Le bouclier salvateur [Terminé]

[Privé,Aldénor de Faëorn]
Un matin frais soufflait sur l'aurore brumeuse des temps troubles. La guerre sévissait, et emportait sur son passage les âmes effacées de la toile miradelphienne, à jamais. Sur la brise mortifère s'épanchait la douleur de la pieuse damoiselle De Sephren, affligée dans l'étau grave de torpeur candide. La mort récente du duc avait heurté la sensibilité du château, laissé exclusivement à la féminité, qui, déjà, avait laissé des preuves de supériorité dans l'ancien temps. La plus haute vertu, conférée à la sœur Bonté, était régie sous le joug de la duchesse sulfureuse, exemple même de l'intelligence la plus vive.

Dans l'obscurité des temps, la lumière s'épanchait sur elle. La duchesse fulgurante s'attelait à sauver sa pauvre fille, qui, selon la bonté, était bien trop soumise à ce chagrin souffrant. La duchesse voulait débarrasser sa fille, en hâtant l'heure de l'avènement sacré, avec le marquis si généreux. Mais hélas, la Bonté s'y était opposée. Il fallait renforcer cette douce protection. SaYoLe suffisait amplement pour contrôler et inspecter les faits et gestes de la petite duchesse, mais le duché, lui, semblait en danger. Une lettre avait été acheminée... adressée au seigneur Aldénor de Faëorn.

Citation :

Diantra, une auberge modeste, quelques heures après le lever du jour.

La missive venait d'arriver et s'était échoué sur une table d'un bois en piteux état, marqué par l'indélicatesse des résidents passés. La lettre représentait, à cette heure peu avancée du jour, le glas d'un repos bien mérité et réparateur, ce qui valu d'ailleurs un petit énervement du maître d'arme. Le calme revint finalement lorsque plus personne d'autre que lui ne se trouva dans la pièce. Lorsque se fut fait, Aldénor, peu pressé de lire les nouvelles, la repoussa un instant pour se rendormir quelques temps. Une lettre ne gâcherait pas son repos, foi de lui !

Une fois cela fait, il fit quelques exercices pour se maintenir en forme puis pris la lettre avant de sortir dans les rues de Diantra pour se promener un peu avant de trouver un menu alléchant pour se sustenter avant une après-midi qu'il avait prévue fort animée en entraînements, chose qu'il n'avait pas fait depuis déjà trop longtemps... Il lui fallait garder un haut niveau s'il voulait atteindre son objectif.

" M'sieur ! M'sieur ! M'sieur ! "

Cette harangue le tira de ses pensées et ses réflexions sur un avenir qu'il espérait plus flamboyant que sa vie actuelle.

" Hmm ? "

" Z'avez fait tomber ça ! "

" Ha ? " Il regarda plus à même la feuille tendue par ce gamin des rues puis, pris d'inquiètude, fouilla rapidement sa besace où il ne retrouva pas la lettre reçue ce matin même. " Ho... Merci mon petit. "

Comme il était plus rare qu'on rende un objet perdu, plutôt que de le voler, le gamin fut remercié par quelques pièces qui lui parurent une fortune à la vue du large sourire qu'il afficha et de la vitesse à laquelle il repartit, sans doute pour s'acheter de quoi se faire plaisir.

Arrivé à une auberge au menu plaisant, Aldénor quant à lui, s'assit pour commander un repas complet à l'abris d'un Soleil de plomb qui étourdissait plus que d'habitude, les mendiants et autres traînards des rues. Puis, jugeant avoir assez attendu, Aldénor jugea qu'il était temps de lire cette missive. Il était rare qu'on lui écrive, il ne laissait jamais d'indice à ses nombreuses amantes pour qu'elles puissent le recontacter... Les quelques échanges écrits qu'il avait étaient ceux avec sa famille et de temps en temps des particuliers pour des leçons d'arme.

On le demandait au duché de Langehack. Une duchesse... Voila qui était très intéressant. Elle semblait d'ailleurs plutôt portée sur les hommes, à en juger d'un style plutôt engageant. Entre le plat principal et le dessert, il se chargea donc de répondre.

