De retour ! Il faut se relaxer ! [Libre]

Les Silencieux n’étaient plus. Leomyr avait fait quelques recherches mais rien ! Daneva avait littéralement disparue de la surface du continent et ne voulant pousser plus ses recherches de peur de se faire repérer, Leomyr fit son escale dans la ville des bandits ! Ici, seul un fou essaierait de faire pression sur lui pour obtenir une rançon ou ses services. Autant dire que la Dross serait son repaire jusqu’à la réponse des Drows vis-à-vis des voix qu’il entend de plus en plus souvent… Des voix le menant de carnages en carnages, de cadavres en massacres.

Il était au environ de la pleine lune lorsqu’il décida de sortir dans les rues de la ville. Encapuchonné et vigilant, il vagabondait dans les rues étroites de la citée à la recherche d’un endroit dans lequel il réussirait à trouver du plaisir ! En marchant, il aperçut quelques enseignes sympathiques mais trop de monde y étaient déjà fermement installés et Leomyr n’avait vraiment pas envie de se mêler à ces faiblards prêts à tous pour un hydromel ! Il continua donc à marcher dans l’ombre, le visage camouflé… Finalement, un établissement plus reculé l’attira. Il était grand de trois étages et en retrait. Quelques femmes semblaient s’agiter en son sein et l’ambiance semblait bien plus posée que dans les autres tavernes.

Les autres étaient faites pour les enfants et les doux idiots, assurément ! Leomyr entra donc, presque appâtait par l’atmosphère démentielle de l’endroit ! Il allait bien s’y sentir c’était certain et que personne ne le pousse à boue ce soir... ! Sous peine de finir, soi dans un cachot, soi enterré vivant ! Son visage se vernissa de stupeur quand il aperçut derrière le comptoir une tavernière, somptueusement belle et animale... Tenant les reines de l’endroit d'une main de fer ! Leomyr n'eut autre choix que de s’asseoir face à elle. Pas pour la défier, simplement pour la comprendre et l'observer subtilement. Qu'est-ce qui pouvait bien pousser une telle femme à s'éterniser dans un endroit pareil ? Les doux rires des quelques pucelles rassemblées perturba alors ses pensées et il ne ce força pas à les regarder juste après ! Elles n’étaient que poudre aux yeux mais soit, il allait surement passer un moment très… intense ?

Il sortit alors sa bourse, lourde… Son séjour chez les Silencieux avait fait de lui un Drow plutôt aisé, ayant une vie tout à fait bien remplie, bien qu’un peu trop agitée et dangereuse. Il sortit alors quelques écus et les posa sur le comptoir. La tavernière regarda Leomyr quelques instants. Lui croyait qu’il n’avait pas assez posé d’écus, une vingtaine quand même. Puis il lui dit sans attendre :

« Bonsoir Beauté des Nuits. Servez moi une pointe de sang et servez-vous ce qu’il vous plaira. C’est moi qui offre. »

Leomyr s’adossa au comptoir, observant les femelles discuter. Lui n’avait pas besoin de sexualité où autre chose pour se divertir. Une nuque tranchée suffisait et il parvenait très bien à s’imaginer cette scène en les voyants se dandiner devant lui. Il arbora très vite un sourire. Elles étaient belles, certes oui, mais les tuer avec férocité serait beaucoup plus exitant. Son regard se plongea ensuite dans les lignes de l'écrit placardé sur le mur un peu plus sur sa droite...

* Interdit aux armes. Hmm. Ça va pas être possible ça. *

Il se retourna ensuite vers la tavernière. Attirante, rien à redire.

