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 La reine des jacques [PV]

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Ashe
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MessageSujet: La reine des jacques [PV]   La reine des jacques [PV] I_icon_minitimeSam 16 Juin 2012 - 10:42

La boue de la Baude avait quelque chose de fascinant. Elle était partout, implantée dans ce décor pastoral. Elle se collait de façon irrémédiable sur les bottes du malheureux qui avait le malheur d'en fouler le sol. C'était un fléau horriblement salissant qui s'installait jusque dans les maisons des paysans... maisons qui elles-mêmes étaient faites de boue séchée. Il aurait mieux valu ne pas y être allergique lorsqu'on habitait ici, ce qui n'était pas le cas de Ashe. La vue de toute cette boue la rendait malade, elle n'en supportait plus la couleur, elle ne supportait plus le bruit que cela faisait lorsqu'on marchait dedans. Un genre de * spouiiiiiiiiik * épouvantable, le genre de * spouiiiiiiik * qui vous ruine une journée, qui vous pourrit vos bottes, qui vous donne envie de vous allonger là pour attendre la mort. Mais même pas ! S'allonger là, c'était s'allonger dans la boue et ça aurait pourri tout le reste. Depuis qu'elle habitait ici, elle faisait ce même cauchemar nuit après nuit : une charrette roulant à toute allure sur une route boueuse, éclaboussant son chemisier d'un blanc immaculée, vierge de toute souillure rurale. Peut-être fallait-il y voir là une allégorie censée lui rappeler qu'elle habitait à présent dans la brande, bien loin des rues pavés de Diantra, bien loin des théâtres, bien loin de toute réussite professionnelle en somme. Cette tâche marron, imprégnée dans le tissu, représentait sa nouvelle vie. Et c'était vraiment de la merde. Chaque matin, elle se réveillait avec cette triste vérité en tête.

Épouse du seigneur local, elle jouissait pourtant du privilège d'habiter dans ce qu'il y avait de moins pourri. C'était une maigre consolation au vue de toute la souffrance et la misère intellectuelle dans laquelle elle était plongée. Les habitants du coin étaient un peu comme la boue, ils étaient sales, ennuyeux et la jeune femme ne les supportait plus. Pour une raison inconnue, c'était elle qu'on avait choisi pour présider les séances de doléances. Elle était donc coincée une fois par semaine avec ces foutus jacques, enrageant silencieusement à l'idée qu'ils posent leurs bottes pleines de bouse sur le tapis du salon. L'instigateur de toute cette mascarade aurait du être pendu haut et court, hélas les traditions étaient quelque chose de sacrées et elle avait été contrainte de les respecter. A force d'auto persuasion, et avec l'aide de quelques verres d'alcool, elle avait fini par voir cela comme une représentation théâtrale de très mauvais goût et très mal jouée mais tout de même distrayante. Ce jour là, la séance était plutôt animée, le ton commençait à monter parmi la plèbe sous le regard consterné de la jeune femme dont la patience était réputée inexistante.

« Bon ça suffit ! Ça suffit ! Vous allez tous vous calmer avant que je ne fasse cramer vos baraques de cul-terreux et le prochain qui est pas jouasse, je le pends à un arbre ! »

Quelques regards noirs lui furent jetés sans qu'elle n'y prête la moindre attention, elle avait enfin obtenu ce qu'elle voulait : le silence. Ces pécores allaient finir par la tuer. Elle se pinça l'arrête du nez comme si l'odeur ambiante l'incommodait fortement.

« Vous allez décarrer de chez moi tout de suite avant que je vous lâche mes chiens au cul ! »


