"Nécromancienne, je ne suis pas mort !" [PV: Xsa'us Rosa]

(Cela se passe avant le retour de Tebirahc au Puy d'Elda
Le titre est nul, mais j'voulais pas parler de rencontre, et j'voulais jouer sur le fait qu'on ait pu penser Tebi mort et que tu sois nécromancienne xD)

Qu'importe les circonstances, l'isolement est l'ennemi de l'homme de pouvoir, et même la blessure ne doit l'enfermer dans une bulle d'où ne parvient aucun écho du monde extérieur...

C'est cette pensée, et cette inquiétude de se voir dépasser par les évènements à son retour qui avait motivé un suivi discret de tout ce qui pouvait se passer, avec un décalage néanmoins, au Puy d'Elda. Il n'y avait néanmoins eu aucun message pour rassurer sur l'état de l'Obok Senger... On est jamais à l'abri d'un concurrent qui pourrait profiter de sa faiblesse pour l'éliminer, surtout chez les sombres.

Quand il fut en meilleur état, il se mit seul en route vers l'Ithri'Vaan, autant par besoin d'information que de désir de sortir de l'avant poste aménagé dans une caverne s'ouvrait sur le reste du continent, au delà des chaines rocheuses bordant les Terres Stériles. Les semaines enfermées avaient semblé interminable, et il saisi la première occasion, laissant sa monture aux soins attentifs de ses hommes et ses guérisseurs particuliers.

C'est ainsi qu'on le retrouva, marchant dans ce vaste désert que sont les Terres Stériles, marchant et guidant son cheval derrière lui, une cape ample couvrant son corps, déformé que par l'épée qu'il tenait à la taille, ainsi que son visage. Il n'y avait là rien qui aurait pu indiquer la nature de l'individu, tant par sa race que par son rang.
Il avait quitté l'Ithri'Vaan depuis plus d'un jour déjà, retournant vers les montagnes et vers sa cache, souhaitant avant tout ne croiser personne qui saurait le reconnaître, il fallait jouer l'illusion jusqu'à une complète guérison, pas avant.

Les Dieux l'avaient écarté de la scène, et ils semblaient souhaiter le mettre mal à l'aise, car déjà non loin de lui marchait un petit groupe d'individus... Dans un murmure, il adressa une prière à son dieu...

- Uriz, je sais ta passion des combats, et tu me sais fervent serviteur pour mener les guerres, mais épargne moi l'affrontement aujourd'hui... Distrait les, qu'ils ne me voient pas...

Point de lâcheté, pas à ses yeux... Mais il ne souhaitait pas combattre en ce jour, quelques soit finalement les objectifs de ce groupe si d'aventure, ils venaient à le voir.
Le Dieu capricieux ne lui accorda pas de faveurs, et bientôt, le groupe prit une trajectoire qui rencontrerait la sienne, à ce constat, rien de plus qu'un soupir.

Quand il fut assez près, il put y voir la curiosité que constituait ce groupe... Une sombre femelle accompagnée de squelettes à l'aspect fort repoussant, ce qui lui indiqua la nature précise de la voyageuse... Une magicienne, et plus précisément, une nécromancienne.
Un des gardes, à la démarche menaçante, accéléra le pas, voulant aller à sa rencontre, sans doute pour éviter à sa maitresse le désagrément d'un corps à corps, équipé d'une épée et d'un bouclier usé, rouillé. Désormais c'était certain, l'engagement était inévitable.

Un nouveau soupir, et le voilà écartant le pan de sa cape, tirant sa lame au clair, lâchant la bride du cheval, le calmant comme il pouvait avant l'arrivée du guerrier revenu d'outre-tombe. Quand ce fut fait, il se concentra pleinement sur le premier adversaire, détachant pleinement sa cape, la laissant filer au sol pour une plus grande aisance.
Le combat ne dura guère plus d'une minute, un squelette est un bon allié dans un champ de bataille, mais contre un guerrier mobile comme Tebirahc, rapide et précis plutôt que puissant et franc dans ses frappes et son attitude, il représentait un piètre obstacle.
Quelques passes d'armes, d'esquives et le voilà frappant à la jonction entre le corps et les jambes, privant de mobilité son adversaire avant de le débarrasser de ses bras, écartant définitivement la menace.

Tournant le dos à l'être désormais inerte, il reporta son attention sur la propriétaire du cadavre et adressa ses mots avant que les autres ne l'approchent.

- Tenez vos chiens en laisse, je n'ai ni le désir de me battre, ni celui de devoir vous ôter la vie.

Oh, c'était sans doute de la prétention, mais après tout, il en était capable, ce ne sont pas quelques cadavres qui abattrons l'Obok Senger, même sans sa terrible montures. Il n'était pas agressif, mais assez assuré pour transmettre un message « Si vous engagez les hostilités, j'irais jusqu'au bout », espérant que cela suffise, même si son visage était dévoilé, il ne souhaitait pas tuer sans une raison plus convaincante.

La terreur commença. Les mages du C’nros apprirent rapidement la nomination de Xsa’Us Rosa. Bien des regards se mêlaient à la vue de la nécromancienne. Jalousie, Incompréhension, peur et haine. La sorcière ne s’arrêta pas pour un discours ou autre futilité qui ne ferait qu’apaiser temporairement l’ambition de ces drows. Le champ de bataille était le lieu pour réaliser ce genre de chose, le meilleur moment pour créer une aura de crainte car dépendants d’elle, ils n’auront qu’à plier ou mourir comme des bêtes. Ces imbéciles n’osèrent pas approcher la Phord’Ur. Seul son ancien maître avança de quelques pas pour attirer son attention. Le vieux drow connaissait bien son ancienne élève. Il inclina poliment la tête et attendit que Rosa fusse immobile. La nécromancienne sentit l’aura de mort familière de son ancien professeur puis décida de fixer le vieillard. Un échange de regard pas plus mais qui en disait long. Félicitations bouffie d’orgueil de savoir que son élève avait atteint un aussi haut rang qui eut comme réponse des yeux perçants. Le maître comprit qu’il n’était plus le commandant, que le caractère morbide de son ancienne apprentie allait donner de l’ordre d’une poigne de fer au C’nros . Il baissa la tête et recula, n’osa même pas ouvrir la bouche. Rosa ferma les yeux et reprit la route. La drow ne voulut même pas entendre les questions de tous les mages au professeur, ce dernier déclara simplement que l’obéissance serait de mise. Ainsi le vieux maître faisait basse mine… Curieuse situation… Cela valait bien un sourire. Elle rentra dans ses quartiers, le serviteur humain avait fini son travail semblait occupé à ronger ses ongles or il sursauta quand la porte s’ouvrit. L’esclave se remit à laver les sols déjà propre, des gémissements s’échappèrent de ses lèvres pendant ce travail de névrosé. Il lessivait les sols telle une obsession, le mot propre se répéta sans cesse, puis lorsqu’il sentit la présence de sa maîtresse proche de lui, il leva les yeux. La nécromancienne était là, accroupie à ses côtés. La peur dévora son âme, son estomac se crispa bruyamment et il se mit à trembler nerveusement. Rosa était à quelques centimètres mais ses yeux étaient fermés. Elle l’observait sans le voir ,l’humain ne put tenir un tel regard et en revînt à sa propreté. L’âme tourmentée fut autrefois un esclave majordome réputé pour sa discussion d’esprit. Ses traitements l’avaient rendu incapable de regarder sa maîtresse. Rosa ouvrit les yeux et chuchota à ses oreilles d’une voix lente et monotone.

« Nettoie petit être … Nettoie avant d’être… Mangé par les vers. »

La raison n’avait pas de place dans sa bulle. Tant de tourments ne pouvaient être rationnalisés sinon elle les diminuerait. Et puis, il y avait des tâches qu’aucun n’avait réussit à supprimer. Elle ouvrit les rideaux derrière le mur de fond, à côté de son armoire à petites potions nocives pour les esclaves qui ignorent la douleur physique. Cela menait à sa chère salle de science où il régnait une odeur de putréfaction. Elle soupira faiblement, les corps qui pourrissaient, devenaient inintéressants pour ses recherches. Il lui fallait des squelettes ! Des squelettes qui avaient un tas de secret à lui grinçaient. Des morts d’une autre époque. La nécromancienne savait où en chercher. Elle sortit de son laboratoire pour rencontrer l’esclave qui nettoyait à présent le lit de la maîtresse ; chose la plus malsaine dans cet environnement , vue qu’elle transportait une odeur paradoxale de parfum de Lys. Rosa indiqua au petit malheureux qu’elle s’absenterai un petit moment pour chercher des sujets de recherche et que la Phord’Ur prendrait tous les courriers à son retour.

Xsa’Us Rosa se lança donc vers les terres stériles. En chemin , elle tomba sur des tombes de guerriers morts dans les affrontements incessants entre drows et elfes. Une escorte satisfaisante pour sa petite course. La nécromancienne usa de ses sombres pouvoirs pour les relever et les fit avancer autour d’elle. Deux avaient un bouclier, une épée et un casque, rouillés comme leurs os fatigués par le temps et le dernier un peu plus imposant avait une épée à deux mains en argent qui brillaient encore malgré son état. Les squelettes faisaient de beaucoup plus plaisants compagnons que les zombies. Ces derniers outre leur odeur parfois désagréable étaient bruyants et sans aucun rythme harmonique. Les squelettes quant à eux, faisaient un son merveilleux d’os qui grincent et leurs mouvements étaient si beaux à ses yeux. Elle parcourut un moment le désert, à la recherche des ses cadavres mais la pêche s’avérait être mauvaise. Soudain, un squelette s’emballa, il agita nerveusement son épée pour chasser une présence menaçante . L’ancien guerrier avait sentit de la chair proche et chargea l’individu. La nécromancienne ouvrit ses yeux pour observer la cible. Un cavalier qui trainait sa monture derrière lui. Un drow qui devait avoir plus d’un secret. Le squelette se fit terrasser par le voyageur. Ce dernier en valait donc la peine. La Phord’Ur s’approcha alors du guerrier qui menaçait fièrement … Certes un peu trop mais après tout il avait ses raisons dans un tel paysage aride. Les instincts de survie ravivait la vaillance.

