Soirée en terre inconnue [ PV Elassa & Garemas. ]

Le grand astre lumineux, qui prenait à son habitude place au sein du ciel azuré, n'était plus présent en cette fin d'après-midi. Le ciel se teignait d'une couleur délavée, presque charbon. Le soleil, s'effaçait un peu plus chaque jour, en cette nouvelle saison. L'arrivée de l'automne laissait comme trace de son passage, une nature meurtrie et abimée par le temps. Les fleurs et les plantes laissaient tomber une à une les coutures de leurs robes, de la saison sèche. Dès lors dénudées, elles s'attristaient de la froideur de la brise automnière et rendaient alors l'âme. Cette beauté naturelle à présent déchirée, s'accompagnait d'une tristesse passagère. Une pluie intense et déchainée s'abattait sur ces terres désolées. La grande foret d'Aleandir, à son habitude si pétillante et verdoyante, avait perdu tout le charme de sa vivacité. Aucun son n'était audible, tout comme il était impossible de percevoir un quel conque animal en ce temps funeste. Et c'est en cette sombre forêt, que seule âme vivante fut perceptible.

Cette once de vie se frayait un chemin en cette terre délabrée. Une jeune elfe, nouvellement sortie du cocon familial et plus particulièrement de la grande cité des Elfes, sillonnait cette route en solitaire. Dans ce voyage, seule une compagne sauvage daignait l'accompagner : la pluie, qui laissait en guise d'affection, une douce température auprès de la jeune elfe. Ces précipitations laissaient tomber à chaque instant des multitudes de gouttelettes d'eau. Au contact du sol ou d'une quelle conque surface, les gouttelettes finissaient par se briser et disparaître, ayant ainsi un cycle de vie assez réduit. Lorsque le choc intervenait, la jeune elfe entendait alors une multitude de sonorités différentes, chacune adaptée à une mort certaine. Cette mélodie naturelle s'imprégnait alors dans l'esprit de Dâme Nature, remplaçant alors vide et ennui. La jeune elfe possédait un rythme régulier et n'observait que le chemin, qui se portait devant elle. Néanmoins, son champ de vision se voyait particulièrement amoindri : la poussière et l'eau s'affiliaient, afin de former un résidu salle et tachant, telle une brume terreuse.

La jeune paladin, qui cherchait à se protéger contre cette nature qu'elle aimait tant, utilisait les propriétés de sa cape. La capuche recouvrait la chevelure de la damoiselle et protégeait par la même occasion le visage de celle-ci, contre les attaques de la précipitation. Néanmoins, ce grand manteau n'empêchait pas toutes les traitrises de la pluie. À chacun des pas de Tàri, ses bottes de cuirs s'imprégnaient un peu plus de la boue, du sol collant. Ce voyage, qui se voulait fatigant par sa longévité, se voyait également épuisant par son impossibilité de rapidité. Cette marche tumultueuse avait un but bien particulier, celui d'atteindre la grande ville des Hommes, Diantra. Cette civilisation lui était totalement étrangère, elle se dirigeait en « Terre Inconnue » afin de rencontrer ce peuple inconnu.

Les heures s'étaient écoulaient sans que la pluie ne veuille s'arrêter, s'intensifiant par moment puis s'adoucissant. C'est à une heure bien tardive, que l'elfe arriva aux portes de la Cité de Diantra. Le ciel délavé avait laissé place à un ciel profond et sombre, la nuit s'était emparée de la traitrise du ciel azuré. En cette nuit étoilée, seule la lumière de la lune éclairait encore la cité endormie. C'était après quelques instants d'observations sur ce nouvel environnement, que la jeune elfe se décida à franchir l'enceinte de la Cité. En cette heure tardive, Tàri n'avait d'autres choix que de se rendre dans une auberge, afin de s'y reposer. Elle porta son dévolu, sur la première qu'elle perçut. Celle-ci semblait à la fois proposer le logis, mais également les boissons. Cette constatation, elle le déduisit des nombreux rires et cris, qu'elle pouvait entendre de l'extérieur.

Pleine d'entrain, la jeune elfe poussa les portes de l'auberge et son entrée passa inaperçue, aussi bien auprès des joueurs de cartes, que des friants d'alcool. Sa tenue vestimentaire parue également ne déranger personne, tandis qu'il était impossible de percevoir s'il s'agissait d'un Homme ou d'une quelle conque autre race ennemie. C'est accompagné de cette indifférence, que la damoiselle se dirigea vers le comptoir.

« Bonsoir, j'aimerais que vous me serviez une boisson chaude et revigorante, mais sans alcool. S'il vous plait.

