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 Le chant d'une Lyre.[Terminé]

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Crystal Ildien
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Crystal Ildien


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MessageSujet: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeDim 14 Fév 2010 - 15:59

~*~Le chant d'une Lyre~*~


Ce matin là, Crystal fut réveillée comme d’habitude par les rayons du soleil naissant qui perçaient les volets clos de sa chambre. Il lui fallut quelques instants pour quitter son rêve et se retrouver dans son – désespérant – quotidien.
En bas les bruits de cisaille, de marteau et de soufflet se faisaient entendre. Depuis qu’elle était revenue de Missède quelques semaines auparavant, Malek, son père n’avait presque pas prit de repos. Il travaillait sur la commande du baron presque jour et nuit. Il avait acheter l’or le plus pur et les pierres précieuses les plus scintillantes pour être sur que son bijou serait parfait.
Bijoutier orfèvre était un métier relativement bien payé, et ils n’avaient jamais eu aucun problème pour se nourrir. Les pièces que fabriquaient Malek s’arrachaient dans tout le pays. Il avait même réussit une fois à vendre ses bijoux à des seigneurs elfes qu’il avait rencontré lors de ses voyages, voilà bien des années.
Crystal aurait aimé trainer au lit mais elle avait une journée bien remplie. Si elle ne descendait pas vite faire à manger à son père, celui-ci aurait été capable de travailler sans s’arrêter jusqu’au soir. Elle veillait donc à la santé de son père même si cela le faisait râler.
Rapidement la jeune femme retira sa robe de nuit et se lava avec de l’eau un peu trop froide à son goût. Elle enfila une chemise blanche aux manches longues et bouffantes, serrées aux poignées. Elle passa une jupe bleu foncé et par-dessus sa chemise un corset noir qu’elle laça rapidement.
Un coup de peigne dans ses longs cheveux, un ruban bleu pour les attacher en une queue de cheval loin d’être sophistiquée et elle dévala les escaliers pour atterrir dans la salle à manger. Son père travaillait dans son atelier, dans la pièce à côté. Elle y fit un saut pour déposer un baiser sur sa joue et lui dire qu’elle allait s’occuper du petit déjeuner.

Comme à son habitude Malek était bien trop occupé pour lui répondre, il ne prit la peine que de grogner.
En souriant Crystal retourna dans le salon et alluma un feu. Le printemps était revenu sur Diantra mais il faisait encore froid en cette saison.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour préparer le petit déjeuner de son père, des œufs, du lard séché et un peu du bouillon de la veille.
Crystal quant à elle, n’avait pas trop faim ce matin là.

Elle appela son père et celui mit plusieurs minutes à arriver.


- Tu ne devrais pas passer autant de temps sur ce collier papa. Tu vas te tuer à la tâche et tout ce que tu y gagneras c’est de ne pas avoir fini la commande du Seigneur de Missède.


- Il ne m’a peut-être pas fixé de date mais je tiens à ce qu’il ait son bijou dans les plus brefs délais. Tu sais bien qu’on ne fait pas attendre une personne de son importance.

- Dis-toi bien que si tu tombes malade je ne pourrais pas le finir à ta place. Alors mieux vaut qu’il attende un peu et qu’il ait ce qu’il a demandé tu ne crois pas.

Son père ne répondit rien et mangea silencieusement. Crystal restait près de lui à repriser quelques vêtements troués. Lorsque Malek eut terminé, il s’adossa au dossier de la chaise et poussa un long soupir.

- Je me demande bien ce que tu fais encore avec un vieil homme comme moi. Pourquoi t’acharnes-tu donc à repousser tous les braves garçons qui viennent me demander ta main ?

- Parce que je ne connais aucun d’eux et que je n’ai pas envie de passer ma vie auprès de quelqu’un que je n’aime pas.

- Ah l’Amour, toujours la même chanson avec toi.


- Tu n’as pas à me faire la morale sur ce sujet là papa. C’est quand même toi qui as vécu en célibataire quasiment toute ta vie alors que tu aurais aisément pu te marier.


Encore une fois, Malek ne répondit pas. C’était ça façon à lui de clore un sujet qu’il n’avait pas envie de voir s’éterniser.

- Cela fait longtemps que tu ne m’as rien chanté, pourrais-tu me faire se plaisir ?

Crystal ne se fit pas prier, son père n’avait jamais une minute pour l’écouter bien qu’elle joua et chanta tous les jours avec sa lyre.
La jeune femme posa sur la table l’aiguille et l’une des chemises de son père et se dirigea vers un coin de la pièce pour récupérer sa lyre. Son père avait fait un magnifique travail en sculptant le bois et en y incrustant de petites pierres blanches. Il appelait ça des pierres de lune. Comme celle qui ornait son collier en or fin.
Crystal fit courir rapidement ses doigts sur les cordes pour retrouver toutes les sensations de son instrument puis elle entama un chant joyeux parlant de soleil naissant et de vertes prairies. Les notes s’envolaient de la lyre, on aurait presque cru qu’elle ne touchait pas les cordes. Sa voix était douce et cristalline. Son père la regardait en souriant, fermant légèrement les yeux pour l’écouter plus attentivement.
Lorsque, quelques minutes plus tard elle termina son chant en continuant de faire sonner les cordes de sa lyre en une mélodie agréable Malek prit enfin la parole.

- Depuis ton retour tu ne m’as pas dit comment était le baron ? Quel type d’homme est-ce ?

Ne s’attendant pas à cette question, Crystal sursauta légèrement, faisait déraper ses doigts sur les cordes, provoquant une dissonance qui fit froncer les sourcils du vieil homme. La jeune femme baissa les yeux vers sa lyre faisant mine de vérifier que toutes les cordes étaient encore accordées. Elle aurait aimé lui dire qu’elle ne passait pas une journée sans penser à lui, qu’elle s’endormait en rêvant de ses yeux gris. Si elle n’avait rien dit depuis son retour sur le baron de Missède c’est qu’elle était tout simplement incapable de penser à lui sans ressentir une mélancolie et une tristesse si profonde qu’elle pouvait presque croire que son cœur ne battait plus…Elle ressentait un manque si fort que plus d’une fois durant les jours passés elle avait rêvé de prendre son cheval et de partir au galop jusqu’au palais qu’elle avait tant eu de mal à quitter. Juste pour le revoir…même de loin…

- Il est…Il est digne de son titre. Je suppose qu’à tes yeux il serait à la hauteur de ton ami, son père.

*Et surement le meilleur des époux * pensa-t-elle en soupirant avant de concentrer à nouveau son attention sur l’instrument qu’elle tenait entre ses mains.

- Alors c’est parfait. S’il est ce type d’homme je suis ravi de réaliser cette commande pour lui et sa famille. Lorsqu’il sera terminé je compte bien aller en personne le lui remettre.

Crystal se remit à jouer de la lyre, taisant le sentiment de tristesse qu’avait fait naître cette dernière déclaration. Ainsi elle était quasiment certaine de ne pas le revoir, et c’était pour elle encore plus douloureux que le jour où elle avait quitté la salle du palais de Misséde.
Le chant qui finit par accompagner la mélodie fut tout aussi triste. Son père resta encore un moment avec elle, l’écoutant passer d’une mélodie à une autre, puis regagna son atelier pour continuer son travail, laissant la jeune femme s’adonner au seul plaisir qui lui rendait généralement le sourire.



Dernière édition par Crystal Ildien le Ven 26 Fév 2010 - 15:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeMar 16 Fév 2010 - 18:17


    . L'Invitation .
    ... il vaut mieux escompter le pire. Nous n'aurons plus que de bonnes surprises ...

