A travers la forêt [lözynn + libre]

Il pleuvait. Et pourtant, ils continuaient à traverser la forêt. Les nouvelles n'étaient pas bonnes et tous avaient peur de ce qu'ils pourraient trouver en arrivant ou sur la route : une armée décimée, des gens agonisant, des Drows cachés en embuscade avec leurs fameuses flèches empoisonnées prêtes à être tirées... En somme, plus ils avançaient, plus la confiance que leur avait porté leurs supérieurs paraissait prendre un poids inconsidérable sur leurs frêles épaules.

On ne leur avait confié leur nouvelle mission que la veille, mais ils avaient déjà l'impression, même s'ils étaient encore loin d'arriver, d'être déjà responsables de ce qui s'était et pourrait se passer. Ils avaient tous une cent-vingtaine d'années et n'avaient jamais eu à combattre -du moins en tant que militaires. Certains même n'avaient fort heureusement pour eux jamais rencontré leurs ennemis ! Les dix marchaient d'un pas ample et vif, enveloppés dans leurs capes et esquivant les plantes qui poussaient par-ci par-là à une vitesse incroyable. Ne laissant derrière eux aucune trace malgré la boue impétueuse qui criblait leurs malheureuses semelles, ils faisaient bien attention à n'émettre aucun bruit qui pourrait trahir leur présence. Il pleuvait. N'importe qui se serait arrêté pour trouver un abri. Et pourtant, ils continuaient à traverser la forêt.


Glinaina était paresseusement assise sur une grande branche, en hauteur. C'était enfin son tour de repos ! Cela faisait deux jours qu'ils voyageaient et l'averse de la veille l'avait complètement épuisée. Heureusement, le soleil se montrait généreux aujourd'hui ! Enfin... Façon de parler, vu le Voile qui lui donnait depuis plus d'une semaine une sombre luminosité. Et dire qu'il ne devait durer qu'une heure... Comme quoi que les choses ne tournent pas plus rond qu'un chat poursuivant une souris ! Malheureusement, il n'y avait pas que le Voile qui posait problème, mais également toutes les conséquences qu'il pouvait provoquer : les plantes qui poussent partout et cela même dans les cités (ce qui ne gênait pas trop les Elfes, mis à part sa signification), le comportement quelque peu étrange des animaux... Bref, le cycle de la vie, lui, avait tout l'air d'avoir complètement changé !

La jeune fille, du haut de son perchoir, regarda tour à tour ses quatre compagnons Elfes. Ils venaient tous de la même région, Ardamir, mais étaient incontestablement tous différents les uns des autres. Par exemple, Anariel, l'archer aux cheveux bruns, vient de la cité. Et comme beaucoup de gens de là-bas, sa famille est aisée et il a malheureusement un peu trop tendance à regarder les autres de haut. Mais à côté de ça, c'est un excellent tireur au grand cœur.
Elwir, assis à côté de ce premier, est au contraire un épéiste qui sait se montrer humble et est également le « chef de groupe ». En effet, il a l'habitude de devoir faire des choix et d'évaluer les situations. C'est d'ailleurs lui qui a eu l'idée de scinder le groupe initial en deux pour ainsi ne pas faire de « gros tas » et de mieux pouvoir se défendre en cas d'embuscade. En effet, même si on ne les apercevait que rarement, les autres suivaient une route parallèle proche de la leur. Ainsi, ils pourraient s'aider en cas de besoin.
La jeune Elfe regarda vers sa gauche, où disparaissait la chevelure rouge de Caranna derrière les arbres. Toujours souriante avec un tempérament de feu (qu'il faut régulièrement freiner), cette Elfe serait prête à tout pour défendre ses idéaux, même à livrer bataille contre un démon s'il lui en venait l'opportunité ! Sinon c'est une personne d'une amabilité surprenante et qui n'hésite pas à donner de son temps pour les autres. C'est avec elle, d'ailleurs, que Glinaina fait ses entraînements à l'épée lorsqu'elles en ont le temps. Bon en échange elle avait essayer d'initier Caranna à l'arc pour lui rendre la pareille, mais le résultat était tellement... comment dire... catastrophique qu'elles avaient terminé ces cours (enfin le premier) par un fou rire communicatif mais tout de même silencieux vu les circonstances.
Puis il y a Eneas. Un garçon bien plus réservé que sa comparse... Pratiquement personne ne connait son histoire et, de toute façon, il est inutile de la lui demander puisqu'il a horreur de ça ! En fait, il est même gênant parfois... Il ne parle jamais, est toujours concentré sur quelque chose d'autre que la conversation (on le voit par le fait que son regard est souvent fixe) et a l'air de se désintéresser totalement de ce qui l'entoure. Et il déteste les filles ! Non pas qu'il est misogyne, mais il est tellement mignon qu'il en a mare des beaux yeux qu'elles lui font !!! Peut-être est-ce pour cela qu'il se propose souvent pour faire le tour de garde ou pour marcher devant... Comme en ce moment même. Et comme Caranna l'est aussi, il est bien évident qu'il a tout fait pour que chacun parte de son côté ! De toute façon, c'est certainement ce qui aurait été fait... Mais bon. Il fallait bien que Crary le taquine un peu, non ?!
Donc, au final, cela faisait trois guerriers et deux archers. Voilà ce qu'ils étaient. Après un long bâillement, la jeune Elfe s'endormit sur sa branche, toujours emmitouflée dans sa cape.


