Rencontre au sommet | Trystan

Elya était magnifique. Malgré ses étranges traces sur le visage, malgré son air absent. Elle resplendissait, telle la princesse d’Alëandir qu’elle était. Son père l’avait prévenue, avant qu’elle ne parte pour la Péninsule : quand elle arriverait à Diantra, elle devrait s’abandonner aux bons soins des servantes qui l’accompagneraient. Elle avait accepté, parce qu’elle savait qu’un refus n’était pas envisageable. Elle le regrettait, désormais. Elle avait l’impression d’étouffer, dans sa robe. On lui avait dénoué ses cheveux – et elle avait du reconnaître qu’une fois la torture terminée, il était agréable d’avoir autre chose qu’un sac de nœuds sur la tête – pour ensuite les tresser, chose qu’eut du mal à comprendre la fille de Dyarque. La robe était des plus simples, comme il était de coutume dans le royaume elfique, mais sa facture exceptionnelle la rendait presque plus précieuse que les trésors de complexités des courtisanes.

Ainsi vêtue, elle pouvait paraître sans honte devant la noblesse humaine. Et le moins que l’on pouvait dire était qu’elle était au rendez-vous. Ils étaient nombreux à regarder la procession elfique marcher à la rencontre de Trystan l’Aveugle. Il fallait avouer que ce n’était pas scène commune, en la capitale humaine, qui n’était pas habitué à voir des seigneurs d’autres races les rejoindre. On regardait Elya avec attention, sans savoir qui elle était vraiment. Elle avait l’impression d’être costumée, et Dragan devait se douter que sa métamorphose ne serait que de courte durée. Depuis le temps qu’ils voyageaient ensemble, il avait dû commencer à saisir la nature de sa protégée.

« Le Seigneur Protecteur d’Alëandir, mon père, vous présente ses hommages, Roi des Hommes », commença-t-elle.

Il avait été convenu que, pour « sauver les apparences », Elya serait la première à parler et présenterait son escorte. Ce qu’elle fit, en commençant par Dragan, bien entendu. Les quelques cinq elfes qui accompagnaient les deux « jeunes » furent donc introduits, et Trystan put ainsi découvrir qu’ils étaient, pour la plupart, des mages confirmés. Il y avait aussi un historien, un elfe presque deux fois millénaires – un « exploit », ils étaient rares à atteindre un âge aussi vénérable – qui se proposa spontanément de répondre à toutes les questions que pourraient lui poser le jeune mage.

« Nous espérons que notre présence vous prouvera que mon père ne compte pas tourner le dos au Royaume des Hommes, continua-t-elle finalement de sa voix légèrement chantante, teintée un accent audible. Mon peuple n’a jamais voulu la guerre, et loue la cessation des hostilités avec les Fils de Néera la Jeune. »

L’œil attentif pouvait remarquer que la Princesse d’Alëandir, même si elle faisait un sans faute en apparence, paraissait « éloignée » de son discours. Elle récitait un texte, admirablement bien mais un texte tout de même, et certaines de ses intonations trahissaient ce fait. Elle finit par s’incliner, comme aurait pu le faire n’importe quelle noble humaine.

« Nous vous remercions de nous accueillir. »

[Mwarf, comme me voilà amenée à RP avec moi-même, je vais inclure Dragan dans mes posts, ce sera plus simple xD]

Le voyage jusqu'à Diantra s'était déroulé sans encombres. Hormis l'épisode de la jeune inconnue retrouvée blessée et errante et la rencontre avec le jeune Baron de Missède, il ne s'était rien passé de notable et le convoi avait tôt fait de rallier la capitale. Pendant le voyage, Dragan avait apprit à connaître Elya. Bien sûr, les réactions de la jeune femme lui échappaient encore, mais les deux jeunes gens s'étaient quelque peu apprivoisé et avaient conversé maintes fois. Il s'était habitué à son étrangeté, à ses allures de sauvageonne...

Quel ne fut pas sa stupeur de la voir paraître, vêtue et coiffée comme la princesse qu'elle était désormais. Ses longs cheveux soyeux cascadaient dans son dos, tandis qu'une robe de facture excellente, bien qu'à la coupe simple, mettait en valeur son corps fin et gracile. Il était ébloui par la beauté d'Elya, qu'il n'avait pas remarqué jusqu'alors. Mais la jeune elfe ne semblait pas ravie de cet accoutrement.

Respectueux, le Seigneur Protecteur d'Ardamir se tenait quelques pas derrière Elya qui allait à la rencontre du roi des Hommes. Le protocole humain était plus complexe que les manières elfiques et la hiérarchie plus... stricte. Ils étaient très à cheval sur les rangs, les seigneurs dédaignant les gueux. Alors que la procession elfique se dirigeait jusqu'à la salle du trône, le seigneur elfe pouvait sentir avec acuité les regards posés sur eux... Et particulièrement sur Elya. Il n'avait même pas eu le temps de lui dire qu'elle était époustouflante. Lui-même avait revêtu ses plus beaux atours, dans les tons bleu glace et argent, un fin bandeau d'argent sur le front et ses longs cheveux argentés laissés libres, hormis quelques nattes savamment tressées.