Eleaulë était occupée à essuyer quelques pintes sur son bar, comprendre qu'elle les buvait une à une, quand un homme assez singulier fit son apparition à l'entrée de son tripot. C'était un Drow, elle en était sûre et il n'était pas des plus rassurants. Il s'assit face à elle au comptoir et commanda une pinte de sang, non sans la qualifier d'un de ces magnifiques épithètes que les hommes lui adressaient chaque soir en réclamant de la boisson. Cela ne faisait que quelques jours qu'elle servait ici et pourtant, elle s'habituait déjà au rythme de vie, travaillant surtout la soirée et la nuit et allant dormir la journée, remplacée par une serveuse. Narkhonn s'avérait être d'une grande utilité, même si il s'emportait un peu trop souvent et décapitait çà et là. La jeune femme croisa le regard du nouvel arrivant et lui décocha un sourire enjôleur, chose qu'elle adressait à certains hommes auxquels elle faisait cet honneur. D'un geste rapide, elle emplit une pinte de sang. Elle se faisait livrer régulièrement et ne manquait de rien en quelque matériau que ce soit. Soudain, ces pensées dérivèrent vers Filraen, son bel amant en ce moment prostré dans son lit. Il n'avait pas eu d'autre choix que de se poser de force quelques jours sous les draps, le voyage pour lui avait été fort complexe et éreintant. Depuis un moment, le seul homme qui semblait avoir grâce à ses yeux était ce Drow recueilli le long d'un chemin alors qu'elle se rendait à Ydril. Les autres n'avaient que quelques sourires enjôleurs et effleurements suggestifs. Elle savait pourtant que les Sombres n'étaient pas réputés pour leur fidélité, peut être même qu'une femme l'attendait on ne sait où, mais elle n'en avait cure; pour le moment, il était à elle et il ne semblait pas s'en plaindre. Reportant son attention sur le nouvel arrivant, la jeune femme le détailla du regard, il dégageait de lui une aura malsaine, chose qu'elle pouvait peut être ressentir grâce au sang Drow dans ses veines. Choisissant la prudence, elle observa un coin de la pièce, celui où se trouvait Narkhonn, elle ne perdait rien à l'avertir que quelqu'un s'aventurait un peu trop loin sur leur territoire; de plus son rôle était de s'assurer qu'il n'arrive rien aux membres importants de cette maison de passe. Le geste avait été imperceptible et pouvait être adressé à n'importe qui dans l'assemblée. Son attention se reporta sur ce Drow, sa voix mutine s'éleva parmi le brouhaha des clients, pour mieux se faire entendre, elle se pencha en avant, mettant en valeur ses atours.

Bien le bonsoir Messire Drow... Le sang est il a votre goût?

Elle eut un nouveau sourire, son corps ne bougea pas, elle continuait à le regarder, plongeant ses deux gouffres gris perle dans ses yeux. La Beauté des Nuits, comme il venait de l'appeler, était en plein jeu avec ce nouvel arrivant. Rien de tel que de lui donner quelques espoirs pour qu'il revienne le soir suivant à l'auberge...

Encore une soirée banale dans la morne immortalité qu’était le quotidien de Narkhonn, comme à son habitude, il était assis dans son recoin favori, à moitié dissimulé dans l’ombre alors que seuls ses yeux grenats se distinguait de l’obscurité, reflétant l’éclat des flammes des quelques torches qui parvenaient jusqu’à lui. Il n’était ici que depuis quelques jours mais ce lieu lui convenait bien, enfin il aurait été plus juste de dire que c’était là un des meilleurs endroits qu’il avait connu depuis ces dernières années. Ce dernier était potentiellement apte à répondre à tous ses besoins, il pouvait être ce qui le ferait se sentir vivant : il avait de l’alcool, de la nourriture, des femmes, il cherchait encore quelques drogues dans le secteur mais ce n’était qu’une question de temps. Enfin, il y’avait même quelques personnes à occire pour ainsi leur ravir leurs plaisirs à venir, comme sa philosophie quasi religieuse le lui dictait.

Toujours est il qu’il se laissait aller à ces plaisirs-là que rarement, pour pleinement les savourer - ce qui n’était pas pour déplaire à ces dames quand c’était de cette question dont il s’agissait – aussi gardait il entre ces périodes-là un flegme, une impassibilité et un calme propre à ceux de son espèce.

