Apparences trompeuses [PV/Viktor]

Que le temps pouvait paraître long. Ses chasses étaient épuisantes ! Pas forcément parce qu’il fallait monter à cheval toute la journée, ça Kathleen appréciait énormément, mais parce qu’il fallait se pavaner, chaque soir un nouveau banquet, chaque soir une nouvelle robe à porter, chaque soir des pas de danse… et pas un moment de calme dans tout ça. Sans oublier que loin de Missède, Kathleen ne pouvait espérer avoir le moindre moment de tendresse avec Viktor. C’est donc un peu boudeuse que la jeune femme s’éclipsa du château de sa cousine en fin d’après midi. A sa suivante, qui avait plus les allures d’un pot de colle qu’autre chose, elle prétexta aller brosser Foudre qui avait droit à un box de choix dans les écuries de sa cousine. La pauvre fille détestant les écuries se fit un plaisir de la laisser partir seule.
Sauf qu’elle n’avait pas l’intention d’aller dans un endroit rempli de palefreniers affairés près à lui faire la causette. Non, elle voulait du calme, de la tranquillité ! Les jardins de Sinlieh seraient parfaits pour ça. Elle en connaissait chaque recoin et espérait pouvoir devenir ainsi invisible quelques heures.

Elle trouva l’endroit idéal sur un banc sous un arbre aux longues et basses branches qui la garderaient des regards. Elle espérait juste qu’aucun domestique n’aurait l’idée d’aller faire un tour dans le potager près de l’arrière cour.
Pour l’heure elle était bel et bien seule et cela lui fit un bien fou. Au point même qu’elle en oublia totalement sa nouvelle et surtout future condition. En soupirant d’aise elle se coucha sur le banc de pierre et elle leva les yeux vers la cime de l’arbre. Le jeu de lumière la fit doucement sourire alors qu’elle fermait peu à peu les yeux dans un demi-sommeil.

Ce fut une caresse dans ses cheveux qui la réveilla. Kathleen sentit un sourire étirer ses lèvres alors qu’elle imaginait son fiancé penché près d’elle à jouer comme à son habitude avec les boucles blondes de ses cheveux. Mais lorsqu’elle se décida enfin à ouvrir les yeux elle faillit presque tomber du banc en se rendant compte que l’homme près d’elle était loin d’être son Viktor. Lorsque ses yeux se furent bien habitués à la lumière, elle fut surprise de reconnaitre celui qui lui faisait face.

- Dimitri ?

Le jeune homme se tenait droit et fier devant elle, un grand sourire aux lèvres et les yeux pétillants. Ses cheveux bruns, son regard mi-tendre mi-amusé, il était exactement comme dans ses souvenirs. Elle eut d’abord envie de se jeter à son cou, comme elle l’aurait fait avec son frère, mais le souvenir de sa demande en mariage la fit s’arrêter.

- Mais….que fais-tu à Sinlieh ? Je ne savais pas que tu travaillais pour Aurore…
- Ce n’est pas le cas. Viens avec moi, vite. Partons tous les deux. Nous aurons plusieurs heures d'avance avant qu'il commence à te chercher.
- Partir ?
- Oui, ensemble. Nous pourrions aller vivre à Diantra, ou plus loin encore. Nous pourrions voyager, aller chez les elfes… tu te souviens nous en rêvions étant enfant…

Dimitri s’était dangereusement rapproché d’elle. Elle le vit tendre la main vers elle, et la poser sur son bras. Elle aurait pu bouger, s’esquiver, mais les yeux de son ami d’enfance lui inspirait encore trop confiance.

- Oui mais nous étions enfant. Je ne peux pas partir avec toi. Je vais me marier, je…
- Tsss. Avec lui… Je n’arrive toujours pas à croire que ton père t’ai vendu à cet homme. J’ai cru devenir fou quand j’ai appris la nouvelle. Il croit t’éloigner de moi…
- Dimitri tu n’as pas le droit de dire….aïe…lâche moi, tu me fais mal.
- Et lorsque j’imagine que cet homme froid et triste à mourir poser ses mains sur toi….j’ai des envies de meurtre. Je ne le laisserais pas te toucher tu peux me faire confiance.
- Mais arrête enfin, tu ne sais pas ce que tu dis… je suis très heureuse que mon père ait accepté cette demande en mariage, je l’aim…
- Ah non, ne me récite pas le discours qu’il veut t’entendre dire. Tu ne seras jamais heureuse avec un homme comme lui. On dit même que sa précédente fiancée s’est enfuie tellement il était horrible.

La rage brillait dans ses yeux et Kathleen se demanda alors si le jeune homme qu’elle avait aimé comme un frère n’était pas tombé dans la folie. Il s’accrochait à son bras avec force et la tenait fermement contre lui. Elle aurait du se dégager, partir en courant ou appeler à l’aide, mais elle ne pouvait imaginer un seul instant que Dimitri lui veuille le moindre mal. Ils avaient été les meilleurs amis du monde, il ne pourrait jamais la forcer à quoi que ce soit, du moins l’espérait-elle.

Revoir Dimitri lui avait fait complètement oublier qu’elle pouvait être surprise par n’importe qui. Et malheureusement pour elle, une servante n’avait rien raté de la scène….à part la conversation. De ce fait elle avait vu la future baronne de Missède sourire aux caresses d’un homme qui n’était pas son fiancé, elle l’avait vu serré contre lui et elle n’avait absolument pas assisté à une lutte pour se dégager, ni à des cris et des protestations bruyantes. Bref autant dire que l’opinion de la servante de Sinlieh était faite, et elle prit pour devoir d’aller courir prévenir le Baron.
Et courir est peu dire ! Elle en avait lâché son panier rempli de linge et toutes jupes retroussées elle s’était précipité dans les couloirs jusqu’aux appartements de Viktor. Après une minute pour reprendre son souffle, elle frappa quelques coups à la porte et entra lorsqu’elle y fut invitée.

- Monseigneur, fit-elle en s’inclinant, je pense qu’il vous faut être au courant d’une chose qui se passe en ce moment même dans le jardin du château.

Voilà une belle entrée en la matière, de quoi attirer l’attention du jeune homme. Et puis pour être sure de le tenir jusqu’au bout il fallait qu’elle trouve une phrase aux intonations dramatiques et frappantes.

- Je pense que vous devez savoir que votre fiancée Dame Kathleen est en ce moment même dans le jardin avec Dimitri.

Devant le silence du Baron, la domestique crut bon de préciser :

- Il y a eut des rumeurs à la Roseraie, peu de temps avant l’annonce de vos fiançailles… ils étaient amants. Son père a refusé la demande en mariage de Dimitri…

Baissant la tête, la servante attendit la suite. Soit elle se ferait hurler dessus, soit il aurait besoin d’elle pour le guider jusqu’à l’endroit où elle avait surprise les deux amants.

Viktor était pour ainsi dire fatigué de toutes ces chasses et de toutes ces danses. Il n'appréciait pas les chasses outre mesure. Voir même pas du tout et ne se pliait à cette coutume fort protocolaire que lorsqu'il n'avait pas vraiment le choix en réalité. Cette fois-ci ne faisait pas exception. Pour être honnête, si cela n'avait été pour offrir à Kathleen le plaisir de revoir sa si tendre cousine, jamais il ne se serait rendu à Ysari. C'était aller loin pour ne pas faire grand chose d'intéressant de son point de vu. Mais sa fiancée avait été tellement joyeuse et pressée à l'idée de revoir sa cousine que Viktor ne s'était pas sentit le cœur à le lui refuser. Il n'empêchait que le jeune baron était impatient de retourner à Missède. Sinlieh avait du bon, mais se n'était pas Missède. Et puis, Viktor avait de temps à autre un petit côté casanier c'était le genre à pouvoir rester enfermer un certain temps.

Et puis, son ventre allait finir par éclater avec tout ces banquets. Non mais vraiment. Ahhh !!! Il avait mal au ventre. Il fallait dire qu'à force de devoir faire honneur à tout les plats au bout d'un moment forcément on a le bide un peu remplis. Voir un peu trop remplis. Et dire que Nane soutenait que personne ne remplirais la carcasse osseuse de Viktor. C'était un comble. S'ils restaient trop longtemps à ce régime, Viktor allait devenir énorme. Et cela ne faisait étrangement pas partit de ses projets d'avenir.

Viktor était à demi allongé sur son lit en train de rêver à Kathleen. Il pouvait presque sentir les longues boucles blondes de la jeune femme sous ses doigts. Sa peau contre la sienne et ses lèvres...

Toc toc toc.

Légèrement frustré qu'on vienne interrompre son rêve si joli, Viktor se redressa sur le lit, un rien de mauvaise humeur envers l'importun qui s'était amusé à frapper contre cette maudite porte au mauvais moment.

« Qu'est-ce que c'est? »

Une servante entra et Viktor se demanda si elle allait vraiment lui dire quelque chose d'intéressant ou si un membre du mobilier comme par exemple... un chandelier, n'allait pas subitement voler dans sa direction. Les deux hypothèses étaient toutes deux parfaitement envisageable. Quoi que celle du chandelier avait un aspect beaucoup plus tentant étant donné la situation dans laquelle ils se trouvaient présentement.

Tout ces jours sans pouvoir ne serai-ce que toucher les cheveux de sa fiancée et voilà que lorsqu'il rêvait à elle on venait l'enquiquiner. Non mais ça va bien oui.

- Monseigneur, je pense qu’il vous faut être au courant d’une chose qui se passe en ce moment même dans le jardin du château.

Erreur. Il n'était pas le seigneur de Sinlieh, mais le baron de Missède. Se n'était pas à lui qu'il fallait parler de l'agencement des fleurs ou du manque de petits fours pour les invités. Si c'était une stupidité de ce genre, c'était sur, le chandelier elle allait le recevoir en pleine face.

- Je pense que vous devez savoir que votre fiancée Dame Kathleen est en ce moment même dans le jardin avec Dimitri.

Finalement, cela le concernait tout de même un rien. Bon. Kathleen était avec ce fameux Dimitri. Et alors? Qu'est-ce que cela pouvait bien changer? Il ne comprenait pas vraiment. Et puis c'était qui ce Dimitri? Un cousin? C'était quoi encore que tout cette histoire?

- Il y a eut des rumeurs à la Roseraie, peu de temps avant l’annonce de vos fiançailles… ils étaient amants. Son père a refusé la demande en mariage de Dimitri…

Viktor foudroya littéralement la servante. Qu'est-ce qu'elle venait de lui dire? GRRRRRRRR

Alors là... Alors là...

Cette fois, ça ne se passerait pas comme ça. Hors de question que ça recommence.

« Où sont-ils? »

Si la servante avait dit vrai, il ne tarderait pas à avoir quelques effusion de violence à Sinlieh. D'un pas rapide, Viktor suivit la servante dans les jardins.

La situation commençait à inquiéter Kathleen. Dimitri lui tenait toujours fermement le bras et son regard n’avait plus rien à voir avec celui qu’il lui adressait lorsqu’ils étaient enfant. Elle en arrivait presque à avoir peur de lui. Elle devait espérer que personne ne les surprendrait, elle devait le convaincre de partir, le faire revenir à la raison. Mais ses pensées furent un peu plus troublées lorsqu’il posa son autre main dans le creux de ses reins. Son sang se glaça et presque aussitôt elle se dégagea de son étreinte en reculant. Le voir rester droit devant elle, sans même essayer de la retenir la rassura légèrement. Peut-être avait-elle imaginé tout autre chose. Après tout il s’agissait de Dimitri, il ne lui ferait aucun mal, il ne lui imposerait rien qu’elle aurait refusé.
Alors qu’elle commençait à se détendre, elle le vit faire un pas vers elle. Du geste rapide il lui saisit la main tout en regardant alentour si personne n’approchait.

- Maintenant allons nous en. Nous avons le temps de fuir loin d’ici.
- Mais enfin arrête avec ça. Je ne compte partir nulle part.

