Rencontre nocture (libre)

La silhouette prit de nouveaux contours, et Nerëo put d'abord croire à un homme courbé, par le temps ou par le poids d'une charge, qu'importe. Il y a avait une silhouette, vive, bien plus petite, lui arrivant à la taille Le soleil empêchait les couleurs d'éclater au grand jour, et se fut après un temps qu'il put se rendre compte qu'il s'agissait d'un Nain. Un vieux nain en armure, marchant d'un pas vif, alerte, précédé par un magnifique félin couleur de neige, bête somptueuse des montagnes du nord.

En effet Aguildur s'approchait de sa destination. Voyageant à travers maints comtés, il avait été envoyé en mission diplomatique en terre humaine, dans le but de faire état des forces quant au brusque déplacement drow qui sévissait en ces jours sombres.

Il leva un bras en guise de salut, présentant un visage aussi engageant que les cicatrices qui le traversait.

- Bonsoir soldat. dit il de sa voix caverneuse, tandis que la bête venait renifler avec curiosité le jeune homme.

Le jeune soldat paraissait soucieux, il devait avoir, si ce n'est des problèmes, des questions existentielles se chevauchant les une sur les autres dans les méandres de son esprit. Pourtant il aimait bien sa façon professionnelle de porter son épée, et son visage engageant. Il lui rappelait ses jeunes gardes du corps restés à Kirgan. Et puis Neïsha, son once, avait l'air d'apprécier le jeune homme.

Le nain ne s'émut pas pour autant d'un accueil aussi chaleureux, mais prit cependant son temps pour répondre de façon claire et concise.

- Ma foi... J'aurais souhaité passer la nuit dans cette baronnie puis reprendre mon périple. En vérité je suis en mission diplomatique, je dois m'informer des effectifs militaires de chaque contrée, humaines, elfes ( ceci est très désagréable croyez moi), car comme vous le savez la menace drow se fait plus importante ces derniers temps.

Un moment de silence, puis il demanda alors que le félin venait se coucher près de lui.

- Vous êtes garde de nuit je suppose?

Le Nain ne le regardait pas comme s’il était supérieur à lui, ce qui plut à Nerëo. Dans ses yeux brillait un éclat constant, mais rien de malveillant… C’était certainement un être, quoiqu’il soit haut gradé, de franchise . Hésitant un peu sur ses mots, le guerrier marmonna quelques mots, quelque chose de compréhensible pour le Hautvallois. Le métèque était donc en mission diplomatique, et sa tâche ne devait pas être aisée…

-Vous êtes garde de nuit je suppose?

Il y avait eu un long moment de silence avant qu’il ne se décide de parler. Le jeune homme rit à la question du Nain.

- Non, rigola le garçon. Je surveille les rues de commerce, et ce, le jour seulement, sous la chaleur cuisante du soleil… J’allais laisser l’éclaireur de nuit faire son travail.

Il se tut un instant.

-Puis-je faire quelque chose, brave Nain, pour vous venir en aide ?

Encore un moment d’hésitation.

-J’habite seul ma demeure depuis quelques temps. Elle est spacieuse et… si vous cherchez un endroit pour dormir, je peux toujours vous inviter à la partager avec moi… Si ça ne vous importune pas, bien sûr… Les auberges se font rares, dans le coin, si vous ne vous y prenez pas d'avance...

Le soleil commençait à disparaître, embrasant de mille couleurs rougeâtre le domaine. L'once agitait doucement la queue, son regard pénétrant fixé sur celui du jeune homme
Aguildur considéra l'offre du soldat. Pour la première fois, ce qui semblait être une esquisse de sourire s'étira sur son visage.

Eh bien... En tant que vieux chasseur, quelque soit la couche dans laquelle je dors, elle sera forcément meilleure que celle dans laquelle j'ai dormis des années durant dans le nord du pays.... j'accepte votre hospitalité de bon cœur, soldat. Je vous suis.

Puis il revint à la question précédente.

Vous pouvez m'aider en effet.... Je cherche à savoir comme vous le savez les effectifs de chaque baronnie, l'état de l'entraînement des soldats, les plus et les moins de chaque armées... Peut être pourriez vous me donner quelques informations sur le sujet?

