[Esplanade des 9] Disparition de Tebryn (Karfias 997:X)

Tout le monde la croyait morte. Egarée, enfuie peut-être. Mais non, la Prime Sorcière était bien là, au Puy, soigneusement cachée par les soins de Tebryn depuis son retour mouvementé des marais de Faélia. Mais aujourd'hui, Tebryn n'était plus là, et elle devait se montrer au peuple afin d'éviter toute prise de pouvoir abusive.
Celle qui avait été, avant son départ, officiellement choisie par son souverain pour devenir son épouse, celle qui n'avait hélas pas eu le temps de l'épouser, cette femelle se trouvait maintenant là, debout au centre de la grande place de la cité Drow, en tenue légère dévoilant son ventre gros de l'enfant de Tebryn, symbole absolu de sa mainmise sur le trône des sombres. La Prime Sorcière, Aetherya, avait plus d'une personne à surprendre en s'annonçant de cette manière. Et les choses qu'elle allait dire ne seraient certainement pas du goût de tous les conspirateurs...

La foule commençait à se rassembler autour de cette femme qui malgré son ventre rebondi n'avait rien perdu de sa superbe, et bientôt le silence se fit dans l'assistance. Avançant d'un pas et s'éloignant ainsi de ses gardes personnels, la Drow se trouva maintenant au centre de la foule. Elle tourna lentement sur elle-même, observant les visages connus ou inconnus des nombreux sombres venus en ce lieu aujourd'hui. D'une voix claire et forte, elle s'annonça.

"Moi, Aetherya Mirdril, fiancée officielle de Tebryn notre souverain et Prime Sorcière du peuple Drow, je vous annonce en ce jour la disparition aussi soudaine qu'étrange de notre souverain."

Des murmures dans l'assistance. Tout le monde avait pu se rendre compte que Tebryn était absent, mais de là à l'annoncer officiellement, ça devait être grave. Aetherya poursuivit.

"Nous ne savons pas encore ce qu'il est advenu de lui, mais en tant que sa future femme et porteuse de son héritier légitime, je me proclame régente du Peuple Drow tant que son absence ne sera pas résolue !"

Certains applaudirent, d'autres la huèrent. Elle se doutait bien qu'elle allait susciter des réactions diverses au sein de la population. Mais elle n'avait pas terminé ce qu'elle avait à dire...

"Je suis revenue des frontières elfiques il y a près d'un mois maintenant. Et je vous annonce avec fierté que les elfes ont subi une grande défaite !"

Elle exagérait. Et après tout, elle n'était sûre de rien, ayant dû partir avant de pouvoir terminer le combat auprès de ses hommes. Mais une chose était sûre, la stratégie elfique avait échoué, ils ne pourraient prendre les Drows par surprise comme ils le souhaitaient tant. Là, les cris de joie explosèrent de toute part. Elle devait terminer son discours. Elle le conclut en ces termes :

"Maintenant, je vous demande à tous allégeance, pour le bien de notre communauté. Je vous donne ma parole que je ferai tout mon possible pour remplacer Tebryn, et je serai à la hauteur de vos attentes. Puisse notre peuple sortir vainqueur de l'adversité !"

Autant les mâles aimaient prendre le pouvoir par la force, autant pour les femelles c'était plus subtil, plus sournois. Ici, Aetherya avait démontré que les femmes Drows savaient être démagogues et dire de belles paroles pour endormir le peuple. Mais ces mots étaient bel et bien sincères chez la belle sorcière. Elle ne voulait que la prospérité et la puissance absolue du peuple Noir...

[HJ : Postez un rapide rp après ce post pour signifier que vous l'avez lu. Respectez cependant le minimum de lignes du forum. Merci d'avance.]