Déjà, ils se trouvaient devant le trône du roi des Hommes.

Il siégeait là, vêtu sobrement d'un pourpoint bleu roi, de longs cheveux noirs encadrant son visage aux traits sévères.

Elya prit la parole alors. Elle présenta les hommages de son père, Dyarque de Lanthaloran, ancien Seigneur Protecteur de Daranovar et nouvellement d'Alëandir à Trystan. Elle présenta ensuite son escorte, prestigieuse au demeurant. Dont un elfe très âgé qui saurait sans doute satisfaire la curiosité du jeune monarque. C'était là un présent plus précieux que n'importe quel bijoux ou pièce d'étoffe.

La princesse parlait comme il se devait mais sans la trace de sincérité qui aurait du caractériser son discours si elle y croyait vraiment. Trystan étant aveugle, il se fiait énormément à ce qu'il entendait et percevait. La princesse faisait son devoir... Sans y mettre de passion. Il avait connu Orëlinde, Anàrion et Illydril. Il les avait côtoyé, de loin. Ils avaient été tués alors même qu'il n'était pas encore sur le trône. Il avait aussi rencontrer Dragan qui accompagnait la princesse. Il s'était tenu à la réunion mettant en place l'alliance des trois peuples. Les elfes avaient eu beaucoup de difficultés à trouver un nouveau Guide. Mais c'était chose faite, même si Dyarque de Lanthaloran n'était pas aussi ouvert aux humains que Rima-Marcil. Et le discours de sa fille en était la preuve, puisqu'elle y faisait allusion, en assurant son concours pourtant.

- "C'est un honneur que de vous accueillir en nos murs, Altesse. Je suis heureux que le peuple éternel ai enfin trouvé un Guide en ces temps troublés. Nous louons nous aussi cette réconciliation entre nos deux nations, soyez-en assurée, et n'oublions pas l'aide apportée par les elfes quand les drows étaient à nos portes."

Alonna... Sa première crise à gérer en tant que jeune monarque, et pas la moindre. Depuis, il y avait eu la Guerre Civile, mais, cette fois, les elfes ne s'en étaient pas mêlés.

- "Mais je doute que la princesse d'Alëandir et sa prestigieuse escorte aient fait tout ce chemin simplement pour m'assurer des hommages du nouveau Seigneur Protecteur d'Alëandir... Me trompe-je?"

Il ne se souvenait qu'avec trop d'acuité de sa rencontre onirique avec Dyarque... Il n'était pas encore roi à l'époque. Mais déjà puissant et impressionnant, bien que Trystan ne se soit pas laissé intimider. La leçon qu'il lui avait donné lui avait laissé un goût amer dans la bouche. Même s'il en comprenait la raison. oui, les deux monarques s'étaient déjà rencontrés, mais cela, peu de personnes le savaient. Le vieil elfe avait parlé d'entrainement pour le jeune humain. Il y avait là des mages confirmés et sa propre fille... Et il commençait à se dire qu'à défaut de pouvoir se déplacer, il avait envoyé des professeur pour son futur élève.

Ce qui lui plaisait autant que cela l'exaspérait.

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Mer 1 Sep 2010 - 22:15

Elya patientait. Elle était actrice de la scène, et pourtant, elle ne faisait qu’attendre qu’elle se termine. Oh, elle bougeait, parlait, mais ce n’était pas elle. Son père lui avait demandé d’être son émissaire auprès de ce qui serait un émissaire, et elle avait accepté, parce qu’elle aimait son père et souhaitait lui faire plaisir. Néanmoins, l’elfe qui se tenait face au Roi, tout de robe vêtue, n’était pas vraiment elle. Fut un temps où elle s’était habillée ainsi, où elle s’était comportée ainsi, quoi qu’avec plus d’espièglerie. Sa sœur pourrait en témoigner, elle était enfant une véritable peste qui, bien qu’adorable au demeurant, s’arrangeait toujours pour lui rappeler à quel point leur père la préférait, elle. Une analyse d’enfant, qui ne pouvait réellement comprendre Dyarque… mais ce n’était guère étonnant, car bien des adultes n’y arrivaient pas non plus.

« En effet. Nous venus en tant que guides, ainsi qu’il a été convenu. D’ailleurs… »

Elle sembla s’animer. Avec le recul, certain affirmeront qu’elle se réjouit de ce qu’elle allait faire, mais il n’en était rien. En réalité, Elya n’était jamais aussi heureuse que quand elle usait des arcanes. Elle retrouvait alors des sensations si simples, si pures, tellement éloignées du brouillard qui l’entourait, qu’elle ne pouvoir qu’être soulagée. Aussi était-ce un plaisir d’anticipation, non de faire souffrir – car Trystan allait souffrir, quoique très raisonnablement – mais de ne plus souffrir. Un brin paradoxal, n’est-ce pas. Avec une familiarité qui ne pouvait que surprendre la Cour, elle franchit la distance qui les séparait.