- J'vous amène ça, Mam'zelle ! »

L'elfe indiqua l'endroit où le tavernier devait lui porter sa boisson, par un geste de la main. Elle présenta une petite table, reculée des autres, dont la disposition permettait de n'attirer le regard de personne. Par la suite, Dâme Nature s'y dirigea et décida de s'installer sur l'une des deux chaises présentes, après quoi elle ne put s'empêcher de soupirer. Il s'agissait d'un long soupire, qui exprimait à la fois le soulagement, mais également le besoin d'un repos prolongé. Ce tumultueux voyage avait duré plus de temps que ne l'avait prévu Tàri et cette fatigue, se faisait à présent ressentir sur l'état de la jeune femme. Malgré tout, celle-ci fut bien vite extirpait de ses pensées, dès lors que le tavernier amena la boisson, qu'elle avait commandée.

Avec grâce et empressement, Tàri retira ses gants totalement trempés par la pluie et les jeta un peu plus loin sur la table. Ces deux petites mains bien frêles et blanches, se posèrent sur les rebords de la chope. Tandis, qu'elle se trouvait à présent dans un espace extérieur, Dâme Nature ne souhaitait pas enlever sa cape pour autant. En effet, elle ne savait si un elfe serait accepté dans ce lieu, malgré la bonne entente entre ces peuples. Ainsi, la damoiselle conservait à la fois son identité, mais accentuait également le risque de tomber malade avec la cape totalement trempée. Afin de se réchauffer, la jeune elfe portait alors à ses lèvres, la boisson qu'on venait de lui déposer. À la fois douce, sucrée et avec un petit arrière-goût de framboise, Tàri observait le monde qui se présentait devant elle et qui n'était pas le sien...

Elassa passa les portes de la ville de Diantra avec excitation. C'était bien la première fois qu'elle se rendait dans cette cité qui pourtant n'était pas dénuée d'importance pour la race des hommes. Mais Diantra n'avait pas encore croisé la route d'Elassa qui, depuis que sa tribu l'avait bannie, avait très peu exploré les territoires humains. Lorsqu'elle avait quitté Yutar, ses pas l'avaient conduite dans la direction de Diantra sans qu'elle y ait songé avant. Elle n'avait pas résisté et s'était suivie elle même. Au fur et à mesure qu'elle s'était approchée de Diantra, elle avait croisé de plus en plus de monde alors que la plupart de ses voyages se déroulaient dans une solitude presque totale de plusieurs jours.

La jeune femme, au physique particulier, attirait de nombreux regards et son entrée dans la ville ne se fit pas dans la plus grande discrétion. Elle était vêtue d'une longue robe grisâtre aux multiples drapés qui s'étalait autour d'elle avec volupté dans sa démarche fluide et agile. La robe était échancrée dans le dos et laissait ainsi voir un immense tatouage tribal. Un petit disque argenté gravé d'une étoile ornait son front, soudé dans sa chair. Ces deux éléments étaient le signe distinctif de sa tribu. Malgré ce physique assez particulier, ce n'était pas ce qui intriguait le plus son entourage. Non, l'aura qu'elle dégageait était la plus étonnante. Son attitude inspirait à la fois crainte et attirance. On était intrigué par cette étrange personne mais on n'osait s'en approcher, de peur que cette apparition ne disparaisse tant elle paraissait irréelle.

Elassa commença par parcourir les rues sans véritable but, observant l'architecture, les individus qui l'entouraient. L'ensemble des passants était un amalgame de races, de rangs, de personnalités différents. Elle passa près du palais. Grand, majestueux, il surplombait la ville toute entière. Sans prendre garde aux commentaires en aparté des passants sur son intrigante allure, Elassa continua sa route sans s'attarder devant le palais. Ce n'était que des pierres empilées les unes sur les autres, pas de quoi rester des heures dans cette contemplation. La jeune femme avait vu d'autres paysages, bien plus étonnants et qui n'étaient pas l'œuvre de l'homme. Toute la journée elle erra ainsi, de même que le lendemain.

Un soir, elle décida d'entrer dans une taverne pour se désaltérer. Elle rabattit ses cheveux sur son visage de manière à être relativement discrète. Elle ne voulait pas attirer l'attention en ces lieux. Elle voulait simplement entrer, s'installer à une table dans le fond, boire un verre tout en restant plongée dans ses pensées et partir sans avoir à parler à qui que ce soit ni en se faisant enquiquiner par qui que ce soit.

C'était bien sûr peine perdue. Elle poussa la porte de la taverne dont le bruit s'estompa sans pour autant virer au silence total. Car elle n'attirait pas le regard de tous, seulement des plus bêtes et de ceux qui avaient le moins de personnalité, qui se contentaient de boire toute la journée sans but, sans orientation à leur vie. Elle ignora les regards et s'installa au fond sans même examiner la pièce ni les gens qui l'occupaient. Cinq minutes passèrent avant qu'une serveuse daigne venir lui demander ce qu'elle souhaitait commander.

Une bière.

Sa voix était glaciale, comme à son habitude. Elle limitait ainsi les risques que quelqu'un soit assez sot pour venir lui parler. Plus elle avait l'air hostile, plus elle serait en paix. La serveuse revint quelques minutes plus tard avec sa consommation. Elassa la paya et elle partit, heureuse ne ne plus avoir à s'approcher de cette table.

