Herboristerie Turambar [LIBRE]

Spoiler:

Aylah rangeait les herbes dans les présentoirs. Elle venait tout juste d'ouvrir sa boutique d'herboristerie. Elle avait amassée pendant trois ans les herbes qu'elle vendrait à ses futurs clients. Elle avait choisi Diantra parce que sa population était grande et dense, elle pourrait donc s’y faire oublier, elle qui était habituée à vivre seule. Pourtant, elle aimait la présence des gens. La présence seulement. Elle trouvait les humains bruyants, mais elle se disait qu’elle était l’une des leurs et qu’elle devait vivre avec eux. C’est pourquoi elle s’était installée ici. Elle ne le regrettait pas. Elle aimait bien ne pas avoir à tuer son souper. Le temps qu’elle y sauvait, elle pouvait l’utiliser pour les plantes, qu’elle vénérait. Elle n'ouvrait sa boutique que vers 10 heures le matin. Normalement, elle avait environ 2 ou 3 heures pour faire du rangement, car les clients n'arrivaient que vers midi. Du moins, c'était les statistiques des 3 derniers jours, les seuls où elle avait été ouverte. Elle se levait cependant avec l'aube, pour aller cueillir, les quelques plantes poussant autour de sa demeure. Puis, elle arrivait vers 8 heures à sa boutique. Elle concoctait des mixtures étranges mais efficaces. Voilà ce à quoi ressemblait ses journées de travail.

Aylah avait maintenant terminée son rangement. Elle se dirigea vers un petit banc et y pris place. Puis, elle se lança dans son inventaire, qui promettait d’être long, en attendant qu’un client fasse son apparition.

- Qu'est-ce que c'est long..

(HRP : je ne sais pas si je dois poster là, sinon mp moi que j'ouvre un nouveau sujet. /HRP)


Le périple de Tyra avait été long et déjà l’hiver était à sa porte…
Après voir rencontré un étrange individu sur une route dans la forêt d’Aduram, un soir en plein orage et dans des circonstances troublantes, Tyra avait voyagé un court chemin en sa compagnie jusqu’à un village dans lequel ils avaient passé la nuit. Puis, le lendemain, elle avait troqué quelques onguents contre un peu de nourriture pour reprendre la route de plus belle vers des contrées plus peuplées dans lesquelles elle pourrait refaire sa vie.
Profitant par-ci d’un petit groupe de voyage, d’une troupe de saltimbanques, d’un messager sur le retour puis d’une caravane en partance pour Diantra, Tyra avait pu faire un long bout de route en compagnie d’autres gens sans véritable risque si ce n’était toujours les brigands et autres bandits de grands chemins. Heureusement, son voyage se fit sans encombre et Tyra débarqua à Diantra, cette ville qui lui paraissait immense et qui l’était réellement. Jamais elle n’avait vu autant de gens en un même endroit, autant de bruit, autant de couleurs, autant de tout ! Il y avait de quoi rendre confus. Mais pour Tyra, perdu dans son monde, ce n’était finalement pas grand-chose que quelques images de plus à rajouter dans son esprit. Que lui importait de croiser un monstre accroché à une laisse ou d’apercevoir furtivement une troupe de mercenaires nains traverser l’avenue en chahut ? Elle le constatait tout simplement.

*Alors voilà ce qu’est une grande ville…*

Et maintenant ? Les prix qu’elle remarqua sur le marché lui semblèrent extraordinairement élevés. Des gens biens habillés côtoyaient des vanupieds comme elle, et autres mendiants attendant la charité des marchands qui leur jetaient leurs « ordures ». Tyra tenta sa chance en se renseignant sur comment trouver un emploi mais la plupart des gens ne pris même pas la peine d’être poli pour lui dire de se « démerder » ou de « retourner dans les jupes de sa mère ». Les sourcils froncés de colère, Tyra choppa brusquement un jeune domestique qui faisait les ourses pour ses maîtres. Celui-ci eut tellement peur de son regard qu’il paniqua et qu’après avoir réussi à se dégager, il partit en courant sans prendre la peine de répondre. Finalement ce fut un mendiant cul-de-jatte et à moitié édenté qui l’interpella. Il se trainait sur une planche de bois carrée à roulettes.