Lorsqu'elle se réveilla, Glinaina se retrouva face à face avec l'espiègle Caranna, un grand sourire aux lèvres et les yeux pétillant de malice, visiblement très envieuse de lever sa compagne à sa manière ! Encore une chance qu'ils s'étaient interdit de crier...

« Alors, toujours pas réveillée ? Demanda-t-elle mielleusement.
-Laisse-moi dormir...
-Eh bien, si tout le monde était comme toi, on n'arriverait pas au Fort avant la prochaine lune ! Allez, lèves-toi avant que je te fasse tomber de ton perchoir ! »

Sachant qu'elle en était tout à fait capable, Glinaina ne pu donc que sourire avant de se laisser -volontairement- tomber de sa branche et de se réceptionner souplement en bas. Après un hochement de tête vers ses compagnons, tous se mirent en route.

Comme convenu, elle passa devant avec Elwir pour faire l'éclaireur, elle-même partant un peu plus vers le Nord-Est. Arc en main, elle patrouilla un bon moment avant d'apercevoir Gwilwileth, une fille fort sympathique de l'autre groupe. Les deux jeunes femmes se firent un bref signe de tête pour se saluer et chacune repartit dans des directions opposées.

Glinaina, tout en serpentant la forêt, ne put s'empêcher de regarder une énième fois l'obscur soleil qui trônait dans le ciel : il lui faisait penser à la situation entre les Elfes et les Drows. C'est derniers étendaient leur ombre sur au moins une bonne partie de la forêt tandis que les Elfes essayaient de lutter, en vain... Tout comme le Voile, c'était les Sombres qui remportaient cette bataille.

Soudain, quelque chose attira son attention, et ce n'était pas Gwilwileth cette fois-ci ! L'Elfe se cacha donc rapidement derrière un arbre tout en encochant une flèche, prête à l'utiliser. Qui cela pouvait bien être ? Des Elfes ? Des Drows ? Possible. Ils n'étaient qu'à une petite journée de marche du Fort après tout. Et elle était seule. La jeune fille, ne sachant pas encore à qui elle aurait affaire, tira sur la corde de son arc, de façon à ne plus avoir qu'à la lâcher pour que la flèche parte et atteigne sa cible. Si c'était un Sombre, il faudrait qu'elle fasse vite. Très vite. Ce serais son seul moyen de survie.

Ce n’était pas la première fois qu’Iözynn voyageait pour soigner des malades. Cette fois-ci, il prenait lentement la direction du protectorat d’Eraïson, le nom de son patient lui étant inconnu pour l’instant.La vieille, la nuit l’avait ralenti. Il avait dû marquer une courte pause avant de poursuive sa route sur les chemins boueux. Le guérisseur était habitué a ce genre de désagréments, mais la marche dans l’obscurité l’obligeait à regarder devant lui avant chacun de ses pas.

