[Demeure Det'Tar] Pourquoi être revenue? | Cyllian

Comme je m’y attendais la bataille a tourné court pour les drows, ne leur permettant pas de remporter la victoire sur Alonna. Les renforts des trois races sont arrivés, et ont commencés à mettre en pièce toute notre armée. Enfin notre, je devrais dire, l’armée drow. Les Enfants du Chaos n’ont eut qu’une idée en tête, ouvrir des portails pour rentrer chez eux. Evidemment, ce n’était pas leur guerre, eux ne voulaient que prendre des âmes, rien de plus. Ils ne sont venus que parce que nous avions des objectifs communs, c’est tout. Ca ne me dérange pas, bien au contraire. Au moins ils ont envenimés les choses. Seul point noir, ils sont pris des âmes à Tari, elle ne va pas apprécier du tout.

En parlant de ça…

« Comment avez-vous pu la laisser partir ? »

Je suis hors de moi ! Ils n’avaient qu’une chose à faire, faire en sorte que Cyllian reste à la maison et n’en sorte pas. Et j’apprends quoi ? Qu’à peine suis-je partie qu’elle en a profité pour s’enfuir au nez et à la barbe de tous.

« Maitre nous implorons ta pitié. Elle a usé de ses dons pour partir, il n’y a que cette explication pour qu’elle ait pu échapper à notre vigilance. Nous sommes désolés. »

Je devrais les tuer sur le champ, là tout de suite pour n’avoir pas réussit à accomplir la mission que je leur avais confié. Seulement ils ont raison sur un point : elle a usé de ses pouvoirs. Voila pourquoi elle ne s’est pas enfuit quand j’étais là, parce que je suis la seule à pouvoir l’arrêter. Et maintenant la voila dans la nature, enceinte jusqu’aux yeux, avec les elfes et les humains qui vont tout faire pour la tuer. Les mois que j’ai passé à la protéger n’auront servis à rien du tout. Je serre les poings, mais ne les tue pas. Non, ils n’ont rien fait de mal, c’est moi qui aurait du rester. Mais je devais accomplir mon devoir. Rhaaaaaaaaaaa ! Que je déteste ça.

Rageur je quitte le salon et vais pour quitter ma maison quand Shyntlara m’arrête.

« -Où vas-tu Illiv ?
-La retrouver !
-Sais-tu seulement où elle est ?
-Pas encore.
-Tu vas courir à l’aveuglette dans les territoires ennemis ? C’est du suicide enfin !
-J’ai connu pire.
-Ah oui ? Qu’est-ce qui t’arrive Illiv. Pourquoi prendre autant de risques pour elle ? Parce qu’elle porte ton enfant ? Tu ne t’en es jamais préoccupé auparavant, alors pourquoi ?
-Shyntlara, écar… »

Je me tais, ne finissant pas ma phrase. Une aura, une présence. Un cœur qui bat, accompagné d’un autre plus faible. Une odeur familière, bien que sale me parvient jusqu’aux narines. Mon esprit dois me jouer des tours, elle ne peut pas être revenue, pas alors qu’elle s’est enfuie. Pourtant elle est là. Shyntlara pousse un hoquet de surprise, me rassurant quant à mon esprit. Je n’ai pas rêvé, elle est bien revenue.

« Cyllian ? »

La surprise transparait clairement dans ma voix. Je m’avance doucement jusqu’à l’aura et me poste juste devant elle, à quelques centimètres, lorsque je sens son souffle sur mon torse nu. Je ne porte qu’un pantalon de cuir noir, et rien d’autres, pas même de bottes, de sandales ou de chaussures.

« Tu es revenue ? »

Question idiote vu qu’elle se tient devant moi.

« Pourquoi ? »

Je suis sale, j’ai faim et mes muscles me font souffrir. La porte de bois sombre est devant moi, je le sais a la fragrance de se dernier mais aussi a l’étrange aura que je ressens. IL est la… il ne m’as pas encore sentit… ha si. Il prononce mon prénom en s’approchant, dans sa voix, il a l’air tellement plus doux que dans celle des êtres humains ou elfique. La malchanceuse… la vas nue pied… Mon ventre grogne alors que je ferme mes paupières sur mes prunelles dorées. Je sers un peu plus Plume contre ma poitrine rendu ronde par l’enfantement, mais mes os sont à nouveau présent, anguleux, ma silhouette rendue malingre par la privation de nourriture.

