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 Féerie un jour de pluie [PV Noémie]

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Daphnée Astrann
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Daphnée Astrann


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MessageSujet: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeLun 1 Fév 2010 - 14:22

Comme si le Clair-Obscur était placé sous le signe de la pluie et des ténèbres, le jour où Daphnée voulu se rendre à l’Hôtel des arts était un jour de pluie.
Le fantôme s’était fait très discret ces derniers jours, et ne l’accompagnait plus que rarement lorsqu’elle dansait, comme si ces semaines de mauvais temps l’avaient épuisé. La jeune fille, au contraire, avait été revigorée par cette proposition si particulière, cet hommage si voilé et pourtant si clair à ses talents de danseuse. C’était la toute première fois qu’on la reconnaissait réellement en dehors du cercle restreint de ses connaissances. L’ « adieu » de cet homme avait sonné pour elle comme un « bienvenu ». Elle conservait la moindre intonation de ses paroles comme on le fait pour l’être aimé ; car c’était bien là son tout premier amour… de la danse. Enfin, elle donnait à son art la dimension qu’il méritait. Enfin, elle avait une vraie raison de danser. Au-delà de sa passion, elle avait un but.
Bien sûr, cette noblesse était nuancée par des valeurs plus triviales : l’argent.
Il lui en fallait. Elle ne pouvait se reposer sur le modeste héritage laissé par ses parents, quand bien même celui-ci avait été plus conséquent qu’elle n’espérait. Récemment, elle avait du renoncer à l’achat d’une robe de brocart. Daphnée supportait mal d’avoir à se priver, n’étant pas, par ailleurs, d’un naturel dépensier.
La servante partie chercher une cape frappa à la porte et entra. Elle tenait un vêtement de velours pourpre que Daphnée s’empressa de jeter sur ses épaules.
« Qu’en est-il du dîner, Mademoiselle ? » demanda la servante avant que sa maîtresse ne passe la porte.
« Je ne sais pas… Mais ne m’attendez pas, » répondit celle-ci avant de s’enfuir vers le quartier des Passiflores.

A peine avait-elle traversées trois rues que l’orage qui grondait éclata dans un éclair qui déchira le ciel et fit tomber des trombes d’eau sur Diantra. Daphnée accéléra, se faufilant souplement à travers la foule qui courrait s’abriter. Quelques hommes et parfois des femmes relevèrent la tête à son passage, l’œil sans doute attiré par les mèches claires qui s’échappaient de la capuche de son vêtement, ou par sa démarche rapide et sautillante. Un petit enfant qui courait tout seul la percuta de plein fouet, s’empêtra dans ses jupes et se mit à pleurer. La danseuse l’aida à sortir, s’agenouilla et essuya ses larmes. Elle le tint longuement serré contre elle, puis les sanglots s’apaisèrent et elle le laissa partir, presque à contrecœur. Mais, se souvenant du terme initial de sa sortie, elle chassa le petit de sa mémoire et reprit sa marche vers l’Hôtel des arts.
Plus elle avançait, et plus le paysage se dégradait et les rues se rétrécissaient. Si elle n’avait pas aussi bien connu Diantra, elle aurait commencé à avoir peur. Mais Daphnée savait où passer pour ne pas se faire arrêter par des hommes armés et aux intentions trop souvent douteuses. Et tout en marchant, elle se demandait pourquoi le Clair-Obscur avait fourré son repaire si loin dans les bas-fonds la ville. Il devait y avoir une explication, mais elle restait peu claire aux yeux de la jeune fille.
Enfin elle entra dans le quartier convoité, marqué par les passiflores gravées sur les murs de manière disparate. Le ciel était de plus en plus sombre et les grondements furieux du tonnerre se faisaient oppressants. Malgré elle, les battements de son cœur s’accélérèrent, rapidement imités par la cadence de ses pas. Elle courait presque à présent, traversant les rues toutes semblables presque à l’aveuglette. Ses yeux fuyants les murs écrasants effleurèrent un vague symbole de lune sur un bâtiment aussi banal que les autres. Elle n’y fit pas attention d’abord, continuant sa course devenue folle, puis s’arrêta brutalement dans un éclair de lucidité, et fit demi-tour. Arrivée devant la porte de bois, elle resta interloquée du peu d’opulence affiché par cette corporation qui proposait pourtant des rémunérations très conséquentes. Un instant, Daphnée regretta d’être jamais venue ici. Puis le fantôme, réapparu à ses côté, lui donna le courage de frapper.
Personne ne vint lui répondre. Elle y vit d’abord un signe l’encourageant effectivement à repartir, mais le fantôme l’entraîna à pousser la porte, qui s’ouvrit sans résistance. Prenant une calme inspiration malgré les battements quelque peu désordonnés dans sa poitrine, elle s’avança dans les ténèbres de la pièce.

Tout comme l’extérieur, cette première pièce était étonnante de… banalité. Banalité qui tendait vers le délabré. L’endroit sentait l’humidité et la moisissure, avec son bois mouillé, ses moutons de poussière et ses toiles d’araignée. Le parquet craqua bruyamment sous les pas pourtant légers de la jeune danseuse. Elle essuya lentement l’eau qui ruisselait de ses cheveux sur son visage, tâchant de respirer paisiblement. Son ventre gargouilla et elle laissa échapper un ricanement nerveux, qui résonna à ses propres oreilles comme écho lugubre.
« Y’a quelqu’un ? » lança-t-elle.
Pas de réponse.
Elle soupira.
Devant elle se dressait une sorte de comptoir à moitié décrépit, et derrière, une porte. Daphnée y frappa, sans espérer autre chose que le silence, qui lui répondit effectivement. Elle tourna donc la poignée, et cette seconde porte s’ouvrit sans plus de résistance que la première… mais sur une pièce radicalement différente.
La jeune fille en resta le souffle coupé, sidérée. Un parfum capiteux lui parvint tout d’abord, puis les bougies s’allumèrent comme par magie, révélant une pièce féérique et toute d’objets chatoyants remplie. De lourdes tentures de velours pourpre, noir et bleu descendaient du plafond dans des drapés majestueux, dissimulant aux yeux indiscrets des objets de toutes tailles et toutes sortes, de l’or et des pierreries en bataille. Partout gisaient des poupées vêtues de magnifiques robes et aux coiffes improbables, des instruments de musique déglingués et à l’allure pourtant si précieuse, des horloges d’or et d’argents, d’immenses toiles aux cadres surchargés, des grimoires aux reliures coûteuses et mille autres objets que Daphnée ne put même pas identifier. Elle s’approcha d’une boîte à musique et en tourna la clé, contemplant avec émerveillement les chevaux d’ébène, de rubis et d’émeraudes, s’agiter sur le carrousel. Au mur, elle vit de lourdes tapisseries brodées représentant des scènes de spectacle, et elle comprit que cette seule pièce n’était qu’un magnifique aperçu.
Conquise et éblouie, elle s’assit sans s’en rendre compte sur un canapé qui se trouvait là, et continua, fascinée, à observer ce déluge infini d’enchantements.

[Désolée si j'ai trop forcé pour la description x)]
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Noémie Amaranth
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeMar 2 Fév 2010 - 10:18

Noémie chassa de son esprit les chiffres des recettes de ce mois. La guerre civile avait fortement ralenti l’expansion de la corporation, ce qui lui était extrêmement déplaisant. Les activités reprenaient doucement un rythme normal. Noémie avait fait revenir une bonne partie des biens de l’organisation, partis pour Ydril durant les combats. Maintenant que le quartier des Passiflores était redevenu sûr, le Clair-Obscur pouvait panser ses plaies et faire un inventaire précis de ce qui lui restait.

Fort heureusement, l’Obscur n’avait pas été inactif. Nombreuses ont été les armes testées durant ces derniers mois, et la nouvelle présence des morts-vivants de l’organisation changeait considérablement les rapports des forces. Noémie pouvait à présent frapper avec sauvagerie, n’importe où dans la ville, et surtout aléatoirement.

Tout ceci lui plaisait. Mais pour l’instant, elle n’avait pas le temps de s’occuper de ses mignons. Les ombres lui sussuraient des perspectives bien plus intéressantes que le simple chaos dans Diantra. Elle soupira, accoudée sur son bureau d’ébène.

“Tant de choses à faire...et si peu de temps....”


Le chaos et le désordre généré pendant la guerre l’avait amené à reconsidérer ses positions dans les autres baronnies. Il fallait s’étendre !

*Mais toujours dans la plus grande prudence...*


Noémie était loin d’être stupide. La progression des intérêts de la guilde devait être mesurée. Passant ses doigts gantés sur ses tempes pour détendre ses neurones fatigués, la magicienne considéra un instant le bureau dans lequel elle travaillait. La paperasse s’entassait. Brume était en mission, l’Artificier était tout sauf un gratte-papier, dame Jeena était bien trop occupée à regrouper ses unités, l’Illusionniste vaquait à d’autres tâches, ...

Elle écarta d’un revers de la main une pile de documents, qui s’écrasèrent sur le sol en bois lustré. Noémie voulait faire le vide, au moins cette soirée. Elle avait envie de s’amuser un peu.

Fermant à clefs son bureau, elle finit par se rendre compte que plus personne ne se trouvait dans l’Hôtel des Arts. Curieuse elle consulta une clepsydre. Il n’était pas plus de 18 heures. Tout le monde était occupé à l’extérieur de l’Hôtel des Arts. Nombres étaient ceux qui avaient du travail en dehors du quartier général.

