas. Elle était à des lieues de s’imaginer possesseur de dons magiques. Ybu, lui, était magicien, et peut-être pourrait-il comprendre, sentir ce don insoupçonné se débattre pour exister.
Dernière édition par Nilah le Lun 25 Oct 2010 - 0:09, édité 1 fois |
| | | Ybu Ziewyn
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Jeu 2 Sep 2010 - 14:22 | |
| Elle dénigra sa proposition ce qui n’était pas pour l’enchanter, l’appétit d’oiseau des enfants de rues était surprenant mais on ne crachait pas sur ce genre de cadeau même par politesse. Elle avait bien dit qu’elle ne croyait pas aux histoires d’ogres mangeurs d’enfants non ? Nilah finit par le couper dans ses pensées.
Comment as-tu fait ? Je sais que c’était toi, je l’ai senti. Je n’ai pas cherché à le cacher. En effet, il s’était même ouvertement donné en spectacle comme il aimait tant le faire, puisque, oui, il se doutait bien qu’elle parlait de son illusion de tout à l’heure. En fait, sans le savoir, elle venait de poser la question à la quelle il adorait répondre … enfin « répondre », à sa manière disons, étalant tout simplement sa petite fierté de magicien débutant qu’il était, ce que Ghurt avait mis tant de temps à lui inculqué dans sa caboche d’entêté rebelle. Il s’assied finalement à même le sol puis fixa l’enfant. Finalement ses yeux se fermèrent et il commença à marmonner des mots – si on pouvait appeler ça comme ça – strictement incompréhensibles même s’ils avaient été parfaitement audibles. Il était méchant de faire ce qu’il faisait surtout vue la peur dont la petite était transie, alors qu’elle ne cherchait qu’à s’échapper il lui façonna un muret de la taille gamine semblable à ce qu’il avait fait précédemment juste derrière le dos. La seule chose qui pouvait l’en avertir était l’ombre projetée car oui, ses illusions étaient peut être immatérielles – pour le moment hein – mais elles n’étaient pas une manipulation de l’esprit – encore une fois, tout était question de temps avec ces choses là – il était donc normal qu’elles subissent ombre et lumière, normal en somme. Il laissa le mur se façonner jusqu’à ce que Nilah s’en rende compte puis rompit le sort instantanément, sans lui laisser exprimer la moindre réaction.
Tu veux parler de ce genre de choses ?
Le premier mur ajouté à la course et maintenant ça, le fatiguaient déjà, ce qu’il se garda de montrer, voulant pousser son petit étalage de capacités un peu plus loin. Il n’attendit pas de réponse avant de se replonger dans un nouveau tour, il n’eut cette fois pas besoin de se concentrer plus que ça car la chose devenait régulière, il leva sa main comme s’il portait un plateau, main au dessus de laquelle se mit à vaciller une flamme mordante de réalisme – on a la classe ou on ne l’a pas. Elle ne risquait pas de le brûler, elle n’avait aucune consistance. C’était ce sur quoi il avait dernièrement travaillé d’ailleurs. Cette flamme donnait la lumière mais aucunement de la chaleur. Il y arriverait. Fermant brusquement la main il coupa l’oranger de sa création qui disparut aussi vite qu’elle était apparue. Jamais deux sans trois, homme de proverbe, il se mit à penser à quelque chose de plus complexe. Imaginant quelque chose qui avait marqué sa ô combien douce enfance il essayait de se rappeler les moindres détails, qu’il se manque pas une ciselure au pourtours mordorés des branches de lierre, qu’il ne manque pas une plume à l’oiseau finement sculpté par son créateur. Désormais, le créateur, c’était lui, vil usurpateur. L’écrin raffiné se matérialisa sur le pavé froid entre les deux protagonistes.
Essaye de t’en saisir.
Aussi réaliste qu’elle paraissait, la boîte n’était rien, elle n’était qu’image. Elle n’était que la représentation parfaite de ce qu’il restait de l’enfance du voleur dans sa mémoire si sélective. Mais ça, elle n’en saurait rien. Elle n’avait aucun moyen de le savoir. Il ne manifesta pas ce petit retour dans le passé provoqué, si habitué à cacher et à paraître autrement, la chose était aisée.
Aussi simple que de marcher ou de dire bonjour. Tu parles oui. Il se força à tenir la boîte réelle le temps qu’elle s’aperçoive qu’elle pouvait facilement passer les doigts à travers puis l’images s’évapora comme l’avaient été les deux murs et la flamme. Tu pourrais sans doute faire pareil.
Paroles dans le vent ou pas, elle l’interprèterait comme elle le sentait. Senti, senti … comment avait-elle pu le sentir ? En fait il retournait cette phrase dans sa tête depuis tout à l’heure. Au final cela faisait un certain temps qu’il maniait la magie mais il n’en avait jamais appris les fonds, les bases théoriques, toute l’histoire, ses antécédents, comment cela pouvait se transmettre ou quoi. La seule chose qui lui revenait en mémoire était le « Tu es apte à le faire alors bouge toi et finit de … ». Aïe. Il se remémora le coup sur la tête qu’il avait pris après ça tient et vint fourrer ses doigts dans sa crinière brune comme s’il en ressentait encore les effets. Toujours se méfier des vieux sages, toujours.
