On parlemente mieux en s'humectant le gosier [Dudu duc]

Lorsque l'on rencontre un nain, on s'en souviens en général. Plus encore si on se retrouve à parlementer avec ledit nain. Vous voyez sans doute de quoi je suis en train de parler. Les nains. Ces êtres humanoïdes de petite taille avec deux bras, deux jambes, une barbe et un casque. Beurré du soir au matin, vivant dans les cailloux plus ou moins précieux et appréciant le maniement du marteau de guerre et de toutes sorte d'armes désagréablement pointues, tranchantes et fracassantes. Et puis, si vous en avez vu, c'est forcément un nain, car, comme chacun sait, les naines n'existent pas. Elles sont remplacée par l'utilisation d'un organe bisexuel, la barbe, qu'il conviens de bien arroser de bière. C'est pour les nains une forme de parade nuptiale. Aussi il valait mieux éviter les tavernes naines. On racontait de nombreuses histoires sur des humains violé par des barbes ivres de plaisir et de bière. Des images terribles qui hantaient l'imaginaire collectif.

En l’occurrence, Guilhem avait sous les yeux un parfait spécimen de la gente nanique. Petit comme il se doit, barbu à profusion, aussi rond qu'une boule de pétanque, aussi large qu'il était haut et bien sur, surchargé de brocards et de runes dans une sorte d'improbable enchevêtrement d’oripeaux. Cela donna une petite idée au seigneur de Karras. Ce nain qui de toute évidence cherchait à négocier avec Clairssac pouvait lui être utile. Et puis, même si Jérome était sans doute enclin à toute forme de négociation, Guilhem préférait que se soit avec lui que le nain traite. Il avait prit des risques pour Clairssac, risques qui ne lui apportaient pour le moment aucun bénéfice autre que d'être admis dans un conseil provisoir un honneur bien inutile et minime si on considérait se que Guilhem avait fait. Il ne ferait en aucun cas confiance à Clairssac avant d'avoir Bastylle. En attendant, il allait faire en sorte de s'arroger au moins la meilleure part du marché avec le petit ventru.

Profitant qu'on venait déranger Jérome pour une autre affaire, Guilhem entraina le nain à sa suite avec de grands gestes d'amitier.

« Ah, maître nain. Je suis heureux d'enfin faire la connaissance d'une personne de votre peuple. Savez vous que je nourris de grands projets ? J'aimerais m'en entretenir avec vous. »

* * *

La maison que Guilhem et ses hommes s'étaient arrogé dans le quartier nord ouest était plutôt coquette. Bien sur, il avait fallut nettoyer les traces de sang. Les Wandriens avaient décidé que cette belle maison allait être pour eux et le précédent propriétaire avait tenté d'attaquer Urs avec un tisonnier. Mauvaise idée. Mais maintenant, ils avaient une sorte de quartier général par forcément désagréable.

Se fut dans un petit salon que Guilhem entraîna Dun Eyr. Il voulait lui parler de ses projets et c'était le meilleur endroit. Là, il était certain qu'aucune oreilles indiscrètes ne viendrait l'épier et lui voler son projet, et puis, c'était quelque chose que Guilhem ne pouvait pas réaliser seul. Il avait besoin de Wandriens pour cela. Urs représenterait le partit des Wandres.

Il fut d'ailleurs assez amusant de voir le titan dévisager le nain.

Hilda et Agniès leur apportèrent quelques bonnes bouteilles et des amuses gueule avant de s'installer aux côtés de leurs amants respectifs.

« Cet alcool n'est sans doute pas aussi bon que celui que vous fabriquez maître Eyr. Mais je crains que l'alcool nain nous rende tous aveugle si nous nous avisions d'y goûter, plaisanta Guilhem. »

Une plaisanterie qui tomba légèrement à plat, en tout cas pour se qui était d'Urs. Heureusement que le Wandrien n'en avait pas pris ombrage et n'avait pas décidé de relever ce non défis.