Le Nain esquissa un sourire en coin. Il ne pouvait certainement pas refuser l’offre de dormir dans la couche confortable qui lui présentait le Hautvalois. Le petit homme lui expliqua que, en tant que vieux chasseur, n’importe que lit lui conviendrait, habitué qu’il était de dormir dans des lits de fortune. Il revint à la première question que lui avait posé Nerëo :

- Vous pouvez m'aider en effet.... Je cherche à savoir comme vous le savez les effectifs de chaque baronnie, l'état de l'entraînement des soldats, les plus et les moins de chaque armées... Peut être pourriez vous me donner quelques informations sur le sujet?

Mmh… Les effectifs de sa baronnie... Le jeune homme en avait une vague idée, mais il n’était cependant dans la position d’aider le guerrier. Quant à l’entraînement des soldats…

- Nous nous entraînons relativement bien, nous, les hommes d’armes d’Hautval, avoua le Hautvalois. Malgré tout, nous manquons quelque peu de militaires, je crois. Nous ne sommes que quelques centaines de guerriers à surveiller les frontières de la baronnie… Je ne suis malencontreusement pas dans la mesure de vous renseigner davantage à ce sujet, brave Nain, je ne suis qu’un simple soldat…

Il se tut quelques instants. La lueur de l’astre de la nuit se reflétait sur le visage du Nain. Au loin dans la voûte céleste, on pouvait distinguer les illuminations orangées du crépuscule.

- Alors, fit Nerëo, songeur. Je vous le dis, vous ne regretterez pas d’avoir croisé mon chemin… Je vous accompagne jusqu’à ma vaste demeure ?

Le nain écouta attentivement les informations du jeune homme.

- Eh bien... dit il. Les effectifs en effet sont peu importants. Mais c'est mieux que rien. Et le rythme d'entraînement des soldats paraît correct.... eh bien, dès que j'aurais un bureau à ma disposition, j'écrirais mon rapport.

- Crâne de loup, s'exclama-t-il après la proposition du jeune garde, ce n'est pas de refus. Une vaste demeure vous dites? Je jugerais vos dire à la quantité d'alcool dans vos caves... plaisanta-t-il.

Puis Ils commencèrent à marcher côte à côte. Le paysage vallonné se fondait dans les ombres doucement, les contraste s'estompaient, l'obscurité prenait place. Les lueurs des maisons environnante scintillaient dans cette nuit qui s'annonçait parfaitement claire.
Le nain ajouta:

- Je suis Aguildur Silverfang, général d'armée nain, originaire de la cité d'Almia. Cela fait plaisir de rencontrer un humain aussi convivial.

Le Nain lui avoua que les informations que l’Hautvalois lui avait fournies étaient assez suffisantes et qu’il ferait son rapport sur la baronnie bientôt. Le métèque plaisanta ensuite après avoir entendu que Nerëo possédait une vaste demeure. La blague n’était toutefois pas complètement fausse ; le garçon possédait bel et bien une petite cave à vin dans sa résidence, et il se doutait que le barbu au marteau de guerre en prendrait quelques échoppes.

Le petit homme et le soldat commencèrent à marcher entre les vignes ; l’air était frais et le parfum doux des fruits embaumait l’air. Le vent caressait les visages des aventuriers. Les deux hommes ne rencontrèrent presque personne sur le chemin et Nerëo profita de son passage près de la frontière pour saluer l’éclaireur de nuit, lui indiquant qu’il avait accueilli l’étranger et que celui-ci venait des lointaines contrées. Mieux valait le traiter avec respect… Nerëo appris que le Nain s’appelait Aguildir et spécula en se présentant lui-même.

Nerëo arriva rapidement à sa luxueuse demeure en bordure des champs. Il prépara une pièce dans laquelle pourrait dormir son invité et alla fouiller dans sa cave à vin pour sortir au petit homme quelques-unes de ses meilleures bouteilles. Il invita le métèque à s’asseoir avec lui à la table et versa une quantité généreuse du liquide alcoolisé dans un verre disproportionné. Les Nains étaient dotés d’une soif incroyable, donc il fallait mieux de ne pas prendre de chances… Le soldat convia Aguildir à venir le rejoindre à table. Il savait d’avance que le guerrier ne refuserait jamais une telle unité d’alcool.