    Diantra, cité royale et capitale des hommes. Diantra la grande avait perdu de sa prestance, épuisée par une guerre non moins douloureuse. Le pouvoir royal en était peut-être sortit grandit mais il voguait encore, en ces beaux jours, un goût de traîtrise dans les ruelles de la cité. C'est tout du moins ce que Amédée de Missède ressentit lorsqu'il franchit les portes de la ville. Monté sur son cheval, le baron écouta avec un profond ressentiment le silence douloureux qui pesait sur les lieux. Il y avait bien ici et là quelques conversations entre différents partis, mais il manquait ce brouhaha de fond qui accompagnait pratiquement toujours les trots du cavalier sur les routes pavées.

    » Voyez votre honneur ... voyez comme Diantra souffre encore des méfaits de la guerre, s'exclama le conseiller qui chevauchait tout juste devant lui.

    Amédée devait bien avouer que la Diantra qui habitait ses souvenirs ne ressemblait que très peu à la Diantra qui se découvrait aujourd'hui devant lui. Il avait néanmoins bon espoir que les choses rentreraient dans l'ordre. La capitale possédait les ressources nécessaires pour y parvenir dans les plus bref délais.

    Le convoi de cinq cavaliers poursuivit son chemin, s'enfonçant toujours plus loin dans le dédalle de ruelles que leur offrait la ville. Amédée s'était mis en tête, quelques jours plus tôt, de s'inscrire au grand tournoi organisé par le Roi en personne non pas pour prouver son courage ou sa valeur – la famille Dilandro n'avait jamais eu besoin de l'éprouver dans un quelconque tournoi – mais pour mettre un point d'honneur à rendre un hommage vibrant à la famille royale, au Duc de Langehack, et à tous les hommes dont le sang ne coulerait jamais plus à cause de cette guerre. Plus officieusement, il avait trouvé dans ce tournoi une parfaite excuse pour rendre une visite à Malek Ildien, à qui il avait confié la confection d'un collier d'une grande importance. Si l'idée de revoir le vieil artisan, le réjouissait, il était difficile de qualifier l'excitation qui l'accompagnait en imaginant revoir sa fille, Crystal.

    » Votre honneur, arrêtons-nous dans cette écurie, lui proposa Serenic. L'atelier que vous avez demandé à visiter ne se trouve qu'à quelques pas de là. Je connais personnellement l'homme qui tient cette écurie, il apportera le plus grand soin au bon traitement de nos montures.

    Amédée ne jeta qu'un bref coup d'oeil à l'écurie. Il acquiesça.

    » Elle conviendra parfaitement, en effet.

    Tous descendirent de leur monture aux abords de la bâtisse. Un homme de grande stature et à la barbe saillante les accueillit. Deux garçons d'écurie apparurent de nul part et se chargèrent aussitôt de conduire leurs chevaux à l'intérieur.

    » Veuillez me suivre votre honneur, je vais vous conduire jusqu'à l'atelier de Malek, fit le conseiller avant de se tourner vers les trois autres. Sieur Serenic, retrouvons-nous ici dans ... il marqua une pause, puis il se tourna de nouveau vers Amédée, intrigué ... dans combien de temps dois-je leur demander de nous retrouver ici, votre honneur ?

    Un sourire fendit le visage angélique du baron.

    » Je ne saurai vous dire combien de temps durera ma visite à la famille Ildien.

    » Je suppose que cela ne vous prendra qu'une demi-heure tout au plus ?

    Amédée eut un petit rire.

    » Ne soyez pas aussi sûr de vous, noble conseiller. Qui sait ce qui pourrait bien se passer.

    Pris au dépourvu, le conseiller ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Amusé, Amédée tapota son épaule et se tourna vers Serenic.

    » Serenic, amenez notre vieil ami avec vous. Visiter la cité lui fera le plus grand bien.

    Le conseiller écarquilla les yeux, faisant osciller son regard étonné entre Amédée et Serenic. Ce dernier le prit par le bras et l'entraîna dans une ruelle perpendiculaire. Amédée ôta ses gants de velours en riant de plus bel, puis il se dirigea, seul, vers l'atelier de Malek.

    Arrivé devant la porte du bâtiment, il sentit une vive palpitation lui saisir le coeur. Il prit une courte inspiration pour essayer de chasser les picotements qui remontait de sa poitrine et il donna deux coups francs sur la porte.

    Des bruits de pas ne tardèrent pas à se manifester. La porte grinça et le regard d'Amédée s'illumina brusquement.

    » Damoiselle Crystal, quel plus grand plaisir que de vous revoir, fit-il en courbant légèrement l'échine.

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Crystal Ildien
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeMar 16 Fév 2010 - 19:20

Dans l’atelier à côté, les bruits de cisaille se faisaient entendre à nouveau, perturbant l’oreille de la jeune musicienne. En soufflant, légèrement agacé, elle reprit la chemise de son père et se remit à la couture. Elle n’avait pas beaucoup de travail domestique à faire aujourd’hui, juste les corvées habituelles, et sûrement un tour au marché pour acheter de quoi faire un nouveau potage.
Son père refusait de manger tout ce qui s’apparentait à du poisson ou à de la viande le soir. Cédant une fois de plus au caprice du vieil homme, Crystal préparait chaque soir une soupe aux saveurs différentes.
Rien de bien passionnant pour une jeune femme de son âge. Elle aurait préféré passer la journée à s’exercer à la lyre. Elle espérait pouvoir chanter un jour à la cour du Roi de Diantra et ce n’était pas en reprisant les vêtements de son père qu’elle y arriverait.
Se trouvant stupide, elle ravala son élan de colère. Il lui suffisait de se souvenir qu’elle était la seule personne qu’aimait Malek et qu’elle devait prendre soin de lui.

Toute son attention était tournée vers la petite aiguille qu’elle maniait agilement quand quelqu’un frappa à la porte. Elle sursauta, se piqua, et marmonna qu’un moineau aurait été moins maladroit. Suçant le bout de son doigt elle posa le vêtement sur la table et se dirigea vers la porte.
Si c’était encore un de ses zouaves que son père avait envoyé promener sous son nez, il recevrait la même réponse que tous les autres. Malek était plein d’attention mais un peu trop borné à son goût.

Quand elle posa la main sur la poignée, elle sentit un frisson la parcourir. N’y prêtant pas plus attention elle ouvrit la porte.

Il était là.

Le temps sembla se figer, elle sentit sa main lâcher la poignée et venir pendre mollement le long de son corps.
Combien de fois ces dernières semaines avait-elle rêvé de cela ? Bouche bée, n’en revenant pas elle s’inclina précipitamment.
Cela lui permit de reprendre son souffle, car elle le remarqua alors…elle avait oublié de respirer dès l’instant ou son regard avait plongé dans les yeux gris du Baron de Missède.


- Mon Seigneur, je suis….si….si heureuse de vous revoir. C’est un immense honneur que de vous voir ici.

Sans pouvoir attendre davantage, elle releva à nouveau la tête, ne pouvant déjà plus se passer de ce regard si envoûtant. Elle lui adressa un grand sourire. Son cœur semblait ne plus pouvoir se contrôler et battait si violemment dans sa poitrine qu’elle se demandait si le Baron ne l’entendait pas.


- Je vous en prie mon Seigneur, entrez.