« Cela ne durera pas longtemps », affirma-t-elle d’une voix douce, presque maternelle, prenant le visage de Trystan dans ses mains et le regardant dans les yeux.

Si elle sentit toute son escorte se raidir, si elle entendit les murmures outrés des humains, elle n’y prêta pas attention. Elle plissa des yeux et plia la magie environnante à sa volonté, la modelant à sa convenance. Elle tissa, avec science, jusqu’à former une toile complexe. Si Trystan tenta alors d’en deviner la nature, il ne put qu’attraper une migraine, tant elle était complexe. Car pour cause, ce sort, Elya ne l’avait pas appris, on le lui avait donné. Un esprit, qui se nommait lui-même Veilleur, lui en avait donné le secret.

Elle posa la cage mentale sur Trystan, qui ne put que se raidir, tressaillir, alors que la souffrance l’assaillait… pour repartir aussi vite. La chose n’avait duré qu’une demi-seconde, à peine, et n’avait pas été traumatisante… mais tout de même. Par contre, quand il se rendrait compte de l’effet, peut-être changerait-il d’avis. Trystan avait une grande partie de ses dons qu’il ne contrôlait pas, Elya le savait mieux que quiconque désormais, et elle les avait bloqués afin qu’il ne puisse pas s’en servir par mégarde. Une mesure de précaution somme toute compréhensible, mais qui aurait gagné à être expliquée. Car pour le Roi, c’était comme si, dans la même seconde, on lui avait révélé l’existence d’un membre dont il ne connaissait pas l’existence et qu’on le lui avait retiré.

« Tout va bien ? demanda-t-elle, réellement soucieuse. L’effet est dérangeant, mais vous pourrez ainsi dormir sans risque. »

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Jeu 2 Sep 2010 - 9:46

Trystan fronça les sourcils alors que la princesse lui avouait être venue ici en tant que guide comme convenu. Comme convenu... Il repensa à sa rencontre étrange avec Dyarque, avant qu'il ne devienne roi des elfes. Ils ne s'étaient rien promis, pas vraiment. Trystan avait pensé que Dyarque n'aurait pas le temps de s'occuper de son éducation magique, mais c'était sans compter le fait qu'il puisse déléguer cette tâche à quelqu'un. Un quelqu'un d'ailleurs étrange qui émettait des ondes puissantes de magie.

Il entendit des murmures réprobateurs alors que la voix de l'elfe lui parvenait soudainement très proche. Trop proche pour la bienséance d'ailleurs. Elle avait du franchir la distance et se retrouvait donc juste en face de lui. Qu'est ce qui ne durera pas longtemps? Il sentit les mains de la jeune femme sur son visage et se raidit, conscient qu'elle allait user de magie sur lui.

- "N..."

Mais il n'eut même pas le temps de lui interdire qu'il sentit déferler la magie. Les exclamations choquées de sa Cour ne lui parvinrent plus. D'instinct, il chercha à comprendre ce qu'elle trafiquait sur lui, réaction normale, logique, mais pas forcément maligne en ce moment même. Il buta contre la complexité du motif et ressentit une violente douleur au crâne qui lui donna la nausée. Cela ne dura qu'une infime seconde, mais une éternité pour celui qui subissait cette... entrave? Il y eu une nouvelle vague de souffrance, qui reflua aussi vite.

C'était terminé.

En bas, tout le monde s'agitait, les elfes posant un regard inquiet sur le roi et la princesse tandis que certains humains commençait à s'échauffer devant ces manières. Les paroles de la princesse parvinrent à Trystan comme dans un brouillard. Maintenant, il dormirait sans risques.

C'était bien une entrave, elle avait bloqué ses dons, les dieux seuls avaient comment. Une violente réaction de colère le prit, mais il se contrôla, alors qu'une autre partie de son cerveau reconnaissait la sagesse de ce procédé et trouvaient cela merveilleux. Il aurait adoré apprendre à faire cela, pas forcément pour le bien d'une personne, d'ailleurs, mais passons.

- "Comment avez-vous osé?"

Il se leva brutalement, livide de colère et droit comme un I et sa voix tonna dans la salle trop fréquentée :

- "Sortez. Sortez tous, qu'on me laisse seule avec la princesse jusqu'à ce que je décide de mettre un terme à notre entrevue. SORTEZ."

Il n'eut cure des murmure désapprobateurs, il attendit seulement que tout le monde fiche le camp. L'escorte de la princesse n semblait pas pressée de la laisser seule avec le roi en colère, mais que pouvait-il bien lui faire? Dragan jeta un regard à Elya, mécontent de ses manières. Ils auraient une petite discussion quand tout cela serait terminé et il allait devoir redoubler de diplomatie pour faire oublier cet outrage.