- Venez, brave Nain, fit Nerëo avec un sourire qu’il essaya de dissimuler. Discutons un peu des affaires du royaume avant de sombrer dans les bras de Morphée…

En effet le jeune homme avait une demeure somptueuse. Le nain fut étonné qu'un si jeune soldat à la tâche si simple ai une telle beauté.... Mais le temps n'était pas à l'étonnement. Déjà l'alcool apparaissait. Et c'est là que le nain fut vraiment heureux 'avoir rencontré l'humain. Il avait le choix judicieux en matière de proportion.

- Crâne de loup, jeune Nerëo, c'est une belle demeure que voici... je vois que votre travail n'est pas si modeste qu'il paraît au premiers abords...

Puis il revint à la coupe d'alcool, il trinqua en prononçant un laconique vœux nain, et vida la coupe en une fois. L'once quant à elle s'était couchée à ses pied et attendait patiemment le moment du repas, dans l'espoir de quelque viande fraîche.

- Les affaires du royaume n'est ce pas? Des temps bien sombres mon jeune amis... et qui s'obscurcissent. J'ai passé les dernières années de ma vie à chasser la vermine des alentours de Kirgan, et, bien que je sois sorti victorieux de ma confrontation... Ils reviennent une fois de plus nous pourrir la vie... plus encore que cette les loups que j'ai chassé dans mes jeunes années.... ça s'était vraiment des sales bêtes... au moins eux ils n'évitaient pas les coups pour vous planter une lame dans la cuisse... bah. Et vous? Les pillards s'aventurent ils à Hautval?

-HJ- Tu souhaite à ce point conclure ce topic ? Si tôt? Car là je ne peux pas répondre grand chose.... -HJ-

-HJ- Je ne sais pas, c'est toi qui choisis. L'alchool pourrait faire son effet? L'histoire pourrait se poursuivre le lendemain? Nous pourrions nous allier? J'étais surtout à la recherche d'une demoiselle... C'est toi qui voies... -HJ-

La forêt verdoyante agissait sur Daphnée comme un élixir de renouveau.
Certes, elle n’était pas bien vieille, mais cette nature chatoyante et douce remplaçait à ses yeux toutes les fontaines de jouvence. A travers les grands pins, le soleil formait des trainées d’or sur les fougères du petit chemin, et la poussière scintillante donnait au lieu une atmosphère de contes de fées. Sans doute était-ce ce côté elfique que la jeune fille reniait de toute sa frêle puissance qui l’emportait dans ces transports à la vue d’un arbre vigoureux ou un simple bourgeon. Elle y marchait depuis presque deux heures, mais la fatigue ne venait pas.
Pourtant elle l’avait surprise au détour d’un chemin, alors qu’elle faisait depuis le matin trotter sa jument sous un soleil éreintant. Les vignes avaient beaux être pleines de santé et de fruits, les habitants affables et généreux, le cheval et sa cavalière semblaient dépérir. Enfin la vue de cette forêt leur avait rendu l’espoir, et la danseuse laissait maintenant sa monture gambader et brouter derrière elle.