La menace fut prise au sérieux par l'ensemble des paysans, qui se pressèrent vers la sortie, non sans marmonner quelques jurons. Ashe n'y pensait déjà plus, elle fantasmait déjà sur un plan diabolique qui la débarrasserait de tous ces illettrés consanguins. Empoisonner l'eau du puits était une bonne idée, ou un grand bûcher au milieu de la place du village. Si l'épouse de Lorenzo de Baude avait acquis la réputation d'être une femme acariâtre, détestable et tyrannique, ce n'était pas pour rien. Ce que personne ne savait, c'est qu'elle n'était en réalité qu'une femme désabusée. Elle avait tenté de combler le manque du théâtre par toute sorte d'activités créatives telles que la musique ou le dessin. Son mari lui avait d'ailleurs offert un luth pour remplacer celui qu'elle avait perdu peu avant leur rencontre. Il semblait en pâmoison devant elle lorsqu'elle en jouait, c'était d'ailleurs la seule personne à réellement apprécier sa musique alors qu'elle était un supplice pour n'importe qui d'autre. Son essai au dessin et à la peinture fut également accueilli avec beaucoup d'enthousiasme, mais là encore, uniquement de la part de son mari qu'elle commençait à soupçonner d'être totalement subjectif. Elle-même n'était pas réellement convaincue de son talent lorsqu'elle regardait le portrait qu'elle avait fait de Lorenzo, trônant fièrement sur un mur de leur chambre, une sorte de patate avec des bras et des jambes. Il fallait se rendre à l'évidence, elle n'était douée que pour une chose : jouer la comédie. Elle ne sentirait probablement plus jamais l'odeur d'un théâtre, elle ne s'effondrerait plus jamais sur la scène au dénouement d'une pièce tragique. Mais son ambition indocile n'acceptait pas la petite mort que lui promettait Baude. Elle avait une idée, probablement la meilleure qu'elle n'ait jamais eue.

Le lendemain, c'était le branle-bas de combat parmi les paysans. La place du village avait été réquisitionnée, non pas pour les habituelles fêtes de la patate, du poulet ou de la pisse d'âne, mais dans un but bien plus sinistre encore. Une petite estrade en bois y avait été montée et Ashe observait les villageois s'affairer, assise nonchalamment dans sur chaise de bois qui avait des allures de trône. Une reine parmi les jacques.

« C'pourquo faire tout c'bazar ? »

« Vous verrez Hubert... Tout ce que je peux vous dire, c'est ce que vous ne serez pas déçu. »

Le dénommé Hubert regarda bêtement la dame, puis s'en retourna à ses affaires. Quelques heures plus tard, lorsque tous les préparatifs furent enfin terminés, Ashe monta sur l'estrade un peu bancale. Tous les villageois étaient présents, plus par curiosité qu'autre chose.

« Cher peuple de Baude, il est temps de prendre les armes et de combattre l'ignorance et la bêtise dans lesquelles vous vous enlisez depuis toutes ces années. Je sais que l'ostracisme et la consanguinité ne sont pas étrangers à vos maux et qu'ils vous ont tous condamné à péricliter dans la médiocrité la plus absolue. Je suis sensible à vos souffrances et je suis ici pour vous sauver ! Dès aujourd'hui.... euh quel jour sommes-nous ? »

Elle s'adressait au petit homme près de la scène qui haussa les épaules. Évidemment, personne ne savait jamais quel jour on était dans la brande...

« … Je déclare ce jour, jour de la culture et de l'Art. Toutes les séances de doléances seront désormais remplacées par des représentations théâtrales ! »

Quelques murmures d'indignation s'élevèrent alors que certains se demandaient : « Cont' qui on va s'battre ? ».

« Oui bon euh... peut-être une séance sur deux alors. »
reprit prudemment Ashe. Elle voyait déjà les fourches et les torches brandies, il valait mieux éviter d'énerver cette bande de barbares si elle ne voulait pas finir sur un bûcher. Ils étaient déjà suffisamment sur les nerfs à cause de l'incident de la veille.

« Nous commencerons par un grand classique du théâtre : « Je veux être ton oisillon » de Lord Ayvon*. »

Les murmures s'intensifièrent mais la curiosité l'emporta. Il est vrai que les occasions de se distraire à Baude se faisaient rares, c'est peut-être pour cela que son initiative fut couronnée de succès. Elle auditionna bon nombre de paysans, tâche ô combien périlleuse puisqu'aucun d'entre eux ne savait lire. Elle attribua quelques rôles à ceux dont le jeu était le moins mauvais mais n'avait toujours pas trouvé de candidat pour le rôle principal. Cette pièce était une histoire d'amour à l'issue tragique, le genre d'issue où les deux amants choisissent la mort à la séparation, un cliché certes mais qui ne manquait jamais de tirer quelques larmes lors des représentations. Une belle histoire d'amour selon Ashe est une histoire d'amour qui finit mal. Elle-même décida pour la première fois de sa vie d'endosser le rôle de metteur en scène, un rôle qui n'était pas si différent de celui qu'elle tenait dans les séances de doléance et elle n'allait pas tarder à s'en rendre compte.

« C'est quoi ces conneries ?! »

« Allons Hubert, calmez-vous et dîtes moi ce qui ne va pas, encore ? »

« Qu'est-ce qu'c'est que ce costume ? Je r'ssemble à ma femme ! »

Ashe détacha les yeux du script d'un air ennuyé.