La soirée s’avérait plutôt calme alors que l’elfe regardait avec une curiosité et un intérêt de prédateur les pauvres mortels s’agiter et s’exciter autour de banalités. Narkhonn entretenait une relation étrange avec la maitresse des lieux : pour l’heure il apparentait cela à un échange de bons procédés, il bénéficiait ici de ce dont il avait besoin et en contrepartie il apportait son aide face aux petits désagréments du métier. Elle lui reprochait souvent sa manière un peu expéditive de traiter les problèmes et bien que cela ne lui plaisait pas il essayait de faire des efforts pour ne pas perdre ses « privilèges ». Pour l’heure, leurs relations étaient purement cordiales, quasi-professionnelles, mais l’elfe avisé qu’il était n’avait pas manqué de remarquer le sang Drow qui coulait dans ses veines. Cela l’intéressait, pour l’aspect beaucoup plus charnel de ses créatures, et il savait que lorsque la personne était de sang mêlé c’était encore plus … intense. Mais il patientait sagement comme à son habitude, entendant son heure et l’opportunité, après tout n’avait-il pas l’éternité devant lui ?

Cette soirée était vraiment ordinaire, il ne comptait plus les catins où les clientes en mal de chaleur qui avait tenté de l’emprisonner dans leurs filets, émerveillées par les tatouages mystiques qui recouvraient son torse nu (et plus encore), faisant ainsi jouer leurs doigts sur la sculpture qu’était son corps, suivant négligemment et avec espièglerie les motifs mystérieux. Il était resté de marbre à chacune de leurs avances, le temps de profiter de sa vie éternelle et de sentir vivant viendrait en temps et en heure. Pour l’heure, un soupçon d’originalité se présenta à la porte. Un Drow, assurément, d’ailleurs il ne semblait pas être le premier imbécile heureux venu, fort d’une puissance qu’il s’inventait. Non, cette dernière était bien la, ce qui décupla la curiosité de l’elfe à son égard avant que les yeux d’Eleaulë vinrent trouver les siens, lui faisait clairement comprendre qu’il devait être à l’affut. Mais ce n’était pas la peine très chère, ce type était suffisamment intéressant pour qu’il lui accorde toute son attention.

L’elfe des sables se leva et vint s’asseoir au comptoir sur un tabouret relativement haut, à quelques mètres de l’inconnu, sans lui accorder le moindre regard mais tout en le surveillant du coin de l’œil, étant ainsi parfaitement au vu et au su de chacun de ses gestes. La où certains auraient éclaté de rire, il ne fit qu’esquisser un sourire proche du rictus … « Beauté des Nuits », il n’avait pas plus ringard ? L’assassin réajusta son écharpe sur ses épaules nues et passa négligemment une main dans ses cheveux, observant la tenancière d’un regard entendu. Il tendit à nouveau son verre à liqueur :

- Encore un peu de ce délicieux Porto des Mers du Sud … s’il vous plait …

Qui aurait pu se douter à ce moment la, même un tueur des plus expérimentés, que Narkhonn tenait alors trois grosses aiguilles empoisonnées au creux de son poing, prêtes à sortir entre les interstices de ses doigts, et prêtes à frapper à n’importe quel moment. Il trempa les lèvres avec un flegme impressionnant dans le délicieux breuvage, attendant patiemment la suite des évènements.

La tavernière avait des atouts non-négligeables. Il aurait été facile de se jouer de lui à ce moment là mais Leomyr ravisa son jugement. Qu’est-ce que les gens pourraient penser de lui si le plus sadique des assassins de ce monde – et sans doute l’un des plus puissants - devait s’enliser dans une pseudo-relation complètement infructueuse ? S’évader en de pareilles pensées ne le rassurait pas. Était-ce ça la nostalgie ? Le fait de ne plus appartenir aux Silencieux l’avait-il tant changé ? Il n’en n’était pas certain mais c’est vrai que les bains de sang et les tortures d’une semaine d’épouvante lui manquaient un peu… Heureusement, sa fuite fut un succès, bien qu’il se refuse à admettre que s’en était une.

"Bien le bonsoir Messire Drow... Le sang est il à votre goût?"