Il aurait été impoli de le laisser attendre dehors même si la journée s’annonçait ensoleillé et puis elle n’avait pas envie de le voir repartir.
C’est à peu près à cet instant qu’elle se rendit compte qu’elle ne devait pas avoir l’air de grand-chose dans sa vieille robe avec ses cheveux coiffés à la va-vite. C’est un peu pour cela que ses joues se tintèrent de rose, bien que la raison majeure de cette coloration se trouve juste devant elle. Et comme lorsqu’elle se tenait sous les toits du palais de Missède elle se rendit compte encore une fois qu’elle ne devait pas représenter grand-chose aux yeux d’un homme de sa condition.
Malgré cette triste révélation, Crystal conserva son sourire en se reculant pour laisser entrer son illustre invité.


- Souhaitez-vous prendre un rafraîchissement ? Votre voyage vous aura sûrement donné soif, dit-elle en ponctuant sa phrase d’un léger rire amusé.

Bien sur elle aurait du immédiatement aller avertir son père mais, poussé par ce sentiment que lui seul faisait naître en elle, elle n’en fit rien. Sa présence était un soulagement, la tension qu’elle avait accumulé depuis son retour de Missède s’était aussitôt envolée. La peine qu’elle ressentait chaque jour en se levant avait disparut, remplacé par le plaisir qu’elle éprouvait à le sentir près d’elle.
Les distances que la bienséance imposée étaient totalement respectées pourtant, elle aurait presque pu croire qu’il la touchait, tant son cœur était heureux d’être à nouveau en sa présence.
Et ce visage….il était tellement beau….elle l’avait tant de fois vu en rêve, même éveillée.
Bon sang…en trois semaines elle n’avait toujours pas appris à contrôler le peu de cervelle qu’elle avait. Son esprit savait parfaitement qu’une fois qu’il aurait vu son collier il repartirait tout aussi vite, il n’avait pas que ça à faire de ses journées. Mais son cœur se raccrochait à l’idée qu’il était là devant elle et que pour le moment…elle pouvait laisser aller ses sentiments. Tant pis si elle devait souffrir plus tard.
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Amédée de Missède
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeMer 17 Fév 2010 - 18:56



    Amédée ne put s'empêcher de sourire en revoyant ce visage illuminé, ces traits si singuliers, cette véritable beauté incarnée. Crystal semblait particulièrement surprise de le voir. Tant mieux pensa-t-il, c’était l’effet escompté. Elle l’invita à entrer mais il marqua un court arrêt en notant la pigmentation légèrement rosée de ses joues. Était-elle gênée ? Si oui, était-ce par sa présence ou par autre chose ? Finalement, il entra tout sourire sans se poser davantage de questions auxquelles il ne trouverait de toute manière aucune réponse. En passant près de Crystal, il sentit son coeur se serrer. Les règles de bienséances étaient ce qu’elles étaient, mais pendant un court instant l’idée de la serrer dans ses bras lui traversa l’esprit. Il la chassa cependant rapidement à l’invitation de la merveilleuse jeune femme.

    » Je vous remercie Damoiselle Crystal, dit-il en croisant son regard, un verre d’eau fera certainement très bien l’affaire.

    Au fond de lui, Amédée souriait de la revoir. Elle était aussi belle que dans les souvenirs et les rêves qui avaient ponctués ses jours et ses nuits depuis leur entrevu à Missède. Elle brillait par sa simplicité, son naturelle, mais surtout par sa présence, sa beauté, et le doux timbre de sa voix. Si son coeur était loin d’être indifférent à son charme, Amédée se rappela très rapidement qu’elle était certainement mariée à un parti respectable de Diantra et qu’il n’était pas dans les manières de sa famille de voler la femme d’un autre. Il ressentait pourtant l’envie pressante, presque dévorante, quoi que totalement ahurissante, de ne plus la quitter, de la posséder, de l’avoir pour lui seul. De telles pensées étaient inconvenantes à l’égard d’une telle personne, il le savait, mais ses sentiments n’avaient jamais été aussi brûlants.

    Tentant tant bien que mal d’éloigner ses pensées de peur de perdre pieds, il accentua la courbe de son sourire et la laissa s’éclipser momentanément pour lui servir son verre d’eau.

    Il profita de sa très courte absence pour jeter un oeil à la décoration intérieure. Bizarrement, tout ce qui se trouvait à portée de vue lui faisait comprendre qu’il était dans une maison extrêmement bien tenue. Une maison qui appartenait assurément à une âme minutieuse à voir les ornements de la pièce où il se trouvait. Rien d’étonnant quand on savait qu’elle appartenait à un grand orfèvre.

    Crystal revint vers lui quelques secondes plus tard. Il lui sembla manquer une respiration quand il vit son visage glisser dans un rayon de lumière. Il lui avait semblé que ses yeux étaient traversés par une lueur particulièrement troublante. Retrouvant rapidement sa contenance, il attrapa le verre qu’elle lui tendait. Pendant quelques secondes, il abaissa ses yeux sur le contact de leur main. Il s’était brusquement figé en touchant sa peau et voilà qu’il n’était plus capable de détacher son regard de ce lien, de ce premier véritable contact.

    » Veuillez me pardonner, je manque de convenances, fit-il en ramenant ses mains et par la même le verre vers lui.

    Troublé — bien que seul ce petit instant d’égarement l’avait clairement démontré — Amédée chercha à retomber sur ses pattes en faisant cheminer la conversation vers le père de Crystal.

    » Dîtes-moi, votre père est-il ici ? Ce serait pour moi un honneur de le revoir après tant d’années.

    Il avala une gorgée d’eau et abaissa un moment ses yeux avant de les replonger dans ceux de Crystal.

    Combien de temps tiendrait-il encore ? Comment aborderait-il le sujet ? Il n’en avait aucune idée ... mais son désir devenait beaucoup trop menaçant pour tenter de le contenir totalement. Tôt ou tard, il devrait lui poser la question qu’il redoutait tant ... la question qui enflammerait peut-être son espoir ou au contraire l’enchaînerait dans quelques tourbillons ténébreux.
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2010 - 12:05

C’était à peine croyable. Il se tenait là…devant elle, dans sa propre maison. C’était tellement irréel que pendant quelques secondes elle se demanda même si elle était bien réveillée. C’est là que le Baron décida de parler et de lui confirmer que tout ceci n’était pas un rêve, bien que tout en avait l’aspect.
Il accepta un verre d’eau, sûrement plus par politesse que par soif. Elle lui montra d’un signe de la main, une chaise et s’éclipsa pour aller dans la cuisine.
La jeune femme resta un moment, dos au mur, respirant profondément. Encore une fois elle venait de passer pour une gourde sans manière. Elle aurait au moins pu sortir une phrase comme ‘asseyez vous mon Seigneur’ ou encore ‘faites comme chez vous’. Quoi que, pour cette dernière elle aurait eu un peu plus de mal à la prononcer, elle aurait tant voulu qu’il soit réellement chez lui ici. Fuir le regard d’Amédée de Missède pendant quelques secondes eut pour effet positif de lui permettre de reprendre son souffle et de perdre la coloration gênante qui avait décidé de s’installer sur ses joues chaque fois qu’elle le voyait.
Le verre d’eau en main, elle retourna dans la pièce principale. Elle ne put s’empêcher de marquer un temps d’arrêt. Il était encore plus beau que dans son souvenir. Si élégant, si plein de charme et de prestance. Il avait su toucher son cœur d’une façon qu’elle ne pouvait expliquer. Elle avait l’impression de vivre chaque fois qu’elle croisait son regard.