Enfin, la salle fut vide, gardée par les soldats du roi. Trystan semblait contenir une colère à la mesure de son indignation. Qui était-elle pour décider de ce qui était bien pour lui sans lui en parler auparavant? Pour qui se prenait-elle? Sa voix claque de nouveau, coupante :

- "Est-ce une manie familiale que de faire subir sa volonté à un autre sans l'en tenir informé? De le piéger? Comment avez-vous fait cela? Et comment suis-je censé apprendre à contrôler mes dons si je n'y ai pas accès parce que VOUS l'avez décidé ainsi?"

Sa voix charriait des glaçons. Il détestait qu'on lui impose une volonté autre que la sienne, ce qui rendait son enseignement souvent difficile, bien qu'il soit assez intelligent pour mettre de côté son statut de roi au profit de celui d'élève le plus souvent. Mais là, il exigeait des réponses et des excuses avant de reconsidérer sa position.

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Lun 6 Sep 2010 - 21:19

La colère sonnait, claironnait même, avec de doux accents aux oreilles d’une elfe qui n’en comprenait pas la raison. Loin d’être effrayée par la soudaine rage du souverain, elle le regarda dans les yeux, s’étonnant de tant d’agitation. Son père l’avait prévenue, pourtant, les humains se sentaient toujours le besoin de bouger. Déjà, il donnait ses ordres, empereur au milieu des fourmis grouillantes qui peuplaient son royaume. Fronçant les sourcils, elle afficha sa perplexité alors que, un à un, les humains et les elfes quittaient la salle… Avec quelques regards chargés de méfiance, voir même de haine. Dos à Dragan, elle ne vit pas le regard qu’il lui lança, et c’était une bonne chose, car elle en aurait sans doute été blessée.

Que Kÿria lui en soit témoin, elle n’avait rien fait de mal.

Alors qu’il n’y avait, quelques secondes plus tôt, que brouhaha et tumulte, le silence tomba soudainement, comme un voile qui recouvrit la scène de sa douce féérie. Rassurée, Elya pensa que le calme retrouvé apaiserait le souverain, mais c’était trop en demander. Et, de mémoire d’elfe, jamais un souverain humain n’avait parlé ainsi à une princesse elfique. Bien entendu, Trystan de Diantra avait quelques… circonstances atténuantes.

« Je ne suis pas mon père. »

L’affirmation tranquille vint contraster avec les répliques agressives du Roi des Hommes. Elle n’avait aucune idée de ce qui avait pu se passer entre son géniteur et son nouvel élève, mais en réalité, elle s’en moquait. Elle savait juste que Trystan était un Marcheur, et qu’il convenait de le guider dans ses premiers pas.

« Vos dons sont toujours là, en vous, tenta-t-elle de le raisonner. Je n’ai fait que les mettre à l’écart, pour votre bien et celui de votre entourage. »

Il était visible qu’elle faisait des efforts pour être agréable. Elle parlait d’une voix douce, presque chantante, et se voulait rassurante, une attitude qui aurait sans doute surpris Dragan. Lui qui ne l’avait vu toujours que calme et indifférente.

« Il vous serait facile de briser ce qui a été fait, je n’ai pas la puissance nécessaire pour vous contraindre très longtemps, ni la volonté. Il vous suffit d’apaiser votre esprit et d’étudier mon tissage. »

Elle marqua une pause, le temps de voir comment réagissait Trystan à ses paroles. Elle crut finalement bon d’ajouter une dernière chose, le regardant intensément, comme si sa réponse pouvait changer le cours de la discussion.

« Avez-vous Marché, depuis votre rencontre avec mon père ? »

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Mar 7 Sep 2010 - 20:39

Il esquissa un rictus moqueur alors qu'elle répliquait calmement ne pas être son père. Vraiment? Et bien ils avaient les mêmes méthodes brutales en tous les cas, cette arrogance d'imposer parce qu'ils savaient pour le bien de celui qui ignorait, une attitude qui horripilait celui qui était détenteur du pouvoir absolu en contrée humaine. Cela lui inculquait un brin d'humilité, mais ne passait pas sans heurts.

Pourtant, son esprit se concentra sur les paroles de la jeune elfe, alors qu'elle parlait de ses dons toujours présents et du fait qu'il pouvait briser cette cage s'il s'en donnait la peine. Il se calma instantanément, non sans lâcher, un brin acide :

- "Vous n'êtes pas votre père, mais vous avez les mêmes méthodes. Ne savez-vous pas expliquer et demander, avant d'imposer?"

Cependant, sa voix était bien moins agressive, alors que son esprit se tendait vers la magie, étudiant prudemment le tissage, mais la question de l'elfe l'empêcha d'aller plus avant, tandis qu'il réflechissait.

- "Non. Non, je n'ai marché que dans le rêve de votre père. Sa petite leçon intempestive a porté ses fruits apparemment."

Il hésita quelques secondes, avant de jouer franc jeu avec elle, puisqu'elle était censée l'aider, il allait lui en donner l'occasion.

