L'Amnésie - Messagère

Les miaulements d’agacement courraient, s’élevaient et, pendant ce temps, le client devenait vendeur pour un instant seulement. Le temps de mettre ses taux et son paiement sur papier afin de créer une entente honnête et viable pour les deux partis. La si jeune messagère n’était pas un monstre en négociation;- elle ne demandait jamais plus que ce qu’on lui devait. À bien y penser, c’était même toujours ces riches, ces monsieurs et madames là qui tentaient de créer des prix ridicule au vu de l’impression d’avoir à faire à une ignorante.

Les papiers glissaient dans le fond d’une besace en cuir, scellée à double noeuds afin d’en assurer la sécurité durant le transport. Une fois les papiers signés, l’entente entendue, la poisseuse s’extirpait des bâtiments et courrait se perdre dans les prairies toutes pareilles ainsi que le reste du monde invivable et toujours en mouvement.
Dans ces moments de marche, il ne restait plus personne.

Il n’y avait rien à dire et tout à penser. Les idées se succédaient dans la tête mal brossée de la faussement tatouée et ce n’était jamais pour le mieux. Son souffle était régulier, elle avançait à un bon rythme et, pendant ce temps, le soleil baissait dans le ciel pour laisser place à une fraîcheur toute nouvelle. Les pensées lui noua la gorge et serra le ventre, c’était ridicule, mais comment en était-elle arrivée à devenir une messagère? C’est certes un plan de carrière, au moins, mais ce n’est toutefois pas très risqué, ni très haut comme boulot.
“L’accessibilité de l’information..” Souffla l’Amnésie entre deux respiration contrôlées. Les sourcils froncés, la mine songeuse, elle réfléchissait à voix haute. Lorsqu’on voyage seul, ça arrive. Déjà toute petite, la pauvre vivait dans son environnement de travail. Diantra n’a pas les airs d’une petite ville qui ne bouge pas, bien au contraire. Les soirs ou, toute jeune et innocente, Nessie devait trouver un endroit ou dormir; elle cultivait une foule d’informations. La grande majorité du temps, elle trouvait refuge sous une maison surélevée par des troncs de bois. C’était humide, froid et bruyant. D'où elle dormait, les discussions des ruelles avoisinantes étaient complètement perceptible. Une magouille importante, une tromperie, des soupires étouffés;- Elle était destinée à savoir et à écouter.

Puis, les années défilent sans qu’on ne puisse s’en rendre compte. Elle grandissait, elle vieillissait et ses cheveux allongeaient. C’était tout son corps qui était en changement, rien ne restait semblable. Des formes poussaient ou il n’y en avait pas, et de nouvelles odeurs s’élevaient des pores de sa peau. Même dans sa tête, ce n’était plus pareil. Alors qu’avant tout allait, maintenant, rien n’allait bien.

À 15 années, elle était persuadé que la solitude allait la tuer. Pis encore, le manque de nourriture, le manque d’hygiène, le manque de ressources, le manque d’un tout généralisé. Parfois, l’Amnésie aurait aimer naître soeur-de-quelque-chose, de quelqu’un. Avoir une personne à ses côtés qui puisse lui répondre, pas comme les animaux qui ne font qu’amoindrir la nourriture.. Mais la famille de l’orpheline restait un mystère, il en reste un encore aujourd’hui. Rester fixée sur le présent est, visiblement, le meilleur moyen de vivre une vie si compliqué pour la brunette.

Sa petite main poing fermé alla s’abattre sur le bois trempé de la première porte du domaine. La livraison prenait bientôt fin, il ne lui resterait qu’a trouver un nouveau travail afin de ne pas se déplacer pour un rien. Avec de la chance, ce sera le receveur qui sera son nouveau fournisseur. Bougonneuse et détestable, l’Amnésie livrait les rouleaux uns à uns, terminant ses rencontres sur une note blanche comme pas deux et aussi agréable que possible.
“ Chercheriez-vous, par hasard, à louer les services d’une messagère?”