Ils sont toujours là. Tu sais pourquoi ? Ils … quoi ils ? Ah ! Eux ? Il quitta ses prunelles pastelles pou s’attarder sur un des volatiles qui avait eu l’audace de s’approcher, courageux pour un charognard. Il fronça les sourcils. Ils t’aiment bien. Ça n’avait vraiment pas l’air d’être réciproque par contre. Vraiment vicieux un corbeau. Toujours là hein ? A moins qu’ils aient une déficience psychologique à voir en cette enfant une mourante – le corbeau restait quand même l’animal de mauvais augure par excellence – il ne voyait pas ce qu’ils pouvaient lui trouver. Moi qui pensait que tu avais volontairement rameuté toute la volière de coin, me voilà bien surpris. Une baffe dans ta face Ybu. Excuse moi, ça m’a échappé.
Il réfléchit un instant et cette fois ce n’était pas pour se donner un genre. Non il ne savait strictement pas pourquoi cette bande d’oiseau pouvait suivre simplement une enfant comme elle, aussi anodine et banale qu’elle puisse paraître. Elle devait en cacher plus qu’elle ne minait de le dire … ou alors c’était totalement inconnu de sa part. Bizarre quand même. Banale et anodine, il exagérait. Outre son visage qu’il trouvait attendrissant, ce n’était pas le pur hasard de la situation qui l’avait poussé à ne pas s’en séparer aussitôt qu’il l’avait ravie à sa contemplation de forge. Elle avait un truc, il ne savait pas quoi mais elle l’avait. Par pure coïncidence serait-il possible que ce soit ce truc qui attirait les corbeaux aussi alors que beaucoup était rebuté par cette fleur juvénile ?
Toujours … aussi loin que tu sois capable de t’en souvenir ? D’un mouvement de bras brusque il voulut écarter l’oiseau un peu plus loin, sans avoir pour but de lui faire du mal juste pour ne pas qu’il vienne plus près dans un extrême élan de courage insoupçonné. Je connaissais le Chevalier aux Lions, le Charmeur de rat et bien … tu deviens la jeune fille charmeuse de corbeaux. Ils n’ont pas l’air décidés à te lâcher en effet. Tu as déjà tenté de les chasser je suppose, tu as tout testé ? Soufflet de forgeron ? Arbalète ? Danse de la pluie ? Quoi ? la pluie ça chasse les oiseaux … enfin, la pluie ça chasse tout de manière générale. Don magique ?
Non … Quand même pas ? Possible ? Peut-être. Vicieux les corbeaux. |
| | | Nilah Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Lun 6 Sep 2010 - 0:35 | |
| Nilah n’en croyait pas ses yeux. Cet Ybu était décidément plein de surprises, et il jouissait d’un sens assez aigu du spectacle, il fallait l’avouer. Si ses yeux s’émerveillèrent des illusions qu’il pouvait créer, le plus étonnant vint de son corps. La sang-mêlé avait l’habitude de désagréables démangeaisons, émanation brute d’un pouvoir qu’elle ne contrôlait pas. Elle avait parfois fait couler le sang, dans l’espoir de les endiguer. Mais le géant qui s’amusait d’elle, lui, contrôlait son don, au moins en partie. Et cela, elle le ressentait, sans doute possible. Ce n’était plus d’horribles tortures mais de légers effleurements qu’elle sentait sur ses bras. De paisibles chatouillis, qui la fascinaient bien plus qu’ils ne la dérangeaient. Sans en oublier les tours qu’on lui montrait, elle se prit à caresser sa peau, fascinée par le phénomène.
Elle fit ce qu’il lui demanda, tentant de se saisir d’une boite qui, le savait-elle, ne se laisserait que traverser. Pourtant, entre savoir une chose et se retrouver confrontée à sa réalité – ou plutôt, ici, à son absence de réalité – il existait un gouffre qui valait la peine d’être franchi. Les doigts blancs de l’enfant se perdirent dans le bois immatériel, et elle sourit, amusée malgré elle. Amusée, et ébahie. Que n’aurait-elle pas donnée pour apprendre elle-même ce genre de tours ! Et voilà qu’il se vantait, horrible personnage, et qu’il lui assurait qu’elle était sans doute capable de faire pareil. Plissant des yeux, elle chercha le piège.
« Ca me plairait. »
Etre un jour capable de tels prodiges était le moyen le plus sûr de quitter cette vie de traîne misère qu’elle n’affectionnait pas particulièrement. Fouineur n’aurait voulu en changer pour rien au monde, mais elle n’était pas son enthousiasme ami, et elle ne partageait pas cette passion qu’il avait pour les menus larcins. Elle-même ne s’aventurait à voler qu’en cas de dernier recours. Coupant court à ses réflexions, un des corbeaux qui ne la lâchaient pas se montra plus hardi que ses congénères et se posa à quelques mètres d’elle, s’attirant un regard anxieux et méfiant. Ybu était un mage, peut-être savait-il pourquoi ils la suivaient. Elle lui demanda, d’une toute petite voix, et il répondit à sa question par une autre question.