Seule Noémie restait. Seule avec ses ombres, ses amies fidèles.

Passant pièces drappées, couloirs enténèbrés et antichambres superbement décorées, la jeune demi-elfe se retrouva bien rapidement dans le hall d’entrée. Apparaissant depuis les escaliers latéraux, dame Noémie Amaranth contempla l’immense salon chargé des immenses pièces de collection que ses ouailles n’avaient pas encore eu le temps d’entreposer.
Une présence alerta les sens de dame Amaranth. Quelqu’un à cette heure-ci ? Cela relevait du miracle. Personne ne s’aventurait dans le quartier des Passiflores à 18 heures passées sans une bonne raison, et encore plus si c’était un visiteur de l’Hôtel des Arts.

D’un geste, la dame attrapa dans ses bras une poupée de porcelaine nommée Amélia, une magnifique poupée revêtue de ses plus beaux atours et la serra dans ses bras. Qui que soit cet individu, les sens magiques de Noémie, ainsi que ses ombres trahissaient ses intentions. L’individu semblait être une femme d’une vingtaine d’années, immobile. Sûrement assise dans un fauteuil...

Dame Amaranth descendit doucement les escaliers drappés de velours violets aux liserés d’or. Elle portait alors une simple robe de couleur émeraude, maintenue par une ceinture noire, décolletée au niveau des épaules, aux manches longues. Les cheveux lachés, un maquillage discret, ses habituels talons verts sombres pour rester dans le ton de la robe, Noémie Amaranth pouvait facilement passer pour quelqu’un d’important au sein du Clair-Obscur. Mais ce n’était pas l’effet recherché.

Arrivée en bas, la jeune femme découvrit, derrière les tentures lourdes de soieries, l’intrue. Noémie sourit. Pour une fois que le hasard lui apportait une si belle créature...

Le tonnerre gronda à nouveau. Noémie sursauta. Elle détestait ça...Cela lui rappelait tant de mauvaises choses.

Fatiguée par la journée qui venait de se dérouler, Noémie décida de prendre un peu de bon temps en s’amusant avec cette intrue. Mais dans l’esprit complètement machiavélique de Noémie, s’amuser pouvait souvent prendre une tournure quelque peu inquiétante.

Discrètement, elle lança le sortilège du “pas léger”. S’approchant discrètement de la jeune fille qui ne l’avait pas vue, Noémie vint se planter directement dans le canapé, faisant du même coup une grosse frayeur à son “invitée”.

“Je peux savoir ce que vous faîtes à cette heure-ci !? Si dame Amaranth l’apprend, vous allez avoir de sacrés ennuis !!!”


Le Drâme, la meilleure des facéties de Noémie. Elle adorait jouer des rôles. Après tout, la vie réelle ne se résumait-elle pas à une série de masques que l’on endosse pour espérer passer à la scène suivante ?
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Daphnée Astrann
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeMar 2 Fév 2010 - 17:00

Une énorme pendule aux aiguilles ciselées terminées, avant la pointe, par un gros œil chatoyant et dont la pupille semblait bouger, était parvenue à fasciner l’esprit enfantin de Daphnée, qui l’observait avec un sourire enchanté. Elle vit par la même occasion qu’il était déjà 18h, et frissonna malgré son état de transe béate devant des objets aussi beaux à l’idée de rentrer seule dans la nuit. Elle n’avait dit à personne où elle se rendait, et encore moins à quelle heure elle rentrerait. Sa disparition mettrait du temps à se remarquer, surtout si…
Son poult recommençait déjà à s’affoler et son anxiété à grandir lorsqu’une ombre sortie de nulle part, imposante et verdâtre, apparue brusquement sur le canapé, ce qui fit proprement hurler et bondir Daphnée hors du siège, cherchant frénétiquement une sortie des yeux, parmi cet armadas de jouets en tous genres qui faisaient perdre la notion d’espace.
Puis l’ombre dans son dos – on ne lui avait pas appris qu’on ne se met jamais dos à un adversaire – se mit à parler d’une voix fluette, et, malgré son affolement, la danseuse se rendit bien vite compte que quelque chose n’allait pas entre cette voix et le portrait qu’elle se faisait d’un tueur musclé et masqué, prêt à se jeter sur elle, un couteau à la main. Non, décidément, ce ton contrarié et vaguement amusé ne convenait pas à un assassin barbare. Vraiment pas. Une constatation qui la motiva assez pour oser se retourner prudemment… et tomber nez-à-nez avec une jeune femme, visiblement bien plus âgée qu’elle, mais jeune tout de même, habillée d’une robe verte assez simple, mais stylée, et perchée sur des hauts talons du même ton.
Inutile de dire qu’elle en resta bouche bée.
Mais son naturel d’enfant revint au galop et les lèvres de la jeune fille se fendirent d’un timide sourire tandis qu’un soupir de soulagement lui échappait. Un coup de tonnerre ruina néanmoins ce moment d’apaisement et elle retrouva son air de lapin effaré. Elle ouvrit la bouche, puis la referma, puis la rouvrit, et cinq bonnes secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne dise quoi que ce soit.

« Je suis… »
Elle guetta le tonnerre avec anxiété, puis, voyant qu’il ne venait pas, continua.
« Je suis vraiment… »
Un grondement céleste étouffa ses paroles.
« On m’a dit de venir à l’Hôtel des Arts, et qu’on m’y attendrait, » termina-t-elle enfin.

Son propre argument résonna à ses oreilles comme quelque peu dérisoire, mais elle se contenta de répéter ce qu’on lui avait effectivement dit, ouvrant de grands yeux verts et roses de biche effarouchée. Les gouttes d’eau qui ruisselaient néanmoins encore sur son visage l’obligèrent à les refermer et elle les essuya d’un revers de main.
A la lumière d’un éclair, la silhouette du fantôme apparue, déclenchant chez Daphnée une vive surprise, mais disparue avec la fin de celui-ci. Pendant un instant, on n’entendit plus que les tic tac désordonnés des nombreuses horloges.

« Je ne sais pas qui est Dame Amaranth, mais je ne voulais pas l’offenser » murmura-t-elle, contrite comme l’enfant que l’on vient de prendre en faute.


Dernière édition par Daphnée Astrann le Mar 2 Fév 2010 - 19:52, édité 2 fois
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Noémie Amaranth
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeMar 2 Fév 2010 - 19:32

Noémie appréciait ce genre de réaction...tellement prévisible. Faire sursauter les gens, c’était tellement magnifique, surtout pendant une pleine nuit d’orage. Cela cachait sa peur de ce dernier avec brio. Quite à combattre un monstre, autant être plus monstrueux que lui. L’autre réaction de son invité flatta énormément l’ego de Noémie. Elle ne s’attendait vraiment pas à attirer les regards d’une jeune femme aussi charmante.

Croisant les jambes et déposant la poupée Amélia sur ses genoux, elle attendit que la charmante intruse se confonde en excuses. C’était si attendrissant, même pour le bloc de granit qu’était le coeur de Dame Amaranth. Pour un peu, elle l’aurait prise dans ses bras et l’aurait attifé comme la pauvre poupée de porcelaine qui trônait maintenant entre les deux femmes. Ce qu’elle pouvait faire cela va de soi, vu que la jeune fille était dans son domaine.

Le tonnerre éclata à nouveau, faisant sursauter Noémie. Elle se rendit compte que son invitée était du même acabit, ce qui n’était pas une mauvaise chose. On se comprend tout de suite mieux quand on a les mêmes peurs.

“Venir à l’Hôtel des Arts !? A cette heure-ci !? Mais vous êtes folle mademoiselle. Dame Amaranth va être furieuse. Personne ne doit entrer ici la nuit. Nous sommes en rénovation !”


Elle soutint le regard de la jeune fille. Son regard était étincelant. Noémie fondit instantanément pour ce regard merveilleux, mais sut garder sa contenance et la mesure de son rôle. Après tout, elle voulait s’amuser avec cette petite intruse de rien du tout avant de passer aux affaires qui les attendaient toutes les deux. Chance avait finalement un certain talent pour trouver de jolies filles. Restait à savoir si elle était faite pour le métier, mais ça, Noémie avait laissé Chance seul juge. Elle lui faisait confiance pour ça. Et puis Chance avait toujours eu un certain goût pour les femmes. Il avait l’oeil.

Chance était chargé, au même titre que l’Illusionniste et que la Sulfureuse, de repérer les gens particuliers qui pouvaient servir au Clair-Obscur, et à l’Obscur dans une moindre mesure. L’Illusionniste restait néanmoins son Arlequin préféré. Un corps débile, mais une volonté à toute épreuve, avec un grain de folie ! Elle adorait le vieil elfe poilu.

Noémie sortit de sa rêverie et répondit à la nouvelle venue.

“Vous ne savez pas qui est Dame Amaranth !? Mais c’est la maîtresse des lieux. C’est une femme charmante, mais très dure ! C’est elle dirige le Clair-Obscur. Si vous n’avez pas rendez-vous quand elle reviendra, elle vous flanquera à la porte et croyez-moi, il ne vaut mieux pas !”


Noémie se leva. Elle jouait son rôle comme si la fameuse Dame Amaranth était un monstre d’ignominie. Ce qui n’était pas faux en un sens...tout dépendait du côté duquel on se plaçait. Elle considéra un moment la jeune fille toute trempée par la pluie. Non ça n’allait pas ! Elle ne pouvait se présenter à “Dame Amaranth” dans une tenue trempée. Un peu de décence tout de même. La sorcière tendit la main à la nouvelle venue et soupira.