Le bébé respire faiblement, il dort, enfin plus véritablement, elle dort. Elle n’est pas bien grosse, ma petite Plume, mon lait n’étant pas assez riche pour remplir véritablement sa tache. Je peux sentir l’odeur épicée et salée de la peau du sombre, le père de mon bébé… le père de ma chair alors que je lui vouais une haine farouche, me voila sur le point de faire quelque chose d’impensable. J’en ai besoin pour moi, pour elle… pour nous deux.

« Il… Illiv’aere… »

Je me laisse croise sur mes genoux, mes deux mains sur mon bébé alors que le sens le sol écorcher ma peau.

« Je… pitié… aide nous… Je… je n’ai… elle ne survivra pas si je ne me nourrie pas convenablement. Personne ne s’occuperai d’une vagabonde… personne ne veux d’une… d’une moins que rien… d’une demi drow. Pitié… »

Pitié quoi ? Reprend-nous ? Je n’arrive pas à prononcer les mots alors que les larmes roulent sur mon visage creusé par la faim et la fatigue. Je n’ai pas la force de continuer sur se chemin si il signifie de perdre mon bébé, ma toute petite Plume. Pour elle, je suis prêtre à tout et même au pire sacrifice. Mais a part un drow, qui voudrais de se corps qui est le mien ? Sans attrait à présent. Enfin, tant que je ne me nourrirais pas convenablement.

« Je ferais tout ce que tu veux, je resterai enfermée, docile… et… si… si il le faut je me donnerai a toi. Mais ne me laisse pas… je t’en supplie… je ne peux pas vivre pour nous deux… pas sans aide… »

La voix de Cyllian est faible, fatiguée, et son estomac gronde de faim. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas mangé ? Des jours sans doute. Il faut dire, comment pourrait se nourrir une demi-drow aveugle ? Avec un bébé de surcroit. Elle n’a pas assez d’expérience pour cela. De plus il lui faut de la viande maintenant. Elle connait ses besoins carnassiers, elle sait qu’ils lui sont indispensables. Mais pour y subvenir, il faut chasser. Elle en est incapable, sauf en faisant appel à ses serviteurs morts-vivants. Seulement les animaux s’enfuient en sentant leur présence. Pas leur odeur, leur présence seulement. L’instinct leur indique qu’il y a danger, et ils fuient. Comment chasser le gibier alors ?

La voila qui tombe à genoux devant moi, et aussitôt je me baisse, craignant un évanouissement. Son corps est si faible, si malingre, pire qu’au temps où je l’avais trouvé. Je sens ses os sous mes doigts. Tous les efforts que nous avons faits pour qu’elle n’ait pas que la peau sur les os, tout s’est évanouit en quelques semaines seulement. Bon sang, mais elle va mourir ainsi.

Elle me supplie, me demande de l’aide. Pas pour elle, mais pour l’enfant. Notre… enfant. Une fille qui plus est. Voila pourquoi elle est revenue. Elle n’a nulle part où aller, personne pour l’aider ou s’occuper d’elle. Personne hormis moi. Je l’entends alors dire tout ce à quoi elle est prête pour sa fille : ne plus s’enfuir, ne plus se battre, se donner à moi… Elle est prête à tout pour elle alors qu’elle n’arrêtait pas de l’appeler minotaure. Elle a bien changée. Elle s’est enfin prise à l’aimer. Mes mains passent sur son visage malingre, sentant combien il est émacié, ce qui me fait mal au cœur. Je me tourne vers mon ancienne nourrice et lui dit :

« De la viande, et vite ! »

Pas de cris, pas besoin. Shyntlara court comme une folle, allant chercher de quoi répondre aux besoins de Cyllian. En attendant je passe mes mains sur son visage, ses cheveux, et me rend compte combien elle est négligée. Qu’a-t-elle donc vécu ? Je suis à la fois effrayé et triste parce que lui est arrivé.