La tavernière avait un sourire de tueuse… Enivrant et totalement charmeur. Leomyr se doutait bien que ces charmants sourires feraient très vite grimper la quotte de popularité de l’endroit. Bien que le sang servit ai un arrière goût bizarre, il n’en était pas moins des plus délicieusement sélectionné. Une enseigne d’avenir ! Voilà ce qu’offrait aujourd’hui l’endroit. Petit à petit, quelques badauds entrèrent dans la taverne, des humains, des nains… Des ridicules petites vermines qui elles, venaient sans doute pour se faire chatouiller les parties génitales. Quelle bande de pleutres, pensaient-ils alors, accablé par la stupidité des clients. Leomyr avait presque oublié la question de la tavernière. Il y répondit alors :

« Et bien… » Leomyr ne savait pas s’il était de son devoir de lui dire la vérité sur le goût bizarre qu’il avait analysé ou s’il devait lui répondre en bon charmeur que son breuvage était exquis !

« … Assez oui. J’ai remarqué un goût étrange mais, c’était satisfaisant. Je vous en remercie. »

Leomyr ne savait guère si sa réponse avait comblé les attentes de la tavernière et dut y réfléchir quelques secondes avant de se conforter dans son idée : la franchise est souvent la clef du succès auprès des femelles même si parfois la vérité est bien plus difficile à entendre et comprendre ! Une nouvelle fois, il se ravisa dans ses pensées. Mais qu’est-ce qu’il lui arrivait ? A chaque fois qu’il croissait son regard une étrange sensation l’oppressait… Comme si la tavernière avait tout contrôle sur lui durant l'espace d'un instant. Leomyr qui ne comprenait vraiment pas les dames passa alors à autre chose, faute de pouvoir comprendre l'instant.

Soudain, une odeur étrange vint lui titiller les narines. C’était un subtil mélange, sans doute du poison mais dans cette taverne, en être certain était quasiment impossible ! Trop d’odeur étaient mêlées à celle qu’il voulait localiser ! Ce n’était pas loin de lui, moins de deux mètres, plus ou moins…. C’est alors qu’il remarqua - bien que tardivement - la présence de l’elfe un peu plus loin. Il le regarda avec attention n'ayant aucune raison d'être discret pour l'occasion. Observant sa démarche, sa façon de faire et même sa manière de boire… Il était suspect mais ne semblait pas agressif. Ce qui n’allait sans doute pas durer s’il ne se calmait pas avec le Porto ! Leomyr fit signe à la tavernière de se rapprocher et quand elle fut assez proche de lui, Leomyr lui fit :

« Tenez. Gardez moi ça pour ce soir. Je ne pense pas en avoir besoin. »

Leomyr lui tendit alors ses deux Glaives de Diamant. Il avait tout de même gardé ses deux Saïs, on ne sait jamais. Lorsque la tenancière prit ses armes, il regarda l’elfe assis plus loin et lui fit un clin d’œil. Si c’était lui qui avait du poison et qu'il voulait s’en servir aujourd’hui, Leomyr voulait lui faire comprendre qu’il faudrait qu’il se trouve un autre adversaire pour ce soir. Leomyr ne devait ni se faire remarquer, ni faire parler de lui… pendant encore quelques semaines. Aux yeux des puissances elfes, humaines et naines, il était un criminel recherché et son « chez lui » était bien trop surveillé pour le moment. Autrement dit, il devait éviter de se battre s’il le pouvait.

La tavernière était encore devant lui lorsqu’il rajouta :

« Qu’elle est votre nom… gente Dame ? Vous m’intriguez… Cette… taverne, vous appartiens-t-elle ? J'aimerai connaître le nom de celle a qui je confie mes armes, si possible... »

Eleaulë observa Narkhonn s'approcher et commander du Porto. Elle lui en servit dans un verre assez volumineux qu'elle remplit à la moitié, après tout, cet Elfe avait la capacité de bien tenir l'alcool. La jeune femme ne s'attarda pas, quelques secondes après, le visiteur lui intima de s'approcher. Elle reçut deux lourdes dagues de diamant dans les mains. Sans prendre le temps de les observer, elle les posa nonchalamment dans le coffre sous le comptoir où demeuraient les armes que les clients bien placés lui confiaient habituellement. Esquissant quelques pas, la semi Drow se retrouva de nouveau devant les deux êtres. A nouveau, l'Elfe noir inconnu prit la parole, demandant son nom et si elle était propriétaire de l'endroit. A ces mots, la jeune femme ne put réprimer un sourire amusé. Se penchant toujours en avant, elle murmura d'une voix mutine au Drow plutôt curieux.