« Hey mam’zelle aux grandes oreilles ! S’vous cherchez du travail, c’pas ici qu’y faut d’mander. F’faire le tour des boutiques ou d’mander su’ les docks, enfin, ç’ dépend c’qu’vous savez faire. »

« Merci monsieur. Je pense que je peux tout faire mais je préférerais trouver un apothicaire car je sais préparer des onguents et des potions. »

« Les plantes hein ? Ca c’est bien, c’est ce qui m’a sauvé après avoir perdu mes deux guiboles. Phfoua ! J’vous raconte pas comment ça m’est arrivé ! J’en ai réchappé sauf que maint’nant me v’là à mendier pour survivre, c’pas marrant la vie. »

« J’vous plains monsieur mais chacun son lot de soucis. »

« Ouai, c’est la vie ma p’tite m’zelle… Y a une boutique d’herboriste qu’a ouvert y a peu dans le quartier par derrière… Une ‘tite pièce ? »

Tyra ouvrit sa besace et dénicha une pièce au hasard qu’elle déposa dans le gobelet du mandiant.

« Merci mam’zelle, qu’ les dieux vous protègent ! »

Tyra se redressa et se tourna dans la direction indiquée, oubliant immédiatement l’individu qui en profita pour ranger la pièce dans une poche et rouler un peu plus loin en tendant son gobelet vide.

La jeune demi-Elfe se balada un long moment à travers un réseau de ruelles derrière la place du marché, traversant plusieurs quartier en étant souvent regardée et parfois invectivée par les passants ou badauds, fermant ses oreilles à leurs murmures ou leurs questions braillardes et inutiles. Finalement après avoir tourné en rond une heure ou deux, Tyra repéra la modeste enseigne. Pas si mal pour une néophyte des grandes villes. Avec assurance, elle frappa à la porte et pénétra dans l’établi. Elle y trouva une jeune femme en train de vérifier ses affaires. Il y avait là une multitude de sachets, de sacs, de pots, d’onguents et autres pharmacopées en tout genre : un endroit rêvé qui donnèrent à Tyra une douloureuse nostalgie qu’elle s’empressa de reléguer au fond de sa mémoire ; elle en avait assez de ressasser le passer de la sorte. Tyra interpella la vendeuse :

« Bonjour madame, j'ai vu que vous vendiez des herbes de toutes sortes. Je m'y connais en la matière et je cherche du travail... Seriez-vous intéressée par une assistante ?...
Ne vous fiez pas à mon apparence, j'ai déjà 32 ans. »

C’était très direct, mais que dire d’autre ? Allait-elle y penser et engager la discussion pour en savoir plus ? Ou allait-elle refuser comme partout ailleurs dans les villages où elle avait essayé de trouver un travail, sous un prétexte banal voire stupide… ? Elle avait déjà eu de la chance de trouver cette herboristerie. Peut-être y en avait-il d’autres ? Sinon, ce n’était pas les commerces divers qui manquaient dans cette ville, elle finirait bien par trouver. Le tout, c’était de ne pas se faire arnaquer sur le salaire, on lui avait déjà fait le coup de ne pas la payer pour son travail, (et ni la frustration, ni la vengeance ne remboursent) : alors plus jamais ! Si la jeune femme l’acceptait, elle s’en inquièterait immédiatement, car elle n’avait pas mangé depuis deux jours, à cours de réserves et pire que tout : de racines de bécarole !...

Aylah fronçait les sourcils. Elle n’avait que le quart de son inventaire de fait et elle était déjà a bout. Il fallait écrire le nom de chaque plante, la quantité présente sur les étagères et en arrière, la date de péremption, quand s’en procurer de nouveau… Tout ça pour une seule plante. Alors qu’elle en avait des dizaines, voir même des centaines. Cependant, elle se disait que cela faisait partie du travail, qu’elle se devait de le faire. Ainsi, dans un soupir, elle se remit au travail. Elle fit une plante, et puis deux. Puis s’arrêta encore.

* J’ai bien besoin d’une infusion moi. *

Elle se leva et se dirigea vers l’étagère derrière le comptoir. Elle regarda les herbes.

« Du thym, pour ma digestion et de la camomille, pour la relaxation ! Voilà. »

Elle versa de l’eau préalablement chauffée dans sa tasse usée et prit une gorgée. Elle se délecta de la saveur. Rare était les fois où ses tisanes n’étaient pas parfaite. Elle était fière de son talent léguée par sa mère. Elle se mit à penser à sa mère. Elle se rappela son père. Elle continua à fouiller dans sa mémoire tout en retournant à son inventaire. Elle se remit au travail.