Elle avait quitté Diantra tôt afin d’arriver à destination avant la nuit, et avait été en bonne voie jusqu’à ce qu’en remerciement de leur hospitalité – et plutôt que de l’argent – deux aubergistes et leur clientèle demandent une danse. Moult musiciens avaient semblés naître soudainement dans l’assemblée, et quelqu’un lui indiquait déjà une pièce dans laquelle elle avait pu troquer sa tenue de voyage pour un vêtement de spectacle. Elle était donc apparue rayonnante sous l’astre vibrant de l’après-midi, dans son long et léger jupon crème surmonté d’un corset à lacets, les bras et les cheveux perdus dans une fontaine de voiles et de perles diaprées.
En guise d’accompagnement, un orchestre éclectique s’était formé, composé de deux violes un peu désaccordées, une flûte et un tambour. Quoique sur un rythme bringuebalant, Daphnée s’était élancée en voltigeant, laissant ses voiles et ses perles et ses cheveux onduler comme une aura scintillante. Ses membres fendaient l’air et s’élevaient à d’improbables hauteurs, dévoilant des éclats de chair à faire frémir le plus chaste des prêtres.
Le plaisir étant toujours éphémère, la danseuse s’était néanmoins figée après peu de temps, lasse et gênée de la trop grande chaleur.
Son public l’avait remerciée dans des rires heureux et reconnaissant, et elle était repartie, retirant simplement ses voiles et ses perles, mais conservant sa robe – plus légère que sa tenue première. La route qu’elle empruntait était peu fréquentée, et les gens lui avaient assuré qu’elle n’aurait pas de problèmes. Tous avaient ouverts de grands yeux lorsqu’elle avait avoué ne pas porter d’armes sur elle, même pas un poignard. La femme de l’aubergiste lui avait alors fourré dans les pattes un vieux couteau de cuisine, inutile au combat, mais plus rassurant pour sa personnalité maternelle.
« Une jolie humaine comme vous, ça ne se balade pas sans rien ! » avait-elle déclaré d’un ton bourru mais bienveillant. « Surtout quand on a des yeux comme les biches ! Faites attention à ces monstres à peau noire ! On dit qu’ils les mangent, les grandes filles comme vous ! »
Un frisson d’horreur avait couru dans l’assemblée, mais Daphnée avait sourit sans rien dire et s’en était allé.

Le bois se terminait, et la jeune fille déboucha sur une plaine en contrebas, envahie de vignes et de fleurs. L’air s’était considérablement rafraîchi, et le parfum coloré de l’été s’en était emparé. Derrière-elle, la jument hennit et s’ébroua, heureuse de retrouver ses grand espaces dégagés. Daphnée grimpa sur son dos d’un geste souple et, de quelques pressions sur les flancs, la fit partir dans un joyeux galop. La nuit arrivait. Sa jument voulait visiblement profiter du grand air, et la jeune fille dit l’erreur de l’écouter. Lorsqu’elle frappa aux portes des auberges ensuite, elles affichaient complet, et ne proposaient plus que de dormir dans l’étable – pour celles qui n’étaient pas rebuté par sa tenue légère.
En désespoir de cause, et n’ayant aucun de envie de dormir à la belle étoile, elle se décida à frapper directement chez l’habitant. Plusieurs regards lubriques la firent battre en retraite, et certaines portes ne s’ouvrirent carrément pas, alors qu’un rideau bruissait.
Elle se lança dans une dernière tentative, à une maison d’apparence plus luxueuse un peu en retrait de la ville. D'un geste inconscient, elle rajusta ses cheveux afin de masquer ses oreilles.
Tenant sa jument par la bride, elle frappa deux coups légers.

[ Oui oui c'est bien à ta porte que je frappe x) Pitite info au cas où tu n'aurais pas lu sa fiche (ce que je comprends bien), elle a beau être demi-elfe, elle s'imagine qu'elle n'est qu'humaine et refuse de voir ses oreilles pointues. ]

[ D'accord, c'est pris en note ^^. ]

Le jour se levait tranquillement et les rayons ardents de l’astre lumineux pénétraient dans le bâtiment qui servait de refuge à Nerëo. Aguildir était parti un peu avant l’aube, laissant l’Hautvalois dans sa tranquillité matinale. Le soldat en était quelque peu soulagé ; son invité n’avait cessé de se lever durant la nuit pour boire un verre d’alcool, pour ensuite aller se recoucher. Ce n’est qu’après plusieurs allers-retours dans la salle à manger de la demeure que le Nain s’était endormi, le tintement de son armure ne se faisant plus entendre. L’eau-de-vie avait certainement eu raison de lui… Le jeune homme avait donc pu sombrer dans les bras de Morphée à son tour, dans le silence total – excepté le ronflement de son hôte dans la pièce avoisinante à la sienne.