“Bon...je suppose que vous ne saviez pas. Venez vous sécher convenablement, je vais vous préparer de quoi vous réchauffer. Au fait, je m’appelle Sophie, Sophie Camélia. Venez, je vais vous trouver un coin plus chaud.”


Noémie amena la jeune fille près d’une cheminée allumée. Le bois brûlant à l’intérieur de l’âtre embaumait le coin de la pièce d’un parfum entêtant. Le hall étant immense, il était facile de transformer ce petit coin chauffé en salon privé. Sophie Camélia libéra les tentures de leurs attaches en or finement ouvragé et créa un espace serein afin de rechauffer la pauvre danseuse trempée.

“Je vais vous apporter des vêtements secs et de quoi grignoter un peu. Ne faites pas de bétises ! Au fait, comment vous appelez-vous ?”


La gentille servante attendit la réponse puis retourna dans les étages afin de préparer un thé digne de ce nom et de trouver quelques pièces de vêtements pour son invité, laissant la pauvre Daphnée au milieu d’un décor fait d’un luxe chargé et de poupées en porcelaine, trônant sur des commodes en bois rare, près de la cheminée dégageant son parfum entêtant.
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Daphnée Astrann
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeMar 2 Fév 2010 - 22:45

De nouveau, Daphnée s’était prise d’affection pour un objet merveilleux : la petite poupée que la jeune femme tenait posée sur ses genoux. Son teint de lait lui donnait cette impression de fragilité si attendrissante, et contrastait avec ses lèvres si savamment peintes en rouge cerise. De lourdes anglaises brunes tombaient sur ses petites épaules recouvertes des tissus précieux et pesants d’une robe déclinant tous les tons, du marron au crème. Ses tout petits pieds de poupée étaient chaussés de bottines à lacets que fixaient ses grands yeux bruns ourlés d’épais cils noirs.
La jeune fille luttait contre l’envie de la prendre dans ses bras et de caresser du doigt ses cheveux soyeux. Elle était tellement absorbée par le jouet que les paroles de son interlocutrice lui échappèrent, et n’en comprit que la fin, à propos d’une rénovation. Elle failli ouvrir la bouche pour faire remarquer que le hall poussiéreux paraissait effectivement prêt à être réhabilité, mais se retint à temps – heureusement, car la femme, quoique d’apparence gentille, était entourée d’une aura un peu inquiétante, qui laissait présager qu’elle ne l’aurait pas bien pris. Au lieu de ça, elle la fixa de ses yeux de biche innocente et sourit timidement. Puis, comme on mettait du temps à lui répondre, elle se replongea dans la contemplation de la pièce.

Derrière quelques gros objets non-identifiables se dressait un tableau gigantesque, aux couleurs ternies par les ans mais qui ne perdait pourtant rien de sa splendeur – ce qui caractérise bien les grands tableaux. Une magnifique jeune femme y était représentée, vêtue de manière indécente uniquement de pierreries miroitantes, qui laissaient sa poitrine dénudée et cachait à peine le haut de ses cuisses. Elle se tenait dans cet accoutrement suggestif au milieu d’une salle emplie de spectateurs et devant le trône imposant d’un vieux roi – il portait effectivement une couronne et arborait une longue barbe blanche.
Autour de la sulfureuse danseuse – car c’était clairement une danseuse – s’agitaient de très jeunes musiciennes, souriantes et joyeuses, comme enivrées par le parfum de fête et par la proximité du roi. Derrière, comme éclairé d’un halo, un jeune esclave se détachait du reste de la foule, et l’on pouvait remarquer, en observant plus attentivement, que le regard de la bayadère était tourné vers lui.
Daphnée, happée de nouveau vers la réalité par la voix fluette de son interlocutrice, s’émue tout de même de l’histoire tragique racontée au travers de cette simple scène figée. Puis son attention fut bientôt prise par les paroles de la jeune femme qui l’avait accueillie.
Alors comme ça, Noémie Amaranth était la maîtresse du Clair-Obscur ? La description qu’on en faisait lui fit froid dans le dos. Elle pria intérieurement pour ne jamais la croiser. Une simple danseuse, tout en bas de l’échelle, pouvait bien espérer cela, non ?

« Je suis vraiment navrée… » répondit tout de même Daphnée d’un air coupable. « Je prendrais rendez-vous, la prochaine fois. ».

Mais la femme s’était déjà levée et la toisait maintenant d’un regard désapprobateur qui lui fit froid dans le dos, et soupira. Puis ses yeux se radoucirent brusquement et elle lui proposa de se sécher, ce que la danseuse n’aurait refusé pour rien au monde, tant elle commençait à être frigorifiée, en plus des frissons que lui provoquait la menace de l’orage au-dehors. Elle suivit Sophie en murmurant un remerciement quasiment inaudible, et ne put résister à l’envie de prendre la poupée avec elle. Elles slalomèrent un court instant entre les tentures de velours avant d’arriver devant une cheminée de marbre où brûlait déjà un feu rassurant. Il embaumait le parfum capiteux qu’elle avait senti en entrant dans la pièce. Sophie abaissa les draperies, de manière à créer une pièce à part, plus à même de contenir la chaleur. Daphnée posa la poupée sur l’un des sièges et approcha avec soulagement ses mains de l’âtre brûlant.
Souriant à sa compagne, elle réitéra ses remerciements, de manière plus audible et sourit avec reconnaissance.

« Je m’appelle Daphnée. Daphnée Astrann, » déclara-t-elle de sa voix douce. « Je suis danseuse. »

Quel bonheur de l'affirmer ainsi ! Il y avait longtemps qu'elle attendait de pouvoir le faire, et elle bénit le Clair-Obscur de lui en avoir donné l'occasion, quand bien même était-il dirigé par une psychopathe.

Cela faisait déjà plusieurs fois qu’elle se demandait si Sophie savait déjà qui elle était depuis son arrivée. Elle avait cru déceler cette étincelle de connaissance dans ses yeux, mais elle avait pour habitude de ne jamais faire de conclusion hâtive. En revanche, les yeux ne trompaient pas sur les peurs, et elle s’était amusée intérieurement de savoir que la jeune femme non plus n’aimait pas l’orage. Pourtant, ce sont toujours les jours ensoleillés qui se terminent le plus mal… Tout du moins, cela l’avait été pour elle. Mais elle chassa ces sombres pensées, et vit disparaître sa compagne en haut des escaliers, la laissant un moment seule, entourée de poupées de porcelaines et de toutes tailles et de tous vêtements.
Elle avait toujours aimé les poupées, au même titre que les enfants – à la différence que les poupées ne parlaient pas –, mais dans cette atmosphère lourde, rehaussée par les tentures sombres et le parfum entêtant, les aléas des flammes leur donnaient un éclat lugubre et inquiétant. Elle attrapa la poupée de la femme et la posa sur ses genoux, pour se rassurer. Le fantôme réapparu un court instant à ses côtés, et sa simple présence la calma instantanément.

« Elle est gentille, tu ne trouves pas ? » souffla-t-elle à son attention.
Comme toujours, un silence qu’elle seule décryptait lui répondit.
« Ah bon, » lâcha-t-elle, finalement. Puis elle murmura, comme pour elle-même, en caressant les cheveux de la poupée, « J’aimerai bien la garder, cette poupée… »

Le spectre s’évapora et Sophie reparut au haut des escaliers.
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeMer 3 Fév 2010 - 19:20

Sophie Camélia redescendit des escaliers, portant dans ses bras gantés de soie un plateau d’argent. Elle arriva au niveau de Daphnée et posa son bien sur une petite table en bois laqué. Une théière fumante était disposée dessus, ainsi que deux petites tasses en porcelaine.

La fausse servante prit la peine de verser une pleine tasse à son invitée surprise. Le liquide fumant était d’une couleur ambrée et particulièrement délicieux. Noémie prit la peine de munir le dessous de tasse d’une fine serviette brodée de fils d’or, pour éviter que Daphnée ne se brûle.

“Tenez, lui dit-elle, ça vous réchauffera.”

Elle regarda Daphnée prendre son thé puis se dirigea vers la magnifique armoire à glace qui se trouvait derrière les tentures. Elle ouvrit grand les battants de bois lustré et farfouilla à l’intérieur. Cette opération ne mit pas longtemps, Noémie sachant déjà où trouver l’objet de sa convoitise.

“Je crois que je vous ai trouvé quelque chose qui vous ira à merveille mademoiselle Daphnée, annonça-t-elle d’un air triomphal.”

De ses mains agiles, la sorcière sortit du meuble une magnifique robe décoletée d’un rouge grenat saisissant, ornée de dentelles et de soieries. Le tissu semblait aussi léger que la soie et s’accordait parfaitement avec les tendances mondaines de cette saison. Noémie déposa la robe sur le canapé sans dire un mot puis trouva dans un coffre une belle paire de talons grenat qu’elle vint déposer sur la robe.

“Enlevez vos vêtements et changez-vous ! Si Dame Amaranth arrive, il vaut mieux pour vous d’être vêtue d’une toilette impeccable et non de fripes mouillées !”

Noémie s’assit sur un fauteuil moelleux qui se trouvait près de l’âtre.

“Au fait, qui vous a dit de venir ici ? Messire Chance ? Normalement les visiteurs ne sont pas admis à cette heure-ci !”