Doucement, la porte s’ouvrit. Au tout début, elle ne vit qu’une tête blonde puis tranquillement un bras, puis un corps, et un visage. La jeune fille s’avança vers elle en l’interpellant.¸

« Bonjour madame, j'ai vu que vous vendiez des herbes de toutes sortes. Je m'y connais en la matière et je cherche du travail... Seriez-vous intéressée par une assistante ?... Ne vous fiez pas à mon apparence, j'ai déjà 32 ans. »

Aylah lui fit un sourire chaleureux et s’approcha de la jeune fille. Elle vit une oreille pointée. Cela la prit au dépourvue. C’était cette race qui avait tué ses parents. Pourtant, il y avait quelque chose de peu commun chez elle. Quelque chose plus humain qu’elfe. Étant de nature curieuse, Aylah ne se gênât pas pour lui poser la question. De toute façon n’avait-elle pas été directe elle-même ?

« L’âge m’importe peu mademoiselle, je suis déjà beaucoup plus jeune que vous. Je n’aurais cependant qu’une question à vous poser. Vous n’êtes pas entièrement elfe n’est-ce pas ? »

Cette question fut posée avec un sourire et avec appréhension. Cette jeune fille lui paraissait spéciale et elle avait toujours aimé les gens spéciaux. Elle espérait que la réponse serait non. Qu’elle n’était pas entièrement elfe. Parce que si elle l’était, elle ne croirait pas qu’il y aurait d’entente possible. Mais si, au contraire, elle était, comment dire, mêlée, elle l’engagerait sûrement.

Lorsqu’on entre dans une herboristerie, on ne sent pas tout de suite les senteurs tellement elles sont nombreuses et se mélangent, parfois douces, parfois fortes, mais toujours agréables au final.

Une fois le cerveau capable de gérer ce flow d’informations, le nez entraîné reconnaîtra certaines subtilités parmi la nuance dominante : en l’occurrence ici, une odeur de camomille chaude. Une infusion ?

La jeune vendeuse sourit à Tyra et après une brève hésitation le temps de la dévisager, elle lui répondit et lui posa une question quelque peu étrange qui devait avoir pour elle un intérêt particulier.

Encore des images en pensées de ses parents qui tentèrent de se frayer un chemin dans l’esprit de Tyra pour répondre à la question, la faim n’aidant pas. Elle trancha immédiatement et plutôt sèchement en fronçant les sourcils pour ne pas avoir à y resonger inutilement :

« Non ! »

Tyra se reprit en respirant, son visage de nouveau neutre, avant de s’excuser mais pour une tout autre raison :

« Excusez-moi, je ne me suis pas présentée, je suis Tyra… Dalwéria. Et vous ? »

La demi-Elfe rajouta son nom pour ne pas imputer de confusion à la situation. Son prénom, qu’elle aimait pourtant, ne l’avait pas vraiment aidé jusque là et était peut-être même la cause de son malheur. La demande en retour était pure politesse, car en toute logique la propriétaire s’appelait Mlle ou Mme Turambar, bien que, en dépit des circonstances, il pourrait ne s’agir que d’une assistante…

Le regard de Tyra, toujours un peu dans le vague, aperçut soudain une inscription brodé sur un sachet. Non elle ne rêvait pas : il était écrit « Bécarole ». Un instant préoccupée, elle fit un effort pour retourner son attention sur la jeune femme qui lui parlait afin de continuer la conversation et s’assurer d’être oui ou non embauchée. Elle aurait tout le temps plus tard de manger une racine de Bécarole, dut-elle la payer avec le peu d’argent qui lui restait… Et puis ce n’est pas comme si elle en était droguée… Elle avait déjà tenu plusieurs jours sans en consommer… Oui bon, il est vrai qu’elle avait à ce moment là terminé distraitement sa réserve sans le remarquer. Au début ce n’était que de la frustration vite oubliée, mais après trois jours sans en manger, elle en avait fait une « fixette » et en avait cherché partout dans la forêt jusqu’à en trouver…

Mais revenons-en à nos herbes. Une question lui vint à l’esprit ce qui réalimenta la conversation :

« Au fait je me demandais à l’instant d’où vous provenaient toutes ces herbes ? Car il n’en pousse pas de certaines par ici. Les faites vous venir spécialement ou les cueillez vous quelque part ? A vrai dire, je ne connais absolument pas cette région donc je suppose qu’il y a de belles et riches petites forêts alentour… ?