Dans la foule, un Drow de taille moyenne mais de carrure imposante se tenait là, attentif, une capuche masquant son visage. Deux colosses l'encadraient. Il était connu des anciens de la Cité, des assassins et des baroudeurs, un peu moins des nouveaux, il n'empêche qu'il était respecté et consideré comme l'un des meilleurs guerriers de sa génération. Et pour cause, il était l'Homme de main de celui qui était, ou du moins avait été, le Seigneur de cette Cité pendant des années. Tebryn Rylint'tar.

Le Drow au regard froid haussa les sourcils en voyant débarquer la femme de Tebryn à la place de celui-ci, et grinça des dents à la suite du discours de Aetherya, grandement insatisfait. Sa voix retentit dans la foule, forte et claire :

-Plus d'un siècle que je suis au service du Souverain, et j'apprend que je dois désormais obéir à sa femelle. C'est une aberration.

Quelques approbations autour, beaucoup de huées. Des rires. Sans plus. A vrai dire, Naïm était loin d'être amusé, mais plutôt agaçé par ce soudain changement. Alors certes, il allait à l'encontre de la majorité, et certains aurient pu croire qu'il voulait organiser une mutinerie. Mais loin de lui cette idée de fou, à présent il se foutait royalement de tout ce qui se passait à Puy d'Elda. Il allait partir. C'était décidé. Qu'importe s'il était consideré comme un traître ou un lâche, personne n'oserait le toucher, là, ici et maintenant.

-Je refuse de me soumettre à toi, et de devenir ton larbin. Notre peuple est condamné... Je pars la tête haute, traquez-moi si bon vous semble, je n'ai plus aucune raison de rester ici.

Lassé par toute cette agitation, il finit par quitter les lieux, après avoir bien prit soin de montrer son visage à tous ceux qui ignoraient l'identité de celui qui s'opposait à la prise de pouvoir de Aetherya. On put entendre quelques secondes plus tard la voix de Naïm qui s'élevait de l'obscurité...

-Paix à ton âme, Tebryn !

Après une journée mouvementée, elle avait été interpelé par une de ses suivantes qui lui avait signifié un attroupement considérable sur la place qu'elle ne devait manquer en aucune sorte.
En effet la prime Sorcière était là et les nouvelles qu'elle apportait n'étaient pas anodines. D'abord elle refaisait surface après une absence qui avait laissé la place aux rumeurs et aux inquiétudes les plus folles. chacun avait du tisser et retisser ses alliances. Ensuite, la voir grosse lui donnait une position des plus solides.... De son côté la Duchesse, était restée serine mais avait mobilisé ses réseaux de renseignement personnel pour veiller à ce que les intérêts de son fils et par le même occasion n'allaient pas se trouver menacés...
Plus de souverain, une nouvelle régente? Une situation dans laquelle les tête pouvaient très bien tomber autant qu'elles pouvaient gravir les échelons de la société.
Sa prestance et son escorte lui permirent de se trouver vivement au sein des premiers rangs de l'attroupement et le temps de sa progression lui permit de peser l'annonce des derniers évènements. Le discours de la Prime Sorcière, était clairement tinté de légitimité et donc complètement légale, même si la Duchesse ne se faisait pas d'illusion, une fois que l'on parvient à de tels sommets, il est bien difficile de céder la place, même si les évènements licites vous le demande. Cependant ces dernières considérations lui avaient permis de prendre rapidement un pari sur la conduite à tenir. Et la fougue de Naim allait peut être la servir...
Elle se porta lentement en avant pour de présenter à quelques mètres de la nouvelle régente. Elle fléchit le genoux et la nuque dans un vent d'étoffe parfumée et clama d'une voix sûre:

"Paix l'âme de souverain Tebryn! Que les actes de la régente soient toujours inspirés. Notre Prime Sorcière peut compter sur ma loyauté..."

Voilà de quoi ne pas rester en dehors de la danse du pouvoir et celer la satisfaction personnelle de voir une femelle au plus haut du royaume.
Elle se releva lègèrement la tête pour délivrer un mesage plus intime à Aetherya, d'une voix douce et presque implorante.