« Pas toujours… »
Il était évident qu’elle était hésitante. La mémoire n’était pas le point fort de Nilah, chaque traumatisme l’ayant altéré à sa manière. Elle n’avait de souvenirs de sa vie chez les drows que le visage flou de sa mère et la certitude que son collier venait d’elle. Quant aux moines, leur trahison avait jeté un nouveau voile. Qu’importe, en réalité, ce qu’avait été sa vie à leur côté, elle n’en conservait que de vagues et rares souvenirs, que le hasard avait voulu heureux. En réalité, cette période de sa vie lui manquait. Malheureusement, leur trahison l’avait poussée à oublier, encore.
« Ils me suivaient déjà quand je suis arrivé à Diantra. »
Comme inspiré par cette soudaine étrangeté, le géant commença à s’en jouer. Il se moqua d’elle, gentiment certes, mais tout de même, et elle lui lança le regard le plus noir, le plus méprisant et le plus culpabilisant qu’une gamine de treize ans pouvait faire. Et avec les cernes, l’effet était assuré. Et voilà qu’il lui reparlait de possibles dons magiques. Savait-il seulement ce que cela représentait pour elle ? La chance d’une vie, rien de moins. Il lui semblait qu’il faisait miroiter cet espoir juste pour le plaisir de le briser… Mais peut-être pas, et alors, alors… Tout s’expliquerait. Les corbeaux ne la suivaient pas uniquement pour le plaisir, elle le savait très bien. Et puis, ces démangeaisons n’avaient rien de naturel. Et ses insomnies, était-ce une autre conséquence malheureuse de ses talents ?
« Ce ne sont pas des dons, mais des malédictions, plutôt. »
Il fallait bien avouer qu’ils ne lui facilitaient pas la vie. Et puis, quel genre de magicien attirait à lui des corbeaux. Elle posa un regard horrifié sur le téméraire du lot, qui n’avait pas bronché face aux mouvements d’Ybu.
« Je suis une sorcière ? »
Presque, elle avait juste du sang de drow qui coulait dans ses veines. Une véritable qu’elle avait encore oubliée, une vérité qu’elle refusait de voir en face. |
| | | Ybu Ziewyn
Humain
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Sam 2 Oct 2010 - 21:49 | |
| Ils me suivaient déjà quand je suis arrivé à Diantra.
Et là. Recevoir pire regard était tout bonnement impossible. Ça t’en traumatise une grosse brute, ça t’en défrise un vieux machiavélique qui n’a peur que de lui-même, bref c’était redoutable. Si un regard pouvait tuer, celui-ci aurait irradié la place centrale de Diantra. Et lui, il eut envie d’éclater de rire, ce dont il se garda heureusement bien de faire. Il se contenta simplement d’essayer de lui en renvoyer un semblable, n’arrivant pas la cheville de celui de Nilah, plissant ses yeux déjà bien sombres, gardant toujours ce faux sourire profondément encré au creux de ses lèvres, son but n’était pas de la terrifier encore davantage mais de lui rendre la pareille comme l’aurait fait un gamin de son âge du genre « Entre nous c’est la guerre maintenant ». Ça lui faisait une belle jambe. Elle sembla abandonner sa mine de reproche – elle était susceptible, il fallait le dire … La Jeune Flle Charmeuse de Corbeaux, ça sonnait classe non ? – pour réfléchir un peu plus posément à ce qu’il venait de lui balancer.
Ce ne sont pas des dons, mais des malédictions, plutôt. Elle en avait donc conscience, c’était quelque chose quelle connaissait. Une petite magicienne tient donc. Ce qu’il ne savait pas dès lors, ce cher Ybu, c’est qu’en effet, elle était totalement incapable de contrôler ce qu’elle ressentait en elle. Malédictions, malédictions. Finalement elle lui en avait plus révélé qu’il l’avait suggéré. Je suis une sorcière ? Oh, comme c’était mignon. Et cette fois, il ne put réprimer un large sourire.
Je croyais que tu avais passé l’âge des histoires d’ogres et de sorcières. La magie est bien là elle par contre, paradoxale tout ça, n’est-ce pas ?
Ouai c’est pas faux. Deuxième baffe dans ta face Ybu. Maintenant il commençait finalement à se poser des questions plus horripilées les une que les autres. Est-il possible d’avoir conscience d’une aptitude magique au fond de soit ? Est-il normal de ressentir la capacité magique des gens l’utilisant ? L’homme a-t-il une essence magique ? Pourquoi les poules sont nées édentées ? Ah non pas jusque là. On n’en était à Nilah qui possède un don magique en ne le sachant en fait pas vraiment. Mouai. Il essayait de se souvenir s’il en avait été de même pour son cas. Non, vraiment, il ne se souvenait pas avoir senti la magie chez les autres ni chez … lui-même en fait.
Tu ne maîtrises simplement rien du tout, c’est normal de prendre ça comme la pire des horreurs qui puisse te tomber dessus. C’est un peu comme … Ça doit faire peut-être un peu loin dans ta mémoire mais quand tu as appris à marcher, et bien tu vois c’est tellement classe que tu as complètement oublié l’époque maudite de quand tu devais te trainer par terre à te salir les mains dans la boue et le sable. Certes, c’était très sommaire comme comparaison mais ça suffirait. C’est un peu comme quand Néera et ses amis en ont eu marre de se prendre la pluie sur la figure, ils ont appris à maîtriser le temps qu’il fait. Depuis ils le vivent très bien.