Une étincelle de colère s’alluma dans le regard du jeune homme. Il avait l’air d’un dément, ce qui la fit frissonner un peu plus. Comment en était-il arrivé là ? Elle ne pouvait imaginer qu’il ait si mal vécu le refus de William, et puis, après tout il ne lui avait jamais demandé son avis à elle, et s’il l’avait fait elle lui aurait également dit non. Leurs rêves de voyage n’avaient été que paroles en l’air alors qu’ils étaient enfants.
Lorsqu’il s’approcha à nouveau d’elle, il n’y avait plus aucune douceur, de la brusquerie plutôt. Il l’accula au tronc de l’arbre sous lequel il se tenait. D’une main il serrait son bras, l’autre était appuyé sur l’écorce à côté de son visage. Il n’était plus qu’à quelques centimètres d’elle, elle sentait son souffle sur son visage…

- Dimitri arrête tout de suite. Ce n’est pas drôle.
- Tu vas arrêter de faire ton enfant gâté Kathy. Nous allons partir tous les deux. Nous serons heureux comme avant.
- Dimitri, je t’en prie laisse moi retourner au château… tu ne devrais pas être là, tu ne devrais pas dire ça… Si on nous trouve ici, je n’ose imaginer ce qu’ils te feront…
- Allons ma belle rose, je me fiche d’eux. Je me battrais pour toi, c’est ce que j’aurais du faire avec ton père. Ce vieux fou n’aurait pas eu l’idée de te vendre à cet homme. Tu mérites mille fois mieux ma boucle d’or.

Kathleen tremblait à présent comme une feuille. Les surnoms dont il se servait pour la nommer lui rappeler les souvenirs de leur enfance. Comme elle avait été heureuse en sa compagnie. Chaque jour elle fuyait ses leçons pour le retrouver près de l’étang, ou dans les écuries.
Il avait été son plus fidèle ami, celui à qui elle confiait tout. Et voilà qu’il se détournait d’elle de la façon la plus horrible qu’il soit.

- Je t’interdis de parler ainsi de…

Elle n’eut guère l’occasion de continuer, Dimitri avait plaqué ses lèvres contre les siennes. D’abord surprise elle resta une fraction de seconde sans bouger, mais une fois ses esprits retrouvés elle détourna la tête, complètement choquée par ce qu’il venait de faire.

- Dimitri, lâche-moi tout de suite, murmura-t-elle de plus en plus terrifiée à l’idée qu’il mette son plan à exécution.

Il voulait l’emmener loin d’ici… loin de Viktor… loin de son amour… Elle ne pouvait imaginer pareille chose. La jeune femme tenta alors de se dégager, d’échapper à cette étreinte forcée, mais elle parvint à rien, il la tenait fermement et son corps contre le sien la gardait prisonnière. Elle aurait pu crier, appeler au secours, mais elle était trop horrifiée pour le faire. Cela aurait causé la perte de Dimitri, autant dire qu’elle aurait fait envoyer au cachot un homme qu’elle considérait comme un frère. Mais il devenait de plus en plus entreprenant.
La main qui lui serrait jusqu’alors le bras descendait le long de sa taille jusque sur sa hanche. Et l’autre vint emprisonner son menton. Il la força alors à tourner la tête vers lui.

- Je t’en prie arrête…

Mais le jeune homme ne l’écouta même pas, il se pencha à nouveau pour l’embrasser.
Un observateur extérieur pouvait donc voir un homme, de dos, penchait sur une jeune femme à priori totalement consentante, car en effet la carrure de Dimitri cachait au regard de ce fameux observateur extérieur les signes de lutte. C'est-à-dire ses deux mains qui tentaient de repousser vainement la pression du corps du jeune homme.

Viktor suivait la servante dans les jardins de Sinlieh. Il était déjà dans une colère noire, mais encore froide et silencieuse. Mieux valait pour cette femme qu'elle ne se soit pas trompé. Mais d'un autre côté, mieux valait pour Kathleen qu'il y ait eu une confusion avec un autre jeune homme et une autre demoiselle. Dans tout les cas, la jeune femme aurait à lui fournir quelques petites précisions sur le fameux Dimitri. Il n'allait pas lui demander des comptes. Mais il fallait avouer qu'il voulait savoir qui était ce jeune homme et pourquoi elle ne lui en avait jamais parlé. Il lui avait bien un peu parlé d'Agniezka lui. Elle savait pourquoi le couple qu'il formait avec elle avait fini pourtant par voler en morceau. Se n'était pas un secret qu'il gardait jalousement. Alors pourquoi est-ce qu'elle n'avait rien dit à propos de Dimitri?

Parce que cela n'avait pas la moindre importance ou parce que cela justement en avait trop? Les évènements, s'ils se confirmaient tendaient à démontrer la première possibilité. Certes, il y avait les faits. C'était lui qui avait défloré la jeune femme... mais maintenant, elle pouvait bien s'offrir à qui elle voulait. Y compris à son véritable amant. Est-ce que c'était à lui qu'elle pensait quant elle sentait le jeune homme dans ses bras, qu'il passait ses mains dans ses cheveux? Est-ce que c'était à lui qu'elle pensait pendant qu'il embrassait et caressait son corps? Est-ce que c'était à lui qu'elle pensait quant...

Viktor se força à ne pas poursuivre ses questionnements plus en avant. L'idée que tout n'ai put être qu'une vaste tromperie à nouveau lui soulevait le cœur. Cela le rendait malade. Il espérait sincèrement que la servante se soit trompé.

« Voilà monseigneur. »

Viktor observa la scène qui se déroulait devant ses yeux. Un homme, une femme. Il ne reconnaissait pas l'homme. C'était la première fois qu'il le voyait. Il était grand, taillé en V, des cheveux sombres. Les deux jeunes gens se tenaient l'un contre l'autre, la jeune femme adossée contre un arbre. La jeune femme... gracieuse, fine, une longue cascade de boucle d'or qui lui descendait le long du dos... la plus magnifique cascade de cheveux qu'il ait vu... Kathleen.

Viktor baissa la tête. Alors c'était vrai. C'était vraiment vrai. Tout se qu'ils avaient vécu n'était que tromperie et manipulation. Chaque instant qu'il avait passé avec elle... alors rien de cela n'était réel...

Kathleen...

Elle avait été la première personne à lui dire qu'elle l'aimait. Qu'elle aimait son corps décharné et marqué par les brûlures... mensonge.

Elle lui avait promis de lui rester fidèle et d'être toujours à ses côtés... mensonge.

Elle avait prétendu être heureuse en sa présence. Quant il était là avec elle... mensonge.

Tout n'avait été que mensonge.

S'il pouvait tout de même la comprendre, il ne lui pardonnait pas. Il pouvait comprendre que le corps de son futur époux la répugne. Qu'elle le trouve repoussant. Sa mère elle même n'avait jamais prit la peine de masquer son dégout à l'égard de son fils. Alors comment cela pouvait-il vraiment le surprendre? Si sa mère elle même, celle qui l'avait mis au monde, était révulsée à la vue de son fils, que pouvait-il en être pour une jeune femme comme Kathleen? Il pouvait comprendre le fait qu'il ne soit pas l'homme qu'elle aimait. Elle l'avait rencontré parce qu'il avait proposé un mariage arrangé à son père. Rien de plus. Et puis, pour être honnête. Il était beaucoup moins beau que Dimitri. Sans son titre de noblesse, à armes égales avec le jeune homme, jamais Kathleen n'aurait accordé à Viktor le moindre regard.

Viktor resta prostré quelques secondes devant le spectacle.

Mais se qu'il ne pardonnait pas et qu'il ne pouvait pas comprendre, c'était tout ces mensonges incessants. Elle lui avait mentit.

Une lueur de rage s'alluma dans les yeux du baron. Il émis tout d'abord une sorte de feulement rauque avant de se jeter hors de sa cachette en criant presque. Attrapant Dimitri au collet, il le projeta violemment en arrière, loin de Kathleen avant de se jeter comme un enragé sur lui. On avait beau dire tout se qu'on voulait de la frêle carrure de Viktor. C'était tout de même un homme loin d'être dépourvu de force physique. Bien au contraire. Et la rage qu'il ressentait décuplait encore cette argne qu'il avait.

Dimitri parvint à se débarrasser de lui. Pas en l'assommant ni en le tuant. Mais en le repoussant assez fort et assez loin pour avoir le temps de s'enfuir. Viktor était toujours fou de rage et Kathleen en fit le frais rapidement. Elle s'était un peu approchée de Viktor. Pourquoi? Lui raconter un nouveau mensonge? Tenter encore une fois de le tromper? De lui assurer sont amour? De lui dire qu'il l'avait forcé? Elle n'avait pas eu l'air d'être déçue ou de trouver cela déplaisant pourtant.

Quoi qu'il en soit, ce mouvement qu'elle fit vers le baron fut une erreur. Aveuglé par sa rage autant que par la peine qu'il ressentait, Viktor lui administra un soufflet magistral. Il se calma avant de lui en administrer un second, mais de justesse. Pourtant, tout se qu'il avait ressentit quelques instant plus tôt était bien loin d'être retombé.

« Tu n'avais pas besoin de me mentir. »

Les membres du baron tremblaient de tout se qu'il contenait.

« Je ne suis pas un prince charmant d'un de ces comptes stupides. Je suis laid, hiddeux, repoussant. Mais se n'était pas une raison de me mentir tu m'entends? »

Viktor se prit la tête entre les mains.

« Tu m'avais promis. Tu m'avais juré que cela n'arriverait pas. Mais en fait... »

Quant on vous fait mal, vous voulez faire plus mal encore.

Kathleen l'avait fait souffrir. Terriblement souffrir. Il voulait qu'elle souffre elle aussi. Qu'elle ait mal. Et plus elle aurait mal, mieux cela serait.

« En fait tu ne vaut pas mieux qu'Agniezka. »

Il avait craché le dernier mot. Comme une insulte terrible. Quelque chose qui allait marquer à vie la jeune femme.

« Vous êtes pareilles. »

Sans prendre le temps de l'écouter ni même de faire attention à se qu'elle pouvait faire, Viktor fit demi tour et s'enfonça dans le jardin. Il n'avait envie de voir personne. Il n'avait envie d'entendre personne. Il voulait rester seul avec sa douleur. Elle avait été sa compagne toute ces années. Pourquoi en serait-il autrement maintenant?

Il fini par s'asseoir le dos calé contre un arbre, les jambes tendues et en fermant les yeux.

Au fond, il s'étonnait que Kathleen ait encore put briser quelque chose en lui. Un père absent qu'il n'avait jamais vraiment connu, une mère qui avait un jour déclaré devant lui à des amies qu'elle aurait elle même pressé un oreiller sur son visage si elle était parvenue à engendrer un autre fils, une sœur qui débarquait ne nulle part comme une fleure et remettait en cause l'amour implicite qu'il pensait avoir de son père, une couronne qu'il se voyait forcé de porter sans qui rien ne l'y ait préparer et maintenant deux fiancée qui l'avait trahie.

Il s'étonnait que la seconde ait encore eu quelque chose à briser.

Il se sentait vide. Totalement vide.

Peut-être aurait-il mieux valut que sa mère ait un autre fils.

Elle allait se dégager, plus qu’une poignée de seconde et elle aurait son genou au bon endroit pour frapper de toutes ses forces. Il fallait qu’elle réagisse, qu’elle lutte pour interrompre ce baiser dégoûtant et douloureux. Tant pis si pour cela elle devait lui faire mal en retour, être forcé ainsi par celui qu’elle considérait encore comme son frère….elle avait envie de pleurer. Il se pressait si fort contre elle, ses lèvres entreprenantes, sa langue aventureuse cherchant à forcer sa bouche… Elle allait lui faire mal, de toutes ses forces. Elle le ferait souffrir autant qu’il la blessait.
Seulement, avant qu’elle ait eut l’occasion de faire quoi que ce soit…il n’y eut plus rien. Le corps qui la tenait contre le tronc d’arbre n’était plus là. Kathleen entendit vaguement un bruit de chute et un râle étrange… En ouvrant les yeux, elle fut saisie par la scène qui se déroulait devant elle.
Viktor.
Son Viktor.
Il était venu. Il l’avait débarrassé de Dimitri. Son cœur bondit de joie en le voyant, même s’il était en train d’étrangler un homme à terre. Elle s’en fichait, il était là maintenant. Tout irait bien, elle n’avait plus à avoir peur…

Les cris de dément de Viktor parurent surprendre Dimitri. Il se débattit alors plus fermement, mais étonnamment, pas pour prendre le dessus….non, juste pour s’enfuir !
Kathleen s’en fichait, elle n’avait d’yeux que pour son fiancé. Encore secouée, elle resta une seconde silencieuse, puis, lorsque Viktor se releva, elle sentit son sourire étirer ses lèvres.
Il était venu.
Il avait seulement suffit qu’elle pense à lui de tout son cœur et il était là. La jeune femme fit un pas vers lui, prête à laisser au diable les convenances et tout le reste. Elle voulait se jeter à son cou, sentir ses bras à lui l’enserrait tendrement. Mais le regard rempli de rage et de douleur qu’il lui lança là glaça littéralement. Pourquoi ? Il semblait si furieux, si….

