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 Sur les traces de l'argile...

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L'Illusionniste
Elfe
L'Illusionniste


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MessageSujet: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeVen 25 Juin 2010 - 16:22

Un ciel d’azur comme toit, et le monde comme maison… Adossé contre les pierres froides de l’indifférence, les jambes repliées comme pour atténuer l’offense, et cette main tendant vers l’espoir, l’Illusionniste regardait passer le temps, éternelle distraction.
Lorsqu’Anthony, l’apprentie de ce vieux hibou d’alchimiste, se présenta à lui, le sourire aux lèvres et l’œil frémissant, le vieil homme parût surpris. La « récolte » n’avait pas été déjà passée ? Pourquoi venait-il le chercher en personne ?


- Je ne peux rien vous dire Monsieur Illusionniste, il vous quémande. Veuillez me suivre.

L’Illusionniste fût bientôt devant cette demeure si mystérieuse de banalité. Le mendiant commença, comme à son habitude, à se diriger vers la mince ruelle menant à l’arrière-cour. Le garçonnet l’arrêta d’un geste, lui montrant d’un doigt timide, la porte d’entrée de la masure. Encore plus étrange, voila 15 ans que l’Illusionniste n’avait pénétrer dans cette maison, il savait que l’Alchimiste préférait la douce chaleur de sa cave à la poussière de sa demeure. L’enfant aux cheveux de feu ouvrit la porte, qui, dérangée, grinça dans un bruit infernal. On lui indiqua le salon. La pièce était plus grande que ce que l’on aurait pu croire. A ses murs, des montagnes de livres et de parchemins s’élevaient comme des tentacules chaotiques, sur la table à gauche, comme déposé par le temps lui-même, des bocaux aux contenus étranges, liquides colorés ou queues de lézards séchées, donnaient à l’endroit une atmosphère glauque. La pièce avait revêtu le plus beau manteau de poussière que l’éternel grand-père n’avait jamais vu.

-AH AH AH AH vous voila enfin !

L’Illusionniste était totalement surpris. Depuis quand ce vieil emplumé l’attendait avec impatient, même, semblait heureux de le voir ! Tout était trop confus, surnaturel…

- J’ai quelque chose à vous montrer, suivez moi c’est dans la pièce d’à côté.

Il ne marchait pas, il sautillait. Ca avait quelque chose de gênant, voir cette vieille bique, frémir sous une de ses transes jubilatoires. Au début, l’homme sans âge ne comprit pas bien. Devant lui, une sorte de colosse d’argile, sculpture informe.

- COIA !

L’Alchimiste avait hurlé ce mot comme une incantation. C’était de l’elfique, la vie ? Et soudain il y eu un flash. Tout devint blanc, le temps s’effaça, l’espace disparut, il n’y eu plus rien. Juste ce soubresaut roque comme un cœur qui bat… un cœur de pierre. Et, comme si rien n’eu jamais exister, le sable du temps s’écoula de nouveau. Et ce qui était inerte prit vie…

Devant lui la boue était devenue chair, devant lui ce qu’il avait pris pour une sculpture devint homme.


- Qu... Qu’est ce que cette chose ?!

- Allons donc, vous voila décontenancé devant mon fils ! AH AH AH ! Auriez-vous peur d’un enfant ?

- Ce n’est pas un homme…

- Vous non plus.

La remarque fût cassante, réveillant une vieille blessure. Ni homme, ni elfe, il n’était qu’un monstre. L’Illusionniste le savait, et il se doutait que l’alchimiste avait compris sa nature depuis longtemps, mais cette pique fût si brutale. Il avait perdu le contrôle…

- Admirez mon œuvre, mon hommage à la grandeur de Kÿria !

La grandeur de Kÿria… L’être éternel observa la créature. Un buste trop large, des jambes trop courtes, des bras trop longs, tout lui faisant penser à ces statues de pierres sculptées voila des millénaires. Monolithique, grossier et immense, cet être d’agile regardait d’un œil creux son « père ». Sur son front quatre lettres gravées au couteau : COIA.
Il semblait gauche et idiot et, après avoir décrit son travail en détail, les tenants et aboutissants de ses recherches, l’alchimiste, heureux comme un môme, tenta alors une démonstration. Il ordonna et l’être lui obéit.

L'Illusionniste n’en croyait pas ses yeux, devant lui s’élevait un champ incroyable de possibilités, les nécromanciens de dame Amaranth tueraient pour apprendre, pour créer un être aussi docile qu’un revenant, et aussi solide que la pierre. L’œil de l’alchimiste brillait sous l’émotion et ordonna à son « fils » de lui apporter un livre situé au plus haut de sa bibliothèque. Il était à prévoir, au vue de sa démarche, que l’aventure semblait ardue, et bientôt, le golem trébucha contre une pile de grimoires. Dans sa chute il poussa l’éternel mendiant, qui tomba à son tour. Son coffret de bois heurta le sol, déversant son contenu sur la poussière.
Cela dura le temps d’un battement de cœur.
Comme prit d’un élan de folie, la bête se précipita, arrachant un objet du sol, et défonça la porte d’entrée, semant cris et stupéfactions sur son sillage. Le vieil elfe, encore confus jeta un œil vers ses affaires. Certaines étaient brisées sous le poids du géant, et une avait disparu. Il se leva d’un bond, empoigna le débris avec force. Kléos ! L’infâme avait pris son pantin fétiche !


- Comment on peut l’arrêter ?!

- Mais je…

- Pas le temps de discuter, il se ballade dans les rues ! Imagine s’il croise des gardes ! REPONDS MOI !