« Cyllian, tu n’as rien besoin de m’offrir. Je te l’ai déjà dit, tu n’as qu’à me demander et je répondrais à tous tes besoins. Autrefois je t’ai interdit de quitter la maison pour te protéger. Maintenant… tu n’as que moi pour t’aider n’est-ce pas ? Moi que tu hais de tout ton cœur pour ce que je t’ai fait subir. »

Vu les larmes qui ont coulées, je sais combien ce qu’elle a demandé la répugne. Et la savoir pleurer me fait mal, plus mal que ce qu’il est possible d’imaginer. Ma voix d’ordinaire dure et autoritaire et si douce avec elle. Le loup se fait agneau en sa présence.

« Je me rends compte combien cela a du être dur pour toi de revenir ici, seulement t’ai-je déjà forcé à quoi que ce soit Cyllian ? Hormis rester ici t’ai-je demandé quoi que ce soit ? Je ne suis pas forcément le monstre que tu penses que je suis petite fille. »

Shyntlara revient avec une assiette de viande crue qu’elle met sous le nez. Je la dépose par terre avant de tendre les bras vers Cyllian.

« Confies-la moi. Tu as besoin de tes deux mains pour manger. »

Il se baisse, ses mains venant contre mes bras. Mon étreindre contre ma fille se resserre un peu mais je prends garde à ne pas lui faire de mal. Si il le faut pour sauver ma fille, qu’il fasse de moi ce qu’il veut, qu’est ce qu’un corps, qu’est ce que mon corps, quand celui de mon bébé cri famine ? Rien, aucun sacrifice n’est suffisant pour qu’elle ne manque de rien. Même feindre d’aller bien, même me donner a mon pire ennemie… même feindre d’être bien avec LUI.

Il parle, il m’annonce ce qu’il pense et une fois encore se fait doux. Je ne le comprends pas, comment peut’ il être ainsi avec moi quand il gifle et violente tout a chacun ? Il fait demander de la viande, me sermonne à la manière d’une enfant que je suis encore et caresse ma joue. Alors je ferme les yeux, profitant de sa paume chaleureuse. Mes pensées se mélange un peu et mon ventre grogne, alors je n’éprouve pas la haine escomptée, il ne me dégoute pas. J’affectionnerais presque son contacte… mon sang reconnaît celui de ses semblable n’est ce pas ?

« Je crois avoir acquis le droit de ne plus être nommer petite fille… » Dis-je alors d’une voix brisée.

La femme de chambre qui avait pour habitude de prendre soin de moi arrive, je peux reconnaître ses pas alors qu’elle approche. Alors, parmi les effluves devenue familière, celle du sang fait briller mes yeux soudainement. La faim devenue étrangement insurmontable sur l’instant, jusqu'à ce qu’Illiv parle et que toute famine me quitte pour faire place a une crainte intolérable. Je sers mon bébé contre main sein et ma respiration s’amplifie. Pourtant… il n’as pas tord.

Alors, je glisse doucement la petite fille chétive dans ses bras, craintive des réactions du sombre. Mais il la prend avec une délicatesse surprenante et je délaisse ma fille pour engouffrer goulument la nourriture qui ne me convient pas. J’ai toujours aussi faim et le sang qui macule lèvre et gorge m’enivre d’une fureur malsaine. Avant j’aurais été un danger, j’aurais lutée contre moi-même et aurais été incapable de me contrôler. Mais aujourd’hui la faim est un sentiment que je comprends mieux.

« Je suis fatiguée et j’ai faim… »

Je tends nerveusement les bras vers Plume, ne cherchant pas à lui faire du mal a plutôt à sentir se contacte devenue essentiel pour moi.

« Tu veux bien me rendre Plume ? »

Cyllian se crispe, serrant plus encore l’enfant contre elle alors que je lui touche le bras. Elle n’a pas confiance en moi, l’aura-t-elle seulement un jour ? Elle craint pour la vie de sa… de notre fille, n’hésitant pas à se sacrifier pour elle. Je la corrige sur moi, encore une fois. Combien de fois faudra-t-il lui faire comprendre que je ne lui veux aucun mal ? Que je suis prêt à tout pour elle ? Non, ça elle ne le sait pas. Et pourtant, Calymentar sait que je suis prêt à faire les pires folies si elle me le demandait.