La jeune femme prit à son tour une tasse de thé et but à petites gorgées. Le registre des contrats se trouvait à l'étage. Si Daphnée se révèlait prometteuse, ce dont elle ne doutait pas, elle le descendrait pour la faire signer. Mais cet acte risquait de mettre à bas le voile de mystère qui se cachait derrière Dame Amaranth. Que faire ? Tout lui révéler tout de suite ou patienter encore un peu. Il devait sûrement y avoir un moyen de préserver son anonymat.
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Daphnée Astrann
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeSam 6 Fév 2010 - 17:38

La jeune fille l’observa descendre, dans son vêtements d’émeraude, avec émerveillement. Certes la danse lui avait donné, à elle, ce pas léger, bondissant, et une grâce certaine, mais jamais cette présence presque royale, ce port altier et cette superbe, si surprenant chez une servante. Elle, était trop réservée, trop renfermée sur elle-même pour oser dresser fièrement son joli menton. Il n’y avait que lorsqu’elle dansait, lorsqu’elle devenait seule maîtresse de l’attention par son talent, qu’elle était merveilleuse. Jamais en dehors de ce contexte bien précis. C’est pour cela que le moindre être majestueux la fascinait, comme Lilianna l’avait fait avant Sophie.
La jeune femme descendait avec un plateau d’argent alourdi d’une théière bleue et de deux tasses, en lui souriant gentiment. Arrivée à son niveau, elle posa délicatement son fardeau sur une table basse de bois brillant. Puis elle versa un liquide doré et fumant dans les deux tasses, lui en tendit une.
Daphnée contempla un moment les reflets fugitifs des flammes sur la surface du thé, avant de souffler doucement dessus et boire une gorgée avec suspicion – ne buvant en général, avouons-le, que très peu de thé. Elle ne put s’empêcher d’ouvrir des yeux surpris devant ce goût fruité et quelque peu amer, qui restait dans la bouche alors même qu’on avait avalé le liquide. A la deuxième gorgée, voulant savourer un peu plus ce goût excentrique, elle se brûla la langue et reposa la tasse d’un air dépité.

Sophie, repartie presque aussi vite qu’elle était venue, s’agitait maintenant devant un objet non accessible à la vue de la jeune fille, et paraissait absorbée par quelque recherche inconnue. Elle n’y resta pas penchée longtemps, néanmoins, et redressa en annonçant qu’elle avait trouvé quelque chose d’un ton pour le moins triomphal. La curiosité de Daphnée en fut donc immédiatement piquée et elle plissa les yeux pour tenter de discerner ce que la femme extirpait de son placard, sans parvenir à distinguer autre chose qu’une grande masse rouge. Elle s’approcha de la danseuse et lui exhiba son trésor.
Bien qu’habituée aux merveilles depuis son arrivée à l’Hôtel des Arts, Daphnée ne parvint pas à retenir un « oh ! » béat. La poupée qu’elle tenait toujours lui tomba des mains, et glissa à ses pieds. Elle se dirigea comme un somnambule vers le canapé où on l’avait posée et caressa d’un doigt l’étoffe précieuse, rouge sombre et profond. Les drapés étaient étudiés avec soin, de même que la dentelle, qui paraissait du fil d’araignée, était d’une rare beauté. A côté, Sophie posa de hauts talons du même ton, et partie s’asseoir.

« Elle est magnifique… » murmura Daphnée à son intention. « Vraiment superbe ».

Elle put presque palper la satisfaction de Sophie derrière elle, qui lui enjoint immédiatement d’ôter ses vêtements mouillés et d’enfiler la merveille, puis enchaîner directement sur un autre sujet. La danseuse, quant à elle, s’était figée sur place, et réfléchissait fébrilement. Elle se doutait vaguement que refuser d’obéir à Sophie, quelque soit son rang, ne devait pas, mais alors pas du tout, lui plaire. Mais elle ne se voyait pas lui révéler ainsi sa nudité, sans aucune pudeur. Toute les danseuses n’étaient pas comme celle du tableau, et Daphnée spécialement, tant qu’elle ne dansait pas, était souvent écrasée par sa timidité. Elle se tourna vers Sophie d’un air désespéré, ignorant sa seconde remarque, qu’à vrai dire elle n’avait même pas entendue. Comme quelques minutes plus tôt, elle ouvrit la bouche, puis la referma, puis la rouvrit, sans que rien ne parvienne à sortir. Elle chercha le fantôme mais, évidemment, ne le trouva nulle part. Serrant la précieuse robe contre elle, comme angoissée à l’idée qu’on la lui retire, elle couina une phrase incompréhensible et, se doutant que Sophie n’aurait pas compris, prit une grande inspiration pour répéter.

« Je… Je… Enfin, est-ce… Y aurait-il… Euh… Enfin… (elle soupira avec désolation.) Je suis obligée de me changer ici ? » demanda-t-elle, les yeux plein d’espoir à l’idée d’un autre recoin caché.

Elle rougit elle-même de sa requête implicite, honteuse de sa propre pudeur, mais les larmes qui montaient à ses yeux trahissaient son grand trouble à l’idée de se changer devant quelqu’un d’autre. Elle se retint néanmoins de pleurer, et serra plus fort le vêtement contre elle, au risque de le froisser.
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeSam 6 Fév 2010 - 20:22

Sophie contempla la jeune femme au regard émerveillé devant la beauté de la robe couleur grenat. La poupée de Daphnée était tombée sur le sol tellement la jeune femme semblait charmée par le somptueux vêtement. Sophie ramassa Amélia et la posa sur la table-basse, près du plateau de thé. Elle ne risquait pas de tomber ainsi posée.

Noémie portait une grande attention à ces poupées. Chacune représentait à elle seule une partie de sa vie. En grande amatrice, la dame avait toujours apprécié le charme discret mais réconfortant de ces petits êtres en porcelaine ou en bois que les plus habiles orfèvres peignaient et habillaient avec une ferveur qui faisait fondre son coeur de glace.

Son doigt vint effleurer l’une des anglaises de la petite Amélia tandis que, pensive, elle regardait la danseuse se raidir.

Daphnée bredouilla. Elle ne semblait être habituée à tant de luxe. Noémie sourit. Au Clair-Obscur, on ne laissait pas les belles plantes se faner, surtout quand celles-ci ont le doux parfum de la rose. Il faut en prendre soin. C’était donc un présent que Sophie faisait à Daphnée.

Elle vit son regard virevolter dans toutes les directions durant l’espace d’une seconde. Cherchait-elle quelqu’un ? Possible, mais la sorcière ne ressentait aucune présence à part la sienne et celle de l’infortunée invitée. Il n’y avait donc pas de méfiance à avoir. Dans l’Hôtel des Arts, elle règnait en maître incontestée.

Mégalomane, elle ?! Non, jamais ! Peut être un peu égocentrique...

Sophie se releva lentement et écouta la jeune fille bredouiller quelques mots. Ainsi, elle souhaitait se changer ailleurs ! Sophie perçut le coupable rougissement de son invitée avec ce qui semblait être le goût salé et amer des larmes de la pudeur. Quel horrible barrière que celle de la pudeur ! Le corps de l’être humain est une oeuvre-d’art à lui seul. Nu, il est magnifique. Habillé, il est parfait. A quoi bon se cacher derrière les voiles lourds de la pudeur ? Les bonnes soeurs font très bien ce genre de choses, et pourtant, Noémie a déjà surpris le regard coupable des soeurs de Notre Dame de Deina se poser sur les courbes délicieuses du nouvel officiant du culte.

Et, par un sordide jeu du destin, il s’avérait que Sophie ne voulait pas louper l’émergence d’une oeuvre-d’art. Et puis, même si Chance avait l’oeil avisé, elle se devait d’inspecter cette nouvelle recrue sous toutes les coutures. Noémie avait déjà vu de sublimes danseuses enlaidies par une cicatrice béante au niveau de l’abdomen et du dos, marques laissées par des brigands, maudits soient-ils !

Sophie s’approcha de son invitée crispée sur sa robe. Un peu plus et elle allait froisser le tissu, ce qui n’était pas acceptable. Elle prit ses mains dans les siennes et doucement, lui fit relacher la pression qu’elle imprimait sur le tissu.

“Vous allez le froisser si vous continuez à le serrer comme ça. Allez, tournez-vous, je vais vous aider. De toute façon, il n’y a pas de pièces plus chaudes dans tout le bâtiment. A moins que vous ne vouliez finir en glaçon.”


Sophie lui prit la robe et la déposa sur le fauteuil occupé par Daphnée quelques instants plus tot. D’un pas souple et agile, elle se plaça dans le dos de son invitée et plaça sa main au niveau de ses reins, puis remonta doucement le long de sa colonne vertébrale afin de trouver la fermeture de la robe trempée de la danseuse. Ce faisant, Noémie murmura les quelques syllabes qui lui permirent de créer une légère euphorie chez Daphnée, afin que celle-ci se laisse aller. Le sortilège se diffusa dans les méandres du corps de la danseuse, qui n’offrit pas de grande résistance.

Tel le vampire des légendes, Noémie tenait sa proie entre ses mains de velours. La dame trouva finalement la fermeture de la robe de Daphnée. Ses doigts firent descendre la fermeture vers le bas de son dos, découvrant le corps sublime de la danseuse.

“Cessez cette pudeur ridicule, elle ne vous sied pas mademoiselle Astrann.”