Tout en sifflotant, il essayait d’éviter les flaques d’eau qui apparaissaient parfois au milieu de la route. Il devait de temps en temps lever le regard pour éviter les rares personnes qui empruntaient le chemin,mais il n’en avait rencontré depuis plusieurs heures.

Il n’avait plus aucune notion du temps et ignorait si c’était la nuit ou le jour –quoiqu’en quelque sorte, c’était toujours les ténèbres maintenant. C’est éreinté et un peu essoufflé qu’il s’arrêta en bordure de la chaussée, s’assoyant sur la souche d’un arbre mort qui traînait là. La fatigue l’assaillait. Le guérisseur décida de faire une petite sieste avant de poursuivre sa route. Eraïson était proche et il devait prendre des forces avant de soigner son patient qui l’attendait là-bas. Mais tout d’abord, il devait manger quelque chose.

Étant végétarien, il dégoûtait ceux qui mangeaient la chairanimale. Pour lui, c’était comme si on mordait dans la peau d’un autre elfe.Iözynn n’ingurgitait que ce que les végétaux lui donnaient et ne tuait jamais une plante de son plein gré. Chaque être vivant avait une âme et on se devait de la respecter.

Quelques petits fruits sauvages poussaient çà et là non loin du chemin de terre battue qu’il empruntait, et le mage en cueillit. Les baies avaient un petit goût sucré qui plu au guérisseur. Pour étancher sa soif et remplir sa gourde qui était vide, l’elfe versa des gouttes qui perlaient sur les feuilles des arbres à proximité de la chaussée dans sa bouteille et en prit une gorgée. Le liquide glissant dans sa gorge asséchée lui fit le plus grand bien. Enfin, l’elfe coupa grâce au couteau qu’il dissimulait dans sa ceinture quelques racines d’arbustes et commença à les mâcher. La substance gommeuse lui permettrait de garder sa bouche occupée.

Alors qu’il s’en allait revenir à la souche où il avait déposé ses effets personnels qu’il transportait, Iözynn entendit un bruit sec.Sur ses gardes, il posa la main sur son carquois et en sortit quelques flèches.Le son se fit de nouveau entendre. Ce n’était pas naturel. Il fallait se méfier de tout en ces temps lugubres.

Le jeune homme avança silencieusement vers la source du craquement. Quelle ne fut pas sa surprise d’apercevoir une elfe d’environ son âge (environ cent vingt ans selon lui) à quelque pas de lui, son arc tendu vers lui! Plus vif que l’éclair, le guérisseur sortit sa propre arme de bois recourbé et tenta de décocher un missile vers ce qui semblait être son ennemie. Il était corsé de viser dans l’obscurité et le mage craignait de manquer sa cible. Le trait qu’il projeta ricocha sur l’écorce d’un arbre qui se trouvait à quelques centimètres du visage de l’archère et vint se ficher dans celui d’un autre. Craignant une contre-attaque, Iözynn baissa son arc et dit précipitamment :

-Que me voulez-vous ? Je n’ai rien fait de mal !

L’archère semblait sur ses gardes, tout comme Iözynn.

-Mes avis que je ne vous veux rien, puisqu'il semblerait que je ne vous connaisse pas, dit-elle enfin. Et si vous n'avez jamais rien fait de mal, alors pourquoi m'avoir tiré dessus ? Je ne pensais pas avoir commencé les hostilités... Man eneth lîn ? Annal lîn thelyn !

La jeune femme parlait très bien l’elfique, ce qui eut pour effet de calmer le guérisseur. Si elle avait appris cette magnifique langue, c’est qu’elle n’était certainement pas son ennemie. Mais il ne fallait pas ce fier aux apparences.

-Mon nom ? fit le jeune homme, bredouille.

Ce n’était pas que, dans le feu de l’action, ses pensées étaient toujours quelque peu confuses, mais en plus le mage ne savait pas s’il devait révéler ses véritables origines à une inconnue. « Bon, tant pis », songea-t-il en voyant que l’elfe attendait une réponse.

-Je me nomme… Iözynn. Iözynn Yfenn. Je suis maître guérisseur à Alëandir.