« Enfin bref, parlons peu mais bien. Maître Eyr, j'ai dans le projet de rouvrir une route entre Serramire et les terres de votre peuple. Une chose qui a trop longtemps été abandonnée et négligée. Mais on ne peu nier l'habilité des nains et je pense que nombre de personnes dans la Péninsule ont l'or pour se procurer ces merveilles. La question étant : trouverons nous un terrain d'entente ? »

L’entrevue avec le seigneur Jérôme avait été fructueuse, et Dun Eyr pouvait espérer le meilleur pour ses frères à Alonna si un jour la guerre cessait, et que l’étendard d’Etherna triomphait sur Serramire. Dans le cas contraire, le Nain poursuivrait ses marchandages avec le vainqueur, pourvu que celui-là fût digne et honorable.
Lorsque Dun Eyr eut fait entrer ses frères dans le campement du seigneur de Clairssac, et veillé au déchargement de leurs denrées, un émissaire de Karras se présenta, et lui soumit l’invitation d’un seigneur des bourgs du Nord. Le Haut-Prêtre aurait aimé refuser : il n’était pas venu rejoindre, à contre-cœur, l’hasardeux siège de Serramire, si c’était pour que des seconds couteaux l’intègrent à leurs tractations de pouvoir. Pourtant, on ne refusait rien à un châtelain que les hommes disaient tenu haut dans l’estime d’Etherna ; la mine sombre, Dun Eyr suivit l’envoyé alors que celui-ci le menait à son maître et seigneur.

Lorsque Dun Eyr posa le pied dans la maison qu’on lui indiquait, et se retrouva dans un salon calfeutré, peuplé de sourires insistants, le Nain comprit qu’il avait été invité à un complot. Seuls les Humains avec des projets sombres tractaient ainsi, à l’abri des regards. L’Almien gronda en lui-même : cela n’était pas la voie digne des Nains.

Pourtant, le Haut-Prêtre rendit son salut à Guilhem d’Averlaig, un hochement du chef et quelques mots :

« Salutations, sieur d’Averlaig, seigneur de Karras, estimé par le Baron de Clairssac. »

Alors seulement, le Haut-Prêtre avisa du regard le colosse qui se tenait derrière d’Averlaig, et le visage du Nain se raidit : ce n’était pas tant la taille qui en imposait au petit Nain — ou du moins, Dun Eyr refuserait de l’admettre avec autant de clarté — mais l’origine Wandrienne du sauvage. Ces barbares-là avaient anéanti des colonnes entières de survivants Nains lors de la Malenuit, et les crânes des enfants de Kirgan ornaient encore nombre de piques dans les campements crasseux de ces êtres des collines. Celui-là ne recevrait aucun salut de la bouche de l’Almien.

Lorsque Dun Eyr vint s’asseoir sur les coussins du seigneur, trop doux pour être un siège de guerrier, deux femmes vinrent encore les rejoindre et quatre paires d’yeux humains se fixèrent sur le seul visage du Haut-Prêtre. En terre Naine, on ne concluait d’accord qu’entre parties égales en nombre ; en terre Naine, certaines nuques auraient déjà senti le tranchant d’une lame venir les caresser.
La situation était déjà déplorable ; lorsque le seigneur avança les termes de l’accord, tout empira d’un degré encore.

Conscient d’être lié par un accord d’honneur au seigneur d’Etherna, Dun Eyr répondit néanmoins froidement à celui qui était son vassal :

« Je suis Nain fidèle au Père, je remonte vers le Nord pour purger Sardar de son trop-plein de brigands Humains. Votre race a assez pillé nos terres comme cela, je ne forerai pas une nouvelle route pour des nobles en mal d’artisanat exotique. Et je suis fils d’un peuple saigné par la guerre, dont les frères et les sœurs gisent encore par centaines dans les précipices bordant les terres des Wandres ; il n’y aura pas d’accord entre nous, pas tant que vos terres seront alliées à ceux qui décimèrent sans honneur les enfants affaiblis de Mogar. »

Le nain n'était de toute évidence pas d'une excellente humeur, loin de là, lui faisant clairement comprendre qu'il n'était pas son amis et qu'il était ici que parce que Guilhem était une personne estimée par Jérôme de Clairssac. Qu'importe au fond, la seule chose qui importait était que cette outre à vinasse ait posé son fessier sur un fauteuil et qu'il ait écouté se que Guilhem avait à dire. Le reste n'était que verbiage politique. Les nains étaient des commerçant. Leur langage était celui de l'or et des pierreries, de la perte et du profit. Tout se qu'il fallait, c'était que Guilhem se mette à parler la même langue que cette demi portion et tout pourrait se mettre en place.