« Hum... oui, cette robe vous va très bien, vous serez parfait en Cordelia. Où est le problème ? »

« C'moi qui joue la femme ?! », s'indigna t-il.

Elle soupira.

« Cordelia n'est pas une truie obèse ! Et puis... au delà de l'esthétique, il s'agit de sécurité, hors de question de prendre le risque de faire effondrer la scène en donnant le rôle à l'une des femmes de ce trou. »

Hubert ne semblait pas convaincu, il semblait même plutôt énervé. Alors elle sortit le grand jeu, se mit à sa hauteur et posa une main sur son épaule.

« Écoutez, je vais vous confier quelque chose. Dès l'instant où je vous ai vu sur la scène, j'ai su que c'était vous ! Vous êtes Cordelia ! Ce rôle est fait pour vous et personne d'autre n'est à la hauteur ici, vous le savez. »

Cette fois, elle avait été convaincante.

« Oui, z'avez sans doute raison... Mais v'trouvez pas qu'cette robe me boudine ? », demanda t-il en lissant la robe sur ses hanches.

« Absolument pas, vous êtes... magnifique. »


Hubert avait l'air d'apprécier ce compliment puisqu'il se permit un timide sourire. Lorsqu'il repartit, Ashe s'effondra sur sa chaise en poussant un soupir à fendre l'âme. De toute sa vie, elle avait rarement autant menti dans une même journée.

Baude n'avait jamais été aussi animé ; les femmes en avaient délaissé leurs cuisines, et les hommes leurs champs. Il y régnait une bonne entente et toutes les querelles intestines semblaient avoir été oubliées. On ne parlait plus que de la pièce de théâtre... sauf peut-être d'Hubert le travelo, qui était devenu la victime des moqueries et des quolibets de tous les gens du village. Ashe supervisait la pièce avec sérieux, elle répétait inlassablement chaque acte de la pièce et la passion dont elle faisait preuve ne semblait pas faiblir. Elle en avait même oublié qu'elle était à Baude, pays de la boue et du pécore.

* Toute ressemblance avec des personnages existants est parfaitement voulue. Il s'agit là d'un clin d'oeil, non d'un plagiat.
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Neleth Senjak
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MessageSujet: Re: La reine des jacques [PV]   La reine des jacques [PV] I_icon_minitimeMer 20 Juin 2012 - 22:16

De la boue, de l’humidité, une brise fraîche et de basses températures. Que rêver de mieux ? Comment ne pas tomber malade ? Il arrive des moments dans la vie d’un héros où rien ne va. D’autres, où la santé défaille. Oui, car, même les héros peuvent tomber malade. Même les héros…

Et ce jour, n’est pas le meilleur des jours pour Neleth Senjak. Voyager jusqu’à scylla aurait pu lui coûter un poumon, si ce n’est deux. Il n’avait pas d’argent et avait donc profité de la pauvre charrette d’un rétameur qui s’en allait vers Scylla depuis Langehack et qui avait besoin de deux bras en plus, pour l’aider à charger et décharger ses cargaisons. Sauf que, vu le temps clément à Langehack, qui aurait cru que le voyage serait si désagréable ? Encore, la pluie, ce n’est pas grand-chose quand on est à couvert sous une toile de charrette étanche. Mais ca devient quelque chose, quand cette toile de charrette est trouée, un peu partout et point imperméable. Même le rétameur a laissé glissé qu’il faudrait changer cette toile fatiguée d’être raccommodée par quelques couturières de passage.

Bref, pendant ce voyage, ils eurent de tout, pluie, orage, vent, le maître d’art s’est même demandé, à un moment, si ils n’auraient pas de la tempête ou si un éclair divin ne s’abattrait pas sur la carriole branlante. Assit à côté du vieux rétameur, il en était venu à plaindre les chevaux, emmitouflé dans sa cape de laine bouillit qu’il avait bien fait de prendre pour l’occasion. La capuche de sa cape de lin coulant d’eau froide dans ses cheveux et goutant sur son nez devenu rouge par les intempéries. Jusqu’au moment où sous une pluie diluvienne, une roue s’embourba et où il fallut que le jeune homme sorte pour pousser la charrette pendant que les chevaux tiraient et que le rétameur les guidait. Si bien qu’il arriva dans le comté, trempé, plein d’éclaboussures de boue et les chausses boueuses. Oui, car, il avait oublié de prendre des bottes !