- Le…l…le mot… sur son front efface le, il… mourra…

L’alchimiste avait balbutié ces paroles, dans un souffle emplit de larmes. Il s’effondra sur le sol, devinant déjà le fruit de son travail détruit. L’Illusionniste courait déjà auprès de la créature.
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Nilah
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MessageSujet: Re: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeVen 25 Juin 2010 - 17:38

Fouineur, fier comme un paon, jouait avec la dague richement décorée qu’il venait de subtiliser quelques heures plus tôt à un bourgeois maladroit et distrait. Sous l’œil presque indifférent de Nilah, il exécutait quelques tours de passe-passe, faisant apparaître et disparaître l’arme heureusement assez petite pour lui permettre de telles prouesses. La petite n’avait pas dormi depuis deux jours, et son humeur s’en ressentait. Apathique, elle était paradoxalement assez irritable quand on la pressait trop. Habitué et même plus inquiet, Fouineur faisait avec, restant lui-même mais se forçant à ne pas la brusquer. Il ne faisait pas plus attention aux corbeaux qui, perchés non loin, observaient la scène en silence. Mal à l’aise au début, il avait découvert depuis bien des façons d’utiliser à son avantage cet étrange « talent » qu’avait son amie. La retrouver était bien plus facile, surtout quand on la connaissait aussi bien que lui. Mais le plus grand bien qu’on pouvait en retirer restait cette incroyable force dissuasive qu’ils représentaient. Quand il était avec Nilah, on ne venait jamais lui chercher des noises - méritées ou non - et c’était pour cette raison qu’il l’avait autant collée, au début.

« Avec ça, plus personne ne m’embêtera jamais ! » affirma-t-il pour la dixième fois… au moins. « Et on t’embêtera plus non plus, je te protégerai. »

La principale concernée hocha vaguement la tête. Dans l’ombre de la ruelle, elle ne souffrait pas trop de la chaleur, et c’était tout ce qu’elle pouvait espérer. La déclaration enflammée - et touchante - de Fouineur ne lui fit ni chaud ni froid, mais elle devait au moins reconnaître que son incessant baratin la poussait plus surement vers le sommeil que n’importe quel remède. Elle savait néanmoins que ce ne serait pas suffisant, il lui fallait du calme pour s’endormir… Cette nuit, peut-être, sinon ce serait la nuit prochaine.

« Tu m’écoutes, Nilah ? » finit-il par demander, vexé d’avoir été ainsi ignoré. « Tu n’as rien dit depuis tout à l’heure.
- Tu disais que tu allais me protéger… C’est très gentil. »

Il était visible qu’elle se forçait, mais Fouineur prit la déclaration comme elle venait et lui fit un grand sourire, ravi du compliment. Recommençant à jouer avec la dague, il lui raconta comment il s’était foulé la cheville… Ou inventa, Nilah n’était pas trop sûre. De ce qu’elle comprit, il était passé au travers d’un toit, ce qui n’était guère étonnant au fond, et avait du survivre au violent assaut d’un forgeron en colère. Il avait du sa survie à son agilité et à l’accouchement d’une drôle de femme. Grand seigneur, il avait alors proposé d’aller chercher une sage femme… Le fait qu’il ait choisi Marie entre toute montrait clairement qu’il avait été plus pressé qu’autre chose. En temps normal, Fouineur évitait Marie autant que possible.

« Tu vas te blesser. » le coupa-t-elle, finalement agacée par tant de discours inutiles.

Surpris, Fouineur arrêta son manège, la dague se figeant entre ses doigts experts. Vexé, il haussa les épaules, puis se figea, abasourdi. Il faillit même lâcher son trophée, avant d’au contraire resserrer une prise maladroite sur le manche de l’arme. Sortant légèrement de son apathie, Nilah suivit son regard, autant par curiosité qu’à cause du vacarme qui emplissait soudainement la ruelle. Lâchant un cri de surprise, elle se releva et se cacha derrière son compagnon avec une vitesse impressionnante. Devant les deux gosses se tenaient une énorme… créature. Elle s’était arrêtée, comme surprise de se retrouver dans un cul de sac. Il serrait dans sa « main » - plutôt une grosse pince, en réalité - une marionnette que la sang-mêlé connaissait bien et reconnut très vite. Elle tira la manche de Fouineur pour obtenir son attention et murmura pour lui faire part de sa découverte.

« C’est Kléos ! » affirma-t-elle, sûre d’elle bien qu’effrayée. « Il connaît le vieux monsieur. »

Mais le gamin des rues le plus bavard de Diantra ne semblait pas en mesure de l’écouter. Son regard rivé sur la créature, on pouvait presque entendre ses dents claquer. Il était presque tétanisé, statue de chair face à un colosse d’argile, il avait pleinement conscience qu’il n’avait aucune chance. Comme pour le lui confirmer, les corbeaux croassèrent et s’envolèrent, commençant à décrire leurs troublants cercles au dessus de la scène. Heureusement, toujours sous le coup de la surprise, la bête ne bougeait pas, se contentant de serrer un peu plus le pauvre Kléos. Apercevant une figure familière derrière le Golem, Nilah tira un peu plus fort la manche de son protecteur improvisé.

« Le vieux monsieur est là ! Il va nous sau… »

La suite se perdit dans le cri que poussèrent à l’unisson les deux gosses quand leur « agresseur » entra de nouveau en mouvement. Apeuré peut-être par la vue du vieux mendiant, il pénétra dans la ruelle. Hésitant, mais déterminé, il ne lui fallut que quelques secondes pour parcourir la distance le séparant de ses « victimes » qui se jetèrent contre le mur avec l’énergie du désespoir. A leur grande surprise, le monstre ne leur jeta aucun regard, s’engouffrant seulement dans l’impasse que représentait la ruelle. Sans réfléchir, Nilah se rua vers le mendiant, au grand damne d’un Fouineur dépité de voir sa protégée voler vers les bras d’un autre. La gamine se cacha derrière l’Illusionniste, qui devait à ce moment là regarder la créature se stopper face à l’obstacle que représentait le mur.
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MessageSujet: Re: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeLun 28 Juin 2010 - 0:35

- Il court vite l’en…

L’Illusionniste soufflait entre ses dents. Bien qu’encore capable de prouesses physiques remarquables pour son âge, le Temps avait su, peu à peu, reprendre la force qu’il avait bien voulut lui accorder. Le vieil homme manquait d’endurance, et cette course forcée n’était pas pour lui plaire. Bien que la traque fût aisée, le monstre laissant de temps à autre, de petit morceau d’argile sur son sillage, l’Arlequin du Clair-obscur n’avait pas réussit à le rattraper. Tel un limier, le grand-père avançait le regard vissé au sol. La chaleur de l’été tombait sur les épaules fatiguées du vieil homme, comme pour l’accabler d’avantage. Et la lumière, cette cruelle lumière assénait ses lances implacables, couvrant le vieil homme d’un halo terne de misère. Ca semblait ridicule, puéril, courir à s’en arracher le cœur pour rien, un vulgaire objet, un pantin taillé grossièrement dans le bois. Mais pour lui, c’était bien plus.