"N'en voulez pas trop à Naïm... La douleur l'aveugle mais il saura vous reconnaître vous et votre talent..."

Et voici de quoi assurer ses arrières au cas où.... Les arcanes du pouvoirs n'étaient jamsia très stables dans la volcan et il était toujours bon de s'êt montré magnanime pour le côté évincé...

Ant'zar était la lui aussi, regardant impassible ce qui se déroulait sous ses yeux couleur sang. Cela n'allait pas... pas du tout. Alors il s'approcha de la reine, d'un pas princier et lourd et s'approcha d'Aeth avant de s'incliner.

"Moi Ant'zar Zaumtor, Fils de la lignée Zaumtor et Conseillé de celui qui fut jadis notre souverain. Je m'incline et ploit devant ma reine..."

Puis il se redressa, se relevant et d'une voix puissante reprit la parole.

"Car oui mes frères, je suis un homme mais je sais ce que vaux une femme... et Tebryn était plus faible qu'une filette! Pourtant vlus l'avez tous vénéré comme un dieu... je me suis opposé a lui... je ne fut pas le seul. Alors ne faite pas semblant de regrété un roi. Car combien même sa femme regne, elle a l'intélligence de s'entourer de personne fiable et de les écouter... ce que notre bon Tebryn n'as jamais été capable de faire. Alors révoltez vous si vous le voulez... mais sachez le. Ant'zar Zaumtor... nommé le Colosse par vous même... Je pourchasserai chaque fuyart, chaque tête trop dur pour se soumettre et croyez moi... la mort serais préférable a une heure entre mes mains."

Ca fallait s’y attendre. Les drows aimaient les pouvoirs forts, et pour eux, fort signifiaient généralement masculin, même si ce n’était pas entièrement vrai au Puy d’Elda. Quels idiots ! Ce n’était pas le moment de disperser. Ant’zar tenta de calmer les choses, ce qui refroidit les esprits de quelques-uns mais pas tous. Illiv’aere Det’tar, symbole même de la puissance religieuse, représentant du dieu de la guerre, se posta à coté d’Aeth et parla d’une voix forte afin que tous puissent l’entendre.

« Ecoutez-moi bien tous ! Tebryn a disparut une nouvelle fois, nous laissant seuls avec les graines de la guerre qu’il nous a laissé. Il a apporté la guerre à nos portes et s’est enfuit ce lâche ! Est-ce ce chef que vous vénérez ? Qui disparait après avoir joué avec le feu, et nous laisse nous faire massacrer pour ensuite reprendre son trône ? »

Il sortit son sabre de son fourreau et le brandit devant la foule massée aux pieds de la Prime Sorcière.

« Sachez-le, Tebryn était un imbécile incapable de diriger ce royaume. Aujourd’hui les choses changent. Celle qui devait être sa femme deviendra la régente, et aidé par nous elle deviendra une reine qui éclipsera à jamais le règne de Tebryn. Vous n’êtes pas contents ? Ant’zar ici présent se fera une joie de vous trancher la tête ! Vous voulez vous révoltez ? Vous devrez passer par moi et l’ordre d’Uriz tout entier ! Alors choisissez et vite ! Ou vous acceptez ou vous mourrez, il n’y a pas d’autre choix. Je ne permettrais aucune dissension dans nos rangs ! »

Ca alors, quelle surprise! Aetherya, la prime Sorcière, la fiancée disparue de Tebryn, qui revenait comme si de rien n'était, le ventre glorieux de la semence royale. Elle ne devait pas être loin du terme de sa grossesse, c'était évident et sa date de disparition correspondait assez à son gros ventre rebondi. Et Aetherya était peut-être une opportuniste avide de pouvoir, mais jamais elle n'aurait osé mettre sa position en péril en couchant avec un autre homme... Et dire qu'elle avait couché avec Ant'zar... Comme toutes les femmes du Puy, surement.

