A la recherche des Sombres

Sujet: A la recherche des Sombres Mer 11 Nov 2009 - 15:31

Trop longtemps que je fuyais… Trop longtemps que j’avais laissé Elda derrière moi… Ces mornes plaines enneigées et ces forêts qui mangeaient le ciel m’étouffaient… Et cet hiver qui n’en finissait plus de mourir ! Ces journées trop courtes où le soleil disputait les nuées d’argent sans éclat au bouclier congestionné des nuages !

Ma plaie à l’épaule guérissait trop lentement malgré les soins prodigués par Blomghal. Ma peau me cuisait en dix milles endroits comme si les vers de la mort me rongeaient de l’intérieur. Le climat des Terres Humaines me souillait de ses miasmes frelatés. Je ne courais même plus. L’épuisement me guettait à chaque foulée, et je m’étais résolue à ralentir la cadence pour ne pas tomber en pamoison. Je bénissais les hommes qui m’avaient offert leurs rations. Le lard séché et salé, le pain noir et les quelques pommes flétries dans les selliers m’aidaient à me tenir debout. Mais il n’aurait pas fallu que je tombe encore une fois sur une quelconque patrouille tant je n’espérais plus recouvrer le courage de défendre ma peau…

Au moment de me confier cette mission de renseignements qui s’était éternisée par la force des choses, Nym Vrinn, Barra de la Dothka, m’avait laissé entendre que le Karliik Glenn projetait de lancer des troupes contre les frontières du nord-est, profitant de l’insigne faiblesse des hommes pour venger notre Race de la défaite cuisante d’Alonna. Je n’avais pas le calendrier en tête : on n’envoyait pas un espion en territoire ennemi en lui confiant des informations propres à compromettre les plans des seigneurs de guerre du Puy ; n’importe quel scintillateur avait le pouvoir de délier la plus nouée des langues. Mais je vivais avec l’espoir de croiser la route de quelques éclaireurs de l’Ost Noir envoyés en reconnaissance.

Il était clair pour moi que des soldats aguerris éviteraient l’Anaeh : on ne trompait pas aussi facilement la vigilance des Elfes que celle des Humains. Et il y avait trop à perdre en se faisant repérer par le Beau Peuple en folâtrant sur son territoire. Si des troupes étaient en marche, elles viendraient du sud-est, par l’Aduram, à couvert des hautes forêts. Je suivais donc la rive de l’Olyia, dont les flots noirs et tumultueux en cette saison charriaient des troncs d’arbres entiers.

En remontant vers le nord, j’étais tombée sur un campement dévasté. Des cadavres de Nains et d’Hommes jonchaient le sol. Je ne poussais pas plus avant mes investigations craignant que quelques guerriers ne soient restés en maraude après l’escarmouche.

Je filais à travers la futaie en laissant le moins de traces possible, priant Uriz que des fureteurs ne repèrent pas ma présence. Je me faisais de plus en plus l’impression de l’animal blessé et traqué. Et un dégoût profond de moi-même, de mon état de faiblesse, pénétrait mon âme comme une maladie infâme. J’eus de la chance, encore une fois, de passer à travers les mailles du filet.

Je ne pouvais plus dormir sous ma cape. La morsure du feu avait eu raison de cette faculté de la trame à me dissimuler aux regards les plus acérés. Aussi ne m’accordais-je que peu de repos. Mais, je le confesse, il ne m’était plus vraiment possible de lutter contre la fatigue. Dès que mes yeux se fermaient, je plongeais dans le néant, et chaque réveil était plus fastidieux que le précédent. Mais encore avais-je le privilège de rouvrir les yeux ! Car, anesthésiée que j’étais, un enfant aurait pu me tuer avec une pierre pendant mon sommeil.

J’avais marché deux jours depuis la Sirilya lorsque je décidai de faire une véritable halte. J’avais trop longtemps négligé mon hygiène et je ne supportais même plus mon odeur. Je macérais dans des vêtements trempés par l’humidité ambiante. Mes pieds s’échauffaient trop vite dans mes bottes.

Un amas rocheux bordant le fleuve m’offrit le refuge que je recherchais depuis des heures. Je ramassais du bois mort et prenais le risque d’allumer un feu. C’était un risque bien relatif somme toute puisque, dans une forêt aussi dense, la fumée se déchirait comme un voile délicat, crochetée par les branches des arbres immenses. Laissant mes vêtements séchés à la douce chaleur des flammes, j’allais nue me tremper dans les eaux gelées du fleuve, n’emportant avec moi qu’arc, flèches et coutelas. Je crus mourir en me laissant happer par les remous, ressortant bien vite pour ne pas attraper la mort. Je frottais la carapace de crasse et de suie, faisant rejaillir l’éclat de ma peau et la fureur de mes tatouages. Puis je m’empressais de retourner près de mon feu, m’enroulant dans la cape offerte par un des soldats du Tourmalin. Et je m’adossais contre la rocaille, me laissant bercer par les craquements des langues rougeoyantes qui léchaient les branches mortes, mon arc armé sur les genoux, mes lames à portée de main.

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Sam 14 Nov 2009 - 8:17

Les jumeaux avaient suivi de peu l'ost sombre, ils étaient partis peu après la première vague drow se disant qu'il pourrait surement trouver à s'amuser dans les alentours d'une tel expédition. Bien entendu deux personne légèrement chargé peuvent rattrapé une armée dans ce genre, même à pieds. Ils prirent leur temps et la rattrapèrent peu avant qu'elle entre en Aduram, Nim ne voulant pas que les responsable de cette ost les voient comme de simple suiveur comme on en voit beaucoup lorsqu'une armée se déplace, bien que étonnamment celle-ci n'ai pas un lot de suiveur très conséquent.
Pendant le voyage, Nim réussi à régler les derniers détails de son amulette d'illusion et grâce au quelques indication qu'ils avaient glané au Puy juste avant de partir avait put estimer la date, à peu de chose près comme étant plus d'un petit millénaire après leur hibernation forcé. Quand les troupes sombres s'arrêtèrent dans la forêt d'Aduram, les jumeaux en firent autant restant aux alentour des quartiers de l'armé. Mais au bout d'un certain temps d'inactivité Renor commença à piaffer, devenant de plus en plus énervant et Nim convint qu'il fallait qu'ils poussent plus loin pour ne pas qu'il y ai d'accrochage avec les soldats, qui ratissaient les alentours, à cause d'un malentendu. Ils se déplaçait en direction du sud-ouest vers Oësgard, les jumeaux avançaient au ralentit parce que Nim avait choisie de prendre plus souvent son apparence plus en accord avec sa race mais ce faisant certes elle pouvait faire de plus grandes enjambé mais elle était aussi plus mal à l'aise. Ce corps ne lui était pas familier et la drow se sentait affaibli quand elle revêtait cette apparence. Les deux drows devaient s'arrêter souvent pour laisser le temps à Nim de reprendre ses esprits, ce qui rendait fébrile Renor qui s'ennuyait et recommençait encore à devenir irritable. Nim parvenait maintenant à maintenir plus longtemps son apparence plus « vieille » mais elle n'était toujours pas bien, son corps était trop grand et elle avait l'impression d'être pataude.
Ce jour là Nim céda à son frère et ne s'essaya pas de nouveau à revêtir sa nouvel livret, elle se déplaçait dans son corps trop jeune, à la blancheur fantomatique. Elle portait une cape par dessus une robe lui arrivant juste au-dessus des chevilles, comme celles des toutes jeunes filles, ayant décidé d'avoir l'aire le plus inoffensif possible même si elle marchait en portant un bâton qui n'appartenait certainement pas à une jeune drow. Son frère quand à lui portait maintenant un pantalon en tissus, une chemise matelassé sous une armure de cuire qu'ils avait acheté au Puy d'Elda juste avant de suivre l'armée en marche. Les deux jumeaux drow portait tout es deux une capes de voyage brun sombre qui bien évidement tait légèrement trop grande pour Nim à l'instant présent mais était trop petite si elle prenait son autre forme.
Les deux drow commencèrent à entendre le glougloutement de l'eau courante ils allait enfin trouvé le fleuve qu'ils cherchaient. Ils avaient de vague souvenir de celui-ci mais après plus de mille ans ils avaient peu d'espoir que les endroits pour le traverser soit au même endroit.

« Bon quand on rencontrera le fleuve on descend le long de la rive » décida Nim.
Pourquoi on ne le remonte pas? Suggéra Renor.
« Rassure moi mon frère tu le fais exprès. Non, parce que juste au cas où si on le remonte, futé, on tombe sur les elfes et à deux seulement c'est autres chose qu'une bande d'humain. » répliqua-t-elle.
Soit pas si acerbe, je ne fais que me renseigner, répondis Renor.

Les pensées de son frère étaient teinté d'amusement, elle se retourna vers lui pour l'avoir face à elle et changea ses yeux seulement ses yeux pour le voir. Renor s'était arrêté et écartait les mains en signe de paix mais avec un sourire content de lui assez horripilant. Nim secoua la tête agacé, après avoir étudier le visage de son frère, elle essaya aussi de sonder ses pensées mais il avait bien appris sa leçon et protégeait ses pensées, énervé elle espéra qu'au moins il ne l'envahirait pas quand il aurait une de ses crises de folie. Ces crises avaient le don de le distraire et elle n'appréciait pas d'être envahi par ses pensées à ces moments là car elle pouvait elle aussi perdre tout contrôle ce qui ne l'amusait pas du tout, contrairement à son frère qui adorait ces moments de lâché prise. La petite drow se détourna et repartit faisant trois pas puis elle s'arrêta de nouveau laissant ses yeux reprendre leur couleur laiteuse redevenant aveugle au monde matériel. S'aidant de son bâton elle avançais à tâtons essayant de ne pas trébucher, son frère la dépassa tranquillement et elle utilisa de nouveau la vision de son frère qui quelques instant plus tôt ne lui servait à rien étant donné qu'il était resté derrière elle. Après quelque minute de marche ils virent au travers des arbres l'eau du fleuve, avisant un groupe de rocher formant un abris appréciable, ils se dirigèrent vers lui.

« Attend Ren' je crois qu'il y a quelqu'un »
Ah?
« Tu te fous de moi, on aperçoit la lueur de flamme si tu gardais un oeil sur ce que je peux voir tu aurais remarqué une légère perturbation dans la trame magique et si tu avis été attentif tu aurai sentit l'odeur du feu »
Je ne voie pas en quoi c'est un problème. Je l'avais déjà remarqué et de toute façon il doit pas y avoir plus d'une personne.
« Même s'il n'y a qu'une personne, on est pas sur notre territoire donc on est prudent, c'est une règle de base de survit »
Je fais confiance à ma soeur pour me protéger des surprises.

Les deux drow avaient conversé sans se regarder mais leur visage changeait d'expression au rythme de leur échange silencieux. Renor s'avança finalement avec prudence, ils trouvèrent enfin un poste d'observation correcte qui leur permettait de voire la personne près du feu. C'était une drow à n'en pas douté mais sa peau avait de drôle de couleur, la lueur du feu qui l'éclairait en faisait certes une cible parfaite d'où ils étaient mais ne leur permettait pas de voir complètement ses traits. Ses cheveux semblaient humide et elle frissonnait au coin de son feu, à un moment la cape dans laquelle elle s'était enroulée s'ouvrit montrant sa nudité. Étonnamment, du moins au vu de l'état d'esprit de Renor à ce moment là, son jumeaux ne réagis pas de façon impulsive comme aurait put s'y attendre la drow.

On passe notre chemin et on continu comme on avait prévu? Demanda Renor sans mettre d'émotion particulière dans ses pensées.
« Non, on va descendre. Elle pourras peut être nous renseigner sur la géographie des alentours. » répondit sa soeur.
Tu saurais soigner des blessures?
« Non pourquoi? »
Elle est blessé je crois, ça aurait put nous donné de quoi échanger.

Nim haussa les épaules sans rien ajouter. Les deux drows se remirent en marchent se dirigeant droit sur le campement de la drow blessé sans prendre de précaution particulière pour se dissimuler même si Nim avait lancer sur son frère un sort de voyage par les ombres pour lui permettre d'éviter une flèche hypothétique. Ils s'arrêtèrent à la lisière du halo de lumière créé par le feu de la drow bien en vue sans avoir l'air de la menacer.

[HRP: tout ce qui est en italique ce sont des pensées qu'ils s'échangent]

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Sam 14 Nov 2009 - 22:16

Avant de les voir, elle les avait entendus. Malgré le craquement du bois dans les flammes, et le chant cristallin des eaux du fleuve. Juste le son étouffé de pas dans l’humus, soulevant les feuilles mortes brunies par l’hiver.

Mais Vyl n’avait pas daigné soulever une paupière.

Elle laissait parler son instinct. S’imprégnait des sons, des modifications de son environnement que causeraient immanquablement d’autres présences que la sienne. Ils, - la guerrière l’aurait juré, ils étaient plusieurs, mais elle ne savait dire combien tant ses visiteurs inattendus maîtrisaient leur approche -, ils, donc, s’étaient d’abord arrêtés à distance honorable pour l’observer.

Elle avait conscience qu’elle faisait une cible parfaite dans la lumière de son feu, et qu’ils pouvaient l’abattre sans peine s’ils disposaient d’un arc, ou de tout autre arme de jet. Mais, pour avoir joué si souvent le rôle du chasseur, elle savait qu’elle serait déjà morte s’ils avaient l’intention de se débarrasser d’elle. Ne serait-ce que par réflexe, ou par prudence, ils l’auraient exécutée au premier contact, dès qu’elle aurait été à portée. Ils ne seraient venus que plus tard, vérifier leur tir. Non ! Ceux là cherchaient à se rapprocher le plus possible.

La suite lui avait donné raison : le bruit des pas dans le sol mou et humide s’étaient faits de plus en plus distincts. La Sombre avait nettement perçu deux présences. Son arc, avec sa flèche encochée, sur ses genoux, la rassurait. Comme la froideur des lames de ses coutelas croisés entre ses reins et la roche dure.

Alors seulement Vyl avait-elle ouvert les yeux.

Imperceptiblement, son regard filtrant entre ses longs cils, juste pour se rendre compte à quel genre de maraudeur elle avait à faire.

Elle avait dû se contenir pour ne pas tressaillir lorsqu’elle avait distingué la silhouette diaphane drapée dans sa cape qui se tenait devant elle, appuyée sur un bâton. Jamais auparavant la guerrière n’avait été confrontée à une telle créature : petite taille, teint laiteux peignant les traits fins d’une jeune fille à peine sortie de l’enfance, chevelure immaculée dansant dans la brise, elle ressemblait à un esprit désincarné errant entre deux mondes. Mais par-dessus tout, c’est l’intensité de la présence de l’adolescente qui la cloua sur place, comme si une force surnaturelle jaillissait de tout son être, source intarissable de quelques maléfices. Elle avait cru d’abord à une aveugle, mais elle avait vite compris, en sentant le regard de la créature fouiller son âme, que le lourd bâton sur lequel elle croisait les doigts n’était pas là pour la guider dans des ténèbres éternelles.

Trop préoccupée de l’adolescente blafarde, Vyl en avait presque oublié l’autre. Celui était un Drow sans discussion possible. Et même des plus sombres, avec sa chevelure de jais, sa peau d’ébène et ses yeux d’onyx. Un bel homme, de haute stature, pensa la guerrière, même si tous ses sens soudain s’étaient mis en alerte. De Renor émanait une onde mauvaise, comme si, funambule instable, son âme hésitait sans cesse entre la lumière et l’ombre. Nul doute que celui là pouvait faire du mal.

De tous temps, Vyl Thanat’Khor s’était défiée de la magie sous toutes ses formes, regrettant de ne pas avoir reçu le moindre don à la naissance. Elle ne comprenait pas d’où les Mages tiraient leur puissance, et s’esbaudissait des miracles et des carnages que la scintillation pouvaient faire éclore. Et seule dans ce refuge naturel taillé à même les pierres surplombant le lit du fleuve, blessée et amoindrie, elle se trouvait confronter à son pire cauchemar. Car elle ne doutait plus un instant que la fille était une quelconque sorcière, et que l’autre, de près ou de loin, appartenait à la même engeance. Contre un seul, elle faisait difficilement le poids dans un combat singulier si elle ne pouvait compter sur la distance, l’effet de surprise ou sa rapidité naturelle. Contre deux, la bataille était perdue d’avance.

Pourtant, le petit spectre ne manifestait encore aucune attitude hostile. Certes, le pouvoir accumulé la rendait éminemment dangereuse, d’autant que nul n’aurait pu ne pas ressentir au plus profond de ses tripes la vibration de son aura. Mais la forme blafarde exprimait l’absolue sérénité de celui qui s’en vient en paix. Seule la versatilité perceptible de l’autre prêtait à la méfiance. Et Vyl ne voulait pas trépasser par manque de prudence.

Aussi jaillit-elle, telle un cobra qui attaque, se redressant dans la nudité la plus complète.

Arc bandé, le fer acéré d’une flèche pointant dans la direction de Nim.

- Uriz m’est témoin que je ne vous veux pas de mal ni à l’un ni à l’autre, murmura-t-elle dans la langue d’Elda, mais si vos intentions sont amicales, j’aimerais savoir pour quelles raisons vous m’approchez comme une meute la biche aux aboies !

Il n’y avait ni forfanterie ni agressivité dans la voix de la guerrière. Juste une très calme détermination.

- J’ai bien conscience de n’être pas à la hauteur pour en découdre avec vous deux, mais si vos explications ne me conviennent pas, sur mon âme, je le jure, je ne serai pas la seule ce soir à connaître le baiser glacé de la mort !

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Lun 16 Nov 2009 - 16:15

Les jumeaux se rapprochaient du cercle de lumière créé par le feu, Renor détailla la drow enroulé dans sa cape, elle avait au moins un arc et une flèche près d'elle, il ne voyait pas d'autre arme à sa porté mais elle pouvait en caché sous sa cape. La peau de la drow était couverte de tatouage criard dont les couleur dévoraient sa peau sombre, jurant avec celle-ci. La jeune drow semblait somnoler, elle faisait beaucoup d'effort pour le leur faire croire mais il y avait une tension légère mais bien présente dans le maintient de ses épaules. Imaginant le visage de la drow sans ses tatouage il vit un visage sculpté par la détermination une mâchoire un peu trop carré, des fantômes de mimique dur un peu comme ceux qui hante le visage de sa soeur même quand elle dort. Il vit l'éclat léger d'une pupille entre les paupière entre-ouverte, s'il n'y avait pas eu le feu il n'aurait pas remarqué qu'elle les observait aussi.
Nim ne regarda pas tout de suite en direction de la drow elle se laissait guider par son frère vérifiant que personne d'autre qu'eux avait découvert la lueur du feu. Puis elle reporta son attention sur la drow, pour elle, la drow était quasiment inexistante, elle ne créait quasiment pas de remous dans la trame magique un peu comme si elle avait à faire avec un gros animale mais sans plus. Ce qu'elle vit à travers les yeux de son frère était une drow fiévreuse avec un arc sur les genoux et une flèche sur la corde, prête à être tiré. Elle voyait en cette femelle drow un danger tant qu'elle n'aurait pas put discuter car elle n'était pas en état de raisonner correctement, qu'elle était trop fatigué pour être raisonnable si d'aventure ils avaient l'air étrange, ce qui la rendait imprévisible.