Il y avait dans ce pantin sans visage, le miroir où l’Illusionniste se retrouvait. Lui aussi, il n’était qu’un pantin sans visage, un monstre sans maison, une âme sans identité. Il était tout cela et bien plus. Kléos était son visage… Kléos était son âme…Kléos était lui…

Il ne pouvait se permettre de le perdre. Non, jamais.

Se cognant contre la pierre de la cité, un cri, cristallin et pure, parvint jusqu’à l’oreille du mendiant. Il ne dura pas, comme un souffle de surprise, mais l’Illusionniste n’en doutait pas, on avait croisé le kouros d’argile. Il pressa le pas. Cette partie de la capitale n’était que ruelles biscornues et impasses. L’Illusionniste le savait et espérait ne pas se tromper d’embranchement dans sa précipitation. Bientôt il déboula sur une ruelle plus sombre. Son cœur manqua un coup. Le spectacle était saisissant. Le colosse, qui dépassait le vieil homme de trois bonnes têtes, s’était immobilisé, comme apeuré, devant deux enfants. L’Illusionniste était trop loin pour bien voir et, lorsqu’il entendit un cri, poussé à l’unisson, il accéléra encore.

Nilah ! C’était Nilah, la petite aux corbeaux, encore à trainer avec ce petit chenapan de Fouineur. Dès qu’il fût à sa hauteur, elle courut vers lui, s’agrippant à son poncho sali par sa lassitude. Le monstre semblait être acculé contre l’obstacle de l’impasse. Nous y voila… Réfléchissons…
L’Illusionniste poussa un soupir au vu de la tache qui lui restait à entreprendre, et se tournant vers la gamine, qui semblait se tasser toujours plus derrière son dos, il lui sourit. Cette petite…
L’Illusionniste avait remarqué son originalité, il y avait vu un potentiel. C’était indéniable, mais son caractère restait étrange… sauvage. Quelque part, il se retrouvait en elle.

- Ne t’inquiète pas ma petite Nilah, tout va bien se passer…

Il posa affectueusement sa main sur son épaule, l’amenant tranquillement à lâcher prise. Pourtant, malgré son sourire, ses yeux de pierre ne parvenaient pas à afficher une étincelle de chaleur. Puis contemplant le spectacle de la ruelle, il posa son regard sur le monstre. Effacer le mot sur son front… Cela ne semblait pas être une mince affaire. Il lui fallait un outil, une arme pour creuser cette terre argileuse… Le colosse se retourna, estimant probablement qu’il ne pouvait pas avancer davantage. Probablement indécis, le golem jaugeait ses adversaires, n’ayant visiblement pas assez d’intelligence pour envisager une attaque. Lorsque ses yeux creux rencontrèrent ceux du garçon resté seul, il y eu un silence. Comme précédant une tempête, le monde se figea, redoutant l’avenir. Soudain, sortant d’une fissure, une ombre fugace traversa le pavé. Le rat avait déjà disparut, comme un éclair, lorsque le golem sursauta, ou plutôt lorsque son corps tout entier émis un soubresaut proche d’un frisson brutal, au point d’en perdre des miettes de chair. Le gamin, sous la surprise, lâcha un cri, strident mais court, amenant l’attention du vieillard sur lui. Prudent, il avança lentement vers l’enfant, protégeant de son bras sa petite protégée, jusqu’à ce que celle-ci atteigne le mur. Il y eu un éclat. La lumière du métal percuta les prunelles de pierre du mendiant, et éclaira son esprit d’un plan. Il fallait en finir.

- Petit, donne moi vite cette dague je te pris…

Sa voix était calme mais ses muscles demeuraient extrêmement tendus. Fouineur jouait les grands, ça en était presque touchant, mais la peur se lisait sur son visage. Il voulut lancer la dague vers le grand-père, mais il manqua son coup. La lame chuta contre le sol dans un tintement clair. Rendu folle par le bruit, la bête chargea sur l’enfant.

Ce n’est plus de mon âge pensa notre pauvre ami, avant de courir vers le gamin.

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MessageSujet: Re: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeLun 28 Juin 2010 - 19:15

Nilah n’avait plus peur. Oh, certes, sa respiration n’avait pas encore retrouvé sa régularité, loin de là, mais alors qu’elle s’accrochait au poncho pourtant peu ragoutant du vieux monsieur, elle n’avait plus peur. Quoi qu’il arrive, il avait déjà prouvé que rien ne l’arrêtait et qu’il savait toujours quoi faire en cas de situation délicate. Elle ne pouvait certes pas se rappeler avoir été dans une position similaire, mais ce n’était guère important. Il avait déjà fait fuir plus d’un groupe de malfrats armés, alors une statue d’argile, aussi imposante et terrifiante soit-elle, n’avait aucune chance de l’arrêter. Ah, l’aveugle confiance de la jeunesse… Quand il lui assura que tout se passerait bien, elle hocha la tête et se laissa écarter, comprenant qu’elle ne ferait que le gêner en s’obstinant. Au dessus de sa tête, les corbeaux croassaient gaiement, semblant s’amuser de la situation. A moins qu’eux aussi soient effrayés par le Golem. Elle ne lui rendit pas son sourire, mais son regard contenait toute la confiance du monde.

