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 Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme]

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MessageSujet: Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme]   Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme] I_icon_minitimeJeu 4 Déc 2008 - 18:45

Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme] Etezn3

+Musique à écouter avec le texte : Sigur Rós- Gobbledigook +

Il est sept heure du matin, Solaria s'éveille. Alors que leurs maitres paraissaient avantageusement dormir dans leurs lits de baldaquin, les petites mains du manoir œuvraient déjà au bonheur de leur journée dans un anonymat festif. L'aube venait à peine de caresser les carreaux des fenêtres qu'une ruche de domestiques zélés et papotant circulaient dans les couloirs encore ensommeillés de la bâtisse.
Les cuisines s'affairaient à grand renfort de rires et de plaisanteries culinaire à la tâche ardue de préparer un copieux petit déjeuner. Le pain chaud et la brioche dorée à l'âtre libéraient déjà leurs parfums sucrés dans la maisonnée, café musqué et chocolat crémeux se remuaient avec amour dans des marmites de terre cuite, n'attendant que la venue d'un bol pour se déverser langoureusement dans les gosiers. La vaisselle tintinnabulait au gré des mains expertes des servantes qui briquaient l'argenterie avec leur bonhomie habituelle. Les palefreniers préparaient eau douce et paille fraiche dans les abreuvoirs en rêvassant, observant le vaste jardin du domaine.

Pourtant cette animation n'avait rien de comparable au chant joyeux des lavandières matinales qui nettoyaient le linge ducal dans le ruisseau jouxtant les jardins.

Comme souvent Carna accompagnait sa mère dans cette noble tâche. La fillette aimait bien la lourdeur du tissus humide gonflé d'eau et de savon, l'échappée des bulles dans l'air frisquet de ce début de journée, la musique des brosses jouant une partition si harmonieuse entre les mains de ces femmes vouées tout entière à la lessive. Pour la petite, il n'y avait rien de plus noble et de plus glorieux que de rendre blancheur , beauté et souplesse à ces morceaux de draps. C'était l'acte le plus généreux et le plus fantastique qui lui avait été donné de voir.

Roxanna tendit un panier en osier chargé de linges propres avec pour consigne de l'étendre comme il faut. La petite demoiselle trottina en direction des étendoirs avec la petite mine sérieuse qu'elle arborait quand elle se sentait investie d'une mission importante, croulant sous le poids de son précieux fardeau. La mère regarda la fille s'éloigner avec une mine attendrie qui ne manqua pas d'amuser ses compagnes. Même si Carna n'était pas beaucoup appréciée par les servante du domaine, les Lavandières lui resservaient toujours une place de choix dans leur cœur. Elle était le soleil de leur amie depuis qu'elle avait perdu son premier enfant en couche. L'adoption inopinée de la petite albinos avait rendu littéralement la vie à l'âme éteinte de Roxanna Sangre.

Hissée sur la pointe des pieds , la gamine effectuait consciencieusement son travail lorsqu'un ronronnement impérieux l'en fit s'en détourner. Monsieur Chat, fabuleusement vautré dans les draps propres, rependait son poil avec une générosité non feinte sur le fruit de longues heures de frottage. Carna se dirigea vers lui avec l'intention de gourmander le vilain matou quand un coup de vent glacé suspendit son geste.

Là, un peu plus loin dans les hautes herbes, se dessinait une silhouette féminine nimbée de dentelles blanches et de lumière d'aube. Sa chevelure brune virevoltait au gré des vents comme d'innombrables branches d'un arbre noir. Elle était si floue.. et pourtant si visible...

Les draps battaient furieusement l'air, secoués par la brise.

Carna s'approcha doucement, le cœur en arrêt. Elle plissa ses yeux carmins vers cette étrange apparition dont elle ne pouvait discerner les traits. La silhouette se tourna vers elle avec une lenteur fantomatique. Il lui sembla alors que ses lèvres bougèrent.


"plante tes racines.... Plantes les ..."
fit un écho dans sa petite tête blanche.

Carna se sera violemment la poitrine, le regard fixé sur la femme. Et puis son sang se mit à gambader sans retenue dans ses veines. Une pulsion furieuse la poussa à courir , courir à perdre haleine vers elle, comme répondant à un appel souverain, comme si elle allait soudain disparaitre telle une bulle de savon. Ses petites jambes la poussaient toujours plus loin, elle chuta plusieurs fois dans les hautes herbes, mais toujours elle garda les yeux fixé sur la silhouette qui l'appelait de ses vœux.