Pour mon nom... Beauté des nuits vous suffira vil flatteur...et pour cet endroit, j'en suis la tenancière bien entendu... Vous n'avez besoin que de cela ce soir...

Elle eut un rire cristallin, celui que les hommes adoraient entendre. Ce malandrin se voyait bien supérieur si il croyait que tout lui était acquis. Le cœur de la jeune femme n'appartenait qu'à Filraen son amant, à son garde du corps de fortune Narkhonn et à tous les hommes qu'elle servait ici. Cependant, certains avaient une place plus importante et cet inconnu ne devait pas se croire tout permis sous le prétexte d'un ou deux bons mots. S'éloignant de quelques pas pour remplir de nouvelles chopes, Eleaulë s'adressa directement à lui. Sa voix était calme et pouvait être parfaitement entendue malgré le brouhaha ambiant.

Et vous Messire... Aurais je l'honneur de connaître votre identité?...

Apparemment, la présence de l'épice ajouté dans le sang l'avait quelques peu dérangé. Enfin, elle allait peut être devoir s'approvisionner en sang simple au lieu de vouloir chercher dans la complexité des goûts. Toujours est il qu'elle prit de nouveau la parole, en revenant vers eux un verre d'absinthe à la main. Depuis un long moment, elle affectionnait cet alcool qu'elle ne buvait que rarement, cela avait le don d'éclaircir votre esprit. Quoiqu'il en soit, depuis qu'elle tenait cet endroit, un nouveau don semblait l'habiter car elle pouvait boire n'importe quel alcool sans jamais défaillir. Buvant une gorgée, son regard se tourna vers Narkhonn, ses deux perles grises se firent interrogatives. Devait on craindre ce Drow ou bien le laisser palabrer et aguicher la Maîtresse de cet endroit? Posant le verre, empli de ce nectar émeraude et servit une nouvelle pinte au visiteur. Un léger sourire naquit sur ses lèvres, après tout, si Narkhonn souhaitait s'opposer à cette attitude de rentre dedans, libre à lui, histoire de mettre un peu d'action dans cette taverne qui commençait à se ramollir. Dans un léger rire, la jeune femme reprit, croisant toujours le regard du nouvel arrivant avec cet air enjôleur qui pouvait ressembler soit à de la moquerie, soit à des réponses à ses avances.

Quant au sang... Sachez que vous êtes « Aux Sensations Nouvelles », il faut donc bien vous procurer de nouveaux frissons...

Le dernier mot avait été murmuré non loin de son oreille avant qu'elle parte, plateau à la main, servir une tablée de nains qui venait chercher de l'or et qui réclamait à corps et à cris de la boisson en tapant leurs chopes vides sur la table de bois, énervant la clientèle. Eleaulë prit son temps, histoire de voir comment le Drow allait réagir à la présence de Narkhonn non loin de lui. Du coin de l'œil, elle ne pouvait s'empêcher d'observer le dos musclé de l'Elfe. Lui aussi était on ne peut plus attirant et créait un certain émoi chez elle...

Curieux … Le type avait subitement rendu ses armes, deux glaives de diamant, mais Narkhonn se doutait pertinemment qu’un individu de ce genre, tout comme lui, gardait toujours quelques atouts dans ses manches. Le plus étrange était qu’il lui avait même fait un clin d’œil, l’elfe, qui jusque là l’avait superbement ignoré comme un client normal, daigna alors lui jeta un regard pour hausser un sourcil interrogateur alors que sa tête reculait se figeant dans une expression de dégoût. Avec un dédain grossier, il reporta ensuite ses yeux sur son verre et sur le reste de la taverne, alors que sa main soutenait sa mâchoire dans une expression faussement lasse. L’inconnu aurait pu croire qu’il aurait pu passer pour quelqu’un lui faisant du gringue, ou peut être penser que ce dernier ne supportait pas les Drows. En réalité c’était juste du foutage de gueule, un genre de « On se connaît ? ».