« Prudence mon frère, rien de précipiter comme tu en as le secret »
J'ai vu comment elle se tient elle est pas rassuré et elle sait déjà qu'on est là.
« Umh... Si elle nous menace avec son arc tu seras raisonnable? » demanda la petite drow.
Comme toujours ma soeur, répondit l'intéressé.

Une vague de scepticisme envahi l'esprit de Renor qui se contenta d'une pensée ambigüe comme s'il avait haussé les épaules, une pensée qui voulait tout et rien dire. Ils s'arrêtèrent à la limite du cercle instable de lumière, attendant que la drow ne fasse plus semblant de ne pas les avoir sentit arriver. Il voulait en faisant ainsi ménager la susceptibilité ou la paranoïa galopante qu'il sentait dans le maintient de la jeune drow. Elle se leva comme un cobra qui se dresse, son arc visant la forme enveloppé dans sa cape qu'était Nim, la petite drow n'eut aucune réaction visible, ses yeux blancs sans pupille restaient fixé sur la forme flou de la drow. Renor se maitrisa de justesse, son visage se durcissant, imperceptiblement, il se plaça de manière tel qu'il touchait l'ombre de sa soeur, mais il ne fit rien d'autre comme geste gardant la main haute sur ses réactions.

On fait quoi, demanda Renor.
« On détourne l'attention avec la vérité pour que si elle n'est pas convaincu on puisse agir » répondit Nim.
Et donc agir veut dire?

Agir voulait dire que Renor devait se téléporter derrière la drow attraper la corde de l'arc au niveau de la main de la drow, et immobiliser celle-ci, pendant que Nim se protégeait de la flèche avec les tentacules d'ombres qu'elle avait en attache.

-Uriz m'est témoin que je ne vous veux pas de mal ni à l'un ni à l'autre, souffla-t-elle dans la langue du Puy d'Elda, mais si vos intentions sont amicales, j'aimerais savoir pour quelles raisons vous m'approchez comme la meute une biche aux aboies!

Elle ne semblait pas fanfaronné ni être agressive mais on sentait qu'elle était déterminé, son état ne devait pas être au mieux car les jumeaux s'étaient approché doucement sans caché leur présence pour s'enquérir d'abord de ce sur quoi ils étaient tombés mais il n'avait pas manifesté la moindre agressivité ou tenté de cacher leur approche quand ils avaient décider de rejoindre la drow au milieu de son cercle de pierre.

-J'ai bien conscience de n'être pas à la hauteur pour en découdre avec vous deux, mais si vos explication ne me conviennent pas, sur mon âme, je le jure, je ne serais pas la seule ce soir à connaître le baiser glacé de la mort!
-Il n'est pas besoin de prendre à témoin le dieux de la guerre... commença Nim.
-... il a bien d'autre endroit bien plus intéressant vers lesquelles tourner ses regards, termina Renor avec un léger sourire.
-Nous ne t'approchons que... repris Nim sereine.
-... pour te poser quelque question et partager ton feu, acheva Renor son sourire n'étant plus qu'un fantôme mais avec une note amusée dans le ton. Il est vrai que ce soir tu ne seras pas la seul à connaître les bras de la mort si tu persiste... avança le drow.
-Mais il n'y a pas beaucoup d'enjeux à parié son âme sur ce fait..., fit Nim grinçante.
-... car la mort a toujours énormément à faire que ce soit ce soir ou un autre, termina Renor joyeux.

Cette joute verbale n'avait aucunement pour cible la drow mais semblait être un combat livré ente les deux jumeaux qui avait été initié par Renor. Les yeux de la drow se durcirent et ils virent le moment où il devrait réagir arriver. Pendant leur réponse à deux voix Nim avait déployé les tentacules d'ombres conférées par le sort qu'elle avait en attache et les avait enroulées serrées autour de sa poitrine pour s'en faire une armure.

-Nous n'avons pas l'intention de te faire du mal mais... commença Nim.
-... il faudrait que tu songe à changer de costume il est certes intéressant... continua Renor.
-... mais être seulement vêtue de peinture, disons que cela déconcentre mon frère... repris Nim.
-... cela ne veut pas dire qu'il n'a pas un certain charme... coupa Renor.
-... mais il semble qu'il ne soit pas tout à fait approprié, acheva Nim.

Les deux drow avaient continué leur manège attentif aux réactions de la drow, prêt à mettre leur alternative en oeuvre.

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Mar 17 Nov 2009 - 19:42

L’un commençait les phrases, l’autre les terminait !A moins que ça ne soit le contraire ! Le spectacle aurait presque pu être amusant si la situation n’avait pas été aussi étrange.

Des étrangers qui approchent sans mot dire dans l’une des Forêts les plus dangereuses de Miradelphia, à quelques dizaines de lieues à peine d'un champ de bataille, et qui s’étonnent des réactions de défense d’un dormeur qu’ils viennent de déranger ? Etait-ce la pitres ou ménestrels en quête d’un auditoire pour vendre leurs mauvais tours ?

A vrai dire, cette éventualité n’effleura pas Vyl Thanat’Khor plus de deux secondes. Le temps du joyeux dialogue, elle l’avait employé à jauger ses visiteurs, et il lui avait semblé qu’elle se trouvait face à une seule et même personne que le sort avait partagé en deux. La même âme dans deux corps distincts, aussi dissemblables que possible, presque des contraires.

Le plus bizarre, c’est que chacun jouait un rôle différent de celui que Vyl s’attendait à lui voir interpréter.

Le petit fantôme, dont elle avait flairé la puissance, mais qui lui paraissait animé d’intentions pacifiques, se montrait le plus grinçant des deux, se gaussant toute à la fois de sa nudité et de ses tatouages. En cela, elle démontrait qu’elle avait la situation sous contrôle, et que sa force l’autorisait à être aussi désagréable qu’elle le voulait sans avoir à craindre les représailles. Quant au Drow, que la flèche pointée sur sa sœur n’impressionnait pas le moins du monde, il s’était composé un personnage primesautier et courtois, là où la Guerrière avait craint d’être confrontée à une bête malfaisante. Il n’empêche que la Sombre ne lui faisait aucunement confiance car il fleurait la fureur et l’impétuosité.

Il se passa quelques instants après que Nim et Renor eurent mis fin à leur discours à deux voix.

Quelques longues minutes durant lesquelles le regard de Vyl Thanat’Khor passa de l’un à l’autre dans le silence le plus pesant, l’arc bandé et la flèche coulissant sur le bois de l’arme.

Puis, la guerrière éclata d’un grand rire qui résonna dans la forêt.

Relâchant sa pression sur la corde de l’arc et laissant la flèche inerte choir à ses pieds, elle se laissa tomber en arrière, reprenant sa place contre son rocher, rassemblant sa couverture sur ses épaules pour dérober son corps nu aux regards de l’homme.

- Si vous souhaitez partager mon feu, approchez vous alors, s’exclama-t-elle, et prenez place ! Le rocher là-derrière vous coupera de la bise ! Et il me reste de la nourriture, - rien de bien mirifique, mais de quoi sustenter des voyageurs ! -, que je partagerai aussi avec vous si vous avez faim !

Disant cela, elle avait ouvert son sac de la pointe de ses orteils, faisant apparaître les quelques vivres que lui avaient offerts les reîtres du Tourmalin.

- Si je prends le Dieu de la Guerre à témoin, c’est parce qu’il est celui que je sers et auquel j’ai voué mon existence entière. Vous m’avez surprise dans un demi sommeil, et comme j’ai trop souvent servi, ces derniers temps, de proie à des chasseurs, vous comprendrez aisément que votre présence en ces lieux m’ait pour le moins posé question.

La guerrière tisonna les braises avec une lourde branche de bois mort pour aviver le feu, et l’abandonna à la morsure des flammes qui montaient plus haut déjà. Le brasier dégageait une douce chaleur, et la crispation des premiers instants ayant totalement disparu, l’ambiance promettait d’être sinon agréable du moins sereine.

- Soyez les bienvenus donc ! Continua-t-elle, plus calme. Peut-être me direz-vous qui vous êtes et quel vent vous amène dans la grande Forêt d’Aduram ?

La convivialité semblait le meilleur parti à prendre face à des adversaires de ce poids. Et la solitaire faisait contre mauvaise fortune bon cœur en acceptant des étrangers sur son territoire. Tout en elle respirait la quiétude. Il fallait bien donner le change, après tout, puisqu’il n’y avait pas vraiment le choix. Mais sa méfiance demeurait entière, à fleur de peau. Et alors qu’elle adressait son plus merveilleux sourire à Renor, elle se rassura de la présence de ses coutelas au creux de ses reins.

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Jeu 19 Nov 2009 - 20:56

La drow les fixait depuis quelque minutes les jaugeant essayant de décrypter leurs intentions qui pour eux aussi n'étaient pas très claire. Leur ligne de conduite générale était de rester en vie, de chercher un moyen de détruire le sceau qui les liait sans se tuer et pour cela la seul piste était d'en avoir le pouvoir nécessaire. Le pouvoir en question se trouvait dans la vie des êtres vivant ayant une conscience, ce pouvoir il fallait le stocker et tout cela Nim avait sut le faire, avant, mais maintenant il fallait tout réapprendre. Ce deuxième apprentissage se ferait sur la même base que le premier, trouver de la matière première lors de guerre, de raide et autre incursion guerrière, mais pour cela il fallait connaître le territoire et l'époque à laquelle il s'était retrouvé, cela nécessitait de recueillir des informations et c'était dans cette optique qu'ils s'étaient approchés de la drow.
La drow restait immobile, seul le léger tremblement de ses épaules montrait qu'elle maintenait la tension dans la corde de son arc. On entendait seulement le crépitement des flammes et le crissement du bois de la flèche contre le bois de l'arc. Soudain elle éclata de rire en relâchant doucement la tension sur la corde de son arc et laissant tomber à ses pieds la flèche encochée.

-Si vous souhaitez partager mon feu, approchez vous alors et prenez place! Le rocher là-derrière vous coupera de la bise! Et il me reste de la nourriture, - rien de bien mirifique, mais de quoi sustenter des voyageurs! - , que je partagerai aussi avec vous si vous avez faim!

Elle s'était enroulé dans sa cape pour se couvrir et elle s'assit de nouveau avant d'ouvrir son sac du bout de ses orteils, montrant son contenu.

Dommage la vue était magnifique, fit Rennor dépité et amusé en même temps.
« La ferme » le fustigea Nim.

Les émotions de Nim transparurent sur son visage mais disparurent comme si elles n'avaient jamais existé, comme si on les avait gommées. Elle avait tourné son regard sur son frère quand elle l'avait réprimandé.

-Si je prend le dieu de la guerre à témoin, c'est parce qu'il est celui que je sers et auquel j'ai voué mon existence entière. Vous m'avez surprise dans un demi sommeil, et comme j'ai trop souvent servi, ces derniers temps, de proie à des chasseurs, vous comprendrez aisément que votre présence en ces lieux m'ait pour le moins posé question.

La guerrière ne les regardait pas en leur parlant s'affairant à tisonner s les braises de son feu avec une branche de bois mort, elle laissa bientôt celle-ci aux flammes. Elle avait confiance en son jugement et avait décidé qu'elle n'avait pas besoin de se méfier d'eux, du moins pour le moment. Les jumeaux s'assirent chacun sur un rocher de l'autre coté du feu en face de la drow, le frère étant assis légèrement plus bas que la soeur qui avait planté son bâton dans le sol devant elle, elle avait ramené ses jambes pour s'assoir en tailleur sur son roc en équilibre semblant précaire, les yeux de la petites drow se fermèrent et seul ceux de son frère était fixé sur la drow suivant ses mouvements attetifs.

-Soyez les bienvenus donc! Reprit-elle, calmement. Peut-être me direz-vous qui vous êtes et quel vent vous amène dans la grande forêt d'Aduram?
« Tu t'occupes de répondre »
Hey doucement!

Mais sa soeur ne fit pas attention à lui plus que ça et pendant que la drow continuait de parler elle se mit en transe pour tisser un sort permettant de défendre leur campement. Elle paraissait s'être endormi, Renor soupira ne se préoccupant plus d'empêcher sa soeur d'entrer en transe. Il lui semblait que la drow avait choisie son angle d'attaque, resté poli et se comporté à la manière de beaucoup de guerrier, donner l'impression d'être de bonne gens bourru mais un peu arriéré ce qui ne semblait pas vraiment être le cas de cette drow. Le drow aux yeux d'encre sentait sous la quiétude de façade une attention à toute épreuve que son sourire ou sa décontraction ne pouvait masquer à ses yeux entrainés.
Un instant après que la drow eu cessé de parler, alors que Renor s'apprêtait à répondre aux questions de leur hôte, il sentit le pouvoir affluer en masse dans le corps de sa soeur, il vit aussi que même si la drow en face de lui n'avait aucun pouvoir magique elle percevait le changement dans l'aura de Nim qui semblait il avait envie de faire de l'esbroufe.

-Ne t'inquiète pas ma soeur, Nim. Elle ne fait que tisser un sort de protection pour cette endroit, elle ne t'attaquera pas, dit-il affable. Si elle l'avait voulu tu n'aurais même pas perçu qu'elle utilisait son pouvoir, ajouta-t-il toujours aussi aimable un sourire fleurant sur ses lèves.

Il n'appréciait pas le tour que lui avait joué sa soeur, elle avait réussi à faire remonter la tension d'un cran alors que leur hôtesse avait cherché à calmé le jeu, celle-ci gardait un visage serein mais n'était clairement pas rassuré. Renor avait dégagé la lame au bout de sa chaine caché sous ses vêtements.

-Ne t'occupes pas d'elle, souffla-t-il irrité foudroyant sa soeur indifférente. Revenons à ce qui nous occupes, reprit il reprenant son air enjoué, merci d'avoir proposé de partagé tes vivres mais nous nous débrouillerons, nous te dérangeons bien assez comme ça, continua-t-il avec un sourire étrange. Tu n'as pas à t'excuser d'avoir cherché à préservé ta vie en sacrifiant les apparences sur l'autel de l'efficacité. Beaucoup d'humain n'aurais sut s'y résoudre, fit il pensif, en cela déjà je les trouves faibles, termina-t-il avec un sourire narquois.

Il savait que sa remarque ne serait pas trop dérangeante pour la guerrière, elle n'était pas une de ces humaines plus préoccuper par les apparences alors même que leur vie est en jeu. Il était souvent stupéfait par la force de l'interdit ancré dans la chaire de ces humains. Il soupira sentant que sa soeur n'était pas prête d'avoir fini, il sentait le sort se tisser dans l'esprit de Nim. Les mains de celle-ci faisait des gestes nerveux comme si elle tricotait et elle murmurait des paroles incompréhensible. Renor n'avait pas besoin de regarder sa soeur pour savoir ce qu'elle faisait aussi gardait il le regard fixé sur l'autre drow.

-Et pour répondre à votre question, nous allons en Oesgarde cherché quelque petits ingrédients pour ma soeur, reprit il. Permettez que je vous retourne la question maintenant que j'ai répondu à la votre?

La main gauche du drow était posé derrière le pieds de sa soeur dans son ombre, sa tête était posé contre le rocher derrière lui qui lui servait de dossier, tandis que son autre main était prête à faire sortir sa chaine si jamais il prenait l'envie soudaine et saugrenu à la drow de les agresser.

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Ven 20 Nov 2009 - 15:41

Les visiteurs du soir avaient pris place auprès du feu, et l’atmosphère, soudain, s’en trouvait détendue.

L’homme faisait même preuve d’une grande civilité, teintée d’un rien de cordialité qui réchauffait l’ambiance trop glaciale encore. Vyl n’avait pu se résoudre à baisser totalement la garde. Elle savait donner le change, mais elle mesurait la vanité de ses efforts : si les étrangers avaient seulement la moitié des pouvoirs qu’elle ressentait physiquement en leur présence, alors avaient-ils déjà compris qu’elle n’éprouvait à leur égard qu’inquiétude et défiance. Elle leur savait gré de préserver les apparences malgré tout, et de faire comme si l’hostilité latente qu’elle refoulait n’existait pas.

La guerrière observait du coin de l’œil, dissimulant son regard acéré sous ses longs cils, le petit fantôme assis en tailleur. Dans cette position, il semblait plus chétif et plus malingre que jamais. Mais une aura vibrante jaillissait d’elle, violente comme un torrent de montagne déferlant entre les pierres, puissante comme un orage d’été. Et Vyl se demanda si toute cette puissance n’était pas responsable de la chétivité de cette enveloppe physique, drainée de la moindre de ses forces par les flux qui la traversaient, la laissant vide et blafarde. Etait-ce cela, cette magie que l’on redoutait tant : un vampire tyrannique qui tirait sa suprématie de la force vitale de ses esclaves ? Et plus que de la crainte, la guerrière, surprise, éprouva de la peine pour cette enfant possédée par sa transe qui marmonnait des mots sans suite.

- Ne t'inquiète pas ma soeur, Nim. Elle ne fait que tisser un sort de protection pour cet endroit, elle ne t'attaquera pas. Si elle l'avait voulu tu n'aurais même pas perçu qu'elle utilisait son pouvoir.

Le Drow lui aussi, demeurait sur ses gardes, et il n’avait pas échappé à la servante zélée de la Dothka qu’il dissimulait quelque lame sous ses vêtements. Les sens aux aguets, comme le fauve traquant sa proie, Vyl avait surpris les gestes habilement discrets de Renor et s’attendait à chaque instant à voir surgir le fer d’une lame accrochant la lumière des flammes. Mais, s’il y avait une chose dont Vyl Thanat’Khor était sûre, c’était l’attraction fatale qu’elle exerçait sur tout mâle en âge de se reproduire. A moins d’une blessure de guerre mal placée, - et encore ! -, peu résistait à sa sensuelle et ravageuse féminité. Et ce charme, elle avait la faculté de le distiller à l’envie, et d’en contrôler l’intensité. Elle avait senti toute à l’heure les yeux de l’homme sur son corps nu, et ne doutait pas un instant qu’il eut conservé quelque part, au fond de sa mémoire, l’empreinte plus ou moins nette de ses formes parfaites. Aussi avait-elle choisi de jouer le rôle qui lui allait le mieux : celui de la belle sulfureuse, fleur empoisonnée qui avive le désir même des plus désabusés. Elle ne répondit pas. Elle se contenta de tourner la tête vers Renor et de lui décocher son plus beau sourire, laissant bailler l’échancrure de la couverture qui l’enveloppait. Suggérer plus que dévoiler. Juste aiguiser les souvenirs de l’autre, pour qu’il se souvienne de ce qui l’avait accueilli, l’arc bandé, quelques minutes plus tôt.

Mais, manifestement, Renor se préoccupait plus de sa sœur que de son hôtesse. Comment d’ailleurs le petit fantôme pouvait-il être la sœur de ce mâle puissant et sombre ? Vyl évacua cette question qui ne trouverait peut être jamais de réponse, faisant abstraction de sa coutumière curiosité. Elle dégagea une longue jambe fine de sous sa couverture, et entrepris de la frotter, comme pour détendre le muscle galbé de son mollet. Attentive toujours.