A peine fou, mais c’est pour ça qu’on l’aime. Quel pouvoir incontrôlé pouvait-elle posséder qui aille jusqu’à la faire suivre par une bande d’oiseaux de mauvais augure parce que, il ne fallait pas se leurrer, il n’y avait pas trente-six solutions pour qu’un groupe de piafs ou de quoi que ce soit d’autre vous suivent comme une meute de soldats suivraient leur général. Il ne manquerait pas d’aller embêter le vieux bougre qu’était Ghurt à ce sujet, la petite ayant suscité l’infime partie de curiosité, d’appétit de savoir qu’il pouvait posséder, bien enfoui tout au fond de lui. Un jour peut-être réussirait-il à gérer toutes les branches de la magie sans avoir à solliciter ce cher vieillard. Il aimerait bien avoir toutes les réponses à ses questions mais … il ne les avait pas.
Dis-moi. Tout à l’heure tu as dit avoir senti que j’utilisais la magie. Je fais abstraction du fait que c’était quelque chose d’évident mais as-tu senti réellement la chose … physiquement ?
Elle voulait apprendre de lui mais peut-être avait-il autant à apprendre d’elle ce qui serait bien un comble. Pour ressentir ce genre de chose il fallait avoir sûrement un certain potentiel, c’était la première chose qui lui venait à l’esprit du style, quelque chose de tellement puissant qu’il déborde d’énergie jusqu’à se voir ouvertement.. Oh, mais peut-être que la chose se passait dans l’autre sens ! Peut-être était-ce de lui qu’émanait tant de magie – que voulez-vous, quand on se sent le nombril du monde, c’est un job à plein temps. Il prit alors conscience qu’elle faisait encore attention à ces corbeaux de malheur mais pas de manière calme et posée. Il fronça les sourcils et ne lâcha pas des yeux la mine de la gamine sur laquelle défilait bon nombre d’expressions plus tendues les unes que les autres.
Ils t’ont déjà fait du mal ?
Il se releva brusquement pour aller foncer dans le tas qui s’était posé à droite à gauche, sans grande silhouette leur fonçant dessus ayant plus d’impact qu’un simple bras agité dans le vent. Seulement, ça reste collant ces bestioles et ils ne tarderaient sans doute pas à revenir de plus belle quelques minutes plus tard. Tant pis, ils se boufferont une illusion digne du ô combien célèbre magicien Ybu le Magnifique – chevilles démesurées, je ne vous le fais pas dire.
Ils m’impressionnent, ils sont pires pots de colle qu’Hubert détroussé de la plus belle de ses volailles. |
| | | Nilah Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Lun 25 Oct 2010 - 0:12 | |
| « Les sorcières existent », affirma-t-elle du haut de sa quinzaine d’année. Dire qu’elle n’en faisait que douze à peine. « Elles sont grandes et sombres, et la neige tombe de leur cheveux. Elle… »
Ses lèvres se plissèrent alors que son regard se voilait de terreur. Elle devait faire face à des brides d’une mémoire qu’elle avait laissé derrière elle, inconsciemment. Un passé dont elle ne voulait plus, qui la ramenait jusqu’aux bas-fonds du Puy. Sombre Elda qui l’avait vu naître et grandir, qui l’avait dressée comme si elle n’avait été qu’animal bon à vendre ensuite au plus offrant. Nilah avait été arrachée à sa mère, sans doute morte depuis, et livrée à un mage qui n’avait d’autre but que la sacrifier à un Dieu au nom perdu. Elle avait vu les sorcières drows, avait appris à les craindre, elles et leur regard gourmand. Prends garde, lui disait sans cesse sa mère, et ces mots glissèrent sur ses lèvres tendues, jusqu’aux oreilles d’Ybu peut-être, qui ne dut pas comprendre. Quand, finalement, il brisa le silence pour tenter de lui expliquer les quelques bases de la magie, elle s’accrocha au son de sa voix comme un condamné à la vie. Inconsciemment, elle repoussa, encore et à jamais, ce qui n’était plus elle. Qu’était le Puy d’Elda pour une gamine de Diantra, sinon un lieu de légende qu’on agitait sous son nez pour lui faire peur ? Le niveau devait, pourtant, la laisser sans voix. Que répondre à ça ? Surtout qu’elle ne se souvenait pas, en effet, de la façon dont elle avait pu apprendre à marcher. Elle avait toujours su marcher.
« Moui », devait être le mieux qu’elle pouvait faire.
A lui de s’en satisfaire, désormais. Nilah n’était, de fait, pas dans son assiette et ne savait plus vraiment comment réagir. Son apathie coutumière menaçait de l’enlacer de nouveau, d’inhiber ses malheurs comme une mère pourrait le faire à force de caresses et de câlins. Si seulement dormir avait pu être facile, elle aurait enchaîné les nuits de douze, vingt-quatre, voir quarante huit heures ! Mais la discussion continuait, avec ou sans elle, et elle fit son possible pour se concentrer dessus.
« C’était juste dérangeant, comme si on me… » Et elle dut s’arrêter, se trouvant soudainement à court de mots justes pour expliquer ce qu’elle avait pu ressentir. Rien ne pouvait décrire pleinement la sensation qui engourdissait ses bras quand elle se trouvait face à une manifestation magique. Rien. « Parfois, c’est douloureux. Je ne sais pas pourquoi. »
Elle ne devrait pas l’aider plus. Ce qui se conçoit s’énonce clairement, disait-on, mais elle ne concevait pas du tout ce genre de chose, et son discours s’en ressentait. Il devait bien s’amuser, le beau parleur qu’était Ybu ne devait pas, quant à lui, peiner à s’exprimer souvent.