Il était quasi-impossible que le Drow ait pu détecter la présence des aiguilles empoisonnées, le sang d’hydre noire était réputé pour son aspect presque indétectable autant par le gout que par l’odeur, de plus elles étaient enfermées au creux de son poing et le tout au milieu d’une atmosphère lourde, chargée de vapeurs d’alcools, de sueur et de mille autres choses. Non, cela ne pouvait être que du bluff pour essayer de le faire réagir. Narkhonn rangea toutefois les aiguilles dans le bracelet qui ornait son poignet dans un mouvement quasi imperceptible, dissimulé par un faux arrangement de coiffure. Puis, le plus naturellement du monde, il porta le verre rempli à ses lèvres, dégustant une petite gorgée de ce savoureux vin cuit. Non, il n’était pas de ces barbares qui se saoulaient à la bière, ou à tout autre alcool sale, noooon, il fallait toujours se comporter avec classe.

Toujours est-il que Mister Love recommença son discours de charme pathétique, l’air faussement intéressé alors que l’on devinait ses intentions à 1000 kilomètres. Il demandait à la maîtresse de maison gentiment son nom, si c’était bien la propriétaire des lieux, c’était quoi la prochaine étape : « Qu’est ce qu’une aussi belle créature fabrique ici à gérer cet établissement ? », pfff… quelle niaiserie …Enfin le spectacle ne perdait pas de son intérêt puisque Eleaulë lui sortait le grand numéro, c’était elle tout craché ça. Narkhonn se réjouissait d’avance de voir les phrases bateau qu’il allait sortir suite à une prestation aussi provocante.

Il croisa le regard de la tentatrice alors qu’elle venait de se servir un verre d’absinthe, décidément, quelle personne de goût ! Elle semblait l’interroger sur la suite des évènements. Difficile toutefois de pouvoir décrypter le visage de l’elfe lequel affichait en permanence un flegme déroutant, il ne pouvait jouer que de son regard, aussi conserva t’il son air méfiant tout en affichant un rictus carnassier. Une expression du genre : à surveiller mais fait mumuse avec.

Perdu dans ses pensées, l’assassin repensa à la dernière fois qu’un Drow avait succombé entre ses mains expertes, cela avait été une expérience incroyable, déjà que lui-même appréciait sentir des vies s’éteindre entre ses doigts, jouissant de ce sentiment de puissance qu’était le fait de pouvoir donner la mort ; alors donner la mort à quelqu’un qui l’avait fait un nombre incalculable de fois auparavant … cela n’avait rien de comparable … Il se rendit subitement compte de son absence et revint à la réalité, puis, faisant croire à un assoupissement, il secoua la tête puis en s’astiquant le coin des yeux de ses doigts. Comme n’importe qui l’aurait fait en apparence …

[Édit du 10 Mai : Finalement de retour, à vos plumes ! =D ]

Leomyr se sentait, observé, épié même. Comme s’il était surveillé et que chaque faux pas de sa part devenait une excuse pour l'assaillir. Bien que cela soi surement plus subtile qu’il n’y paraisse, il n’était pas dupe et dans cette salle, un être lui voulait du mal. Quoi qu’en y réfléchissant à deux fois, il était clair que de toutes façons, nombreuses étaient les personnes voulant sa mort… Et c’était tout à fait compréhensible lorsque l’on écoutait les badauds d’un peu partout parler de lui, et plus particulièrement de ses massacres… Il avait donc décidé de laisser couler l’eau du fleuve. Celui qui avait une dent contre lui se montrerait tôt ou tard. Il fera une erreur, certainement et c’est à ce moment là que Leomyr verrait qui est l’inconscient qui mêle sa vie à un chemin plus sinueux le menant à une mort quasi-inévitable…