« Que fait donc un cavalier seul dans un royaume de silence ? Est ce un messager ou un exilé qui désire rentrer dans son foyer chaotique ? Mes petits compagnons n’aiment pas ce qui est de chair. Mais ce n’est pas la menace. Craignez plutôt votre sort futur. Le Puy d’Elda n’est pas des plus calmes. »

« Que fait donc un cavalier seul dans un royaume de silence ? Est ce un messager ou un exilé qui désire rentrer dans son foyer chaotique ? Mes petits compagnons n’aiment pas ce qui est de chair. Mais ce n’est pas la menace. Craignez plutôt votre sort futur. Le Puy d’Elda n’est pas des plus calmes. »

Oh, elle avait en un sens bien raison... Le Puy d'Elda n'était pas l'endroit le plus calme que connaissent ce continent, bien au contraire, mais en la détaillant, et bien que le physique n'eut pas été un repère des plus sûrs, elle était plus jeune que lui, de bien des décennies... Il eut un sourire amusé à ses mots, le royaume du silence en était désormais un, mais fut une époque bien lointaine, amenant tant de souvenirs où cet endroit fut bien plus bruyant.

Il ne voulant pas trop en dire, trop en dévoiler, mais faire comprendre à cette demoiselle qu'il savait où il marchait, le sol qu'il foulait et même son histoire... Il répondit alors simplement, sans agressivité aucune, que de l'amusement, reflet d'un sourire affiché sur son visage, tant par l'ignorance bien normal qu'à l'évocation de ce lieu en ses souvenirs.

- Sachez, nécromancienne, que je sais où mes pas s'aventurent, que j'ai foulé ce sol avant que vos parents n'envisagent votre conception... Peut-être bien même avant leur rencontre. Que ces compagnons que vous vous êtes fait, je pourrais les avoir vu périr...

Il faisait là mention d'une bataille vieille de plus d'un demi-millénaire, la Bataille des Cendres, lorsque les hommes menés par le Sénéchal Léandre de Soltariel avait eu la prétention de croire qu'il pourrait marcher sur la Cité Sombre et s'était vu échoué avant d'y mourir... Sa première grande bataille, son premier succès militaire et sa rencontre avec Alder'Aak Dolérian.

- Mais je consens à admettre que le Puy d'Elda n'est pas le lieu le plus calme que porte ces terres.

Quant à son futur... Il avait apprit à vivre avec le risque de voir un concurrent attenter à sa vie pour prendre sa place, manière qu'il n'appréciait guère mais qu'il savait courante chez les sombres. Loin du mérite, le meurtre était un moyen de monter dans la hiérarchie.

Il s'intéressa ensuite plus à elle... Les nécromanciens étaient des individus assez curieux, plus que les mages communs, à son sens. C'était aussi des soutiens des plus redoutables à la bataille, capable de réanimer des bataillons entiers, sans peur, sans volonté aucune que de détruire l'ennemi... Néanmoins, jamais il n'avait usé d'une telle stratégie dans les batailles et les campagnes qu'il avait mené, mais il y pensait, savait pouvoir compter sur eux si le besoin venait à apparaître.

- Mais dites-moi... Qu'est ce qu'une nécromancienne fait ici, accompagnée de guerriers sans âge ? Il n'est pourtant ici rien de plus que des roches silencieuses, contant encore l'histoire de cette terre désolée.
Je ne vous pensais pas friand de ces promenades, souvent tant occupés à concevoir de nouveaux sorts à l'abri des regards et de toutes distractions. Mais peut-être alliez-vous vous entrainer pour intégrer le C'nros, et dans ce cas, je ne vous dérangerais pas d'avantage.

Il avait certes une image particulière des mages, mais c'était là le moins important... Offrant des réponses, il se contentait d'éviter l'insistance sur la raison de sa présence ici, seul. Cette sombre ne le connaissait pas, peut-être de nom, mais pas de vue, ainsi, il n'offrirait pas à son attention plus de détails qu'elle n'en réclamerait.

Xsa’us Rosa s’approcha du tas d’os qui avait été vaincu par son interlocuteur. Si la scène s’était déroulée dans son bureau , peu probable, la sorcière penserait qu’il y avait pris du plaisir. Mais c’était un vétéran quoique tout guerrier aurait pu comprendre qu’un coup au torse n’avait pas de grands effets sur un squelette. D’un œil observateur, elle ramassa le crâne et le fémur droit. Ce pauvre soldat avait eut une nouvelle fois subit la défaite. C’est ce qui arrive au loup solitaire qui quitte la meute pour se nourrir avant les autres. Une vivifiante petite réflexion n’était pas de refus pendant une promenade plutôt mortelle. Les deux autres encore actifs de placèrent entre eux le cavalier et la drow. Leurs dents grinçaient et donnaient un son sifflant menaçant. Malgré l’attitude plus que calme de leur maîtresse, leur tâche était de rester sur le qui vive. Rosa ne se donnait pas la peine de les calmer ou de les faire paraître immobiles, ce n’était là qu’un orgueil de nécromancien qui veut montrer au monde que leurs petits sont sous leur contrôle. La nécromancienne se concentrait principalement sur leurs attitudes envers elle. Ainsi une créature libre d’être prête à rendre en charpie la moindre menace à son maître pensait moins à se rendre hors de contrôle pour frapper la source de ces tourments posthumes. Une stratégie bien subtile et efficace pour des morts vivants. Et puis ils pouvaient ressentir la haine… Elle les laissait la ressentir cette haine… Une haine contre la vie, la chair et la végétation. Autre moyen de garder le contrôle de ses pantins en somme. Car malgré son intérêt pour deux ou trois choses que lui offrait son existence, la nécromancienne jurait contre l’absurdité du monde. Mais il fallait s’occuper de notre petit voyageur allons… Il releva implicitement son existence longue et tourmentée par les guerres. Il pouvait connaître ses créations ? Elle n’allait pas lui empêcher de leur faire une petite discussion mais quand on s’approchait trop d’eux… Ils avaient tendance à mordre. Rosa n’avait que deux siècle en effet… Ni trop peu ni trop en somme. Toutefois même si elle attendrait le millénaire, elle s’en moquerait éperdument… Elle savait que même toutes ces années ne lui offriraient que des satisfactions éphémères et d’éternels tourments alors qu’importe l’âge. Le vivant est condamné à la perdition. La sorcière se releva doucement pour observer de nouveau le vieux guerrier… Défiguré par un terrible combat apparemment… Mon dieu que sa concupiscence de désir devait être tourmentée parfois…

« Tant qu’il y aura des drows, il y aura de l’ambition. Rien d’étonnant à cela, nous sommes nés de la corruption des hommes pour tuer nos anciens semblables… Que voulez vous de calme dans une existence pareille ? »

Elle écouta attentivement la question du cavalier. Des questions ! Il répondait à ses questions par d’autres questions. C’était un dialogue de fou peut être ? Non la raison animait encore ses yeux, la curiosité et l’orgueil dévoraient simplement sa langue peut être un petit peu trop pendue… Oui… C’était tellement curieux de sectionner une langue hautaine et la voir s’agiter dans tous les sens comme pour parler avec les giclures de sang… Oh, il attendait une réponse, Rosa n’allait pas le faire attendre après tout il avait occis une de ses marionnettes. Elle lança ensuite toutefois avec plus d’amusement que de sarcasme :

« Oh une nécromancienne accompagnée de morts vous étonne ? Ou est ce le fait qu’elle erre dans un endroit rempli de cadavres sous terres qui vous laisse perplexe ? Mais je sors simplement mes squelettes pour leur donner un peu d’air frais… »

Elle soupira, son attitude l’exaspérait. En effet lorsque ses sentiments prenaient le dessus, elle se mettait à se haïr comme tous ces tas de viande qui laissaient entière place à leurs désirs. La nécromancienne détestait l’ironie comme l’humour mais il fallait reconnaître que ça lui échappait parfois… Elle reprit d’un ton plus monotone :

« Je cherche des ossements qui ont connu des batailles dignes des légendes. Leurs secrets sont doux à mes oreilles comme la brise du crépuscule sur les flancs du volcan. Donnez moi votre identité et je vous parlerai du C’nros … Je suis sur que vous avez de jolis secrets à dire à une nécromancienne qui en vaut peut être la peine… »

Les premières paroles de la nécromancienne provoquèrent les rires de l'Obok Senger, c'était autant de moquerie qu'une certaine forme de tristesse devant le savoir erroné de la sombre, provoquant malgré lui l'irrémédiable besoin de lui faire la leçon, afin que la véritable origine lui soit offert, mais il n'espérait pas voir en elle une partisane de son combat. Son raisonnement incluait des connaissances que les drows refusaient quoiqu'il arrive, mais un bout de celle-ci suffirait.
Il reprit son souffle, la suivant du regard et continuant de l'écouter tout d'abord.

Cherchant à rester sérieux, les derniers mots de la jeune sombre ramena un sourire... Il en savait beaucoup sur le C'nros, tout du moins, assez pour combler ses besoins de stratèges et d'Obok Senger et savoir comment exploiter leurs effectifs lors d'une bataille. Mais réfléchissant quelques instants, il pensa que finalement, il n'obtiendrait rien d'elle en se cachant derrière un masque, peut-être que pour que cette rencontre mène à quelques chose qui présente un intérêt, il se devait de dévoiler ses véritables traits... Celui d'un des hommes les plus puissants et les plus influents de la civilisation sombre.

Quand elle finit de parler, il décida, prenant un air sérieux, de lui faire la leçon, mais il lui fallait également apprendre certaines choses avant.

Dites-moi... Qui vous a apprit cette histoire ? Qui vous a dit que nous étions nés de la corruption des hommes ?

C'était insultant envers les sombres, envers le passé et faisait naître une certaine colère après l'hilarité... C'était un outrage aux mémoires que de raconter aux nouvelles générations ces histoires sans consistance... Tout du moins, le rôle de l'humain n'était pas là.

Votre manque de connaissance est choquant, alors retenez ce qui suit... Car de ce que vous pouvez comprendre et admettre, c'est là la véritable histoire, l'origine des sombres.
Il y a plusieurs millénaires, Anaëh était bien plus étendue qu'aujourd'hui, englobant l'actuelle Aduram, et les races étaient loin d'être aussi unis qu'à présent. Les humains et les elfes étaient en guerre, une guerre qui couta aux sylvains beaucoup, car il n'avait pas le cran de bafouer les règles pour protéger leur territoire... Certains le firent, mettant en déroute les humains, mais s'attirant les foudres de leurs semblables... Devenus parias, ils ont du fuir Anaëh... Et nous sommes leurs descendants.

C'était un résumé bref, qui excluait le rôle que joua Kÿria dans cette histoire, aux yeux de Tebirahc... Mais c'était là un culte ignoré, ou refusé par les sombres, il ne se risquerait pas d'en parler. Mais c'était une histoire bien plus proche des véritables faits que cette sottise de corruption humaine. L'histoire développée était sa propre vision, et la raison même pour laquelle sa famille faisait la guerre aux elfes. Mais il n'avait pas besoin de le raconter.