- Ne t’occupe pas d'elle ! Revenons à ce qui nous occupe… Merci d'avoir proposé de partager tes vivres mais nous nous débrouillerons, nous te dérangeons bien assez comme ça. Tu n'as pas à t'excuser d'avoir cherché à préserver ta vie en sacrifiant les apparences sur l'autel de l'efficacité. Beaucoup d'humains n’auraient su s'y résoudre. En cela déjà je les trouve faible.

Renor paraissait irrité par l’attitude de Nim. Mais Vyl préféra ne pas prêter attention à ce détail. Elle inclina la tête lorsque le Drow déclina son offre de partager ses vivres, pour lui signifier qu’il en serait fait comme il lui plairait. Après tout, - et l’autre avait capté la nuance -, il ne s’agissait que de faire montre de politesse pour faire oublier la pointe acérée de la flèche pointée sur la jeune fille. Ni plus ni moins.

- Et pour répondre à votre question, nous allons en Oësgard chercher quelques petits ingrédients pour ma sœur ! Permettez que je vous retourne la question maintenant que j'ai répondu à la votre ?

La guerrière sourit encore, découvrant pour la première fois, ses dents nacrées.

- Je viens justement d’Oësgard, et je retourne vers Elda dans l’espoir de croiser en route quelques soldats de l’Ost Noir pour les rallier… C’est la guerre là-bas. Du moins, ça l’était jusqu’à ce que les Oesgardiens n’ouvrent grand les portes de leur citadelle à leurs ennemis.

Fallait-il en dire plus ? Vyl n’en était pas certaine.

- Mais quoi qu’il en soit, si ton choix est d’aller traîner dans la plaine d’Oësgard, laisse moi te mettre en garde. Il y a là bas des milliers d’humains, armés jusqu’aux dents et enfermés dans des armures rutilantes. Ils grouillent comme de la vermine, et comme des guêpes, fondent sur tout ce qui approche de trop près de la ruche. Il y a de nombreux cavaliers, et le terrain leur est favorable. Et tout ce petit monde ne souffre pas de la moindre fatigue : ils étaient venus pour en découdre, et il n’y a pas eu l’ombre d’une bataille. Ils sont frais comme le poisson qu’on sort du ruisseau.

Se saisissant d’une autre branche, elle tisonna le feu, machinalement. Faire quelque chose lui avait toujours permis de se donner une contenance.

- Méfie toi seulement de la faiblesse apparente de ces humains. J’ai vu chez eux quelques armes ensorcelées qui peuvent causer des ravages. Des gueules de fer qui vomissent des flammes qui rongent la chair. Je crains que quels que soient les grands pouvoirs de ta sœur, vous ne puissiez rien contre ces monstres pour l’heure.

La guerrière se tourna vers Renor et plongea ses yeux dans ceux de Renor.

- Si tu me demandais conseil, je te dirai d’éviter Oësgard quelques lunes encore, le temps que les choses reprennent leur cours normal. Les frontières sont surveillées. Les mercenaires sont traqués et éliminés. J’ai vu un campement entier jonché de cadavres de Nains et d’Hommes…

Vyl laissa tomber la branche dans le brasier. Une gerbe d’étincelles éclaira les visages, puis mourut, brillantes lucioles s’éteignant en se précipitant vers le sol. Elle laissa un silence, comme pour donner le temps à ses visiteurs de digérer les informations qu’elle venait de leur confier. Puis, elle se retourna vers Renor, toujours souriante.

- Tu m’as dit le nom de ta sœur… Nim, je crois ? Mais tu ne m’as pas encore dit le tien…

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Dim 22 Nov 2009 - 14:00

A ce rythme, jamais Vyl Thanat'Khor ne découvrirait l'Ost Noir. Elle avait raison, il était bien là, quelque part, en Aduram. Mais... Qui pouvait prétendre connaître l'Aduram par cœur ? Probablement personne. Forêt géante et terriblement dangereuse, même le Drow le plus averti devait se méfier. Les dangers sont nombreux et une vie est si fragile, même pour un être éternel. Après tout, l'éternité et l'immortalité sont deux concepts différents. Un Drow, lorsqu'il atteint sa période de maturité où son avenir est tracé et qu'il se sent très bien dans la vie de tout les jours cesse de vieillir. En cela, il devient éternel. Néanmoins, une lame bien placée saurait le faire rejoindre Teiweon Danath'Korr bien rapidement. L'immortalité, ce principe est réservé aux Dieux, si nous admettons leur existence. En tout cas, au campement de l'Ost Noir, les discussions trainaient en longueur, bien trop en longueur au gout de Nym. S'il était un Officier important de l'Ost Noir du Puy d'Elda, il détestait par dessus tout les longues heures de réunions pour ne pas dire grand chose parfois et écouter quelques Drows fier d'eux faire étalage de leurs connaissances et de leurs savoirs... Sa place était sur le terrain.

Cette nuit-là, il décida de patrouiller en personne. La mission de la Dothka était éternelle jusqu'à ce que le campement de l'Ost Noir gagne les portes d'Oësgard. Aucun étranger à l'Armée du Puy d'Elda ne devait apercevoir le campement et aller faire un rapport à un maître quelques kilomètres plus loin. Sinon, l'effet de surprise, garant de la victoire et de la vengeance incontestable des Drows sur Alonna ne serait plus qu'un lointain souvenir. Aussi, cette nuit-là, il aperçut de la fumée dans le ciel. Un seul trait de fumée. Au loin, quelqu'un se reposait... Ainsi, le Barra de la Dothka en personne fit le déplacement et fila à contre vent pendant deux longues heures vers l'origine de cette petite nuée ardente.

La surprise serait grande car il s'apprêtait à retrouver ce qui lui manquait. Avec les années, elle était devenue comme sa seconde moitié. Elle était son inverse et par dessous tout sa fidèle seconde. Sans oublier qu'elle avait été son élève... L'aimait-il ? Il l'ignorait. Il savait qu'elle était sa petite protégée et il grinçait des dents à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose. Depuis leur discussion il y a quelques années devant les portes de La Dross, Vyl Thanat'Khor était devenue l'être le plus précieux aux yeux de Nym Vrinn. Elle savait désormais tout ce qu'il y avait à savoir sur lui... Vyl Thanat'Khor savait que Lyme Illistyn avait trompé le Karliik Glenn en prenant l'identité de Nym Vrinn. Il avait, sans remord, utiliser les intérêts du Général de l'Ost Noir à ses fins. Cela, pour se venger du précédent Barra de la Dothka, son beau père...

Bref, il arriva deux heures plus tard au niveau du campement de fortune où les trois créatures sombres s'étaient déjà réunis. Ne faisant plus qu'un avec les ombres et le silence, il n'était même plus pensable de dire qu'il s'approchait à pas de loups tellement ceux-ci seraient ridicules à côté de son savoir faire. En silence, le Barra de la Dothka tournait autour du trio afin d'essayer de les identifier. Son regard argenté fut émerveillé lorsqu'il reconnut non sans sourciller celle qui occupait ses pensées ces derniers jours. Vivante, c'est un large soupire de soulagement qui s'échappa de ses lèvres mi-closes. Hum ? Des traces de magies flottaient tout autour du campement. Bien que non mage, Nym Vrinn avait passé la moitié de son existence dans le Temple de Teiweon Danath'Korr et sans qu'il ne le sache, Nym possédait par hérédité un potentiel magique inconnu et inexploité. Il est le fils d'une Haute Prêtresse, après tout. Bien qu'il ait déjà envisagé cette possibilité, l'avouer signifiait se trahir et raconter toute la vérité au sujet de ses origines.

Donc, un sort de protection entourait le campement et s'attaquerait à tout ceux dont les intentions étaient hostiles ? Pendant un court instant, Nym détailla Nim et Renor. S'il ne les connaissait pas, il les avait déjà aperçus dans l'ombre errer autour du Puy d'Elda. Et si sa petite protégée discutait ainsi avec eux, l'ombre du danger était écartée. Ainsi, sereinement et sans mauvaises intentions, le Barra de la Dothka franchit la limite magique et se montra aux six yeux par la même occasion. Sa seule intention se porta sur Vyl Thanat'Khor, à qui il s'adressa dans la langue commune.

Cela faisait longtemps. Bien trop longtemps.

Un fin sourire se figea sur les lèvres du Barra de la Dothka. Cacher son soulagement devenait difficile et il percevait à l'oeil nu à quel point ces derniers mois avaient du être difficiles pour Vyl. Pourtant, elle était bien vivante. Le Drow lança un regard curieux aux deux mages jumeaux et ajouta.

Je suis Nym Vrinn, Barra de la Dothka de l'Ost Noir. Et vous ?

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Dim 22 Nov 2009 - 18:03

Pendant leur conversation menée sur un ton polie la drow s'employait à joué son rôle celle de la piquante et sulfureuse plante empoisonné aux atours sublime. Renor n'y était certes pas insensible mais il devait supporté le comportement de sa soeur et avait vu bien des femmes lui jouer ce jeu, il savait pouvoir y résister un certain temps.

« N'y pense même pas mon frère sinon je te jure que tu vas me servir pour lancer mon sort » le prévint sa soeur.
Tu sais que tu ne le supporterait surement pas, répliqua-t-il.
« Tu n'as pas compris ça ne te tuerait pas mais ça t'enverrai en un instant au pays des songes et je peux te garantir que tu n'apprécierais pas. » lui assura-t-elle.

Renor ne répondit pas mais avais comprit, il y a certaine chose qui vous motive à dépasser ce que vous êtes profondément. Mais le jeu pouvait tout de même être joué dans un sens comme dans un autre, même s'il n'avait jamais était jusqu'au bout du jeu, dans un certain sens. La drow en face d'eux sourit de nouveau, dévoilant ses dents de nacre, avant de répondre à la question de Renor.

-Je viens justement d'Oësgard, et je retourne vers Elda dans l'espoir de croiser en route quelques soldats de l'Ost Noir pour les rallier... C'est la guerre là-bas. Du moins, ça l'était jusqu'à ce que les oesgardiens n'ouvrent grand les portes de leur citadelle à leurs ennemis.

Elle eu une hésitation, Renor se tut ne faisant rien pour l'encourager ou la décourager, il avait décider de ne pas forcer la main de leur hôtesse. La drow se décida finalement à continuer.

-Mais quoi qu'il en soit, si ton choix est d'aller traîner dans la plaine d'Oësgard, laisse moi te mettre en garde. Il y a là bas des milliers d'humains, armés jusqu'au dents et enfermés dans des armures rutilantes. Ils grouillent comme de la vermine, et comme des guêpes, fondent sur tout ce qui approche de trop près de la ruche. Il y a de nombreux cavaliers, et le terrain leur est favorable. Et tout ce petit monde ne souffre pas de la moindre fatigue: ils étaient venus pour en découdre, et il n'y a pas eu l'ombre d'une bataille. Ils sont frais comme le poisson qu'on sort du ruisseau.

Elle s'arrêta de nouveau de parler pour prendre une branche et tisonner le feu de façon inconsciente. Renor avait pris le partit de ne rien dire ou faire pour encourager la conversation, les confessions de la guerrière. Il sentait bien que la drow avait du mal à être en accord avec elle même et qu'elle se posait des questions sur ce qu'elle avait envie de révéler ou non. Elle était toujours sur le qui vive mais la drow était aussi préoccuper

-Méfie toi seulement de la faiblesse apparente de ces humains. J'ai vu chez eux quelques armes ensorcelées qui peuvent causer des ravages. Des gueules de fer qui vomissent des flammes ensorcelées qui rongent la chair. Je crains que quels que soient les grands pouvoirs de ta soeur, vous ne puissiez rien contre ces monstres pour l'heure.

La guerrière releva les yeux des flammes qu'elle fixait, se tournant soudain vers Renor pour plonger ses yeux rose dans ceux du drow. Un fin sourire s'épanouit sur les lèvres de Renor, elle allait lui dire quelque chose qui lui semblait important, vraiment très important. Il supposait qu'enfin ça serait amusant.

Elle est plutôt forte à ce jeu, constata Renor.
« C'est inscrit dans le sang » releva Nim détaché.
Ouais mais il faut quand même avoir les atouts nécessaire, fit son frère amusé.
« Bah! Ça m'est inutile » répondit sa soeur dans un haussement d'épaule.

-Si tu me demandais conseil, je te dirai d'éviter Oësgard quelques lunes encore, le temps que les choses reprennent leur cours normal. Les frontières sont surveillées. Les mercenaires sont traqués et éliminés. J'ai vu un campement entier jonché de cadavres de Nains et d'Hommes...
-Et on ne t'as rien demandé, murmura Nim au milieux de son incantation.

Leur hôtesse laissa soudain choir sa branche en même temps de laisser en suspense sa phrase comme si elle avait voulut dire quelque chose de plus avant de se perdre dans ses pensées. Son visage fut éclairé par les étincelles qu'avait déclenché la chute du bois mort, son regard semblait perdu dans la contemplation d'autre chose. Soit elle n'avait pas entendu la remarque de Nim soit elle n'en avait pas tenu compte.

Ça a eu l'aire de la secoué, constata Renor.
« Ou elle est fine joueuse. » répliqua Nim.
Paranoïaque, mais possible, acquiesça le drow.
« Heureusement. J'ai fini. »
Je me demandais pourquoi tu étais intervenu.

Le silence s'était installé quelques instant pendant les quels les jumeaux avaient échangé, puis la drow se tourna vers Renor souriante.

-Tu m'as dis le nom de ta soeur... Nim, je crois? Mais tu ne m'as pas encore dit le tiens...

C'est ce moment que Nim choisie pour se lever, elle tourna le dos à la drow grimpant sur le rocher qui lui avait servit de siège. Elle se déplaçait comme une fillette de huit ans et ses yeux avaient changé du moins l'un, son oeil droit avait maintenant une pupille et à la lueur du feu on voyait le dessin d'une iris. Nim sautilla de rocher en rocher décrivant un cercle autour de leur campement, son aura de magie semblait être dirigé ailleurs et ne plus s'échapper tout autour d'elle. Renor secoua la tête en riant, mais il regardait toujours la drow.

-Il faut croire que nous somme tous les deux assez impolis puisque toi non plus tu ne m'as pas confier ton nom, répondit Renor sur un ton amusé.
-Son nom est Renor, fit Nim.

La voix de la drow était différente de ce qu'on aurait put attendre d'un si petit être, elle était trop grave, certes elle appartenait bien à une femme mais elle ne correspondait pas. Elle termina la tour de leur campement et sauta aux coté de son frère. Empoignant son bâton, elle s'assit à coté de son jumeaux son bâton en travers des jambes.

« Il y a encore quelques ajustement à faire mais j'ai fini »

Renor hocha la tête le regard toujours fixé sur la guerrière avec un demi sourire flottant sur ses lèvres. Il avait entraperçu un mouvement par les yeux de sa soeur, une distorsion dans la trame magique. Sa soeur l'avait vu et maintenant suivait la présence de ses yeux redevenu tous les deux laiteux, la forme semblait appartenir à un humanoïde et il avait un petit potentiel magique. Renor se redressa, pour s'étirer et s'assit au dessus du roc qui lui servait de dossier ses pieds étaient placer dans l'ombre projeter d'un autre rocher et il regardait la drow en tournant sa tête vers elle, sa cape était tombé et on voyait une chaine argenté entourant son torse. Sa soeur quant à elle était assis prés d'une de ses mains appuyées dans son dos et elle suivait le déplacement de la trace magique.

-Je suis certain que ma soeur saurait nous faire disparaître aux yeux des humains ce n'est clairement pas un problème, continua Renor.
« Notre intrus approche » fit Nim.
Laisse le venir.
« Il faut croire qu'elle attendait du monde. J'ai finit les ajustement. »

Nim laissa l'intrus traversé ses pièges mais elle fit courir derrière lui les tentacules d'ombres sur le sol, suivant les pas de l'importun. Celui-ci arrivait ne se préoccupant pas d'eux un sourire sur le visage.

-Cela faisait longtemps. Bien trop longtemps. Je suis Nym Vrinn, Barra de la Dothka de l'Ost Noir. Et vous?
-Toi tu es mort... commença Nim.
-Si tu ne nous réponds pas, termina Renor.

Renor se téléporta en tirant sa chaine grâce au sort de voyage par les ombres qu'avait lancé sa soeur sur lui et il reparut dans l'ombre de leur hôtesse. Il envoya sa chaine en une boucle qui se serra autour du jolie cou de la drow, des éclaires courants le long des maillons mordant les chaires de la guerrière. Pendant ce temps Nim fit un geste et les tentacules qui suivait Nym lui immobilisèrent les bras et les jambes. La petite mage détacha sa cape laissant voir deux tentacules se déployant vers la Barra de la Dothka. L'une des tentacules se referma sur le cou de l'intrus et l'autre courrait sur son visage. Un air de contrariété se peignait sur le visage de Nim, et son sceau comme celui de son frère brillait d'une lueur malsaine tranchant sur sa peau en arabesque arachnéenne d'argent brulant.

-Qui est tu? commença Renor.
-Pourquoi tournais tu... reprit Nim.
-... autour de notre campement... continua Renor.
-... je t'ai vu moucheron. Tu as un potentiel ridicule, j'ai failli te confondre avec un lapin, termina Nim sévère.

Renor semblait s'amuser comme un fou.

-Alors comme ça tu attendais quelqu'un, fit il amusé, je savais bien que tu cherchais quelque chose mais c'est inutile, murmura-t-il pour la guerrière.

En faite les jumeaux n'avaient pas écouté le nouveau venu maitrisant d'abord la situation et posant les questions ensuite, les deux autres drows avaient de la chance les jumeaux ne les avaient pas encore tué.

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Ven 27 Nov 2009 - 13:49

Le temps s’étirait dangereusement en compagnie de cette fratrie mal assortie.

Renor, manifestement insensible aux charmes de la guerrière, ne retenait plus cette agressivité naturelle qui affleurait derrière chacune de ses paroles. Comme un fauve incapable de rentrer les griffes.

Quant au petit fantôme, fluet et difforme, il sifflait comme un nœud de vipères, n’hésitant pas à remettre Vyl Thanat’Khor à sa place. Au point que cette dernière regrettait amèrement de ne pas l’avoir exécuté d’une flèche toute à l’heure, même si cela avait du lui coûter sa propre vie. La Drow était lasse des mauvaises fortunes qu’elle croisait sur sa route depuis qu’elle avait quitté Serramire, et ces deux là lui tapaient sérieusement sur les nerfs.

- Et on ne t’a rien demandé !

Vyl avait lancé à Nim un regard noir, suintant le dégoût que la fillette lui inspirait. Blafarde et aveugle, elle lui faisait l’effet de ses larves qui somnolent sous l’écorce des arbres. Frêle et minuscule, sans forme, sa féminité à peine affirmée, elle faisait honte à la vigoureuse race d’Elda. Dans sa déjà longue existence, la guerrière avait croisé bon nombre de mages, chamans, scintillateurs, envoûteurs, druides et autres sorciers. Mais jamais elle n’avait rencontré un spécimen aussi singulier que Nim. Elle en venait même à douter d’être en présence d’une adolescente. Comme si une vieille âme maléfique hantait ce corps impubère. Vyl ne releva pas le camouflet. Elle évacua sa colère en tisonnant son feu. Certains peuples brûlaient les sorcières. Cette idée la réconforta un moment.