Citation :: Chère Duchesse de Langehack,

Votre demande est forte intéressante et je ne saurais vous la refuser a priori. Cependant, étant homme de qualité et assez demandé en ces temps troublés, je ne peux vous garantir mon aide pleine et entière sans plus d'informations. Je tiens d'ailleurs à m'excuser de ce ton qui peut vous paraître sec mais croyez-bien que je serais ravi de vous apporter toute l'aide qu'il m'est possible.
C'est pourquoi, j'aimerais de plus amples détails sur ma mission en votre duché.
Par ailleurs, je ne pourrais vous rencontrer avant quelques jours, quelques formalités me retenant actuellement à Diantra. Soyez cependant assurée que dès mes obligations terminée, je serais plus qu'honoré de m'entretenir avec vous afin que, quelque soit ma réponse, nous puissions nous accorder sur la meilleure manière de répondre à vos attentes.

Je vous pris d'accepter mes sincères et respectueuses salutations en attendant que je ne puisse vous en faire part de vive voix :

Aldénor de Faëorn

« - La pauvre pupille est certes fragile, madame, mais prendre des mesures inconséquentes ne saurait qu'attirer l'attention sur elle. Non! Je suis formelle. Son bien être n'est déjà que trop assuré par SaYoLe, qui, je dois l'avouer, tend à être incapable. Que voulez vous donc renforcer cette protection inutile?

La Bonté parlait froidement. Sa conviction s'imposait, lourde, et grave. Ses yeux tentaient de trouver un chemin dans ceux de la duchesse, et d'y pourfendre toute envie de protection masculine. Il ne fallut pas outrager la vertu de cette pucelle, ou le discrédit s'abattrait sans faille sur le duché. La sensuelle duchesse, attrayante, souriait un instant. Elle reprenait doucement.

- Ah! Mais vous vous méprenez...! Nous avons été victime des drows, chère Bonté! Les prcautions sont à prendre. On se doit de protéger veuves et victimes, et Ashenie, si chagrinée, en est l'exemple parfait. Pauvre enfant! Il m'arrive d'avoir tant de peine en la regardant... Mais, la convocation au maître d'arme n'est pas pour elle, en cet instant. Je désire améliorer la performance des protection, attirer ce renommé demi-elfe jusqu'à...moi.
Quant à SaYoLe... je...

On frappait, avant d'entrer directement. Un serviteur apportait une enveloppe, sur un plateau d'argent. Il s'agenouillait lentement au pied de la duchesse, offrant la lettre à sa maîtresse. Cette dernière eut un sourire satisfait.

- Oh! Maurice... je vous remercie.»

Un bref regard à la bonté lui signifiait qu'il était temps. D'un pas décidé elle s'éclipsait, se dirigeant vers les appartements de la jeune duchesse. Esidenir s'asseyait posément, le regard perdu dans les mots de son correspondant épistolaire. Avec soin, elle détaillait en souriant la signification de sa lettre, et s'attelait à répondre.

Citation :

Les heures et les jours étaient passés. Les coursiers prenaient leur temps, du moins celui qu'Aldénor envoyait. Un bon coursier coûtait cher et ce n'était pas dans son habitude de dépenser pour écrire des lettres à une dame qu'il ne courtisait pas. De plus, le ton, plutôt féminin et charmeur, le laissait présager que quoi qu'il fasse, elle saurait attendre quelques heures de plus. Peut-être même cela pouvait lui donner l'envie d'accélérer les choses au point de ne vouloir plus que lui pour cette mission si vague dont elle lui avait parlé dans sa première missive.

La suite arriva enfin, un matin avant son lever. Mais cette fois-là, point d'attente à la lecture ni de mine bougonne. Il était éveillé et avait reprit l'entraînement d'arrache pied. De plus, il devait se rendre en prison dans l'après-midi, du moins s'il arrivait à s'y motiver, afin de rencontrer sa future couverture, son entrée dans le monde des gens honorables : sa future femme !
Cette proposition tombait donc fort peu justement puisqu'il devrait probablement faire de nombreux allers-retours entre Diantra et le duché... Mais si l'honneur était important, le travail ne l'était pas moins, surtout pour le compte d'une duchesse au verbiage si tentant. Alors après tout, il ne se sentait pas le cœur à refuser, quitte à devoir chevaucher des jours durant afin de régler les affaires courantes.