Il se retrouva ensuite toujours devant ce dilemme... Après tout, il était rétabli, et son retour ne tarderait pas, alors que risquerait-il ? Mais avant tout, puisqu'elle semblait penser avoir de la valeur, il fallait la tester, savoir pourquoi elle pensait cela... Prétention ou fait ?

Que croyez-vous pouvoir m'apporter ? Des informations sur le C'nros ? Au vue de ce que je suis, j'en sais bien assez pour satisfaire mes besoins... Mais puisque vous semblez penser pouvoir m'apporter, ce dont je doute, car sauf si ces dernières semaines ont vraiment amené de grands changements au Puy d'Elda, et que certains inconnus, comme vous, ont dévoilé un incroyable potentiel...

Il la rabaissait, en avait parfaitement conscience mais au fond, n'avait pas une once de remords... Il continua alors, presque solennel.

Je suis Tebirahc Zaurahel... Obok Senger d'Thalack wun l'Tagnik'zur, Maître du Premier Ost Noir. Vous pouvez ne pas me croire, quand viendra l'heure de mon retour à la Cité Sombre, vous en aurez confirmation.
Alors, à partir de là... Qui êtes vous, et qu'êtes vous pour penser avoir une quelconque valeurs à mes yeux ?

C'était une question difficile... Qu'est-ce qu'une jeune nécromancienne pouvait apporter à un individu qui pouvait, par son autorité presque tout obtenir ? C'était là le véritable sens de sa question, et par un sourire amusé, il la défiait de trouver une réponse... Quoique se montrer plus humble serait sans doute le mieux qu'elle puisse faire.

« Vous ne saisissez pas mes mots… La corruption vient de la guerre que les hommes ont apporté aux elfes . Le passé est aussi important à mes yeux que le futur. L’un nous échappera quand l’autre nous tourmentera. L’Histoire des drows n’aura de valeur que si un jour notre race vient à expirer jusqu’au dernier souffle du dernier drow. Mais peut être étiez vous à ces batailles d’antan ?»

Voilà qui était amusant. Malgré le desert inhospitalier il n’y avait jamais assez pour rabattre l’orgueil d’un drow. Parler du passé à n’importe quel nécromancien d’Histoire, c’était comme donner le menu à des asticots. Toutefois ce guerrier plaisait à rire et à prendre un ton mortellement hautain . L’ignorance était pour tous. Qu’un esprit se donne le droit d’en rabaisser un autre était une vanité d’un savoir illusoire. En effet ce voyageur faisait preuve d’un dogmatisme assez fanatique vu son comportement. Rosa eut la peine d’ouvrir les yeux pour fixer le regard de ce cavalier, Elle y vit la présomption des hauts placés. Or à ces derniers, la coutume avait usage de leur donner le devoir de rabaisser ceux de moins bonne naissance. La sorcière sourit face aux convictions de son interlocuteur. Peut être avait il simplement besoin de montrer sa toute puissance, la réflexion de Rosa s’arrêta là, elle n’avait que peu envie de débattre de quelle corruption venait les drows. Ce qui l’intéressait c’était simplement la corruption et rien d’autre. Même si sa corruption à elle est tout autre chose…
Il sentait le militaire… Son manque d’interprétation des mots le trahissait. Une fois encore une image de la nécromancienne passa mal et le guerrier pensait qu’elle allait lui faire un discours détaillé sur l’ordre du C’nros et ses membres. L’orgueil des mages était nourri d’imbéciles… Alors celui des militaires… Il y avait dans ses discours plus de prétentions que d’arguments convainquant. Donc un grand officier. Les drows étaient hélas très prévisibles dans leur perfidie…. Et Rosa fut satisfaire lorsqu’il déballa un titre de général bien placé. Ah elle n’était pas aussi prestigieuse que lui ! C’était mal heureux de ne pas avoir autant de mots pour définir sa fonction. Et puis elle n’avait pas de dragon dans son titre. Rosa n’avait pas eu cet honneur de se battre contre une de ces créatures. Par les ancêtres, c’est d’un ennui ! Pourquoi ne pas croire cet individu ? Il avait prouvé sa vaine importance rien qu’en parlant. La nécromancienne ne bougea pas d’un cil, toujours droite, les mains le long du corps et les yeux fermés. Puis elle se pencha lentement d’avant en arrière comme pour bercer ses pensées :

« Avec une telle philosophie, je crains ne rien pouvoir vous apprendre qui n’offenserait pas votre esprit . Des informations sur le C’nros ? Vous vous dites tout connaître, voilà qui est réglé. Un incroyable potentiel ? Dieu que c’est fréquent au Puy d’Elda, il suffit de tendre l’oreille pour se sentir entouré de Divins. Dans ce cas je n’ai qu’une ignorance que je sais vraie… »

Elle se tourna vers ses squelettes qui s’étaient habitués à la présence de ce Tebirahc. Pourtant ils n’attendaient qu’un infime ordre pour lui sauter à la gorge. Mais ce général était comme les autres généraux, il fallait se détacher du commun des noirs immortels pour les commander. C’était un outil d’ordre qu’il fallait laisser agir pour tenter un jour d’assurer la stabilité dans la cité Drow. Cependant si il parlait ainsi à tout son entourage, La nécromancienne doutait qu’ils aient tous son inintérêt flagrant pour sarcasmes et étalages de vaines connaissances. Mais c’était un homme. Les hommes s’effarouchent facilement ce qui est tout à leur honneur.

« Bien vous daignez vous présenter, c’est déjà assez dans ce désert de mort. Je me soucie peu de l’authenticité de votre rang car je ne me fierai qu’au champ de bataille. Un vrai Obok Senger d'Thalack se doit de faire des merveilles au combat. Quant à moi qui raisonne ainsi, Je ne suis qu’une Phord’Ur du C’nros. Simple conseillère, mais c’est à moi d’assurer l’ordre dans les rangs des ensorceleurs pour que les mérites reviennent à mon supérieur. Qu’avez vous à gagner en me parlant ? Il faut y réfléchir car cela mérite réflexion… Mais si votre retour doit être pressant, sachez que je ne vous ai jamais retenu. Vous n’avez rien à obtenir de moi et je ne cherche jamais à débattre avec ceux qui refusent d’apprendre. »

Xsa’us Rosa fit un joli sourire, un tel irrespect aurait coûté cher aux soldats mais si l’ordre dépendait seulement de la reine, la Drow pouvait s’exprimer librement ce qu’elle cessera rarement de faire. Ses yeux se refermèrent, et elle attendit patiemment la réplique ou les congés du haut officier. C’était un général après tout, il devait montrer la vertue ou la crainte. Bien que cette dernière soit étrangement plus fréquente chez les drows…

- Vos connaissances sont limitées à ce que vous pouvez apprendre au Puy d'Elda... On a préféré oublier, effacer au cours des âges l'entière vérité devenue aujourd'hui hérésie et blasphème. Je vous prie de m'excuser pour vous avoir prit de haut alors que c'est notre décadente société qui en est le seul coupable.

Ses excuses étaient sincères, et son ton bien moins méprisant et hautain...
Elle semblait connaître l'histoire, tout au moins celle que l'on pourrait conter dans le Puy d'Elda... Mais la vision plus étendue de Tebirahc incluait les histoires du peuple sylvains et la croyance en les Cinq, chose qui saurait devenir un blasphème aux yeux des religieux du sombre peuple... Les Cinq représentaient une hérésie, mais il ne craignait pas ces serviteurs des cultes mineurs, car de tout le Panthéon Drow, c'était le représentant des Cinq qui avait l'entière dévotion de l'Obok Senger.
Il lui fallait accepter l'ignorance certaine, œuvre de siècles, de millénaires même de déformation pour effacer les Cinq et offrir aux dieux sombres l'exclusivité de la croyance.

- Quant au C'nros, vous avez interprété mes mots pour ce qu'ils ne sont pas... Je n'ai guère la connaissance absolue, mais j'en sais bien assez pour les intégrer à la machine de guerre. D'autres connaissances dans un domaine qui n'est pas le mien serait superflu, une perte de temps, car ce savoir serait inutilisable... Je laisse à ces officiers le soin d'exécuter les ordres.

Là où il s'était juré de ne pas trop sourire, il ne put se retenir tout de même à ses mots... En écoutant les sombres oui, on y trouve d'innombrable talent, des surhommes, des potentiels divins, mais c'est mal connaître l'Obok Senger et l'enseignement de son père, et des siens. Qu'est-ce que les mots sans les actes pour les illustrer, en prouver l'authenticité ? Rien, rien qui se saurait avoir son importance. Il reprit son sérieux, reprenant sans y mettre le moindre caractère hautain, il avait évalué assez d'intelligence chez son interlocutrice pour qu'une conversation se pose.

- Les mots sont une chose, mais la notion de mérite né des actes l'est tout autant... Il y a bien des beaux parleurs, des prétentieux innombrables aux Puy d'Elda, comme dans toutes sociétés... Mais combien mérite qu'on reconnaisse leurs capacités, qu'on y fasse attention ?
Vous pourriez être une personne intéressante, vos mots ne suffiraient pas à me le prouver... Et si je peux en dire autant de moi, mes actes m'ont précédé, et continueront d'entretenir, tant mon rang que le mérite que j'ai à le posséder.

Il réfléchit un instant et reprit la parole.

- Qu'avez-vous fait dans votre vie qui saurait avoir son importance, pour obtenir ce grade ? Je ne dis pas qu'il n'est rien, je souhaite simplement savoir... Vous avez un rang, vous êtes officier et aussi jeune que vous êtes, vous continuerez de progresser et grimperez sans doute les marches... Mais comment le ferez-vous ? Un meurtre ou bien l'effort et le mérite dans des actions nombreuses, prouvant votre valeur, non pas en tant que meurtrière comme le ferait tant de sombres mais comme une nécromancienne talentueuse et une meneuse d'homme efficace ?
Dans votre rôle, vous pourriez en venir à penser que seul votre supérieur en vient à briller, mais sachez que certains sauront l'implication dans le succès autant que dans l'échec, et ceux là sauront juger de vos compétences.

Elle semblait même remettre en cause sa valeur au combat, ce à quoi il se permit de répondre.

- Je ne vais pas chercher à prouver ma valeur à vos yeux, sachez simplement qu'il est le fruit du mérite et de siècles de patience et de succès militaires au cours de grandes campagnes et batailles de cette dernière moitié de millénaire... Sans le moindre soutien que celui des hommes dont je gagnais le respect et la fidélité au fil des années.
Non d'une quelconque ascension meurtière que les drows qualifieraient de normale mais qui est ouvertement déconseillée dans mon Ost.