Comme convenu, le rétameur s’arrêta dans l’un des principaux villages du comté de Scylla et s’esclaffa en voyant l’estrade, à l’attention de Neleth : « Hey ! Voila du boulot pour toi, l’artiste ! » Et d’ajouter de manière sage et énigmatique, non sans un petit clin d’œil : « Les mauvais moments possèdent toujours une ou deux récompenses. ». Mais de quelles récompenses pouvait-il bien parler ? Mise à part, une scène et des paysans, il n’y avait rien à voir. Même pas de décors. C’était ca la récompense pour cet horrible voyage ? Un pseudo théâtre ouvert planté dans la gadoue ?! S’il était un peu plus émotionnel, je crois bien que notre héros se serait ouvert les veines avec son espadon en bon dramaturge qu’il était. Sauf que les paroles d’un rétameur avaient toujours un sens et qu’il ne fallait pas les prendre à la légère ! S’il y avait une récompense, elle n’était pas encore arrivée à l’esprit du maître d’art. Pour lui, cette récompense était déjà sous ses yeux et elle ne donnait qu’une envie : Repartir !

Mais comme convenu, Neleth aida le rétameur à décharger tant bien que mal ses cargaisons, ses brics et ses broles non loin de la scène. Il pouvait ainsi entre deux allés et venus écouter et regarder ce qui se tramait par la bas. Il faudra avouer qu’il a bien rigolé une bonne dizaine de fois avec ces gueux qui n’avaient aucun talent mais dont la performance était plutôt risible. Comme quoi, il n’était pas nécessaire d’avoir des acteurs de talents pour faire une bonne comédie. Même si celle-ci donnait plus l’air d’une bouffonnerie. Il ne fallait jamais prendre à la légère une pièce de théâtre. C’était la deuxième règle à respecter quand on voulait survivre dans ce monde cruel plein de couteaux tirés près à s’abattre dans votre dos !

Une fois la cargaison déchargée, non sans avoir plusieurs fois interpellé Neleth qui flânait, trop occupé à regarder l’entrainement des acteurs entre deux caisses. Le rétameur lui tapa sur l’épaule et lui dit ces quelques mots : « Bien, l’ami ! J’m’en vas m’asseoir sur ce banc ci, à l’abris de la pluie, boire une bonne tisane chaude, faut entretenir mes vieux os ! Tu viens avec moi ? T’as l’air d’en avoir bien besoin aussi. »

Le maître d’art regarda le temps, il ne pleuvait pas et il n’avait pas l’air de vouloir pleuvoir malgré la couche de nuage grisâtre constante propre à la baude. Aussi, fronça t’il les sourcils aux paroles du rétameur, pensant qu'il était encore en train de se moquer de lui. Et déclina l’offre en répondant : « Non, pas maintenant, mais merci, peut être plus tard. Il est temps pour moi d’entrer en scène. Moi aussi, je dois gagner ma tisane ! Au plaisir, on se retrouve plus tard. » Et sur ces mots, il laissa le rétameur qui alla s’asseoir à un banc qui faisait face à la scène à l’abri de l’extension du toit d’une taverne. Et marmonna à l’intention de l’artiste qui était déjà partie : « Bonne chance l’artiste, il va y avoir du spectacle. » Et éclata de rire en jetant un œil aux nuages alors qu’on lui apportait sa commande.

Pendant ce temps, Neleth se dirigea vers l’arrière de la scène pour y monter alors que les gueux étaient toujours en train de répéter et s’esclaffa au moment où il commença à poser ses pieds sur les planches : « Ce n’est pas comme ca voyons ! » Puis en montrant un acteur qu’il avait repéré plus tôt : « Plus fort ! On ne vous entend pas ! Vous devez couvrir l’orage ! » Et un autre qui devait chuchoter : « Quand à vous, moins fort. Il faut mettre de la vie dans vos mots ! Vous chuchotez, vous ne criez pas. » Finit-il en murmurant ces derniers mots pour exprimer la hauteur à donner. Puis, faire deux trois foulées presque bondissantes pour attraper les poings d’Hubert qui se trémoussait dans sa robe comme un sommelier mal dégrossit : « Vous êtes une femme, pensez comme une femme, bougez comme une femme ! Ne m’obligez pas à vous faire mettre des talons ! Ou à vous faire monter sur échasses. Plus souple, plus léger, essayez donc de marcher sur la pointe des pieds ». Dit-il en l’invitant en une marche dansante pour lui montrer comment l’ont fait.