Fouineur, quant à lui, n’en menait pas large. Bien au contraire, même. Il n’avait pas eu le réflexe de sa jeune compagne de jeu, restant planté comme un idiot au milieu de la rue. Pour sa décharge, il n’avait pas l’agilité de Nilah, surement à cause de son sang plus… « pur ». Il fallait bien quelques avantages à l’opprobre et l’avilissement d’Elda. Tenant fébrilement sa dague devant lui, comme si elle pouvait à elle seule arrêter le monstre qui lui faisait face, il n’aurait pas été étonné de le voir se mettre à danser au rythme de ses genoux s’entrechoquant. Un coup d’œil en arrière lui apprit que la sang-mêlé était en sécurité, avec le vieux monsieur… Une simple vision qui l’empêcha définitivement de s’enfuir à son tour. Il avait fait une promesse, et il ne voulait pas que le vieux mendiant lui vole le beau rôle. Ah ça non ! Déjà qu’il regrettait de lui avoir amené Nilah… Depuis, la gamine ne jurait bien souvent que par lui. Il allait lui prouver qu’il était capable de faire aussi bien qu’un grand. La statue vivante ne semblait pas comprendre. Parfaitement immobile, elle regardait Fouineur comme s’il était un problème insolvable. Son attention fut soudainement détournée, alors qu’un rat traversait la rue. Le gamin allait s'enfuir, lâchant un cri pour annoncer l'effondrement pur et simple de ses résolutions. Mais croiser le regard de son « rival » lui riva les pieds au sol, et il ne bougea pas. Le mendiant au poncho lui demanda son arme, et il grinça des dents. Nilah était toute proche, à quelques pas à peine derrière lui, et il était visible qu’elle ne s’en faisait plus.

Fermant les yeux de honte, il lança le couteau… En temps normal, il était un gamin plutôt habile de ses doigts, mais la situation exceptionnelle lui faisait perdre tout ses moyens. Manquant misérablement sa cible, la dague tomba au sol, et le tintement qui résulta de cette chute sembla mettre hors de lui le Golem.

« Fouineur ! » hurla Nilah, alors qu’elle voyait fondre sur son meilleur ami un monstre de pierre et de terre.

Elle ne comprit pas la suite. Elle voyait le vieux monsieur se ruer vers l’infortuné garnement, elle voyait le dit garnement foncer vers son sauveur, le Golem à ses trousses. Elle voyait les deux seules personnes qui comptaient vraiment pour elle se faire menacer par une créature sortie de nulle part. Avec des croassements plus aigus que d’habitude, les corbeaux se dispersèrent soudainement. Au même moment, Nilah tomba à genoux, ses poings se crispant tellement qu’elle s’enfonça les ongles dans les paumes jusqu’au sang. Ses bras lui faisaient mal, chaque centimètre carré de sa peau semblait en feu. Elle voulait que le méchant tombe en poussière, mais rien n’y fit. Arrivant le premier à la dague, Fouineur s’en saisit et dans un mouvement né de l’entraînement, il l’envoya vers la tête. Il s’était souvent entraîné avec des couteaux subtilisés dans des cuisines, mais uniquement sur des poutres. Etait-ce l’adrénaline qui guida sa main ? A moins que ce ne soit la chance. Dans tous les cas, la dague vola jusque dans la tête du golem, s’enfonçant dans l’argile… et rendant illisible la lettre « C ».

La scène semblait comme figée. Fouineur, tombé au sol, regardait sa victime alors que le vieux monsieur le rejoignait. Le Golem, quant à lui…


Dernière édition par Nilah le Ven 2 Juil 2010 - 18:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeJeu 1 Juil 2010 - 14:52

Le temps d’un souffle, l’enfant avait atteint son arme. Les yeux de l’Illusionniste étaient rivés sur lui, entrevoyant comme derrière la brume, la masse informe du golem, la ruelle elle-même semblait rétrécir, engloutit sous les pas puissants de la créature. Il y eu un éclat, une sorte de lueur métallique qui détourna le vieil homme de son but. Fouineur n’avait pas manqué sa cible. Le mendiant n’entendait plus rien, à moins que se soit le silence lui-même qui, horrifié, avait hurlé. Il stoppa net sa course, abasourdi par le spectacle qui s’offrait à ses yeux. Devant lui, le colosse d’argile semblait se tordre sous la douleur. Comme aveuglé sous le coup, il battait des bras, fléchissait des genoux, et, la gueule ouverte, criait, muet, toute son existence.

Le silence est plus effroyable encore que la plainte…

Enfin, le monstre s’ébranla, dans une secousse quasi sismique. Comprenant son intention, l’Illusionniste se projeta en avant, poussant l’enfant. Il n’eut que le temps de placé ses bras devant lui, bouclier d’os improvisé. Le choc fût violent. Emporté par cette pince énorme, le vol de l’Illusionniste se vit stopper net par un mur. Ses pieds ne touchant plus le sol, l’Illusionniste se sentait compressé, comme entre le marteau et l’enclume. Sous le choc, ses poings relevés avaient rencontré sa lèvre, peignant sa barbe d’un carmin fascinant. Un goût nouveau emplit sa bouche, un goût dont il n’avait pas senti les notes depuis bien longtemps. Pourtant, le coup fût moins violent que l’éternel l’eu cru.

Efface le mot sur son front…

Le gamin l’avait amoché, visant, sans le vouloir, extrêmement juste. Le vieillard ouvrit les yeux. Le choc qu’il avait eu contre la pierre avait troublé sa vision. Tout semblait être au ralentit, il ne distinguait, en tout et pour tout, que des aplats de couleur moutonneux, les détails s’étant effacé derrière un voile flouté. Etonnamment, il pensa à un tableau qu’il avait vu, Tyra la Brumeuse, une huile sur bois du peintre eracien Adrian Mesconi. L’homme, à moitié aveugle, avait peint cet immense tableau pour le compte d’un petit temple. Tyra était débout, entourée par la plus incroyable des brumes. Si l’œuvre fût décrié pour son illisibilité, l’Illusionniste y avait vu, lui, toute la profondeur de l’œuvre, une Tyra mystique et mystérieuse où, cachait derrière la brume, elle nous attendait, douce mais terrible séductrice. Le peintre semblait fasciné par la Mort et, avec cette œuvre, transcendait cette fascination. Il voyait maintenant comme le peintre voyait, descellant, derrière cette brume de couleur, la silhouette de la déesse.
Comme prisonnier de sa pensée, dans cet étau d’argile et de pierre, le mendiant s’imaginait la réaction du monde. Lui, ce vieux débris, ne pensant qu’à des intérêts obscurs, aurait laissé la vie pour un gamin des rues ? Absurde !
Si peu de gens connaissaient vraiment ce vieux barbu, l’Illusionniste le savait, et la plupart des personnes qu’il avait appelées ami étaient morts à présent.

S’il avait sauvé cet enfant, c’est bien parce qu’il n’avait pu la sauver… Elle…


- FUYEZ !