La gifle magistrale qu’elle reçut en pleine figure la laissa sonnée et vacillante. Il ne fallut rien de plus qu’une petite racine de l’arbre dépassant du sol pour la faire tomber. Sa main tremblante monta à sa joue tandis qu’elle levait un regard choqué vers Viktor. Aussitôt après la stupeur se fut la douleur et le flot de larme qui la submergèrent.
Le geste aurait amplement suffit, pourtant il s’acharna à lui crachait des paroles monstrueuses, pleine de colère. Chaque mot était autant de coup de poignard qui l’atteignait en plein corps, faisant redoubler ses larmes. Elle l’aimait si fort…comment pouvait-il douter d’elle ?

Alors elle réalisa. Il venait tout simplement de la surprendre dans les bras d’un autre, ses lèvres contre celle d’un autre que lui…Ses larmes se mêlèrent alors à un gémissement de douleur. Certes sa joue était rouge et cuisante mais son cœur lui faisait plus mal encore.
La servante qui était restée plantée dans l’allée, se précipita vers elle pour l’aider à se relever.

- Oh Dame Kathleen….je suis tellement désolée….je ne pensais pas…je ne savais pas qu’il serait violent avec vous...

Trop bouleversée pour répondre ou seulement penser, Kathleen se laissa entraîner. Elle réalisa qu’elle se tenait droite au milieu de sa chambre lorsqu’elle entendit la porte se refermer derrière elle. Ses jambes cédèrent sous elle et elle s’écroula lamentablement sur l’épais tapis.
La nuit était tombée depuis longtemps lorsqu’elle fut capable de contenir ses larmes et de se relever. Si banquet il y avait eut ce soir, elle ne s’y était point montrer. Pourquoi faire ? Montrer ses yeux rougis à toute la haute société ? Croiser le regard de l’homme qu’elle aimait ?

Pendant les heures qu’elle était restée seule, son esprit avait imaginé mille choses. De la fin heureuse pour se remonter le moral et reprendre espoir, à la fin tragique….
Il aurait pu décider de rompre leur engagement, de la laisser là. C’est à ce stade de ses réflexions qu’elle imagina même qu’il soit en train de partir…sans qu’elle ait pu se justifier. Non… Elle devait lui parler…Au moins essayer de lui ouvrir les yeux, même si cette idée la terrifiait. Après tout il l’avait giflé si violemment…sa joue était encore rouge. Mais tant pis, un peu de courage, il fallait le faire sinon elle le regretterait toute sa vie.

C’est donc toute tremblante qu’elle se décida à prendre le passage secret qu’elle connaissait si bien. Elle compta le nombre de porte, descendit un petit escalier et parcourut encore quelques mètres puis elle entra, aussi doucement qu’une souris.
Il était là, lui tournant le dos. Prenant une profonde inspiration elle l’appela d’une voix tremblante.

- Viktor…. Je…Je t’en supplie….Ce….ce n’est pas du tout ce que tu sembles croire…Laisse moi t’expliquer au moins….

Malgré la violence de son geste, elle l’aimait si fort….elle avait envie de courir se blottir contre lui, d’oublier Dimitri, d’oublier la gifle. Seulement être contre lui.

Difficile de dire combien de temps il était resté là sans bouger sous cet arbre. Il n'avait en fait pas du tout envie d'en partir. Il n'était pas trop mal ici. Se serait bien s'il pouvait y rester. Oui, voilà. Y rester un long moment. De plus en partir même serait l'idéal. Ainsi, il n'aurait plus à s'occuper de la baronnie ou de quoi que soit d'autre. Il n'aurait plus à voir Kathleen aussi. Et cela avait un avantage non négligeable il fallait bien l'avouer. Il n'avait plus envie de la voir. Seulement qu'elle s'en aille. Qu'elle le laisse tranquille. C'est bon. Elle avait retrouvé son amant chéri. Celui qu'elle aimait vraiment, se n'était pas lui. C'était ce Dimitri. Et en même temps, difficile de lui en vouloir.

Sans trop comprendre comment, Viktor s'était finalement levé pour se rendre dans sa chambre. Il était épuisé et une fois toute sa rage un peu retombé, il fallait se rendre à l'évidence. Il avait eu la main lourde en frappant Dimitri, mais il n'était pas le seul. Loin de là. Le garçon avait lui aussi frappé fort. Très fort même. Sur le coup, Viktor n'avait rien ressentit. Mais là, c'était différent et ses côtes le faisaient souffrir.

Pour être tout à fait honnête, le jeune baron ne pensa pas à un seul instant au diner qui pouvait être servit en ce moment. Il n'en avait rien à faire et ne se sentait d'humeur ni à rire, ni à manger. On se demanderait peut-être la raison pour laquelle le baron de Missède n'assistait pas au diner, mais pour être tout à fait franc, Viktor n'en avait rien à faire.

Se qui lui importait, c'était de savoir se qu'il allait faire maintenant. Et là, de nombreuses possibilités s'offraient à lui. Et pour être honnête, il n'était convaincu par aucune d'entre elle. Kathleen avait peut-être déjà fichu le camp avec son amant. Cela simplifierait sans le moindre doute pas mal de choses. Mais si elle n'était pas partie? Si elle avait décidé de rester là pour continuer à tenter sa chance comme baronne? C'était une possibilité. Il se demandait se qu'il pourrait bien faire alors à ce moment là.

Il pouvait la garder à ses côtés. Mais il ne savait pas s'il devait vraiment le faire. Est-ce qu'il pouvait encore lui faire confiance? Au vu de se à quoi il avait assisté, il se demandait s'il le pouvait vraiment. Et s'il ne pouvait pas lui faire confiance pour lui rester fidèle, est-ce qu'il pouvait faire d'elle la baronne de Missède? La question se posait. Après bien entendu, il avait conservé à son côté Agniezka. Une perte de temps. Cette putain n'était pas faite pour assumer un tel rôle. Ni s'occuper d'autre chose que de sa petite personne et de son confort personnel et égoïste. La garder avait été une terrible perte de temps. D'un autre côté, Kahtleen n'était pas Agniezka. Elle avait fait de lui son premier amant et en fin de compte, sa réaction n'était lié qu'à des rumeurs et à un baiser.

Il avait pardonné bien plus à Agniezka. Oui, beaucoup plus. Peut-être que Kathleen méritait au moins une chance de s'expliquer.

Mais de cela, il n'était même pas certain. Elle savait pourtant. Elle savait que cela lui ferait du mal. Et pourtant, elle l'avait fait. Qu'elle ne l'aime pas, cela Viktor l'aurait toléré. Après tout, c'était un mariage arrangé tout de même. Alors l'amour dans tout ça... il aurait comprit et accepté si elle avait décidé de ne pas l'aimer, voir même de le détester.

Mais qu'elle lui mente de la sorte, ça il ne pouvait pas l'accepter.

- Viktor…. Je…Je t’en supplie….Ce….ce n’est pas du tout ce que tu sembles croire…Laisse moi t’expliquer au moins….

Le jeune baron sursauta en entendant Kathleen dans son dos. Il ne l'avait pas un seul instant entendu approcher. Qu'à cela ne tienne. Il lui fit face. C'était encore ce déplaisant mélange de peine et de colère qu'on pouvait lire sur son visage. Il ne savait pas se qu'il devait faire. La laisser parler? Pour qu'elle lui débite un nouveau mensonge? Pour quoi faire? À quoi cela pourrait-il bien servir?

Non. Il n'avait pas envie de l'écouter. Tout se qu'il voulait, c'était qu'elle s'en aille. Qu'elle le laisse tranquille. Elle avait déjà fait assez de mal comme cela. Il était tout à fait inutile et superflus d'en rajouter.

« Expliquer? Mais expliquer quoi? Je ne vois rien à expliquer moi. Si se n'est comment toi et ton cher amant, ce... Dimitri, vous vous êtes moqué de moi. Ou alors pour me raconter un autre mensonge peut-être non? Je serais presque curieux de savoir comment tu expliquerais ça. »

Les poings serré de Viktor étaient en train de trembler. Il était fou de rage et de chagrin. Il avait cru en elle, lui avait fait confiance mais elle l'avait trahit.

« En fait, je ne sais même pas pourquoi cela me surprend. Après tout, tu n'es pas la première à me faire un coup pareil. Et puis, une jeune femme aussi belle que toi et quelqu'un... comme moi... »

Est-ce que c'était parce qu'il s'en voulait de se qu'il venait de dire, parce qu'il ne supportait pas de voir la marque rouge sur la joue de la jeune femme ou les traces de ses larmes? Ou parce qu'il ne voulait plus la voir?

« Sort d'ici. Laisse moi seul. »

Est-ce qu'il était sur de se qu'il faisait? N'importe qui pourrait répondre que non. Sa voix était faible et sans conviction. Il n'était pas certain de vouloir qu'elle parte. Mais se qu'il souhaitait en revanche, c'était qu'elle ne tente pas de se justifier. Des excuses, il en avait eu largement assez avec Agniezka. Mais un geste, c'était tout autre chose.

Viktor alla s'assoir dans un coin de la chambre sans regarder Kathleen. Est-ce qu'elle allait rester ou partir. Difficile de dire se que souhaitait vraiment le jeune homme.

Les premiers mots que Kathleen avait prononcés résonnaient encore dans sa tête. Il fallait qu’elle continue, qu’elle ne laisse pas le temps à Viktor de l’interrompre, de la faire partir à grands cris. Elle ne pourrait le supporter. Pourtant, alors qu’elle aurait du continuer, dire ce qu’elle avait sur le cœur, sa gorge se serra et sa bouche restait entrouverte ne laissa échapper aucun son. Il venait de se tourner vers elle, et son regard froid la terrifia. Elle n’aurait jamais cru voir une telle haine sur le visage de son fiancé….encore moins une haine qui lui était clairement adressée. Elle fit même un pas en arrière lorsqu’il lui cracha au visage sa colère.
Ses yeux se remplirent à nouveau de larmes, et elle faillit faire demi-tour pour s’enfuir loin de lui, mais les mots s’étaient gravés dans son esprit. Amant ? Mais de quoi pouvait-il parler ? Dimitri n’avait jamais été son amant, bien loin de là même. Certes elle pouvait comprendre que Viktor ait pu croire qu’elle fricotait avec quelqu’un sous un arbre, mais tous ces mots, toute cette méchanceté qu’il lui adressait, était injuste. Elle ne méritait pas d’être ainsi traité et considérée après tout ce qu’elle avait vécu avec lui. Il ne pouvait pas réellement la croire capable de le tromper si stupidement et de façon si voyante. La croyait-il aussi stupide ?

Aurait-elle eut le désir de se trouver un amant, elle s’en serait tout de même mieux cachée. C’était bien trop gros pour paraître vrai. Et puis elle l’aimait…combien de fois le lui avait-elle dit ? Pensait-il qu’elle n’avait aucune parole ? Et croyait-il sincèrement qu’elle ressemblait à son ancienne fiancée Agniezka ?
Ses mots lui avaient fait énormément de mal, plus tôt dans le jardin. Il voulait qu’elle parte. Et bien non. Il fallait qu’elle lui dise la vérité, qu’elle essaie au moins de lui ouvrir les yeux avant de le laisser pour qu’il décide de la suite. Elle ne pouvait pas imaginer qu’il décide de son avenir en se basant sur des faits complètement erronés.
Elle le regarda détourner le regard et partir s’asseoir dans un coin de la chambre. Elle eut alors envie de se serrer contre lui. Il souffrait autant qu’elle et pour une chose totalement stupide, un quiproquo, une idiotie.
Kathleen fit quelques pas vers lui pour lui faire face. Elle tremblait toujours mais cette fois elle serra les poings et prit une grande inspiration.

- Tu es injuste …. et stupide.

Fronçant les sourcils, Kathleen laissa sa propre colère l’envahir. Il l’avait presque traité de catin devant une servante qui se ferait un plaisir d’ébruiter l’affaire. Il l’avait humilié et frappé. Elle venait lui expliquer qu’il s’était trompée, lui dire qu’il n’avait pas du tout assisté à une scène de trahison mais qu’il l’avait sauvé d’un enlèvement et sûrement, plus dramatiquement, d’un viol. Et voilà qu’il lui crachait son venin, qu’il voulait lui faire encore plus mal.

- Crois-tu sérieusement que je suis assez stupide pour prendre un amant sous ton nez ? Je t’aime… Et puis….et puis c’est Dimitri…. je ne pourrais jamais….enfin…

Non, ne pas bafouiller sinon il allait à nouveau l’interrompre. Profonde inspiration.