- "Il semblerait que je développe des dons assez rares, surtout liés à l'esprit. Savez-vous comment j'ai perdu la vue? Ce n'était ni un accident, ni une maladie. En perdant la vue, j'ai gagné le don de prescience... Aussi erratique que celui de marcher dans les rêves. Est-ce lié? Ces deux dons ont-ils un point commun? Et pourquoi en suis-je pourvu?"

De trop nombreuses questions qui tournaient dans son esprit depuis un moment maintenant. Mais il acceptait Elya comme professeur et elle avait toute son attention.

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Ven 10 Sep 2010 - 0:01

La situation était délicate, Elya s’en rendait bien. Mais il lui était difficile d’expliquer quelque chose qu’elle prenait pour acquis. Elle n’était pas, en réalité, un professeur des plus pertinents, et c’était pour cela que Dyarque avait pourvu son escorte de quelques mages parmi les plus réputés d’Alëandir. Le vieux Protecteur avait parlé, face au Conseil Elfique, de guider le Roi des Hommes, mais pas uniquement. Il avait rajouté, et personne n’y avait réellement prêté attention, qu’il faudrait savoir le brider, pour son bien comme pour celui de son entourage. Les mêmes mots qu’avait prononcé sa fille face au concerné. Trystan de Diantra était le dépositaire d’un grand pouvoir, mais de ce bloc brut qui ne demandait qu’à être taillé perçait encore des éclats dangereux. Il faudrait bien des lunes de travail pour polir en polir la surface. Il ne comprenait pas, ou plutôt n’acceptait pas qu’on ne le consulte pas, même sur les choses les plus évidentes. Plutôt que de se justifier, elle répondit par une autre question, s’interrogeant sur la possibilité qu’il ait pu Marcher à nouveau. Elle fut bien rapidement rassurée.

« Je vous apprendrai à maitriser ce pouvoir », promit-elle. Et cela, elle était la seule qui puisse y arriver.

Elle sourit, alors, car comme l’enfant qu’il était encore, il se perdit en questions. Il faisait montre, soudainement, de ses doutes et de ses interrogations. Il lui livrait ses réflexions, et quoique son sourire puisse laisser penser le contraire, elle ne s’en amusait pas. Bien au contraire, il y avait comme de la fierté dans ses prunelles attentives.

« Les Voiles ne cèdent qu’aux doigts d’Arcamenel. Mais l’Avenir n’est que flou, qu’imprévu, que… possibilités. La préscience n’est pas, seuls sont les pressentiments. »

Vaste sujet que les prophéties, vaste débat que les oracles. Il y en avait pour croire qu’ils étaient vérités figés, futur couché sur le vélin. Elya savait, quant à elle, qu’il n’en était rien. Le véritable pouvoir d’une prédiction était d’être, et donc d’influencer. Mais ce n’était pas cela qui intéressait Trystan, elle le savait. Plus tard, il l’écouterait, quand elle aurait répondu à ses questions.

« Votre cas est unique. Ils le sont tous. Ce que les mortels appellent magie est si complexe, si entière, si vivante qu’il serait vain, en vérité, d’essayer de la résumer. Un jour, vous comprendrez. » Elle marqua une pause, le jaugeant de nouveau. Qu’espérait-elle voir qu’elle n’avait déjà remarqué ? « Pourtant, je ne pense pas me tromper en affirmant que ce n’est pas tant la nature du don que sa puissance qui vous a aveuglé. Vous voyez les possibles, n’est-ce pas ? »

Elle connaissait déjà la réponse, mais voulait voir s’il pouvait raisonner par lui-même. S’il pouvait, d’une façon ou d’une autre, comprendre ce qui lui était arrivé. Ensuite, elle entreprit de répondre à ses dernières questions.

« La magie est liée aux Dieux, et les Dieux sont liés. Quant à savoir pourquoi ou comment de tels dons ont été déposés entre vos mains… Peut-être sait-il, mais pas moi. Tout comme je ne sais pas pourquoi, enfant, se créaient les mondes que j’imaginais. L’Illusion était mon Royaume. Et puis un jour, j’ai désiré créer… Alors, tout ne devint plus qu’illusion. »

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Ven 17 Sep 2010 - 17:42

Elle lui promit qu'elle lui apprendrait à maîtriser ce pouvoir et il ne put s'empêcher d'enchainer avec une nouvelle question :

- "Marchez-vous également dans les rêve?"

Après tout, c'était une question logique, son père avait cette capacité, pourquoi pas elle? Et comment lui apprendre si elle ne savait pas elle même user de ce don rare, précieux et dangereux? Il ne put s'empêcher de lui parler de son autre don, celui de prescience, qu'elle nuanca pourtant en parlant de pressentiments.

- "Si vous voulez, nommez cela comme vous le souhaitez, mais j'ai vu des choses qui étaient sur le point de se produire et qui se sont produites, souvent trop tard pour les empêcher... j'ai vu Ydril brûler par la félonie des drows, j'ai vu mes nièces mourir, j'ai vu la Guerre Civile secouer le Royaume..."