Une dernière pensée pour ses protégés, comme un ordre de vivre. Une larme pointa à son œil fatigué lorsque l’image de Callíh, les « Chiens Sauvages », Tom, Sarah, Gregory et Nilah vint à lui.

Ainsi donc il quitterait enfin cette prison de chair pour la rejoindre… Elle… écrasé par la terre elle-même….

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Nilah
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MessageSujet: Re: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeVen 2 Juil 2010 - 18:34

Nilah souffrait, et c’était peu de le dire. Depuis que le début de la charge du golem, elle avait l’impression d’avoir plongé ses bras dans des braises encore chaudes. Miroir du chaos qui régnait au sol, les corbeaux voletaient comme s’ils étaient pris de folie : tantôt s’approchant, tantôt s’éloignant, ils décrivaient des figures anarchiques, avec force de croassements. Les yeux mi-clos à cause de la douleur, la gamine gardait son regard rivé sur Fouineur et le Vieux Monsieur. Les deux seules personnes qu’elle avait, qui comptaient vraiment pour elle. Elle vit le vieux mendiant propulser Fouineur loin des bras monstrueux de l’être d’argile, avant de se prendre de plein de fouet l’un de ses coups. Elle vit les pieds de son protecteur quitter le sol, et son dos percuter violemment un mur tout proche.

Et ses bras lui faisaient toujours mal.

Reprenant ses esprits, Fouineur se remit debout. Sans réellement comprendre ce qu’il faisait, il hurla quelque chose à l’intention du golem, qui stoppa sa course avec l’imbécilité qui le caractérisait depuis le début. Tournant sa tête vers l’importun qui le dérangeait, il sembla le jauger. Le gamin ne savait qu’une chose : sans sa dague, il était perdu. Fuir était hors de question, Nilah ne semblait en état d’aller nulle part. Que lui arrivait-il ? Avait-elle été touchée sans qu’il ne s’en rende compte ? A genoux, sanglotant, elle se tenait les avant-bras et le regardait, lui et son vieux monsieur. Il semblait qu’il était le seul pouvant encore se tenir debout. Il n’avait pas le choix. Faisant fi de son instinct de survie pourtant bien développé, il se rua sur la bête. Il parvint à se jeter encore ses jambes écartées juste à temps pour éviter le formidable coup de poing qui lui était destiné. Se remettant debout aussi vite qu’il le pouvait, il lui sauta sur le dos, s’agrippant aux épaules. Il devait récupérer cette dague. Le golem ne sembla pas apprécier de devoir supporter un nouveau poids. Oubliant complètement le vieux monsieur, elle se mit à gesticuler dans tous les sens avec la ferme intention de le dégager. Pour le moment, Fouineur tenait bon, mais il était évident que ça ne durerait pas. Surtout que vu la cadence imposée, il ne pouvait pas se hisser assez haut pour récupérer sa précieuse arme.

Pour la première fois de sa vie, Nilah avait conscience de son pouvoir. Pas en tant que tel, mais elle le touchait des doigts, cette formidable pression qui poussait sur ses bras, menaçant de les broyer. Le regard rivé sur le golem, elle tentait de la faire jaillir de ses doigts pour le frapper, sans savoir quelle en serait la conséquence. Malheureusement, cette méthode intuitive ne produisait aucun réel effet, sinon augmenter encore et toujours la douleur. Lâchant un gémissement, elle se recroquevilla sur elle-même, quittant des yeux l’abomination qui menaçait de tous les tuer. Elle devait y arriver, il y avait forcément un moyen. Se mordant la lèvre inférieure jusqu’au sang, elle recommença sa tentative, tout aussi infructueuse que la précédente.

« NILAH ! BOUGE DE LÀ ! » hurla Fouineur alors que ses pieds ne touchaient plus rien.

Il ne tenait plus qu’à la force de ses bras, qui tremblaient sous l’effort. Relevant brusquement la tête, elle regarda son ami se faire ballotter. Elle pouvait faire quelque chose, elle le savait. Par les doigts, ça ne marchait pas, alors peut-être qu’en ne pensant plus qu’à cela… Peut-être que la pression pourrait s’abattre sur le Golem. Peu à peu, la douleur de ses bras s’atténua, mais c’était échanger un mal contre un autre, car l’instant d’après apparaissait un mal de tête qui lui fit grincer des dents. Tremblante des pieds à la tête, elle ne se détourna pourtant pas de son objectif. Ses yeux menaçaient d’éclater, mais elle ne changea pas d’idée.

Soudainement, l’argile qui constituait le haut du bras gauche du monstre craquela. Surpris par ce phénomène inexpliqué, la victime de Nilah se stoppa, regardant la « plaie » comme s’il n’avait rien vu de plus fascinant. Profitant de l’occasion, Fouineur commença son ascension, en sueur. Il eut le génie de s’appuyer sur le bras fragilisé, qui se détacha du reste du corps… intact, sauf à l’endroit où la « pression » de la gamine l’avait touché. Avec l’énergie du désespoir, il sauta sur sa dague et s’agrippa au manche. Sous son poids, la lame bascula et déchira en grande partie la tête dans laquelle elle s’était fichée.

Retombant au sol, Fouineur redressa la tête et vit que les lettres qui ornaient jadis le front du golem n’étaient plus qu’un vieux souvenir. Nilah s’effondra lentement, vaincue par la fatigue, l’angoisse, et la douleur. Son front brûlant et sa respiration haletante malgré son inconscience n’indiquaient rien de bon.
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MessageSujet: Re: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeMar 6 Juil 2010 - 17:42

Ainsi… c’était ça la mort ?

L’Illusionniste avait fermé ses paupières, se préparant doucement à découvrir le mystérieux royaume des morts. Devant ses yeux clos, il observait la noirceur de son âme qu’il connaissait que trop bien. Seul face à lui-même, éternel spectateur de la Vie, il se sentait déjà regardeur de la Mort.
Brutalement la pression disparut.
Il se sentit chuter, tombant dans les profondeurs du « monde d’en dessous », il n’avait pas peur. Pourtant la chute fût courte, trop courte. Le postérieur endoloris, il ouvrit enfin les yeux.

Non.