La tenancière n’avait pas jugé utile de lui dévoiler son identité. Au fond, Leomyr n’en avait strictement rien à faire mais la charmante créature méritait bien plus que cette appellation professionnelle attribuée à de trop nombreux ivrognes fréquemment observé dans ce genre d’établissement… Soudain, une voix raisonna dans sa tête : « Tues-les tous ! Tues-les tous ! Tues-les tous ! » Et cette phrase se répétait en boucle ! Mais qu’est-ce que c’était !? Inconsciemment, Leomyr se pressa la tête de ses deux mains, tandis que son palpitant commençait à s’agitait d’une étrange façon… mauvais signe. Très, mauvais signe. Il prit alors une longue inspiration et expira longuement… L’effet avait du mal à se dissiper mais il avait désormais une totale maîtrise de ses membres. Bon sang ! Ça lui arrivait de plus en plus fréquemment cette connerie… Il n’aimait vraiment pas ça.

Il réintégra alors le monde physique. Quel idiot ! Qu’allait-on penser de lui à présent… ? Bien qu’au final, il savait que ça n’avait pas une réelle importance aux yeux des ivrognes du coin. D’ailleurs, la table des nains était le parfaite exemple de ce genre d’individu. Ils échauffaient à vue d’œil, les esprits de la clientèle, et Leomyr qui se croyait dans un établissement aux sensations nouvelles justement, n’avait que trop souvent ressentit cette sensation ancestrale qu’est l’envie de donner la mort, à des nains qui plus est. Les êtres les plus faibles et idiots de ce monde d’après Leomyr ! Il se retourna donc vers leur table, suivant en même temps du regard la mystérieuse tavernière qui apportait de nouveaux hydromels à ces êtres inférieurs. Lemoyr les observait. La bière fraîche se mêlant à leurs barbes crasseuses. Des vrais porcs ! Le métier de la « Beauté des Nuits », n’était pas un des plus aisés dans ces conditions. Aussi, bien que cela ne permette guère de faire marcher les affaires, Leomyr avait fixait dans son esprit, les visages de chacun. Juste histoire de se relaxer en les massacrant plus tard dans l’année… Au moins, il aurait une raison louable de le faire à présent...

Enfin, il se retourna de nouveau vers la « Beauté des Nuits ». Elle vaquait à ses occupations. C'est a ce moment précis que Leomyr se sentit de nouveau épié. Il y avait donc une relation entre elle et celui qui l’observait… Un jaloux surement. Ce qui était compréhensible ! Elle avait sans nul doute un amant où une personne de ce genre qui veillait sur elle de loin… Histoire qu’elle puisse allumer les badauds qui se ferait piéger par son subtil sourire et sa silhouette de rêve sans qu'elle ne paye les conséquences. D’ailleurs, à cet heur tardive, elle devait sans doute penser que Leomyr était une proie facile. Mais lui se plaisait dans ce rôle de charmeur maladroit. Même s’il n’avait pas réellement les atouts qu’il fallait. Faut dire aussi que sa balafre en plein milieu du visage, ne l’aidait pas vraiment... Même si elle avait été soignée correctement, les traces du passé son impérissable. Leomyr continua alors de boire sa pointe de sang, essayant d’oublier le goût amère de l’arôme pour faire bonne figure et finit alors par lui dire promptement :

« Je me suis séparé de mes deux Glaives de Diamant et vous les ai confié. Soi dit en passant, je ne le fait pas… habituellement. J’essaie d’instaurer une dite "confiance" entre, moi… et vous... Si vous ne jugez pas utile de me dire votre nom, je risque de vous trouvez des surnoms plus idiots et maladroits, les uns que les autres… et ça toutes la nuit. A vous de voir. »

Leomyr avait été clair et franc, une nouvelle fois. Il redoutait la réaction de cette femme fatale. Non pas qu’il l’a craigne ! Il ne craignait personne… Mais il était souvent maladroit dans le choix de ses mots, lorsqu’il parlait aux femmes. Ce n’était pas vraiment une chose pour laquelle il était doué mais il s’attelait à la tâche comme un enfant qui découvre le monde. Tout en conservant une certaine prestance et fierté, présente - normalement - chez tout les Drows de pures races. Il reprit alors :