Le plus dure était de convaincre Urs de se tenir tranquille. Le Wandrien n'avait pas vraiment apprécié le discourt du nabot et on le sentait prêt à bondir sur lui. Il fallait faire quelque chose. Le colosse se dressa de toute sa taille comme s'il avait l'intention d’aplatir le nain à la seule force de ses poings. N'ayant nulle envie de voir l'entrevue mal tourner, Guilhem poussa la table basse autour de laquelle ils étaient assis d'un bon coup de pied pour l'envoyer percuter violemment le mollet d'Urs.

Plus par le fait qu'il avait comprit le signal de Guilhem qui se résumait en un ''assis'' ferme que par la douleur de cette percutions, le sauvage Wandrien se remis assis.

« À moins que vous ayez deux cent cinquante nains en arme à me fournir ainsi que du ravitaillement pour mon domaine, je vous prierais maître nain de garder pour vous vos commentaires et jugements quant au choix de mes alliés. »

Karras n'aurait jamais été capable de tenir sans l'aide des Wandriens. Aide qui n'avait pas été désintéressée, loin de là, mais qui avait eu le mérite d'être extrêmement efficace. Alors il était tout à fait hors de question de se faire dicter sa conduite par cette demi portion.

« Pour se qui est des pillards, ne faite surtout pas l'erreur de les confondre avec mes hommes ou ceux de mon amis faute de quoi je crains d'être fort déçus par la stupidité des nains. »

Guilhem l'avait invité chez lui, lui avait proposé un marché et avait été courtois avec ce nain. Dun Eyr se montrait insultant, Guilhem n'avait plus la moindre raison de se montrer polis. Si ce nabot pensait qu'il allait pouvoir le bouffer tout crus, il avait tord.

« Et dites moi maître nain. Avez vous seulement les effectifs de vos ambitions ? La reconquête de vos montagnes est un objectif noble et nul doute que Mogar se penchera sur ceux qu'il a pratiquement exterminé avec une oreille des plus attentive. Mais qu'en est-il de la communauté d'Alonna ? »

Guilhem afficha un petit sourire. Il restait aussi calme que possible en apparence mais dans le fond, il savourait ce moment.

« Je sais les moindres détails de votre accord avec Clairssac et de se que vous recherchez pour cette petite communauté naine. Mais, je n'ai pas put m'empêcher de remarque que les vôtres auront l'autorisation de circuler librement à la condition seule d'être en terre de Serramire. »

Et c'est là qu'il y avait un problème.

« Combien survivront à la traversée des Wandres si on ne sécurise pas une route ? Avez vous les effectifs pour cela maître nain ? Je ne pense pas. Mais je peux toujours me tromper. Pour une telle chose, il est nécessaire de faire appel aux Wandriens. Même si l'idée ne vous plaît pas. Hors il s'avère que je suis le seul en Serramire à avoir osé me faire des amis et à avoir entamé le dialogue avec ce peuple. Leur confiance est un bien qu'il n'est pas aisé de gagné. D'autres y parviendront sans doute. Mais d'ici là, votre communauté d'Alonna aura été coupée du reste de votre peuple, et qui sait pendant combien de temps. Sans doute plus longtemps encore si vous faites de moi et de mes amis des ennemis. »

Posant son verre, Guilhem avait ses yeux d'ambre fixé sur le nain, guêtant sa réaction.

« Pour le reste, gardez vos babioles et jouets d'enfants. Je m'intéresse à des jouets plus... matures. Armes et armures. »

» Le partage, c'est ce qu'il y a de mieux [pv]
» Une choppe et ça ira mieux.
» Fuir pour mieux vaincre
» Changer pour mieux avancer [PNJs]
» [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir

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