Quant à l’autre benêt, - « Son nom est Renor ! » -, avait lâché l’ectoplasme, agacé -, les sens aux aguets, il ne faisait rien pour détendre une atmosphère maintenant pesante. Au point que Vyl se faisait l’effet de l’intruse au sein même de son propre campement. Si sa présence à elle gênait tant ce curieux tandem, au sein duquel chacun agissait de concert avec l’autre dans une absolue symbiose, pour quelle raison Nim et Renor n’avaient-ils pas passé leur chemin pour allumer un feu ailleurs ? Leur conversation était forcée. Et ils avaient même refusé de partager ses vivres. Les antiques légendes taraudaient la guerrière, avec leur cortège de nécromanciens et de suceurs de sang. Et un irrépressible sentiment d’insécurité bourgeonnait dans ses entrailles. D’autant que les duettistes manifestaient une certaine impatience depuis quelques instants, scrutant inlassablement la nuit comme à l’affût d’une quelconque menace.

C’est alors qu’il avait surgi. Nym Vrinn ! Le Barra de la Dothka en personne ! Emergeant de l’obscurité, le maître des ombres s’était avancé, pacifique et désinvolte, vers le bouquet de rochers qui leur servait de refuge. Sans prendre la moindre précaution, comme s’il cheminait en terrain amical. Un fin sourire illuminait son regard, et le halo du feu de camp miroitait dans son œil argenté. Le cœur de Vyl Thanat’Khor bondit dans sa poitrine lorsqu’elle vit son officier. Elle se rappela à temps qu’elle ne portait rien sous sa couverture, et elle ne bougea pas d’un cil, se contentant de lever la tête vers Vrinn, scellant son regard au sien. Si elle s’était laissée aller, elle aurait bondi par-dessus les flammes pour lui donner l’accolade. Avec le temps, le Barra était devenu une sorte de double : la meilleure part d’elle-même.

Mais la Drow n’avait pas anticipé la réaction de ces deux invités. Pourquoi l’aurait-elle fait d’ailleurs ? Nym Vrinn avait clairement décliné son identité, et rien dans sa posture ne pouvait prêter à confusion. Toute à la joie de revoir un visage ami après plusieurs lunes infiltrée en territoire hostile, Vyl ne prêta pas attention à Renor qui s’était redressé quelques instants auparavant pour se percher sur un rocher, dévoilant la chaîne argentée qui ceinturait sa taille.

- Cela faisait longtemps. Bien trop longtemps… Je suis Nym Vrinn, Barra de la Dothka de l'Ost Noir. Et vous?

- Toi tu es mort…

- Si tu ne nous réponds pas…

Il s’en était suivi une explosion de violence. Comme si l’orage qui couvait depuis l’arrivée du frère et de la sœur à son bivouac éclatait soudain, dans des gerbes d’eau et d’étincelles. Malgré sa corpulence, Renor avait disparu. Il s’était volatilisé, comme aspiré par la nuit. Pour aussitôt réapparaître dans le dos de Vyl. La guerrière était adossée à un rocher gigantesque dominant le fleuve. Lorsque le Drow se re-matérialisa derrière elle, elle fut projetée quelques pas en avant, presque dans le lit de braises où elle manqua de se brûler les pieds. Le choc fut si violent qu’elle se retrouva buste fléchi, les deux mains plantées dans l’humus et les feuilles moites. Le tintement d’une chaîne alerta la guerrière. L’image des mailles scintillantes de la ceinture de Renor lui revint instantanément en mémoire, et elle fit le dos rond, prête à encaisser le coup. Mais le métal glacé entra en contact de sa poitrine et de son cou, et elle dut se faire violence pour ne pas porter ses mains à sa gorge pour tenter de desserrer la prise. Lorsqu’elle avait abaissé son arc pour accueillir les deux voyageurs autour de son feu, Vyl avait laissé tomber à ses pieds la flèche encochée, et elle n’avait pas pris la peine de la remiser dans son fourreau. Elle tâtonna rapidement et tomba sur la pointe acérée, coupante comme un rasoir, et s’en saisit subrepticement pendant que Renor assurait son étranglement. Immobilisée entre les jambes du Drow qui la dominait, l’acier mordant dans ses chairs, la guerrière se retrouvait encore dans une bien mauvaise posture. Mais le contact de la pointe forgée dans le feu d’Elda entre ses doigts, regonfla son courage à bloc. Elle s’empressa de dissimuler son arme de fortune sous les pans de la couverture, assurant sa prise sur la hampe à s’en faire blanchir la paume de la main. Car jamais Vyl Thanat’Khor ne baissait les bras.

- Pourquoi tournais tu...

- ... autour de notre campement...

- ... je t’ai vu moucheron. Tu as un potentiel ridicule, j'ai failli te confondre avec un lapin !

De l’autre côté du foyer, Nym Vrinn, lui aussi, n’était pas à son avantage. Une hydre de ténèbres lui immobilisait les bras et les jambes. Et le petit fantôme, découvrant sa nature véritable, avançait vers lui, affublée de deux excroissances maléfiques qui dansaient comme les tentacules d’un poulpe. Vyl le regarda, l’interrogeant du regard. Jamais Barra ne patrouillait seul. Du moins la Drow l’espérait-elle. Le campement devait être encerclé par les ombres de la Dothka, tapis dans le silence, prêtes à intervenir au moindre signe de leur maître. Bientôt, on entendrait siffler quelques dagues, et Nim et Renor s’écrouleraient sur le sol, cadavres pathétiques. Que pouvaient deux monstres comme ceux là contre les forces occultes de la Dothka ? D’ailleurs, peut-être qu’un pyromancien incantait déjà dans l’ombre, prêt à embraser l’ectoplasme et son frère dégénéré. Mais Nym Vrinn ne donnait pas d’ordre. Et confiante dans son commandement, Vyl ne cillait même pas. La surprise passée, elle attendait, concentrée, les instructions.

- Alors comme ça tu attendais quelqu'un ! Je savais bien que tu cherchais quelque chose mais c'est inutile,

Renor semblait s’amuser comme un enfant de cette situation.

Se rendait-il vraiment compte de ce que cette agression injustifiée allait peut-être déclencher ? Un signe de Nym Vrinn, et elle, Vyl Thanat’Khor, usant de la pointe de sa flèche comme d’un stylet, lui trancherait la fémorale. Il se viderait comme un porc, et le temps de compter jusqu’à cinquante, il serait si faible qu’elle n’aurait plus aucun mal à le finir à grands coups de ses coutelas. Quant à l’enfant, elle n’aurait certainement pas la force de tenir contre deux adversaires…

Mais pour l’heure, faire preuve de retenue et de sang froid s’imposait comme le choix le plus judicieux.

Passant les doigts de sa main libre entre la chaîne et sa gorge, Vyl Thanat’Khor lâcha simplement, glaciale.

- Je crois, Renor, que tu viens de commettre une bien malheureuse erreur…

Eh bien, quel curieux accueil. Était-il déjà fou ? Le Barra de la Dothka était certain de s'être présenté. Il aurait parié sa main à couper qu'il l'avait fait. En cet instant, il était en mauvaise posture. Qui aurait anticipé un tel piège ? Il pensait que Nim & Renor étaient là pour converser avec sa protégée. Pour l'instant, Nym Vrinn se contentait de plonger son regard argenté dans les yeux froids de Vyl Thanat'Khor. De longs mois s'étaient écoulés sans qu'il ne puisse échanger un seul mot avec elle. Et elle était... vivante. Intérieurement, quel soulagement ! C'est alors que deux imbéciles comptaient participer aux retrouvailles avec des manières bien peu courtoises ? Soit. Vyl attendait l'ordre, un signe quelconque. Rien ne se fit. Le silence était prédominant et ils attendaient une réponse du Barra de la Dothka. Alors, Nym Vrinn posa son regard froid sur le petit corps étrange de Nim. Qu'est-ce que ça pouvait bien être...? Elle ne ressemblait pas aux Drows qu'il croisait habituellement. En tout cas, elle avait l'air d'être bonne magicienne.

Eh bien, eh bien. On dirait que je me suis fait prendre. C'est embêtant. N'est-ce pas, Vyl ?

Ton sérieux, bien qu'une belle moquerie par rapport à ce qui risquait de suivre. Vyl avait bien pensé. Quiconque s'en prend à des officiers de la Dothka en subit les conséquences. Plus petite section du Puy d'Elda mais probablement la plus dangereuse, le campement était déjà encerclé d'un rang d'une vingtaine d'assassins cachés dans l'ombre. Aucun d'entre eux ne s'était encore montré et aucun bruit ne s'était fait entendre. De véritables experts, en somme. Petites lames affûtées, il ne suffisait plus que d'un seul signe pour que la situation ne prenne fin. Bien qu'il risquerait la vie et Vyl et la sienne en agissant ainsi. En fait, une autre idée lui venait à l'esprit. Il savait que Vyl ne tenterait rien avant le signal et il en était de même pour ses acolytes camouflés.

Il me semblait l'avoir déjà dit... Mais... Recommençons... Je suis Nym Vrinn, Barra de la Dothka de l'Ost Noir du Puy d'Elda. J'ai aperçu depuis ma position ce feu de camp et je suis venu patrouiller, tel est mon rôle. Devons-nous nous battre entre Drows alors que le véritable combat débutera bientôt en Oësgard ? Je vous laisse y songer, Mages.

Diplomatique, le Barra de la Dothka s'était énoncé sans aucun sous entendu. Peu importe ce qui suivrait, Nim & Renor ne repartiraient pas vivant s'ils ne calmaient pas leurs ardeurs. Et c'était bien le seul objectif de la Dothka : Faire taire ceux qui en savent trop sur l'Ost Drow.

Ils avaient la situation en main non? Alors pourquoi ce jeune con n'avait pas l'air inquiet et pourquoi Nim avait elle l'impression d'avoir rater quelque chose. Où? Quand? Il n'y avait personne pour les aider alors pourquoi est-ce qu'il était si confiant? Le laisser parler, elle devait le laisser parler, il se sentait en position de force il n'allait pas tout précipiter, même s'il réussissait à les tuer tous les deux il n'y survivrait pas alors il allait gagner du temps.

Renor lui ne se posait pas tant de question, il était occupé à tout autre chose que protéger ses arrières. Il ne se rendait pas compte à quel point il avait de la chance d'avoir une soeur aussi préoccuper par leur sécurité à tous les deux.

-Alors comme ça j'aurais fait une erreur... Il se trouve que ma soeur doit être entrain de faire la même mais je ne crois pas qu'il y est de grande conséquence si nous considérons que notre réaction a été trop... démesuré, répliqua-t-il amusé sur un ton bon enfant.

« Ren' il y a un problème »
Ah? Je n'en vois aucun.
« Normale tu es trop occuper à conter fleurette »
Sait tu ce qu'elle m'a dit? « Je crois, Renor, que tu viens de commettre une bien malheureuse erreur... ».
« Tu vois il est là le problème on a loupé quelque chose qu'ils savent »
Elle ne sentit chez Renor qu'un vague sentiment de perplexité.

-Il me semblait l'avoir déjà dit... Mais Recommençons... Je suis Nym Vrinn, Barra de la Dothka de l'Ost Noir du Puy d'Elda. J'ai aperçu depuis ma position ce feu de camp et je suis venu patrouiller, tel est mon rôle. Devons nous nous battre entre drows alors que le véritable combat débutera bientôt en Oësard? Je vous laisse y songer, mages.

« Il est là le problème. Un officier comme lui ne se déplace pas seul, regarde »

Elle leva les yeux vers la lisière de la forêt, elle y repéra quelque variation dans la trame magique qui pourraient appartenir à de gros animaux mais ces perturbations étaient trop nombreuse, les animaux qui créaient ce genre de changement avait deux pattes et une mère qui les aimait. C'était certainement des membres de la Dothka, la patrouille du Barra.

« C'est ça le truc. »
-C'est malin.
« S'il la connait et qu'ils sont plus ou moins proche, elle doit faire partie de la Dothka. Fait attention ça me ferais chier de te perdre »
-Merci de ta sollicitude, répliqua Renor acerbe.
« Tu parle tout haut mon frère » fit Nim sur un ton d'alarme.
-Je sais! Répondit il tout haut. Tu aurais put faire attention quand même, continua-t-il en pensée.

Ils pouvaient facilement supprimer le Barra tout en s'échappant mais les représailles seraient trop importante et difficile à éviter. Les jumeaux avaient un signalement très caractéristique. Nim fit revenir les tentacules qui sortaient de son corps vers elle, un air songeur plaqué sur le visage. Renor relâcha sa prise sur Vyl puis il se décala sur sa droite de plusieurs pas se plaçant dans l'ombre à la lisière du campement près de l'eau et il s'assit sur un rocher. Il avait vraiment l'air contrarié, fortement ennuyé même presque comme un enfant à qui l'on retire un jouet intéressant. Dans l'ombre où il se tenait seul la lueur rougeoyante s'estompant du sceau imprimé sur sa peau était réellement visible. Nim quand à elle était réellement en colère, son visage s'était lissé, ses trait ressemblait à ceux d'une statue. Elle avait les yeux tournés vers son frère et ceux-ci brillaient d'une lueur malsaine tout comme le sceau qui marquait et déformait sa peau sur le côté gauche de son visage.

-J'ai donc mal interprété votre approche et il semblerait que je n'ai pas écouté ce que vous aviez dit la première fois en arrivant. C'est regrettable, vous me voyez bien confuse Barra Vrinn, toute cette partit fut dite sur un ton empreint de politesse froide. Mais maintenant je n'ai plus aucune raison de vous menacer et vous non plus, reprit elle amusé mais toujours un peu grinçante.
-Vous devriez dire à vos hommes de se mettre à l'aise, ajouta Renor avec une certaine indifférence.
-Les buissons sont inconfortable vous savez, acheva Nim réellement affable pour la première fois.

Nim eu l'air de se souvenir de quelque chose, elle leva distraitement une main et les tentacules qui emprisonnaient Nym se retirèrent, disparaissant comme si elles n'avaient jamais existé.

-Si vous voulez que vos hommes avance prévenez nous, il serait dommage que les pièges se déclenche pour eux, précisa Nim.

Le tranchant acéré du fer de la flèche mordait dans la paume de sa main, mais Vyl ne relâchait pas son emprise sur cette arme providentielle. Toute la force de son esprit se tendait en direction du Barra de la Dothka, en bien fâcheuse posture lui aussi. Un signe ! Rien qu’un tout petit signe, et la violence déferlerait telle une vague furibonde sur son campement de fortune. Elle sentait l’acier de la chaîne de Renor entamer la peau délicate de sa gorge, et elle devait se faire violence pour maîtriser la fureur qui couvait au fond de ses entrailles.

- Eh bien, eh bien. On dirait que je me suis fait prendre. C'est embêtant. N'est-ce pas, Vyl ?

La Drow ne cilla pas. La commissure de ses lèvres s’étira dans l’ombre d’un sourire, et son œil pourpre scintilla de plaisir. Nym Vrinn ! Il y avait bien longtemps en effet qu’elle n’avait pas revu son Maître. Le rencontrer en de telles circonstances avait quelque chose de cocasse. Le petit fantôme, telle une araignée blafarde et maléfique, tenait l’Officier à sa merci entre des tentacules d’ombre, mais Vrinn ne bronchait pas, comme si les événements n’avaient pas de prise sur lui, qu’il était étranger à la scène. Sa voix claire et posée apaisait Vyl, la coupant de ses pulsions meurtrières. S’il n’avait tenu qu’à elle, pourtant, le sang coulerait déjà. Elle imaginait les Drows tapis dans l’obscurité, serrant des dents, contenant leur frénésie de meurtre. Comme elle, les réflexes acquis à l’entraînement comme sur le terrain les asservissaient à l’autorité du Barra. Seul, chacun d’entre eux aurait réagi avec la puissance de sa subjectivité et ses propres talents. En meute, face à un officier supérieur, - Nym Vrinn en personne qui plus est -, ils ne savaient plus agir sans une instruction, même muette. Tous attendaient.

Posément, Vrinn déclina une nouvelle fois son identité. Dans les inflexions de sa voix si calme, si détachée, Vyl lut le dernier avertissement donné à leurs agresseurs. Les sommations avaient été faites. Si les Mages ne se reprenaient pas au plus vite, le Barra ne prononcerait plus une parole, laissant à sa troupe le soin de trancher le différend. Peut-être y aurait-il de la casse, et comme à chaque fois qu’elle combattait à ses côtés, la guerrière ressentit l’appréhension de perdre son Maître. Entre eux, il y avait un pacte scellé de longue date aux portes de La Dross. Nim et Renor ne pouvaient imaginer qu’ils venaient de provoquer le duo le plus venimeux d’Elda. S’ils n’avaient aucun lien de parenté, Nym Vrinn et Vyl Thanat’Khor n’en étaient pas moins aussi proche l’un de l’autre que le frère et la sœur, et s’ils ne jouissaient pas du pouvoir de communiquer ensemble par l’esprit, leur connivence au combat était telle qu’il leur suffisait de regarder l’autre pour comprendre ce qu’il attendait. Plongeant son regard de braises dans l’argent liquide des yeux du Barra, Vyl lisait l’ordre de sauver sa vie coûte que coûte si les choses venaient à mal tourner. Et elle lui opposait une résistance têtue en tendant vers lui un visage de cire, hermétique et presque hostile.

Renor semblait parler tout seul. Depuis quelques minutes, il semblait moins s’amuser de la situation.

- C’est malin… Merci de ta sollicitude… Je sais !

L’atmosphère venait de changer. Vyl voyait à l’air détaché de Nym que l’affaire était en bonne voie. La chaîne de Renor glissa sur sa poitrine, desserrant son emprise. Déjà, le Drow glissait à l’orée du campement, dans l’ombre. Quant à Nim, elle faisait disparaître les uns après les autres les rets d’ombre qui avaient jailli de tout son être comme un lierre satanique. Elle fixait son frère de son regard mort, une étrange lueur transperçant sa peau transparente. Vyl pouvait percevoir sa colère. A qui en voulait-elle ? A son frère d’avoir si prestement réagi à l’approche du Barra ? Ou à elle-même pour n’avoir pas senti la présence des tueurs qui restaient à couvert dans la profondeur de la forêt d’Aduram ? Pourtant, - ce devait être un trait de caractère familial, car son frère Renor n’avait pas cessé de le faire depuis son arrivée au campement -, elle dissimulait ses sentiments derrière un voile d’ironie affable.

- Les buissons sont inconfortables vous savez… Si vous voulez que vos hommes avancent, prévenez nous, il serait dommage que les pièges se déclenchent pour eux.

Vyl se redressa lentement, retenant sa couverture autour de ses épaules.