Il l’étonna ensuite, s’agitant comme un beau diable, il courut en direction du corbeau qui s’était posé près d’eux. Tout autant saisi, le volatile croassa furieusement contre son agresseur avant de prendre le large, suivi de ses compagnons. Ce geste simple lui attira pourtant un regard de pur reconnaissance de la part de sa jeune « victime », qui finit par lever les yeux sur le ciel enfin dégagé. Ils reviendront, ils revenaient toujours, mais l’événement était assez rare pour être savouré.
« Ils te font peur, aussi ? »
Elle marqua une pause, rabaissant la tête juste ce qu’il fallait pour avoir la tête éternellement souriante d’Ybu en visu – ce qui nécessitait qu’elle continue de se tordre le cou, la pauvre.
« Les gens croient qu’ils me suivent parce que je leur ordonne, alors ils ont peur de moi. Des fois, j’ai plutôt l’impression que je suis le chemin qu’il me montre. »
Elle n’avait jamais exprimé les choses ainsi, et pourtant, sa dernière affirmation lui semblait soudain si véridicité. L’idée de n’être qu’un pantain s’agitant aux ordres d’une bande d’oiseaux noirs lui glaça le sang, et ses efforts pour le cacher ne furent pas des plus concluants. Déglutissant avec peine, elle tenta de se donner une contenance.
« C’est impossible, ce genre de choses, n’est-ce pas ? » |
| | | Ybu Ziewyn
Humain
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Lun 25 Oct 2010 - 21:00 | |
| Les sorcières existent. Elles sont grandes et sombres, et la neige tombe de leurs cheveux. Elles…
Hep hep hep. C’était quoi ça ? Sombre, perche et cheveux blancs ? Sérieusement, la bambine assimilait les sorcières à des drows ? Ces grands machins tout brûlés aussi légendaires pour leur soif de sang que pour leur appétit charnel – magnifique réputation soit dit en passant – étaient dans sa mémoire. Bien sûr ses paroles auraient pu être interprétées comme un gosse qui croyait encore à la venue du grand méchant loup s’il ne finissait pas son assiette de pois cassés blanchis dans des litres d’eau, chose qui marque un homme, mais vu la petite personne atypique qu’elle était, il commençait à ne plus la considérer comme une petite écervelée émerveillée par des souhaits illusoires. Commençait seulement, elle restait encore tout de même le petit ange à l’âme si innocente qu’elle vouait bien faire paraître. Il n’écouta presque pas les manifestations qui suivirent. Des drows. Elle avait connu ces êtres si impurs. Quoi qu’un seul positif arrangeait leur cas, on racontait que c’était l’influence des Humains qui avait fait tourner les elfes Sylvains en ces êtres Sombres. Au fond, c’était eux qui se rapprochaient le plus de la perfection Humaine, cette merveille de création que les suprême Dieux avaient fait naître. Seulement on racontait également qu’il était impossible d’échapper à leurs griffes une fois en leur possessions, le genre d’esclavage jusqu’à ce que mort s’en suive. Comment une petite comme elle avait pu réchapper de cet enfer mythique, de cette abysse biblique qu’était le Puy d’Elda. Ybu l’imaginait en proie à ces harpies. Pas une pauvre enfant, on ne peut faire de mal à un enfant. Le peuvent-ils ? Sont-ils aussi cruels ?
Ils te font peur, aussi ?
Du coup, il avait un peu perdu le fil. Les Sombres l’effrayaient, et ils pouvaient s’en vanter car au fond, le grand brun était un grand téméraire dans l’âme. Ahah, la bonne blague. Maître de l’illusion pour lui même autant que pour les autres, sa témérité n’était qu’invention, son courage ne tenait qu’à un fil aussi mince qu’un cheveu. Dès lors qu’il perdait le contrôle de la situation, monsieur le grand magicien se transformait en Maître Froussard. Il ne pouvait que se réjouir de pouvoir contenir moult problèmes avant de céder. Mettre un « oreilles-pointues, paye ta vieillesse vitesse grand V et ton excès de bronzage pendant les beaux mois de Favriüs » - arrêtez, ça en jette un bon coup comme surnom – dans la partie et toutes barrières s’effondraient comme un château de cartes face à une tornade. Un Ybu versus un elfe, messieurs faites vos jeux et, un indice, le gagnant s’est un peu trop longtemps endormi en plein soleil – il est vrai que cette peau … noire est quelque chose de très dérangeant à la vue, raciste à peine avoué le grand dadet. A par cette réflexion philosophique, on en était où déjà ? Peur, Nilah, noir. Ah oui, corbeaux. Et il garda en tête le fait qu’elle évita bien joliment ses questions, les unes après les autres.
Je n’ai peur de rien. Ahah. C’est juste que les oiseaux de manière générale m’insupportent. Ça piaille, ça croasse et puis … ça n’a pas de bras. Des êtres sans bras à qui on a greffé des machins pleins de plumes pour qu’ils surplombent le reste de l’humanité comme si cette avancé anatomique avait fait d’eux les maîtres du monde. Les corbeaux en particulier ont un regard carrément narguant et à côté de ça, leur audace ... zéro, la bulle, le néant, l’abysse. Ce ne sont que des trouillards opportunistes.