Reprenant son chemin, elle s’arrêta à quelques pas du jeune homme et lui tendit le verre en lui souriant.
Il se passa alors une chose de totalement imprévue. Une chose si forte qu’elle crut avoir une fois de plus oublié de respirer.
Lorsque le Baron avait prit le verre, elle avait sentit ses doigts frôler les siens dans une caresse si douce…si infime…Encore plus étonnant, l’instant sembla durer, comme si le temps avait décidé de s’arrêter pour lui permettre d’apprécier quelques secondes de plus ce bref touché.
La violente émotion que lui procura ce simple contact était si douloureuse et à la fois si douce pour son cœur, qu’elle aurait pu aimer souffrir de la sorte toute une éternité rien que pour sentir encore cette caresse.
Il lui fallut toute la volonté du monde pour ne pas lâcher le verre et se jeter sur le baron.
Mais les mots qu’il prononça furent pires qu’une douche froide. Son sourire se fana quelque peu et elle retira sa main précipitamment, presque honteuse d’avoir savouré un instant qu’elle n’avait fait que voler.
Et puis s’il était marié…..elle ne voulait pas faire de la peine à une autre…

Ce fut sûrement la meilleure chose que pu dire Amédée en cet instant. Il était venu voir son père…pas elle. Et c’était une excellente idée qu’elle aille le chercher et qu’elle sorte prendre l’air. Ce genre de comportement n’aiderait pas la réputation de son père.

- Je suis désolée....Je…je vais le chercher tout de suite. Il sera enchanté de vous voir

Malgré l’effort qu’elle fit, Crystal eut l’impression que sa voix s’était éteinte, que son cœur avait disparu. Un léger sourire et elle pivota sur ses pieds. La porte de l’atelier était juste en face d’elle. Un pas…deux pas….Elle poussa sur la poignée, entra et referma la porte derrière elle.
Ce fut seulement en cet instant qu’elle s’autorisa à pleurer. Ce ne fut que quelques larmes, quelques secondes. Elle aurait toute sa vie pour en verser des rivières.
Lorsqu’elle se calma enfin, elle releva la tête et vit son père, lui tourner le dos, penché sur son travail.


- Papa… Le baron de Missède est dans notre salon.

Cette phrase avait l’air tellement improbable qu’elle fut tentée une seconde de rouvrir la porte pour s’assurer qu’elle n’avait rien inventé.
Son père ne se retourna même pas.


- Oui ma chérie, prend les commandes comme à chaque fois.

Crystal souffla. Comme d’habitude il ne l’écoutait que d’une oreille…et encore…

- Papa, je te répète que le Baron de Missède est dans le salon et qu’il veut te voir.

Son père se tourna alors, sûrement dans l’intention de lui dire qu’elle devait ficher le camp de son atelier, qu’il ne voulait pas être dérangé et qu’elle le savait très bien. Mais quelque chose l’arrêta. Il fronça légèrement les sourcils, posa les outils qu’il tenait et s’approcha de sa fille en s’essuyant les mains sur son tablier en cuir.

- Ca ne va pas ma chérie ? On dirait que tu as…

- Papa, le coupa-t-elle, le Baron est ici, il est dans le salon et il veut te voir. Comme tu me l’as si bien dit plus tôt, on ne fait pas attendre une personne de sa qualité.

Son père resta un moment muet jusqu’à se qu’elle ouvre la porte et qu’elle s’efface derrière pour inciter son père à entrer. Elle n’avait franchement pas envie d’être interrogée. Et puis que lui aurait-elle dit ? Qu’elle était irrémédiablement attirée par l’homme qui se trouvait dans la pièce à côté ? Qu’elle n’avait qu’une envie, être dans ses bras ?
Elle aurait sûrement reçu le plus mémorable des sermons de son père.
Malek entra dans le salon et fut un temps surpris de voir le personnage de marque qui lui faisait face.


- Mon Seigneur, c’est un honneur et un véritable bonheur que de vous voir ici, chez moi.

Le vieil homme s’inclina respectueusement puis se redressa et s’approcha de la table.
Derrière lui, Crystal resta adossé au mur derrière la porte. Elle ne se sentait pas le courage, ni la force de retourner dans le salon.

- Hélas mon Seigneur, je dois vous avouer ne pas avoir encore terminé votre commande. Mais cela ne saurait tarder. Je n’ai besoin que d’une ou deux semaines supplémentaires pour le terminer. Mais allons, où sont mes manières, avez-vous besoin de quelques choses ? A manger ? A boire.

Malek jeta un coup d’œil rapide sur la table et vit le verre d’eau.

- Ah, je vois que ma fille c’est déjà occupé de cela ! J’espère qu’elle ne vous a pas été trop désagréable, elle n’avait pas l’air bien quand elle est venue me chercher. Aahh, mais allons, elle ne vous a donné que de l’eau ? En voilà une façon de vous traiter mon Seigneur.

Le vieil homme se tourna vers la porte ouverte de l’atelier.

- Crys, va nous chercher quelque chose de plus festif. Ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit quelqu’un comme vous mon Seigneur.

Derrière la porte, Crystal crut qu’elle allait hurler. Ne savait-il donc pas se taire ? La jeune femme passa une main sur chacune de ses joues pour effacer les dernières traces de ses pleurs.
Elle n’avait pas d’autre choix que de sortir de sa cachette et de ramener d’une des étagères de l’atelier, une bouteille que l’un des prestigieux clients de son père leur avait offert. C’était une sorte d’hydromel, ce n’était pas ce qu’elle aurait pu trouver de mieux, mais c’était la première chose qui lui passa sous la main.
Sans se faire attendre d’avantage, elle retourna dans le salon et posa la bouteille sur la table près de son père.
Comme chaque fois qu’elle se trouvait proche du Baron, elle sentit ses yeux glisser dans ceux du Baron et malgré tous ses efforts, son cœur se réchauffa à nouveau ne souhaitant qu’aimer cet homme.


- Je n’ai trouvé que cela… Je…euh…souhaitez-vous que je vous laisse entre vous ?

Elle avait l’impression que ses jambes ne la tiendraient plus longtemps, tant elle les sentait trembler. Son père se tourna vers elle puis lança un regard au Baron, attendant visiblement son avis sur la question.
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2010 - 21:13



    D'un oeil sombre, Amédée regarda Crystal disparaître derrière la porte qui devait certainement mener à l’atelier de Malek — il lui semblait avoir entendu quelques tintements métalliques lorsqu’elle avait ouvert la porte. Durant les secondes qui suivirent, Amédée décrivit quelques cercles au centre de la pièce. Il marchait très lentement, pas à pas, le nez dirigé vers ses bottes de cuire. Il se sentait vide, vide de sa présence. Dans sa tête ne cessait de défiler des désirs transformés en rêve : un baiser sur sa joue, une caresse le long de son dos, sa main dans la sienne, son regard dans le sien, un sourire ... ses lèvres contre les siennes et son corps marié au sien. Les pensées tournoyaient et tournoyaient encore et encore. A tel point qu’il dut s’arrêter de marcher de peur de perdre lamentablement l’équilibre.

    Comment cette femme avait-elle pu le captiver de la sorte ? Il ne le savait pas. Il était ici question d’alchimie et de choses qu’un être humain ne pouvait pas quantifier et encore moins analyser. Il avait des sentiments pour elle, mais se refusait à parler d’amour de peur que cela ne soit qu’un rêve devenu cauchemar si l’idée qu’elle était mariée se confirmait. Il vivrait déçu à jamais, ajoutant un poids de plus à la déjà très lourde disparition de sa plus proche famille. Il vivrait condamné à nourrir une passion qui ne s’embraserait jamais. Quel plus triste sort pouvait-il y avoir en ce bas monde que celui-ci ?

    Le temps devenait complice de son supplice. Rester seul dans cette pièce alors qu’elle se trouvait à quelques pas de là lui dévorait le coeur et l’âme.