Lorsqu'elle arriva là où elle avait vu la femme, elle se rendit compte qu'elle était essoufflée et en nage. Sa vue et l'effort avait du la troubler car devant elle, ne se tenait plus la silhouette ronde et pâle de son apparition mais les collines calmes et verdoyantes de Solaria. Elle poussa un petit soupir déçu, encore ivre de l'étrange impression qu'elle avait eu, qui avait fait chanter son sang. Le ronronnement impérieux de Monsieur Chat la sortie de sa rêverie. Elle se baissa pour ramasser l'animal ... Et poussa un petit cri surpris.

Là , caché dans les hautes herbes, il y'avait un corps. Un corps de monsieur. Elle se pencha en retenant sa respiration pour contempler l'individu. Il était grand et portait des bottes. Son visage était invisible parce qu'un gros chapeau à plume semblait vouloir lui avaler. Elle s'accroupit d'avantage en mettant un doigt devant sa bouche pour intimer le silence au matou -recommandation inutile car ce bougre de Monsieur chat se mit à ronronner de plus belle.
Du bout du doigts elle tenta de vérifier si le monsieur était vivant. elle fut un peu soulagée de voir sa poitrine monter et redescendre. il faisait juste une grosse sieste... en plein champ...Et elle était toute seule avec lui.

Carna se rappela fugacement des mots que que ça mère avait eu, des recommandations, elle appelait ça, sur les inconnus et les méchantes personnes. Mais c'était flou dans sa mémoire et ce fut vite balayé par son intérêt soudain pour la grosse rapière couchée au coté du dormeur.
C'était aiguisé.
Elle passa son doigt dessus et se coupa. Elle regarda son sang fascinnée. Un peu de liquide rouge perla légèrement et goutta sur du papier froissé étalé à coté de la besace de l'inconnu. Elle s'en saisit et tout doucement, comme s'il s'agissait d'une fleur ouvrant ses fragiles pétales. Le morceau de vélin était recouvert de tache d'encre, de signes bizarres tout griffonnés partout.

Et soudain ce fut la révélation !
Une certitude terrible l'envahit alors qu'elle recullait à quatre patte craintivement mais absorbé tout de même par la vision du dormeur. Le morceau de parchemin se froissa d'avantage contre sa poitrine entre ses petite doigts blancs.


- Monsieur Chat ! C'est un Magicien ! s'écria-t-elle avant de mettre une main devant sa bouche en se rendant compte qu'elle avait omit de chuchoter.

Trop tard ! La forme endormie dans l'herbe se mit à bouger.
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MessageSujet: Re: Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme]   Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme] I_icon_minitimeJeu 4 Déc 2008 - 22:07

Le cri de Carna acheva de réveiller Maudramme de Métromanie, dont l’éveil avait été préalablement amorcé par des ronronnements de félin et un léger bruit de papier froissé. Il ouvrit un œil, puis deux, et ne put voir autre chose que le feutre foncé dont il s’était recouvert le visage pour éviter les rais du soleil. Son corps remuait, se tournait, revenait à la vie. Son esprit reprenait peu à peu son activité, lui aussi, et se remémorait en accéléré ce qu’il avait laissé de côté pour la nuit, à la faveur du sommeil.

Le Poète avait choisi de quitter la capitale plusieurs jours auparavant, après avoir découvert Diantra pour la première fois de son existence. Il avait couru les routes sans véritablement se soucier de son trajet, et ne songeait de toute façon pas à rejoindre un point précis de Miradelphia. Il ignorait par conséquent tout du lieu où il se trouvait, mais la région fort accueillante qu’il parcourait lui avait paru propice à une escapade spirituelle et poétique, ce qui l’avait conduit à faire halte dans ses espaces verdoyants : tout était fleuri et parfumé dans les environs, et le ruisseau qui chantait au milieu des terres était une invitation à rimer qu’il ne pouvait décemment refuser. Si l’on devait prendre en compte des considérations plus terre-à-terre, il faudrait ajouter que la fatigue conjuguée à l’absence quasi-totale de visibilité avaient contraint Maudramme de Métromanie à faire halte pour la nuit.

Un bruit de papier froissé !