Il cessa là sa liste. Des évènements importants, tragiques... Qu'il avait vu sans pouvoir arrêter le cour du temps. Il fut légèrement vexé de l'entendre lui répliquer qu'il comprendrait un jour, c'était un refrain que l'on serinait aux enfants. Tu comprendras quand tu seras grand. Mais il eut la sagesse de ne pas montrer son mécontentement, elle était une elfe, bien plus âgée que lui, il devait donc être un enfant pour elle. Cependant, ses paroles concernant son aveuglement lui firent un choc, tandis qu'il répondait :

- "En effet... Vous n'êtes pas la première à parler de cette puissance."

Nakor avait émit la même hypothèse. Le jour où Trystan saurait maîtriser son don, il recouvrerait la vue. Il fut interpellé par les dernières paroles de la jeune femme alors qu'elle disait créer des illusions. Il devina que quelque chose s'était mal passé et que ce monde, cette réalité, n'étaient pas forcément les siens, comme si elle n'était pas à sa place ici.

- "Auriez-vous plongé trop profondément dans la magie, Altesse?"

Il avait recouvré son calme et son esprit aiguisé et critique. Il n'y avait nulle moquerie, ni condescendance dans sa voix. On l'avait mis en garde contre l'utilisation trop passionnée et assidue de la magie, de ses ravages, de ses risques et ils lui revenaient maintenant en mémoire avec violence tandis que dansait la voix d'Elya dans sa tête.

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Dim 19 Sep 2010 - 2:25

    Les questions appelaient des réponses, qui elles-mêmes faisaient naître de nouvelles questions. Le cycle sans fin du maître et de son élève, un éternel recommencement, qui ne s’interrompait jamais vraiment. Les lèvres d’Elya se tordirent en un léger sourire, sans qu’aucun trait de son visage ne les suive. « Je marche dans les Rêves, oui. Mon père, quant à lui, ne possède pas ce don. » Elle connaissait la vérité, avait découvert ce lien pervers qui unissait jadis Dyarque de Lanthaloran avec une drow de l’Elda, mais elle tairait ce secret, car il n’était pas le sien. « Mais il existe une différence importante entre posséder quelque chose et s’en servir. »
    Puis, ils continuèrent sur un autre sujet de discussion, tout aussi intéressant. Beaucoup avait cherché à prédire l’avenir, peu y étaient arrivés. Tous en étaient pourtant venus à cette même conclusion : l’avenir n’est pas figé. Elle tenta de l’expliquer à Trystan, mais ce dernier ne semblait pas avoir le recul suffisant. Ce qu’il avait vu c’était produit, et cela lui suffisait pour être persuadé qu’il possédait, par le biais de son don erratique, la vérité absolue. Elle ne se laissa pas troubler par son énumération, toute terrible qu’elle soit. Elya avait arrêté de se sentir concernée par ce genre de tragédies depuis longtemps déjà. « Le fait que vos visions se soient toutes produites ne prouvent rien, et s’explique facilement. Votre talent est encore brut, il ne s’exprime que par lui-même, sans contrôle. Il est donc normal que vous ne voyez pas assez loin pour entr’apercevoir réellement les différentes possibilités. » Ils parlèrent ensuite des différentes causes de sa cécité, et elle lui affirma sans douter qu’il « voyait » l’avenir. La chose n’était pas évidente, certains n’avaient que des pressentiments, d’autres entendaient des murmures. « L’esprit ne peut trouver les ressources qui lui sont nécessaires que chez son propriétaire. C’est pour cela que pratiquer la magie qui y est liée est aussi épuisant. Votre don a tué vos yeux, Roi des Hommes, parce qu’ils ne pouvaient que ployer face à sa puissance. »
    Une vérité difficile à entendre, très certainement, mais qui devrait lever un voile sur une question qui, sans doute, le taraudait. Bien entendu, il ne s’agissait là que de la version d’Elya, mais elle n’envisageait pas d’avoir tort. Elle était liée aux arcanes, d’une manière subtile, et jouissait d’une certaine clairvoyance dans le domaine. La raison, ils l’évoquèrent rapidement, alors qu’elle confessait en partie son histoire. « Quand un homme tente de soulever un rocher, il s’épuise, et finit par abandonner. Quand un mage tente l’impossible, il s’épuise, mais même quand il n’a plus rien à donner, la magie continue à prendre. J’ai voulu créer, j’ai voulu me substituer aux Dieux, devenir leur égal. Pas par soif de pouvoir, mais par défi. Je savais la tâche impossible, mais je m’en sentais capable. »
    Doucement, elle tendit son esprit sur la cage de Trystan. Elle était encore en place, enserrant solidement ce qui ne pouvait, ne devait être utilisés. « Je prie Kÿria que vous ne soyez jamais confronté au même dilemme. »

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Lun 4 Oct 2010 - 17:35

La réponse d'Elya fit naître un pli soucieux entre les sourcils du roi. Quoi? N'avait-il pas rencontré Dyarque de cette façon? Il était perdu par cette réponse qu'il ne comprenait pas.