Le ton de Sophie trahissait une attitude impérieuse que les servantes n’ont pas d’ordinaire. Elle murmura à nouveau les syllabes d’un sortilège pour créer à nouveau dans le corps de Daphnée une sensation délicieuse de bien être.
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeLun 8 Fév 2010 - 22:27

Les larmes roulaient maintenant sur ses joues rougies de pudeur et d’angoisse. Daphnée fixa son hôtesse de ses yeux innocents de pucelle. Son trouble était si grand que ses mains tremblaient lorsque celles de Sophie s’y posèrent. La jeune fille retint un brusque mouvement de recul, tâchant de dompter ses réflexes de fillette peureuse, et desserra, sous l’influence délicate de sa compagne, la pression qui froissait le précieux tissu.
Elle acquiesça comme un automate à sa remarque, et se tourna docilement, laissant les flots inutiles couler de ses yeux. Elle baissa la tête, masquant avec cette même chasteté son visage profondément de la sensation oppressante d’être abusée. Loth remonta brusquement à son souvenir, et avec lui la pensée qu’elle avait eue un jour de printemps, s’étant promis qu’elle lui offrirait un jour sa nudité, à lui et à lui seul. Aujourd’hui elle subissait avec détresse qu’on lui arrache ce privilège et ne pouvait que pleurer sur son droit volé. Femme libre qu’elle était, elle avait eu le choix, mais aujourd’hui elle devenait œuvre d’art, petit objet parfait à qui l’on ôte toute volonté propre.

Un glapissement lui échappa lorsqu’elle senti les mains de Sophie se poser sur ses hanches et remonter vers son dos. Ses doigts tâtonnèrent furtivement pour trouver le moyen de l’ouvrir et Daphnée n’eut que le temps de se raidir avant qu’une étrange lourdeur s’empare de ses veines.
Sa peine se fit plus légère, plus lointaine, jusqu’à devenir insignifiante. Son cœur serré se libéra et ralenti sa cadence anciennement angoissée. Sophie la tenait entre ses griffes sans que Daphnée ne puisse rien faire pour se défendre, tant elle avait perdu tout sens de la réalité. Ce bien-être étrange lui pesait sur les épaules mais la robe humide qui glissait maintenant sur sa peau si particulière, à la fois blanche et ambrée, fit s’envoler cette sensation bizarre.
Ses courbes exposées, grâce au sortilège jeté, ne lui faisaient pas plus d’effet que de voir ses cheveux lâchés. Elle s’étira comme un chat, sentant se réveiller en elle son assurance de danseuse, et allongeant par ce même geste son corps musclé et quasiment imberbe, sa poitrine ferme et ses hanches souples. Ses pieds se tendirent et elle esquissa trois pas avant de tourbillonner en riant.
Puis elle se posa devant Sophie et tendit les bras horizontalement de chaque côté de son corps.

« La robe ? » murmura-t-elle avec un sourire bien heureux. « Il faut que je l’enfile maintenant… »

[Uuuuh, désolée, suis trop fatiguée =.=]
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeMer 10 Fév 2010 - 16:55

Noémie savourait chaque instant de l’apparition de l’oeuvre-d’art qu’était Daphnée Astrann. Rien ne lui plaisait plus que de dérober les derniers restes de pudeurs de Daphnée pour finalement faire d’elle la plus parfaite des sculptures de chair, d’os et de douceur. La sorcière fit lentement glisser la robe des fines épaules de la danseuse, découvrant son buste aux formes gracieuses, une poitrine accueillante et des hanches divines. Le sortilège faisait son effet. Noémie sentit la jeune femme se détendre sous l’action de sa magie. La sorcière passa sa main sur le dos clair de Daphnée, désirant effleurer l’espace d’un instant cette oeuvre éphémère qu’est le corps humain, juste avant son envol.

La jeune femme finit par être totalement nue, ou plutot, en sous-vêtements, ce qui n’était déjà pas si mal, vu que ces derniers n’étaient pas mouillés. Elle fit trois pas en avant et tourna sur elle même. Noémie contempla le spectacle d’un air ravi. Son pas était sûr et ses gestes harmonieux. Elle n’avait pas besoin d’en voir plus pour engager cette petite danseuse pudique. Restait maintenant à vêtir ce corps sublime.

“Bien sûr. Je vais vous aider. Nul besoin d’attraper un mauvais coup de froid...”


Noémie attrapa la robe écarlate et la tendit à Daphnée. La jeune femme l’enfila sans aucun problème. Le vêtement lui allait à ravir. La sorcière en profita pour utiliser à nouveau la magie, afin que le vêtement moule de façon agréable les courbes de la danseuse.

S’écartant pour contempler le résultat, Noémie finit par se décider à tendre à Daphnée une paire de collants noirs et la paire d’escarpins rouges à boucles.

“Tenez...enfilez ça. Ca vous évitera d’avoir froid aux jambes. Désolé pour les talons, je n’ai pu trouver que ça. Ca ne vous gènera pas ?”


(un peu court désolé ^^")
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeSam 13 Fév 2010 - 22:51

Le sortilège, bien qu’elle-même n’en ait plus aucune conscience, faisait à Daphnée un effet fou. Toute l’angoisse se détachait lentement de son être comme de la poussière s’envolant sous une brise printanière. Tout son corps lui paraissait maintenant plus léger, et l’assurance naturelle qui lui venait en dansant remontait en elle comme une myriade de papillons. L’envie de l’exprimer devint tellement forte qu’elle ne put retenir ces trois pas, à peine esquissés sur le sol mais déjà si révélateur de son talent. Une phrase que Loth lui répétait sans cesse s’imposa en sa mémoire : « La danse est avant tout un don ; mais ce sont la danse et la danseuse réunies qui forment le chef-d’œuvre ». Il la lui répétait tous les jours, sans exception, à chaque fois qu’elle tentait ne serait qu’un pas, tâchant de lui inculquer la valeur de chaque mouvement. Au fond, Daphnée avait toujours été un peu orgueilleuse. Elle avait toujours su posséder ce don inné. Il avait fallu beaucoup de temps avant qu’elle comprenne enfin que ça n’était pas tout.
Une main passée sur son dos laissa dans son sillage des picotements étincelants, comme une légère brulure. Le toucher même du peu de tissu humide qui subsistait encore sur son corps lui devenait presque insupportable, tant elle commençait à entrevoir qu’une œuvre ne peut être qu’en se dévoilant totalement. Mais même un sortilège n’annihile pas une frayeur aussi puissante, et une dernière barrière résistait encore à l’appel de cet accomplissement final.

Sophie lui tendit la robe écarlate, prise de la chaise sur laquelle Daphnée se tenait quelques minutes auparavant – des minutes qui lui parurent être des jours entiers tant elles semblaient lointaines. La danseuse effleura encore une fois le tissu précieux avec un émerveillement désormais non-obstrué par des angoisses inutiles. Elle posa le corsage sur ses seins nus, simplement pour admirer l’effet qu’aurait sans doute le vêtement une fois enfilé et, satisfaite, le passa sans difficulté mais avec précaution. Sans doute était-ce un effet de son narcissisme, mais la robe parut lui aller merveilleusement bien. Mais l’air pleinement admiratif de Sophie la conforta dans son impression. Elle fit un tour joyeux sur elle-même, agitant les pans sanglants autour d’elle.
Ca paraissait si différent des robes légères qu’elle portait habituellement !
Elle sourit rêveusement, regrettant l’absence d’un miroir. Elle aurait pu contempler ses cheveux blonds encore mouillés qui tombaient en cascade désordonnée et emmêlée sur ses épaules et son dos et tranchaient avec la teinte bordeaux du vêtement.

Sa compagne lui tendit des bas noirs et posa près d’elle des escarpins aux talons vertigineux. Daphnée les contempla quelques minutes, comme indécise quant à l’attitude à adopter devant ses deux ornements nouveaux, puis attrapa un bas du bout des doigts. Elle le roula jusqu’à la pointe et y emprisonna ses orteils, puis sa cheville, jusqu’au haut de sa cuisse. Il rendait sa jambe brillante et soyeuse.
Elle fit de même pour l’autre jambe et glissa avec hésitation ses pieds dans les escarpins. Ils paraissaient parfaitement à sa taille, par un tour de magie digne de Cendrillon, mais elle cru atteindre le plafond tant elle se trouvait brusquement grande. Elle pouvait maintenant regarder Sophie dans les yeux. Cette hauteur nouvelle la fit tituber alors même qu’elle tentait d’avancer.

« Hmmff… Disons que je n’en ai pas l’habitude… » souffla-t-elle avec hésitation, tâchant de retrouver sa stabilité.

Elle s’accrocha au bras de Sophie – ou plutôt s’agrippa désespérément à elle – et sourit en parvenant enfin à trouver son équilibre. Puis, reprenant contenance, elle se redressa, remarquant à cette occasion qu’elle dépassait sa compagne de quelques centimètres, et s’éclaircit la gorge.

« Vous comptiez m’emmener quelque part loin d’ici ? »
demanda-t-elle innocemment. « Parce que je ne pense pas pouvoir marche très longtemps avec ceci… ». Et elle sourit, indulgente envers elle-même.
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeDim 14 Fév 2010 - 20:01

“Et bien, il va falloir vous y habituer. Si vous voulez être prise au sérieux par Dame Amaranth et mes supérieurs, il vous faut être une véritable lady. Pas la peine de faire la moue. Et puis, ces vêtements vous vont à ravir.”

Noémie sentit le poids de la jeune femme lui alourdir le bras. Elle tentait de tenir debout sur ses talons. Le femme à la robe émeraude soutint la pauvre danseuse. Pauvre était un bien grand mot puisqu’à présent, elle ressemblait plus à une noble qu’à une paysanne. Son ton innocent et ses manières délicates agaçaient particulièrement Noémie, mais la magicienne, confinée dans son rôle de servante, ne pouvait que supporter ces gérémiades incessantes.