Quand soudain, la pluie vint se joindre à la fête, une bonne pluie diluvienne qui fut assez forte pour faire disparaitre la plupart des acteurs, sous un grondement de tonnerre. Tous avez disparu. Comme un gâteau qui se dégonfle d’un coup ! Sauf Hubert qui était toujours la, à essayer de suivre les directives de Neleth. Jusqu’à ce qu’il en ai eu marre et souffle son mécontentement. Et finisse par s’en aller de la scène, non sans une démarche maladroite à cause de la robe. Pour aller rejoindre sa masure en tentant de ne pas glisser sur la boue nouvellement formée, ca aurait été le bouquet.

Si bien que le maître d’art se retrouva seul sur scène. A regarder le ciel dépité. Silencieux. Jetant un œil à droite et à gauche pour voir s’il ne restait pas une petite chance de se faire de l’argent mais rien. Mise à part, cette femme qui observait la scène depuis tout à l’heure et qui était déjà là avant son arrivée. Puis, il regarda à nouveau le ciel, il se rappela qu’il avait froid. Que ca faisait trois jours qu’il vivait sous la pluie, le froid, le vent et l’orage. Il renifla le début d’un rhume. Ecouta les gouttes tomber sur son front, la capuche tombée dans son dos. Sentie les gouttes caresser son visage tel un tambour. Il ferma les yeux. Son sang suivant le rythme commencé par la pluie pour battre dans sa tête, lentement. Puis, tout s’assombrit. Et il chuta, tel un célèbre compositeur finissant sa vie sur scène. Sauf que la mort voulait jouer et seul l’inconscience s’empara de lui. Il était fiévreux. Du sang coula de son cuir chevelu pour se mêler à la flaque d’eau qui se formait sous lui. Il s’était blessé derrière le crâne. De manière bénigne mais assez pour former une mare rouge. Il était beau l’artiste, trempé du manteau de laine à la chemise de lin, en passant par la cape à capuche de lin, le pantalon et les chausses. Un homme pâle aux teintes dansant avec un panel de terre de sienne et de châtain foncé. Dans une tache rouge diluée… un tableau à immortaliser pour un peintre.
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Ashe
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MessageSujet: Re: La reine des jacques [PV]   La reine des jacques [PV] I_icon_minitimeJeu 21 Juin 2012 - 20:54

Les répétitions théâtrales étaient devenues l'un des moments qu'elle appréciait le plus dans la journée. Elle se moquait gentiment de ses acteurs dont la prestation était affligeante, ils étaient peu convaincants et cette pièce tragique avait à présent des airs de comédie, voire de parodie. Lord Ayvon devait se retourner dans sa tombe. Ce jour là, un hurluberlu s'était glissé sur scène et avait interrompu le fou rire de la jeune femme. « Pour qui il se prend celui là ? » marmonna t-elle en se redressant sur sa chaise. Elle regarda autour d'elle pour voir s'il n'y avait pas quelques petits cailloux qu'elle pourrait lui lancer, qu'il arrête de distraire ses comédiens que diable ! Un éclat de tonnerre, puis un deuxième. Le ciel était chargé de pluie et il craqua sans prévenir, inondant le sol qui devint boueux. Raaaah maudite, maudite, maudite boue de Baude ! Les paysans détalaient comme des lapins.

« Hey mais où allez-vous ? La répétition n'est pas finie ! »

Il ne resta bientôt plus qu'elle au milieu de la place, sous cette pluie diluvienne qui colla ses longs cheveux noirs sur son visage. L'inconnu était resté planté là lui aussi mais il ne tarda pas à s'effondrer sur la scène. A croire que la foudre s'était abattue sur lui. Peut-être avait-il tout bonnement fait un coma éthylique ? Elle hésita quelques secondes, se demandant s'il ne valait mieux pas laisser cet ivrogne cuver en paix, même si d'un autre côté il faisait un peu désordre, là, au milieu de la scène. Elle monta sur l'estrade à son tour, bien décidée à lui mettre quelques coups de pied bien placés pour qu'il bouge de là. Il gisait là, à ses pieds, complétement détrempé, elle en profita pour observer cet étranger qui par ailleurs n'avait pas la tête d'une outre à vinasse, mais comme on dit... jamais se fier aux apparences. Une marre d'eau et de sang suintait de sa tête, chose à laquelle elle n'avait pas fait attention de prime abord mais qui soudain la glaça d'effroi.