Il y eut enfin la question du gain... A priori rien, au vue de la façon dont avait commencé l'échange, mais son rang et son caractère, bien que malgré tout commun avait néanmoins un intérêt. Il était toujours bon de connaître et d'avoir un élément que l'on sait efficace aux commandes des troupes de chaque corps armé... Et il devait admettre ne jamais s'être vraiment préoccupé du cercle fermé du C'nros.

- Il y a toujours à gagner dans une discussion pour qui sait s'ouvrir... Ce n'est pas tant le fait de ne pas vouloir apprendre, mais c'est de savoir vos connaissances limitées, plus que les miennes, à votre insu sur l'histoire...
J'aurais du prendre cet élément en considération avant d'en rire, et c'est pourquoi je me suis excusé.
Au delà de ça, je n'ai pas cherché la conversation, elle s'est imposée à moi quand votre compagnon m'a attaqué.
Il n'est rien de pressant pour celui qui connait la patience... Mon retour saurait attendre le moment opportun, c'est la raison pour laquelle je me permets de tel voyage alors que chez les nôtres, je suis disparu, peut-être même pensé mort.

« Voyons voyons j’étais ironique. Ironie mal placée certes. Je ne sais rien autant que vous ça j’en conviens. La version du puy d’Elda est une pourriture comme une autre pour manipuler les âmes noires. L’histoire est floue et le passé inutile pour un fléau tel que le peuple drow. Si vous avez la conviction de votre connaissance … Méfiez vous car quitter l’illusion est souvent mortel. Voilà mon enseignement. »

On n’irait pas plus loin avec elle. Xsa’us Rosa détestait les impasses de débats inutiles. Surtout quand son but était déjà tracé. Après tout. Qui pouvait connaître le C’Nros ? Tant de meurtres, de conspirations et de secrets ensorcelés. Même une prime sorcière ne pouvait se vanter de connaître tout de son ordre. L’ironie de la nécromancienne disposait d’un ton tellement las qu’on l’interprétait généralement comme la vérité, le général fit cette erreur tout à fait pardonnable. Bien sur que les mots ne suffirait pas à Rosa pour se définir elle même. La nécromancienne était si peu enclin à parler de ses capacités que les mages présomptueux se faisaient généralement surprendre par la pratique. Loin de se déclarer la plus puissante mage, mais cependant elle avait assez de pouvoir pour qu’on apprenne à la craindre comme il se doit. L’heure n’était pas à la valeur, Tebirahc l’avait bien compris, la Phord’ur ne montrerait aucune démonstration magique ; outre ses petits pantins gardes du corps. Ce drow partageait au moins son mépris pour les parleurs hautains qui se placent plus haut qu’ils ne sont. Cet partage était pour l’une nourri d’exaspération, pour l’autre d’orgueil. Ainsi ils allaient bel et bien s’arrêter pour discuter. Guerrier à Nécromancienne, femme à homme. De quoi poser des dualités certaines. Toutefois Rosa n’était ni une nécromancienne belliqueuse, ni une femme adepte de la guerre des sexes. Les instincts primaires du général pouvaient dormir tranquille face à une drow cachée sous un long manteau et une robe, blasphématoire pour les garces du Puy D’Elda habituelle. Sa curiosité féminine parfois s’éveillait pour songer à certaines questions quoiqu’une nécromancienne soit peu fréquentable. Qu’est ce qu’une conversation de la sorte pouvait lui apporter ? Conseils stratégiques ? Après tout elle risquerait peut être de le retrouver dans ses prochaines missions en tant que Phord’Ur. Même si la sorcière douta fort qu’elle devrait travailler directement avec cet officier qui devait surement avoir son entourage de petits chiens bien dressés. L’hypocrisie et l’obéissance avaient de beaux jours devant eux dans cette société. Mais ce militaire là avait connu bien des batailles et pouvait peut être s’accorder le droit de s’en vanter.

« Moi ? C’est mon penchant pour l’ordre et l’obéissance qui attira mes supérieurs. De plus mes connaissances en nécromancie suffisent à être Phord’Ur. Enfin c’est ce qu’ils disent. Je n’irai pas à me déclarer maîtresse des morts. Si je dois grimper dans les échelons : c’est soit par incompétence des mes supérieurs, soit par complot. Je méprise le chaos de la conspiration, il faut que chacun se tienne à sa petite place. La mienne est de mener des sorciers. Coordonner leurs attaques et faire en sorte qu’aucun ne quitte les rangs. Cette tâche, j’y travaillerai du mieux possible même si mes méthodes seront sanguinaires à souhait. »

En avait elle assez dit ? Peut être mais c’était une fonction qu’il se fallait de définir. Le général la reprit au sens propre quant à prouver ses compétences. Les militaires devaient-ils sans cesse se rassurer de leurs haut-faits ? Pourtant cela avait un avantage. Rosa cerna le mépris du guerrier pour les conspirateurs. Un symbole d’ordre qui allait avoir son utilité en ces temps troublés.

« Allons mon cher Obok Senger D’Thalack, je ne vous demanderai pas de m’amener un champs de bataille pour que vous puissiez faire une démonstrations de vos talents. Je vous invitais juste à m’impressionner le jour du combat venu comme ce qu’il convient de faire pour notre tant glorieuse nation. Vos années ont peut être mérité gloire mais pour mes yeux rien ne vaut un renouveau. N’ayez pas cet orgueil des généraux plus haut que leurs champs de bataille, le respect viendra de l’humilité ou de la crainte silencieuse. Nous sommes tous deux ignorants, ne vous leurrez pas et c’est cela qui fera notre savoir face au commun des drows. »

Une énigme de plus pour revenir ensuite sur les dernières paroles de Tebirahc :

« Qui cherche la conversation ? Remerciez plutôt mon squelette encore plus défunt, il nous a permis de passer d’ignorance à connaissance. Je suis disposée à parler à celui qui dispose entendre. Votre retour ne sera pas triomphal ça je le sens bien. Mais pour l’heure vous n’avez rien à craindre des nôtres. Nous avons une guerre à entretenir après tout. Il serait en effet dommage de nous ronger de l’intérieur lors de pareils moments. Alors si vous voulez parlez, parlons ! Nous avons déjà commencé après tout.»

Xsa’Us Rosa eut un sourire et r’ouvrit les yeux . Il était vain de persuader la nécromancienne, son cœur était lourd et froid. Ses squelettes baissèrent leur arme et se tournèrent vers leur maîtresse. Leur lien magique leur donna de nouveaux ordres. Puis pour en revenir à l’Obok Senger, elle lui demanda si il avait soif…

- C'est une personne qui instrumentalise le passé qui le prétend inutile ? Mais soit, nous avons chacun notre conception des choses...

Sa première phrase avait valeur de petit trait d'humour pourtant bien réel.
Il n'aurait néanmoins pas tenu ces mots, ça n'était pas là une pourriture, non... Les ancêtres des drows avaient simplement souhaité renier le passé commun avec les sylvains, se tournant vers des dieux inférieurs, dans l'ombre et les vices des Cinq, voilà tout. Mais au fond, quelle importance ? Le peuple sombre était un outil adéquate pour qui veut faire la guerre, tourné uniquement vers cette vie... Uriz aurait-il jeté son dévolu sur les enfants rejetés de sa sœur pour en faire les armes d'une vengeance ? C'est possible, mais ce ne saurait être confirmé de toute manière.

La suite amena une déception, si c'était la une pure vérité... Mais il n'y avait malheureusement rien de surprenant, combien comme lui encourageait le mérite et punissait la conspiration au sein de ses troupes ? Sans doute aucun... Mais si il était déçu, rien n'apparut sur son visage, il préféra ne rien montrer, pas même un indice quant à un éventuel jugement sur ces mots. Il se permit néanmoins une petite remarque, une contradiction étrange dans ses mots.

- Vous dites que la condition d'une possible montée en grade est l'incompétence de votre supérieur ou le complot, et vous dites mépriser la conspiration... Curieux.

Ses mots encore rejetaient l'importance du passé, des batailles d'antan, c'était une idée curieuse, tant pour celle qui s'intéressait à l'Histoire, qui réanimait les morts mais également était au commande de troupes. C'était une façon de percevoir les choses bien curieuse, car qui ne saurait comprendre l'importance du passé dans l'acquisition d'une expérience propice à l'amélioration ? Apparemment, elle négligeait cet aspect, ou voulait le faire croire.

- Il ne faut certes pas se contenter de ressasser le passé, et je ne me perds pas dans les récits des batailles qui ont fait mon succès, mais elles ont une importance... Tant dans le moral et le respect que j'obtiens de mes hommes, la confiance qu'il m'offre, et m'ont permit de découvrir les hommes de valeurs qui font désormais des officiers compétents dans mon Ost, que dans la manière d'aborder un conflit. Ne rejetez pas en bloc les faits passés, il y a bien des choses qui s'y trouvent et peuvent être utile aujourd'hui, ou bien demain... C'est cette connaissance qui vous offre un avantage sur celui qui ne la possède pas, qui se contente de la suffisance, pensant bien faire.

Les dernières paroles de la jeune femme semblèrent refléter une certaine ignorance et une naïveté quant à le grand égoïsme des sombres, tout du moins espéra t'il que c'était là qu'une illusion, même en temps de guerre, même quand il faut préférer l'union à l'individualisme. Lui l'avait apprit en Oësgard, voilà plusieurs siècles, quand un officier avait conspiré en pleine campagne et qu'il avait lui-même du traiter avec la Dothka pour le faire éliminer... Un rouage défectueux ne saurait demeurer dans le Premier Ost, tout du moins, aussi longtemps qu'un Zaurahel le commandera.
Qu'importe qu'on soit en guerre ou non, l'opportunisme est une composante du monde des sombres.

- Il n'est pas dans mon souhait de voir mon retour être le sujet de festivité comme il en vient quand une armée revient victorieuse, ce serait idiot et non-mérité. Mon retour décevra certains prétendants à mon siège, rassurera mes plus loyaux soldats et c'est bien là une chose suffisante. Mais vous vous trompez... Ne croyez pas que les sombres cherchant le pouvoir auraient le moindre scrupule, et la gloire du sombre peuple en tête. Mais vous

A l'invitation à boire, il accepta volontiers... et pensant qu'il avait oublié un détail, il chercha donc à satisfaire une curiosité mise de côté. Il y mit de l'humour, mais pas de la moquerie.