- "C'est pourtant votre père que j'ai rencontré ainsi et lui-même qui m'a donné une leçon à ce moment là. Je ne comprends pas."

Il l'avouait sans honte. Il était novice dans cette matière là et ne pouvait que tenter d'en apprendre le plus possible, même s'il passait pour un idiot à poser des questions dont la réponse pouvait sembler évidente à l'elfe, bien plus âgée que lui. Cela devait accentuer encore la différence adulte-enfant, mais il avait l'occasion d'apprendre, alors il ne se privait pas. Il se contenta d'acquiescer quand elle souligna la différence entre posséder quelque chose et s'en servir. Elya ne devait pas se servir de son don, elle le maîtrisait et n'en faisait pas usage. Et pourtant, quelle arme redoutable pouvait ainsi posséder le roi! Entrer dans la tête de n'importe qui, modeler leurs rêves... les manipuler, les effrayer... Oui, c'était vraiment une perspective intéressante, mais il doutait qu'Elya partage ce genre de vision de la magie.

- "Je suis d'accord. Le fait est que mes visions se sont manifestées souvent en même temps que l'évènement se déclenchait. L'avenir était déjà tracé. Une seule fois cela s'est produit deux jours avant, juste le temps de protéger les miens contre le soulèvement des barons."

Son visage austère s'était fermé davantage encore à la mention de la guerre civile. Il l'avait préssenti mais il était déjà trop tard pour l'empêcher. Il ne pouvait que sauver sa femme et sa fille et laisser sa bien aimée Diantra à feu et à sang. Nouveau hochement de tête, un brin sec alors qu'Elya lui expliquait que la puissance de cette magie avait tué ses yeux. La question était de savoir si cela était irréversible ou non... Et il sentait qu'il ne reverrait jamais. Il ne posa pas la question à Elya, se contentant de méditer ses paroles... De tâter son entrave magique également, précautionneusement.

Elya laissa échapper quelques bribes concernant sa propre expérience. Trystan ne manqua pas de demander davantage et resta muet quand elle expliqua qu'elle était allée trop loin dans la magie et que cela n'était pas sans conséquences. Il ne savait pas la nature de son défi, exactement, mais il en devinait une partie. Il frémit quand elle espéra sincèrement que jamais pareille expérience ne lui arrive. Il garderait cette mise en garde à l'esprit, mais le jeune homme avait soif de pouvoir, un défaut comme une qualité, le tout était de savoir doser. Pour Lilianna, pour Lyhann et Eliam, il se devait de faire attention. Pour ne pas être détruit par cette magie qui était si addictive.

- "Je vous remercie sincèrement d'être venu jusqu'à moi pour m'apprendre cette magie, quand bien même cela est dicté davantage par un soucis de ne pas laisser un enfant disposer d'un tel don... Je considère néanmoins cela comme une aide d'un peuple allié envers un autre, pour le bien de la communauté."

De nouveau son esprit analysa l'étrange motif qui enserrait son esprit emprisonnait sa magie. Plutôt que de chercher à déchirer ce filet, il chercha à en tester les mailles, à comprendre le motif et à s'infiltrer dans le filet, à devenir le filet, pour s'échapper de son entrave. Il comprenait la nécessité de cette cage, mais se disait également que cela était un test de la part de son nouveau professeur quant à ses capacités. Il avait réussi face à Dyarque, même s'il s'était montré trop téméraire.