Nerëo dormait toujours très légèrement vêtu, donc quelle fut sa surprise quand on cogna au battant de sa porte, alors qu’il somnolait toujours dans son lit ! Le garçon s’habilla en vitesse et enfila un chemisier qui traînait par terre, puis des pantalons communs et ses bottes de cuir habituelles. Se passant la main dans les cheveux, il se rendit compte que ceux-ci étaient tous hérissés. D’un geste rapide, il les aplatit du mieux qu’il le put et ouvrit l’embrasure de la porte,

Une jolie jeune femme à la peau lisse et aux traits fins se présentait devant lui. Ses yeux un peu démesurés pour une humaine ressemblaient à ceux d’un chat et lui conféraient un air mystérieux. En cascade descendaient surs ses épaules ses longs cheveux couleur de miel, cachant en partie ses oreilles. Elle était assez légèrement vêtue et arborait une petite tenue de danse. Nerëo crut d’abord avoir trouvé son âme sœur, mais se ravisa en voyant le regard curieux que lui lançait la fille. Il ne fallait pas qu’il se croie amoureux de chaque demoiselle qu’il rencontrait !

L’Hautvalois regarda longuement la jeune femme qui se trouvait devant lui, puis sortit de sa rêverie et l’invita à entrer dans sa demeure. Il lui posa la question qui lui tenaillait la langue : que voulait-elle de lui ? Cherchait-elle simplement un refuge pour passer la nuit, à la manière d’Aguildir, ou bien autre chose ?

Il jeta un coup d’œil autour de lui : presque tout était en pagaille – le Nain avait trébuché dans plusieurs objets en titubant jusqu’à son gîte - et il ne croyait pas que la donzelle soit aisée de se trouver dans cet endroit désordonné.

Alors, que voulait-elle ?

Hum... je vois que je n'ai même pas eu à écrire le fait que je quitte la partie,tu m'as déjà viré apparemment.

Bon, whatever, bonne continuation.

Désolé d'avoir changé tes plans, Aguilidir...

Sinon j'attends toujours la réponse de Daphnée... ^^

Daphnée avait toqué à la porte comme à sa dernière chance. Si celle-ci ne s’ouvrait pas, ou si on la rejetait, elle dormirait à la belle étoile. Ou bien ne dormirai pas du tout, se dit-elle en voyant derrière les collines au loin le ciel se parer d’un manteau rose pâle. La danseuse réprima un bâillement. Derrière-elle, elle sentit que sa monture somnolait déjà.
Elle jeta un regard anxieux aux rideaux fermés, dont aucune lumière ne filtrait. Personne ne semblait vouloir se lever pour accueillir un visiteur. La jeune fille soupira et s’apprêtait déjà remonter en selle lorsqu’un bruit de ferraille et des craquements de plancher lui parvinrent de l’autre côté de la porte. Un sourire qu’elle s’autorisait à peine à étirer sur ses deux lèvres pâles se dessina tout de même et éclaira son visage d’une certaine espérance. Arrangeant sa tenue poussiéreuse, elle se présenta, droite, devant la porte qui s’ouvrait déjà.

A sa grande surprise, ce ne fut pas le vieux propriétaire fortuné qu’elle s’était imaginé qui se présenta face à elle, mais un jeune homme hagard. Visiblement, elle le tirait du sommeil.
Ils se dévisagèrent mutuellement.
Daphnée, pour sa part, ne le trouva pas laid. Ses cheveux noirs en bataille sembler clamer à grands cris qu’il sortait de son lit, et sa tenue – quoiqu’habituelle – avait été enfilée à la hâte. La chemise – sous laquelle on devinait des muscles conséquents – n’était pas entièrement rentrée dans un pantalon qui plissait de manière peu élégante sous des bottes de cuir. Elle s’apprêtait déjà à lui demander l’hospitalité pour une nuit lorsqu’elle surprit sur elle un regard brusquement énamouré qui la fit se taire immédiatement. Elle haussa un sourcil et il parut se reprendre immédiatement après.
Il l’invita ensuite à entrer, ce pour quoi elle ne se fit pas prier. Prenant soin d’attacher d’abord sa jument à l’anneau prévu à cet effet devant chaque maison, elle fit quelques pas plus avant dans la demeure et failli trébucher sur un gobelet de fer qui gisait sur le sol.
Ses grands yeux verts ourlés de rose se promenèrent partout dans la pièce, avisant avec un étonnement non dénué de curiosité la surprenante pagaille qui régnait dans une maison d’apparence plutôt distinguée.
Une quantité impressionnante d’objets hétéroclites s’étalait par terre – beaucoup plus, d’ailleurs, que sur les meubles. Une forte odeur d’alcool lui fit plisser le nez. Plusieurs cadavres de bouteille se trouvaient effectivement là, certaines renversées, d’autres cassées, et quelques chanceuses encore debout.