C’est alors qu’au milieu de la réponse, le ventre de Tyra, jusque là douloureux mais silencieux, se mit à gargouiller bien de façon bien audible. Il fallait dire qu’il était complètement vide et qu’il n’avait que de l’air à brasser… Une bonne soupe chaude s’imposa alors dans l’esprit de « l’enfant ». Elle posa alors sa main sur le coupable et déclara alors une évidence avec un ton innocent :

« Excusez-moi, je crois bien que j’ai très faim. »

Une évidence pas si évidente pour elle-même à cause de la douleur et du manque de salive tendant à provoquer l’effet inverse. Peut-être était-ce l’odeur de l’infusion qui avait réveillé sa faim ? De toute manière, elle n’allait pas sciemment demander sa pitance comme une mendiante, encore moins à sa patronne potentielle… Ais-je oublié de dire qu’elle n’avait pas de toit pour la nuit ? Voilà encore un problème de plus dont elle n’avait pas fait mention. Certes elle avait l’habitude de dormir à la belle étoile, mais dans une grande ville comme Diantra, il n’y avait pas d’arbre dans lequel grimper ni touffe feuille sur lit de mousse sous lesquelles s’enfouir, ni encore de prairie protégée par un cercle de charrettes et quelques mercenaires… Bref, où en étions nous ?

Aylah esquissa un sourire satisfait lorsqu’elle lui confirma qu’elle n’était qu’à demie-elfe. Cependant, son ton tranchant la fit froncir des sourcils. Pourquoi avait-elle eue une réaction aussi forte à une simple question ? Rapidement, la jeune fille se reprit et se présenta sous le nom de Tyra Dalwéria tout en s’informant du sien.

« Aylah, Aylah Turambar. Mais je préfères Aylah tout simplement ! Je suis ravie de vous rencontrer. »

À peine avait-elle fini de parler que la jeune fille reprit. Elle lui posa des questions sur ses herbes. Elle allait lui répondre lorsque qu’elle entendit son ventre gronder. Elle reconnut se grondement qu’elle avait déjà entendu de son ventre, un grondement douloureux de faim. De plus, elle constata mentalement qu’elle devait être affamée pour faire un bruit aussi sourd. Elle pensa à ce qu’elle avait en stock de non-pharmaceutique.

* Oh mais j’ai du pain à l’arrière. *

Aylah lui fit un grand sourire et invita la jeune femme à la suivre dans l’arrière boutique. Elles devaient passé dérrière le comptoir puis entrer dans une pièce par une ‘’porte’’ en tissu vert. Puis de l’autre côté, il y avait un petit appartement de deux pièces décorés dans les teintes de verts, de bruns et de beiges. Il n’y avait qu’une seule fenêtre donnant sur la rue à l’avant du magasin. Elle lui proposa de s’asseoir dans le petit salon meublé de deux chaises rembourées de couleur vertes. Puis elle alla à la cuisine et prit du pain, deux tasses et du thé noir qu’elle apporta au petit salon.

« Je n’ai pas de repas prêt, je n’ai que du pain à vous proposer ainsi qu’un peu de thé, veuillez me pardonner. »

Elle déposa le pain et le thé sur la table basse. Elle servit du thé et le donna à Tyra. Elle examina légèrement la jeune femme.

* Tendue au niveau des épaules, mais confiante. *

« Alors, dites moi d’abord qu’est-ce qui vous amènes et je vous raconterai l’histoire de mes herbes ! »

Elle se pencha lègèrement vers Tyra, adoptant une position d’écoute et elle but quelques gorgées de son thé. Elle était prête à entendre ce qu’avait à dire la jeune femme.

Après avoir entendu le bruit caractéristique et l’excuse de Tyra, Aylah sourit et l’invita sans mot dire à la suivre dans l’arrière boutique. Cette jeune femme avait l’air d’être bienveillante. De toute façon, n’est pas rustre celui ou celle qui aime la nature et les plantes. D’ailleurs, l’endroit aux couleurs de bois et de verdures rappelait ces dernières. La luminosité était faible dans la pièce mais ce n’était pas gênant pour qui a l’habitude de la pénombre.