Je demande à Shyntlara de la viande, et tandis qu’elle va en chercher, je caresse doucement la main de Cyllian qui vient s’y frotter. Un geste affectueux. Moi qui aurais cru qu’elle ferait encore la fière en rejetant… Non, elle apprécie cette caresse. Que ressens-t-elle vraiment ? C’est idiot, mais le fait qu’elle aime cette sensation me fait plaisir. Elle ne peut le voir mais un petit sourire orne mes lèvres.

« C’est vrai, tu sembles avoir mûrie. Les épreuves forgent le caractère dit-on, mais ne t’ont-elles pas brisée ? Veux-tu donc que te considère comme une femme à part entière Cyllian ? »

Avoir un enfant ne signifie pas être femme, mais ça elle le découvrira bien assez tôt. Ma nourrice arrive avec une assiette de sang. Je propose à Cyllian de prendre l’enfant pendant qu’elle mange, et après un moment de réticence elle finit par accepter. Doucement je prends ma fille dans mes bras, l’amenant délicatement contre mon puissant torse tandis que Cyllian se jette sur la viande ensanglantée. Dire qu’avant elle vomissait rien qu’à cette idée, maintenant elle s’en délecte comme une véritable drow.

Pendant qu’elle mange, je passe doucement mes doigts sur l’enfant, représentant dans ma tête ce à quoi ressemble l’enfant. Elle ressemble à la fois à Cyllian et à moi, nul ne pourrait le nier. Elle est belle, très belle même. Une beauté à faire peur. Et à me faire mal. Cyllian a raison, comment le fruit d’un viol pourrait-il être aussi beau ? Je ne pensais que ce serait un minotaure, mais qu’il porterait la marque drow sur son front, signe de ma bestialité et ce à quoi je me suis abaissé. Mais c’est l’inverse, elle est magnifique.

Cyllian finit de manger et cherche déjà à reprendre son enfant. Elle a encore faim, mais sa fille passe ne priorité. Je pourrais lui dire, mais à quoi bon ? Elle ne m’écouterait pas.

« Plume ? Pourquoi l’avoir nommé ainsi ? »

Je lui rends notre enfant, m’assurant qu’elle bien en main avant d’enlever les miennes.

« Cyllian, je vais te porter jusqu’à ta chambre. Là tu prendras un bain, tu te nourriras et tu te reposeras, d’accord ? Tu as besoin de te laver et de manger. »

Sans vraiment attendre de réponse je me lève et prend la Gardienne dans mes bras. Elle n’est pas en état de se déplacer seule. Shyntlara est déjà partie donner des ordres, allant cherchant nourriture tandis que des servantes s’activent pour lui préparer un bain. Nous montons les escaliers et une fois en haut, je la dépose sur le lit.

« Là, voila. Les filles vont s’occuper de vous deux. Je suppose que tu veux que je sorte n’est-ce pas ? »

Il me rend ma fille, mon bébé, ma toute petite et légère demoiselle.

« Elle est si légère… comme une Plume. »

Mes mains se glissent dans son dos, venant se déposer derrière sa tête alors que la seconde trouve son ventre. Deux aveugles, deux parents incapables de voir alors que la petite qui se réveille d’être ainsi malmenée elle, voit. Cela me rassure mais me fais également peur… serais je capable de l’élever quand elle bougera? Quand elle marchera et que je ne pourrais me fier a rien d’autre que mon ouïe? J’en doute hélas plus que de raison.

Illiv me parle mais je l’écoute à demi jusqu’as ce que les mots me parvienne, me quoi ?! Porter jusqu’as ma chambre ? Ha, pas le temps de répliquer que me voila soulevée, poussant un cri de surprise alors que je blottis plume contre moi. Elle gigote, me prouvant qu’elle est réveillée, pourtant elle ne pleure pas encore, alors que je le sais, elle crève de faim autant que moi. Mais sa faim a elle, il n’y a que moi pour la combler et pour ça je dois manger… et attendre.