- C’était comme un frère pour moi. J’ai grandi avec lui, c’était mon ami, pas mon amant. J’étais venue pour t’expliquer, te dire ce qui s’est vraiment passée…. Mais me faire traiter de catin par le seul homme que j’aime….c’est insupportable.

Kathleen s’arrêta, sentant qu’il lui fallait quelques minutes pour se reprendre sans quoi elle allait fondre en larmes. Respirer. Ne pas le regarder dans les yeux. Garder le regard rivé sur le tapis. Ne pas prendre trop de temps pour éviter qu’il ne lui coupe la parole et qu’il la renvoie à grand cri.

- Tout à l’heure j’ai eu la plus grosse frayeur de ma vie, il m’a fait mal et j’ai prié pour que tu arrives… Tu m’as giflé…

Ces derniers mots elle les prononça dans un murmure à peine audible. Sa main était remontée jusqu’à sa joue pour toucher sa peau encore douloureuse. Il n’y était pas allé de main morte et ce geste elle ne l’oublierait probablement jamais, il lui avait montré un tout autre visage, plus effrayant.

- Si tu veux que je m’en aille, je m’en irai. Mais tu ne peux pas dire que je suis comme Elle….je ne l’ai jamais été. A toi, je t’ai tout donné….à toi seul

Les larmes se remirent à couler sur ses joues tandis qu’elle se détournait pour ne pas avoir à lever les yeux vers lui. S’il lui disait à nouveau de sortir. Elle le ferait, cela ne servait à rien de parler à un mur insensible

Kathleen était sur le point de pleurer. Mais... caché derrière toute sa rage, Viktor sentait aussi ses yeux commencer à le piquer. Il avait tout donné à Kathleen. Tout se qu'il pouvait lui rester de confiance et d'amour avait été pour elle. Mais elle l'avait trahit. Il en avait eu la preuve sous les yeux. Elle était allé retrouver son cher et tendre amant. Ce Dimitri que de toute évidence elle aimait tant. Il les avaient vu s'embrasser sous cet arbre. Une image valait mieux que milles mots et celle là était profondément gravé dans sa tête. Une seconde trahison. Plus cuisante encore que la première. Non par l'ampleur de la faute. Mais plutôt à cause de tout se qu'il avait partagé avec Kathleen. Se qu'elle lui avait offert qui rendait cela plus étrange et douloureux encore. Se qu'ils s'étaient dit les quelques fois où ils avaient parlé de leur avenir commun. Et puis, il y avait la chose qui lui faisait le plus mal sans doute. Cette fois, il ne s'était pas contenté de n'être que la victime de la trahison de sa fiancée. Cette fois, il en avait été le témoin.

C'était sans doute cela qui était le pire. S'il ne s'était agit que de simples ragots, il aurait bien put fermer les yeux et penser que se n'était rien d'autre que cela, des rumeurs. Mais là, il avait vu Dimitri et elles lèvre contre lèvre, tranquillement enlacé sous un arbre. Que devait-il en déduire? Hein? C'est sur qu'il devait avoir eu de grande difficulté à l'approcher, à la coincer dans l'un des plus beaux endroits de tout le jardin, de la plaquer contre un arbre, puis de l'embrasser avec passion sans qu'elle ne fasse rien pour se défendre. Parce qu'on avait beau dire. Quant le jeune baron était arrivé, Kathleen n'avait pas vraiment l'air de trouver le contact des lèvres de Dimitri des plus désagréables.

Il ne savait pas vraiment se qu'il voulait. Même après qu'il ait tant réfléchis à cela. Est-ce qu'il souhaitait qu'elle reste ou qu'elle parte? C'était assez difficile à dire. Non. Se n'était pas difficile. C'était simple. Abominable de simplicité même. Alors pourquoi est-ce qu'il n'arrivait pas à le dire comme cela? Pourquoi est-ce qu'il ne parvenait pas à lui dire de rester pour qu'il puisse la serrer dans ses bras? Peut-être que c'était la gifle. Elle devait lui en vouloir pour cela. Ne pas être contente. Oui. Elle devait lui en vouloir terriblement de l'avoir giflé ainsi. Et pour tout dire, il devait bien avouer qu'elle avait assez raison. Il n'aurait pas dut se laisser emporter de la sorte. Il n'aurait pas dut la frapper. Il voulait la prendre dans ses bras, mais n'était plus certain d'en mériter le droit.

- Tu es injuste …. et stupide.

Le pire était sans doute qu'elle avait raison. Mais il fallait rajouter jaloux et amoureux à la liste des qualités que Viktor. Et se n'était là que les principales bien entendu. Elle allait lui en vouloir. Des mots qu'il avait prononcé, comme de cette gifle qu'il lui avait mise.

Et elle aurait raison.

- Crois-tu sérieusement que je suis assez stupide pour prendre un amant sous ton nez ? Je t’aime… Et puis….et puis c’est Dimitri…. je ne pourrais jamais….enfin….

Et la voilà qui bafouillait. Elle n'était apparemment pas non plus vraiment très à l'aise sur le sujet de ce jeune homme. Et il y avait de quoi. Il l'avait tout de même demandé en mariage et voilà qu'il s'était permis de l'embrasser avec une bonne part de la noblesse dans la pièce d'à côté. Il fallait être sacrément culotté pour faire une chose pareille. Sacrément culotté ou complètement fou. C'était encore à déterminer. Si Viktor ne s'était pas emporté ou si un autre Missédien avait mis la main sur Dimitri, il n'y aurait guère eu de choix. Étant sur les terre du baron d'Ysari, Viktor aurait demandé à se que le jeune homme soit confié à sa justice. Difficile d'imaginer un refus de la part du baron. Et sitôt arrivé à Missède, on aurait exécuté la sentence: le pal. Aussi barbare et archaïque soit cette méthode, elle remontait aux premières heures de la baronnie. Alors que les grandes châtellenies se livrait une guerre sanglante et sans merci. De nos jour, il n'y avait guère d'empalage et la majorité de la noblesse du royaume considérait sans doute les Missédiens comme mous et efféminé avec leurs vêtements longs. Mais les pals n'en demeuraient pas moins une réalité toujours présente. Une sentence extrême qu'on appliquait que dans certains cas... un cas comme celui-ci.

Si cela avait été quelqu'un d'autre, Dimitri aurait sans doute fini à l'air libre, dévoré par les corbeaux jusqu'à se que son corps ne se soit intégralement décomposé. Se n'était pas réjouissant ni très engageant. Mais c'était là une simple énonciation d'un fait.

- C’était comme un frère pour moi. J’ai grandi avec lui, c’était mon ami, pas mon amant. J’étais venue pour t’expliquer, te dire ce qui s’est vraiment passée…. Mais me faire traiter de catin par le seul homme que j’aime….c’est insupportable.

Sans doute étaient-ils deux fou alors. C'était la seule et unique explication logique ou à peu de choses prêt vraisemblable qu'il parvenait à penser. Elle l'aimait, il l'aimait, mais tout deux n'arrivaient pas à communiquer lorsqu'il le fallait vraiment. Et tout deux retenaient leurs sentimentale et se qu'ils désiraient faire. Kathleen avait envie de pleurer, lui, de la prendre dans ses bras.

- Tout à l’heure j’ai eu la plus grosse frayeur de ma vie, il m’a fait mal et j’ai prié pour que tu arrives… Tu m’as giflé…

Oui, il l'avait giflé. Ensuite, il lui avait dit des mots pour la blesser. Inutile de prétendre un seul instant le contraire, c'était tout à fait se qui s'était passé. Rien de moins, rien de plus. Il l'avait frappé une fois et avait dut prendre largement sur lui pour ne pas la frapper une seconde fois. Il lui avait dit des paroles méchantes. Pour la blesser. Pour lui faire mal. Des paroles qu'il regrettait aujourd'hui amèrement. Mais qu'il était trop tard pour effacer. Même si au fond il ne les pensaient pas.

- Si tu veux que je m’en aille, je m’en irai. Mais tu ne peux pas dire que je suis comme Elle….je ne l’ai jamais été. A toi, je t’ai tout donné….à toi seul.

Kathleen s'était remise à pleurer. Que devait-il faire? La consoler? La prendre dans ses bras? Oui. Sans doute. Mais il n'était pas certain d'en avoir le droit. De mériter encore toute l'affection et tout l'amour qu'elle pouvait lui porter. Elle lui avait offert de reconstituer son cœur brisée alors qu'il n'en possédait que des miettes et qu'il n'attendait en fin de compte rien d'autre d'elle que de jolis enfants. Elle lui avait offert son cœur. Avec tout se que cela pouvait bien impliquer... et voilà. Pour tout se qu'elle avait fait pour lui. Tout se qu'elle avait put lui donner. Voilà comment il la remerciait. Comment il lui prouvait sa confiance et son amour. Une gifle et les pires paroles qu'il pouvait lui dire.

Viktor se releva pour faire face à la jeune femme. Doucement, il tendit la main pour caresser la joue qu'il avait meurtrie.

« Je suis un imbécile doublé d'un idiot et d'un aveugle possessif, dit-il. »

Sa main se posa sur la joue de Kathleen.

« Pourras-tu jamais me pardonner? »

Viktor soupira avant de conclure.

« Pourrais-je jamais mériter à nouveau de te prendre dans mes bras? »

Il s’était levé et elle avait reculé. Comme dans une danse dont elle aurait connu les pas parfaitement. Comme si elle craignait à nouveau qu’il ne la gifle. Kathleen gardait encore en mémoire cette image, ses yeux noirs remplis de colère, ses mots plus brutaux que son geste….Certes il avait agit sous le coup de l’émotion qui l’avait assaillit à ce moment. Il s’était cru trompé, une nouvelle fois, mais cela n’empêchait pas qu’elle n’aurait jamais cru possible qu’il lève la main sur elle. Près de lui elle s’était toujours sentie en sécurité, protégée de tout et de tous. Pourtant il l’avait envoyé par terre d’une seule gifle…
Gardant les yeux détournés pour ne pas croiser son regard, Kathleen étouffa un sanglot. Elle ne pouvait retenir ses larmes mais elle avait encore assez de fierté pour ne pas se laisser aller à ses pleurs. Son meilleur ami avait trahit sa confiance en s’imaginant pouvoir réclamer et prendre ce qu’elle refusait de lui donner et son fiancé, pour qui elle éprouvait un amour sincère et profond s’était révélé dans un moment de violence.

Pourtant, malgré ce noir portrait qu’elle ne pouvait s’empêcher de dépeindre, elle n’avait qu’une envie lorsqu’il s’approcha d’elle. Se blottir dans ses bras et tout oublier. Elle l’aurait fait….sûrement… mais là gifle lui cuisait encore la joue. Elle resta immobile, le dos droit mais la tête basse. Elle était incapable de bouger, de s’enfuir. Il leva la main, et c’est seulement la lenteur de son geste qui la convainc qu’il n’allait pas frapper à nouveau. Pourtant elle ferma les yeux et serra les paupières jusqu’à ce qu’elle sente ses doigts caresser son visage.
Les premiers mots qu’il prononça firent redoubler ses larmes. Entendre sa voix la faisait frissonner, mais elle s’obstinait à garder les yeux clos. Il caressait sa joue à l’endroit même ou il avait frappé un peu plus tôt et ce fut trop pour elle. Elle éclata en sanglot et se détourna vivement.

Elle éprouvait trop de sentiment contradictoire. De la déception et de la compréhension, de la tristesse et de l’amour…et bien d’autres choses encore. Il ne se croyait plus digne de la prendre dans ses bras et à cela elle ignorait quoi répondre. Elle lui en voulait d’avoir été si injuste et violent. Elle s’était toujours promis d’être maitresse de sa vie, d’être toujours forte et de prendre la vie par le bon côté. Sourire tout le long de sa vie, bannir les pleurs et les peurs. Etre heureuse. Pourtant depuis qu’elle connaissait Viktor, elle avait déjà pleuré trop souvent.
Elle se retint de lui répondre par des mots blessants, car s’il ne méritait pas forcément de la prendre dans ses bras, il en avait le droit étant son fiancé. Elle aurait pu lui cracher au visage qu’il n’avait qu’à la forcer une nouvelle fois, que l’avoir giflée une fois ne l’empêcherait pas de recommencer.

Mais au lieu de dire quoi que ce soit, elle s’approcha du lit et s’y laissa tomber. Assise sur le rebord, elle gardait là tête tournée tandis qu’elle passait ses longs cheveux d’or sur son épaule. Ses doigts s’emmêlèrent dans ses boucles, comme chaque fois qu’elle réfléchissait silencieusement. A quoi aurait servit de le blesser à son tour ? Elle n’était pas ce genre de fille à rendre œil pour œil, dent pour dent. Non, elle devait d’abord attendre que ses pleurs s’arrêtent pour être sûre de pouvoir aligner deux pensées cohérentes.