Devant son regard se découvrit le spectacle embué qu’il pensait avoir quitté plus tôt ? Il était assis, le dos appuyé contre un mur, ses jambes, deux bâtons secs, affalées devant lui. Il ressentait encore les fantômes de l’étreinte infligé par le golem. Quelques morceaux de peau argileuse coloraient son habit. Il tenta d’en attraper un morceau mais, sitôt que se doigts effleurèrent la terre, elle tomba en poussière. Il se sentait troublé, comme prisonnier d’une toile de gaze, l’esprit errant dans des rêveries moutonneuses. Ainsi, il n’était pas mort. Et il entrevoyait à présent ce monde fade qu’il avait tant observé. Comme pour s’en persuader, il inspira profondément, quelques côtes gémir sous l’effort. Le grand père toussa bruyamment, s’essuyant de son bras, il observa, comme songeur, la tache vermeille peinte sur sa manche. Ses oreilles sifflaient encore, comme si des insectes jouaient un concerto d’Alfred Jonnars -célèbre violoncelliste devant l’éternel que le vieillard ne pouvait sentir- dans sa tête. Peu à peu, le mendiant retrouvait ses esprits, il sentait ses jambes, ses bras, le poids du tissu, l’odeur de l’air, la chaleur de l’été…

Les enfants !

Surgissant comme un coup de poignard, cette pensée insuffla au grand père la rage qui lui manquait. Il se réveilla totalement. Péniblement, il tenta de se lever. Bizarrement, ses blessures ne semblaient pas être sérieuse, la vieillesse cependant le rendait moins résistant et il en eu presque honte. Et il se passa quelque chose.
Ce fût rapide, presque instantanée, mais il sentit une sorte de pression, non pas physique cette fois, mais immatériel, comme si on froissait son âme. Cette sensation, il avait appris à la connaitre au fil des années, une sensation que le temps lui-même lui avait appris à sentir, la magie...
Sa vue n’était pas encore définitivement devenue clair, aussi il ne vit pas d’où venait la distorsion du flux, même s’il avait des doutes. Peu à peu, cependant, les détails, moins timides, se révélaient, sortant de leurs cachettes de cotons colorés. Lorsqu’il réalisa, il était déjà trop tard. Le colosse n’était plus qu’un tas informe de glaise. « L’Illu », comme certains aimaient à le surnommer, s’approcha prudemment, avide. Il observa ce qui avait été un front. Les lettres, formule mystique qui lui tenait lieu d’âme, était effacées, déchirées, déformées, par le poids d’une lame. Elle avait dans la terre un sillon net et profond. Le vieillard frappa légèrement du pied les restes de la bête, histoire d’être sûr. Et chercha du regard ce qui avait était son bras.
Bientôt il perçut l’objet de sa convoitise. Détaché du reste du corps, le dit bras reposait, tranquillement, sur le pavé froid. Le vieillard détacha la terre qui avait été doigts pour extraire l’objet si cher à son cœur. Kléos était intact, comme protégé par ce cocon d’argile.

Loués soit les Cinq !

Il releva la tête. Le gamin qu’il avait vu fanfaronner il y a quelques secondes encore, avait disparu. Ce gamin avait, sans le savoir, fait exactement ce qu’il fallait. Chance ou adresse, il avait terrassé le kouros. Finalement il pourrait être utile…
Intrigué par son absence, le vieil elfe regarda vers l’entrée de la ruelle. Agenouillé, Fouineur parlait à une forme étendu sur le sol. L’Illusionniste entendait encore mal, le cerveau encore sous le choc. Il s’approcha. Ce qu’il avait pris pour un tache de tissus sales se révéla être Nilah, sa petite protégée. Dans sa confusion, le vieillard l’avait oublié. Le gamin criait son nom, désespéré, la croyant peu être morte.


- Ne t’inquiètes pas petit, regarde son torse… elle respire encore. Elle doit être dans les vapes, avec la peur qu’elle a eu. Peux-tu la porter ? Il faut l’amener se reposer, et j’ai… il toussa. Moi-même quelques soucis à régler. Nous allons chez une connaissance, elle saura quoi faire.

L’Illusionniste cracha par terre un peu de sang. Le gamin sembla protester mais le vieillard marchait déjà, Kléos dans sa main, en direction du quartier des Passiflores.
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MessageSujet: Re: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeLun 26 Juil 2010 - 20:19

Les ombres se rassemblèrent autour de Noémie et lui murmurèrent leurs secrets. L’Illusionniste approchait…en délectable compagnie. Sans dire un mot, Noémie laissa sur la table l’anneau de jade qu’elle triturait machinalement depuis quelques minutes. Ses émanations délétères s’étaient déversées depuis longtemps dans ce bureau et donnaient à la pièce de parfaits refuges pour ses ombres. Tout dans ce bureau n’était que corruption. Le papier peint, autrefois paré de couleurs chatoyantes s’était lentement délité sous l’action de la magie corruptrice, se parant de motifs malsains et de couleurs sombres, qui plaisaient à Noémie…finalement.

Ce bureau était un véritable sanctuaire pour la jeune femme. Ici, elle pouvait libérer sans attendre son influence et laisser la magie s’attaquer à tout ce qui pouvait subir la déchéance et la décrépitude. Les portraits affichés sur les murs avaient quelque chose de dérangeant, de malsain. L’observateur attentif pouvait remarquer des manifestations diaboliques sur les toiles : dents de démons, regard rougeoyant, visage grossiers, … Tout se métamorphosait dans l’espace créé par Noémie, en bien ou en mal. Le lustre qui trônait dans la pièce était autrefois en cristal. Désormais, le cristal aux couleurs nacrées n’était plus qu’un assemblage de pierres précieuses noires, luisant d’un éclat malsain. Le bois noueux des balustrades des escaliers s’étaient mus telles vignes, se tordant et se contorsionnant pour enserrer de toute son épaisseur les barreaux.