Les blessures à la tête, même bénignes, saignent toujours abondamment, c'est toujours très impressionnant et Ashe était vraiment très impressionnée. Elle vacilla, prête à rejoindre l'inconnu dans les limbes de l'inconscience. Depuis toujours, elle avait une peur maladive doublée d'un dégoût prononcé pour le sang. La vue d'une simple goutte d'hémoglobine la faisait tourner de l'oeil. Enfin... dans la plupart des cas ; il y avait bien entendu un large panel de réactions symptomatiques physiques très dérangeantes et très gênantes -surtout en société. Elle avait toujours gardé le secret de cette phobie honteuse, par nécessite pensait-elle. Elle savait que cette information valait de l'or pour quiconque chercherait à lui nuire et elle était suffisamment paranoïaque pour s'imaginer que ça se bousculait au portillon.

Dans un élan de bravoure... ou plutôt de lâcheté, elle abandonna le mourant pour mettre le plus de distance possible entre elle et lui. La taverne se situait non loin de là et elle s'y précipita dans l'espoir d'y trouver de l'aide ; oui, elle était lâche mais pas totalement monstrueuse. La taverne était un endroit très en vogue à Baude puisque quasiment tous les pégus du village s'y retrouvaient pendant leur temps libre, et ils avaient énormément de temps libre les gens de Baude, elle savait qu'elle trouverait quelques paires de bras pour l'aider. La porte s'ouvrit à la volée, découvrant une jeune femme livide.

« Il y a un... un homme... qui est en train de mourir sur ma scène ! » haleta t-elle, complétement essoufflée.

Tous les regards étaient tournés vers elle mais elle ne suscita aucune réaction parmi l'assemblée. En effet, ils semblaient tous plus interloqués de sa présence en ces lieux plutôt que de la teneur de ses propos. Il est vrai que la jeune femme avait souvent déclaré avec un certain mépris que, je cite, jamais elle ne mettrait les pieds dans ce trou putride, sauf si elle décidait brusquement de choper de typhus ou une autre saloperie que transportent généralement les créatures simiesques de ce bouge infâme.

« Mais qu'est-ce que vous attendez pour aller le chercher ?! »


« Il est où vot' gars ? » demanda le propriétaire de l'établissement.

« Sur la scène je vous dis ! Il va tout me salir... »

Les tâches de sang étaient difficiles à faire partir, alors imbibées dans le bois... autant dire qu'elle devrait changer toutes les planches. Mais qu'est-ce qui lui avait pris, à cet imbécile, de venir mourir ici ? N'aurait-il pas pu s'effondrer dans une ruelle sordide où personne ne l'aurait remarqué, là où les chiens auraient pissé sur son cadavre ? Non, bien sûr, dès que quelqu'un avait l'occasion de la contrarier il ne s'en privait pas.

Trois sympathiques paysans, dont le rétameur et le propriétaire de la taverne, allèrent porter secours à l'étranger. Ils avaient estimé qu'il serait beaucoup amusant de trainer le pauvre bougre tout le long du chemin plutôt que de le porter. Ils l'amenèrent dans l'arrière salle et le posèrent sur une table de bois massive ; ses vêtements étaient tellement trempés qu'il aurait pu se noyer dedans. Ashe les suivit, prenant le soin de fermer la porte derrière elle pour éviter que les curieux ne viennent fourrer leur nez là dedans.

« Eh bien messieurs, beau travail ! Je suis sûre qu'il vous remerciera pour vos bons traitements dès qu'il se réveillera, s'il se réveille un jour... »
dit-elle, acerbe.

« Il a sûrement attrapé la mort. Pas étonnant.» dit le rétameur.

« J'connais qu'une façon de soigner ça ! Le mal par le mal ! »

Ni une, ni deux, ils l'empoignèrent par les épaules et le jetèrent sans sommation dans une bassine d'eau froide au fond de la pièce.

« Mais vous êtes dingues ?! Vous voulez le tuer ? »

« Vous inquiétez pas m'dame, s'il survit, c'est qu'il s'ra pas mort. » dit le tavernier.

C'était une croyance stupide et bien entendu complétement erronée, on ne soigne pas le mal par le mal. Mais il faut croire que plus on s'enfonce dans la brousse, plus ce genre de pratiques est répandu, et puis on était à Baude aussi, ça aide.