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Lun 8 Nov 2010 - 20:10

    « Il était le Rêveur, vous étiez le Marcheur », répondit-elle distraitement, comme s’il s’agissait là de la chose la plus évidente qui soit.
    L’esprit de Trystan apparaissait complexe. La surprise et l’indignation passée, il acceptait le manteau de l’élève sans rechigner, et posait questions sur questions, pertinentes le plus souvent. Pourtant, la façon dont ils s’attardaient sur les Rêves la dérangeait, elle ne savait que trop les conséquences qui pouvaient germer d’une mauvaise utilisation du don. Lui aussi devrait apprendre, et elle serait son Maître le temps que durera son apprentissage. Un travail de longue haleine, possédant autant de facettes que la magie elle-même. Une tâche insurmontable, la quête d’une vie, qu’elle ne pourrait qu’accompagner un temps. Ensuite, elle rentrerait à Alëandir, parmi les siens, retrouverait le visage austère de son père et le sourire de sa sœur.
    L’Esprit, une magie puissante, mais aussi versatile que l’inconscient mortel. Elfes, nains, drows et humains changeaient sans cesse d’avis, sans même s’en rendre compte. Rien était figé, tout évoluait, dans un miasme d’indécision et de doutes, et il en allait de même pour l’école magique associée. Au fond, Elya ne pouvait que fournir des indices, découvrir des pistes, le reste du chemin était solitaire. Une notion difficile à accepter pour un mage débutant, bien souvent habitué à accepter sans broncher l’enseignement de son maître. Un maître pour l’esprit était pourtant une chose trop dangereuse.
    « La Magie est capricieuse, et il faut se réjouir quand elle abonde en notre sens. » Elle marque une pause, détournant son regard absent de Trystan pour le promener sur la salle du trône. « Ne faites jamais l’erreur de croire à une grâce de sa part… N’y voyait qu’un hasard heureux. »
    Ce qui les amena, tout naturellement, à parler de la propre expérience de la fille du Roi Sylvestre. A ses questions, elle répondit sincèrement, quoi que vaguement. Les précisions n’importaient pas, seule la conclusion avait un sens pour le jeune homme. Elle aurait pu expliquer en détail son erreur, mais il n’aurait sans doute pas compris. Elle avait alors usé de théories et de concepts qu’un humain aussi jeune ne pouvait totalement saisir, le résultat de deux siècles d’apprentissages. Néanmoins, qu’il se souvienne qu’en oubliant ses limites, elle avait failli tout perdre, et ce serait suffisant.
    « Vous êtes un danger pour vous-même, mais surtout pour votre entourage. Mais ce n’est pas une fatalité, et nous enlèverons bien vite cette cage mentale. » Elle voulut sourire, mais ses lèvres ne suivirent pas, ne s’incurvant qu’à peine. Elle sentait ses tentatives, et resserra légèrement son emprise. Pas pour le décourager, mais il ne fallait pas qu’il s’y arrache trop vite. « Je vais rejoindre les miens, ils leur tardent surement de me sermonner sur ma conduite, car si j’en crois votre réaction, elle était déplacée. »
    Elle ne demandait d’ailleurs aucune permission, ce qui rajoutait à ses fautes. Mais Elya était étrangère à ces considérations, elle avait oublié ce qu’elles signifiaient. Trystan comprendrait peut-être que cette étrange apathie était une conséquence de l’accident dont ils avaient parlé, et redoublerait alors de prudence. C’était cruel, de penser ainsi, mais Dyarque n’avait pas envoyé sa fille par hasard.

Sujet: Re: Rencontre au sommet | Trystan Lun 22 Nov 2010 - 16:33

La réponse d'Elya était simple et pourtant, générant de multiples interrogations... Le don de Trystan était-il donc différent de celui de Dyarque? A l'écouter, on pouvait penser que Dyarque n'avait fait que fournir le rêve et que Trystan s'y était invité, comme il pouvait s'inviter dans n'importe quel rêve s'il maîtrisait son don. Dyarque en était-il, lui, incapable? Tant de questions qui lui brûlaient la langue... Mais qu'il retint. Il aurait tout loisir de s'instruire auprès de la princesse.

De nouveau, Elya le mit en garde contre la magie. A sa façon un peu alambiquée, mais le message était clair. Et il était passé. Il devait faire attention à ne pas se laisser absorber par la magie. Ce n'était pas la première fois qu'on le mettait en garde. Nakor avait fait de même. Le vieux mage avait dépassé les limites d'âge humaines depuis longtemps et son esprit s'était égaré en chemin. Il pouvait être tout à fait sérieux et tout à coup, devenir complètement loufoque. Là encore, c'était un effet de la magie à ne pas négliger. Mais l'immortalité n'intéressait pas Trystan. Le pouvoir des Rêves, en revanche... A utiliser modérément, mais c'était si grisant.

Il se devait de ne pas se laisser ainsi aller à ses rêveries et de garder la tête sur les épaules. Naturellement, il demanda des précisions sur le propre cas d'Elya. Intriguant. Elle semblait si déconnectée de la réalité, comme si elle entrevoyait des choses que les autres ne voyaient pas et que leur réalité ne la concernait pas. Sa réponse fut floue, une fois de plus et il ne put que se perdre en conjonctures, avant d'abandonner ses hypothèses pour se concentrer un peu sur le piège qu'elle avait mis en place. Il sentit qu'elle raffermissait sa prise et elle finit par lui parler de la nécessité de la laisser pour le moment, le rassurant pourtant sur le fait qu'elle sauterait bientôt. Il abandonna quand elle parla de partir. Un sourire ombra les lèvres du Roi quand elle parla de sa conduite, déplacée.

- "Déplacée, certes, mais pardonnable. Dites-leur que je ne vous en tiens pas rigueur. Et que je ne vous demande pas de vous plier à nos exigences protocolaires. Vous êtes mon invitée et mon professeur."

Il marqua une pause, avant de conclure :

- "Il me tarde d'apprendre à votre contact Altesse."

Et ce n'étaient pas des paroles en l'air. Même si Elya était étrange par bien des aspects, elle était une source de connaissance inespérée. Mais Trystan ne commettait pas l'erreur de penser que le roi elfe avait envoyé sa fille ravagée par la magie par hasard... Il sourit en songeant qu'il valait mieux s'en faire un allié, qu'un ennemi...

Ainsi se termina la première entrevue entre la Princesse d'Alëandir et le Roi de Diantra.

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