Noémie caressa de la paume l’une des ombres aux yeux argentés qui s’était approché d’elle. Les ombres, ses confidentes, la suivaient partout. Elle ne pouvait les empêcher de la suivre. Elles étaient partout, s’abreuvant de sa noirceur et plus particulièrement de sa Perfidie. Dociles, gracieuses et dangereuses, les ombres se déplaçaient lentement dans les moindres recoins du bureau, se délectant de la corruption des lieux. Au centre de la pièce, sous le lustre sombre, se dressait une fontaine de marbre blanc, dans laquelle suintait un liquide pourpré et bleuté. Les ombres semblaient s’accrocher à ces miasmes aqueux comme si elles tentaient de les boire. Noémie prit une coupe posée sur la fontaine et la plongea dans la marre. De la Perfidie liquide, l’essence du Drâme, la manifestation de la comédie, de la métamorphose, de la corruption et du changement. La concentration était telle dans cette salle que Noémie était parvenue à la condenser dans cette vasque. Un précieux liquide…

La présence de l’Illusionniste se fit plus forte. Les ombres se massaient autour de lui et de son délicieux compagnon. Quelqu’un d’autre les accompagnait, mais Noémie ne s’en souciait guère. Le mendiant ne faisait rien pour se cacher des ténèbres, bien qu’il en eut largement les pouvoirs. En effet, cet être était bien plus puissant que Noémie. A côté, elle faisait office de poupée de cire. Comment arrivaient-ils à s’entendre dans de pareils déséquilibres de force ?

Elle laissa la coupe à moitié pleine sur le marbre. Ses invités imprévus arrivaient. La bibliothèque murant le passage vers la sortie du quartier des Passiflores s’ouvrit sans un bruit, laissant entrer un vieillard miteux et son curieux paquetage. Noémie renifla les émanations magiques avec envie. Elle adorait l’odeur magique de l’Illusionniste, une empreinte vénérable, antique. Mais ce qui lui plaisait le plus, c’était la fraîche empreinte qui se trouvait juste dans ses bras.

La sorcière sourit.

« Et bien, n’est-il pas d’usage d’annoncer sa visite ? Le roi des mendiants oublierait-il toutes les règles de bienséances ? »
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MessageSujet: Re: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeMar 7 Sep 2010 - 14:54

Le monde ne semblait pas vraiment avoir changé. Malgré des vestiges de buée qui collaient à sa vue, L’Illusionniste ne remarquait là que les paysages familiers des rues de pierres délavées, le spectacle monotone de cette vie grouillante et poisseuse, caractéristique de la capitale humaine. Rien… Ce simple décor, peint au couteau d’ocre et de brun. Cela en était presque insultant…

Il baissa son regard usé vers sa propre barbe. Les poils s’emmêlaient comme autant d’esprits fougueux et indomptables, maculés, ça et là, de taches cramoisies. Pourtant malgré l’étrangeté du cortège qu’ils formaient, lui, vieillard sale et ensanglanté, et le gamin, portant sur ses frêles épaules la petite Nilah, personne, non personne ne semblait les remarquer. Eternelle invisible, la pauvreté les couvrait de son manteau d’indifférence…
Fouineur semblait peiner quelque peu sous le poids de son amie, mais aucune plainte ne sortait de ses lèvres, il voulait devenir un homme devinait-on, ici et maintenant. Le vieillard sourit à cette idée et, comme pour lui signifier sa confiance, il le laissa à son fardeau... Ou peut être n’était-il seulement guidé que par l’appel douloureux de son dos vouté.

Bientôt, ils approchèrent du quartier des passiflores… Dès qu’ils franchirent la barrière invisible délimitant les quartiers diantrais, ce même froissement… Ce sentiment qu’on vous foule du pied votre esprit, votre être, votre âme. L’Arlequin ne s’y trompait pas, cette impression indiquait la trace de la magie, qu’il parvenait à sentir dans les moindres distorsions, comme si l’équilibre du mouvement se trouvait altéré. Mais là, tout était différent, étrangement habituelle, l’essence même de l’accident, de l’éphémère, de la théâtralité. L’essence du Drâme…

Ami lecteur, bienvenue.

Car à toi qui a su nommé la destiné, toi qui croit seulement ce que le monde offre à ta vue, aveuglé par la lueur des dieux et l’obscurité de l’ennuie, nous te révélons la couleur du Drâme, l’âme vacillante de ce monde. Et ce souffle, nul autre ne pourra te l’offrir.

Les ombres léchaient la pierre, observant de leurs yeux abyssaux, la douce empreinte du vieil homme. L’Illusionniste ne tenta pas de s’extraire à cette pénible épreuve. Il voulait être vu. Sifflant comme pour signifier leur compréhension, les ombres s’approchaient de lui à travers l’obscurité des ruelles adjacentes, une escorte composée d’un flot de ténèbres. Bien sûr, seul un œil profane ne saurait discerner ces fluctuations impures, aussi comme seule une poignée peuvent prétendre à la compréhension de la magie, personne, que ce soit Fouineur ou les passants, ne semblait remarquer le ballet des ombres. Dame Amaranth devait à présent l’attendre.
Quittant la voie principale, il s’engouffra dans une ruelle biscornue, étroite et pas vraiment engageante. Ici, comme étouffé par la poussière, le bruit de la ville était atténué, sourde plainte lointaine. Il avançait toujours, son pas réguliers martelant le sol sec. Fouineur, sur ses talons, ne semblait pas rassuré, il ouvrait une bouche indécise, ou les sons, intimidés, s’accrochaient désespérément. Enfin, sans que le décor n’eut changé de quelque manière que ce soit, le mendiant s’arrêta. S’adressant au gamin avec cette voix chaleureuse qui le caractérisé tant :


« Ecoute petit… Mon amie est disons… une personne importante. Aussi, il serait très mal vu si on apprenait qu’elle est mon amie, tu comprends ? Alors tu ne diras rien de cette histoire. »

Malgré tout, Il paraissait émaner de sa personne un ton autoritaire. Derrière cette phrase transparaissait une terrible menace, l’ordre ne devait pas être ignoré.