Les deux jeunes femmes attendirent que l’orage se calme en finissant le thé. Noémie se devait de trouver une nouvelle scène pour son Drâme. Après tout, c’était bien beau de faire d’une paysanne une lady, mais il fallait l’avoir fait pour autre chose que la beauté de l’oeuvre et du geste.


“Je reviens.”


Déposant sa tasse de thé sur le bord du plateau, Noémie disparut derrière les épaisses tentures qui retenaient la chaleur du lieu. Il lui fallait un peu d’air et quelques objets bien particuliers, qu’elle gardait dans les salles du premier étage. La dame accéda rapidement à son bureau, d’un pas léger et discret. Le premier tiroir s’ouvrit avec aisance, laissant apparaître un épais grimoire à la couverture de cuir, renforcé par une tranche en métal travaillé par un habile artisan. Noémie le souleva et le déposa sur le bureau. Puis, elle utilisa la minuscule clef qui pendait à son poignet droit pour déverouiller le plus bas des tiroirs. La serrure cèda facilement, laissant entrevoir son contenu : une bandelette de tissu noir ornée d’un pendentif constitué d’un rubis à l’éclat éteint. La sorcière prit le trésor et referma avec délicatesse le tiroir.

Nantie de ses deux biens, la sorcière redescendit d’un étage, dans le hall du Clair-Obscur, où s’entassaient les oeuvres les plus extravagantes. Une armoire à glace libéra son contenu sous les assauts des mains de Noémie : une trousse à maquillage. Autant terminer l’oeuvre d’art.

Noémie revint dans l’alcôve chauffée et déposa son fardeau sur le sol revêtu d’une magnifique tapisserie représentant un lion royal dévorant la vermine drow. Noémie s’était toujours interrogée sur le bien fondé de cette tapisserie. Les Drows n’étaient finalement pas si différents d’elle. Ils avaient leur vision de l’art et du “bien”. Ils étaient juste incompris.

La dame finit par sortir de sa rêverie et reprit la conversation d’un air enjoué, capturant au passage les mains soyeuses de la danseuse.

“Mademoiselle Astrann, il ne nous manque que quelques ajustements et vous serez parfaite !”


Là-dessus, Noémie sortit le maquillage de la boite et appliqua une couche de rouge à lèvres sur la bouche de la danseuse ; puis, d’un geste habile et répété mille fois, elle appliqua un mascara discret sur les paupières et les cils de Daphnée. Les cheveux de Daphnée avaient fini de sècher. Fort heureusement pour Noémie, la petite danseuse, maintenant plus grande qu’elle, était parfaitement docile. Noémie profitait un maximum de son emprise sur la jeune femme.

“Vous êtes parfaite désormais, mais il manque encore quelque chose...”


Noémie attrapa le fameux collier et l’attacha autour du cou de Daphnée. Un collier qui aurait pu être tout ce qu’il y a de plus classique, si la sorcière ne l’avait pas enchanté. Lassée de la pudeur et de l’innocence craintive de son invitée, Noémie avait trouvé la solution la plus radicale pour se débarasser de ces inconvénients qui étaient totalement indignes pour l’oeuvre d’art qu’était Daphnée. Noémie avait envie de faire un peu plus qu’embellir ce corps magnifique. Elle désirait aussi apporter un petit plus au charme de la danseuse.

Le collier avait été maudit par la sorcière...enfin, si maudit était le mot juste. “Béni” était une expression qui convenait à Noémie, mais pas au clergé. L’effet était très simple : son pouvoir s’insinuait dans l’esprit de la victime et la forçait, à devenir plus sensuelle, plus charmeuse, aguichante, pulpeuse...bref, à transformer ce petit bout innocent qu’était Daphnée, en une sulfureuse danseuse.

Un cadeau de bienvenue dans le Clair-Obscur. Noémie se demandait comment son objet magique allait fonctionner sur Daphnée. En un sens, elle devenait une sorte de cobaye involontaire.


“Comment vous sentez-vous ?”


Noémie posa sa main gauche sur l’épais grimoire à la couverture de cuir. Ce livre servait de registre pour les adhésions au Clair-Obscur. La sorcière garda cependant sa main droite sur celle de Daphnée. Avant de lui proposer de rejoindre les rangs du Clair-Obscur, il fallait qu’elle sache si son objet magique fonctionnait. Qu’il fonctionne ou non importait peu.

L’art est fait d’essais, d’expériences.
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeVen 19 Fév 2010 - 15:41

Quel dommage vraiment, qu’il n’y ait eu aucune glace pure dans cette pièce aménagée par Sophie ! Car Daphnée restait pour l’instant totalement ignorante de sa beauté renversante et délicate. Cette robe écarlate, améliorée encore par la magie de sa compagne, ornait sa grâce naturelle de prestance et noblesse, tout en mettant en valeur l’ourlé rose de ses yeux. La fillette arrivée en petite robe blanche et simple s’était transformée grâce à une fée aux intentions encore mystérieuses en une véritable dame, haute sur ses talons et le menton relevé. La lueur de pure satisfaction qu’elle surprit néanmoins dans les yeux de Sophie lui appris qu’elle devait être belle et elle sourit avec innocence tandis qu’un léger rouge envahissait ses joues.
Encore peu habituée à la lourde soierie et aux escarpins, elle approcha avec précaution des deux fauteuils et de la table, puis s’assit délicatement. Sophie paraissait vouloir attendre que l’orage se termine, aussi prit-elle sa tasse et sirota son thé – elle commençait à s’habituer à ce goût étrange – sans oser pour autant dire un mot. Sa vis-à-vis paraissait elle-même perdue dans ses pensée, et Daphnée se plongea dans sa contemplation, les tentures ayant dérobées à ses yeux les milles et une merveilles de la pièce.

C’était une robe dont la matière lui était inconnue, mais brillante et douce comme de la soie en plus d’être précieuse. Elle enserrait sa taille dans un corset lacé de noir et brodé des différents tons de l’émeraude. La jupe plus bombée, éclairée de la lueur capricieuse des flammes, formait des plis et des reflets irréels qui donnaient encore plus de présence et de charisme à sa propriétaire. La manière dont elle tenait son thé révélait le haut rang du personnage et trahissait sa volonté première de cacher son identité – mais Daphnée n’y accordait aucune importance, tant elle avait été bonne et douce avec elle. Son visage était à moitié caché dans l’obscurité, ce qui renforçait son aura mystérieuse et vaguement menaçante. On apercevait presque l’ombre du loup, tapit derrière elle et prêt à bondir. Mais on pouvait voir aussi le maquillage discret, ce qui rappela à Daphnée qu’elle ne se maquillait jamais en dehors des fois où elle dansait – et encore, pas toujours. N’ayant jamais eu conscience du pouvoir de séduction qu’elle pouvait dégager malgré ses nombreux prétendants, elle n’avait jamais pris la peine de se mettre en valeur, ou l’inverse, pour éviter ou attirer le regard des hommes. Elle évoluait dans un monde tellement semblable à elle-même qu’il parvenait à transformer la réalité cruelle en une illusion innocente, et les regards lubriques devenaient des œillades amicales.

Soudain Sophie parut perdre patiente, ou manquer d’air, et elle se leva de son siège pour disparaître derrière les tentures de velours, arrachant Daphnée de ses rêveries. Celle-ci la suivit du regard, étonnée, et reposa sa tasse avec perplexité. Elle patienta sans bouger pendant quelques secondes, puis la curiosité l’emporta sur sa sagesse, et elle bondit pour farfouiller du côté où sa compagne était partie chercher la robe, quelques minutes plus tôt. Elle écarta les lourds drapés de velours, sans rien trouver d’abord, puis un éclair lumineux attira son attention, et elle découvrit l’armoire à glace.
Le spectateur extérieur aurait pu penser que c’était cette découverte pourtant anodine qui la laissa stupéfaite, et il se serait – à juste titre – posé quelques questions. Mais Daphnée venait en vérité de découvrir son reflet. Elle porta ses mains à son visage, et palpa sa peau, tâchant de vérifier si c’était bien sa personne qu’elle voyait. Puis elle toucha la glace elle-même, et ne rencontra que la matière froide, et non pas de la chair, ce qui prouvait que cette Vénus superbe et elle ne faisait qu’un.
Le claquement des talons de Sophie se fit entendre dans l’escalier et la danseuse du reprendre sa place précipitamment, mais non sans un dernier regard vers l’étrange beauté du miroir.

A peine déchargées de ses possessions en tout genre, la pseudo-servante prit les mains de Daphnée et proposa de la rendre parfaite. Plus encore que maintenant, est-ce bien possible ? se demanda celle-ci que l’ombre du reflet ne quittait plus. Mais Sophie ne paraissait pas se démonter et attrapa une pochette. Avant même que la jeune fille ait pu esquisser un geste, un rouge à lèvres froid se posait sur les siennes. Elle manqua de passer sa langue par-dessus mais la peur d’une réprimande l’en empêcha. Puis on lui appliqua de force une pâte noire sur les yeux et les cils, si bien qu’elle crut qu’on voulait la rendre borgne et se mordit les joues pour ne pas fuir.
Enfin, Sophie ajouta une dernière touche personnelle en passant autour de son cou fin un énorme rubis pendu à un fin lacet noir. Au contact de sa peau, la pierre froide sembla luire, puis de nouveau, une chaleur inhabituelle tenta d’investir les veines de Daphnée.
Tout d’abord, sa conscience résista à cet assaut inconnu qui attaquait de toute part, puis la torpeur l’affaiblie, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle perdre jusqu’à l’envie de se débattre. Et soudainement son monde d’innocence rempli se transforma en un concentré de volupté et de charme.
Sa tenue enfantine disparut pour un dos plus cambré et plus charmeur. Son joli air de fillette s’envola. Ses paupières se firent tombantes et ses yeux mystérieux. Sa bouche forma une moue séduisante. Ses doigts se refermèrent avec plus d’intensité sur ceux de Sophie. Les talons ne la dérangeaient plus. Au contraire, elle comprenait qu’ils mettaient en avant sa féminité.