Tyra ne se fit pas priée lorsqu’Aylah lui désigna un siège avant de s’éloigner vers le coin cuisine de l’appartement. Alors que la devanture étroite de la boutique ne payait pas plus de mine que les autres, l’appartement offrait un vaste espace supplémentaire qui ne se voyait pas de l’extérieur. Il n’était pas grand mais plutôt pratique du fait qu’il était accolé au magasin, il y avait donc tout sur place. Ce qui ramenait du coup, à la question sur l’origine des herbes, si la gérante dormait sur place…

Aylah revint vite proposer un morceau de pain et une tasse de thé à la demi-Elfe qui suivit leur arrivée sur la table du regard. Elle n’avait pas de repas prêt ? Mais peu importe !

« Ne vous en faites pas, ceci est déjà très généreux de votre part. Je n’ai pas souvent reçu un accueil aussi chaleureux. »

Tyra but d’abord lentement (histoire de ne pas se brûler) un peu de thé chaud pour raviver sa salive, avant de mordre dans le morceau de pain, de laisser un instant fondre la mie sucrée en fermant les yeux puis de mâcher le temps qu’Aylah lui pose une question :

« Alors, dites moi d’abord qu’est-ce qui vous amènes et je vous raconterai l’histoire de mes herbes ! »

Tyra avala une gorgée de thé pour faire passer le pain plus vite dans l’estomac puis répondit :

« Et bien comme je vous l’ai dit je cherche du travail...
A vrai dire je viens tout juste d’arriver et je pense avoir eu de la chance de trouver si rapidement un endroit où je pourrais proposer mes compétences.
Comme cette ville est la capitale, et d’après ce qu’on ma dit, j’ai supposé que c’était le meilleur endroit pour m’installer pour l’hiver car les ressources se font rares. Oui, car en fait je suis… comment dire ?... Je n’aime pas ce terme que les humains considèrent péjoratif, mais voilà, disons que je suis une vagabonde, car je n’ai ni maison, ni travail et que je voyage toute la journée...
J’ai bien essayé de me poser dans un village ou deux lorsque j’ai eu de la chance d’avoir du travail régulier, mais dans ces petites communautés superstitieuses, j’ai subie de mauvaises rumeurs à cause de mon prénom et j’ai toujours dû les quitter avant que deux semaines ne s’écoulent. Ce qui m’a poussé à venir vers une grande ville et par conséquent : à Diantra. Quel long voyage depuis Aduram !... … … Et vous ? »

Tyra n’était pas une habituelle bavarde mais ce faisant, elle se remémorait les événements. Aylah n’avait rien demandé sur ses soi-disant compétences en matière de plantes, ce qui lui sembla un peu étrange si elle souhaitait l’embaucher.

Tyra lui raconta son histoire, ou du moins, un bout de sa vie. Cependant, elle considéra son histoire comme importante, car elle lui en avait appris plus en ces quelques mots que la plupart des gens. Certes, la plupart des gens ne pouvaient se décrire comme étant vagabonde. Tyra avait quelque chose en commun avec elle, la nature était leur refuge. Elle avait elle aussi vagabonder, elle avait elle aussi vécue avec la nature.

« Intéressant. J’ai moi aussi été vagabonde. Je ne sais pas pour vous, mais moi, c’était par choix. Je désirais être libre de parcourir la nature. C’est d’ailleurs de cette manière que j’ai pus amasser toutes ses plantes. De plus, quelques fois, certains guérisseurs passent par ici et s’arrêtent à ma boutique. Certains me proposent des herbes que je ne connais pas, et je les achète. D’autres refoulent mes stocks. En général, je fais un ou deux voyages par année ou je vais cueillir des plantes. C’est ma façon de faire ! »

Aylah prit une pause pour boire un peu de thé et réfléchir à la suite.

« Vous savez Mlle. Dalwéria, je ne veux pas savoir si vous y connaissez en plante. Bien sûr, ce serait avantageux, mais je croix bien que j’aimerais avoir votre présence à mes côtés. Si vous êtes ignorante des plantes, je vous apprendrez. L’êtes-vous ? »

Sur ses mots, elle déposa sa tasse de thé et plongea son regard dans celui de Tyra tout en souriant, car elle ne voulait pas l’intimider, c’était sa façon à elle de communiquer, en faisant face. Elle aimait beaucoup la jeune fille. Elle savait qu’elle recherchait une certaine stabilité. Elle pensait lui proposer de travailler pour elle. De plus, elle prévoyait lui offrir un toit ou dormir tant qu’elle le désirait, gratuitement.