Elle s’était assez exhibée pour ce soir. Vrinn ne s’offusquerait certes pas de la voir nue. Combien de fois lui avait-elle infligée la vision de son physique sculptural depuis qu’ils se connaissaient ? Entre soldats, la pudeur n’était pas de mise. Mais elle n’avait pas aimé le regard de Renor sur elle. Il y avait quelque chose de dangereusement malsain lové dans l’âme de ce Drow plus sombre que la nuit. Comme la trace d’une présence, perverse et tyrannique. A moins que ça ne soit simplement une résurgence de l’esprit même de sa petite sœur aussi chétive que vénéneuse. S’il n’avait tenu qu’à Vyl, elle aurait tué sur le champ le petit fantôme. Nim exacerbait en elle son instinct de survie, et la guerrière n’y voyait pas un bon présage. A force de ne pouvoir compter que sur elle-même, elle avait appris à se fier à ses impressions premières.

A nouveau sur ses pieds, elle laissa son bras sortir de sous sa couverture et dévoila la flèche qu’elle tenait toujours précieusement. Le fer avait entaillé sa paume, et un mince filet de sang maculait l’humus. Vyl se tourna lentement vers Renor et d’un mouvement sec, projeta son arme à ses pieds. La flèche se planta de toute la longueur de son fer dans le sol dans un bruit mat. Pour que personne n’interprète son geste comme une provocation, elle décocha un clin d'oeil à l’attention de Renor. Mais elle ne fit aucun commentaire. Le Drow ne l’intéressait déjà plus. Elle songea un instant que si elle avait eu le commandement, elle l’aurait fait exécuter dans la seconde. Il aurait été amusant ensuite de griller Nim dans les braises rougeoyantes du feu de camp. Mais Nym Vrinn ne prisait pas ces jeux enfantins. Il épargnerait leur peau à tous les deux, se contentant, - non pas parce qu’il y accordait le moindre crédit, mais parce que cela l’arrangeait -, des mauvaises excuses avancées par le petit ectoplasme. Il y avait parfois trop de magnanimité dans ce Drow là. Quant aux ombres embusquées, elles garderaient leur position jusqu’à ce que le Barra quitte le campement. La menace de l’intérieur ayant opportunément disparu, les guerriers s’occupaient maintenant de sécuriser le périmètre.

Vyl s’avança vers Nym, un beau sourire aux lèvres. Elle s’arrêta à un pas de l’officier, inclinant légèrement la tête, et portant un poing serré sur son cœur, en guise de salut. S’empressant d’oublier l’incident qui avait interrompu leurs retrouvailles, la guerrière reprit la discussion là où Vrinn l’avait laissée.

- Cela fait bien longtemps en effet, Barra… Trop longtemps…

Il n’y avait pas une once d’émotion dans ses paroles simples. Mais pour un Drow, un tel aveu avait quelque chose d’exceptionnel. Une preuve d’attachement n’était certes pas une preuve d’amour, mais elle était déjà bien impudique. Vyl Thanat’Khor le savait bien, mais l’assumait totalement. Elle retrouvait son double.

- Permets moi de te présenter mes excuses pour cet accueil si rude qui ne sied pas entre Frères d’armes… Je te promets qu’à l’avenir je choisirai mieux mes amis…

Et d’un geste ample, elle désigna les pierres dressées pour inviter Nym Vrinn à s’asseoir près du feu de camp.

Peu de choses amusaient le Barra de la Dothka. Il était bel et bien réputé pour son sang froid et sa froideur souvent mise à rude épreuve. Même devant la puissante prestation de l'Obok Senger Alder'Aak, Bras Droit de la Guerre de la Déesse des Drows du même nom. Il observait attentivement le frère et la sœur, bien qu'il ignorait ce fait. Ceux-ci semblaient plonger dans une profonde réflexion. Le Barra de la Dothka avait noté que Renor répondait à haute voix alors que ni Vyl, ni Nim et ni lui ne l'avait interrogé. Nim & Renor étaient-ils liés par l'esprit si bien qu'ils étaient capable de communiquer ainsi ? Si c'était le cas, il aurait payer cher pour savoir comment faire. Son regard se porta un instant vers son autre moitié et elle seule aurait pu comprendre un soupçon de jalousie derrière ses yeux d'argent. Finalement, la diplomatie paya. Il fut libéré tandis que Nim & Renor, mécontents, s'éloignaient.

Mes hommes n'approcheront que pour travailler. Il est tout de même soulageant que l'on peut encore régler nos soucis par des mots, de nos jours.

Vyl Thanat'Khor était désormais là, juste en face de lui. Seuls à seuls, Nym Vrinn se serait probablement laissé aller et l'aurait insulté d'idiote avant de l'embrasser. De l'amour ? C'était bien maigre et cela aurait été insultant pour un Drow. Les deux vivaient avec un certain honneur et y toucher, surtout chez les Drows, est très dangereux. Alors, Nym préférait considérer qu'elle était sa sœur, sa moitié, et qu'il vivait quelque chose de fusionnel avec elle. Il préférait se penser être incestueux qu'amoureux. Un long silence s'en suivit suite aux deux répliques de Vyl. Le Barra de la Dothka fit glisser sa main droite de long de sa propre taille pour s'assurer que sa lyre était toujours là et en bon état. Il percevait une once d'agressivité vers ses compères masqués et même chez Vyl. Serait-ce le signal ? Lorsque Nym Vrinn ordonnait à ses unités de passer à l'action, il jouait une hymne très spéciale. Une hymne dédiée à Teiweon Danath'Korr, Déesse des Âmes. Pourtant, il n'en fit rien d'autre et se contenta de suivre Vyl à l'écart de Nim & Renor pour converser tranquillement et peut-être discrètement. A ses yeux, ils n'étaient que deux intrus et ces deux là pouvaient se considérer bien chanceux d'être tombé sur un Drow du Puy d'Elda qui était maître de son sang froid et de ses pulsions. D'autres officiers les auraient probablement déjà exécutés... Nym s'essaya sur le rocher proposée par sa moitié et prit enfin la parole.

Tu es revenue vivante, c'est tout ce qui compte pour moi. Tu sais bien que je viendrais chercher ton âme chez Teiweon si quelque chose t'arrivait. Chaque homme de pouvoir devrait être capable de protéger celui qui est sous ses ordres, ne crois-tu pas ?

En dehors de ce travail pour la Dothka, le couple avait des objectifs bien plus conséquents et pharamineux à réaliser. Qu'il avait hâte. Ô, qu'il avait hâte de devenir celui qu'il voulait être. Il espérait vraiment un jour qu'on le nomme ainsi : Obok Senger Lyme Illistyn. Alors, son objectif serait réalisé. Vyl deviendrait probablement Barra de la Dothka à ce moment-là où elle se verrait offrir un poste proche de lui pour la récompenser et la préserver à ses côtés. Sans elle, c'était un projet qui n'avait plus de sens à ses yeux. Chaque homme devrait être capable de protéger celui qui est sous ses ordres. Encore une fois, il montrait qu'il fonctionnait très différemment. Le Barra de la Dothka pourrait considérer ses rangs comme de la chair à canon pour réaliser des objectifs personnels et égoïstes mais c'était loin d'être le cas. Il respectait chacun d'entre eux et honorait chacune de leur motivation à servir la Dothka. Sans eux, Nym Vrinn n'était pas ce qu'il était et d'une certaine manière, ses hommes étaient toute sa force. Un seul homme ne peut accomplir des miracles, c'est un fait qu'il avait accepté depuis bien longtemps. Gagnant le respect de toute son unité, la section de Nym Vrinn était probablement la plus dangereuse des trois rangs de la Dothka.

Maintenant, raconte-moi tout. Je veux savoir pourquoi ma moitié n'est revenue que maintenant. Je veux tout savoir, tout.

[HRP: Mercredi je n'aurais plus un accès pratique à internet et cela va durer au moins jusqu'au mardi suivant]

L'atmosphère du campement était froide, pas seulement à cause de la saison, du léger vent hivernal qui soufflait le long du court de la rivière et de l'heure tardive de la soirée mais aussi et surtout à cause de la paranoïa galopante des jumeaux. Ils n'avaient pas sut décrypter l'attitude de Nym quand celui-ci était arrivé avec sa patrouille.
Après que les jumeaux aient évité de faire une bêtise tout le monde retourna se mettre dans son coin. Nim était du même côté du feu que Nym plutôt immobile mais d'une humeur exécrable. Renor s'était assis sur un rocher à la limite du halo de lumière dispensé par le feu pas très loin de la guerrière de la Dothka.
La drow se leva gardant près de son corps sa couverture qui couvrait tout le haut de son corps jusqu'au niveau de ses genoux. Avant qu'elle sorte la main de sa couverture le drow put voir qu'elle tenait quelque chose dans sa main qui déformait étrangement la couverture tombant de ses épaules sur son corps. L'archère sortit son bras de sous sa couverture et dévoila l'objet responsable de l'étrange déformation, une flèche dont le fer était rougie par le sang. Le sang venait d'une entaille dans la paume de la guerrière, il coulait lentement en petite goute, tombant sur les feuilles mortes aux pieds de la drow. La séide de la Dothka se tourna vers Renor avec une lenteur calculée, elle plongea ses yeux rosé dans ceux d'encre du sombre et jeta à ses pieds la flèche qu'elle avait tenu jusque là dans sa main, de petite goute de sang jaillissant et accompagnant le vole de l'arme pour s'écraser sur son parcours. Le fer du trait disparut dans le sol entre les pieds du drow qui n'avait pas fait un mouvement. La drow fit un clin d'oeil à Renor qui lui répondit par un sourire ironique en hochant la tête. La drow se détourna en silence pour reporter son attention sur Nym, lui parla sans émotion puis désigna les pierres entourant le camp comme une invitation à l'attention de son officier.

-Mes hommes n'approcheront que pour travailler. Il est tout de même soulageant que l'on puisse encore régler nos soucis par des mots, de nos jours.
-A votre aise, répondit Nim nonchalante. « Ca m'étonnerait que tu ais apprécié la façon dont aurait put tourner cette situation si on avait été en pleine possession de nos pouvoir. »
De toute façon il aurait fallut que tu te décarcasse plus que ce que tu avais envi alors même si tu en avais eu le pouvoir tu n'aurais rien fait. Tu es trop faignante.

Nim balaya de la main la remarque de son frère. Elle se détourna de Nym quand celui-ci reporta son attention sur la guerrière sous ses ordres. La magicienne contourna le feu pour s'assoir à coté de son frère. Ses doigts tremblaient légèrement sur son bâton et le sceau brulait sa peau la faisant souffrir atrocement. Contrairement au moment où elle était apparut à l'orée de la lueur du feu de la guerrière de la Dothka son aura de magie avait diminué d'autant qu'avait augmenté la brillance du sceau qui maintenant pulsait franchement d'une lueur peu engageante. Son visage était figé sur une expression lisse, vide et tendu. Elle cherchait à protéger son frère de la douleur qui dévorait tout le coté gauche de son corps.
Elle ne le faisait pas par bonté d'âme mais parce que Renor ne devait en aucun cas montrer des signes de faiblesse. Il ne fallait pas que les deux aient l'air d'être mal en point, pas après ce qu'ils avaient fait, ce serait trop dangereux. Renor quand à lui ne ressentait qu'une légère démangeaison dans son bras gauche et une grande contrariété quand à la rapidité de l'apparition du sceau. Il se souvenait qu'elle aurait dut pouvoir utiliser son talent plus longtemps et de façon plus soutenu. Il n'aimait pas l'idée de ne pas avoir les pouvoirs de sa soeur en renfort.

« Tu m'excuseras mais je suis fatiguée »
Évite de t'effondrer c'est tout ce que je te demande, demanda-t-il.

Nim ne s'effondra pas mais elle se laissa glisser sur le sol le long du rocher pour se rouler en boule aux pieds de son frère sa besace informe à porté de main. Renor soupira en posant un regard dépité sur sa soeur. Il porta ensuite son attention sur la lisière des arbres sondant les ténèbres qu'il discernait de là où il se tenait. Il savait qu'il ne pourrait pas voir les hommes du Barra mis il savait qu'ils étaient là, il pouvait percevoir leur présence mais ne pouvait certifier que les signe qu'il relevait était effectivement révélateur. Il estima qu'il ne devait pas être plus d'une dizaine, pas tant par les signes qu'il discernait mais plus en se basant sur la façon d'opérer de la Dothka. Dans le même temps il écoutait distraitement la conversation de Nym et de son archère. Leur ton et a teneur de certain propos lui donnait l'impression qu'ils étaient bien plus qu'un commandent et un exécutant. Il n'avait certes aucun apriori sur cette façon de voir les choses bien que c'était pour cette raison que son père avait choisie de s'exiler avec sa femme avant qu'elle ne meurt en couche. La relation en elle même ne l'intéressait pas, après tout ça ne le touchait pas donc il pouvait bien faire ce qui leur chantait.

-Maintenant, raconte moi tout. Je veux savoir pourquoi ma moitié n'est revenue que maintenant. Je veux tout savoir, tout.

Là ça devenait intéressant, il ne fit que reporter son attention sur Nim, rien dans son attitude montrait qu'il s'intéressait particulièrement à la conversation du Barra et de la drow.

- Maintenant, raconte-moi tout. Je veux savoir pourquoi ma moitié n'est revenue que maintenant. Je veux tout savoir, tout.

Vyl baissa la tête. « Ma Moitié » ! Elle ne savait que trop bien ce que ces termes signifiaient dans la bouche de Nym Vrinn. Il n’y avait pas une once d’affectivité derrière ces paroles, et encore moins d’attendrissement. Jamais le Barra n’avait tenté un geste qui puisse paraître équivoque à l’égard de sa subordonnée, et la guerrière, aussi audacieuse que dépravée, s’était toujours gardée de tester son charme dévastateur sur son Maître. « Ma Moitié » ! Une jolie façon de faire allusion à leur pacte intime. A leur « commun intérêt ». Des paroles de poète qui n’étonnaient guère de la part d’un Officier qui jouait de la lyre jusqu’au cœur des batailles. Pourtant, lorsque Nym les prononçait à voix haute devant des tierces personnes, la Drow ne pouvait réprimer ce sentiment mitigé qui l’envahissait, entre plaisir et gêne. Certes, elle aimait être celle que l’on préfère. Et depuis son incorporation au sein de la Dothka, elle s’était employée avec ferveur à faire oublier qu’elle avait débuté sa carrière militaire au milieu des archers du Luth’Elghinn comme simple recrue avant de courir la campagne avec les fantassins du Sartling. Rien n’avait plus d’importance à ses yeux à elle que d’inspirer la fierté chez son mentor. Mais l’expression même, - « ma moitié » -, sonnait comme l’aveu de sentiments plus forts qu’il n’était pas de bon aloi de confesser en Elda. C’était à chaque fois comme si Vrinn lui susurrait des mots d’amour. Ceux que l’amant Drow murmure à l’oreille de sa maîtresse pour qu’elle se livre toute entière. Il y avait quelque chose d’impudique et de mystérieusement érotique derrière ces huit toutes petites lettres. La guerrière regretta qu’elles aient été verbalisées devant les jumeaux, et une fois encore, elle les maudit d’avoir dérangé son bivouac de leur maléfique présence.

La Sombre espéra que l’obscurité avait camouflé son malaise. Il était bien rare qu’elle perde le contrôle absolu qu’elle avait d’elle-même. Sauf peut-être lorsque la furie la prenait, et encore, dans ces occasions là savait-elle tirer parti de la vigueur de l’incendie qui s’allumait dans tout son être pour se surpasser. Machinalement, elle passa sa main sur son front pour dompter les mèches folles qui lui barraient le visage. Elle le regretta immédiatement, sachant pertinemment que ce geste la faisait paraître plus féminine et plus vulnérable encore. Elle esquissa un sourire et redressa la tête, fière et arrogante soudain. Maîtresse d’elle-même maintenant elle plongea son regard rouge sang dans celui du Barra de la Dothka.

Il ne pouvait pas échapper à Nym Vrinn l’état lamentable dans lequel elle se trouvait. Si sa couverture dissimulait son corps et ses bras, les traces de brûlure sur ses mollets, son visage tuméfié et la plaie à peine refermée sur son cuir chevelu en disaient long sur les heures qu’elle venait de vivre. Mais malgré tout cela, elle exhalait toujours une sensualité farouche qui rehaussait son charisme naturel.

- Il s’en est fallu de peu que je ne revienne jamais, Barra ! Si Uriz ne m’avait pas gardé sous sa protection, je séjournerai à l’heure qu’il est dans les geôles de Teiweon Danath’Korr. Pour autant que la Grande Déesse m’ait acceptée en son Royaume…

La voix de la guerrière sonnait clair dans le silence de la nuit. Vrinn qui connaissait sa protégée percevait sans peine les traces de la peur rétrospective qui devait l’habiter encore et gâter son sommeil. Vyl avait les traits tirés et son extrême fatigue suintait derrière chacun de ses gestes, moins biens assurés qu’à l’accoutumée. Mais la Drow se doutait que l’officier n’attendait pas réellement qu’elle lui conte par le menu ses mésaventures. Le Barra avait des comptes à rendre au Karliik Glenn et c’est certainement un rapport qu’il attendait.

Les réflexes militaires de la Sombre reprirent bien vite le dessus, et elle se lança dans un exposé détaillé de son périple. Rien ne manquait : les itinéraires, les bivouacs, les postes d’observations, le comptage des soldats et des bêtes, la description des contextes rencontrés. En presque deux heures, Vyl traça à Nym Vrinn la situation des contrées humaines en guerre. Comme à son habitude, elle ne put s’empêcher de finir son discours par des propos plus personnels.

- Les Humains, ces cafards, se livrent en ce moment une guerre sans merci, Barra ! Oësgard est pourrie de soldats. La Grande Citadelle noire est tombée sans bataille. Des félons ont ouvert les portes de la ville à Serramire et à ses chiens de manchon. Le Tourmalin qui avait repris le flambeau de Baudoin a disparu sous mes yeux, confisqué au monde par des sorcières. Uriz m’est témoin que le Baudrier disposait pourtant de tous les atouts pour gagner la partie. J’ai été emprisonnée dans ses geôles, et pour avoir provoqué la révolte des prisonniers dans l’espoir de m’échapper, j’ai failli périr sous le feu de tubes maléfiques qui vomissent de la lave. La citadelle était bondée de ces armes fabuleuses, de vivres et de soldats aguerris. Si le Tourmalin n’avait pas été abandonné par les siens, Serramire serait encore à camper sous les murailles…

Vyl parlait du Baudrier d’Argent avec un zeste de nostalgie dans la voix. L’homme l’avait impressionné, pour autant qu’il soit possible de susciter l’admiration chez un Drow. Mais elle ne parvenait toujours pas à s’expliquer les raisons qui avaient conduit le Borgne à laisser sa Baronnie et ses vassaux derrière lui. Pourquoi n’avait-il pas préféré mourir les armes à la main en défendant ses terres et son honneur ?