Elle lui avait aussi demandé ses intentions. Il ajouta :

-Croyez moi lorsque je vous assure que mes intentions ne sont pas mauvaises. Je me baladais tout simplement dans la forêt pour trouver quelque chose à me mettre sous la dent. J’étais en route vers Eraïson et je prenais une pause avant de poursuivre mon chemin.

Curieux, le guérisseur dit aussi :

-Je vais vous poser la même question : Man eneth lîn ? Annal lîn thelyn ! Quel est votre nom ? Donnez vos intentions !

La jeune femme sortit de sa cachette en disant :

-Je me nomme Glinaina Wylenaryn, fille de Beleg,. Et mes intentions ne sont en aucun cas mauvaises. Du moins envers vous, maître guérisseur, précisa-t-elle en s'inclinant. Je suis envoyée avec d'autres soldats jusqu'à la lisière du Fort Ellyrion pour y renforcer les défenses et mieux protéger les habitants. Pardonnez-moi de vous avoir fait peur, mais je m'attendais plus à me retrouver en face d'un ennemi que d'un médecin ! Puis-je vous demander ce qui vous amène ici ?

Glinaina, donc. Iözynn ne put s’empêcher de croire qu’il l’avait déjà rencontré à un moment donné. L’elfe aux cheveux longs avait les traits fins et les cheveux lisses. Le guérisseur l’avait certainement déjà vu quelque part, mais il ne se rappelait plus. Son faciès lui disait vaguement quelque chose…

-C’est déjà pardonné, fit le jeune homme en s’approchant un peu d’elle.

Il marqua une pause avant d’ajouter :

-Ce qui m’amène ici ? J’ai un malade à soigner à Eraïson, mais malheureusement je ne connais pas encore son mal. Ce n’est pas urgent, ne vous inquiétez pas…

-Excusez-moi, mais n'étiez-vous pas l'élève du maître guérisseur Nagayth ?

Ah oui ! C’était ça ! Le mage, jeune apprenti à l’époque, avait fait la connaissance de Glinaina lorsque celle-ci avait été touchée par une maladie étrange. Son maître avait voyagé longtemps pour lui venir en aide et Iözynn avait été obligé de le suivre. D’abord bougon de quitter la cabane de Nagayth, le gamin avait vite retrouvé le sourire lorsqu’il avait vu la jeune fille. Il était tout de suite tombé amoureux d’elle. Ils s’étaient longtemps amusés ensemble jusqu’au rétablissement de la petite. Le garçonnet avait été très peiné de la quitter. Mais le temps avait passé et le guérisseur l’avait lentement oublié. Il n’était jamais tombé amoureux d’une autre personne depuis.

Le jeune homme leva les yeux. Glinaina le regardait étrangement.

-Oui, j’étais son élève... Je... l'étais...

Ne voulant pas laisse paraître sa tristesse soudaine, il dit ensuite :

-Vous pouvez me tutoyer. Je veux dire, tu peux me tutoyer, Glinaina…

Il avait ajouté cette dernière phrase avec une pointe d’ironie dans la voix. La jeune femme ne semblait pas capter la supposée blague et le guérisseur jugea qu’il valait mieux arrêter de plaisanter.

Iözynn n’éprouvait maintenant plus aucun sentiment à l’égard de l’elfe. Du moins, il le croyait. L’archère avait une certainement grâce dans ses mouvements, mais rien n'animait une quelconque émotion chez le mage. Ce n’était pas quelle était laide, néanmoins elle avait changé depuis sa dernière rencontre avec lui.

Voulant combler le silence qui s’insinuait entre eux, le garçon demanda :

-Tu es venue seul ? Ou bien tu voyages avec une troupe … ?

Il se rappela des paroles de Glinaina et s’empressa de dire furtivement :

-Je veux dire… pourquoi t’es-tu éloignée de tes compagnons ? Sont-il loin d’ici ?

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de l’archère.

-En effet, je ne suis pas venue seule. Et pourquoi je me suis éloignée des autres, tout simplement parce que je fais l'éclaireur jusqu'à la cité d'Eraïson. D'ailleurs, ils ne devraient pas tarder.