    Le Destin décida d’intervenir, comme pour soulager son calvaire. La porte s’ouvrit et Malek se présenta à lui. Amédée eut un sourire franc et heureux à son égard mais pendant un court instant son regard se posa sur la porte, comme s’il s’attendait à voir Crystal apparaître d’une seconde à l’autre. Mais elle n’apparu pas. Seul Malek se trouvait face à lui.

    Désappointé, il se reprit en plongeant son regard dans celui du vieil homme. Il se revoyait presque près de son père, gamin, devant l’échoppe d’un Malek moins ridé et habité d’une plus grande vigueur.

    » Ne vous inquiétez pas, je n’étais pas venu dans l’espoir que vous l’ayez terminé, lui répondit-il avec une certaine délicatesse. Il me tenait à coeur de vous revoir vous et votre fille. La famille Ildien est depuis longtemps une amie de Missède. Mon père vous portait en son coeur et je vous porte également dans le mien sieur Malek. Voir l’avancement de vos travaux me contentera amplement.

    L’homme s’empressa de lui demander s’il voulait manger ou boire. Amédée se contenta de lui montrer son verre en souriant. De faim il n’en avait aucune ... enfin rien qui ne pouvait être comblé par de la viande, du pain ou quelques fruits. Sa faim était chimique et spirituelle. Mais ses pensées se dissipèrent au moment où Malek lui indiqua que sa fille n’avait pas l’air de se porter pour le mieux lorsqu’elle était venue le chercher. Interloqué, il n’écouta qu’à moitié le flot de paroles qui sortit ensuite de sa bouche. Que s’était-il passé ? Pourquoi Malek avait-il eu cette sensation ? Amédée commença à se demander s’il n’y était pas impliqué d’une quelconque manière .... le contact de ses mains ! Oui ! Ce ne pouvait être que ça.

    La bouche légèrement entrouverte, regardant Malek sans vraiment le voir, il comprit que son geste avait sans doute déshonorer cette pauvre femme, et qu’elle y avait probablement vu un affront envers son mari — l’idée qu’elle était définitivement mariée s’était profondément enliser dans son esprit.

    C’est le moment que choisi Crystal pour réapparaître, une bouteille à la main. Amédée croisa son regard et lui sourit, mais on sentait dans son regard comme une lueur terne qui cherchait en fait à lui présenter ses excuses. La réplique qu’elle lâcha ensuite ne fit que confirmer ses craintes. Elle hésitait probablement à se tenir dans la même pièce que lui après ce qu’il s’était passé.

    » Non restez je vous prie, dit-il précipitamment avant de se noyer dans un silence où il chercha en vain ses mots.

    Finalement, ceux-ci sortirent quelques temps plus tard, après que tous trois se soient assis autour de la table. Jugeant que la situation ne pouvait être plus désastreuse en son sens, Amédée se lança à corps perdu dans un dernier récital — une sorte d’élan de folie mêlé à de l’espoir — qu’il fit passer pour une invitation on ne peut plus courtoise.

    » Si vous me permettez sieur Malek, fit-il sur un ton des plus doucereux, je venais également dans l’espoir d’inviter votre fille à un grand bal qui sera donné à Missède dans quelques semaines. Puis se tournant vers Crystal. Je me doute qu’une femme de votre qualité a déjà le loisir de compter un homme cher à son coeur, aussi ne voyez pas mon invitation comme un affront, je comprendrai aisément que vous la refusiez pour quelques raisons que ce soit.

    Son visage n’avait exprimé en rien son trouble intérieur. Il paraissait aussi heureux qu’au début, comme si aucune ambiguïté ne s’était insinuée entre eux.
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeJeu 18 Fév 2010 - 22:16

L’atmosphère de la pièce s’était alourdi l’espace de quelques minutes. Seul Malek sembla ne pas s’en être rendu compte. Il devait être aux anges. Le Baron de Missède, en personne, dans son humble demeure. Il n’aurait pu souhaiter plus grand honneur. Crystal pouvait lire tout cela sur le visage de son père.
Par contre, il était un autre visage dans cette pièce qu’elle n’arrivait pas du tout à lire. Les émotions glissaient sur lui, comme s’il refusait que l’on puisse lire une quelconque sensibilité.
Entendre les quelques mots d’Amédée l’invitant à rester avec eux, lui redonna un sourire plus franc, plus sincère. Pour son plus grand bonheur, ils s’assirent tous autour de la table rapidement et ce fut un soulagement car elle était à deux doigts de s’écrouler.

Le silence s’installa pendant que Malek ouvrait la bouteille. Il fit un signe de la tête à Crystal qui comprit immédiatement qu’elle devait aller chercher de nouveaux verres. Ce qu’elle fit avec plus ou moins de difficulté. Les jambes tremblantes. Ce fut sûrement la première fois de sa vie qu’elle bénit la première couturière qui avait eut l’idée de ses robes suffisamment amples pour masquer ce genre de petits détails !
Elle revint rapidement avec deux nouveaux verres qu’elle posa devant son père. Celui-ci se fit un plaisir de servir le Baron en premier, puis lui-même avant de poser la bouteille au centre de la table.

Amédée prit alors la parole. Il semblait avoir encore une fois changé, les émotions semblaient se succédaient en lui, modifiant à chaque fois sa voix, ses intonations….
Mais pourquoi faisait-elle donc autant attention à ce genre de détail. Le Baron avait bien le droit de parler comme ça lui faisait plaisir de le faire. Et elle se trompait sûrement sur son interprétation.

Les mots d’Amédée la surprirent plus qu’elle n’aurait su le dire. Son visage, lui, par contre devait être suffisamment explicite. Son étonnement n’était seulement pas du au fait que le seigneur de Missède soit venu de si loin pour l’inviter en personne à un bal qu’il donnait à son palais, mais surtout de la fin de son discours.
Il la croyait mariée ? Voila pourquoi il prenait tant de soin à marquer les distances entre eux.
Mais non, c’était une idée totalement stupide…
Il était distant parce qu’il n’éprouvait certainement pas les mêmes sentiments qu’elle et elle, elle cherchait un vain espoir de l’aimer encore un peu plus.
Aimer…oui elle avait bien pensé à ce sentiment là….Ca allait donc encore plus loin qu’elle ne l’avait cru. Si elle commençait à se mentir à elle-même, elle n’était pas prête de pouvoir recoller les morceaux de son cœur brisé une fois le Baron repartit.

La bouche entrouverte, le visage marqué par un étonnement non dissimulé, la jeune femme fut si longue à chercher une réponse que se fut finalement son père qui se chargea de répondre à sa place.

- Mon Seigneur, c’est un honneur que vous faites à ma famille de convier ma fille à un bal organisé par votre noble personne.

Le vieil homme inclina la tête, lui aussi semblait surprit par une telle demande. Mais comme il avait apprit à le faire, il se garda bien de donner une réponse à cette invitation à la place de Crystal.
Cependant il ne put s’empêcher d’ajouter :


- Mon Seigneur est dès plus aimable avec ma fille. Cependant, cette jeune demoiselle s’entête à repousser tous les prétendants qui se présente à elle ! Il n’y a donc aucun affront dans votre invitation et elle a mon entière bénédiction pour ce bal.

Le vieil homme se tourna vers sa fille. Elle était bien plus calme que d’habitude. La présence du Baron devait l’impressionner et il pouvait le comprendre. Cependant il avait l’impression de lire bien plus que ça sur son visage. Elle semblait à la fois heureuse et triste. Une étrange contradiction qu’il n’avait encore jamais connue chez sa fille. Mais il se garda bien de dire quoi que se soit. Il aurait tout le loisir de la questionner un peu plus tard.