« Y reste là cette nuit et on voit d'main ! »

« Sortez-le moi de là tout de suite ! J'ai aucune envie d'avoir un cadavre sur les bras ! »

Le tavernier la regardait sans comprendre, ils avaient toujours procédé de cette façon pour soigner les rhumes et il n'y avait jamais eu de problème jusque là. Beaucoup de morts certes, mais des morts qui n'avaient pas bénéficié de ce traitement à temps, rien de plus. Le ton de la dame ne prêtait pourtant pas à la discussion, et ils finirent par sortir le jeune inconnu de la cuve d'eau glacée.

Quelques minutes plus tard, une fois qu'une brève accalmie leur fut accordée, ils en profitèrent pour amener le malade au domaine de Baude, sous les directives de la dame Ashe. Dans son infinie bonté, et aussi parce qu'elle avait de sombres projets inavouables derrière la tête, elle avait décidé d'accueillir le malheureux chez elle, dans l'une des chambres d'amis.

« Enlevez-lui ses vêtements. »

Personne ne bougea, trois paires d'yeux étaient tournées vers elle, signe que cette fois la coopération serait plus rude.

« Il est hors de question qu'il dorme sur le lit dans cet état, regardez-le ! Le tapis va finir par sentir le chien mouillé tellement il dégouline ! »

«  Et pourquoi c'est pas vous qui vous y collez ? »

«  Moi ? Mais parce que je... »

Parce qu'elle était terrifiée et écœurée à l'idée de s'approcher de cet inconnu qui suintait le sang. Rien que l'idée d'être dans la même pièce qu'un homme blessé la rendait malade, elle prenait beaucoup sur elle pour ne rien en montrer.

« Parce que je suis une femme et que ce serait... inconvenant ! » dit-elle, faussement outrée par cette proposition. « D'ailleurs, je vous laisse vous en occuper, il vaut mieux que je quitte la pièce. »

Elle s'exécuta et en profita pour chercher de quoi panser la blessure de son invité. Lorsqu'elle revint dans la chambre, seule la tête de ce dernier dépassait des couvertures et tous ses vêtements formaient un tas de tissus détrempés près de la cheminée. Elle resta encore sur le pas de la porte, comme si elle avait peur de ce qui se trouvait dans cette chambre, et elle jeta une demi douzaine de bandages sur le lit.

« Mettez-lui ça autour de la tête. »

C'est le rétameur qui s'en chargea, tandis que la jeune femme regardait ailleurs, très mal à l'aise. Comment avait-il pu se blesser à la tête ? Ce garçon n'était vraiment doué.

« Voilà, ça suffira je pense. »

« Et moi je ne pense pas. » répliqua la jeune femme. « Mettez-lui aussi les autres. »

« Mais la blessure ne saignent plus. »

« Ne discutez pas ! »

Et il ne discuta pas. Visiblement l'hôte de cette maison était vraiment soucieuse du bien être de ses invités, du moins c'est ce que pensa le rétameur mais il était loin du compte. Lorsqu'il eut fini, ce qui au début n'était qu'un simple bandage s'était transformé en une sorte de turban géant ridicule.

« Était-ce vraiment nécessaire ? » demanda t-il, perplexe devant le résultat.

« Quand on fait quelque chose, on le fait bien. Je vous remercie de votre aide. »

Elle l'observa longuement, tout en essayant de se persuader qu'à présent, la blessure ne pourrait plus saigner. Il faut croire qu'il y avait assez d'épaisseurs à son goût puisqu'elle réussit à entrer dans la pièce, sans toutefois s'approcher de lui. Son attention se porta sur l'épée reposant à côté de ses vêtements, elle frissonna. Elle n'aimait pas les armes et en avoir une chez elle la rendait nerveuse. Elle se demanda un instant si cet homme pourrait en user contre elle et décida qu'elle n'était pas prête à prendre ce risque. L'arme à la main, elle quitta la pièce.
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Neleth Senjak
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MessageSujet: Re: La reine des jacques [PV]   La reine des jacques [PV] I_icon_minitimeMar 26 Juin 2012 - 16:58

Le maître d’art ne dormez pas. Il était loin, loin, dans une salle vide et obscure. Tel un enfant apeuré, coincé dans cette atmosphère sèche qui ne tarda pas à virer à l’humidité. Il était nue et seul, l’eau commença à grimper recouvrant bientôt ses chevilles, avec cette sensation de caresse froide que seul l’eau est capable de vous offrir. Puis, l’eau arrêta de monter. L’enfant chercha à tâtons un moyen de grimper quelque part, pour sortir de cette eau dangereuse. Oui, car l’enfant ne savait pas nager, il avait peur de l’eau. Peur de se noyer. Et le temps était contre lui. Il marcha donc, à quatre pattes tel un animal apeuré dans un univers inconnu et sans lumières. Jusqu’à ce que des formes invisibles le soulèvent, tel le vent ballottant une effigie de paille. Il hurla.