Justement, une petite troupe avançait lentement vers eux. Elle était composée de quatre membres armés de différentes armes. L’un des individus s’avança vers Iözynn et, à la grande surprise de celui-ci, baissa la tête en signe de respect.

-Iozynn, je te présente Eneas, Anariel, Caranna et Elwir, qui se trouve juste derrière nous.

Elle se tourna vers ceux-ci et leur expliqua :

-Voici Iozynn, maître guérisseur et une vieille connaissance, comme l'on pourrait dire.

Chaque personne le salua à sa manière. Un homme de forte carrure s’approcha de lui et dit :

-Mae govannen, Iozynn. Le mellon. Je suis Elwir, le « chef » de ce groupe.

« Oui, c’est évidant », songea le jeune homme en s’efforçant de lui sourire. Le guerrier poursuivit :

-Je suppose que si Aina vous a menée à nous est que nous allons dans la même direction.

Il se tourna vers l’archère.

-De mon côté, la voie est libre. Et du tien ?

-Elle l'est.

-Alors ne traînons pas. Il serait absurde d'arriver après que les portes ne se soient refermées. Êtes-vous des nôtres ?

Sans attendre, le dénommé Elwir fit volte-face et commença à marcher en scrutant les alentours.

-Au fait, fit un homme en s’approchant de lui, ne vous inquiétez pas si vous apercevez d'autres personnes sur votre gauche. C'est le deuxième groupe.

Iözynn hocha la tête. Au moins, il aurait un peu de compagnie pour le reste du voyage. Il alla chercher ses choses qu’il avait posées sur la souche d’arbre et suivit le petit groupe de guerriers. Lentement, ils se mirent à avancer vers le protectorat d’Eraïson.

Au bout de quelques minutes, le guérisseur aperçut du mouvement dans les sous-bois. Il l’ignora et poursuivit sa route. Un arbuste bougea ensuite tout près de lui. Méfiant, il posa la main sur son carquois. En ces temps lugubres, il ne fallait rien laisser au hasard.

Se rendant compte qu’il ne pourrait pas viser correctement dans la pénombre, il créa un dôme de protection autour de lui, puis autour de la troupe. Il fit signes aux elfes qui l’accompagnaient de s’arrêter.

Une silhouette se dessina dans l’obscurité. Elle avait une arme en main.

Un drow.

Un elfe noir s’avançait vers Iözynn et s’apprêtait à l’attaquer. Le guérisseur, tous ses sens en alerte, tentait de maintenir son dôme de protection autour de lui et du groupe. Celui-ci lui demandait beaucoup d’énergie et le jeune homme faiblissait lentement. Il doutait pouvoir faire durer son sortilège plus que quelques minutes. Une flèche fut décochée dans sa direction. Le projectile ricocha contre le mur invisible et tomba au sol dans un craquement sonore.

D’autres figures commençaient à apparaître dans l’ombre du crépuscule. Le drow n’était pas seul ! Les individus à la peau sombre marchaient lentement vers la troupe d’Elwir. De plus en plus nerveux, le mage commençait à trembler. Il fit signe au chef de son groupe de lui prêter main forte en attaquant les ennemis qui étaient dangereusement près d’eux. Celui-ci obtempéra sans dire un mot, même s’il était lui-même le dirigeant de la bande de guerriers. L’ancien apprenti de Nagayth leva le dôme de protection pour le laisser passer et le dissipa du même coup autour de lui. Des flèches commencèrent à pleuvoir sur eux. Iözynn se précipita pour se cacher derrière le tronc massif d’un arbre qui poussait en bordure du chemin et analysa la situation. Il avait perdu beaucoup d’énergie et doutait pouvoir prêter main forte à sa troupe -en combattant, du moins- pour le moment. Il s’assis entre les racines du feuillu et fouilla dans le sac qui pendait à sa ceinture, en ressortant une plante à la forme étrangement recourbé. Le guérisseur se mit à en grignoter une bonne partie avant de le replacer dans sa besace. Il sortit de sa cachette et commença à assister au combat entre les elfes noirs et les elfes sylvestres.