La danseuse aurait pu se laisser prendre au piège aisément. C’en devenait presque criminel de s’en servir comme cobaye, tellement sa résistance était dérisoire. Mais, dans un ultime sursaut, son reflet s’imposa dans sa mémoire et tout le charme se brisa devant l’anxiété ressentie face à cette sulfureuse facette d’elle-même, qui ne devait surgir que lorsqu’elle dansait, et jamais en dehors. Un dernier frisson et la chaleur s’envola.

« Je ne sais pas », répondit-elle à Sophie, la voix encore songeuse.
Elle resta une minute sans parler, effleurant de ses doigts clairs la pierre rouge sombre, puis reprit avec plus d’assurance.
« Puisque vous me jugez parfaite, à présent, peut-être pouvons-nous enchaîner avec la suite ? » demanda-t-elle en souriant de ses dents blanches.
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Noémie Amaranth
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeSam 20 Fév 2010 - 8:27

Le collier fonctionnait ! Ce n’était pas un miracle, mais presque. Noémie sentit la magie affluer dans le corps de Daphnée et modifier lentement son esprit. Le changement était radical, et ça se voyait dans l’attitude de la danseuse. Malheureusement, les défenses de son esprit rompirent un instant le charme. Il se réactiverait sûrement bientôt. Noémie n’était pas inquiète le moins du monde. La magie prenait du temps, mais la sorcière était patiente. Tout viendrait à point à qui savait attendre.

« Vous ne savez pas…je vois… »

Noémie effleura la couverture du grimoire de cuir puis l’ouvrir. Sur ce livre étaient inscrits tous les noms des membres du Clair-Obscur. Seule Noémie y avait accès. C’était une sorte de fichier de recensement. Elle attrapa une plume de paon taillée puis la présenta à la danseuse, son doigt pointant la dernière ligne de noms.

« Je crois que messire Chance voulait vous proposer ceci… »

Elle s’expliqua :

« Nous sommes le Clair-Obscur…des artistes et artisans œuvrant pour transformer Diantra en feu d’artifice…au sens figuré, cela va de soi. Messire Chance m’a demandé de vous proposer de rejoindre nos rangs. La paye n’est pas mauvaise, et les opportunités sont nombreuses. »

L’orage gronda à nouveau, faisant sursauter les deux jeunes femmes. Une fois signée, l’appartenance au Clair-Obscur était indéniable et apportait de nombreux avantages et très peu d’inconvénients. L’offre était alléchante, surtout pour des gens comme Daphnée Astrann. Et puis, dans le fond, le Clair-Obscur était une guilde comme les autres. Elle n’était que le penchant lumineux d’une organisation qui évoluait dans les coulisses du théâtre des ombres.

La main toujours tendue dans la direction de Daphnée, la jeune femme agita une nouvelle fois la plume de paon. Elle s’impatientait.

« Vous êtes parfaite pour le rôle que nous vous avons réservé. Devenez l’une de nos danseuses demoiselle Astrann. Vous ne le regretterez pas. »

Alors, Noémie sortit de sous la table basse une épaisse bourse en cuir rouge, qu’elle déposa devant Daphnée. Celle-ci était plutôt bien remplie compte tenue de son apparence extérieure. Bien entendu, cette somme lui était destinée, en guise d’acompte. Mais ça, nul besoin de mots pour le dire. Tout allait de soi.

La tonnerre gronda de nouveau. La plume de paon trembla dans la main crispée de la sorcière.

Accepter la proposition reviendrait à devenir l'un des fils de la marionnettiste, mais ça, la sorcière en question se gardait bien de le dire. Mais Daphnée avait tellement de potentiel qu'il aurait été criminel de ne pas l'utiliser du mieux qu'il soit...pour le meilleur ou pour le pire.
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeSam 20 Fév 2010 - 17:35

Daphnée avait été sérieusement ébranlée par les tout récents évènements. D’abord un reflet dans lequel elle ne se retrouvait pas, puis un changement brusque de personnalité, contre lequel elle n’avait presque pas pu lutter. Quelque chose ne tournait pas rond depuis son arrivée ici. A vrai dire, elle commençait à regretter sa présence en ces lieux. Elle redoutait le loup qu’elle avait pu entrevoir. Les richesses entassées en vrac derrière les tentures… d’où venaient-elles ? La robe-même qu’elle portait, le rubis à son cou… il fallait des moyens pour tout cela ; une organisation puissante… Malgré son inexpérience, elle doutait que de simples représentations quotidiennes devant quelques nobles étaient suffisantes…
Mais après tout, elle n’en savait rien, et ça n’était pas vraiment ses affaires. Tant qu’elle n’avait elle-même pas d’ennuis…

Sophie fit pianoter ses doigts sur un énorme grimoire, dont la danseuse n’avait pas eu la moindre idée jusqu’ici. Le symbole du Clair-Obscur était gravé sur le cuir et plaqué d’argent. Toujours de l’opulence, de l’ostentation ; elle commençait à connaître le style de la maison. Comme en écho à ses pensées, une plume de paon, animal excessivement rare, s’agita sous son nez tandis qu’un doigt pointé sur un espace blanc attirait ses yeux.
Ah oui. C’était pour ça qu’elle était venue. Elle avait presque oublié.
Sa compagne lui expliqua calmement de quoi il s’agissait. Son ton monotone sentait le couplet répété maintes et maintes fois. C’était donc bien Sophie qui s’occupait d’accueillir et de recenser les nouveaux arrivants. Daphnée se laissa un instant happer par le souvenir de son image puis un grondement sourd au-dehors la fit sursauter, et reprendre ses esprits.

« Un feu d’artifice… » répéta-t-elle en écho à Sophie, ouvrant de grands yeux curieux tandis que son air juvénile revenait en courant, malgré le maquillage et les talons. « Un feu d’artifice… Je n’en ai jamais vu. » Puis elle ajouta, plus mature soudain. « Quel genre d’opportunités ? Et comment devrais-je travailler ? »

Évidemment, la proposition était extrêmement alléchante. Une paie, et un travail qui ne posait aucune entrave à sa passion, mais qui la valorisait. Elle pourrait être reconnue et n’aurait plus besoin de se soucier d’argent. Loth aurait sans doute été très fière d’elle à cet instant, si seulement il avait su. Son souvenir fit réapparaître la flamme triste dans les yeux de la jeune fille, qui eut de nouveau un moment d’absence. Qu’aurait dit Loth ? Aurait-il été heureux pour elle, ou bien se serait-il rangé à l’avis de ses parents ? Peut-être préférait-elle finalement n’en rien savoir.

La plume dansa de nouveau devant ses yeux. Sophie s’impatientait, bien sûr. Mais elle ne répondait toujours pas à sa question. Au contraire, elle tentait de l’appâter encore. « Vous ne le regretterez pas. »… Non, sans doute pas, en effet. Puis la bourse sortie lui donna encore une raison d’accepter. Une bourse bien remplie. Une promesse à peine voilée.
La colère céleste se manifesta, plus lointaine. La plume verte et bleue trembla.
Daphnée s’en empara doucement mais hésitait toujours à apposer son nom au bas de la page.
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeLun 22 Fév 2010 - 18:30

« Les feux d’artifices, il n’y a rien de plus merveilleux au monde. Si vous travaillez pour nous mademoiselle Astrann, vous en verrez des dizaines et des dizaines ! Ils sont si beaux… »

Noémie adorait les feux d’artifices, rares spectacles capables de l’émouvoir. L’Arlequin en charge de ces divertissements se nommait l’Artificier, un être incroyablement rusé, qui avait trouvé le moyen d’utiliser d’innocentes créatures dénommées les Noiraudes pour façonner de magnifiques feux colorées et d’étincelles chatoyantes. Les spectacles du Clair-Obscur se jouaient dans la pure tradition du Drâme, mystérieux et envoûteurs. Le cœur de Noémie chavirait à chaque fois que le ciel se parait de toutes les couleurs. C’était bien la seule chose qui la rendait vraiment vivante. Le reste lui semblait bien fade à côté. Du moins, jusqu’à l’apparition de cette charmante demoiselle, qui était devenue une dame.

Restait encore et toujours cet air niais dont elle était affublée. Noémie appréciait l’innocence de la jeune femme, mais ce qu’elle cherchait avant tout, c’était à transformer cet éclat sincère en une toute autre flamme. L’art est métamorphose, et Daphnée devait être modelée à l’image du Clair-Obscur. Cette dernière avait semblé résister à la magie du rubis. Et pire encore, elle résistait à l’offre alléchante de la maîtresse des lieux. Tant de réticence était inacceptable pour la sorcière. Noémie eut un pincement de lèvres. Pourquoi de si belles créatures comme Daphnée Astrann refusaient-elles de si belles opportunités ? Sottise ? Immaturité ? Allez savoir.