- Avant qu'on ne boive à notre rencontre, je vous ai donné mon nom, mais vous ne m'avez pas donné le votre... Comment vous appelez-vous ?

« Mon cher Obok Senger d'Thalac , vous allez devoir apprendre l’ironie ! »

Le petit général se montrait amusant au sens de Rosa. C’est-à-dire d’un intérêt assez suffisant pour tenir la conversation. Il mélangeait les propos ,certes flous de la sorcière mais qui donnait un résultat plutôt comique. Les nécromanciens drows se souciaient peu de leur ressource, ils n’allaient pas chercher de vieux cadavres et quand ils en réanimaient, ces sorciers inconscients ne leur accordaient que peu d’attention. La Phord’Ur s’expliqua :

« L’histoire est inutile pour notre peuple ai-je dit ? Ne me mettez pas dans la mentalité commune des elfes sombres, je ne le mérite pas. » Elle revint à propos de son grade « Je dispose de deux choix, il ne m’est pas interdit d’en mépriser un or je n’ai jamais dit que j’avais l’intention de grimper dans les échelons. Mon ambition ne rattrapera jamais mon affection pour l’ordre rien de curieux à cela mon enfant »

Ce propos lui échappa des lèvres, Il fallait tout lui expliquer à ce vieux louveteau. Rosa se donna une image d’un vieux général qui demandait tout à une mère plus jeune que lui. Comme quoi l’âge n’aidait pas à saisir certaines métaphores. Pauvre militaire, elle lui en faisait voir de des vertes et des pas murs… Tebirahc pouvait voir un visage que Rosa adoptait rarement. Celui d’une nécromancienne réputée cruelle et lasse, pour une jeune drow qui cherche à jouer avec les mots du général. Plus ce dernier étalait son orgueil et tentait de rabaisser la sorcière, plus il tombait dans les pattes d’une mante religieuse qui ne cessait de le manger à petit feu.

« Mais monsieur. Les faits passés vous forgent pour faire les faits présents. Je ne puis voyager dans le temps, c’est ce qu’il vous faut comprendre. J’irai donc voir les faits futurs. L’histoire contrairement au nécromancien type, m’intéresse comme toutes les matières mais les récits d’antan sont si flous et si mal interprétés que je ne cherche jamais à savoir qui est le plus fou pour avoir raison. »

Elle regarda farouchement le drow quand il la crut insouciamment pour une de ces parades militaires complètement dégoûtante, toute bonne à manipuler les foules et les faibles d’esprits. Ce général avait beaucoup à apprendre ou on le mènerait par le bout de son petit nez prêt à être arraché.

« Si je vous demandais de danser au clair de lune nu vous me croirez ? Pensez vous qu’il faut une seule vois ne pas surveiller son dos dans le Puy d’Elda malgré les apparences calmes ? Inconscience certaine, ce serait vivre comme un enfant qui n’a jamais vu la mort… Vous avez des hommes fidèles à votre voix , tant mieux ils protégeraient votre trachée car selon moi, d’autres n’auront pas plaisir à subir votre langue. Je ne vous insulte pas, je ne suis qu’un miroir brisé qui n’a que des conseils, à interpréter de différences façons pour votre catégorie de gens. »

Elle s’arrêta. Le guerrier risquerait d’insister pour avoir définitivement toujours raison , ce qui les mènerait tous deux au mensonge ou dans l’illusion. Xsa’Us Rosa lui tendit une de ses deux gourdes remplies d’eau mélangée avec quelques herbes de terres éloignées. La sorcière regarda le fier général puis ajouta d’un sourire :

« Mais cette discussion doit changer, vos convictions n’ont pas la place dans mes débats. A moins que vous teniez à vous perdre dans mes toiles, vous devriez surtout vous baser sur mes prochains mots plutôt que ceux que j’ai dit plus tôt. Dans ce cas nos noms ! Tebirahc c’est ça ? Eh bien voilà un nom qui sonne militaire. Quant au mien, je ne le donne au visiteur amusant que par énigme. Si vous avez accepté ma boisson, vous devrez accepter mon petit jeu car il faut vous racheter de votre manque d’ironie. »

La nécromancienne réfléchit un moment puis marcha un petit peu. Elle sentait des ossements proches, la discussion avait eu un autre effet positif. Rosa pensait avoir trouvé un petit filon tel le chercheur d’or. Mais elle attendait la réaction du général. Allait-il camper sur ses convictions aveuglantes ou daigner s’amuser comme elle ? C’est que les hommes s’effarouchent !

Tolérant... Il l'était sans doute avec un peuple aussi décadent et dégradé que les sombres... Mais le sentier qu'il avait emprunté, loin de la voie du militaire conduisait à l'insubordination... Il était plus que temps de remettre les choses en ordre et de rappeler que même ici, dans les Terres Stériles, il était des règles édictées par cette société qu'il lui fallait respecter.
Il avait voulu, dans sa convalescence n'être qu'un sombre, et le voilà avec une insolente, se croyant ici libre de désobéir aux hiérarchies... Se permettant de le rabaisser, de le prendre pour un vulgaire enfant, un jouet. Il saurait, à termes, lui faire regretter l'offense, car il n'était pas le médiocre sombre sans influence en Elda.

Prenant la gourde, il se retourna vers sa monture, marchant vers elle, lentement, ne répondant d'abord rien à l'avalanche de provocation dont il venait d'être la cible. Oh, il n'y répondrait pas avec une agressivité qu'elle attendait peut-être, et il ne souhaitait plus l'amuser, bien au contraire... Il retourna la gourde, laissant s'écouler au sol l'eau contenu dans la gourde.
Il laissa s'échapper une réflexion, plus à lui-même qu'à la nécromancienne.

- Et bien... Il semblerait que la hiérarchie et son respect ne soit pas la préoccupation première du C'nros... Voilà ce qui se passe quand on offre le commandement d'un groupe à une catin sans aucune considération pour les valeurs militaires... Maudite Aetherya...

Il y eut un soupir, un arrêt un instant pendant lequel, tournant toujours le dos à son interlocutrice, il ferma les yeux, reprenant totalement la maitrise de ses émotions avant de les rouvrir et de se tourner vers la nécromancienne.

- Je vous conseille, Phord'Ur, de me présenter des excuses immédiatement, votre insolence est inadmissible et témoigne d'une négligence de vos supérieurs, mais je ne tolère pas ces écarts. A moins que vous préfériez que je demande une sanction à ces derniers directement, prenez la bonne décision...

Ses traits, son ton était des plus sérieux, il n'y avait là aucune arrogance, rien qui en approche... C'était le ton d'un supérieur hiérarchique réprimandant l'insubordination, rien de plus. Et c'était d'ailleurs ce qui arrivait, en fait. Avec d'autres mots, une autre façon d'amener la plaisanterie, il aurait été moins froid dans sa réponse à la provocation... Mais il ne pouvait laisser une sombre aussi jeune, et bien moins élevée, autant dans la société que dans la hiérarchie lui manquer de respect de la sorte.

- J'aurais su être plus aimable et agréable, vous traitant ici comme une égale si vous n'aviez pas été si insolente... Mais vous êtes bien à l'image de ce peuple décadent que sont les sombres... Et vous pouvez bien critiquer mes manières, vous êtes à votre façon hautaine, arrogante, prétentieuse... Mais je ne suis pas un de vos jouets, je ne suis pas un sombre qui n'aurait pas le droit de répondre à l'offense.
Vous pouvez bien mettre cela sur le compte de mon incapacité à saisir l'ironie, l'humour, ou que sais-je d'autres... Il y a des limites à ce que je peux tolérer, surtout de la part d'une Phord'Ur, des couches populaires de la société, qui plus est...

Là, sur cette fin de phrase, il était hautain, démontrant la noblesse de son rang, non pas comme Obok Senger, mais comme héritier d'une des plus puissantes et plus influentes familles d'Elda. Cette conversion pouvait bien se finir maintenant que ça ne le dérangerait pas... Il n'aurait aucun mal à trouver son nom une fois de retour au Puy d'Elda... Les Phord'Ur femelles et nécromanciennes ne devaient pas être légion après tout.

Il se rapprocha d'elle, lui faisant face et lui tendit la gourde vidée de son contenu... Il était sur ses gardes, bien que rien ne semble le montrer, elle avait ses guerriers dont il devait se méfier, et des ressources immenses tout autour, il le savait... Il devait être prêt à la tenir en respect si d'aventure, elle réagissait hostilement. Son visage exprimait l'attente... L'attente d'excuses de cette subordonnée.

Le voilà à ses derniers retranchement, la patience fut rapidement dépassée, L’Obok Senger d’Thalack perdit son sang froid et l’heure était à l’intimidation et l’obéissance. Même si son ton voulait être calme, ses mots le trahissaient. Il dédaigna l’offre de laver la discussion et refusa de s’étancher le gosier pour exprimer sa rancœur en déversant le liquide au sol qui l’absorba bien vite. La coutume était bien plus forte que la raison. Cette démonstration en était la preuve. Mais qu’attendait Rosa ? Un général qui accepterait cette leçon d’humilité ? C’était arracher les plumes d’un aigle lorsqu’il était à terre. Nullement, son orgueil était blessé il était normal qu’il se soulage. Sa petite réflexion personnelle, la sorcière n’y fit pas attention, les dissidences étaient toujours bel et bien présentes or ce serait vain d’exiger réparation à un fauve déjà bien remonté. Le respect ne semblait pas dans la recette de la conversation. Ses gardes s’agitèrent de nouveau, à l’approche du général mais n’avancèrent pas d’un pas. Leur maîtresse leur interdisait. Cela ne ressemblait pas aux intentions habituelles de la nécromancienne. L’heure paraissait être aux justifications.

« Voilà un vrai Obok Senger d'Thalack. Mon insolence ne vient pas le moindre du monde de mes supérieurs. Juste une manière efficace de révéler certains détails pour ceux qui en vaillent la peine. Vous voulez des excuses ? Mais vous les aurez sieur. Je vous prie de m’excuser de vous avoir à ce point tourmenté et de vous avoir à ce point offensé. Je ne cache pas mon arrogance qui était déguisée de prétention certes. Vous avez obtenu ce que vous voulez moi j’ai eu la réponse à ma question. Si vous êtes réellement offensé, passez votre chemin et nous ne nous parlerons plus. »

Il voulait de l’obéissance ? Il l’obtint. Se battre contre un militaire de son rang lui couterait trop. A sa distance, ses gardes ne pourraient la sauvegarder de tous les coups à venir et le combat ne se plaçait pas comme but. Le guerrier faisait simple démonstration de force, il n’allait pas attaquer. Cependant ce genre de méthode avait probablement blessé le drow. Coopérer avec lui risquerait de lui chauffer les oreilles plus d’une fois. Mais la chair avait tellement de faiblesses. Xsa’us Rosa avança vers la source repérée un peu plus tôt et ordonna à l’un de ses serviteurs mort-vivants de creuser. Les recherches n’allaient pas durer longtemps mais autant commencer de suite vu que notre général avait un semblant d’envie de disposer. Goutter à l’excentricité de certains mages donnait souvent de mauvais souvenir. Au moins cet officier perdrait moins facilement patience avec pareille séance. Toutefois on ne pouvait parler à Rosa sans que la conversation ne vaille la peine.