Elwir se battait avec une fouge impressionnante, deux guerriers à la peau noire peinaient à lui faire du mal. Essayant de passer inaperçu, le mage attrapa son arc et décocha une flèche dans la direction d’un des ennemis. Celle-ci se planta dans le crâne du drow qui s’effondra au sol avec une plainte gutturale.

Le vent siffla tout près des oreilles d’Iözynn. On tirait sur lui ! Le guérisseur réussit à éviter un premier projectile, mais un second se planta directement dans son épaule, lui arrachant un gémissement, avant qu’il ne puisse réagir. Il poussa un cri strident avant de s’affaler par terre. Le choc de sa chute lui coupa le souffle. L’elfe noir qui avait tenté de le tuer se dirigeait maintenant vers lui à grandes enjambées, selon ce que put voir le guérisseur en tombant. Il aurait dû être plus prudent…

Sa vue commença à s’embrouiller. Il perdit lentement ses esprits et n’entendit plus que des hurlements autour de lui. Juste avant de sombrer dans l’inconscience, une voix parvint à ses oreilles :

-Je suis là…

On le tira vers l’arrière. Le mage ferma les yeux…

[Désolé du retard... ^^ Pour ton information, je ne suis pas mort, un des mes pendentifs m'a sauvé la vie, la flèche a ricoché contre celui-ci. Si quelque chose ne te va pas, fais-le moi savoir par MP...]

Lorsque Iözynn sortit de sa torpeur, Glinaina était penchée sur lui. Il cligna des yeux et jeta un coup d’œil autour de lui. En réfléchissant un peu, il se rappela se qui s’était passé avant qu’il ne sombre dans l’inconscience. Furtivement, il regarda si son amie était correcte. La jeune femme lui souriait et semblait dans tous ses états, sauf qu’un vague fatigue marquait ses traits. Sa mine joyeuse rassura le guérisseur qui lui rendit son sourire. Ensemble, ils partirent chercher Elwir qui avait mystérieusement disparu depuis peu. En vain, car celui-ci demeurait introuvable dans la forêt dense.

Il revint vivement en mémoire au mage qu’il y avait un patient qui l’attendait à Eraïson. Celui-ci partit donc vers le protectorat, accompagné de l’archère qui avait quant à elle besoin de reprendre ses forces dans un centre médical. Les deux individus atteignirent la cité en peu de temps. Ils prirent la direction du centre de soins du coin. Avant de quitter la guerrière, le thaumaturge fut assailli par ses questions. Il les écouta en essayant de formuler des réponses à chacune d’entre elles.

-Iozynn ? Euh... Je voulais te demander si... où sont les autres. Combien de temps s'est-il passé depuis qu'ils nous aient attaqués et... Tu viendras me voir, avant de partir ? Je... J'en aurais pour longtemps, d'après la dame. Plus d'une semaine peut-être. Dis, tu reviendras ?

Ses yeux scintillaient à la lumière des torches enflammées qui étaient accrochées au mur de la pièce. Le guérisseur garda silence durant quelques temps avant de prendre la parole. Il commença par répondre au premier questionnement de son amie.

-Où sont les autres ? Je n’en ai aucune idée, mais je te promets que lorsque tu seras ragaillardie et que j’aurai fini de soigner mon patient, nous continuerons à partir à sa recherche. Je suis certain que nous le retrouverons bientôt…

Il marqua une courte pause avant de poursuivre :

-Tu me demandes depuis quand les drows nous ont attaqués... À vrai dire, moi-même, je n’en sais rien. Peu importe… Je suis sûr qu’Elwir aura retrouvé son chemin vers nous, ou vers le reste de la troupe…

Iözynn conclut son monologue:

-Et… oui, c’est sûr que je vais te rendre visite avant de quitter le protectorat. J’ai hâte que tu retrouves ta forme physique. Dis-toi que lorsque tu seras remise sur pied, nous allons aussitôt partir retrouver ton compagnon. Je ne peux que te souhaiter bonne chance pour ton rétablissement.