Et comme pour justifier son beau grand mensonge, monsieur déblatérait encore et encore, accompagnant ses mots de grands gestes caricaturaux. La majorité des gens trouvait l’oiseau majestueux, incarnation même de grâce et de liberté. La majorité des gens se trompait et nageait dans un océan d’illusions, et, par chance, le Charlatan en était maître.
Les gens croient qu’ils me suivent parce que je leur ordonne, alors ils ont peur de moi. Des fois, j’ai plutôt l’impression que je suis le chemin qu’il me montre. C’est impossible, ce genre de choses, n’est-ce pas ?
Complètement paniquée, tétanisée, terrorisée. A défaut de lutter contre la bande de charognard, il allait falloir qu’elle apprenne à vivre avec et à les accepter et non pas l’inverse. Il aurait bien voulu l’emmener ailleurs, dans un endroit fermé pour ne pas que la vue de ces oiseaux la perturbe et capte toute son attention, mais minces étaient les chances qu’elle accepte encore de le suivre et il ne voulait plus la forcer comme il avait pu le faire précédemment en l’emmenant dans sa combine.
C’est eux qui te suivent. Regarde dans leurs yeux l’espace d’un instant. Tu crois vraiment que ces bestioles ont une capacité intellectuelle suffisante pour te dicter ce que tu dois faire ? La seule chose qu’ils savent à peu près bien faire c’est repérer les mourants au bout du rouleau en voie de décomposition et évaluer le temps qu’il leur faudra pour éviter de se prendre un coup de pied dans les plumes. Il commençait dans sa tête alors à préparer une flamme assez importante pour ne pas avoir à se lever pour les déloger des pavés qu’ils avaient regagnés, il ne se leurrait pas là-dessus. Tu dois être un peu comme une déesse pour eux. Tes petits fidèles volants sont un peu trop possessifs. Un culte à ton effigie, ils sont les premiers Nilahtéistes … ou Nilahtéiens.
Peut-être était-elle trop jeune pour faire face à quelque chose de cette ampleur, supporter une bande d’oiseaux de mauvais augure nuit et jour quand on a son âge ne doit pas être chose aisée, et la routine de l’événement ne tuait en rien cette peur bien encrée en elle.
Nilah, qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Que tu me fiches la paix. Il s’attendait un peu à ça mais espérait bien avoir dépassé ce stade. Quand même. Cela ne devait pas être une question qu’on lui posait bien souvent. |
| | | Nilah Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Jeu 28 Oct 2010 - 23:59 | |
| Nilah commençait à cerner le personnage. Il n’était jamais là où on l’attendait et surtout, surtout, ne disait rien de vraiment prévisible. Forte de cette constatation, elle parvenait tout de même à être surprise par ses tortueuses logiques. Ce qu’il disait avait un sens, quand on faisait l’effort de suivre le fil de sa pensée, mais Néera lui pardonne, comment pouvait-on simplement y penser ? Comment pouvait-on s’offusquer de l’absence de bras du tronc d’un oiseau ? Sans rien dire, elle pencha lentement la tête sur le côté, comme pour voir si la raison d’une telle argumentation lui apparaissait plus clairement sous un autre angle, mais elle dut se rendre à l’évidence et se contenter de hocher la tête. Mine de rien, le bougre avait réussi à la calmer, chassant temporairement de son esprit le spectre oppressant qu’étaient devenus ses singuliers compagnons pour le remplacer par l’image cocasse « d’êtres sans bras ».
Mise en confiance, elle lui confia sa plus grande crainte. Parfois, la nuit, durant ce qui lui tenait lieu de sommeil, elle cauchemardait, se voyait marionnette d’un monstre mi-homme mi-corbeau. Elle se voyait danser, s’agiter au bout de ses fils. Il tenta derechef de la rassurer, mais son premier essai manque l’échec critique de peu. Si vraiment les corbeaux s’intéressaient aux charognes, devait-elle se considérer comme tel ? Pensée dérangeante, qui fit naître aux creux de ses iris une nouvelle lueur effrayée. Semblant se rendre compte de son erreur, Ybu attaqua sous un nouvel angle, la plaçant sur un piédestal et affirmant que si ces corbeaux la suivaient avec autant d’ardeur, c’était peut-être parce qu’il l’associait à une sorte de divinité. Quand on disait que le géant savait dérouter son interlocutrice ?
« Drôle d’idée », se défendit-elle, mais on pouvait voir qu’au fond, elle n’était pas pour lui déplaire.
C’était inverser totalement le rapport de force, ils ne la persécutaient plus, ils la cherchaient, avaient besoin d’elle. C’était, tout simplement, se donner un peu de courage. Si bien qu’elle chercha du regard un des corbeaux, comme pour vérifier la théorie d’Ybu. Mais ce dernier ne lui en laissa pas vraiment le temps, la surprenant encore une fois. N’allait-il jamais se lasser ?