- Et Serramire serait mort sous les murailles d’Oësgard ! La Baronnie est exsangue. Les fermes sont abandonnées. Les terres délaissées. Les villages emplis de femmes, d’enfants et de vieillards qui se terrent. Tous les hommes valides ont répondu au ban, et ceux qui ne l’ont pas fait sont morts en défendant leurs femelles et leurs biens des brigands et des loups errants qui courent la campagne. Jusqu’en Serramire, c’est la dévastation. Les troupes vont finir la besogne en se nourrissant sur la bête ! Mais le plus fou, c’est que le Duc de Serramire s’est lancé dans une aventure bien hasardeuse qui dénote sa folie des grandeurs. Non content d’envoyer des troupes en Oësgard, il s’est dépouillé d’hommes d’armes qu’il a envoyés vers Diantra dévastée par la rébellion. Ses défenses sont dégarnies. Son Duché, laissé à l’abandon, à la convoitise de ses voisins ! En laissant traîner mes oreilles, j’ai appris qu’il en était de même plus vers le sud : les Hommes se battent entre eux, et Trystan aura bien du mal à restaurer son Royaume moribond. Il lui faudra quelques années avant de recouvrer toute prospérité… Les Nains et les Elfes sont demeurés à l’écart du conflit. J’ai ouï dire que les Nains marchaient sur l’Oësgard mais je n’ai pas pu le vérifier. Je ne connais pas leur position, mais je suggère que soit envoyé un corps d’éclaireurs pour les repérer. On dit qu’ils souhaiteraient en découdre avec Elda ! Quant au Beau Peuple, il se terre ! L’Anaeh est truffé d’yeux qui surveillent et épient. Mais aucune troupe n’a quitté les grandes villes elfiques ni les garnisons.

Les Elfes ! Rien que le nom soulevait le cœur de la guerrière.

- Il n’y a plus rien à piller en Oësgard, Barra ! Sauf si le Karliik Glenn nourrit des projets qui me dépassent, l’Ost Noir n’a rien à faire dans cette contrée, et je le déplore. D’après ce que j’ai vu, la citadelle est imprenable. Et les troupes sont nombreuses qui noircissent la plaine. Au mieux causerions nous un grand carnage. Les hommes en viendraient à se terrer derrière les murailles, et ils ont de quoi tenir le siège le temps que d’autres troupes plus nombreuses fassent la jonction pour leur porter secours. Et encore nous faudrait-il ravitailler. Les paysans n’ont plus rien à donner sinon leur peau et leurs os. Procurer vivres et eau potable à l’Ost serait une vraie gageure en ces temps de disette ! Je ne sais pas où sont nos troupes, Barra, mais je crains qu’elles ne doivent rentrer en Elda sans le plaisir d’une revanche… Tu sais que j’ai avec toi la parole facile parce que tu m’as autorisée à te faire part de mon avis. J’ai pris là grande liberté en te disant mon point de vue. Mais je ferai selon ton bon vouloir et celui du Karliik Glenn, Uriz vous accorde sa protection éternelle…

Vyl Thanat’Khor avait fait son rapport. Mais elle n’avait pas répondu complètement à la question du Barra. Elle se décida à lui dire l’essentiel. Après tout, il était son ami. Peut être le seul qu’elle n’ait jamais eu.

- Plusieurs lunes pour descendre vers le sud jusqu’aux frontières d’Odélian et observer les mouvements de troupes... Une lune pour remonter vers le nord en passant par Serramire en évitant les patrouilles... J’ai semé le chaos à la frontière entre Serramire et Oësgard pour faire croire à une intrusion de l’Ost... On m’a donné la chasse... Les Loups affamés m’ont donné la fièvre et, malade, j’ai été capturée par les Oesgardiens... J’ai lutté au côté de la vermine pour sortir des geôles pestilentielles du Baudrier qui m’a libérée parce qu’il admirait mon courage au combat. Quelques jours d’observation des mouvements autour de la Citadelle… Voilà, Barra, les circonstances qui m'ont tenu trop longtemps loin de ta protection...

Un sourire terrifiant illumina soudain le visage de la guerrière. Comme si un souvenir merveilleux venait d’éclore à la surface de son âme.

- Oh ! J’allais oublier ! J’ai tenté de tuer le Duc de Serramire ! J’étais au bout de la portée de mon arc, mais j’ai réussi à lui clouer la jambe sur son cheval. La flèche était empoisonnée. Si ses Mages ont pu le tirer d’affaire, je suis certaine qu’il se souviendra toute sa vie de cette fâcheuse blessure qui ne se refermera plus tout à fait ! Bien sûr ! J’ai tiré une flèche anonyme… Une de ces vilaines flèches fabriquées par les humains… Si j’avais tiré un fer Drow, on lui aurait coupé la jambe, mais les Hommes auraient cherché à localiser l’Ost. Je voulais jouer sans risquer de trop perdre…

Le Barra de la Dothka n'avait perdu aucune miette du long discours de la Drow. Long, clair et concis. Il appréciait sa façon de raconter les choses et il savait qu'avec elle, il ne manquerait aucun détail. Les dernières lignes de son discours firent frémir sa moelle épinière. Ainsi, Vyl Thanat'Khor s'était battue avec la Mort pendant plusieurs lunes ? C'était son travail, certes. Mais ce n'est pas comme si Nym Vrinn ne l'affectionnait pas. Au contraire, il s'était épris d'un sentiment dangereux inexplicable pour sa protégée. Si elle était devenue avec le temps sa force cachée, sa carte maîtresse, ne pouvait-elle donc pas être aussi sa plus grande faiblesse ? Enfin, il n'osait même pas imaginer une seconde que Vyl puisse le trahir pour ses propres intérêts.

Une flèche humaine... Pauvre pauvre Duc de Serramire. Tu as du le ridiculiser devant tout son peuple... Tu es merveilleuse...

Nim & Renor ou pas, Nym ne manquerait pas de se comporter comme d'habitude. Tout ce qu'il fit, c'est de baisser le ton afin que seule la belle ténébreuse puisse l'entendre. Il respecterait au moins sa fierté. Inconsciemment, il se déplaça de quelques centimètres afin de la couvrir du regard des deux étrangers. Tout ce qu'ils pouvaient admirer à présent, c'était son dos. Pourquoi changer d'attitude alors qu'il ne prônait que la sincérité ? Il détestait le mensonge, ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait se permettre de laisser aller dans un service tel que celui de sa Dothka. Libre aux autres Barras de faire comme ils le voulaient dans leurs rangs, mais Nym Vrinn tenait le sien d'une main de fer et le moment était peut-être venu de le solidifier encore un peu. Ces derniers mois, les rangs s'étaient encore un peu améliorés et la qualité du rapport de Vyl en était la preuve.

Nous rentrons, Vyl. Selon tes mots, Oësgard ne représente plus aucun intérêt. Même pas pour le pillage de ses fermes... Il ne me reste plus qu'à annoncer à nos troupes que nous rentrons. Étant le plus Haut Gradé Militaire présent en Aduram, je peux prendre cette décision. Si attaquer Oësgard de front alors que les Nains seraient dans les parages est un suicide, je ne serais pas le fou qui laminera son peuple. Puis...

De son pantalon, le Barra de la Dothka tira un parchemin. Le premier détail qui pouvait attirer fortement l'attention de l'œil, c'était le sceau qui l'accompagnait. Il s'agissait du sceau du Karliik Glenn. Nym ne prit pas la peine de le dérouler car il savait pertinemment que Vyl croirait ses paroles. Lentement, ses lèvres atteignirent l'oreille droite de la Sargtlin pour y laisser s'échapper le doux son de sa voix frémissante. Ainsi, murmurant encore une fois.

Nous rentrons parce que c'est un ordre du Karliik Glenn. Tout ce que tu as découvert, cet homme l'avait déjà compris. Ainsi, il réclame son Armée. Il exige un retour immédiat.

Un retour immédiat. Pourquoi le Karliik Glenn rapatriait-t-il aussi soudainement l'Ost qui attendait depuis de longues lunes le début d'une vengeance bien méritée ? En temps normal, Nym Vrinn aurait envoyé un rapport d'état rendant compte des observations de sa moitié au Karliik Glenn en attente d'un autre plan. Priver l'Armée Drow d'un bain de sang était-il vraiment le choix le plus populaire à faire pour un jeune Général ? Évidemment, si les vétérans se mettaient un jour à jacasser, la Dothka agirait sous ordre du menacé... Mais... Non, il était impossible que ce soit un simple retour. Brylyan ne pouvait pas prendre le risque d'agir aussi bêtement sans une autre solution derrière la tête. Mais que préparait alors le Karliik Glenn ? Il avait sa petite idée derrière la tête et même s'il se trompait... Le Barra de la Dothka devait être à ses côtés en temps et en heure. Ceci afin de lui prouver qu'il était un homme en qui il pouvait avoir conscience. En cet instant précis, le choix de la rentrée des troupes du Karliik Glenn ne dépendait que de la volonté du Barra de la Dothka. Il aurait pu très bien jouer le rôle du bel enfoiré et mener l'Ost vers une autre destination mais non, ses projets personnels ne lui permettaient pas d'agir ainsi.

Vyl. Le temps est venu pour moi de solidifier mes rangs. Tu le sais, je n'ai aucun Veldruk. Il n'y a à mes yeux que toi pour remplir cette fonction. Je veux que tu devienne ma première Veldruk.

En réalité, Nym attendait depuis très longtemps ce moment. Pour lui, il n'y avait qu'elle qui méritait cette place. Il n'y avait qu'elle qui le connaissait et qui avait partagé ses secrets quelques années plus tôt. Veldruk, pour celui qui aspirait au pouvoir, c'était toujours un rôle à prendre... Cela voulait dire que dès demain, Vyl pouvait se retrouver aux commandes d'environ cent dix Sargtlins. Elle devait bien s'en douter. Lui offrir une telle place était une façon subtile de la protéger. Peut-être ne le comprenait-elle pas autant qu'il le concevait mais il avait besoin d'elle, vivante comme jamais.

Qu'en penses-tu, alors ?

Ainsi, dans sa toute puissance sagesse, le Karliik Glenn rappelait ses troupes à Elda…

La nouvelle aurait du me décevoir : à l’instar de la majorité des Drows, je n’aspirais à rien d’autre qu’une revanche. Depuis que j’avais quitté les casernements du Puy pour m’acquitter de ma mission d’espionnage, l’espoir d’un carnage avait peuplé toute ma solitude. Laver la souillure d’Alonna. Brûler l’Oësgard et marcher sur Serramire. Dresser les gibets et les pals pour marquer à tout jamais les esprits de ceux auxquels les Dieux avaient permis de nous infliger une humiliation. Violer les femelles, jeunes et vieilles, en priant Uriz que des fruits sombres leur dévorent les entrailles. Briser tous les mâles valides. Enchaîner les plus vigoureux d’entre eux, et les traîner à marche forcée jusqu’à nos geôles pour les sacrifier à nos petits jeux. Emprisonner les enfants pour en faire nos marionnettes ou nos esclaves. Et brûler les demeures et les greniers, saler les terres pour que jamais rien ne repousse. Oh oui ! Chaque moment passé seule avec moi-même, j’avais frémis d’un désir insolent en songeant à ce que nous ferions lorsque l’Ost Noir serait lâché sur les Contrées Humaines.

Et là, sur les rives de ce fleuve grossi par les pluies printanières, enroulée dans ma couverture, meurtrie, j’aurais presque supplié pour qu’on me laisse fouler le sol des Terres Arides une dernière fois. Je me dégoûtais. Mais je parvenais presque à me pardonner ma faiblesse. J’étais vide. Dépossédée de toute énergie vitale. Les douleurs que m’infligeaient mes blessures ne comptaient pour rien comparées à ce sentiment de désarroi que je ne surmontais plus. En observant toutes les forces en mouvement durant mon expédition, j’avais vite compris que le sort nous privait encore une fois du plaisir incommensurable de semer la mort parmi nos ennemis. Il faudrait attendre, encore et encore, qu’une nouvelle occasion se présente. Nous qui étions taillés pour la Guerre, nous allions devoir nous discipliner, apprendre la patience, et affronter une période désertée de tout combat de belle envergure. Je haïssais par-dessus tout l’oisiveté forcée à laquelle nous étions une nouvelle fois contraints. Que vaudraient les journées à venir sans le plus mince espoir de risquer nos vies les armes à la main ? Que valait l’existence lorsqu’il n’était plus possible de ressentir la peur, l’exaltation, la fureur du danger ? A quoi servait cette éternité maudite sans le sel aphrodisiaque de la Mort ?

J’avais beaucoup parlé et j’avais la gorge sèche. Je m’accroupissais en prenant garde de ne rien dévoiler de mon corps et fourrageai dans mon barda pour me saisir de cette gourde de peau dont les reîtres du Baudrier m’avaient fait cadeau. Je me redressais et buvais à la régalade. L’eau froide tirée quelques heures auparavant dans le lit du fleuve gicla sur le bas de mon visage. Elle me rappela à la réalité de cette nuit de bivouac. Fallait-il que le sort de Nym Vrinn et le mien soient liés pour qu’il me retrouve ainsi dans la verte immensité de l’Aduram ! Je remerciais Uriz d’avoir mis le Barra sur ma piste : que serai-je devenue coincée entre Nim et Renor ? Les soldats serramirois m’avaient prise en chasse. Les Oesgardiens m’avaient emprisonnée. Le Tourmalin m’avait rossée avant de tenter de me faire rôtir. Pourtant, rien ne m’avait inspiré autant de crainte que le petit fantôme blafard et aveugle. Je frissonnais rien qu’à penser à ce qu’une Sorcière de cet acabit aurait pu me faire subir. Le Frère, lui, ne m’inspirait rien. Sa folie était perceptible, à fleur de peau. Mais je n’avais jamais eu peur d’un mâle : leur manque de rigueur et leur sentiment de supériorité les pousse inéluctablement à la faute. L’enfant, elle, n’aurait pas pris le risque de jouer. Elle serait allée droit au but…

- Vyl. Le temps est venu pour moi de solidifier mes rangs. Tu le sais, je n'ai aucun Veldruk. Il n'y a à mes yeux que toi pour remplir cette fonction. Je veux que tu deviennes ma première Veldruk.

Mon esprit avait vagabondé jusqu’alors. Je l’avoue : je n’avais pas véritablement écouté mon Barra lorsqu’il m’avait passé les consignes. La fatigue m’engourdissait et j’avais envie de me lover près du feu comme une couleuvre pour m’assoupir. La présence de la Dothka autour de mon campement me promettait une véritable nuit de sommeil comme je n’en avais pas connue depuis des lunes. Les Sartlings monteraient la garde et veilleraient sur moi. Il ne m’arriverait rien et j’exultais à l’idée de lâcher prise, enfin.

Mais les dernières paroles de Vrinn submergèrent mon âme.

- Je veux que tu deviennes ma première Veldruk… Qu’en penses-tu alors ?

Veldruk de la Révérée Dothka ! Moi ! Vyl Thanat’Khor ! Fille sans père de Xsi la Putain ! J’étais née dans la fange âcre des porcheries du Puy d’Elda, et lui, l’un des plus prometteurs officiers de l’Ost Noir, il me demandait ce que je pensais de sa proposition ? J’en vins presque à regretter d’avoir abrégé les jours de ma génitrice. Elle qui s’était ingéniée à pourrir chaque instant de mon enfance parce qu’elle ne pouvait tolérer que ce bonheur qui l’avait fui vienne me prendre. Elle en serait morte, suffoquée de jalousie. Je me figurai son visage tordu par l’envie et une vague de plaisir me laboura l’échine. Ah Xsi ! Pourquoi t’avais-je pendue par les pieds ? Pourquoi t’avais-je aspergée d’huile pour mieux te transformer en torche vivante avant de t’achever d’une flèche en plein front ? Pourquoi avoir chargé ma conscience de ton insignifiante souffrance, alors que j’aurais pu te regarder mourir de voir ta fille sortir du trou où tu l’avais enterrée vive ? Je t’aurais prise à mon service pour que tu crèves de me regarder vivre une existence que tu n’aurais pas…

Veldruk ! J’aurais avili mon corps et mon âme pour obtenir cette grâce, et Nym Vrinn me la donnait sans rien me demander en échange. Et il poussait le respect jusqu’à me demander mon avis ! Je serais tombée à genoux et je lui aurais baisé les pieds s’il ne m’avait pas fait l’honneur de me traiter comme son égale.

Comment réagir ? Qu’attendait-il de moi ?

On ne m’avait jamais rien donné. Tout ce que j’avais, je l’avais pris. Durant toute ma vie, on ne m’avait jamais fait de cadeau que pour obtenir autre chose en échange. Même pour mes coutelas, il avait fallu que j’écarte les cuisses. Et un Barra me regardait droit dans les yeux et me donnait le commandement d’une centaine des meilleurs guerriers du Puy d’Elda…

Devais-je ramper ? Je l’aurais fait. Par Uriz, oui, je l’aurais fait.

Les Drows ne donnaient rien. Les Drows exécraient leurs semblables. Le Maître conférait un privilège à son esclave lorsque le don équivalait à une charge écrasante jusqu’à la torture. Il n’y avait pas une grâce octroyée sans qu’elle ne cache un avilissement, un renoncement, la négation de soi. Le harcèlement était de mise. Les Grands n’avaient pas d’amis : ils les possédaient.

Alors, que penser de cette faveur insigne ? Que dissimulait ce beau fruit que me tendait Nym Vrinn ? Je ne pouvais pas être davantage à lui que je ne l’étais déjà. Je l’avais admiré dès le premier jour, et rien ne me plaisait davantage que de vivre mon ombre dans la sienne. Je lui étais toute acquise, et me nommer n’ajouterait rien à la force de notre relation. Je le regardais droit dans les yeux, le visage plus crispé qu’il convenait en de telles circonstances : rien ! Il n’attendait rien en retour. Ni mon corps. Ni mon âme. Ni mon asservissement à ses caprices. Ni même le sacrifice à ses ambitions. Car, sur ce dernier point, nous avions passé un pacte.

Je pris le parti de sourire, et d’incliner la tête, solennelle et martiale.

- Barra, j’en pense que tu me fais un immense honneur…

Plus que cela, Vrinn ! Bien plus que cela ! Tu rachetais un siècle de servitude. Tu transformais un passé de souffrances et d’humiliation en un véritable parcours initiatique. Ainsi, par ces simples paroles, tu donnais une explication plausible à tout ce que j’avais enduré. Car tout ce que j’avais accompli menait à cet instant où tu me hissais à ta droite. Comme Veldruk de la Dothka…

- J’en pense que je n’aurais pas assez d’une vie pour te remercier de la reconnaissance que tu me manifestes… Si tel est ton choix, Barra, je te servirai comme Veldruk avec autant d’application que j’ai tenté de le faire comme Sartling. Et Uriz m’en soit témoin, je te jure de te faire honneur…

Je m’inclinais encore, émerveillée de ce qui m’arrivait, un poing fermé sur le cœur pour marquer mon serment. Je ne réalisais pas tout à fait et priais pour qu’il ne s’agisse pas d’un jeu terrible et impitoyable qui consisterait à faire naître de vaines espérances pour mieux les confisquer l’instant d’après.

Et je sentis alors une chaleur nouvelle m’envahir, et la fatigue de mes derniers combats, couler comme l’eau du fleuve.