La haute prêtresse retint un petit soupir et machinalement, caressa son ventre rond de 4 mois, déjà important. Elle portait une simple robe de voilages, resserrée sous sa poitrine opulente et s'évasant ensuite autour de son corps jadis sculptural et aujourd'hui doucement déformé par la vie qu'elle recelait en son sein.

Elle ne put s'empêcher de faire la comparaison entre Aetherya et elle... n'avait-elle pas harangué la foule elle aussi? N'avait-elle pas été à sa place, fière et triomphante alors qu'elle appelait les drows à la guerre? presque tous avaient répondu présents... Tebryn avait été obligé de se manifester pour ne pas qu'Alyryne lui vole la vedette et donne l'impression d'agir en son simple nom. Mais Alyryne était plus fine que cela et n'avait fait cet appel qu'au nom du dieu de la guerre, pas au sien propre.

Hors donc, Aetherya se tenait devant eux, réclamant le pouvoir, en toute "légitimité". Une femelle au pouvoir... Alyryne entendit des cris d'indignation fuser de tous côtés, mais aussi des murmures d'approbation. Ah ces mâles... Qu'ils pouvaient être stupides à penser que force rimait avec testicules et pénis. Elle pinça les lèvres. Certains contestaient ouvertement. D'autres se précipitèrent pour lui jurer allégeance. Dont Illiv et Ant'zar. Tiens donc... Comme c'était étonnant. Aetherya serait peut-être plus pormpte à bouger que Tebryn, cela ne pouvait pas être un mal.

Des mois auparavant, les trois femmes les plus influentes du Puy s'étaient concertées et opposées concernant Tebryn, qui avait déjà disparu. Une fois revenu, Aetherya s'était empressé de s'allier à lui et avait gagné la couronne. Div'arght s'était entêtée et en était morte. Et Alyryne... Alyryne en avait prit son parti et avait tenté de discuter avec tebryn pour lui faire entendre raison. Ni contre lui, ni pour lui, juste pour la guerre. Et ce serait pareil avec Aetherya.

Elle vit du coin de l'oeil son frère qui ne disait mot mais souriait. pas plus surpris que cela. Elle lui lança un regard perçant, mais ne dit rien, se contentant de rejoindre Ant'zar et Illiv'aere près d'Aetherya et de ne murmurer qu'à elle seule :

- "Nous n'avons pas toujours été d'accord, mais ton ambition a enfin trouvé récompense. Je suis une femme, en tant que tel, je ne peux que me réjouir de voir une soeur prendre les rênes du pouvoir et montrer à cette société trop engluée dans ses préjugés la valeur du beau sexe."

Elle reprit à haute voix :

- "Mène nous à la guerre, Aetherya, sors nous de cette inertie auto-destructrice et tu auras mon soutien et par conséquent celui d'Uriz et de tous les autres dieux et fidèles."

Qu'Illiv ai déjà engagé l'ordre ne plaisait guère à Alyryne. C'était elle qui dirigeait l'ordre d'Uriz, pas Illiv'aere. Il était son gardien, mais en aucun cas le supérieur de la Haute prêtresse. Et Alyryne avait un pouvoir non négligeable sur les autres cultes... et elle le rappelait. Avoir tout le clergé derrière soi était un avantage non négligeable, les prêtres avaient des sorts puissants. De nouveau, elle susurra en aparté, avec un regard vers le ventre de la prime Sorcière.

- "Félicitations."

Décidément, la déesse de la fertilité était généreuse ces temps-ci... Essayait-elle de contrebalancer les pertes qui ne manqueraient pas d'advenir bientôt? Tout le discours d'Alyryne avait été sincère. Calculé peut-être, mais sincère. Peu importait qui dirigeait, peu importait les inimitiés passées. La guerre était sa seule voie, pour cela elle pouvait tout faire.