« Je… Euh… »
C’était une bonne, une excellente question, à laquelle elle n’avait pas de réponse immédiate. Etait-il sincère ? Se moquait-il ? A quoi pensait-il ? Qu’était-il prêt à exhausser ? Tant de questions qui tournoyaient en tout sens dans son esprit fatigué. Néanmoins, il y avait une chose dont elle ne doutait pas : Ybu n’était pas méchant. Fou, certainement, mais il ne lui avait fait aucun mal. Aussi prit-elle la peine de réfléchir, et finalement, lâcha sa réponse d’une toute petite voix.
« Que tu m’apprennes. »
Au vu de la discussion qu’ils avaient pu avoir, il ne fallait pas être un génie pour comprendre ce qu’elle voulait dire. Nilah ne semblait pas avoir remarqué à quel point Ybu semblait dépassé par son don, et si c’était le cas, elle avait sciemment décidé de l’ignorer. Ca lui apprendra, à mimer l’assurance et le contrôle, il avait maintenant dans les pattes une gamine qui voyait en lui un moyen de mettre fin à un calvaire qui durait depuis son premier souvenir. |
| | | Ybu Ziewyn
Humain
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| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Ven 3 Déc 2010 - 22:53 | |
| Le trouble. Ça valait au moins ça. Pendant ce petit instant de réflexion, Ybu, assis par terre, la tête posée dans le creux de sa main appuyée avec une allure qui allait plus loin que de la nonchalance, le fou triturait quelque chose d’imaginaire de son autre main. Ses doigts battaient l’air frénétiquement pendant qu’il fixait quelque chose au loin, dans le vague. L’ombre d’une forme se dessina au dessus de la tête de l’enfant sans réellement pouvoir être comparée à quelque chose de réelle. Il ne parvenait pas à finaliser son illusion qui se voulait d’une fine qualité et qui nécessitait plus d’application que la boîte qu’il avait créée quelques minutes auparavant. Seulement, ses limites le rattrapèrent d’un seul coup, sentant un violent mal de crâne venir d’assaut lui marteler la tête. Un violent coup de chaud et une faiblesse intérieure extrêmement palpable. Il ne frémissait cependant pas une seule seconde. La seule marque extérieure était son absentéisme dont Nilah le tira faiblement.
Que tu m’apprennes.
Il reporta son attention sur ces yeux de chouette fixés sur sa personne. Se succédèrent alors une poignée de mimiques plus étonnées les unes que les autres tandis que ses doigts s’agitaient à nouveau, caricaturant les mouvements déjà poussés qu’il exécutait à chaque tour. Il aurait pu croire à une blague, mais non, même pas.
Outre être un très mauvais pédagogue, tu ne me supporterais pas plus de deux minutes.
Il n’y avait pas que ça, il essayait d’imaginer le fou rire que pourrait se prendre Ghurt en apprenant que son élève s’entiche de l’enseignement de la magie. Le vieux en mourrait d’asphyxie – ce qui serait quand même une mort bien stupide. Ybu apprenait à se servir de ce don depuis un peu moins de dix ans et maîtrisait encore si peu de choses. Soit il était un zéro né – et ça, vous vous doutez bien qu’il n’y pensait même pas – soit la magie était quelque chose de très, très mais alors très long à apprendre et à maîtriser, il n’y avait qu’à voir l’état du Défraichi, il devait avoisiner le siècle et la magie lui avait fait perdre l’intégralité de ses cheveux et la quasi totalité de ses dents. Déjà qu’Ybu ne saisissait pas la pédagogie de son propre professeur … Ahah, la bonne blague serait de l’inculquer à un autre, une autre d’ailleurs, dans ce cas-ci.
Surtout que je risquerai de me faire rattraper en un clin d’œil par ce foutu dicton du disciple qui dépasse le maître. Ça serait le comble hein Ybu ? Que tu te fasses dépasser par une gamine d’une quinzaine d’années – tout au plus. Chose notable, il avait émis oralement la possibilité qu’il ne soit pas le meilleur, la magie juvénile d’une petite enfant pas plus haute que trois farfadets perchés les uns sur les épaules des autres avait opérée sans réelle initiative de la principale concernée. Sans initiative … ou pas d’ailleurs. Peut-être était-elle aussi fourbe qu’un serpent doublé du pire des malfrats. Le sort avait voulu qu’il ne considère même pas cette possibilité. Soit, il pouvait être le pire pédagogue qui soit – toujours dans l’éventualité où une once de blabla didactiques parcourrait ses veines - d’un autre côté, il ne pouvait lui dire non, ce n’était pas possible, c’était comme refourguer un jeu dans les mains d’un goss pour ensuite le lui retirer en lui défendant d’y jouer. Sauf que le Fourbe – car lui en était bel et bien un – était bien mauvais au jeu du « pensons comme une enfant de dix, treize … » oh et puis au fond, quelle importance ?!