Si Vyl semblait avoir un peu de mal à cacher ses émotions, ce n'était pas le cas du Barra de la Dothka. Son regard demeura froid pendant tout le long discours de remerciements de sa nouvelle Veldruk qui acceptait pleinement son rôle. Elle aurait voulu le remercier ? Tsssss, vaines futilités. Nym Vrinn n'attendait rien d'elle si ce n'était qu'elle travaille d'une façon exemplaire pour les rangs de la Dothka. Sa façon d'être, de faire, de se comporter... Il espérait que rien ne changerait. C'était cette même Vyl qu'il espérait cotoyer jusqu'à la fin de ses jours en tant que Barra de la Dothka et non pas une nouvelle créature superficielle. Tout ce qui allait changer pour elle, c'était de commander une centaine de vies. Certes, pour la fille de la première putain venue au monde... Devenir Veldruk de la vénérable Dothka était un immense honneur. Enfin, Nym ignorait tout ceci. Jamais il n'avait pensé que Vyl était née d'une fleur rose. Son tempérament fougueux... Sa détermination... Très souvent, il voyait en elle son reflet féminin. Et d'où venait la détermination de Nym Vrinn ? Il voulait atteindre les sommets pour se mettre en sécurité et ne plus jamais toucher le fond. Celui qui fut esclave était devenu par ses propres moyens Barra de la Dothka. En ce sens, il avait deviné depuis longtemps que Vyl cherchait également à fuir un passé bien trop tumultueux.

Teiweon m'en soit témoin, nous sortirons ensemble de notre passé et nos noms seront un jour des légendes du Puy d'Elda.

Encore de douces paroles qu'il murmura à son oreille. Le premier venu ne pouvait rien comprendre du lien qui unissait Vyl et Nym. En réalité, c'était comme si à chaque fois Nym lui tendait une de ses deux mains pour l'inviter à monter une nouvelle marche. Il en était certain ou plutôt déterminé. Il réaliserait avec elle ses rêves les plus fous et les plus audacieux. L'espace d'un instant, l'étonnement submergea le Drow. Résistance était un bien faible mot pour décrire le mental de sa moitié. Après tout ce qui lui arrivait, elle tenait encore éveillée et certainement prête à recevoir de nouveaux ordres. Mais ce soir, c'était un repos mérité qui allait lui être offert. Demain, il prendrait la direction du campement de l'Ost Noir avec sa patrouille de la Dothka et il annoncerait aux peaux sombres les directives du Karliik Glenn. Il savait d'avance qu'il allait devoir être capable de contenir des premières émeutes de mécontentement... L'ironie du sort ? Était-ce déjà une première épreuve pour celui qui aspirait à devenir Obok Senger ? Ce rêve d'adolescent... Une partie de lui-même était impatiente d'en finir avec cet objectif et de poser sa paire de fesses sur un siège réservé à l'État Major du Karliik Glenn. En revanche, des souvenirs d'enfants refaisaient surface. Des conversations avec sa mère, plus précisément. Celle-ci lui disait qu'un rêve était la plus belle des merveille à suivre mais qu'arrive-t-il lorsqu'un rêve est réalisé ? Il meurt. La détermination de Nym Vrinn s'était construite avec les siècles passés autour de ce rêve... Ne devait-il pas craindre de le faire mourir un jour ? C'était probablement le prix à payer pour réussir.

Repos, Soldat.

Dit-il, se relevant sans ménagement. L'ordre était donné et Vyl pouvait enfin relâcher sa garde et expirer un grand coup. Sa mission venait réellement de prendre fin. Quant à Nym ? La sienne ne faisait que de continuer. En tant que Chef, son devoir était à ses yeux de protéger ceux qu'il commandait. Un Chef digne de ce nom devait être au moins capable de cela pour être un bon dirigeant. Naïf ou idéaliste ? C'était ce qui faisait son charme et qui le rendait différent de bien d'autres mâles de son espèce. Nym ne dégaina pas un mais deux cimeterres. A cette heure-là de la nuit, les prédateurs rôdaient. Pourquoi n'envoyait-il pas tout simplement sa patrouille et ne restait-il pas avec Vyl ? Parce que dans la Dothka, tout le monde était plus ou moins égal. Peu de traitements de faveurs étaient offerts pour ne pas dire rien du tout. La Dothka, c'était de nombreux petits détails de cette sorte qui s'accumulaient pour former une grande force... Et c'était ce qui faisait sa réputation crainte et redoutée de tout le Puy d'Elda. La seule différence, c'est que Nym Vrinn allait rester proche du campement pour garder un œil sur la femme la plus importante à ses yeux. Après tout, Nim & Renor étaient toujours là, silencieux...

- Teiweon m'en soit témoin, nous sortirons ensemble de notre passé et nos noms seront un jour des légendes du Puy d'Elda.

Nym Vrinn maniait aussi bien les paroles que ses cimeterres. Rares parmi les Drows étaient ceux qui possédaient le Verbe. Pour cette Race honnie primait l’action. Les Sombres ne se réalisaient pas en élaborant de beaux discours, mais dans la perfection et la fureur du geste. Les mots n’avaient vocation qu’à renseigner l’autre sur ses intentions, et encore, lorsque cela paraissait absolument nécessaire. Il n’était qu’à observer l’Ost Noir en campagne pour comprendre la futilité de toute communication formalisée. Au cœur du combat, chaque Sartglin semblait connecter à son frère, et la Horde se mouvait en totale harmonie, comme si une seule et même âme l’animait toute entière. Chaque combattant enfermait en lui la conscience de l’existence de tous les autres, et l’Ost ne faisait qu’un, maléfique fourmilière vibrant d’une même colère. Souvent, dans les rangs, le soldat protégeait instinctivement son compagnon d’arme de son bouclier parce que ce dernier venait de lancer une offensive qui le rendait, un instant, plus vulnérable. Jamais pourtant celui qui attaquait n’avait quémandé quoi que ce soit à celui qui défendait. Les plus fervents expliquaient ce phénomène par l’intervention du Grand Uriz dont l’Esprit guidait l’Ost dans les déferlements de la Guerre. Vyl, quant à elle, avait toujours songé que cette cohésion magique tenait à la force de l’entraînement de fer auquel tout combattant était astreint depuis son enrôlement dans l’Armée du Karliik Glenn. Et à l’instinct de meute qui soudait les Drows, paradoxalement furieusement individualistes le reste de leurs jours, dans la bataille. Le Barra de la Dothka, comme ses Frères, - et certainement plus qu’aucun d’entre eux, car il comptait parmi les guerriers les plus redoutables du Puy d’Elda -, participait à ce mystère. Il avait tout à la fois la ruse, la force et la maîtrise et savait transmettre à ces assassins ce cocktail dévastateur. Mais il avait en plus cette qualité rare de savoir toucher les esprits. De parler directement l’âme de ses interlocuteurs. Qu’il joue de sa lyre, récite des vers antiques, ou s’astreigne à un discours, rien n’était joué par hasard. Car il savait la magie des mots pour extirper de l’inconscient des autres les aspirations les plus profondes, les rêves les plus secrets, les ambitions les moins avouables. Par ses paroles, il leur donnait corps, et en les matérialisant en ombres chinoises sur l’âme de ses semblables, il les rendait possible. Vyl avait réalisé depuis longtemps que le charisme de Vrinn tenait autant à ses qualités guerrières qu’à ce don inné de donner envie, de motiver ses hommes en leur offrant la carotte de l’ambition pure. Mais, tout en ayant parfaitement conscience de l’existence des fils animant ses articulations, la Sombre n’aimait rien tant que de s’enivrer de son statut de marionnette.

Et les mots du Barra lui firent l’effet de l’hydromel le plus éthéré.

Des Légendes du Puy d’Elda… Comme cela semblait envisageable maintenant que c’était dit ! Des images fugitives traversèrent l’âme de Vyl Thanat’Khor. L’Ost Noir rentrant victorieuse en Elda. Les Drows en liesse acclamant les vainqueurs. L’Hommage du Trium Vire à ceux qui lui servent le monde sur un plateau d’argent maculé du sang perdu sur le champ de bataille. Les têtes des Rois et des Reines de Miradelphia liées les unes aux autres par une chaîne d’or, chapelet tressé à la Gloire de la Domination Noire sur les contrées fertiles. Les bannières de l’Ost flottant sur les hautes tours des citadelles de l’Ouest confiées à des gouverneurs Sombres. Des millions d’esclaves humains, elfes, nains trimant pour la richesse d’Elda… Dans cet univers, que serait le rôle de Nym Vrinn et quelle destinée lui serait offerte à elle ? Règnerait-elle sur la forteresse noire de l’Oesgard ? Lui confierait-on le pouvoir sur une de ces villes somptueuses qu’elle avait observées durant toutes ses expéditions en territoire ennemi ? Et soudain, ce grade de Veldruk qui venait de lui tomber, loin d’être une fin en soi, lui paraissait la première marche gravie d’un escalier gigantesque qui disparaissait dans les nuées d’Aduram. La toute première étape d’une longue ascension.

- Repos, Soldat.

Enfin, la permission de lâcher prise…

Mais comment cela serait-il possible de dormir après tout cela ? Le Barra venait d’allumer un brasier, et il lui intimait l’ordre de s’apaiser ? Encore eut-il fallu qu’il étouffe les flammes vives d’une quelconque couverture. Vyl Thanat’Khor dormirait lorsqu’elle aurait rassemblé ses Sartlings. L’excitation était à son comble. Plutôt se remettre en marche et foncer en direction des Terres Arides ! Retrouver les casernements du Puy. Casernements ? La guerrière ne put réprimer un malicieux sourire en songeant qu’elle aurait droit maintenant à ses quartiers privés, ainsi qu’à une plus grosse part du butin pour entretenir un train de maison. Gloire à Uriz ! Et Nym Vrinn soit loué pour ses bienfaits !

- Barra ! Je sais ce que tu t’apprêtes à faire ! Tu vas t’adresser aux troupes et leur intimer l’ordre du repli sur Elda… Tu sais combien la nouvelle va décevoir. Tous, nous rêvions de victoires et nous ne combattrons pas. Tu vas reconduire dans leur foyer des esprits ternes et chagrins. Je crains que tu ne fasses les frais de ce qui ne manquera pas d’être considéré comme une nouvelle débâcle. Pourtant, tu ne fais qu’exécuter les ordres, et tu ne mérites pas qu’on t’accable pour une stratégie que tu n’as pas élaborée.

Vyl savait avoir capté l’attention de Nym Vrinn. N’était-elle pas après tout sa moitié de ténèbres ?

- Si nous devons partir, Barra, ne quittons pas les Terres des Hommes sans emporter avec nous un cent de prisonniers à sacrifier à Teiweon Danath’Korr en son Temple sacré d’Elda. Emportons avec nous quelques femmes et quelques enfants. L’Est d’Oesgard est désert et nul ne nous poursuivra dans la noirceur de l’Aduram. A moins que nous ne nous servions en route en tombant sur un village de colons. Mais ne rentrons pas les mains vides…

Les yeux de la Drow flamboyaient dans l’obscurité. Elle fixait Nym Vrinn, cherchant à lire sur son visage une réponse muette avant même qu’il ne reprenne la parole. Comme il semblait réfléchir, elle ajouta, un vilain sourire peint sur les lèvres.

- Qu’allons-nous faire de ces deux là ?

Elle avait chuchoté, désignant Nim et Renor d’un coup de tête dédaigneux en leur direction.

- Devons-nous les laisser courir la campagne au risque que les Nains ne les fassent prisonniers ? Ils savent maintenant pour l’Ost, et s’ils parlaient, le Karliik Glenn ne nous pardonnerait pas cette bavure… Convainc les de repartir avec nous, Barra. Demande leur leur aide pour capturer quelques esclaves pour nos sacrifices. Tu as vu les pouvoirs de l’Enfant ! Elle peut nous faciliter grandement la tâche.

Elle se pencha vers Nym, ses lèvres effleurant presque l’oreille du Barra, pour parler plus bas encore.

- Et si nous ne parvenons pas à la convaincre, tuons les…

Barra ! Je sais ce que tu t'apprêtes à faire ! Il ne fallut pas plus d'un mot pour que Nym Vrinn ne s'arrête pour écouter les nouveaux propos de sa moitié des ténèbres. Oui, la nouvelle allait décevoir et le Barra de la Dothka fronçait des sourcils. Aussi bon parleur qu'il savait être, ce n'était pas à un peuple de guerriers qu'il allait apprendre à devenir un peuple de pacifiste. Ce ne serait de toute manière jamais l'objectif, n'était-il pas un Drow ? Dans ce cas, que fallait-il faire ? Eh bien, c'était Vyl qui allait répondre à cette question. Sans même s'en rendre compte, elle venait déjà de rentrer dans la peau de son rôle. Ce rôle offert devant la Dross... Sargtlin, Veldruk, Barra... Tout cela était si... secondaire. Veldruk était pour Vyl une conséquence logique pour tout ce qu'elle avait entrepris depuis ses longues années de servitude envers la Dothka de Nym Vrinn. Dans la tête du Barra, Vyl avait toujours été sa conseillère. Il lui arrivait souvent de s'entretenir avec elle avant d'entreprendre une action importante.

Tu as raison, nous ne pouvons pas rentrer les mains vides. L'Est d'Oësgard est désert, dis-tu ? Dans ce cas... pillons les fermes, les villages... Tuons les hommes et emmenons les femmes et les enfants.

Après tout, il s'agissait pour lui d'une première opportunité pour prendre les devants d'une Armée. Commander un véritable raid... Il en rêvait depuis longtemps. Il s'agissait d'un risque à prendre mais s'il revenait au Puy d'Elda avec des troupes glorieuses et de nombreux sacrifices humains... Il ne pouvait qu'augmenter sa cote auprès du Karliik Glenn. Sois bénie, Vyl Thanar'Khor. Ton Barra te chérie autant que sa lyre. Tu es la précieuse émeraude qu'il ne laissera jamais filer.

J'ai une mission pour toi. Nous allons rencontrer un certain nombre d'enfants lors de l'attaque... Je veux un enfant aux cheveux carmins. Il s'agit ici de satisfaire une requête de la Haute Prêtresse de Teiweon Danath'Khor, Fae'Lisshyn. Tu sais que je suis né là-bas et ce qu'une requête de ce lieu représente pour moi.

L'ombre d'un instant, son regard se fit très insistant. Peu ignorent au Puy d'Elda le surnom de Fae'Lisshyn. La Princesse Pourpre... Seul celui qui a de bons amis augmente ses chances d'atteindre les sommets. Cette femme sulfureuse de sang noble serait sans conteste un précieux atout si le Barra de la Dothka décidait d'essayer de la mettre dans sa poche. Vyl comprendrait-elle ce doux stratagème ? Il l'espérait. Ce qu'elle comprendrait, en tout cas, c'est qu'il était réellement attaché à la réussite de ce Temple. Elle savait qu'il y était né et qu'il était le fils d'une Haute Prêtresse de Teiweon Danath'Khor.

Ensuite, Nym lança un regard curieux en direction de Nim & Renor. Plutôt silencieux, ces deux-là. Vyl avait raison, il fallait acheter leur silence pour un moment. La dernière suggestion de sa moitié le fit sourire. Assassiner, c'était le travail de la Dothka. Un temps plus tôt, il n'avait pas cherché plus d'ennuis qu'ils n'en avaient déjà causé. Ils devaient avoir compris qu'ils pouvaient tuer quelques uns d'entre eux... Mais que cet acte conduirait à une mort certaine.

Je vais m'occuper de ces deux-là. Pendant ce temps, rassemble tes hommes. Ah ! et une dernière chose... Dorénavant, cesse de m'appeler Barra. J'aimerais que tu m'appelles... Lyme.

Soirée à marquer d'une pierre blanche ! Bon sang, que représentait donc Vyl à ses yeux ? Était-ce un messie ? Vyl Thanat'Khor, Fae'Lisshyn -accessoirement son Temple- et Alder'Aak Dolarian étaient les seuls Drows à connaître cette vérité sur son identité. Le moment de rétablir la vérité était-il venu ? Oui, l'adrénaline montait de secondes en secondes. Le regard de Lyme brillait d'une excitation encore inconnue jusqu'à présent. La flamme de l'ambition ardente le consumait, tout simplement.

Renor était assis sur son rocher un peu à l'écart du camp, dans l'ombre, il laissait errer son regard sur les abords sans rien exprimer concentré sur les sons alentour. Il écoutait tous les bruits autour de lui flottant de l'un à l'autre cherchant à se concentrer sur la conversation que menait la guerrière avec son officier. Il écouta un instant le murmure de l'eau, le chant du vent dans les branches, le crépitement du feu, le craquement des branches entrain de bruler, le souffle légèrement haché de sa soeur roulée en boule à ses pieds qui dormait d'un sommeil un peu agité. Il repoussa irrité tous ces bruits agacés par tant de sons parasites. Enfin il réussi à se concentrer sur la conversation du Barra et de son soldat. Il avait raté le début du compte rendu mais il ne s'en formalisa pas s'ingéniant d'autant plus à écouter tout le reste de la conversation. Il avait du mal à entendre la conversation, les deux drows étaient un peu loin de lui et il ne parlait pas très fort, il ne comprenait pas tout mais arrivait à en suivre une bonne partit.
Il comprenait que la situation en Oësgard n'était pas extrêmement favorable à une armée mais de petits groupes indépendants auraient de grandes chances d'être autant d'épines dans le pieds de cette contré en reconstruction. Mais cette tactique pouvait nuire à un mouvement plus massif prévu plus tard ou tout autre sorte d'action de ce genre si les humains découvraient l'origine de ces petits groupes et le générale en charge de cette campagne semblait avoir d'autre projet pour les troupes mobilisées. Il semblait avoir prévu de se retirer pour l'instant ayant certainement d'autre plan en tête ou d'autre problème à régler.
La conversation pris soudainement une autre tournure le Barra proposa à la drow de devenir sa première Veldruk. Vyl avait donc la confiance de ce Nym, ils devaient avoir une relation bien étrange. La réaction de Vyl fut elle aussi intéressante, elle semblait incertaine, se demandant un peu ce qu'elle devait penser de cette soudaine proposition. Renor perçus ce changement dans la légère hésitation qu'elle mit involontairement dans sa réponse, il avait faillit ne pas la remarquer car sa soeur s'était soudain agité dans son sommeil. Il perdit sa concentration quelque seconde, sa soeur semblait en proie à une douleur infernale et elle n'était pas assez consciente pour endiguer le déferlement de sensation qui traversait leur lien emphatique. Renor serra un peu les dents tout essayant de reprendre le fil du conciliabule entre les deux séide de la Dothka. Il ne compris pas un traitre mot mais saisi un changement de ton dans la voix de chacun qui rendait encore plus difficile le suivi de la conversation par une personne extérieur à celle-ci. Le drow se douta qu'ils parlaient de lui et de sa jumelle de soeur qui cauchemardait à ses pieds, sa main se serrant sur une flèche en argent dans sa besace informe. Leur sceau respectif avait cessé de pulser et de rougeoyer de façon intempestive mais celui de Nim continuait à marqué visiblement son corps la torturant de façon, certes, sourde mais continu. Renor en ressentait les effets de façon atténué mais la douleur lancinante était une gène difficilement supportable.
Renor n'était pas assuré que les deux officiers de la Dothka parlaient d'eux mais les jumeaux étaient atteint d'une paranoïa galopante qu'ils nommaient prudence, il s'immisça donc dans les rêves de sa soeur pour y délivrer un message fait de sensations de danger très légère. Lors de son incursion les rêves de sa soeur envahir sa conscience un instant, quand les images refluèrent laissant un étrange sourire sur les traits de son visage. C'était une grimace un peu folle qui reflétait le feu de folie qui dansait, brulant, dans les yeux du drow. En même temps qu'il émergeait de nouveau sa soeur replongeait plus profondément dans son sommeil agité.