« Bien, vous connaissez donc ma façon de penser. C’est déjà ça et je vous prie d’en tenir compte, s’il vous plait… Aussi j’aimerai que vous me serviez un de ses breuvages forts délectables que nous nommons chez nous : Eau des Dieux ! Faites-moi donc goûter vos... nouvelles boissons à sensation… »

Finit-il alors par dire avec un charme naturellement bestial et provocateur. Leomyr observa alors l’elfe non loin de lui. Il avait des manières peu communes pour une personne de cette race. Rien qu’à sa posture l’on pouvait le remarquer ! Au final, il existait sans doute quelques elfes dignes d’intérêts. En faisait-il partit ?

Le Drow assis au comptoir sembla partir dans un état de transe, ce qui n'inspira pas confiance à la jeune femme. Elle eut un nouveau regard pour Narkhonn, lui intimant de se montrer prudent. Quelques minutes passèrent et l'étranger sortit de sa léthargie, curieusement, son regard semblait tourné vers les nains qui festoyaient non loin d'eux. Cela ne présageait rien de bon, il fallait rester sur ses gardes et garder un œil sur ce phénomène. Reprenant ses occupations habituelle, la jeune femme l'observait de façon circonspecte. Le bougre jouait bien le jeu du romantique mais il semblait que quelque chose dormait en lui, quelque chose de bien plus dangereux. La balafre qu'il portait ne pouvait que témoigner en faveur de ce raisonnement, après tout, on n'acquérait pas une telle blessure au cours d'une joute entre amis. Lentement, il prit la parole, posant son verre sur le comptoir. Alors comme ça il faisait le pédant tout en cherchant à savoir son vrai nom. Cependant, hormis Narkhonn et quelques initiés, peu de gens dans la taverne pouvaient se targuer de connaître le vrai nom de la belle. Quand elle entendit les pseudo menaces, la jeune femme eut un sourire moqueur. Le badaud commanda également de l'eau des dieux, une boisson qui n'était pas souvent réclamée en ces murs, les Drows de passage se contentaient plus de sang et de bière parfois. Tournant le dos à l'inconnu, Eleaulë entama la préparation de la boisson, ne le laissant que sous la surveillance de Narkhonn. Quelques minutes plus tard, elle lui servait dans un verre en cristal ouvragé la boisson qu'il attendait avec un sourire mutin aux lèvres, sa voix moqueuse se répandit dans la salle.

Sachez mon cher que vous ne seriez pas le premier rustre à me donner quelques qualificatifs... A présent ces gens sont d'une banalité pour moi... Libre a vous de vous fondre dans la masse... Ou non.

Elle ôta le verre de sang et servit un nouveau verre à Narkhonn. Avec un sourire elle croisa son regard, faisant jouer ses atours dans un pur objectif enjôleur. Prenant appui sur ses coudes, elle tomba mollement sur le comptoir. Son verre d'absinthe étant posé non loin d'elle. Les mèches de ses cheveux tombaient en cascade sur ses épaules. Ses yeux gris perle plongeaient dans ceux de l'Elfe face à elle. Soudain, sa voix enjôleuse se fit entendre, empreinte de douceur et de sensualité.

Et vous bel Elfe... Que pensez vous de ces menaces?... Dois je les craindre ou non?... Avez vous un qualificatif que vous jugez plus approprié que celui de cet homme?... Après tout j'en possède tellement...

Elle eut un rire cristallin, doucement, son regard s'extirpa de l'étreinte des yeux de Narkhonn pour revenir sur le Drow assis à côté d'eux. Si il se croyait si intéressant alors il se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'au coccyx. Son attitude était la même que celle de tous les hommes du coin, ils se croyaient tous plus malins et plus charmeurs. Jouer la catin était aisé pour la jeune femme. Elle s'en donnait même à cœur joie en cet instant...

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