Crystal comprit au silence qui régnait après les paroles de son père que s’était d’elle qu’on attendait une réponse. Elle réalisa également que pendant toutes ses secondes elle n’avait pas arrêté de fixer le baron, ne cherchant même plus à retenir son cœur. Elle aimait plonger dans son regard et elle le ferait tant qu’il serait dans cette pièce. Si près d’elle.


- Comme la si gentiment fait remarquer mon père,
elle adressa un sourire entendu à Malek, je n’ai donné mon cœur à personne et je serais extrêmement honorée et heureuse de me rendre à Missède pour assister à votre bal mon Seigneur. Votre invitation me touche plus que je ne saurais le dire.

Et voilà, ça s’était le genre de phrase qu’elle aurait mieux fait d’avaler. Elle ne savait rien de lui et elle n’avait pas à dire ce genre de chose devant une personne de son importance. Il devait en voir tous les jours des filles comme elle…totalement sous le charme de ce regard de gris. De ses lèvres… De ses mains….en cet instant elle aurait été capable de renier tous les dieux du monde pour sentir les caresses de ces mains.

Malek, sentit alors son cœur faire un bond dans sa poitrine. Voilà…tout était clair maintenant. Ce visage…cet air… Il se souvint… Sélène, la mère de Crystal avait le même air lorsqu’ils s’étaient rencontrés…et elle lui avait confié peu de temps après qu’elle n’avait pas osé lui dire plus tôt ce qu’elle ressentait pour lui à ce moment là.
Il se leva alors, peut-être un peu trop brusquement.


- Je vais chercher votre collier, j’en ai pour quelques minutes, il me faut juste terminer une petite chose pour pouvoir vous l’amener. Crys veille à ce que notre invité de manque de rien.


Malek sortit de la pièce, refermant la porte de l’atelier derrière lui. Crystal, n’était pas dupe, elle avait très bien compris le manège de son père. Et elle craignait déjà le moment où elle devrait en parler avec lui. Parce qu’il était certain que Malek ne lâcherait pas le morceau avant d’avoir entendu ce qu’il voulait savoir.
Crystal releva les yeux vers le Baron et lui adressa un nouveau sourire. Elle aimait sa présence. Mais elle craignait qu’à nouveau seule avec lui, elle ne puisse plus faire grand-chose pour se retenir
.

- Merci encore pour votre invitation mon Seigneur.

Ne voulant pas d’un silence gênant, la jeune femme préféra prendre le ton de la conversation, même si elle s’apprêtait à dire les plus grosses âneries de sa vie, comme s’était à prévoir.

-Ce bal célèbre-t-il quelque chose en particulier ? Peut-être le donnez-vous en l’honneur de la Dame qui vit à vos côtés ou à l’un de vos plus fidèles soldats.

Bien-heureusement son visage masquait les émotions qui se bousculaient en elle. Elle n’avait pas vraiment envie de savoir si Amédée était marié, cela aurait anéanti tout espoir et fait grandir la douleur déjà si violente. Mais après tout, c’était un bon moyen d’être fixé.
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeVen 19 Fév 2010 - 15:42



    Amédée regardait Crystal avec une certaine distinction. C’est Malek qui, le premier, lui apporta une réponse à son invitation. Ce qui ne manqua pas de le surprendre le laissa ensuite complètement abasourdi. Crystal n’était pas mariée. D’après les dires de son père, elle ne cessait de repousser tous les prétendants qui se présentaient à elle. Folie ... douce folie ... il avait tout faux depuis le début. Il l'avait cru marier. Il l’avait cru intouchable, alors qu’en réalité aucune barrière ne les séparait réellement — si ce n’est peut-être l’ombre d’un nouveau refus de sa part.

    Son sourire se raffermit, comme s’il prenait une seconde vie.

    Il réalisait progressivement que tous les murs qu’il s’était battis devant lui venaient de voler en éclats. La belle Crystal était libre comme l’air et lui était désormais libre de l’aimer. Son coeur se contracta à cette seule pensée. Des oisillons semblaient lui picorer le ventre, nourris par les fruits d’un désir qu’il lui était impossible de faire décroître. Son âme la désirait au plus haut point, là, maintenant. Mais les règles étaient ce qu’elles étaient et il ne pouvait se résoudre à lui montrer ses sentiments maintenant. Même si plus rien ne le retenait de le faire, il voulait donner une touche particulière à cet instant, quelque chose de subliminal. Il voulait lui montrer son amour de sorte qu’elle s’en souvienne jusqu’à la fin de ses jours. Et cela, il ne le ferait que mieux à Missède, au cours du grand Bal qui y serait bientôt donné.

    Noyé dans ses yeux, il parcouru note par note la douce mélodie de sa voix quand elle évoqua l’honneur et la joie que son invitation pouvait représenter pour elle. A ceci il répondit par un hochement de la tête, avant d’accentuer son sourire à la limite du jovial. Malek — bien qu’Amédée ne voulu lui manquer de respect — était relégué dans le fond du décor. Amédée ne le voyait plus, il notait à peine sa silhouette dans le coin de ses yeux ; trop concentrés qu’ils étaient à fixer ceux de sa fille. C’est donc dans une sorte de déclic apparent, qu’il tourna brusquement la tête en voyant Malek se lever précipitamment de sa chaise. Il voulu se lever à son tour pour ne pas manquer de respect à celui qui l’avait accueilli chez lui, mais le vieil homme fit preuve d’une rapidité presque étonnante en disparaissant derrière la porte de son atelier en un claquement de doigts.

    Crystal profita de ce moment d’intimité pour le remercier une nouvelle fois.

    » Ne me remerciez pas Damoiselle Crystal, répliqua Amédée. Il était tout bonnement impensable de ne pas vous inviter.

    Une lueur glissa dans ses yeux glacés, les longues mèches de cheveux blonds qui lui tombaient de part et d’autre du visage oscillèrent faiblement comme touchés par l’onde de choc. Les mots étaient sortis tous seuls, sans même qu’il puisse les triturer. Impensable, c’est vrai, c’était le bon mot. A ses yeux, il était impensable d’aller à ce bal sans qu’elle n’y soit. Non pas parce qu’il tenait absolument à lui dévoiler ses sentiments à ce moment là mais parce qu’il lui semblait que plus rien n’aurait jamais assez de goût sans elle à ses côtés.

    » C’est un bal qui est donné chaque année en l’honneur de ma famille. Il est coutume d’y porter un masque durant la première partie de la soirée. Les convives se mélangent ainsi sans se reconnaître. Après cela, un dîner est donné dans la plus grande salle du palais où tous retrouvent leur vrai visage. Mes parents se sont rencontrés de cette manière, c’est pourquoi je m’efforce de faire perdurer la tradition en leur mémoire.

    Son sourire toujours pendu à ses lèvres, Amédée porta une gorgée d’un très bon hydromel de pays à sa bouche.

    » Je vis seul depuis un certain nombre d’années Damoiselle, ajouta-t-il en reposant son verre sur la table. Si tant est qu’on puisse parler de solitude sous les toits de mon palais. Il eut un petit rire amusé. Néanmoins, je n’ai jamais fréquenté de femmes à qui mon coeur se soit attaché jusqu‘à très récem ...

    Ses yeux toisèrent le visage de Crystal, les courbes de sa machoire, de ses lèvres, l’arrête de son nez, la peau de ses joues, de son front, dans ses rêves, il aurait probablement tendu sa main pour la caresser. Mais dans la réalité, il se contenta de la regarder en se mordant la langue pour ne pas céder à la tentation quand la porte de l’atelier claqua sur sa gauche. Son regard se tourna vers Malek qui revenait les mains chargées. Il nota que son verre était vide. Aussi porta-t-il sa main à la bouteille d’hydromel — passant au passage si près des mains de Crystal qu’il put presque sentir un arc électrique se former entre eux.