- Je….je ne comprends pas.

Kathleen prit une grande inspiration mais garda les yeux baissés. Visiblement elle avait peur de céder à ses pulsions si elle croisait les yeux onyx de son fiancé. Elle ne rêvait que de la chaleur de ses bras, comme un peu plus tôt lorsqu’elle somnolait sur le banc, sous l’arbre. Quelle erreur d’être ainsi sortit sans se faire accompagner…

- Je ne comprends pas… qu’ai-je fais….. pour que tu doutes de moi ? Je…. Je croyais que …. Que tu m’aimais…. Si tu as besoin de savoir…. Je te raconterai tout sur Dimitri…. Si tu veux encore de moi….je te dirais tout ce que tu veux…. Mais je te jure…. Que jamais je n’ai imaginé te tromper….

Mais il l’avait giflé et cela, malgré sa toute petite expérience en matière de cœur, Kathleen était persuadée que c’était loin d’être une preuve d’amour.

Kathleen éclata en sanglot au moment où Viktor caressa sa joue meurtrie par la gifle qu'il lui avait donné un petit peu plus tôt. Il ne savait trop que faire. Il était fautif sur toute la ligne. Cela ne faisait pas le moindre doute. Loin de là. Si elle pleurait, c'était à cause de lui. Cela ne faisait aucun doute. Il était la seule et unique personne capable de la faire pleurer.

Et là, elle avait plus de raison que n'importe qui à le faire.

La jeune femme s'était détournée de lui pour aller s'asseoir sur le lit. Se laisser tomber dessus aurait été plus juste étant donné se qu'elle fit. Mais d'un autre côté encore, il comprenait. Il regrettait les paroles qu'il lui avait dite. Pourtant, certaines n'avaient pas quelques heures. Il s'était encore montré particulièrement injuste et blessant. Il n'avait pas chercher à comprendre quoi que se soit. Il avait seulement voulut qu'elle souffre. Rien de plus et rien de moins. Qu'elle souffre autant qu'il avait put souffert en la voyant ainsi avec Dimitri. Alors qu'il goutait ses lèvres. Non. Il n'avait rien voulut d'autre que la vengeance. Se venger d'elle. Il avait crut qu'elle l'avait trahit.

Comme Agniezka l'avait trahit.

Il n'avait pas réfléchis un instant avant de la frapper. Cela pouvait être comprit. Cela oui. Qu'il soit en colère. Qu'il soit fout de rage et de jalousie. Mais qu'il ait levé la main sur elle... et les mot qu'il avait dit quant elle était venue pour tenter de lui expliquer... cela en revanche, il était difficile de se le pardonner. Se n'était pas excusable. Il n'avait pas à lui avoir craché son venin au visage ainsi. Et si à chaud, au moment où il l'avait surprise, c'était compréhensible qu'il l'ai fait... après toutes les heures qui s'étaient écoulées. Quant elle était venue pour lui expliquer ce mal entendu, il aurait dut avoir le temps de réfléchir et de se rendre compte qu'il avait commis une erreur.

Assise sur le rebord du lit, Kathleen tournait toujours la tête pour ne pas le regarder alors qu'elle faisait passer ses longs cheveux blonds sur son épaule. Emmêlant ses doigts fins dans les boucles d'or.

- Je….je ne comprends pas.

La jeune femme gardait les yeux baissés, n'osant pas vraiment dire quoi que se soit. Elle ne devait pas savoir quoi dire ou quoi faire. Normal. Il n'y avait rien à comprendre. Alors qu'elle ne parvienne pas à le faire n'était pas particulièrement une surprise.

- Je ne comprends pas… qu’ai-je fais….. pour que tu doutes de moi ? Je…. Je croyais que …. Que tu m’aimais…. Si tu as besoin de savoir…. Je te raconterai tout sur Dimitri…. Si tu veux encore de moi….je te dirais tout ce que tu veux…. Mais je te jure…. Que jamais je n’ai imaginé te tromper….

Viktor baissa la tête et alla lui aussi s'asseoir sur le lit. Ils restèrent un moment tout les deux là, sans rien dire. Puis, il prit la parole.

« Il n'y a rien à comprendre. Hormis que je suis un idiot. »

Viktor baissa la tête, restant assis sur le lit, un peu raide.

« Je n'ai pas réfléchis un seul instant... quant je vous ai vu... quant je vous ai vu... tout se que j'ai vu, c'était ma fiancée... dans les bras d'un autre homme... un homme en train de l'embrasser. »

Il y eu un nouveau moment de silence.

« Je n'ai pas réfléchis... tout se que j'ai vu c'était ça et rien d'autre. Je n'ai pas pensé aux moment ensemble... à rien. J'étais juste envahis par la colère... je me suis sentit à nouveau trahit. »

Il ne savait pas quoi faire maintenant. Ses mots paraissaient si peu de chose comparé à se qu'il lui avait fait. C'était tout à fait dérisoire.

« Je te demande pardon. Tu ne méritais ni cette gifle, ni aucun des mots que j'ai dit. Si tu peux pardonner à cet idiot jaloux et amoureux qui te sert de fiancé. »

La scène s’était un instant figée. Plus rien ne bougeait, elle ne respirait plus, il n’y avait plus un bruit. Un moment de paix, de silence et de calme. Elle entendit son cœur battre trop vite, elle entendit les ronronnements d’un chat caché dans les couvertures, et la respiration de Viktor. Assit près d’elle, il ne disait mot. Il fixait le sol comme elle, sans cherchait à faire un geste vers elle. C’était peut mieux ainsi, elle n’avait pas à craindre ses propres réactions. S’il avait tenté de la prendre dans ses bras, elle se serait sûrement dégagée, elle aurait même peut-être quittée la chambre en courant. Ainsi séparée de quelques pas, elle pouvait se calmer. Elle pouvait essayer de réfléchir, de trouver une solution. Il fallait qu’elle bouge, qu’elle dise quelque chose, pas qu’elle se taire dans ce silence douloureux. Elle se rendait compte que cela pouvait également faire souffrir Viktor et ça lui était insupportable. Alors qu’elle se tournait pour enfin dire un mot, ce fut Viktor qui rompit le silence.

Kathleen laissa son regard glisser jusqu’à lui, elle détailla son visage comme si c’était la première fois qu’elle le voyait. Elle l’écouta, chaque mot venant la frapper un peu plus. Elle ne pouvait pas faire comme si cela ne la touchait pas, il s’en voulait et il était loin de lui mentir lorsqu’il se répandait en excuses. Après tout, pouvait-elle le blâmer d’avoir réagit ainsi ? Elle aurait sûrement eut la même réaction si elle l’avait surpris dans les bras d’une autre…
Non.
Non en fait elle n’aurait jamais eut la même réaction. Elle aurait pleuré, elle se serait murée dans le silence, s’il s’était avéré qu’il l’avait trahit par amour pour une autre… elle aurait également pu en mourir. Mais c’était peut-être les élans d’un jeune cœur encore ignorant des peines et des tourments que peut causer l’amour.
Ce fut lorsqu’il lui demanda pardon qu’elle sentit que tout pouvait redevenir normal. L’orage était passé, il suffisait de faire comme elle avait toujours fait. Retrouver son sourire et sa bonne humeur. Oublier les mauvais moments et apprécier les bons. Ils n’étaient pas encore mariés, et ce n’était franchement le moment de s’attarder sur les mauvais, alors autant faire fi de tout et retrouver ce qui lui avait tant manqué depuis qu’ils étaient arrivés à Sinlieh. Un peu d’intimité.

Ils étaient tellement absorbés par ce qui s’était passé qu’ils n’avaient même pas remarqué que c’était la première fois depuis près d’une semaine qu’ils se retrouvaient complètement seuls. Sans personne pour épier leurs gestes. Séchant ses larmes du revers de sa main gauche, Kathleen posa la droite sur celle de Viktor. Elle s’était légèrement penchée pour arriver à le toucher, malgré ses yeux rougis par les larmes elle sentit sa petite étincelle de joie se rallumer en elle et pour la première fois depuis le début de l’après midi, elle retrouva son sourire. D’abord timide et tremblant mais au fil des secondes il se fit plus assurer, plus confiant et plus éclatant.

- Je te demande également pardon. Je peux comprendre …. Je t’aime Viktor, et par Arcam, cessons de nous torturer. Ne vois-tu pas ?

Sa question resta un moment en suspend, pour laisser le temps à Viktor de voir ce qu’elle voulait lui montrer. Mais il n’y avait rien à voir et c’était justement cela qui la faisait sourire. Kathleen se leva, fit quelques pas en tournant le dos à Viktor pour finir de sécher ses joues et ses yeux avant de se tourner à nouveau vers lui. Il semblait éteint, comme elle quelques minutes plus tôt, mais maintenant qu’elle savait que tout irait mieux, elle ne pouvait s’empêcher de sourire.

- Regarde….

Kathleen regarda d’un côté de la chambre, de l’autre, on aurait presque pu la croire folle, surtout lorsqu’elle se mit en tourner sur elle-même en riant amusée. Elle avait espéré ce moment depuis des jours, et ils avaient faillit le gâcher avec des cris et des pleurs. Elle se refusait à se faire du mal pour rien. Il l’avait giflé…oui c’était un fait et elle ne l’oublierait sûrement jamais, mais n’avait-il pas des circonstances atténuantes ? Ce n’était pas une raison, elle le savait bien, mais elle avait décidé de s’en ficher.

- Il n’y a personne, déclara-t-elle en continuant de tourner et de rire, que toi et moi !

Lorsqu’elle s’immobilisa, légèrement essoufflée, elle se laissa tomber par terre, devant son fiancé. Elle posa ses mains sur les genoux de Viktor et leva les yeux vers lui et tendit sa main pour la poser sur sa joue. Il était si beau à ses yeux qu’elle ne pouvait le laisser penser une seconde de plus qu’il n’était pas digne d’elle comme il l’avait sous-entendu un peu plus tôt.

- Tout chez toi me plait, mon amour. Je ne pourrais jamais me lasser de tes yeux…. De ton nez….de tes joues…..de ton menton….de tes lèvres…

Kathleen se redressa légèrement jusqu’à pouvoir poser ses lèvres contre celles de Viktor pour conclure sa phrase.

D'un geste, Kathleen séchait ses larmes. Viktor n'osait pas vraiment la regarder, ne sachant pas vraiment se que cela pouvait bien signifier. Certes, elle pouvait décider de lui pardonner. De tout recommencer avec lui. C'était se qu'il souhaitait par dessus tout. Mais il n'était pas certain que c'était se qu'elle accepterait de faire. Après tout, elle pouvait ne pas avoir du tout envie de lui pardonner. C'était simple. Elle pouvait rester à ses côtés, profiter du titre et des avantages qu'il pouvait y avoir à être baronne de Missède. Et puis, lui pondre un ou deux enfants histoire de faire dans les convenances. Ensuite, se ne serait entre eux qu'une morne tolérance mutuelle. Après tout, le père et la mère de Viktor avaient bien fonctionné ainsi pendant tout le temps qu'avait duré leur mariage.

Doucement, Kathleen posa sa main sur la sienne. C'était bon signe non? Il pouvait peut-être bien espérer que tout allait bien se passer? Non? Il se tourna dans sa direction, scrutant sur son visage un indice sur se qui allait l'aiguiller sur la suite. Quelque chose, un indice, n'importe quoi. Alors que les yeux de la jeune femme était encore rougis de larmes, petit à petit un sourire commença à se dessiner sur ses lèvres. Un sourire timide mais qui gagna rapidement en assurance et en éclat.

- Je te demande également pardon. Je peux comprendre …. Je t’aime Viktor, et par Arcam, cessons de nous torturer. Ne vois-tu pas ?

Le jeune homme sourit à son tour. En revanche, la question qu'elle laissait en suspend le surprenait. Voir? Mais voir quoi? Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir à voir qui presse tant que cela? Il ne voyait rien de particulier. Voir même rien du tout. Ils étaient juste dans la chambre du château qui lui avait été attribué. Edelweiss ronronnait sous les couvertures du lit... mais non, il n'y avait rien à voir. Kathleen quitta le lit et se lança dans un bien étrange ballait. Elle avait toujours le sourire à aller et venir dans la pièce. Viktor lui était plus éteint et n'était pas certain de comprendre se qu'elle souhaitait faire.

- Regarde….