D’accord. Cependant, j’ai mes conditions. Tel un enfant dressant les barrières de son histoire abracadabrantesque posant les limites du règne de sa stature royale éphémère, le Charlatan s’autorisait bon nombre de petites choses auxquelles Nilah devrait faire face, au fond il espérait presque qu’elle abandonne, il se voyait mal faire de ses activités quotidiennes un stage intensif pour magicien débutant. Si elle le supportait pendant ce qu’il se préparait à lui faire endurer, elle aurait au moins le mérite d’être aussi folle que lui. Tout d’abord, que tu m’expliques … Ybu sauta sur ses pieds et se redressa de toute sa hauteur, empêchant les frêles rayons du soleil d’agresser les prunelles de la petite préposée humaine, par surprise ensuite, monsieur s’amusa à créer ... du vent. Ça à l’air totalement stupide comme ça surtout que dans le genre matériel, c’était un peu la toute base de ce qu’il envisageait avec Ghurt, lui ayant volé l’information d’une façon peu loyale. Fine brise qui s’engouffra dans les méandres sombres de la chevelure de l’enfant. Brise fine mais assez forte pour légèrement les soulever. Ça. Ah AH ! Bizarrement, il n’arrivait pas à lui en vouloir et il passa sans faiblir la voix à toute autre chose. Ensuite, quelle est ta couleur préférée ? Il pausa un instant, sans regarder le moins du monde les potentielles réactions de la préposée … non humaine cette fois-ci. Mais aussi, soixante-quatre ou trente-sept ?
Elle voulait y goûter, bien. Elle allait déguster, et pas qu’un peu. |
| | | Nilah Sang-mêlé
Nombre de messages : 88 Âge : 34 Date d'inscription : 24/06/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 16 ans Taille : Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: Un forgeron sachant forger... | Ybu Jeu 23 Déc 2010 - 23:08 | |
| Nilah ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. C’était le souci, quand on côtoyait un géant imprévisible. Aussi se tenait-elle sur ses gardes, l’œil alerte. Elle attendait, aussi, pleine d’espoir. Après tout, il avait lié indirectement ses problèmes à la magie. S’il lui apprenait… Oui, s’il lui apprenait, peut-être que tout rentrerait dans l’ordre. Elle pourrait alors retrouver une vie normale, comme celle qu’elle avait connu avec les moins de Néera. C’était une petite mine effrayée, mais pleine d’espoir, qui fixait le visage scarifié d’Ybu. En avait-il seulement conscience. Peut-être… La gamine n’était pas assez mature pour s’en rendre compte, mais il y avait quelque chose comme de la l’hésitation dans les propos et l’attitude de son potentiel maître mage. Et il accepta. Un mot, un seul, et un sourire illumina le visage de Nilah. « D’accord », et rien de plus. Elle écouta à peine la suite, tant elle était soudainement excitée. C’était bien différent de son apathie actuelle, et Fouineur aurait eu toutes les peines du monde à la reconnaître, mais la sang-mêlé voyait enfin une solution à ces problèmes qui lui empoisonnaient la vie. A commencer par ces corbeaux qui la suivaient sans cesse, sans raison apparente. La magie, hein ? Eh bien la magie les chasserait, elle s’en faisait la promesse.
Elle sursauta pourtant quand il se redressa de toute sa hauteur. Néera, qu’il était grand ! S’étant totalement détendue – chose rare dans son cas – elle accompagna son brusque mouvement en arrière d’un léger cri… qui s’intensifia quand elle sentit le vent artificiel s’engouffrer dans ses cheveux… et caresser la pointe de ses oreilles. Son cri se teinta de terreur et elle plaqua ses doigts dessus, espérant les cacher à la vue d’Ybu. Si ce dernier les voyait, réagirait-il comme les moins ? L’abandonnerait-il, lui aussi ? Devrait-elle oublier ce fabuleux espoir qu’elle n’avait ni anticipé, ni envie de voir disparaître ?
« Je… Je ne sais pas, plaida-t-elle vainement. C’était là, c’est tout. »
Mais il semblait avoir déjà oublié. C’était si improbable que la jeune Nilah ne se détendit pas pour un sous, gardant ses mains plaquées contre ses tempes. Elle n’était plus sûre de comprendre ce qui se passait, ne devinait pas où il désirait en venir pas plus qu’elle ne prévoyait la suite. Elle encaissa ses deux questions coups sur coups comme s’il avait s’agit d’une claque, et tenta d’y répondre dès qu’elle eut recouvré un semblant de voix.
« Le… le doré. »
Il avait parlé de nombre, aussi, mais elle n’était même plus certaine de savoir lesquels. Que se passerait-il si elle se trompait ? Il était fort, ce géant. Jamais, de mémoire de Nilah, on avait fait si peur et si plaisir à la petite sang-mêlé si souvent en aussi peu de temps. Déglutissant péniblement, elle tenta de se souvenir, de chercher la logique. Etait-ce une énigme ? Y avait-il une bonne réponse ? Et qu’arriverait-il, dans ce cas là, si elle choisissait la mauvaise. Tentant de se forcer au calme – après tout, il n’était pas encore revenu sur son accord, il s’agissait peut-être d’un test – elle se concentra le plus sérieusement du monde. Il y avait un sept… Trente sept ! Elle était certaine qu’il avait le nombre trente-sept. Et comme elle ne se souvenait plus de l’autre…
« Trente… Trente-sept. »
Ne restait plus qu’à attendre, désormais. Attendre quoi, elle n’en avait aucune idée, tout ce qu’elle savait c’était qu’il devait lui apprendre la magie. Avec un courage exemplaire, elle se força à baisser les bras, non sans avoir remis ses cheveux à leur place avant. Son… « anormalité » – terme dur pour une enfant de son âge – à nouveau dissimulé, elle tenta de se détendre. Peine perdue, son petit numéro avait fait mouche et l’hybride drow était réellement impressionnée.
« Tu vas m’apprendre, alors ? Pour de vrai ? » |
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