    Sa langue n’en finirait plus d’être mordu ...
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeVen 19 Fév 2010 - 18:32

Quel doux plaisir que d’entendre cette voix tant aimé. Jamais elle n’aurait crut possible de sentir son cœur battre plus fort à chaque mot qu’Amédée prononçait. Pourtant c’était bien le cas. Elle aurait pu l’écouter des heures sans se lasser de ce timbre qu’elle adorait déjà beaucoup trop.
Le visage du Baron s’était soudain éclairé. Il semblait content, à vrai dire il paraissait même heureux et cette fois, c’était clairement lisible sur son visage.
Etait-ce seulement parce qu’elle avait accepté son invitation ? Ou pour une autre raison qui lui échappait totalement ?
En attendant ce changement, si soudain qu’il fut, rendait son visage encore plus beau, plus attirant. Et cela la fit aussitôt sourire. Le voir si joyeux la rendait heureuse, pour une raison qu’elle n’aurait su expliquer.
Il lui répondit alors que le Bal de Missède était en fait, un bal masqué. En cela résidait toute l’originalité de la fête car il n’y en avait pas des comme cela à Diantra.


- C’est une idée vraiment amusante. J’ai hâte d’y être mon Seigneur. Ce genre de Bal doit être plein de surprises !

La jeune femme laissa échapper un petit rire amusé. Paraitre masqué à un bal, sans pouvoir reconnaitre le moindre invité cela semblait extrêmement amusant…surtout qu’elle, elle était certaine de ne connaître personne…Cela promettait d’être une soirée surprenant.

Amédée de Missède poursuivit. Il semblait bien plus détendu et parlait sans retenu.
Le cœur de Crystal reçu un nouveau choc, pour la énième fois de la journée… Alors elle s’était totalement trompée. Il n’était pas marié… Il vivait seul. Selon ses propres termes.
Cependant la phrase qui suivit, bien qu’incomplète fit planer un nouveau nuage de tristesse sur son cœur. Il n’était peut-être pas marié, mais il s’était épris de quelqu’un d’autre….en d’autre terme, c’était la même chose pour Crystal.
Gardant néanmoins son sourire, elle parvint à ne pas montrer l’ascenseur émotionnel qu’elle avait ressentit en l’espace de quelques secondes.
C’est alors qu’elle comprit qu’il avait été tout simplement interrompu par son père qui venait de débarquer dans la pièce.
Le vieil homme s’était arrêté, observant la scène. Crystal vit son regard posait sur la bouteille que venait de saisir le Baron et elle sursauta, en s’en apercevant elle-même.


- Laissez, je vais le faire mon Seigneur.

Un peu trop pressé de réparer cette petite erreur de parcours, elle voulut reprendre la bouteille des mains du Baron et ses doigts se posèrent sur les siens. Une fois de plus ce fut tout un remue-ménage de sentiments, d’émotion et de folles envies.
Ce simple contact lui donnait l’impression de s’envoler loin de Diantra, loin des maux qu’avait causés la guerre, loin de toute souffrance. Un paradis de plaisir.
Abandonnant toute pensée logique elle préféra profiter de ce moment, savourant la peau qu’elle touchait du bout des doigts. L’instant resta un temps en suspend.
Puis, un peu sorti de nulle part, comme d’habitude :


- Je vais me servir moi-même.

Malek avait saisit le goulot de la bouteille et se servait un nouveau verre d’hydromel de sa main libre. Il ne fit aucune remarque, ne regarda ni le baron ni Crystal. Il baissa simplement les yeux sur son verre.
Lorsque la bouteille avait glissé de ses mains, la jeune femme n’avait fait aucun mouvement. Elle avait les yeux fixés sur cette main, qu’elle tenait au bout de ses doigts. Elle ressentait plus fortement l’envie de la serrer, de la sentir caresser sa peau….
Mais aussi brusquement que le retour de son père, la scène lui apparut soudain et elle retira sa main à contre cœur, sentant à nouveau ses joues rosir.


- Pardonnez moi mon Seigneur…si vous n’avez plus besoin de moi….je…je vais prendre l’air.

Son père releva la tête et lui adressa un grand sourire. Il savait bien qu’elle n’irait pas très loin, il y avait une très belle fontaine, un peu plus loin dans leur quartier. C’était souvent là que sa fille allait pour jouer de la lyre.
D’ailleurs, lorsque Crystal se leva, elle prit avec elle son instrument qu’elle avait posé sur la table un peu plus tôt. Elle allait sortir quand elle se souvint des règles de politesse et se tourna vers le Baron.


- Mon Seigneur, ce fut pour moi une grande joie de vous revoir.

Elle s’inclina, se releva et croisa à nouveau le regard d’Amédée. S’il n’y avait pas eut toutes ces barrières…elle lui aurait dit tout ce qu’elle avait sur le cœur, elle lui aurait dit qu’elle ne voulait être qu’avec lui, qu’elle le désirait si ardemment qu’elle n’aurait jamais eut assez d’une vie pour le lui prouver entièrement. Elle lui aurait tout simplement dit qu’elle l’aimait.
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeJeu 25 Fév 2010 - 19:21



    Bien après le départ de Crystal, Amédée pouvait encore sentir le contact de ses doigts sur sa main. C'était comme si leur douceur l'avait brûlé au premier degré. Comme si son esprit ne voulait plus oublier ce contact. Légèrement sonné par la succession de rebondissements qu'il venait de vivre, il plongea son regard dans celui de Malek en espérant que celui-ci dénouerait d'une manière ou d'une autre la situation. Ce que par chance, il fit.

    » Mon Seigneur... est-ce que vous allez bien ? Lui demanda Malek.

    » Oui... pardonnez-moi, je réfléchissais, répondit brusquement Amédée.

    Le regard qu'elle lui avait jeté avant de quitter la pièce ne cessait d'habiter ses pensées. Ce regard avait cherché à lui dire quelque chose, il en était presque persuadé. Pourtant, il ne réussissait à placer le moindre mot sur ce qu'il avait vu. Son coeur lui murmurait des choses qu'il ne pouvait encore comprendre ; peut-être parce qu'il ne pouvait pas les entendre ou tout simplement parce que l'être humain qu'il était ne pouvait pas déchiffrer ce langage.

    Ne voulant pas manquer de respect à l'un des plus vieil ami de sa lignée, il se reprit tant bien que mal.

    » Où en est ce collier ? Lui demanda-t-il.

    Malek déplia le linge qu'il avait posé sur la table, révélant une partie du collier qu'Amédée imaginait être la moitié de la pièce centrale. L'objet était somptueux, il n'avait pas d'autres mots plus forts pour qualifier ce qu'il voyait. Le joyau formait un cercle d'un bleu profond, comme un océan. On pouvait y voir des lueurs nacrées se tortiller dans tous les sens et un reflet noir particulièrement troublant apparaître lorsqu'on le regardait sous un angle bien précis. Bordant le joyau, Malek avait commencé à poser un alliage en argent où brillaient quelques paillettes de cristal.

    » Comme vous le voyez, il manque encore beaucoup de détails, expliqua Malek, ses yeux fixés sur son oeuvre.

    Amédée sourit.

    » Pour le peu que j'en vois, somptueux est le premier mot qui me vient à l'esprit, prodigieux le suit de très près.

    Lorsqu'il détacha son regard du collier pour regarder Malek, son sourire s'étira en remarquant combien le vieil homme semblait heureux d'entendre pareil compliment. Il ne l'exprimait peut-être pas ouvertement, mais Amédée pouvait le voir à la manière que ses yeux avaient de briller et ses mains de trembloter.