Mais où voulait-elle en venir? Il n'y avait toujours personne dans cette pièce. Et pas plus de choses à voir que pendant leur dispute quelques instants plus tôt. Elle et mit à tourner sur elle même tout en riant. Ça y est. Elle avait craqué. Ses nerfs avaient lâché et elle était devenue complètement folle et irrémédiablement folle.

- Il n’y a personne, déclara-t-elle, que toi et moi !

Ah d'accord. Il comprenait enfin se qu'elle tentait de lui dire depuis le début et qu'elle voulait lui faire comprendre. Ils avaient un moment d'intimité. Un petit moment à eux, se à quoi ils n'avaient plus eu le droit depuis leur arrivée au château des Rosemont. Finalement, elle s'arrêta de tourner et se laissa tranquillement tomber par terre devant lui. La jeune femme posa ses mains sur les genoux de Viktor et leva les yeux vers lui. Le jeune homme vit la main de sa fiancer se tendre doucement vers son visage et se poser, tout en délicatesse contre sa joue. Si Viktor avait été un chat, il se serait doucement frotté contre la main en ronronnant. Mais même sans être un chat, il en avait envie. Il faut dire qu'avec les ronronnements d'Edelweiss se prélassant dans les couvertures en fond sonore, cela pouvait aguiller.

- Tout chez toi me plait, mon amour. Je ne pourrais jamais me lasser de tes yeux…. De ton nez….de tes joues…..de ton menton….de tes lèvres…

Doucement, Kathleen se redressa et déposa les lèvres sur celles du jeune homme comme une conclusion de sa phrase. Une très agréable conclusion d'ailleurs.

Le jeune baron l'attira tout contre lui. Il avait envie d'oublier tout se qui s'était passé plus tôt et de se perdre complètement dans les grands yeux bleu de Kathleen. Doucement, il serra ses bras autour de la taille de la jeune femme comme pour lui interdire de partir. D'un autre côté, il doutait qu'elle ait envie de le laisser là maintenant.

Avec un sourire, Viktor alla déposer un baiser sur le bout de son nez tout en jouant avec ses boucles d'or.

« Tu es un petit ange, murmura-t-il avant de l'embrasser à nouveau. »

Bien que Viktor paraisse encore un poil tendu, Kathleen avait l’impression qu’un énorme poids venait de quitter ses épaules. Elle n’aurait pu supporter de se fâcher avec Viktor….ce qui n’annonçait rien de bon pour la suite ! Si elle était incapable de lui tenir tête dès qu’il élevait la voix…. Ah non ! Elle garderait son caractère bien à elle. Elle ferait ce qu’elle voudrait (dans la limite du raisonnable, comme toujours !) et elle se montrerait aussi franche et directe que maintenant. Hors de question de s’écraser et de courber la tête. Surtout quand elle n’était pas en faute. Son père n’avait pas réussit à la brider, et ce n’était sûrement pas un époux qui y parviendrait. Bien que le sourire craquant de Viktor la fasse déjà à moitié céder !
Pour l’heure cette réconciliation lui convenait parfaitement et elle ce n’était franchement pas le moment de se montrer bornée et têtue en remuant le couteau dans la plaie !

Kathleen préférait largement profiter de la chaleur réconfortante des bras de son fiancé. Elle aimait toujours quand il passait ses bras autour d’elle. D’ailleurs c’était ce qui lui avait le plus manquait depuis qu’ils étaient arrivés à Sinlieh. Les baisers, les caresses… elle pouvait supporter de ne pas en avoir, mais d’être dans ses bras, de lui tenir la main… ces simples gestes là, ils étaient devenus si naturels, que se retenir était une vraie torture.
Enfin Viktor lui adressa un vrai sourire et Kathleen sentit son cœur battre plus fort. Un baiser sur le bout de son nez lui confirma qu’il ne lui en voulait pas…. Ou pas trop !

- Un ange ?

Répéta-t-elle amusée,

tu dis cela parce que nous ne sommes pas encore mariés ! Mon père a l’habitude de m’appeler son petit diable !

Pauvre William ! Elle lui en avait fait voir tous les jours. Mais en même temps, si le vieux seigneur de la Roseraie ne l’avait pas fait couler sous un nombre incalculable de leçons en tout genre, elle n’aurait jamais eu envie de s’échapper ! Quitter Roseraie au grand galop toute une après midi pour revenir les cheveux emmêlés, parsemés de feuilles et d’herbe. Elle ne pouvait penser à ses escapes sans se rappeler qu’elle partait toujours accompagné de Dimitri. Ce souvenir, là fit frissonner. Elle l’avait considérer comme son frère, il remplaçait les longues absences de Grégoire… jamais elle n’aurait cru…. Ni même imaginer que….

Retrouvant le sourire en croisant le regard de Viktor, Kathleen se força à oublier le jeune homme. Il avait perdu sa confiance, elle ne devait plus rien regretter, pas après ce qu’il avait fait un peu plus tôt dans la soirée.

- Mais pour toi je serais vraiment un tout petit diable,

promit-elle en se penchant pour l’embrasser à son tour,

mais je ne te promets pas de m’assagir totalement !

Kathleen se redressa et s’installa sur le lit près de Viktor. Ils avaient la soirée pour eux. Le repas devait toucher à sa fin et personne n’avait vu Kathleen quitter sa chambre. Elle avait demandé à ce qu’on ne la dérange pas, aussi, elle était certaine que personne ne passerait la voir avant le lendemain matin. Elle pouvait donc rester avec son fiancé. Du moins si celui-ci le lui permettait. Ils n’avaient eut que rarement l’occasion de se retrouver pour parler de choses et d’autres. C’était l’occasion idéale ! Tant pour faire connaissance que pour parler de choses sérieuses. D’ailleurs, elle avait bien quelque chose à lui demander, une toute petite chose… qui la tracassait tout de même énormément…

Comme chaque fois qu’elle entamait une conversation avec son grand frère, le soir dans leur chambre, Kathleen se laissa tomber en arrière , couchée sur le lit elle regardait le plafond. Ses cheveux l’auréolait et lui faisait un oreiller relativement confortable.

- Viktor… tu sais, depuis que je suis à Missède je fais beaucoup d’effort. Je reste des heures avec des femmes dont j’essaie de me rappeler les titres de noblesse, je mange avec elles, je brode avec elle, je me promène avec elle, je suis même à peu près capable de te dire le prénom de chacun de leurs enfants… Les conversations avec ta mère sont….courtoises mais…. Mais j’ai beau faire des efforts…je crois que Cassiopée ne m’aime pas beaucoup…. Et je n’en comprends pas la raison.

Ah ça pour faire des efforts, elle en faisait. Depuis son arrivée à Missède, elle n’avait pu qu’une seule fois faire une promenade à cheval, alors qu’à la Roseraie, ses sorties étaient quotidiennes. Elle détestait la broderie, et pourtant elle pouvait passer des heures à agiter son aiguille….et écouter les blablabla des dames de la cour était d’un ennui…. Pourtant elle ne se plaignait jamais et elle faisait bonne figure… Mais tous les efforts qu’elle pouvait faire étaient vain devant le bloc de glace qu’était la demie sœur du Baron....

- Un ange ? Tu dis cela parce que nous ne sommes pas encore mariés ! Mon père a l’habitude de m’appeler son petit diable !

Diantre. Les diables étaient donc fichtrement malins et doué en infiltration. Qui aurait put imaginer un diable caché sous l'angelique visage comment deviner un petit démon sous ces grands yeux turquoises, cette magnifique et si attirante cascade d'or qui lui tenait lieu de cheveux, ce rire si cristallin, cette voix si douce et son charme indéniable. Les démons sont fichtrement rusé tout de même.

D'un autre côté, Viktor ne put s'empêcher de sourire en imaginant deux petites cornes pousser sur la tête de Kathleen et remplacer la pauvre auréole lumineuse qui flottait paresseusement au dessus de la jolie tête blonde de sa fiancée. Force était bien d'admettre que cette nouvelle parure lui allait très bien. Et puis, ça avait le mérite d'arrêter le ''flop flop'' incessant de ses petites ailes d'ange.

L'esprit du baron s'était quelque peu éloigné de la réalité. Imaginant simultanément Kathleen en train de foletter au dessus de nuages, une lire à la main avec une toge d'un blanc immaculé... ou dans une tenue qui se rapprochait plus de celle d'une dominatrice qu'autre chose au milieu d'un décors volcanique. Difficile de dire se qui pouvait être le plus amusant des deux. Se il se rendit compte qu'il fallait un peu réfréner son imagination au moment ou la jeune femme l'embrassa. Être tirer d'une rêverie par un baiser de Kathleen... pouvait-il y avoir meilleur moyen d'en être tiré?

- Mais pour toi je serais vraiment un tout petit diable, promit-elle, mais je ne te promets pas de m’assagir totalement !

Il avait le choix: faire tout se qu'il fallait pour dompter Kathleen et en faire une épouse sage et modèle comme nombre de nobles n'hésitait pas à le faire sans aucun doute. Ou bien il pouvait la garder comme elle était et s'amuser comme il l'avait fait le jour où ils avaient fait le tour du marché pour dénicher les ingrédients d'une fameuse tarte au citron. Ah, quel cruel dilemme. Vraiment. Il y avait de quoi avoir beaucoup d'hésitation. Bon, je vais laisser tomber l'ironie, ça rend jamais bien dans les posts.

Tranquillement, Kathleen s'installa à côté de lui. Puis, tout d'un coup, pouf. Plus de Kathleen. Elle venait de se laisser tomber en arrière sur le lit. Ses longs cheveux auréolant son visage et faisant définitivement basculer Viktor pour la théorie qu'elle était bel et bien un joli petit ange. Un petit ange qui s'ignorait sans doute. Ou qui aimait bien faire quelques bêtises de temps en temps. Mais bon, un petit ange quant même. Et puis, l'auréole lui irait surement très bien. En tout cas, ses cheveux avaient l'air d'être un oreiller des plus confortable. Incapable de résister à l'attraction capillaire, Viktor se glissa à côté de Kathleen et commença bien tranquillement à jouer avec une des longues mèches dorées.

La jeune femme paraissait quelque peu soucieuse. Est-ce que c'était encore par rapport à se qui s'était passé plus tôt dans la journée? C'était tout à fait possible ne effet. C'était le genre de choses qui pouvaient continuer à vous triturer les méninges pour un bon moment après tout. Il aurait juste espéré qu'elle aurait tenté de passer outre pour profiter d'un ce ces trop rares moments qu'ils pouvaient passer tout les deux seuls sans avoir à craindre qu'on ne les observent.

- Viktor… tu sais, depuis que je suis à Missède je fais beaucoup d’effort. Je reste des heures avec des femmes dont j’essaie de me rappeler les titres de noblesse, je mange avec elles, je brode avec elle, je me promène avec elle, je suis même à peu près capable de te dire le prénom de chacun de leurs enfants… Les conversations avec ta mère sont….courtoises mais….

Ennuyeuse à mourir? Terriblement et irrémédiablement plates et sans le moindre intérêt? Eh oui, c'était souvent le cas des gens de la noblesse: ils sont d'un ennuis tout à fait mortel.

- Mais j’ai beau faire des efforts…je crois que Cassiopée ne m’aime pas beaucoup…. Et je n’en comprends pas la raison.

Oh... Cassiopée. Un autre soucis pour le jeune baron. Et un soucis sérieux pour être tout à fait honnête. En effet, elle ne devait guère aimer la fiancée de son frère. Le pire dans cette situation, c'était que Kathleen n'y était pour rien. C'était sa faute.

« Je ne sais pas Kathleen, fit Viktor avec un aire grave. Je ne sais pas moi même se que je pourrais faire. »

Il laissa filer un moment de silence avant de reprendre.

« C'est ma faute je suppose. Je devrais lui accorder plus d'attention. Elle doit penser que tu me vole l'attention que je pourrais lui donner. Mais... »

Le jeune homme hésita avant de continuer à parler. Se qu'il souhaitait dire n'était ni facile à dire, ni facile à entendre.

« Si tu n'étais pas là, je ne saurais pas plus se que je pourrais faire pour elle. Ou avec elle... elle... elle est apparut avec une lettre de mon père. Il disait qu'il aurait aimé l'avoir comme fille légitime... avoir épousé sa mère... mais... j'étais déjà né à l'époque où il a écrit cette lettre... j'ai longtemps pensé que mon père était le seul de mes parents qui tenait vraiment à moi... et là, elle arrive avec cette lettre. Je ne sais pas quoi faire. »

Il y eu une nouvelle seconde de silence avant que le jeune homme ne reprenne.