Le squelette sortit les ossements tant attendus. Des pièces d’armures subsistaient au temps. Une altercation très ancienne entre elfes et drows. La nécromancienne étudia longuement les dépouilles. Elles goûtaient à un soleil éblouissant. Sur les cinq dépouilles que le cadavre animé sortit après un travail plus ou moins soigné, La sorcière fit le tri. Cette dernière ramassa quelques os, des crânes, des clavicules, une colonne vertébrales… Elle en fit dresser un. Celui en meilleur état qui se mit à grincer avec les autres. Elle marmonnait sans cesse. Pouvait-on parler aux morts ? Les nécromanciens étaient les mieux placés pour le savoir. La jeune drow se dressa lentement puis ouvrit les yeux pour savoir si le général était parti ou s’il avait encore quelque chose à dire. Peut être qu’après tout, ce dernier disposait encore de secrets croustillants qu’il fallait manger plus en douceur ? Rosa invita ses petits pantins à la suivre pour retourner sur ses pas.

Que devait-il comprendre ? Avec cette nécromancienne, et son penchant pour le trop plein de moquerie, car à l'évidence, les êtres lui étaient inférieurs du moment qu'ils avaient des réactions prévisibles, dissimulé derrière de l'ironie avait tendance à masquer les traces, ce qui ennuyait prodigieusement le Senger. Oh, il n'allait pas frapper, perdre patience et contenance devant cet électron libre, mais il perdrait définitivement le goût de la conversation.
L'insolence pour test de personnalité... C'était le sens de ses mots. Il aura tout entendu, mais ce qui était sans doute pire, c'est ce que laissait supposer ses mots pour sa hiérarchie. Si elle n'avait rien fait, c'est qu'elle ne les trouvait pas digne d'intérêt, et il n'est rien de pire pour un commandant qu'un officier se pensant meilleur et croyant savoir mieux faire, car il pourrait désordonner un ensemble pour faire à sa sauce. Et, si chez les militaires, cette différence est bien vite réglée, les magiciens, déjà ne pouvant se sentir autrement que supérieur à la masse, doivent être encore pire entre eux.
L'autre possibilité, c'est qu'elle ait été insolente et n'ait reçu aucune sanction digne de la dissuader de reprendre ses pratiques sottes, qui, devant un être bien moins sage et patient, lui coûterait la tête.
Ces perspectives amenèrent une constatation des plus désagréables... L'un comme l'autre, ça n'annonçait rien de très bon pour l'avenir.

- Que croyez-vous avoir tirer de ce test, nécromancienne ?

Il ne la regardait pas, faisant signe, dans un même temps, à sa monture de se rapprocher... Tagnik'zur lui manquait en cet instant, et pourtant, il n'était qu'une wyvern dont l'agressivité sans commune mesure avait été magiquement amoindrie... Peu bavard dans l'ensemble, il n'en demeurait pas moins un compagnon appréciable.
Dans sa voix, rien de très agressif, non... Au contraire, il était posé malgré la situation.

- Vous allez en déduire que je suis un commandant qui perd facilement son calme, qui n'a aucune patience car à votre insolence, j'ai répondu l'autorité ? Et vous vous complairez à vous penser tellement mieux que moi, car vous avez réussi à trouver un élément auquel je sois sensible.
Si c'est le cas, je vous félicite, et il accompagna le tout d'applaudissement, vous avez réussi à démontrer que je suis un homme qui respecte et tient à ce qu'on respecte les hiérarchies... C'est certain que c'était peu évident à saisir quand on a un chef de guerre devant soit.

Il y eut un ricanement, moqueur à cette simple pensée.

- Remerciez Uriz dans vos prières ce soir, en plus de vous offrir des cadavres, il vous a fait croiser l'un des rares qui ne tranchent pas les têtes à la moindre offense.

Il attrapa la bride de sa monture et se tourna vers les montagnes, à l'horizon. Il n'y avait là rien qui le retenait d'avantage, au fond... Entre reprendre la route avec son cheval et rester à subir les jeux hypocrites, les moqueries, l'insolence et les jugements sans fondement, que des réactions prévisibles pour un être dont la hiérarchie représente un semblant d'ordre dans une société instable et désordonné, le choix était tout vu.

- Sachez que l'offense est réparée, que vos excuses sont acceptées... Mais je ne saurais préférer votre compagnie, satisfaire votre besoin de vous affirmer vous-même supérieur en vous basant sur le goût de l'ordre par la hiérarchie d'un militaire et sa volonté de la préserver à celle de mon cheval, et plus tard, de mon Tagnik'zur (ce qui signifie Dragon adulte en drow)... Usez de vos serviteurs pour vous satisfaire de votre supériorité en comparaison avec eux, mais je crains qu'ils ne vous répondent pas.

Il y avait bien de l'humour, un zeste de moquerie dans ses mots, il finit par ajouter, alors qu'il reprenait déjà un pas léger.

- Je pourrais vous conseiller de vous calmer sur la provocation, car des biens moins tolérants seraient bien moins gentils que moi qui ne vous ait que demander des excuses... Mais je crois que l'idée de souffrir et mourir, de vous sentir si supérieure dans ce moment vous ravirait. Et l'extase, plus intense encore qu'une nuit passionnée avec une compagnie de rêve que vous ressentiriez prendra le pas sur une douleur somme toute stupide, les morts l'ont depuis longtemps compris.

C'était peut-être un peu fort, mais c'était sans doute un peu vrai, c'est pourquoi il prit la peine d'ajouter.

- Pour ces raisons, et parce que je ne veux pas vous priver de votre plaisir, je ne vous conseille rien... Une fois que j'aurais obtenu votre nom, je vous transmettrais même une liste des officiers supérieurs drows susceptible de vous l'offrir, je vous le promets.

C'était aller très loin dans une idée, mais c'était le reflet de ce que semblait laisser derrière elle cette demoiselle. Le tout dit avec légèreté, et pourtant, un certain sérieux parfois, aucune rancune, rien de sous-jacent, sauf si elle souhaitait l'inventer, ce qui finalement, ne lui importait pas.
Il entama une marche lente et paisible, s'éloignant doucement d'elle, son cheval derrière lui.

(A toi de voir si elle insistera... Mais dans les conditions actuelles, comme il considère que continuer sera le théâtre de nouveaux tests et d'une conversation faussée, il n'en a pas envie.)

Il était temps d’enlever son masque, le jeu était terminé. Sa manière de tester le laisse perplexe, bien évidemment que la Phord’Ur n’allait pas faire subir ce petit jeu à tous les officiers de l’armée. Peut être était ce la beauté morbide de ces lieux ? Mais l’honneur du drow avait été bafoué. Tebirahc se devait de garder la tête haute comme un roi qui trébuche sur une mauvaise racine. Ce qui semblait compréhensible. Xsa’us Rosa réfléchit longuement, il n’était pas parti et cherchait à comprendre encore, malgré son envie de disposer croissante. Après tout, la nécromancienne devait elle aussi apprendre, et manipuler par le bout du nez les esclaves disposait de moins de conséquences que tourmenter un militaire armé d’une âme fière. Toutefois elle lui devait bien des explications, les drows d’honneur apparaissaient comme des instruments d’ordre non négligeables. La drow avança vers l’Obok Senger d’Thalack. Un air nouveau pour la sorcière. Cette dernière avait repris son habituel air las et beaucoup moins joueur que quelques instants plus tôt. Monsieur était-il disposé à écouter de nouveau ? Surement car il posa encore quelques questions qui méritaient bien une réponse. La nécromancienne donna son sac rempli des ossements amassés à l’un de ses serviteurs qui le prit sans broncher puis pour en revenir au général, elle commença :

« Détrompez vous. Je ne suis pas là pour assurer ma supériorité. L’orgueil est monnaie courante dans le Puy d’Elda et je voulais voir votre patience c’est vrai. Mais à votre intuition, je vous réponds que vous vous êtes montré comme un vrai maître d’Ost. Vous alternez tempérance et refus d’irrespect. Je ne pense pas mieux que vous. Mes pensées sont meurtries par ma magie mais en aucun cas je n’irai les glorifier de supérieures aux autres. Je sais maintenant que nos hommes sont entre de bonnes mains quoique j’attendrai toujours le champs de bataille pour confirmer mes dires. Quant à ce petit jeu, il n’est qu’à titre exceptionnel.»

Voilà la vraie Rosa. La magicienne adorait l’obéissance et l’autorité, mais il fallait que ceux d’en haut ne soient pas des sots aveuglés soit par la faiblesse soit par l’orgueil. Même si le général penchait pour le dernier , il n’y céda pas complètement. Cependant l’Obok Senger d’Thalack était déjà prêt à quitter la Phord’Ur. Il la croyait encore trop baignée dans la prétention mais le ton de la nécromancienne résonnait complètement différent . C’était une voix de femme endormie, un murmure qu’on entendait parfaitement bien. La drow écoutait le sarcasme de son interlocuteur sans broncher, elle restait immobile. Un désintérêt naissait dans le cœur du guerrier quoi de plus normal ? La chair s’ennuyait vite… Si la discussion devrait prendre fin , Xsa’us Rosa laisserait faire. Il n’y résultait aucune rancœur, la nécromancienne s’en était sortie avec les informations qu’elle voulait, et Tebirach avait évité un affrontement non désiré. Que manquait-il ? Un petit détail ou une petite récompense qu’il fallait donner au sombre cavalier. La Phord’Ur devait bien ça au maître du premier Ost.