-Ok, j'ai pigé. Je me démerde tout seul, murmura Renor.

Il ria doucement, détacha son regard du feu et le tourna pour la première fois vers le couple en plein conciliabule se demandant ce qu'ils avaient bien put se dire pour avoir à baisser encore la voix. Il en concevait toute fois une idée assez précise pour savoir que ça ne lui plairait ni à lui ni à sa douce et tendre soeur qui avait un sens du mot compréhensif bien à elle. Il avait gardé libre d'accès sa chaine enchanté au cas où mais il ne se sentait pas si menacé qu'il faille qu'il montre la tension qu'avait fait naitre en lui le changement de ton des deux reitres de la Dothka.

- Je veux un enfant aux cheveux carmin…

Inutile de chercher les justifications d’une telle lubie ! Fae'Lisshyn Dal' Serakh'Ahn, Quortek d'Sreft da Teiweon Danath’Korr… L’icône des Sangs Purs, irradiant le soleil noir et maléfique de la magie, et pourtant si charnelle, si sulfureusement désirable… Fallait-il que l’indécrottable idéalisme de Nym Vrinn et son attachement morbide à son Passé l’aveuglent pour que le Barra prenne le risque de frayer avec de tels parangons de Pouvoir !

Vyl baissa les yeux, réfugiée aux tréfonds d’elle-même. Superstitieuse, elle craignait que la seule évocation mentale du nom sacré du Souffle d’Ame de la Déesse des Ombres n’attire sur elle le mauvais œil. Fae’Lisshyn jouissait du don de guérison. Etait-ce une raison d’ignorer sa faculté à faire le Mal ? Teiweon n’avait-elle pas deux visages ? La guerrière savait déjà qu’elle exécuterait l’ordre que son Maître venait de lui donner sans comprendre. Elle livrerait l’enfant, - Uriz autorise qu’on trouve un tel spécimen dans les landes oesgardiennes ! -, mais elle veillerait à ne pas fureter du côté du Temple des Ames une fois sa tâche accomplie. C’était là un terrible renoncement pour une femelle à l’esprit sans cesse agité par la plus irrépressible curiosité. Encore une fois, son instinct de survie surpassait tout le reste…

Vyl jeta un regard par-dessus son épaule. Elle sentait la présence de Renor derrière elle. Elle n’avait pu lui tourner le dos que parce que Nym Vrinn le surveillait du coin de l’œil. Depuis le premier instant, elle n’avait pas accordé sa confiance à ce Drow jailli des entrailles de la nuit. Le petit fantôme avait certes quelque chose d’effrayant, mais comparée à son frère, la fille, bien que venimeuse à souhait, paraissait presque prévisible. Renor avait tout du fauve : la force, la rapidité, cette cruauté naturelle qui se dispense par réflexe, sans arrière pensée. Mais surtout, c’est son comportement erratique qui affolait la guerrière. Jamais elle n’aurait pu se battre aux côtés d’un tel individu. Si Vrinn n’avait pas honoré le campement de sa rassurante présence, elle aurait donné l’ordre de tuer le Sombre sans plus réfléchir. Elle ne comprenait pas que le Barra compose avec une telle engeance. Ne lui avait-on pas laissé son arme ? Cette chaîne fluide comme la lanière souple d’un fouet dont elle ressentait encore la froide morsure autour de sa gorge. Et que dissimulait-il sous ses vêtements ? Poignards ? Poisons ? Personne ne devrait jamais se fier à des Mages errants. D’où sortaient ces deux monstres ? Peut-être Nym prendrait-il le temps d’interroger les deux importuns avant de leurs demander de rallier l’Ost Noir ? A moins que le Barra ne les laisse repartir comme ils étaient venus…

Renor semblait absorber par la vision tranquille de sa sœur endormie. L’enfant avait sombré dans un mauvais sommeil, et gigotait parfois, comme en proie à d’épouvantables cauchemars. Son frère la contemplait, un vilain sourire peint sur le visage. Se pouvait-il que les deux êtres communiquent entre eux sans articuler une seule parole ? Tout à l’heure, alors que les fils d’une rixe hasardeuse se nouaient, on entendait distinctement Renor qui répondait à la minuscule Sorcière, laquelle demeurait coite. A moins que… La folie ! Après tout c’était la folie pure que Vyl lisait sur la face grise du Drow qui luisait des reflets rouge et or du feu de camp.

Un frisson laboura l’échine de la guerrière. Celui que donne un désir intense de meurtre. La Drow secoua la tête, se contraignant à changer le cours de ses pensées. Vrinn n’avait-il pas prononcé la sentence libératoire ? Nim et Renor, ça n’était déjà plus ses affaires à elle…

- Je vais m'occuper de ces deux-là. Pendant ce temps, rassemble tes hommes…

- Comme il te plaira… Lyme.

Le prénom ne lui était pas venu aussi facilement qu’elle l’aurait cru. Il lui faudrait du temps pour acquérir ce nouveau réflexe. Même si elle se souvenait à la virgule près de l’histoire que le Barra lui avait contée lors de sa toute première mission, et qu’elle n’ignorait rien de l’identité cachée de Nym Vrinn, prononcer ce nom gardé secret de longues années durant lui faisait l’effet d’une trahison. Elle aurait préféré en rester à cette belle distance instaurée par les grades et le statut social. En présence d’un Grand, elle reviendrait de toute manière à ses vieilles habitudes. De tels rapprochements pouvaient certes se trouver favorisés par la promiscuité sur le terrain. Mais au Puy, il conviendrait de reprendre le large, du moins dans les formes.

Vyl se redressa, animée d’une vigueur nouvelle. Tes hommes ! Quelle magnifique musique à ses oreilles ! Elle se tourna, dardant son regard rubis dans les ténèbres de la grande forêt. Puis ulula comme l’aurait fait un de ces oiseaux de nuits au vol lourd que les hommes redoutaient comme un mauvais présage. Un Assassin émergea de la nuit comme s’il avait été vomi par une mer d’encre. Un Drow jeune au crâne à demi rasé portant une simple cuirasse de peau tannée. Il s’avança, frappa du poing sur sa poitrine à l’attention de Nym Vrinn, puis répéta son salut à l’attention de Vyl Thanat’Khor. Tendu, les sens aux aguets, le soldat attendait les ordres, et pour une fois, ce n’était pas le Barra qui les lui servirait.

- Elkantar, rassemble une escouade d’une vingtaine de Sartglins. Je veux les plus rapides et les plus silencieux. Dans cet ordre… Armez-vous légèrement, prenez de l’eau mais pas de vivre : nous mangerons sur la bête. Trouve du poison. Que chaque guerrier porte sur lui de quoi empoisonner dix puits… Nous partons à l’aube pour Oësgard. Je vous emmène vous promener… Va ! Et affûte bien tes lames, Fils d’Elda…

Le Drow, silencieux, ne dissimula pas sa satisfaction. Il hocha la tête, et disparut comme il était venu, avalé par la nuit. Vyl connaissait bien ce Elkantar : il ferait un excellent second. Sa joie était aussi communicative que sa ferveur à semer la mort sur le champ de bataille. Un des meilleurs éléments de la Dothka.

- Ba… Lyme, si tu le veux bien, je vais profiter des quelques heures qui restent avant le lever du soleil pour prendre un peu de repos. La journée sera longue demain. Je ne participerai pas au raid avec le gros des troupes si tu m’y autorises. Je tiens à m’acquitter en priorité de la mission que tu m’as confiée. Je m’enfoncerai avec une escouade dans le cœur de l’Oësgard à la recherche d’un enfant aux cheveux carmin. Bien sûr, tu peux compter sur mon zèle : je tuerai tout ce qui n’est pas l’enfant et qui se trouvera sur mon chemin…

Elle éclata d’un rire cristallin et léger, terriblement féminin. Décalé au regard de la dureté de ses propos…

Puis sans attendre la réponse de son Maître, elle s’en alla rejoindre le feu, jetant quelques lourdes branches au cœur des flammes. S’enroulant dans sa couverture, elle se lova par terre en chien de fusil dans la chaleur du brasier ravivé, et sûre de la vigilance de Nym Vrinn, elle s’endormit aussitôt…

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Sam 9 Jan 2010 - 17:00

Le Barra de la Dothka demeura silencieux face aux derniers propos de sa Veldruk. Il constatait avec satisfaction que Vyl prenait déjà ses premières initiatives et il n'en attendait pas moins d'elle. La Dothka était très loin d'être une garderie, après tout. Et puis... Pour l'avoir nommée à ce grade... N'avait-il pas toute confiance en elle ? Elle qui était sa moitié ténébreuse selon leurs propres dires ? Il la laissa vaquer à ses occupations et se concentra sur son nouveau centre d'intérêt. Nim & Renor. L'un était éveillé, pensif, tandis que l'autre dormait. Un sommeil très loin d'être paisible. Cette créature... Qu'est-ce qu'elle était ? Un monstre ? Nim possédait plein de caractéristiques qui l'éloignait des Drows du Puy d'Elda. Nym avait une théorie là-dessus. Il avait été victime de l'un de ses sortilèges et la gamine en apparence semblait être plutôt puissante. Une utilisation abusive de sa magie serait-elle à l'origine de tout cela ? Peu importe.

Ton nom m'est inconnu, Mâle. Qui es-tu ? Quel est le nom de celui qui a porté atteinte à ma fierté ? Qu'allez-vous faire à partir de demain ?

Votre relation à tout les deux m'épate. Cette façon de me prendre en otage, ma fierté et moi-même... Un soupçon de pré-paré. Cela sent l'expérience, beaucoup d'expérience. De l'habitude, même.

Encore un peu et le Barra de la Dothka allait-il s'incliner ? Lui qui un temps plutôt avait été l'otage de la jumelle de Renor... Pourquoi s'évertuait-il désormais à tenir une conversation avec celui qui avait menacé sa fierté ? Parce que c'était intéressant. Parce qu'ils étaient intéressants, tout les deux. Comme Vyl le disait un temps plus tôt, il serait plus qu'intéressant d'enrôler ces deux éléments sur un champ de bataille. Celui qui voulait accéder au plus grand des pouvoirs devait savoir traiter dans les règles de l'art avec ses amis et encore plus avec ses ennemis.

Je n'ai rien à vous cacher. Je n'ai rien à vous promettre. Pour la Dothka, représentée devant vous par son Barra... Vous êtes un danger pour le Puy d'Elda. J'ignore tout de vous. Noms, motivations... Lorsque vous avez pris conscience de mon grade, vous nous avez relâché. Qu'est-ce que pour vous le Puy d'Elda ? Viendrez-vous avec moi en Oësgard pour participer aux festivités avec vos frères de sang ?

Droit, clair et concis. Nym Vrinn n'aimait guère tourner autour du pot et le mensonge n'apportait pas grand chose. Surtout dans une telle situation où il avait à faire à deux êtres âgés. Âgés bien plus qu'il ne l'aurait réellement imaginé. En toute honnêteté, il avait tout dit. Ce qui lui passait par la tête, ses idées. Ce petit quelque chose qui lui apportait le respect de sa Dothka et d'une bonne partie du Puy d'Elda. Personne n'en échappait. Un Drow était un Drow. Un Humain un Humain. Un Nain un Nain et un Sylvain un Sylvain. Dans son esprit, le Drow devait être au sommet. Race supérieure dans tout les domaines, tout. Le Drow qui trahissait l'Elda, c'était son devoir de le faire payer et de l'abattre dans la minute qui suivait. Alors, le couple de Mages avait droit au respect qu'il attribuait à chaque fois au premier inconnu Drow qu'il rencontrait. Il était ni plus ni moins ainsi avec ceux de sa race.

Sujet: Re: A la recherche des Sombres Lun 18 Jan 2010 - 23:06

[Désolé pour l'attente, les partiels c'est dur A la recherche des Sombres Icon_cry

]

Ennuyeux, tout simplement ennuyeux, quoi que...

Les deux officiers de la Dothka semblaient avoir décidé de bouger. La Veldruk nouvellement promu se dirigea vers l'extérieur du camp, s'arrêtant à la limite des pièges de la magicienne drow et ulula. Un drow sortit des bois quelques instants plus tard se dirigeant droit vers elle. Ce drow avait le crâne à moitié rasé. Il s'avança au travers des pièges sans en déclenché un seul. Renor le regarda marché dans le champ piégé avec une lueur d'envie dans le regard, se demandant ce qui allait se passer s'il marchait sur un des pièges et se faisait tuer, mais le jeune drow avait une chance insolente, il ne marcha sur aucun des pièges, du moins à l'aller. Il s'arrêta et salua ses deux officiers, attendant les ordres. La drow les lui donna. elle se préparait à une expédition imminente en territoire ennemi. Le guerrier pris réception des ordres un air satisfait non réprimé peint sur le visage puis il repartit comme il était venu... Sans déclencher un seul piège?!?

-C'est pas efficace, murmura-t-il.
« Ferme ton esprit » râla sa soeur.

Il porta un instant son attention sur sa soeur qui semblait avoir sentit l'agitation de Renor et son vif intérêt quand à la mort imminente du drow dans l'un des pièges et elle avait fait en sorte de ne pas être dérangée pour le reste de sa nuit mal démarrée. Renor n'avait pas fait attention mais sa soeur n'était plus aussi agité et sa respiration avait changé de rythme depuis un certain temps. La drow à décoloré ne dormait plus même si elle avait gardé les yeux fermés et que son corps trop petit était complètement détendu et ne trahissait pas son éveille mais son esprit ne tournait plus au ralentit, Renor le sentait même plutôt agité. Elle essayait de se calmer mais le fait d'avoir sauver le drow au débotté de ses pièges l'avait énervée et épuisé lui rendant difficile le repos et l'éveille. Toutes ses pensées étaient maintenant tourné vers son corps et sa magie essayant de rééquilibré les forces qui parcouraient son corps pour pouvoir enfin dormir tranquille.

« Essaie d'être polie et de ménager nos hôtes » demanda-t-elle.
Je ferais de mon mieux.

Le rire chantant et étrangement doux de Vyl interrompit les jumeaux. Il coupa Nim dans son élan de mise en garde, le rire de la Veldruk lui rappelant trop un autre rire détesté qui avait failli déclenché un cataclysme au sens propre du terme. Renor frissonna se souvenant des promesse que pouvait receler un telle rire si doux, et si alléchant. Mais tout comme sa soeur il se souvint aussi des danger de ce genre de rire de l'arme qu'il pouvait devenir et les deux jumeaux frissonnèrent l'un raffermissant son attention et l'autre lâchant de plus en plus prise sur le monde pour se plonger dans son pouvoir et les rêves afin de fuir cette éclat.
Rien avait trahit l'éveil de la mage, tout son corps était resté parfaitement détendu et le frisson qui avait parcourut le corps de Nim pouvait être dut au froid ambiant. Renor se pencha sur sa soeur et tira la couverture qu'il y avait dans son sac sur elle comme si elle allait prendre froid, les drows étaient certes immunisé aux maladies mais avoir froid était assez désagréable et greloter quand on essaye de dormir ça n'aide pas vraiment. Quand il se redressa il se retrouva face au Barra qui s'avançait vers eux, il se contenta de reculer et de se rassoir. Il laissa le Nym commencer à parler.

-Ton nom m'est inconnu, Mâle. Qui es-tu? Quel est le nom de celui qui a porté atteinte à ma fierté? Qu'allez-vous faire à partir de demain? Votre relation à tout les deux m'épate. Cette façon de me prendre en otage, ma fierté et moi-même... un soupçon de préparé. Cela sent l'expérience, beaucoup d'expérience. De l'habitude, même.

Pourquoi mettre un majuscule dans ce mot, je suis plus que ça et moins que ça mais ce mot ne mérite pas de majuscule il est trop insignifiant, pensa-t-il.
« Alors tais-toi et ferme ton esprit » la pensée était comme un lointain murmure.

Le commentaire sur la relation qu'entretenait Renor avec sa soeur failli faire rire Renor, lui aussi avait de quoi se poser des questions sur la relation que le Barra entretenait avec la drow qui était allongé quelque mètre plus loin de l'autre côté du feu. Quant à l'expérience... Un fin sourire étira le coin des lèvres de Renor, de l'expérience ils en avaient à revendre...

-Je n'ai rien à vous cacher. Je n'ai rien à vous promettre. Pour la Dothka, représentée devant vous par son Barra... Vous êtes un danger pour le Puy d'Elda. J'ignore tout de vous. Noms, motivations... Lorsque vous avez pris conscience de mon grade, vous nous avez relâchés. Qu'est-ce que pour vous le puy d'Elda? Viendrez-vous avec moi en Oësgard pour participer aux festivités avec vos frères de sang?

Le drow planta ses yeux d'encre dans ceux gris délavé de l'officier de la Dothka, on pouvait lire dans les yeux du drow la folie millénaire qui l'habitait tapis tout au fond de lui. Nym pourrait voir s'il y faisait attention que le sombre en face de lui ne le considérait même pas comme un être vivant digne d'intérêt même si tout le reste de la personne de Renor n'apportait confirmation de la sensation diffuse qui s'échappait de ses yeux fous. Renor n'aimait pas trop ce genre de personne qui enlumine tous ce qu'elles cherchent à dire noyant le poisson dans des tonnes de paroles inutiles mais puisqu'il aimait tant que l'on noie le poisson il allait adorer.

-Ca fait de nombreuse question mais aucune n'est vraiment digne d'intérêt mais il semble nécessaire de faire quelque précision. Quand tu affirme n'avoir rien à cacher je ne te crois pas une seconde, commença-t-il en riant. Tout le monde à quelque chose à cacher, quant à ton soit disant dénuement pour les promesse, tout le monde peut toujours offrir sa vie. Une vie bien employée est toujours utile, continua Renor souriant. Nous ne serons un danger pour le Puy seulement si celui-ci en devient un pour nous. Par rapport à ton ignorance... Je suis dans la même situation que toi, commença-t-il pensif, et de toute façon personne ne sait vraiment qui sont les autres à part s'ils ont vécus dans le même esprit pendant longtemps, termina-t-il un sourire mystérieux flottant goguenard sur ses lèvres. Mais revenons à la seul question d'intérêt. Nous allions en Oësgarde et nos plans n'ont pas changés mais nous accompagnerez-vous? Questionna-t-il avec intérêt.

Tout au long de son discours sa soeur dormait et lui jouait avec les maillons de la chaîne enroulé autour de son corps celle-ci brillant d'un étrange éclat sous la lueur du feu. Renor n'avait toute fois pas changé sa position et était resté assis de façon nonchalante sur son rocher, un peu provocateur.

-Ah! Un petit rappel. La prochaine fois que vous appelez un de vos hommes prévenez nous, sinon il mourra, fit-il malicieux. Ma soeur en a marre de vous materner et le camp est entouré de pièges, ce serai dommage que l'un d'eux meurt parce que vous ne nous avez pas écouté.

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