Illiv me transporte avec une facilitée qui m’impressionne toujours, comme si je n’étais pas beaucoup plus lourde pour lui que plume l’est pour moi. Il me dépose sur le lit, avec douceur, alors que mon pauvre fille commence à pleurer d’une voix faiblarde. Illiv me propose de nous laisser mais cela n’as plus d’importance. Cela n’en a plus depuis que j’ai décidée de demeurer ici. Et puis, il n’y voit rien de toute façon.

« Aucune importance, reste ou part… »

Ma main sanglante dénude mon sein que plume s’empresse de téter vigoureusement. Il y a un peu de lait pour elle, mais elle aura besoin des deux seins pour avoir de quoi tenir jusqu’as la prochaine tétée qui sera bien moins certaine. Elle a bien dormit, elle a laissé a mon corps le temps de lui donner quelque chose… Les servantes viennent m’aider à me dévêtir alors que ma fille mange goulument le lait maigre que je lui fourni. J’entends les hoquets de Shyntlara alors quelle découvre mon corps qui dois être en effet à faire peur.

« Cyllian… tu n’as que la peau sur les os ma pauvre enfant ! Uriz tout puissant… pauvre petite… »

« je vais bien Shyntlara, d’ici quelques, semaines j’aurais repris des formes et Plume aussi. »

Légère comme un plume ? Oui elle l’était, légère comme une elfe voire plus. Normal vu que c’est un bébé encore. Mais je doute qu’elle garde ce poids au fil du temps. Pour moi elle restera sans doute légère comme une plume, mais pour Cyllian j’ai de sérieux doutes.

« Je vois. »

Je lui rends son… notre enfant, avant de les prendre toutes les deux dans les bras pour les emmener à l’étage. Elle aussi est légère comme un plume. Le poids qu’elle avait acquis, les formes qu’elle avait eu tant de mal à prendre, tout cela s’est évanouit. Dire qu’elle commençait enfin à ressembler à une drow… je retrouve un elfe anorexique.

Une fois dans la chambre, je les dépose toutes les deux. La respiration de la petite est différente, ce qui sous-entend qu’elle est éveillée. Je demande à Cyllian si elle veut me voir partir ou rester, mais elle s’en moque. Elle s’est résignée à son sort. Elle n’est plus la fière princesse du désert qui hurlait, me griffait et tempêtait dès que j’osais m’approcher d’elle. Elle cesse de lutter.

« Je vais rester un peu alors. Toutefois, souviens-toi que tu es chez toi ici. Si tu ne veux pas de moi, tu n’as qu’un mot à dire. »

Non elle n’est pas ma prisonnière, elle ne l’est plus. A quoi bon, elle ne peut aller nulle part elle le sait très bien. Elle restera ici parce qu’elle n’a pas le choix, en sommes c’est sans doute pire que d’être prisonnière. J’entends le tissu bouger et très vite un bruit de succion. La petite se nourrit, elle a faim. Ma mine se fait grave en imaginant le corps martyrisé de Cyllian, d’ailleurs Shyntlara en a un hoquet de douleur avant de plaindre la gardienne. Ne résistant pas je prends ses yeux et vois alors. La vision qui s’offre à moi est plus horrible que ce que je pensais. Si frêle. Si sale. Je romps le contact et me lève. Je me sens mal, mais ça elle ne peut le voir, contrairement à mon ancienne nourrice.

« Que l’on aille chercher à manger pour Cyllian. En grande quantité. Le plus vite possible. »

Les serviteurs s’exécutent, filant en cuisine chercher de la viande. Peu importe qu’elle mange ici, ce sera salement je le sais. Elle va en mettre partout, alors autant qu’elle se salisse avant de se laver. Je reviens vers le lit, et m’assoit aux cotés de Cyllian.

« Dans quel état tu t’es mis princesse du désert… Tu es incapable de prendre soin de toi-même. Tu as toujours besoin d’aide, même si tu ne le sais pas. Je vais veiller sur toi. Tout ira bien, c’est promis. »

Mes doigts descendent le long du cou de la gardienne pour arriver jusqu’au sein que tête la petite Plume. Ils passent sur sa joue, ses oreilles, doucement, délicatement.

« Sur toi aussi May’afae… ma fille. »