« Je m’appelle Xsa’Us Rosa. Je vous épargne les surnoms sordides que les autres nécromants me donnent quoique placés dans un certain ordre, ils donneraient lieu à un joli poème sur les viscères. Gardez votre offre généreuse, j’ai testé peut être le seul militaire qui en vaille la peine, cela me suffit. Je ne suis qu’une nécromancienne qui a gagné quelques échelons par la volonté d’autres. Je ne vous retiendrai pas plus. Vous avez eu mon nom et mon histoire n’est pas glorieuse face à la votre. Vous êtes dans l’épique, je suis dans autre chose. Sachez que peu gagne mon respect mais lorsqu’ils l’obtiennent, je dispose de mots plus doux à vos oreilles. »

Ce fut assez dit. L’entrevue pouvait en arriver là, chacun en avait appris sur l’autre dans une proportion assez égale. Rosa imagina l’Obok Senger d'Thalack à son prochain repas si on venait à lui parler des nécromanciens, il s’étoufferait surement avec sa cuiller. La sorcière en revint à ses petites créatures qui s’impatientaient. La marionnettiste leur fit comprendre qu’ils allaient bientôt rentrer mais qu’il fallait d’abord voir si le général prendrait les devant. Voilà bien longtemps qu’elle n’avait pas quitté le Puy d’Elda. Pourtant une liste de délicieux endroits souvent dangereux apparaissaient autour du volcan. Il faudrait y faire un tour pour la prochaine fois…

Finalement, elle n'était pas décidé à le laisser s'en aller sans plus de précision... Le ton changeait, de même que le discours. Il arrêta sa marche, écoutant avec attention sans pour autant se retourner. Ces mots avaient leur sens, tout autant que la pensée qui les avaient amené, bien que la méthode demeurait des plus critiquable, risquée même... Mais elle devait en avoir conscience.
Il resta indifférent à la conclusion, il la releva certes, mais il ne gonflerait pas la poitrine avec ça, non. Il émit un soupire, ces jeux compréhensifs à un certain degrés l'avaient agacé, mais il ne pouvait rester de marbre suite à ce dévoilement qu'il espérait franc, non quelques tournures nouvelles d'un de ces jeux idiots.

Il ne dit rien, relevant le nom, il saurait s'en souvenir, autant par le côté surprenant de la rencontre que par le fait qu'il aimait à se souvenir des personnes sortant du lot, pouvant être parfois de bons alliés et soutiens. Elle reprit un compliment, qu'il laissa glisser, surtout qu'à ses yeux, c'était une bêtise... Bien des militaires valaient la peine, et son frère d'arme apparaissait en haut de cette liste.

- Vos manières sont curieuses, censées mais des plus risquées, prenez tout de même garde.

Il dit cela en toute sympathie, se retournant enfin, il ajouta ensuite, sur le même ton.

- Vous ne pouvez comparer nos deux histoires, Xsa'Us... J'ai près de sept cent ans, bien assez pour avoir vécu bien des guerres, et avoir eu nombre d'occasions de m'illustrer, d'affûter et de faire démonstration de mes capacités de combattant autant que de mes qualités de commandant. Vous avez quoi... Environ deux siècles peut-être... A cet âge, j'étais simple Kyorl de l'Ur'thalrss du Premier Ost Noir...

C'était une vérité... Les occasions et les batailles avaient été tellement nombreuses en cinq siècles qu'il avait eu bien des moyens de prouver sa valeur... Si son interlocutrice avait un brin d'ambition et de volonté, elle avait un chemin se découvrait à son regard. Bon, il n'avait pas la même éducation, c'est certain... Tebirahc était fait pour la guerre, il n'avait rien d'autres dans la vie, rien que cette guerre et cette vengeance à assouvir. Sans cela, il n'aurait à vrai dire aucune raison d'être...
Il comprit, sembla comprendre tout du moins, qu'elle s'apprêtait à rentrer, il pouvait toujours discuter encore un peu, mais il ne rentrerait pas avec elle.

- Vous semblez prête à rentrer dans la Cité Sombre... Je ferais donc une partie du voyage avec vous, avant les premières vigies... Il n'est pas encore temps que je rentre, et mon compagnon m'attend ailleurs. Sauf si vous préférez faire la route seule.

« Ne vous inquiétez pas pour moi ,Obok Senger d’Thalack. Je goûte toujours les nouvelles choses à ma manière et je m’y connais en poison. Le C’nros a besoin d’ordre, je n’irai pas ennuyer vos frères d’armes. »

Le ton de la nécromancienne porta ses fruits. L’excentricité de la mage passa. Xsa’Us Rosa regarda ses squelettes et leur fit signe d’avancer, elle avait récolté assez de pièces rares pour aujourd’hui. Les morts vivants marchèrent en triangle avec leur maîtresse au centre. Ses pantins se mirent à guetter l’horizon, l’être vivant proche n’était plus une menace à cet instant. Dans de pareils paysages, les menaces venaient de loin ou sous terre. La sorcière fut satisfaite de l’apaisement de l’officier drow. Un travail plus facile que l’énerver certes. En effet, la sorcière constata d’une intuition qu’il fallait rentré assez vite. Elle n’était pas Phord’Ur pour faire de la reconnaissance dans les terres stériles. Pourtant avant d’être débordée, rien lui coutait de faire une dernière petite promenade aussi nécrotique que ses songes. Une petite nuit nourrie de doux cauchemars lui ferait du bien. La nécromancie tentait à rendre ses disciples corrompus jusqu’au cou… Et au crâne aussi. Elle but un peu de sa gourde avant de reprendre la route. La vue des vertébrales avait tendance à lui donner soif. Rosa tendit une oreille aux paroles de Tebirahc qui en revenait à l’existence liée au temps. Etait-ce un encouragement à l’imiter ? L’idée de finir prime sorcière la rendait malade. S’asseoir sur le trône d’orgueil devait laisser des séquelles. Voir tous ses mages à ses pieds… Cela lui donna des frissons. Mais le conseil était bon à prendre, le temps nous jouait des tours. La nécromancienne regarda l’Obok Senger d’Thalack qui l’invita à faire un bout de chemin. Une sorte de conclusion plus douce qu’un combat pour une fin absurde.

« Tant que la vue de cadavres ne vous dérange pas… Si vous les connaissez je ne vous empêcherai pas le moindre du monde à leur parler. »

Ils se mirent donc en route. Rosa resta un petit moment muette comme une tombe . Puis une pensé s’égara dans son esprit tordu :

« Êtes vous disposé à parler de votre absence ou plutôt votre disparition ? Malgré mes anciennes tendances à m’isoler du monde, j’entends certaines rumeurs qui circulent dans les couloirs du C’nros. »

Un sujet de conversation comme un autre, celui qu’il devrait répéter ou refuser plus d’une fois à son retour. Mais la curiosité était une chose importante pour cette magicienne obscure. Une histoire sans vers pour changer. Après tout un fantôme pareil pouvait bien dire quelques secrets avant de laisser la nécromancienne. Le Puy d’Elda devait être à quelques heures de marche. Rosa se laissa bercer dans ses songes tout en marchant. Il y avait en effet beaucoup à faire au C’Nros. Le Ditronw Da're allait surement la contacter prochainement… Surement pour une démonstration, c’était important les démonstrations pour les supérieurs. Même pour les nécromanciennes drows curieuses en fait.

Des rumeurs ? Oh, il savait que ça arriverait, mais sa curiosité l'invitait à en apprendre plus... L'idéal étant d'en connaître tant le contenu que l'origine, car c'est dans ses situations, on peut détecter quelques ennemis qui auraient tendances à vous dire mort bien vite pour vous évincer. Quant à la véritable histoire, bien qu'en aucune façon épique, bien au contraire, il n'aurait pas de crainte à la conter... Le véritable guerrier apprend plus de ses échecs que de ses victoires, non ? Si il y survit bien entendu. Tout du moins, tel était sa position.
Ainsi, sur un ton des plus posés, il se mit à raconter la brève histoire qui le conduit à disparaître pendant ces dernières semaines.

- Oh... Ma disparition ne serait pas digne de figurer parmi les secrets du Puy d'Elda... Je crains fort qu'il n'y ait rien de bien captivant et d'épique. Comme il a du être su, je m'étais rendu à Yutar, visiter un vieil ami et mon frère d'arme, Obok Senger d'Thalack assigné à la défense de cette place forte...

Il s'interrompit un instant, se demandant si cette information elle-même était connue... Il en avait informé son esclave et arme Oloryle, mais qu'en était-il des autres ? Mettant de côté ces questions, il reprit donc.

- Certains phénomènes locaux m'empêchent d'y conduire Tagnik'zur... Mais là n'est pas un véritable problème, même si c'est un compagnon d'arme redoutable qui se voit écarté des conflits de la région... Bref, un jour, j'ai décidé de m'absenter de Yutar pour aller mener une chasse avec lui, et quand il eut finit de se régaler, nous n'avons pas été assez alerte et réactif pour éviter un « drame ».

Il est sûr qu'une wyvern même aussi aguerrie que Tagnik'zur, une fois le ventre plein, est bien moins prompt à détecter un prédateur, surtout que son esprit et ses sens étaient perturbés par certaines manipulations conduites par l'artefact de contrôle. Si dans l'animation de la bataille, ces perturbations sont négligeables car pallier par l'attention particulière de Tebirahc, au dehors, c'est finalement un souci qu'il ne pourrait pallier.

- Ainsi, nous avons apprit que nous étions sur le territoire de chasse d'un Dragon de Perrelin, et que l'Hanglyosi abattu était apparemment sa propriété, dont il suivait sans doute les traces depuis un bon moment.

Il était calme dans sa narration, parlant néanmoins d'animaux imposants, massifs et redoutable, mais il montait l'une de ses créatures après tout.

- Il a considéré Tagnik'zur comme un rival et un ennemi, voleur de gibier et a attaqué, sans doute autant pour le tuer que pour récupérer la carcasse encore bien garni. Ma monture a subit des blessures assez grave, tant aux ailes qu'au poitrail, rien d'irréparable, mais toutefois de quoi le clouer au sol un petit moment, avant que j'ai pu abattre l'attaquant par surprise.

Un prétentieux ne l'aurait sans doute pas dit ainsi, il aurait affronté à mains nues et face à face un des plus redoutables prédateurs reptiles du continent... Mais pas lui.

- Ainsi, ne voulant pas apparaître faible, au vue de cette opportunisme liée à l'ambition, j'ai fais ramener Tagnik'zur dans une cache montagnard pour qu'il y soit correctement traité et soigné jusqu'à ce qu'il soit assez en force pour s'imposer à nouveau au Puy d'Elda... Il est une de mes fiertés et aussi un symbole fort pour moi, après tout.