L’elfe serra solidement Glainaina dans ses bras, lui envoyant discrètement une vague d’énergie pour l’apaiser. L’étreinte dura de longues minutes sans que personne ne vînt l’interrompre. Enfin, le jeune homme lâcha l’archère avec regret. Même s’il y avait longtemps qu’il l’avait rencontré et que lorsqu’il avait quitté dans sa jeunesse, il l’avait peu à peu oublié, il s’était attaché de nouveau à elle maintenant. Cela lui ferait beaucoup de peine de l’abandonner pour une seconde fois. Lorsqu’ils se quitteraient définitivement, peut-être leurs routes se croiseraient de nouveau ? Personne ne pouvait prédire l’avenir…

-Au revoir, mon amie… À bientôt !

Le thaumaturge laissa la guerrière seule dans le salon médical. Une infirmière allait à la rencontre de celle-ci lorsqu’il lui jeta un dernier regard.

Maintenant, il lui fallait soigner un jeune elfe qui était atteint d’une étrange maladie. Il ignorait ses symptômes, il savait seulement que c’était un cas urgent à régler. Ses tristes pensées se dissipèrent peu à peu et il porta ses esprits sur la mission qu’il avait à exécuter. Son patient l’attendait dans une maison non loin de l’endroit où il se trouvait. Iözynn l’atteignit en peu de temps.

Une femme au faciès inquiétant vint à sa rencontre lorsqu’il franchit le seuil de la porte de la demeure. Elle semblait complètement affolée, mais lorsqu’elle croisa le regard du garçon, elle paru soulagée. La dame le conduit jusqu’à une pièce isolée du bâtiment dans lequel il se trouvait. Elle pointa un panneau de bois du doigt -une porte de luxe selon le mage.

-Il est là, fit-elle d’une voix aiguë.

Lorsqu’il pénétra dans la petite chambre, celle-ci sur les talons, son regard se porta sur une masse sombre qui se morfondait dans un coin de la pièce. Il faillit échapper un cri de terreur en apercevant un gamin à la figure terrifiante lui faire face. L’enfant semblait pris d’une crise de délire et ses yeux étaient dépourvus d’orbites. Il avait la bouche légèrement entrouverte et un mince filet de bave coulait de sa lèvre inférieure.

D’abord paniqué, le guérisseur calma lentement sa respiration saccadée. Il n’y avait pas de quoi faire un drame, le jeune garçon était certainement pris d’une puissante fièvre. Il y avait certaines maladies qui pouvaient causer ce genre de manifestation donnant des hallucinations à sa victime. Iözynn devrait d’abord pratiquer une anesthésie sur son patient ; ensuite il devrait l’aider à vaincre le virus qui s’en prenait à lui.

-Cela fait plus d’une semaine qu’il est dans cet état, lui expliqua la dame qui l’avait accueilli chez elle. Je crains pour sa vie…

Le désespoir se lisait sur son visage. Le jeune homme essaya de la rassurer en lui adressant un regard bienveillant. Il commença ensuite sa pratique médicinale.

Les minutes passèrent, puis les heures… Le guérisseur réussissait tant bien que mal à rétablir la condition du gamin pris de folie antérieurement. Celui-ci prenait une teinte moins inquiétante… Après avoir épuisé toutes ses forces, le thaumaturge s’effondra lourdement sur le sol. Son sommeil réparateur durerait près d’une semaine…

***

Iözynn écarquilla les yeux. Il était couché sur le sol dur et froid d’une pièce qui ne le disait que vaguement quelque chose. Lentement, ses souvenirs lui revinrent en mémoire.

-Cela fait plus de six jours que vous vous êtes endormi…

C’était une douce voix féminine. La mère de l’enfant que l’elfe avait guéri de son mal avait maintenant un visage calme et serein. Le mage devina qu’il avait réussi sa mission de sauvetage de son patient. Il leva lentement la tête et se mit en position assise.

-Glinaina !

Il l’avait complètement oublié ! Après avoir pris le temps de saluer ses hôtes qui l’avaient hébergé et qui l’avaient gardé pendant son inconscience, le thaumaturge prit la direction de la maison de son d’Eraïson. Glinaina l’attendait certainement avec impatience. Bientôt, ils iraient rechercher Elwir dans les bois.

[On dirait que l'inspiration m'a frappé! ^^ Désolé du retard encore... :S]