Le Poète s’éleva en un instant de toute sa hauteur, un pied en avant et la main sur la garde de sa rapière, son couvre-chef chutant à terre sous l’effet de cette ascension soudaine. Il jeta des regards pressés sur les alentours pour estimer l’importance et l’imminence du danger, et ses yeux se posèrent finalement sur les deux ennemis féroces qui avaient provoqué cet accès d’émoi : une fillette et un matou. Le Rimeur expira de soulagement sous l’effet de cette vision, détendit ses muscles, baissa les yeux en souriant, et se pencha vers les herbes hautes sur lesquelles avait chu son chapeau. Il l’épousseta machinalement et l’enfonça sur son crâne de ses deux mains, alignant son axe imaginaire sur une ligne imaginaire. C’était ainsi qu’il devait être mis. Il tapota également ses habits pour en chasser les poussières naturelles et la rosée matinale, sentant son matériel de poète qui faisait une bosse dans son pardessus.

Un bruit de papier froissé !

C’est à cet instant que Maudramme comprit l’origine de ce bruissement ; il aperçut dans le même temps le morceau de parchemin, serré et malmené dans les petits poings de l’enfant qui n’avait rien dit pendant tout ce temps. Il fit deux pas pour couvrir la distance qui l’en séparait, et saisit avec diligence et autorité ce qui lui appartenait. Il le détailla avec des yeux rempli d’amertume.


« Peste soit de l’enfance… honnis soient les marmots !
Ton sang a tout souillé et a sali mes mots ! »


La petite, en s’entaillant avec l’arme du Rimeur, avait en effet taché un poème écrit la veille. Pire encore, l’homme réalisa en défaisant la boule de papier que l’humidité matinale avait imbibé ses écrits ; et si cette légère moiteur n’aurait eu aucune incidence en temps normal, l’effet de la pression de ces doigts enfantins avait trop sollicité l’encre qui avait bavé sur les deux faces de la feuille. Maudramme essaya de déchiffrer ce qui restait de son ode au soleil :

« Tu es du jour le cierge, éteignoir des étoiles,
L’unique luminaire illuminant la voûte.
Je ne …pire plus … le jour … dévoile :
Je me tourne … … … … branches t’écoutent. »


En vain. La suite, située plus bas sur la feuille, n’avait de toute façon plus aucune forme, si ce n’était celle d’un grand n’importe quoi d’analphabète. Le Poète regarda la fillette d’un œil sombre, puis réajusta son couvre-chef sans la regarder, la mine déconfite. Il fixa avec un regard tout aussi noir le pauvre chat qui n’y était pour rien mais qui se trouvait à ses pieds.

Puis il tourna le dos aux deux importuns pour prendre congé.


Dernière édition par Maudramme de Métromanie le Jeu 11 Déc 2008 - 14:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme]   Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme] I_icon_minitimeDim 7 Déc 2008 - 11:37

La petite soubrette observa le Magicien se lever avec ses immense yeux rouges et curieux.
Il était grand. Il était vieux. Il sentait la rosée matinale et l'encre et le vieux cuir. c'était différent des fragrances féminines de l'univers ouaté dans lequel évoluait Carna.

Il n'avait pas l'air content.

Il s'approcha d'elle , la surplombant de toute sa hauteur. Avec autorité il lui arracha le parchemin des mains. Fascinée plus par le bruit de ses grosses bottes dans la terre meuble que par le papier en question, elle le laissa faire. C'est à peine si elle laissa échapper un hoquet de surprise.


- Peste soit de l’enfance… honnis soient les marmots !
Ton sang a tout souillé et a sali mes mots !


- Miaow....

Monsieur Chat, sans pitié aucune, venait de s'installer sur la besace pleine et moelleuse de l'inconnu pendant que celui-ci s'échinait à retrouver son sortilège perdu. Furieux Monsieur Magicien tourna les talon, près à partir, tout en chassant le félin d'un revers agacé.

C'est par instinct qu'elle se leva alors. Sa petite main pâle lui attrapa un pan de sa chemise et s'y agrippa fermement . Elle entrouvrit la bouche, mais les mots ne sortir pas de suite, comme si elle cherchait la meilleure formulation possible.


- Est-ce que... Est-ce que vous venez de me lancer un sort ?