La sorcière contempla la jeune danseuse. Son air enfantin gâchait tout. Noémie lui avait apporté un écrin parfait pour exprimer sa beauté et son charme caché. Mais celle-ci résistait encore et toujours à cette transformation de l’esprit. C’était intolérable. Mais Noémie avait bien des idées pour mettre en œuvre ce Drâme. Pour l’instant, il fallait que la danseuse signe. Juste une petite signature, et elle lui appartiendrait. Elle appartiendrait au Clair-Obscur et deviendrait le nouveau jouet de la sorcière.

« Outre la paye, le Clair-Obscur fait en sorte de toujours prendre soin de ses adhérents les plus compétents. Vous ne dérogez pas à la règle. Nous fournissons un logement de fonction pour nos artistes les plus chers à nos yeux, mais aussi soutien financier, … »

Noémie marqua une pause, le temps de préparer sa prochaine tirade.[

« Le travail n’est pas de mon ressort, je m’occupe seulement des recrutements…Mais au vu de vos compétences, vous serez employée auprès de Dame Jeena. C’est elle qui vous donnera du travail, mais vous pouvez aussi bien être demandée lors d’un spectacle que lors d’une réception plus huppée. C’est là notre art. Nos employés prennent bien des visages pour éclairer les nuits de Diantra et colorer ses journées. Vous ne risquez pas de vous ennuyer. »


La plume tremblait toujours dans la main de Daphnée. Elle hésitait. Encore et toujours cette barrière de pudeur qui l’empêchait de s’abandonner au rôle auquel la dame aux masques la réservait : celle de courtisane. Une fois débarrassée de cette protection de l’esprit, Daphnée deviendrait l’argile le plus pur, à façonner au gré des envies du Clair-Obscur. La plume de paon frémissait dans la main de Daphnée. Noémie passa sa main sur la sienne, lui communiquant un sentiment de confiance. Voyant que cela ne suffisait pas, la sorcière décida de passer à l’acte.

Elle quitta son fauteuil et s’approcha à pas lents de la danseuse. Elle s’assit sur l’accoudoir du siège de Daphnée et passa sa main libre sur son bras. Des mots furent murmurés :

« Ne vous sentez-vous pas bien ici, mademoiselle Astrann ? Ne voyez-vous pas à quel point vous êtes magnifique ? Laissez-vous tenter par cette offre…vous n’en aurez pas de plus belle… »

Doucement, Noémie se faufila juste à côté de Daphnée, sa robe touchant la sienne. Les mains de la sorcière effleurèrent les cuisses enrobées de tissu, atteignant le ventre, puis la poitrine, puis les joues. Les mains expertes de Noémie s’affairaient à toucher les points sensibles de la danseuse, faisant naître l’euphorie et la détente dans son corps, brisant les barrières de sa pudeur et de sa méfiance. Puis, Noémie insuffla dans le rubis la réactivation du charme envoûteur, transformant sa pauvre victime en une véritable œuvre-d’art : la plus délicieuse et la plus sulfureuse des courtisanes…Les mots de Noémie se firent serpents au creux de l’âme de Daphnée.

« Demoiselle Astrann, rejoignez le Clair-Obscur. Je vois dans votre regard. Vous êtes née pour être le premier rôle d’un acte grandiose : celui de votre vie. Ne vous cachez point derrière ce masque enfantin et innocent. Votre potentiel doit ressortir, s’exprimer au grand jour…et nous sommes là pour vous épauler dans cette tâche… »

[PS: si le RP ne te convient pas, je le change ^^"][/font]
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MessageSujet: Re: Féerie un jour de pluie [PV Noémie]   Féerie un jour de pluie [PV Noémie] I_icon_minitimeLun 22 Fév 2010 - 22:54

Ainsi les feux d’artifices étaient de jolies choses… ? Il n’y avait rien qui plût plus à Daphnée que les jolies choses. On lui avait déjà parlé de ces feux d’artifices. On lui avait dit que cela ressemblait à des explosions multicolores et magnifiques dans le ciel… mais elle n’avait jamais vu d’explosions. Alors elle en verrait des dizaines et des dizaines ! Cette seule pensée fit naître un sourire rêveur à ses lèvres rougies par le maquillage. Elle sentait déjà son cœur s’accélérer à cette promesse, bien qu’elle ne puisse pas imaginer ne serait-ce que l’ombre d’un véritable feu d’artifice. Si Sophie les aimait, alors ils ne pouvaient être que beauté et raffinement. C’était là la quintessence même de Sophie. Comme la vie devait être dure pour elle… ! L’amour de la subtilité était bien malmené en de ces temps troublés. Comment survivait-elle sans une autre passion ?
Mais peut-être en avait-elle une. Après tout, Daphnée n’en savait rien.

Tout en réfléchissant, elle se surprit à scruter sa compagne avec trop d’intensité. Et baissa les yeux en rougissant, à la fois de son impolitesse, et parce qu’elle avait cru surprendre de l’agacement dans ses yeux, voire de l’exaspération. Lorsqu’elle osa les relever, ils étaient plein de remords. Une fois que la danseuse s’était prise d’affection pour quelqu’un, elle ne supportait plus de décevoir cette personne. Combien de fois avait-elle été déchirée entre son père et sa mère ? Puis Loth lui avait appris à prendre en compte son propre avis, au moins un peu, et elle s’était déchirée encore. Ce sont toujours les êtres que l’on aime le plus qui vous cause le plus de tord, finalement. Mais cette leçon-là était tellement contraire à sa personnalité qu’elle refusait de l’apprendre.
Sophie voulait qu’elle signe. C’était évident. Et, en plus d’arguments alléchants, Sophie ne pouvait agir que pour son bien tant elle avait été attentionnée jusqu’ici. Oui, il fallait qu’elle signe maintenant.
Et pourtant, sa main refusait encore de se poser sur le papier. La plume tremblait, à tel point qu’elle manqua à plusieurs reprises de la lâcher. Je ne m’ennuierai pas, se dit-elle alors qu’elle n’écoutait plus son interlocutrice, et le fantôme non plus… Je vais enfin pouvoir danser… Mais le souvenir de cette image si étrangère dans laquelle Sophie voulait qu’elle se reconnaisse… Cette image devenait plus terrifiante à mesure qu’elle y pensait. Daphnée fut tellement saisie de peur qu’elle sentit à peine la main de sa compagne posée sur la sienne. Elle la vit se lever lentement et la contempla de ses grands yeux torturés. Des doigts glissèrent sur son bras et la danseuse pencha la tête vers elle.

« Si, bien sûr que je suis bien ici… » murmura-t-elle d’une voix si peu audible qu’elle doutait que sa compagne l’ait réellement entendue.

Doucement, avec la délicatesse qui caractérisait le personnage, la danseuse sentit deux mains chaudes se poser sur ses cuisses, qui frissonnèrent malgré le tissu, et remonter vers son ventre noué presque douloureusement, vers sa poitrine sensible et vers ses joues brûlantes de surprise. Ses épaules se détendirent brusquement, alors qu’elle ne les avait même pas senties crispées auparavant. Son estomac se tordit étrangement et le creux de ses reins s’enflamma. Noémie – et non plus Sophie, car elle avait quitté son rôle depuis longtemps déjà – commençait d’ores et déjà à jouer avec sa poupée, aussi impuissante qu’innocente. Ses lèvres entrouvertes laissèrent échapper un soupir étrangement aguicheur. La chaleur laissée par les mains experte de Noémie se mêlait à celle du charme lancé et l’esprit de Daphnée, débordé de tant d’assauts, ne pouvait que se rendre à un bourreau aussi machiavélique.
Elle avait connu les gifles de sa mère et les caresses fraternelles de Loth. Elle avait déjà connues des douleurs étrangement agréables. Mais jamais mal n’avait été aussi dévastateur sans blesser. Les battements de son petit cœur s’affolèrent comme un oisillon piégé. Ses doigts se crispèrent sur le bras de Noémie. De nouveau, son dos se cambra, sa poitrine fut mise en avant, et sa bouche se fit sulfureuse. Elle laissa échapper un gémissement, prise au jeu et au piège du sortilège. Les paroles de sa compagne firent naitre en elle des longs frissons d’excitation. Un rôle, pour elle… ?

Elle se tourna lentement, et passa une main sur la nuque de Sophie, tandis qu’elle approchait ses lèvres des siennes – geste qui, si elle en avait été consciente, lui aurait immédiatement fait perdre connaissance. Elle laissa d’abord son souffle saccadé se mêler au sien, puis s’approcha encore, laissant à peine quelques millimètres.
Elle l’aurait embrassée si l’ombre du fantôme n’était pas apparue au détour d’une flamme, les bras tendus vers elle, plus translucide, faible, attristé que jamais.
La puissance du charme prit un coup au cœur et chancela. Les muscles de Daphnée se raidirent tandis qu’elle ouvrait des yeux affolés et tendait une main vers le spectre déjà disparu. Le feu encore présent dans son ventre brouillait ses pensées, et elle sentit son esprit lui échapper une nouvelle fois, mais il avait fallu un tel désespoir pour que le fantôme se montre ainsi, si près d’un étranger et si triste ! Si triste…
Le sortilège s’envola brusquement et la danseuse laissa tomber sa tête sur l’épaule de sa compagne, presque haletante, en quête d’un réconfort qui n’aurait de toute façon pas suffit.
Puis elle se détacha de Sophie, ramassa la plume tombée à terre au milieu de ces évènements et apposa son nom sur le papier jauni, malgré un frisson spectral qui voulu retenir sa main.
De nouveau, elle était déchirée, mais sa décision était prise.
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