Aylah trouvait que la jeune femme avait quelque chose de différent, de fascinant. Une histoire à raconter.

Tyra écouta la jeune herboriste concéder à son tour une parcelle de vie. Son explication sur la façon dont elle se procurait ses plantes lui paru logique. Sans sourciller lorsqu’Aylah la fixa du regard, malgré un grand sourire, la jeune demi-elfe réfléchit un court instant pour commenter :

« Je vois. Je suis surprise de constater à quel point nos vies si différentes peuvent présenter des parts de similitudes mêmes infimes. Je l’ai remarqué au travers des rencontres que j’ai faites. Mais je suis heureuse de rencontrer quelqu’un avec qui partager mes connaissances. Je serais donc ravie de vous tenir compagnie, j’ai l’impression qu’une solitude prolongée pourrait me rendre folle.

Je m’y connais en plantes bien sûr, mais plus particulièrement en herbes médicinales. Il paraît d’ailleurs qu’il y a une bibliothèque dans cette ville et je serais curieuse de savoir si elle possède un herbier. Le savez-vous ? Si c’est le cas j’aimerais bien le consulter pour comparer y confronter et y comparer mes connaissances.

En parlant de plantes médicinales, j’ai compris la différence de votre enseigne, plus générale, avec celle d’apothicaire plus spécifique. Je ne m’y connais absolument pas en commerce mais d’après les marchands avec qui j’ai voyagé, la concurrence est rude. Avec mon concours, peut-être pourriez-vous ajouter une clientèle plus vaste en proposant des onguents de soin et de cosmétique en plus ? Ce n’est qu’une simple suggestion, je ne pourrai absolument pas me permettre de vous imposer quoi que ce soit…

Elle parlait, elle parlait... D’habitude c’était à elle-même qu’elle se parlait, et plutôt dans sa tête en plus. Quand les gens lui parlaient, elle ne prenait pas la peine de faire de longs discours et disait ce qu’il y avait à dire. D’une certaine manière elle préférait les actes à la parole. Mais peut-être était-ce simplement que personne n’avait jusque là pris le temps de s’asseoir, de l’écouter et de lui poser des questions ? La fatigue aidant elle aurait très bien pu ne répondre que « non » à la question d’Aylah, surtout qu’elle lui avait déjà donné la réponse avant. Finalement Tyra appréciait de pouvoir parler de la sorte, en toute banalité, autour d’un sujet précis de conversation, et sans avoir à dévoiler ses sombres secrets. De toute façon, ni l’une ni l’autre n’avait besoin de connaître leur passé respectif et Tyra s’en contrefichait, du moment que la conversation se passait bien et qu’elle avait une chance grandissante d’obtenir un emploi auprès d’une personne qui avait l’air sympathique et honnête…

En parlant de « secrets », Tyra n’avait pas dit non plus qu’elle avait un pêché mignon pour les racines de Bécarole. Si elle était embauchée, elle devrait forcément en parler à un moment ou à un autre. Elle n’était pas une voleuse, car la tentation aurait pu être grande de se servir à la source, mais arriverait bien un moment où elle devrait demander si elle pouvait en consommer un peu… D’ailleurs, maintenant qu’elle y repensait, elle avait entendu parler et aperçu aussi ce qu’on appelait des sucreries couramment appelées « bonbons ». Ca pourrait être une idée de faire des bonbons à la Bécarole ? Ca en enrichirait le goût ! (Et pourrait provoquer une addiction aussi, comme toute sucrerie, mais ce serait encore pire dans le cas de Tyra)… Elle en voyait déjà une image dans sa tête…

A oui mais au fait, qu’était en train de lui répondre Aylah ? Il lui fallu quelques secondes pour que la question qu’elle lui posa finisse, grâce aux circuits de répétition entre le moment de l’entente et le moment de la compréhension, par être analysée par son cerveau. Période durant laquelle la plupart des gens s’empressent de demander « pardon » alors que finalement ils ont compris ce qui venait d’être dit…