Elle était étrange cette gamine, maintenant qu'il la regardait de plus près - de manière un peu obligée d'ailleurs. Si fine et si pâle, qu'elle aurait presque pu devenir translucide et disparaitre sous ces yeux. Ses cheveux long évoquaient un grand bol de lait renversé sur le sol. Ses prunelles , confiture de cerises, fixés sur lui avec intensité firent soudain ressortirent toutes les multiples bleus et coupures qui recouvraient la peau dénudée de son bras tendu.

- Si vous venez de me lancer un sort, il faut que vous me donniez un remède au plus vite. Je dois retourner étendre le linge, fit-elle avec la résolution posée d'une logique toute enfantine.
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MessageSujet: Re: Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme]   Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme] I_icon_minitimeDim 7 Déc 2008 - 15:56

« Est-ce que… Est-ce que vous venez de me lancer un sort ? »

Cette question, aussi soudaine qu’inattendue, avait fait s’interrompre le Poète qui commençait à quitter les lieux. Des sorts, il en avait sans nul doute lancés par le passé ; mais c’était à sa manière. D’ailleurs, s’il avait pour habitude de prendre des représentantes du beau sexe pour assister ses tours de magie, ce n’était point en direction des fillettes que son esprit se tournait : sa voix allait aux belles plantes épanouies qui révélaient des gorges bien faites lorsqu’on les effeuillait, et non pas aux bourgeons encore en floraison.

Et que dire de la pousse minuscule qui se tenait devant lui ?

Elle semblait peiner à véritablement percer pour connaître la vie, tant son teint parut cadavérique à Maudramme. Elle était d’une lividité exemplaire qui contrastait magnifiquement avec la verdure environnante, un morceau de mort blanche dans un monde en éveil. Mais un simple coup d’œil au papier froissé qu’il tenait encore en main suffit à lui rappeler qu’elle n’était que trop vivante.


« Monsieur Chat ! C’est un Magicien ! »

L’esprit toujours embué par ce réveil approximatif, le Rimeur commençait à tisser des liens entre ce qu’il avait entendu et croyait avoir entendu, entre ce qu’il savait et ce qu’il croyait savoir. L’écho assourdi de la voix qui l’avait tiré de son sommeil lui revenait en tête, et il fit rapidement le lien entre tous ces éléments qui s’emboîtaient maintenant parfaitement, ou presque : la fillette voyait en lui un magicien, c’était un fait ; mais il ignorait encore pourquoi. Il n’avait rien fait ou rien dit qui eût pu laisser penser à quelque observateur qu’il accédait aux arcanes de la Magie, et il était loin d’imaginer qu’un simple poème griffonné sur une feuille avait pu induire Carna en erreur. Aussi se trouva-t-il bien dépourvu lorsqu’elle lui intima de la libérer d’un sortilège inexistant.

Mais cet état fut de courte durée : le Poète remarqua rapidement les multiples contusions qui recouvraient le corps de la petite, qui semblait décidément exhumée depuis peu – l’odeur en moins, assurément. Moins par curiosité que par bravoure, Maudramme de Métromanie entreprit de converser avec l’enfant :


« Sachez, Mademoiselle à la peau lactescente,
Que je suis un Poète, et non un magicien.
Je hais cette pratique assez déliquescente,
Préférant à l’Esprit l’esprit chiromancien.


Puis il ajouta :

Nul besoin, Demoiselle au derme nivéen,
De vous donner des soins. Du moins, pas pour mes sorts…


Il regardait les bleus et les plaies de Carna en prononçant ces mots.

Mais bref ! Vous me disiez avoir quelque dessein :
Des draps que l’on étend, du linge qu’on essore… »


Dernière édition par Maudramme de Métromanie le Jeu 11 Déc 2008 - 14:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme]   Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme] I_icon_minitimeJeu 11 Déc 2008 - 13:54

Elle n'avait pas lâché sa chemise.

Comme une un petit oiseau tombé du nid, elle s'agrippait à lui de sa petite patte fragile, par peur qu'il s'envole ou qu'il disparaisse comme par enchantement. Ses grand yeux sanglants observaient les moindre gestes de l'inconnu, s'imprégnant comme un buvard d'impressions nouvelles : son odeur,mêlant vieux cuir, encre et acier, l'aspect filasse de ses cheveux accrochant partiellement la lumière, la drôle de forme de son nez, le tissu usé de ses vêtements, bien coupés mais guère de première fraicheur.

Mais surtout, elle était fascinée par la musique de ses mots.