Derrière-elle, la danseuse entendit qu’on lui posait une question. Elle se tourna vers son nouvel hôte, une ingénuité toute féminine sur le visage.

« Je me demandais si vous vouliez bien m’héberger pour ce qui reste de la nuit » répondit-elle en joignant ses mains en signe de prière suppliante. « Je promets de ne pas vous ennuyer. Je repartirai dès que vous me le demanderez. Je peux même vous faire la cuisine. »

D’accord, ses compétences en la matière étaient limitées – après tout, elle avait une cuisinière. Mais elle pouvait encore préparer un petit déjeuner mangeable. Prête à tout pour emporter gain de cause, elle posa sur lui deux grandes prunelles implorantes. Il n’avait pas l’air méchant, ni mécontent de la voir entrer – la preuve, il l’avait faite entrer. Avec un peu de chance, il accepterait, au moins pour quelques heures.

[ Oops, désolée Aguildur. Je pensais que c'était terminé déjà o.o Sinon je t'aurai laissé poster ton départ... ]

La jeune femme fixait les meubles de la demeure couverts d’objets en pagaille et les bouteilles empilées un peu partout autour de la table. Elle sembla d’abord surprise de sentir l’odeur inhabituelle de l’eau-de-vie dans cette résidence somptueuse. Nerëo se promit de lui expliquer l’origine de cet effluve malodorante pour ne pas qu’il le prenne pour un alcoolique. Le regard de l’inconnue se porta ensuite sur son propre corps, ses muscles dissimulés sous sa chemise de nuit, ses vêtements troubles. L’Hautvalois sourit intérieurement ; la demoiselle ne semblait pas être indifférent à son physique athlétique, quoique qu’elle n’avait pas l’air non plus de le trouver de son goût. Encore, le jeune homme n’était pas dans sa plus grande forme, et non dans ses plus beaux habits. Mais il s’en moquait un peu : le fait qu’une jeune femme, aussi sibylle soit-elle, se plaise qu’elle peu à lui lui redonnait un peu de courage pour trouver un jour son âme sœur.

Il s’apprêtait à questionner la fille aux yeux de chats qui le dévisageait sur la raison de sa visite, mais semblait-il que celle-ci connaissait déjà son interrogation, répondant qu’elle voulait qu’on l’héberge chez lui pour une nuit. Nerëo soupira. Déjà que la nuit passé, Aguildir le Nain lui avait fait une visite pour la moins… bruyante et odorante ! Sa semaine n’allait certainement pas être de tout repos… L’Hautvalois avait toutefois un grand cœur et serait près à tout pour aider les gens dans le besoin : c’était la raison même de son métier de soldat. Et il trouvait la demoiselle plutôt charmante… La jeune femme faisait les yeux piteux, et le garçon d’Hautval sut qu’il ne pourrait pas refuser sa demande d’hébergement. Il eu un élan de compassion envers cette inconnue que le destin avait placé devant sa porte, elle qui cherchait simplement un endroit confortable où dormir. Nerëo savait que sa résidence était vaste et que c’était de son devoir d'accueillir les gens demandant refuge. Un petit coup de balai, un peu de parfum et sa maison retrouvait sa splendeur et son éclat original.

Le jeune homme esquissa un sourire gêné en apercevant la mine qu’abordait la demoiselle. Il se ressaisit aussitôt ; il ne fallait pas qu’il ait l’air naïf devant sa future hôtesse…

Il accepta la demande de la demoiselle, non sans un certain emballement qu’il essaya tant bien que mal de dissimuler :

-Mais bien sûr, vous pouvez rester chez moi pour cette nuit, ou peut-être encore pour une autre si vous voulez.

