C'est un récit conté par un idiot... [PV Anthraäsis]

Il flottait dans l'air l'odeur de la cendre. L'Odélian toute proche avait eu son rôle à jouer dans la guerre, et l'odeur de ses chiens émanait encore des contrées du Gras. Ce même Gras qui avait profité de l'ambiance très martiale dans laquelle il avait plongé son fief pour augmenter les impôts. Ce qui n'arrangeait pas du tout Caeliban !
En effet, à la fin de la grande route du nord, par lesquelles ses caravanes cheminaient depuis Hautval se trouvait la cité d'Odélian, où tous les convois vers la pointe froide du royaume qu'est Oesgard se devaient de passer. Or le seigneur Gaucelm taxait avec un peu trop d'enthousiasme au goût de Caeliban.
Il lui fallait donc trouver un itinéraire de substitution pour ses prochains convois.

Et pourquoi pas tenter de tracer une route au travers de la forêt d'Aduram ? Même si l'endroit était infesté de brigands, le genre rebelles sales et forestiers, les véritables marchés "indépendants" se faisaient à la Dross. Or Caeliban n'y avait pour l'instant aucun contact, aucun informateur susceptible de lui ouvrir des opportunités dans cette cité de bannis. Avec la signature de certains contrats avec les instances de la Dross, on pourrait arranger une route protégée par les bandits eux mêmes pour ses convois... Les rouages s'étaient alignés dans l'esprit du marchand, mais il s'élançait quand même sans filet dans la Dross...
Pour l'instant, ses caravanes passaient correctement par Odélian, et réglaient les taxes mirobolantes du Gras, en attendant de voir pour
la nouvelle route.

Donc, voici Caeliban, accompagné de quatre mercenaires de second ordre, qui crapahute dans les fourrés sombres et encore un peu humides de l'hiver passé. Annotant sur les plusieurs cartes de la région qu'il a pris avec lui les particularités du terrain et traçant les routes probables, la tâche l'ennuie.

*Non seulement cette forêt est déprimante, mais en plus je suis le seul à pouvoir utiliser des mots de plus de trois syllabes... Je sens que cette histoire va mal se finir pour mes nerf si elle ne se finit pas rapidement...*

Le matin est levé depuis plusieurs heures, il est bientôt midi. Le soleil est chaud pour réchauffer les vêtements des hommes et les feuilles de arbres, mais pas assez pour réchauffer l'air printanier. Pourtant les bois ne donnent pas vraiment une impression de chaleur. Au contraire même, de froid et de solitude, par le côté lugubre des arbres hauts et des conifères, par les rares touffes de végétation sombre et le tapis d'humus marron.
Ce genre de beauté froide touche certains, pas le marchand.

Les sicaires qui assuraient sa protection eux-même se prenaient à rêvasser. Quant à Caeliban, pestant silencieusement contre le vent, les racines et tout ce qui pouvait l'incommoder, il s'acquittait de sa tâche.
Tout ça sans que personne ne remarque le lent rapprochement d'une demi douzaine d'hommes des bois, lame au clair.
Peut être le voyage du marchand allait-il se réchauffer ?