    » Merci Mon Seigneur... dit timidement l'orfèvre.

    Amédée se leva et prit le soin de replier lui-même le linge qui conservait jalousement sa commande. Il porta ensuite sa main droite sur l'épaule du vieil homme, un sourire plus appuyé que jamais couvrant son visage d'ange.

    » Vous pouvez être fier de vous pour bien des raisons, le complimenta Amédée.

    Malek ne sembla pas comprendre toute l'ampleur de ces propos. Amédée tapota amicalement son épaule et se dirigea vers la porte.

    » Vous partez déjà mon Seigneur ?

    » Malheureusement oui, j'ai quelques affaires qui m'attendent. Excusez mon impolitesse en vous quittant si précipitamment.

    » Oh non... ce n'est rien. J'espère simplement que nous pourrons nous revoir prochainement.

    Amédée accepta avec un grand plaisir.

    En s'engouffrant dans les rues de Diantra, Amédée sentit son coeur s'alourdir à mesure que ses pas s'éloignaient de la maison des Ildien. Le sentiment qu'il avait abandonné une partie de lui à Crystal était vivace. Et comme pour lui donner plus d'ampleur encore, Amédée la revit au détour d'une rue. Elle était assise au centre d'une petite place, près d'une fontaine, jouant une mélodie qu'il se plut à écouter. Le regard légèrement vacillant, il s'approcha lentement d'elle et s'inclina quand il fut assez près d'elle pour qu'elle le remarqua.

    » C'est une très belle mélodie... une très belle manière de jouer... vous devenez plus extraordinaire à chaque fois que nous nous rencontrons Damoiselle Crystal, lâcha-t-il avant d'abaisser son regard, gêné.

    Un silence s'installa.

    » Je dois m'en aller mais j'espère de tout coeur vous revoir au bal... poursuivit-il en lovant ses yeux dans les siens, ce fut une nouvelle fois un plaisir de vous voir.

    Il s'inclina poliment et pivota sur ses talons.

    ... aucune douleur ne m'est plus pénible que celle de vous quitter...
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MessageSujet: Re: Le chant d'une Lyre.[Terminé]   Le chant d'une Lyre.[Terminé] I_icon_minitimeVen 26 Fév 2010 - 9:00

Quitter la pièce fut le moment le plus difficile pour la jeune femme, alors qu’elle n’avait qu’une envie, se serrer dans les bras d’Amédée. Mais elle n’avait pas le choix, elle ne voulait plus faire d’erreur.
Que croyait-elle au juste ? Il avait dit qu’il n’était pas marié mais qu’il aimait quelqu’un… C’était du pareil au même. Elle n’avait pas le droit de faire la jeune femme capricieuse.
Un dernier regard et elle se retira, refermant la porte derrière elle.
A côté de son salon, la ruelle semblait si bruyante, les gens allaient et venaient en criant comme des vendeurs de poissons…Elle avait la tête qui lui tournait…


Il fallait qu’elle s’éloigne, qu’elle trouve un coin plus calme, loin de toute cette agitation. Soudain, ce fut comme une évidence. Le seul endroit tranquille de la ville, elle le connaissait. Seul le chant de l’eau viendrait troubler ses sombres pensées.
Ce n’était qu’à quelques pas de chez elle et elle y fut très rapidement. C’était une belle fontaine, toute simple avec un grand bassin ovale rempli d’une eau claire et recouverte de quelques nénuphars en fleurs pour la plupart.

Même si l’endroit n’était pas excessivement reculé, il y avait là beaucoup moins de bruits, et de passage.

Pendant une seconde elle resta debout devant la fontaine et poussa un léger soupir. Il fallait qu’elle arrête de penser. Et le seul moyen efficace qu’elle connaissait…c’était la musique.
Ecartant les plis de sa jupe, Crystal s’installa sur le rebord de la fontaine et cala sa lyre sur ses genoux. Ses doigts glissèrent sur les cordes, les effleurant légèrement.
Une douce mélodie s’éleva presque aussitôt, l’enveloppant d’une bulle dans laquelle elle se laissa aller, oubliant le monde autour.

Dans quelques semaines, elle serait au bal de Missède. Bien qu’elle fut plus que ravie d’y avoir été invité, elle avait également un mauvais pressentiment. Une fois là-bas elle ne pourrait plus fermer les yeux, à l’évidence elle ne pourrait pas faire autrement que de constater le bonheur du Baron avec une autre femme qu’elle. Peut-être est-ce le seul moyen de l’oublier…souffrir…sentir son cœur se briser en mille morceaux…et puis oublier…

Cela semblait presque utopique, comme si elle tentait de se convaincre qu’une fois revenue à Diantra elle pourrait oublier la personne qui avait éveillé tant d’émotion en elle. Elle l’aimait. Et elle l’aimerait probablement jusqu’à la fin de sa vie…
A y réfléchir, c’était plutôt une triste fin que de savoir qu’elle aimerait quelqu’un toute sa vie sans être aimé de cette personne en retour.

Alors qu’elle continuait de jouer, elle entendit une voix. Beaucoup de gens parlaient autour d’elle, il y avait toujours eu un fond de conversation…mais cette voix…. Elle l’aurait reconnu entre mille.
Ses yeux plongèrent à nouveau dans l’océan glacé qu’elle aimait tant. Son cœur se serra, son ventre se noua.


Est-ce une apparition ? Son esprit commençait-il à lui jouer des tours ?
Non…il était bien là, face à elle et la saluait.
Lentement, Crystal se leva et s’inclina une nouvelle fois devant le Baron. Quand elle releva la tête, elle sentit une fine larme couler sur sa joue.


- Merci de votre visite mon Seigneur, vous revoir fut pour moi la plus belle des surprises.

Elle ne put prononcer d’autres paroles. Sa gorge se serra à son tour et elle baissa la tête dans une dernière révérence avant de regarder la silhouette d’Amédée de Missède disparaitre dans les rues de Diantra.
A chaque pas qu’il faisait, elle le sentait s’éloigner d’elle. Mais elle savait qu’elle le reverrait bientôt et même si cela ne présageait qu’une plus grande souffrance, il lui tardait déjà de le revoir une dernière fois.
Avec lenteur, elle retourna vers la maison de son père. Elle eut l’impression de mettre des heures avant de franchir à nouveau le seuil de la porte. Malek était là, assis sur l’une des chaises du salon. Visiblement heureux de cette visite. Il jeta un coup d’œil à sa fille et lui sourit.


- Tu avais raison ma chérie…il est digne de son titre et il me fait énormément penser à son père. C’est quelqu’un de bien. Et puis il a été très aimable de t’inviter à ce bal.

Crystal, sentit un léger sourire venir se dessiner sur ses lèvres. Son père voyait toujours le bon côté des choses et il lui redonna un peu d’espoir. Infime.

- Tu devrais aller t’acheter de quoi te faire une belle robe. C’est une excellente occasion d’agrandir ta garde robe.

Le vieil homme se leva et s’approcha d’elle. Il leva sa main et tapota sa joue.

- Tu sais, les choses n’arrivent jamais par hasard. Peut-être trouveras-tu à Missède ce qui te manque à Diantra. Va, je retourne à mon travail.

Sans un mot de plus, Malek retourna s’enfermer dans son atelier et il y resta la plus grande partie de la journée. Crystal, elle, finit par retrouver le sourire. Son père avait raison. Elle devait profiter de ce qu’on lui offrait. Elle n’aurait peut-être plus d’occasion comme celle là dans sa vie et elle comptait bien s’amuser à ce bal, même si pour cela, elle devait souffrir un peu.
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