Nerëo prenait un air un peu trop distingué envers la jeune inconnue et ne s’en rendit compte qu’en apercevant la mine étrange, bien que toutefois heureuse de la femme. Il essaya de camoufler sa maladresse en formulant une blague sur la raison de l’effluve d’alcool dans l’air, mais il ne fit que s’impétrer encore plus... Sur les lèvres de la donzelle se dessina un sourire malaisé, et l’Hautvalois maugréa de sa gaucherie. Tant bien que mal, il réussit à exprimer une phrase claire et compréhensible pour que son invité comprenne qu’il acceptait sa requête et que l’odeur de l’eau-de-vie était due à la visite d’un Nain venu la veille.

-Voilà, seulement, fit le soldat après avoir expliqué les circonstances de la venue d’Aguildir, il faudrait faire un peu de ménage avant que vous vous installiez.

Il passa sa main dans ses cheveux hirsutes.

-Voulez-vous m'assister pour cette tâche ? Vous pourriez vous établir plus tôt chez moi…

[Daphnée, pour mon autre RP à Erac, inutile d'inventer quelque chose pour que je parte, j'ai juste à dire que je pars pour une campagne militaire ou quelque chose comme ça... ^^ Et Aguildir, c'est de ma faute, je pensais que tu avais terminé, donc désolé... ]

Le jeune homme acceptait de l’héberger !
La phrase de sentence sonnait pour Daphnée d’un glas joyeux. Enfin elle allait pouvoir se reposer. Elle en fut tellement heureuse qu’elle manqua de se jeter avec reconnaissance dans les bras de ce nouvel hôte. Elle se retint de peu, les yeux encore brillants. Peut-être l’aurait-il bien accueilli, cela dit, compte tenu de l’emballement dont il faisait preuve à l’idée de l’accueillir chez lui.
La danseuse se demanda un instant si elle pouvait avoir quelque chose à redouter de lui, notamment durant son sommeil, mais elle était si fatiguée et si heureuse d’avoir trouvé un endroit où se reposer qu’elle chassa cette folle idée de son esprit.
Devant-elle, le jeune homme la fixait d’un air un peu guindé, ce qui lui fit une nouvelle hausser un sourcil. Certes elle n’était que danseuse, mais aussi issue de la bourgeoisie, et fière de la petite fortune qu’elle avait amassée, en plus de son héritage. S’il lui prenait l’envie de la regarder de haut, elle se promit en fronçant les sourcils de lui mettre rapidement le bec dans l’eau.
Il tenta une blague douteuse, sans doute pour égayer l’atmosphère, quant à la forte odeur d’alcool qui régnait ici, et fut si maladroit dans sa tentative que Daphnée ne put que se demander sérieusement s’il était alcoolique. Elle l’inspecta à nouveau, discrètement.
Il n’avait pourtant pas l’air de quelqu’un ayant bu plus que de raison – en tout cas, pas de quelqu’un ayant bu toute la contenance des innombrables bouteilles gisantes. Son regard était fixe et vif, son élocution claire et sa démarche assurée. Elle lui répondit d’un petit sourire gêné, ne sachant pas à quelle conclusion ses observations devaient aboutir.

Il se remit à parler, lui expliquant avec honnêteté – du moins le semblait-il – qu’il avait déjà accueilli un nain chez lui, et que le petit être était la raison du désordre et des effluves peu ragoutantes. La jeune fille s’amusa de l’air gêné et maladroit de son hôte. Il était très mignon comme ça, vraiment.
Une requête suivit cette explication. Le ménage. Intérieurement, elle soupira. Elle n’avait vraiment qu’une envie : se reposer. Mais il était clair qu’elle ne pourrait pas tant qu’un tel capharnaüm s’étalerait ici. Elle esquissa donc un sourire qu’elle espéra convaincu.

« Bien sûr, je serai ravie de vous aider, répondit-elle courtoisement. Et puisque vous accepter de m’héberger, je me dois de me présenter. Mon nom est Daphnée Astrann. Je vis à Diantra, et y exerce la profession de danseuse. »

Elle ne dit pas la raison de sa visite, ni ne mentionna son appartenance au Clair-Obscur. Elle avait pu plusieurs fois constater que cela pouvait rebuter. Pour conquérir entièrement son hôte, la danseuse lui décocha son plus beau sourire, avant de s’emparer de trois bouteilles éparpillées à ses pieds.

« Commençons maintenant ! lança-t-elle avec le plus d’entrain possible. Où dois-je mettre ceci ? ».