Des mots curieux, trop compliqués pour sa petite tête blanche, mais jolis et brillants comme des petites perles iridescentes au soleil. Ses douces lèvres s'entrouvrirent au rythme de la litanie, essayant de s'accorder aux formes des syllabes et des sons. Et comme si l'effort sollicitait trop son cerveau, elle pencha la tête sur le coté, signe d'une mûre réflexion.

- Vous n'êtes pas magicien ? vous êtes sûr ? fit-elle avec lenteur et une pointe de déception. Pourtant vous parlez comme "le" grimoire...

Elle laissa un silence songeur flotter.


-Enfin j'en sais rien ... Mais quand vous parler c'est comme si les lettrines de mon livre sortez de votre bouche... euh... Vous comprenez ? ponctua-t-elle soudain un peu anxieuse et un peu rosissante aussi. Parce que Bettanie trouve que je pense pas très clair...

Nouveau silence. Cet enfant ne semblait pas douée d'une réactivité fulgurante. On pouvait même se demander si son esprit n'accusait pas quelques retards.

- Mais bref ! Vous me disiez avoir quelque dessein :
Des draps que l’on étend, du linge qu’on essore…


- Oh ! s'exclama-t-elle soudain en mettant sa main pâle sur sa bouche ! Maman va me gronder et la Sorcière Verte viendra m'enlever si je n'ai pas étendu le linge avant le repas de midi !

En proie à une profonde indécision , elle regarda son magicien qu'elle retenait fermement prisonnière -à ses yeux- et un point au loin qui si on plissait les yeux figurait un étendoir à lessive, à moitié garni.
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MessageSujet: Re: Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme]   Aux chants des Lavendières ...[PV Maudramme] I_icon_minitimeVen 12 Déc 2008 - 16:45

Le Poète, peu à peu, comprenait qu’il n’était pas en présence d’une fillette ordinaire. Oh, bien sûr, il ne pouvait certainement pas prétendre être expert en la matière, cultivant une indifférence innée à l’égard de tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un enfant. Mais pour le coup, il s’interrogeait sérieusement sur la provenance de ce morceau de femme qui avait presque quelque chose de poétique : atypique et antithétique, Carna était une véritable anomalie, même aux yeux de Maudramme de Métromanie.

Celui-ci avait longuement entendu la loupiotte, toujours cramponnée à son pardessus, qui semblait divaguer à propos d’histoires de « grimoire » et de « sorcière verte ». Carna n’avait visiblement pas besoin d’un interlocuteur car, très prolixe, la jeune enfant se chargeait elle-même de débiter questions et réponses.


(Sans mentir, Bettanie, Amen ! Soyez bénie !) songea le Rimeur en écoutant la pipelette, louant les mérites de cette « Bettanie » qui devait certainement la supporter au quotidien.

Ceci étant, il commençait à saisir ce qui semblait intriguer la petite dans ses faits et gestes, laquelle ne pouvait d’ailleurs pas être fondamentalement mauvaise puisqu’elle était en train de connaître sa première expérience poétique avec lui. Elle menait en effet des réflexions sur sa manière de parler et sur ses pratiques personnelles connues avec ce fameux « grimoire », même s’il doutait fortement qu’elle fût capable de lire au vu de leur bref entretien. Malgré tout, il apprécia le rapprochement qu’elle venait de faire entre les belles « lettrines » et sa poésie, car même lorsqu’il s’agissait d’une amatrice, il était évident que la vérité sortait de la bouche des enfants.

Maudramme de Métromanie serait volontiers parti, à cet instant, mais la curiosité aidant la crainte de déclencher les pleurs de la petite en territoire inconnu fit qu’il se ravisa : il sentait bien à son regard qu’elle ne savait pas comment s’y prendre pour s’occuper à la fois de son linge et du mystérieux inconnu, et qu’elle pouvait être contrariée à tout moment. Et quoi qu’il en soit, elle était littéralement collée à lui.

De plus, d’un point de vue plus matériel, le Poète avait dû quitter précipitamment Diantra sans prendre le temps de véritablement s’approvisionner, et l’idée de continuer à marcher dans ce cadre exquis mais à bout de vivres ne l’enchantait guère. Peut-être était-ce là l’occasion de combler le trou de son estomac en renouant avec la civilisation. Aussi fit-il une proposition à la petite :


« Petit fragment d’ivoire, allons sécher tes draps.
Tu iras bien plus vite, avec moi et mes bras. »
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