Il aurait voulu se débattre mais ses bras et ses jambes étaient lourds, comme si, soudainement, il ne maitrisait plus son corps, juste ses yeux. Il pouvait voir, voir l’obscurité alentour. Le noir partout. Rien d’autres. Seul son sens du toucher était vraiment utile ici. L’apprentissage d’un aveugle qui découvre le monde, tel était sa punition. Qu’était ces formes ? Pourquoi lui ? Pourquoi l’emmener ici et là, au-dessus de cette eau dans ce monde sans formes ni lumières ? Il ne tarderait pas à avoir la réponse, car soudainement, il fut jeté dans un grand plouf. Une eau noire et froide. Le rêve virait au cauchemar. Il n’avait plus peur, il était effrayé. Il se débattit pour tenter de rester à la surface, la tête hors de l’eau. Mais à chaque mouvement, il buvait un peu plus de ce poison froid qui étouffait ses poumons. Il voulait crier, mais il ne pouvait pas. Il finit par n’avoir plus la force de lutter contre ce monstre aqueux. Le froid tétanisant ses muscles. Finissant la tête complètement sous l’eau. Sombrant dans les profondeurs de cette étendue gelée. Il avait froid. Non, il était gelé. Il cessa le combat et dans le désespoir accepta la mort. Il voulait mourir. Et à mesure qu’il acceptait la mort, l’enfant qu’il était grandissait.

Il atteignit rapidement l’adolescence, replié sur lui-même dans cette étendue froide. En forme de fœtus. Puis, finalement, devint plus fort et passa l’âge adulte. Les yeux clos, il rêvait. Attendant son heure qui ne venait pas. Aussi, finit-il par ouvrir les yeux pour se rendre compte qu’il lévitait. Il n’y avait plus d’eau. L’air était sec. Juste les nuages et le soleil. Une chaleur agréable le caressant via une brise légère. Il était comme un oiseau réchauffé par le soleil. Comment il en était arrivé la, il n’en avait aucune idée. Mais à choisir entre l’obscurité complète, l’humidité, l’eau et le froid, il préférait sans nul doute, cette chaleur, cette légèreté et surtout cette lumière. Mais, il n’aimait pas voler, c’était ennuyant de rester au-dessus des nuages. Aussi, descendit-il pour surfait avec ces coussins géants. Les traverser, c’était son rêve. Et le temps de cet amusement sembla éternel…

Jusqu’au moment, où il commença à fatiguer. Il bailla et décida qu’il était temps de retrouver un juste milieu à ce rêve. Il traversa la couche de nuage mollement et atterrit au pied d’un arbre perdu dans cette énorme tâche de vert. Il s’allongea à son pied et se nicha en position fœtale. Ferma les yeux et se laissa sombrer dans les rêves… tel était l’homme qui rêvait dans ses rêves. Il était serein, apaisé et dormit d’un sommeil léger.

Tel était le monde onirique. L’éternel inverse du monde réel. Pourtant, l’heure était de se réveiller pour Neleth Senjak et de découvrir là où il avait atterrit. C’est donc après 3 jours de sommeil ininterrompu qu’il se réveilla dans un lit chaud avec des draps propres. Ouvrant les yeux, il parcourra la pièce du regard avant de froncer les sourcils face à la douleur qui vint hanter son esprit. Une douleur dans l’arrière du crâne assez désagréable. Et c’est en repoussant les couvertures, touchant sa tête qu’il découvrit l’énorme bandage aux allures de turban qui trônait sur sa tête. Il essaya de se lever, il était nue et marcha jusqu’à la fenêtre pour voir où il se trouvait. Jetant un regard vers l’extérieur, il ne reconnu pas grand-chose, si ce n’est la place du village ou trônait cette espèce de scène de bois qui lui semblait familière. Mais, la fièvre le prit encore et toujours et il vacilla, se rattrapant à la fenêtre, au bord de l’évanouissement malade.

« A moi ! Je me sens paaas.. bien ! »

S’écria-t-il assez fort, d'une voix malade, espérant que quelqu’un l’entende dans ce vaste endroit. Et il n’avait cure à ce moment d’avoir les fesses à l’air.. c’était le dernier de ses tracas…
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