« Elle lui ressemble tellement, si tu savais. »

Viktor ne tarda pas à la rejoindre, s’allongeant près d’elle. Il fut presque immédiatement attiré par l’une de ses boucles blondes, mais il lui répondit néanmoins avec un sérieux qui la décontenança une seconde. En même temps c’était elle qui avait lancé ce sujet, peut-être d’une voix moins amusée qu’à son habitude, était-ce cela qui l’avait fait devenir subitement si sérieux ? Sûrement. Mais après tout, même si elle n’avait que dix huit printemps, elle ne pouvait plus se comporter comme une gamine la plupart du temps. D’autant qu’elle allait bientôt devenir baronne, alors autant s’habituer tout de suite à avoir ce genre de conversation….même avec Viktor. Et puis ce n’était pas parce qu’ils parlaient de sujet sérieux qu’elle ne pouvait plus lui sourire avec tendresse, ni même caresser son visage du bout des doigts….ni même se retenir de l’embrasser….à si….ça il fallait qu’elle évite sinon il ne pourrait plus lui répondre…. Donc tenons nous en à une caresse du visage, à la couleur de ses yeux, à son souffle …. *NON NON, on se concentre là Oh ! Où te crois-tu ma cocotte ! Bon d’accord tu peux regarder ses lèvres…. Mais pour l’écouter, l’ECOUTER…. Pas rêver de l’embrasser.*

A cause de cette lutte intérieure qui ne dura que quelques secondes, Kathleen n’entendit pas les premiers mots de son fiancé. Elle était en train de lutter pour ne pas se presser contre lui et l’embrasser. Par Néera mais qu’avait-il fait d’elle ? Une dévergondée …. Chaque fois qu’ils étaient seuls elle ne pensait qu’à ses bras autour d’elle…. *AH NON ne recommence pas sinon je vais sévir ! Oui tu peux avoir peur jeune fille ! Alors on se concentre, voilà hoche la tête, prend un air désolé, voilà, soit un peu plus convaincante s’il te plait, mais-y du cœur enfin. Oh réveille-toi là, il va vite se rendre compte que tu ne l’écoutes pas….. KATHLEEN. Grrrrr, tu es un cas désespéré….*

- Je suis désolée….

*Ah ben tiens et de quoi petite cruche ? De ne pas avoir écouté un traitre mot de ce qu’il t’a dit ? Bon oui, j’avoue que ses lèvres sont extrêmement attirantes… et qu’il est terriblement craquant à la lumière des bougies…. Mais…. Allo t’es encore là ou….
Ah ben d’accord, moi non plus tu m’écoutes plus. Et bien débrouille toi alors.*
Kathleen se tourna sur le côté, se rapprochant dangereusement des lèvres tentatrices de Viktor, mais étonnamment elle resta à le regarder en souriant légèrement.

- J’imagine que cette situation doit beaucoup te peser. Si tu veux, une fois que nous serons rentrés à Missède, je vous laisserai plus de temps à elle et à toi.

Cela exigerait un effort surhumain, car elle ne le voyait déjà pas beaucoup lorsqu’ils étaient à Missède, mais pour que cette relation avec Cassiopée s’arrange elle était prête à sacrifier les rares moments qu’elle pouvait passer avec lui. Après tout, elle le rejoignait tous les soirs !
* Ah mais en fait tu l’écoutais un peu ! Tu me surprends petite tête blonde*
Oui enfin, fallait pas non plus trop en demander, car une seconde après elle collait ses lèvres sur celle de Viktor en soupirant de plaisir. De façon très discrète tout de même. Quel bonheur d’avoir enfin l’occasion de passer un peu de temps rien qu’avec lui.

Remarquant le petit manège des doigts de Viktor dans ses cheveux, Kathleen se mit à rire doucement. Il ne s’agissait pas de faire savoir à tout le château qu’elle était là. Bien qu’elle soit chez sa cousine, il n’était pas nécessaire de faire éclater un scandale qui aurait entaché le futur mariage. Certes on la prenait encore pour une blanche colombe, voir même pour un petit ange, mais son père aurait sûrement fait un arrêt cardiaque s’il avait appris que sa petite perle n’était plus aussi pure que lorsqu’elle vivait à la Roseraie, et que dire de Grégoire….

- Tu sais que Dame Inès m’a conseillé de me les couper pour notre mariage. Elle m’a dit qu’avec toutes ces boucles et cette longueur ça ne donnerait rien de joli pour ma coiffure le jour de notre mariage. Elle pense que les cheveux courts m’iraient mille fois mieux.

Dame Inès étant l’épouse d’un des plus influents nobles de Missède, Kathleen passait beaucoup de temps avec elle, et même si elle avait parfaitement compris que ce conseil n’était que pure jalousie, Kathleen avait été légèrement vexé que sa tignasse, certes longue, face l’objet d’un examen minutieux les heures qui avaient suivies cette déclaration.
Le regard de Viktor la fit aussitôt éclater de rire ! Le jeune homme n’avait jamais caché qu’il aimait plonger ses doigts dans ses cheveux, d’ailleurs elle adorait qu’il le fasse, aussi cette révélation du l’étonner quelque peu.

Doucement, Kathleen s'était mise à lui caresser le visage et les cheveux. Une caresse bien loin d'être désagréable, il fallait être honnête. Viktor aimait beaucoup qu'elle le fasse. En fait, il aimait beaucoup qu'elle s'occupe de lui par de petites attentions tout court. De petites attentions et de petites caresses qu'il n'avait jamais vraiment reçus que d'elle. Et par les Cinq, qu'est-ce que cela faisait du bien. Qu'il y ait au moins au monde une personne qui ne se souciait pas de son titre ou de lui demander quelque chose. Mais juste de l'aimer pour se qu'il était... un jeune homme d'apparence fragile, à la carrure osseuse, qui avait des crises de tremblements et une attirance inexplicable pour ses longues boucles d'or.

Edelweiss sortait sa tête triangulaire de sous les couvertures pour savoir qui avait honteusement interrompu sa sieste et sa séance de ronronnement. Ayant découvert l'origine de l'interruption, le jeune chat poussa un léger feulement avant d'aller élire domicile sur une des oreillers où il se roula bien tranquillement en boule.

Kathleen hocha la tête avec un air désolé à ses paroles. En même temps, elle ne pouvait pas faire grand chose. Cassiopée ne l'aimait pas, mais au fond, la jeune femme n'y était strictement pour rien. Elle ne l'aimait pas parce que Viktor l'avait prise pour fiancée. Cela aurait sans nul doute été exactement la même chose pour n'importe qui d'autre.

- Je suis désolée….

La jeune femme se tourna sur le côté et se rapprocha doucement. Un instant, Viktor crut qu'elle allait l'embrasser... mais non. Elle n'en fit rien et se contenta de le regarder en souriant doucement.

- J’imagine que cette situation doit beaucoup te peser. Si tu veux, une fois que nous serons rentrés à Missède, je vous laisserai plus de temps à elle et à toi.

Les yeux de Viktor s'écarquillèrent. Qu'est-ce qu'elle venait de dire? Qu'elle allait sacrifier des moments qu'ils passaient ensemble au profit de Cassiopée??? Une seconde. Pause. Arrêt sur image. On rembobine et on la refais s'il vous plait, je suis pas tout à fait certain d'avoir capté toutes les subtilité du discourt de la douce petite tête blonde.
*VIKTOR, LÂCHE SES CHEVEUX ET ECOUTE LA UN PEU !!!*
Mais oui, elle avait bel et bien dit qu'elle était prête à sacrifier une partie du temps qu'elle passait avec lui pour que la situation avec Cassiopée puisse s'arranger. C'était... se devait être pour elle un terrible sacrifice. Bien qu'elle le rejoignait fréquemment la nuit, il ne fallait pas non plus exagérer. C'était des instants volé et la journée, elle était bien loin de pouvoir dire qu'elle le voyait souvent tout de même.

Et hop, un petit bisous en plus. Kathleen colla doucement ses lèvres sur celles de Viktor. Comme si elle s'était retenue terriblement longtemps de le faire et que la barrière qu'elle s'était imposée à tenir avait enfin fini par céder. Qu'elle était enfin à nouveau elle même parce qu'elle avait les lèvres contre celles de son fiancé. Celui-ci, peu contrariant la prenait d'ailleurs doucement dans ses bras... tout en continuant son petit manège dans les cheveux de la jeune femme.

- Tu sais que Dame Inès m’a conseillé de me les couper pour notre mariage. Elle m’a dit qu’avec toutes ses boucles et cette longueur ça ne donnerait rien de joli pour ma coiffure le jour de notre mariage. Elle pense que les cheveux courts m’iraient mille fois mieux.

Réaction immédiate, Viktor leva la tête l'air, l'air tout à fait ahurit. Couper les cheveux de Kathleen... mais... mais non. Après ils ne repousserait plus et elle les auraient tout court. Et elle serait brune. Non non non non non. On ne coupe pas les cheveux de Kathleen. C'est hors de question.

En tout cas, la tête qu'il était en train de faire devait être des plus comique puisque la jeune femme éclata de rire en le voyant.

« Moi je pense qu'ils sont très bien comme ça, dit Viktor. Je ne suis pas certain que se soit une bonne idée de les couper. »

Et par dessus, il ne manquait plus que le rajout de la botte secrète. Des grands yeux tout brillants. Genre chat potté. Une technique certes tout à fait déloyale. Mais d'un autre côté, Kathleen ne se gênait pas pour l'utiliser. Alors voilà.

Ils étaient bien là tout les deux. Mais forcément, cela ne pouvait pas durer.

Viktor sentit une onde de douleur remonter dans ses bras. Trop vite pour qu'il ait le temps de faire quoi que se soit. Ses bras se tendirent violemment, poussant Katleen loin de lui. La seconde suivante, c'était tout son corps qui se tentait violemment, pris de spasme incontrôlé qui le faisait se tordre dans tout les sens. Mettant son corps dans des positions plus qu'étranges. Testant les limites de ses articulations qui paraissaient prête à craquer d'un instant à l'autre.

Les yeux révulsé, le baron de Missède serait les dents pour ne pas hurler de douleur. Il n'y avait rien qu'il puisse faire. Rien d'autre qu'attendre et endurer.

Kathleen continua de rire devant l’expression de son fiancé. Il était toujours en train d’entortiller ses doigts dans ses cheveux, comme pour lui montrer qu’il ne voulait pas qu’elle les coupe. Et c’était tant mieux parce qu’elle non plus ne s’imaginait pas les cheveux courts. Par les cinq quelle horreur ! Avec sa tignasse bouclée elle aurait sûrement ressemblait à un mouton ! Non non et non, elle aimait trop ses cheveux et l’allure qu’ils lui donnaient pour s’en séparer.
Et puis, il ne fallait pas oublier qu’ils avaient un pouvoir magique ! Oui monsieur, vous avez bien lu. Certes ils n’ont rien à voir avec ceux d’une dénommée Raiponce, mais ils sont tout de même magique. En fait, il agisse comme un aimant. Il suffisait que Kathleen les fasse voleter autour d’elle pour que Viktor se rapproche d’elle pour y enfouir ses doigts. Si avec ça elle pouvait s’assurer de passer encore plus de temps dans les bras de son futur époux, alors elle ne les couperait jamais.

L’agréable moment qu’ils étaient en train de passer n’aurait pas pu être plus parfait, mais visiblement il pouvait vite virer au cauchemar. Kathleen ne comprit d’ailleurs pas bien ce qui se passa, elle fut violemment repoussée en arrière, c’était si inattendu qu’elle se retrouva au pied du lit en laissant échapper un « aie » sonore. Non mais qu’est-ce qu’il lui avait pris de la pousser ainsi ? Elle aurait pu se faire mal, non mais franchement.
Se redressant en fronçant les sourcils pour bien lui faire comprendre qu’elle ne trouvait pas sa blague drôle, Kathleen se tourna vers Viktor.

- Mais qu’est-ce qui…..

Lorsqu’elle le vit se tordre sous l’effet de violent spasme, la jeune femme laissa échapper un cri de terreur. Elle l’avait déjà vu ainsi, une fois…. Le jour de leur rencontre, ici même à Sinlieh. Il avait eu l’une de ses crises étranges dont il avait refusé de lui parler après coup. Remontant sur le lit, Kathleen lui attrapa les épaules et le fit se tourner sur le côté. Elle avait souvent vu faire Geillis, la servante qui s’occupait de son père à la Roseraie. William avait de temps à autre des crises similaires, apparemment il avait les poumons fragiles et le froid le faisait trembler comme un diable. Certes ce n’était pas la même chose mais Geillis lui avait expliqué que pendant ce genre de tremblement, le malade pouvait avaler sa langue, ou s’étouffer en régurgitant… rien de bien agréable, mais la jeune femme avait bien compris que pour éviter ces désagréments il fallait coucher la personne sur le côté. Mais c’était tout de même plus facile à dire qu’à faire, surtout que Viktor se tendait et se contorsionnait dans des positions si invraisemblables que Kathleen découvrait à mesure de nouvelles articulations insoupçonnées.