Aucun autre drow, de son rang qui plus est, ne pouvait s'afficher comme lui, montant l'un des plus redoutables et indomptables prédateurs volants du continent, parvenant même à se faire obéir... Certes par quelques moyens magiques dont on ne connaissait ni la méthode, ni la source... N'avait-il pas éliminé les seuls créateurs, afin qu'aucun autre un jour ne parviennent à l'imiter ? Bien sûr que si.
Il était craint tant par ses semblables que par ses ennemis, priant de ne pas voir apparaître l'ombre mortelle dans les cieux... Et puisqu'il n'était plus de dragonniers dans les batailles, bien qu'il n'en eut que des récits, il était seul maître du ciel.

- Ainsi, voilà toute l'histoire... Mais je serais bientôt de retour, car lui est remit de ses blessures. Mais parlez-moi donc de ces rumeurs, et de ceux qui en sont à l'origine... Je suis très curieux de savoir ce qui se dit à mon sujet.

Ainsi l’Obok Senger d’Thalack jouait avec les dragons. Chacun avait ses loisirs après tout. Ces créatures possédaient un certain talent dans l’art de la destruction, même les enfants qui écoutaient les vieilles histoires en avaient un aperçu. Xsa’us Rosa vit plusieurs squelettes de ces monstres durant son apprentissage au sein du C’nros. Son ancien maître était un excentrique de premier choix. Ainsi pour lui, la nécromancie ne pouvait s’enseigner que là où la mort empestait à donner des nausées. Cela rendit les narines de la drow moins sensible à ces petites marionnettes. Un jour pluvieux, alors qu’une de ses goules s’était légèrement trop excitée par la faim, elle vit sa créature bondir dans tous les sens et tomber dans un fossé. Qui aurait cru que le misérable marécage où la sorcière révisait, cachait une tombe de reptile géant ? La drow observa la squelette gisant, son professeur lui ria au nez. Il avait raison dans un sens, faire dresser un tel monstre demandait trop de magie. Peut être qu’avec le temps et les siècles, Rosa dresserait un de ces charmants dragons en décomposition ? Tebirach semblait tellement attaché à sa monture... Un peu comme ces cavaliers avec leur cheval. De la viande quadrupède rien de plus. Yutar… Où était ce déjà ? La jeune nécromancienne ne s’y était jamais aventurer mais comme dans tout endroit rempli de drows, il y avait des troubles internes. Les intriques du Puy d’Elda apparaissaient déjà suffisantes pour la Phord’Ur. Tuer un dragon… Même si le prix à payer semblait fort quand elle observa l’officier, il fallait reconnaître que le commun des elfes sombres n’osait pas s’en vanter tous les jours. Le mâle n’avait rien à gagner à lui mentir ,de plus Rosa ne perdait rien à le croire. La sorcière trouvait plutôt intéressant pour ne plus oser dire amusant, qu’un Obok Senger d’Thalack daigne lui conter ses hauts faits et exploits accomplis. La jeune drow s’imagina telle une enfant, cet Obok Senger d’Thalack avec son professeur nécromancien… Cela aurait été surement très meurtrier…

« Les rumeurs… Attendez voir… Entre les apprentis du C’Nros aussi stupides que des cafards et les fascinés de l’armée drow, j’ai du mal à discerner qui a parlé de vous… Je ne saurai vous donner une réponse pertinente et vous donner le nom des coupables. Je passe la plupart du temps à faire des recherches dans mes quartiers personnels… Les mots sont parvenus à mes oreilles que grâce à l’écho dans les couloirs du cercle. »

Cela ne donnait pas de quoi tenir bien longtemps sa langue. Mais plus ils avançaient, plus la Phord’Ur songeait à son travail futur quant au C’Nros. Elle ne pouvait s’ôter l’idée qu’il y avait beaucoup trop à faire pour continuer ce genre de recherche plaisante. Un responsable qui délaissait ses fonctions pour ses plaisirs personnels, finissait généralement allongé à boire son sang. C’était un prétexte idéal pour les ambitieux et Rosa se refusait de mourir maintenant. Toutes les horreurs ne s’étaient pas montrées à la jeune drow. C’était donc décidé, il fallait se concentrer sur les mages bouffis d’orgueil. Dieux que cela semblait une décision difficile pour la nécromancienne. Elle en dresserait plus d’un ça oui… Au moins si elle ne pouvait pas autant torturer ses esclaves qu’avant, la drow pourrait se rattraper sur les têtes de nœuds. Les serviteurs se montraient pourtant les plus résistants, habitués à un sort funeste dans un monde de corruption. Les sorciers du C’nros eux, s’étaient nourris et donc affaiblis par une lueur de gloire ou d’espoir quant à leurs pouvoirs. Rosa devait en tuer au moins un, juste pour voir les sentiments dégagés… Plus de dégoût pour un orgueilleux mort que lorsqu’il était encore en vie ou une certaine satisfaction ? Très bonne question oh oui.

« Je vais vous laisser Obok Senger d’Thalack. J’imagine qu’il est plus que temps que nous nous séparions. Vous avez un retour à entreprendre méticuleusement et moi un certain travail à réaliser. A y penser, je crois que vous avez besoin de respirer avec notre rencontre assez explosive. Peut être nous reverrons par la contrainte ou par plaisir ? Les fraternités ne sont pas ma tasse de thé mais je ne cacherai pas que cette rencontre fut enrichissante. »

Elle n’ajouta rien de plus et continua son chemin avec ses squelettes derrière elle en direction du Puy D’Elda. La nécromancienne ne devint plus qu’une ombre aux yeux de Tebirahc peut être ajouterait-il quelque chose ? Les oreilles de la sorcière semblaient sensibles après tout …

Un instant, il se demanda si elle le croyait... Il était connu des guerriers qui ont déjà vu l'Obok Senger à la bataille que ces histoires pouvaient être réelle, car ils avaient tous vu l'ombre mortelle planer, dominant le ciel et s'abattant impitoyablement sur l'ennemi.
Mais pour ceux qui n'allaient que peu à la bataille, et jamais en présence du sombre seigneur, c'était plus une légende, une superstition pour impressionner et qui faisait un effet monstre sur ses soldats... Il est vrai que Tagnik'zur n'était plus entré dans le Puy d'Elda depuis bien des décennies, mais le compteur serait bien assez tôt remis à zéro... Son retour d'entre les morts se devait d'être fracassant, réaffirmant sa suprématie à ces officiers qui rêvaient de le voir faible et fragile.

Il laissa la jeune sombre à ses occupations et repartit lui-même à cheval de son côté, accélérant le rythme, cause au retard que cette discussion avait entrainée, mais ce n'était pas pour rien... Après tout, si les choses allaient en ce sens, il pourrait développer des liens suffisants avec cette X'sa'us pour avoir un contact au sein du C'nros, non pour un quelconque espionnage, il n'y croyait pas... Mais il pourrait bien la tester dans un contexte de commandement, et demander plus tard à l'avoir au sein de son Ost quand un contingent du C'nros l'accompagne.

Il n'avait pas eu l'occasion de la saluer, et en un certain sens, le regrettait, mais elle était parti si vite... Les montagnes étaient à présent proche et il capta une chose des plus intéressantes... Il regarda les cieux et vit une ombre planer, à quelques centaines de mètres de lui et découvrit un sourire avant de démonter du cheval, décrochant absolument tout ce qu'il y avait dessus... Car il doutait fortement du courage de la monture quand approcherait l'ombre.

- Et bien mon grand... Tu as improvisé une sortie on dirait... Tu avais faim ? Approche, je vais te présenter quelqu'un.

L'ombre piqua soudainement vers le sombre qui ne bougeait pas alors que fuyait terrorisée sa monture, on a rarement le courage, chez les animaux, d'affronter une créature capable de vous dévorer aisément, il valait mieux s'éloigner. Devant lui se posa lourdement l'imposante wyvern, Tagnik'zur qui reçu des petites tapes près de la gueule, et une main glissant le long du coup.
Elle baissa la gueule et le cou, permettant au sombre de se placer entre deux des pics hérissant son dos, là où aurait du se trouver les épaules et où naissait les ailes après avoir attaché comme il pouvait ses affaires.

- Fais doucement Tagnik'zur, pas d'acrobatie, juste du vol... Je n'ai pas de harnais aujourd'hui...

Quelques pas, un début de course et les ailes se déployant, dévoilant toute leur envergure, un saut et un battement d'ailes et voilà l'ombre s'élevant à nouveau, volant rapidement, gardant néanmoins la stabilité nécessaire pour que le cavalier ne fasse pas une chute mortelle. Estimant la vitesse de marche de son interlocutrice, et de la direction d'Elda, il estima approximativement un cap à suivre... Et il lui faudrait être rapide pour n'être pas repéré par les sentinelles.

Il ne fallut pas longtemps pour que d'une position élevée, il repère l'escorte improvisée et il amorça une descente, invitant alors qu'il passait à proximité de sa position, à une trentaine de mètres au dessus d'eux, Tagnik'zur a faire retentir sa voix... Un grondement retentit alors qu'il assombrissait un instant X'sa'us avant de la dépasser, amorçant un demi-tour ample, afin d'éviter des tracas à Tebirahc, et en vint à faire une ultime descente pour en venir à atterrir à tout juste une dizaine de mètres de la sombre.

Il ne fit pas attention aux squelettes qui semblèrent réagir étrangement à cette nouvelle menace, et se concentra sur leur maîtresse, ordonnant à la wyvern d'abaisser son cou pour être en vue de la nécromancienne, il la salua, aimable sans être souriant.

- Vous êtes partie si vite que je n'ai pas pu vous le dire... Ne parlez pas de cette rencontre tant que je ne serais pas moi-même revenu...
Et à bientôt, car je ne doute pas que nous nous reverrons. Vous voulez qu'un jour, vous puissiez éprouver mes talents de meneur d'hommes ? Moi je veux éprouver les vôtres, savoir si vous avez ce qu'il faut pour régulièrement commander les hommes du C'nros que je pourrais demander dans mes batailles, savoir si vous êtes un officier sur qui on peut compter... Vous avez jusqu'à mon retour pour y réfléchir... Et ne pensez pas à ce qu'en dirait vos supérieurs... Si votre décision va en ce sens, je me chargerais moi-même de les convaincre... Jusqu'à ce jour... Silence.

Il était sur le point de repartir quand il s'arrêta brusquement et se tourna vers elle, avec un léger sourire.

- Ah et... Je vous présente Tagnik'zur.

Il donna une petite tape au flanc du long cou de la wyvern, désignant ainsi clairement la créature massive, ses six mètres de longs, trois de hauteur et son envergure deux fois supérieurs à tout ceci... Puis celle-ci reprit sa course, s'envolant et se dirigeant mollement vers les montagnes... Bientôt, bientôt ils reviendraient dans la Cité Sombre.

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