Le garçonnet esquiva un signe d’acquiescement mais l’Illusionniste se retournait déjà vers un pan de mur nu. Rien de laissait croire qu’il puisse y avoir un quelconque ouverture, pourtant, lorsque le vieil homme posa sa main contre la pierre, un étrange étincelle colorée s’échappa et, sans un bruit, le mur pivota sur lui, révélant un passage. Sans autre forme de procès, le mystérieux elfe s’engouffra dans cette entaille faite à la ville. Après un instant de flottement, Fouineur déglutit péniblement et pénétra à la suite du mendiant, dans l’obscurité des torches d’un couloir.
Après une volée de marches inégales, taillées dans la masse d’un immense bloc de roche, ils aboutirent enfin vers leur destination. Durant la montée, le gamin n’avait plus pût transporter la demi-drow et l’Illusionniste, malgré sa mauvaise volonté dissimulée, avait récupéré Nilah sur ses épaules. La petite était toujours évanouie, seul un souffle ténu indiquait encore qu’elle était vivante. Et la pression régulière de son petit cœur qui martelait contre le dos de son porteur…


« Hélas ma dame, il semblerait que le Drâme en est voulu autrement… »

Noémie Amaranth, de son maintien habituelle, avait dégainé la première. Comme à l’ordinaire, la relation entre elle et lui était pour le moins étrange, tantôt froide, tantôt teintée d’ironie ou bien au contraire d’une incroyable sincérité. La dame des possibles émanait comme à l’ordinaire de cette aura déliquescente, une aura toute magique, symbole même du mouvement perpétuel du Drâme, entre gloire et décadence. Le vieil homme posa son regard sur le décor. Telle une mauvaise toile, il avait perdu tout son éclat, transpirant la perfidie. Il avisa une banquette dont le tissu semblait avoir moisi, et y déposa la petite avec douceur. Se relevant péniblement sous la supplique de son dos débile, il lança un vif regard au gamin des rues qui patientait, nerveux, à l’encadrement du passage.

« Reste avec elle ! »

Puis se retournant vers la maitresse des lieux.

« Dame Amaranth j’ai à vous parler d’une chose de première importance… »

Il s’avança vers le bureau plus loin, à l’abri des oreilles curieuses et raconta, à mi-voix, les prouesses de l’après-midi. Expliquant le processus établit par l’alchimiste pour « enfanter » son œuvre incroyable, il ne pût s’empêcher de rire quant à l’avancée technique et l’opportunité induite par cette découverte. Il laissa quelques secondes au silence pour que la dame puisse analyser la situation, puis laissa échapper une phrase.

« Voila donc la raison de mon triste état… La petite s’est évanouie. J’imagine que vous avez déjà senti son « empreinte ». Fascinante n’est-ce pas ? Il serait bon que vous l’examinez quelque peu, histoire qu’un tel bijou ne soit pas ébréché par cette aventure cocasse… Oh ! Et si vous pouviez soigner mes petites blessures je vous en saurais gré… »

Sur la banquette, il eu un bruissement. S’approchant doucement de la petite, il remarqua que ses yeux s’éveillaient lentement. Fouineur semblait s’agiter de plaisir. Nilah regardait la pièce, désorientée et confuse. L’Illusionniste sourit devant la bouille ensommeillée qui le regardait avec émotion. Un clin d’œil complice…

« Hey bien petite… Il semblerait que Tyra ne m’aime pas. »
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MessageSujet: Re: Sur les traces de l'argile...   Sur les traces de l'argile... I_icon_minitimeMar 26 Oct 2010 - 17:21

Nilah avait mal. Partout. Ses bras, surtout, semblaient avoir été plongés dans la cire brûlante des bougies. Elle n’osait pas bouger, sinon des paupières qu’elle clignait faiblement. Tous étaient flous, les formes dansaient devant ses yeux sans logique aucune, et elle peinait à en suivre le cheminement. Elle sentait une main serrer la sienne, à lui en faire mal, mais elle n’avait pas encore l’énergie de se dégager. Elle avait pourtant l’impression qu’il lui suffisait de se concentrer, d’oublier la douleur pour qu’effectivement, elle s’en aille. Un tout petit effort qui lui paraissait, malheureusement, insurmontable, aussi devait-elle subir pour l’heure les contrecoups de ses folies magiques.

Seulement voilà, on ne trouva rien de mieux à faire que de lui hurler dans les oreilles. Ce ne fut, pour elle, qu’un incompréhensible capharnaüm, peut-être pire encore qu’un jour de marché à Diantra. Pourtant, malgré tout, elle reconnut entre mille la voix du vieux monsieur. Alors, elle se souvint, de Fouineur, du Golem, de l’intervention du vieux monsieur, de l’affrontement dans la ruelle… Et puis, plus rien. Elle se trouvait incapable de se souvenir l’issue de la confrontation, et encore moins son rôle – déterminant – dans l’affaire. Gémissant, elle s’arracha au miasme malsain qui l’étouffait et ouvrit complètement les yeux, se redressant aussi vite que lui permettait son corps meurtri. Trop vite, car elle fut prise de nausée, et s’il n’y avait aucun déjeuner à rendre, au moins livra-t-elle sa bile au regard séculaire du mendiant.

« Nilah ! » hurla presque Fouineur – sans aucun remord pour les pauvres oreilles du vieillard – en se précipitant vers elle, passant sur la couche et agrippant ses épaules.

La tête lui tournait, quand elle la releva. Hagarde, elle tenta de fixer son regard sur le vieux monsieur, ignorant complètement un Fouineur qui ne savait plus quoi faire. Contre vents et marées, la gamine sourit faiblement.

« Tu es en vie… C’est bien. »

On aurait pu lui donner quelques années de plus. Se laissant finalement attirer en arrière, elle subit sans rien dire l’étreinte de Fouineur. Avec un temps de retard, elle ferma les yeux et se laissa aller, trop faible de toute façon pour résister. C’était presque cocasse de voir le gamin ainsi, mais aussi étrangement touchant. Se rendant pourtant compte de ce qu’il venait de faire – et du manque de virilité de la chose – il se détacha pourtant gauchement de son amie, avant de remettre pied à terre et de s’épousseter les vêtements, laissant Nilah se vouter à nouveau sur sa paillasse, posant les mains pour soutenir le poids de son dos.

« Me refais jamais ça, lança le gamin des rues.
- Que s’est-il passé ? » demanda-t-elle faiblement, regardant tour à tour le mendiant et Fouineur.

Au moins ne laissait-elle pas planer le mystère longtemps : elle avait tout oublié de ses petits exploits. Le voleur la regarda, mal à l’aise, avant d’implorer du regard le vieux monsieur. Vu l’état dans lequel ses dons l’avaient mise, il doutait qu’il soit sage de lui en parler, mais s’ils ne disaient rien, que risquait-elle ? C’était dans ce genre de situation qu’il se rappelait avoir douze ans et pas vingt.
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