Après avoir lu la missive, il s'enquit à y répondre tant que le coursier était là. Ça lui ferait une chose de moins à décider aujourd'hui.

Citation :: Duchesse Esidenir De Langehack,

J'ai bien pris connaissance de votre lettre ainsi que de vos demandes et je peux quasiment vous garantir de mon soutien plein et entier dans cette entreprise qui, bien que fastidieuse, se promet des plus enrichissante et passionnante. Ce pendant, il reste des points de détail à éclaircir et c'est pourquoi je viendrais en votre domaine aussi rapidement que possible. Il se peut cependant que le délai soit extrêmement variable en fonction des évènements et c'est pour cela que je vous recontacterez avant de venir. En attendant, et ceux afin de ne pas perdre de temps, j'aurais souhaité avoir des informations quant à la surface à couvrir, le nombre d'hommes diponible actuellement, les mesures existantes pour la protection de votre famille ainsi que le personnel présent et son dénombrement.
Je me doute que cela soit fastidieux et je tiens à vous assurer mes plus plates et sincères excuses pour cela mais il me semble important de ne rien laisser au hasard afin que vous puissiez vous vanter d'avoir le meilleur élément et la meilleure protection, chose qui saura faire briller votre duché au yeux de tous, y compris de vos sujets.

Dans l'attente d'une réponse de votre part, je vous prie d'accepter mes salutations les plus sincères ainsi que mon espoir futur de m'entretenir avec vous.

Aldénor de Faëorn

Citation :: " Au maître d'arme Aldénor De Faëorn,

Cher Sir De Faëorn,
Votre agrément me touche droit au cœur, et c'est avec sincérité que vous témoigne ma reconnaissance la plus dévouée, tant à vous qu'à votre imposant savoir faire, qui, bientôt, saura satisfaire les besoins de ce duché à l'extase grandissant. Sachez qu'en ces instants, le renommé Marquis de Sainte-Berthilde, et sa garde partagent les couloirs de mon duché, et n'est aucunement instruit de mes projets à votre égard. Puissiez-vous comprendre la délicatesse de ma situation, et l'affluence de ces garde qui met en péril la souveraineté au sein de ce duché... Vous devinerez aisément la couverture de cette pieuse demande, je pense. J'attend de vous que vous ameniez l'ordre et la souveraineté de Langehack en ses propres terres. Malgré quelques rumeurs de pacotilles, vos qualités me sont tant vantés que je ne voudrais nullement manquer l'occasion de les voir à l'épreuve. Ashenie, ma fille, est d'ailleurs sous ce joug indecent. Vous comprendrez aisément l'angoisse d'une mère que de savoir sa fille dans une telle indélicatesse, et la perle qu'est Ashenie ne saurait que trop vite en être victime, par les abus les plus déloyaux. Votre discrétion totale est requise, Sir de Faëorn, ainsi que vos compétences les plus élaborées en matière de protection. Ashenie dispose, par quelques avancées de mon défunt mari, d'un garde du corps, possédant plein pouvoir sur la garde, lorsque sa santé est estimée en danger. Comprenez à quel point ceci constitue une liaison dangereuse.
La guerre mon ami! Ah! Qu'est-ce que la guerre? Une ruine de mon humble neveu et roi de Diantra. Mais qu'est il...? Sachez que par sa faute, mon fils, etvla majeur partie de ma garde, se sont fourvoyés dans une bataille déchirante, au nord.. la haut! Oh.. la vie n'est qu'une vallée de larmes pour une femme... vous me voyez bien peinée, seulement dotée de ces 80 000 soldats. C'est une approximation, sans doute... voyez, mes intendants sauront vous donner de plus amples informations. C'est sur la note de votre manque que je vous quitte, Sir de Faëorn. Le marquis sollicite mon attention la plus délicate... Que votre arrivée soit rapide, cher maître d'arme. Que vos pas jusqu'à moi se raccourcissent.. Oh! si vos bras pouvaient enserrer ces lieux de votre tendre protection.. dans quel extase serai-je.
Que les dieux vous bénisse, Sir, et considérez les hommages de votre humble et dévouée duchesse, ayant l'honneur de partager avec vous quelques mots. Veuillez, je vous prie, faire au plus vite. Je vous attend avec impatience.

Du château De Langehack,
Esidenir De Langehack."

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