- Viktor….. Viktor….

Devant son impuissance, elle dut le regarder se tendre et se détendre en tout sens, les larmes ruisselantes à nouveau sur son visage. Les yeux du jeune homme se révulsèrent et pendant une seconde Kathleen cessa de respirer. Son cœur même s’arrêta de battre alors qu’elle craignait qu’il ne soit mort. Non, elle ne le laisserait pas mourir. Elle ne le regarderait pas s’éteindre sans rien faire… Il y avait bien quelque chose qu’elle pouvait faire pour le soulager... S’il avait pu lui parler, il lui aurait sûrement demandé d’aller chercher quelqu’un, Nane peut-être, mais elle refusait de le laisser seul une minute… C’était inconcevable…

- Viktor je t’en prie…. Reste avec moi…. Ouvre les yeux….par pitié regarde moi….

Il n’y eut aucun changement, les spasmes le secouaient toujours aussi violemment, rendant sa respiration pénible et sifflante. Ne pouvant rester plus longtemps sans rien faire, Kathleen sauta du lit et se précipita vers la petite console sur laquelle trônait une cruche remplie d’eau et une pile de serviette. La jeune fille trempa un linge de toilette dans l’eau fraîche et revint précipitamment vers Viktor, sans faire attention au gerbe d’eau qu’elle envoyait de tout côté. Elle s’occupa alors de faire tomber la température déjà élevée de son fiancé, puis elle tenta de le soulager du mieux qu’elle put, massant quelques endroits clés : son cou, sa colonne vertébral, même ses mains…. Avec douceur et tendresse, tout en essuyant les larmes qui continuaient à perler sur ses joues. Elle ne cessait de lui parler, le priant de ne pas l’abandonner, d’ouvrir les yeux… de lui dire ce qu’elle pouvait faire…

- Viktor….. Viktor….

Il ne percevait presque pas les paroles de Kathleen. Tout se qu'il parvenait à intégrer dans son esprit, c'était qu'il avait mal. Terriblement mal. Comme si de l'acide courait à travers ses veines, brulant son corps de l'intérieur, rongeant chacun de ses organes et de ses os. Rien ou presque de se qui se passait en dehors de l'abominable douleur qu'il ressentait. Son corps ne cessait de se contorsionner dans tout les sens, autant prit de spasmes que de violents mouvements.

La jeune femme avait tenté de le mettre sur le côté, mais cela n'avait pas forcément eu beaucoup d'effet étant donné qu'il avait commencé alors à se rouler sur lui même à force de contraction.

- Viktor je t’en prie…. Reste avec moi…. Ouvre les yeux….par pitié regarde moi….

Il n'était pas sur de comprendre se qu'elle était en train de dire. Il n'était en fait pas vraiment certain d'avoir vraiment entendu quelque chose. Est-ce qu'il y avait quelqu'un avec lui était en train de parler? Il ne savait plus. Tout se qui existait, c'était cette terrible douleur qui restait, encore et encore et ne voulait pas partir. L'abrutissant totalement.

Il avait sentit qu'il y avait quelqu'un tout prêt de lui qui tentait de le calmer. Qui cela pouvait être? En tout cas, c'était quelque chose à laquelle il se raccrochait. Il y avait quelqu'un qui était là pour lui. Pour le soutenir. Certains pouvaient penser que ce genre de mals était une malédiction ou la preuve d'une possession démoniaque quelconque. Mais non. Elle restait là. Elle ne fuyait pas. Il ne savait pas vraiment qui elle était. Mais elle était là. Et c'était ça le plus important.

Il avait du mal à respirer et avait l'impression de suffoquer. Il avait chaud. On lui tamponna doucement un linge trempé d'eau sur son front. Cela n'avait l'air de rien. Mais faisait un bien fou.

Doucement, la crise s'achevait alors que la douleur refluait enfin. Le jeune baron recommençait à respirer normalement. Ses tremblements et mouvements incontrôlé étaient en train de se calmer. Il recommençait à remettre ses idées en place. Il était dans sa chambre à Sinlieh... et... et il y avait Kathleen.

Kathleen...

Quelqu'un le tenait dans ses bras. Le serrant tendrement dans ses bras. Il ne la voyait pas. Mais en revanche, il voyait les longues boucles blondes.

Doucement, Viktor tendit la main encore un peu tremblante pour prendre une longue mèche de cheveux de la jeune femme qu'il remmena contre lui.

Un murmure rauque franchit les lèvres du jeune baron.

« Kathleen... »

Lentement, encore un peu fébrile, le jeune homme leva les yeux sur le visage inondé de larmes de la jeune femme. Doucement, il caressait la mèche de cheveux qu'il avait réussi à prendre. Il était épuisé. Mais il voyait Kathleen en train de pleurer. Il tenta de lever une main en direction de son visage, mais la main retomba sur la robe de la jeune femme.

Il se contenta juste de serrer entre ses doigts la mèche de cheveux et le pan de la robe de Kathleen.

Les minutes s’écoulaient et Viktor tremblait toujours autant. Cette crise était bien plus violente que celle à laquelle elle avait assisté quelques semaines plus tôt. Désespérément inutile, Kathleen gardait son fiancé serré dans ses bras, comme si elle craignait qu’en le lâchant il s’en aille à jamais. Elle ne pouvait imaginer une chose pareille, pas après s’être donnée corps et âme à cet homme. Il ne pouvait pas l’abandonner maintenant, elle n’aurait pu le supporter. Ses sanglots redoublèrent lorsqu’elle sentit les spasmes de Viktor s’atténuer. Elle n’osait le regarder, persuadée qu’elle était qu’il mourrait lentement dans ses bras. Elle ne remarqua pas la main du jeune homme qui attrapa l’une des ses mèches bouclés, elle ne remarqua pas non plus qu’il s’était remis à respirer normalement.

De sa main tremblante elle essuya ses yeux remplis de larmes, sans cesser de murmurer le prénom de son fiancé. Elle voulait le retenir, le forcer à rester près d’elle…et soudain elle entendit son prénom. C’est seulement à cet instant qu’elle baissa les yeux sur le visage de Viktor. Il s’était légèrement détendu, il semblait respirer à nouveau correctement….bien qu’il soit fort pâle.
Totalement incrédule, elle regarda la tentative du jeune homme de lever sa main vers elle, et elle suivit des yeux cette même main qui retombait mollement sur ses genoux. Elle remarqua alors qu’il tenait dans ses doigts une mèche de ses cheveux, tandis que l’autre main s’agrippait au tissu de sa robe.

- Vik…viktor…

Dans sa voix perçait l’étonnement et la joie, comment en était-elle arrivée à croire qu’il était mort ? Son esprit l’avait induite à imaginer cette éventualité, elle avait fini par y croire et la douleur qu’elle avait ressentit au creux de sa poitrine était encore vive. Comme si on avait tenté de lui arracher le cœur avec une petite cuillère.

- Par Néera….Viktor….comment te sens-tu ? As-tu besoin de quelque chose ? Parle moi je t'en prie….

Le silence qui s'éternisait aurait pu la rendre folle, elle ne supportait pas d'entendre son souffle rauque et ses propres sanglots... elle voulait entendre sa voix à lui. N’y tenant plus, Kathleen se pencha pour se blottir contre lui, laissant ses larmes finir de couler, mais de soulagement cette fois. Il était bien là, elle sentait sa poitrine se soulever à chacune de ses respirations, encore légèrement saccadées…

- Mon amour….j’ai cru te perdre….pleura-t-elle le visage enfoui dans les cheveux bruns de Viktor.

Ne voulant pas l’étouffer alors qu’il se remettait tant bien que mal de cette crise, la jeune fille se recula légèrement sans pour autant s’éloigner plus qu’il ne le fallait. Il tenait toujours ses cheveux dans ses mains et visiblement il s’y accrochait comme si sa vie en dépendait.
Avec tendresse, Kathleen essuya à nouveau le front de Viktor avec la serviette humide pour faire disparaître les gouttes de sueur froide qui commençaient à y perler. Il était terriblement pâle et visiblement épuiser. Il était hors de question qu’elle le laisse seul au soin de quelqu’un d’autre pour des histoires d’éthique et de convenances. Au diable les règles, il avait besoin d’elle et elle resterait près de lui, quoi qu’on en dise.
Et puis de toute façon il était très tard, il était donc peu probable que quelqu’un vienne rendre visite au Baron de Missède.

Kathleen le regardait d'un air totalement incrédule et abasourdit. Quoi? Était-ce si étonnant que cela qu'il soit toujours vivant? D'un autre côté, comment en vouloir à Kathleen d'avoir crut qu'il était mort? Pas facile, il fallait bien l'avouer. Ses crises étaient rares. Enfin... celle aussi violente que cela était rares. Elle avait dut être totalement surprise et croire qu'il allait y rester. Il ne s'en était d'ailleurs pas fallut de beaucoup pour que ceci soit bel et bien le cas.

- Vik…viktor…

Oui, c'était bel et bien lui. Qu'elle continue à avoir l'air aussi étonné que cela en disant son nom et lui allait finir par pense qu'elle attendait quelqu'un d'autre. C'était quelque peu vexant il fallait bien l'avouer. Mais pour le moment, le jeune baron de Missède n'avait pas vraiment envie de penser à cela. Il se contentait de serrer aussi fort que possible la mèche blonde et le pan de robe. Autant dire que pour les lui retirer des mains, il faudrait qu'elle s'arrache purement et simplement les cheveux et qu'elle déchire sa robe. Il n'y avait pas d'autre solution.

- Par Néera….Viktor….comment te sens-tu ? As-tu besoin de quelque chose ? Parle moi je t'en prie….

Aïe, bobo, j'ai mal? Comment voulait-elle qu'il se sente? Il avait mal partout, se sentait comme si on avait brisé chacune de ses articulation et avait sommeil. Terriblement sommeil. Tout se qu'il voulait, c'était se reposer. Mais à entendre les pleurs de la jeune femme, elle atteindrait sans doute le comble de désespoir s'il se décidait à fermer les yeux maintenant pour se reposer un petit peu.

Kathleen se pencha pour se blottir contre lui, continuant à pleurer, la tête enfouie dans son cou.

- Mon amour….j’ai cru te perdre….pleura-t-elle.

La jeune femme le serrait dans ses bras. Se qui, en règle général était plutôt une bonne nouvelle n'était pas ici une très bonne idée. Quoi que l'étouffement par câlins de Kathleen soit loin d'être la pire façon qu'il soit de mourir, il fallait bien l'avouer. Heureusement, la jeune femme s'en rendit compte et se détacha un petit peu de lui afin de lui permettre de respirer un petit peu plus librement.

Enfin, elle se détacha de lui, mais restait toujours largement à portée de bras. Et puis, de toute façon, elle ne pouvait pas partir bien loin puisqu'il tenait toujours ses cheveux dans sa main. Et pas question de les lâcher.

Doucement, Kathleen essuya le front du jeune homme avec une serviette, comme on aurait fait pour faire baisser la fièvre. Ça n'était pas très efficace. Il fallait être honnête quant même. En revanche, par les Cinq se que cela pouvait faire du bien. C'était tout à fait délicieux.

« Reste, souffla Viktor à la jeune femme. »

Il était épuisé, mais savait pourtant parfaitement se qu'il voulait et se qu'il ne voulait pas. Et en tout cas, voir Kathleen partir faisait tout à fait partit des choses qu'il ne voulait pas. Il ne voulait pas qu'elle le quitte. Il avait envie qu'elle reste là avec lui à doucement passer cette serviette humide sur son front. Ça lui faisait du bien.

Doucement, il attira Kathleen contre lui. Autant pour la réconforter et qu'elle cesse de pleurer que parce que son contact lui faisait du bien à lui.

« Il faut... que je dorme... sommeil, murmura-t-il à son oreille. Je vais... vivre... »

Il déposa un doux baiser sur ses lèvres.

« Reste... mon petit ange. »

Les yeux du baron se fermaient alors que, petit à petit, sa respiration redevenait normale. Mais qu'il serait toujours dans sa main une mèche de cheveux de Kathleen.

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