Elassa s'adossa sur le dossier de sa chaise et commença à siroter sa bière. Dans l'ombre, elle pouvait à présent observer la salle. Il y avait relativement beaucoup de monde mais c'était une petite taverne. Il semblait y avoir un grand nombre d'habitués, tous semblaient se connaitre. Sauf quelques voyageurs isolés, dont une elfe. Elle était déjà allé en pays elfe. A ses yeux, les elfes étaient les créatures de ce monde pour qui elle avait le plus de respect (cela n'était tout de même pas beaucoup). Ils étaient plus intelligents, plus gracieux, plus rusés. Elle n'en connaissait aucun qui fut comme ces hommes ivrognes, abrutis, lourdauds, ces hommes qui presque à tous les coups venaient la voir et l'ennuyait puis l'énervait. Ils finissaient fatalement par mourir. Cette auberge grouillait de ce genre d'individus et Elassa sentit que ce serait sa dernière nuit à Diantra.

Des trombes d'eau s'abattaient sur Diantra, vidant les rues de la plupart des habitants se réfugiant dans les magasins et les tavernes pour y trouver un abri en attendant que le temps s'améliore. Dans ces rues désertent, Garemas avait été surprit par la pluie alors qu'il avait quitté le Fort de la Valliance pour se rendre à la taverne où il était désormais considéré comme un habitué... Son attitude respectueuse envers la gérante, son aide souvent précieuse pour faire sortir des poivrots dont l'alcool amenait à un excès de violence et la sympathie se dégageant de cette gueule d'ange endurcie par les entrainements avaient amené à une amitié. Ces soirées à la taverne étaient un bon moyen de décompresser des journées physiquement éprouvantes qu'il subissait depuis son intégration à la Rose Noire. Le handicap et la blessure de son père ne lui avait pas permit d'amener Garemas à ses véritables limites physiques, amener à une amélioration réelle mais surtout, il n'avait pas pu tout lui apprendre... Il subissait à présent une remise à niveau visant à faire de lui un véritable soldat et lui louait le fait que les batailles ne s'annoncent pas encore, malgré les tensions existantes.
Il était doué, il pourrait devenir un excellent cavalier et guerrier monté sur Elriol, mais il lui fallait continuer ses efforts, il le savait...

Toute cette pression, cette fatigue se voyait atténuer dans cette taverne où néanmoins, il consommait à présent peu, surtout pour un soldat... Il n'était pas non plus de ceux qui allaient voir les filles de petites vertus comme certains de ses compagnons d'armes... Non, lui recherchait juste la chaleur et une affection presque familiale dans cet endroit où il se rendait chaque soir. Sa présence et ses visites quotidiennes n'avaient d'ailleurs pas laissé insensible l'une des jeunes serveuses de l'établissement charmé par ce visage beau malgré la dureté qui le marquait, un soldat au visage d'ange, c'était un gachi mais qu'importe, elle en était tombée amoureuse, désespérant de le voir insensible, incapable de percevoir ses sentiments. Il faut bien avouer que Garemas avait pour lui deux soucis à ce niveau... Le premier, c'était que sa carrière primait et qu'il ne voyait que cela sur le long terme... Une relation avec la gente féminine était une chose qu'il n'envisageait pas, d'abord pour le second problème et parce que sa vie de soldat l'amènerait sans doute à toujours plus de mouvement et à risquer sa vie, et son souci de l'autre ne l'autorisait pas à blesser ainsi le cœur d'une femme. Le second, c'était sa maladresse sur le sujet des femmes... Si son père l'avait tout de même bien formé à se battre, il en avait négligé les manières de se comporter et de conquérir le cœur d'une demoiselle, ce qui parfois le menait à des situations... troublantes.
Enfin bref... C'était un ami, presque un membre de cette famille que représentait le personnel de la taverne dans lequel il entra, trempé jusqu'au os, son immobilisme pour observer l'ensemble des lieux et s'ébrouer, secouant ses cheveux pour se débarrasser d'autant d'eau que possible amena à la naissance d'une flaque à ses pieds et il eut du mal à se déplacer, bien gêné par l'état de ses vêtements... Il aurait du attendre et prendre une cape mais non, il s'était pressé et voila le résultat. Quelques rires étouffés provenant de tables lui parvenait alors qu'il saluait la dites serveuse amoureuse et se posa au comptoir.
Avec un ton familier et chaleureux, il s'adressa à la gérante, lui demandant si elle pouvait lui prêter une tenue de son époux pour la soirée, qu'il soit plus présentable, ce qu'elle accepta avec un sourire... Demandant à une serveuse de la remplacer au comptoir, elle invita Garemas à la suivre.

L'absence dura une dizaine de minutes et quand il revint, il avait des vêtements secs et propre, seule son épée à la taille demeurant de la précédente tenue, et se réinstalla au comptoir.

- Une bière s'il te plait..

Il reporta son regard sur les clients, se demandant comment se passerait cette soirée..

[Désolé pour l'attente...]

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