La route vers le paradis | Sylfar

RP non conforme au BG actuel

Ce Rp a été écrit à une époque ou le contexte de Miradelphia n'était pas le même qu'aujourd'hui. Il décrit des éléments d'univers, des personnages et/ou des évènements qui sont susceptibles d'avoir été modifiés par les refontes successives.
Nous le laissons à la disposition des lecteurs curieux. Vous pouvez y trouver de l'inspiration, mais les BG actuels et le jeu récent priment sur son contenu.

Date estimée : Karfias 995:X

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[Suite directe du RP de la prison, Sylfar et moi-même sommes dans les couloirs des habitations des mages, en route vers l'antre de Caliban]




[i]La compagnie du drow n'avait absolument rien d'appréciable. Etait-ce la pointe de la dague dont il jouait avec un plaisir malsain entre les omoplates du jeune soldat qui faisait dire cela à ce dernier ? C'était effectivement plus que possible.
Sylfar avait sûrement prit un malin plaisir à voir Orphéo enfiler avec difficulté son pantalon, ses lourdes bottes militaires, son haut, son harnais de cuir, son épée dans sa gaine, sa dague et sa sacoche, le tout en marchant (ce qui pour le pantalon s'avera un véritable tour de force.) Mais au moins, le soldat avait récupéré un semblant de dignité militaire. Ses vêtements étaient poisseux de terre et de sang, déchirés par endroits, mais au moins, Orphéo se sentait un peu plus lui même.

Il avait eut un haut-le-coeur suivit d'une haine sans nom lorsqu'il avait vu ce que recelait les dernières cellules avant l'escalier menant au niveau supérieurs. En effet, dans celle çi se trouvaient les corps sans vie de ses compagnons d'armes. Mutilés, torturés, humiliés... Orphéo avait été plus chanceux qu'eux, même si cela restait tout relatif au vu de la situation. Mais par respect pour leur mémoire, il irait au bout de la mission qui était la leur. Et il espérait que cette "Heaven" vaille la mort de tant de bons soldats. Auquel cas il regretterait de la faire sortir du Puy. Chaque chose en son temps. D'abord, supporter Sylfar, qui semblait mourir d'envie de s'occuper du sort d'Orphéo. Mais le drow avait des ordres, et le soldat n'était pas assez bête pour provoquer le mage. Aucun doute que celui çi ne profite de la position de force qu'il avait à présent, toutefois.
Orphéo réussirait il à sauver la sorcière ? Il finirait vite par le savoir.
Sa voix monta dans l'air humide et sombre des couloirs.

- Hé, Drow... Tu sais au moins où on va, rassure moi ?

L'énervement que Sylfar avait ressenti au début de cette péripétie s'était changé en ennui profond. Jouer les nounous pour un Humain assez stupide pour entrer seul dans les Terres Sombres était le comble du pénible pour le Sorcier. Pour tromper ce sentiment de lassitude, il se mit à lacérer doucement l'armure de l'Homme, puis celà lui donna une idée.

Avec toute l'adresse dont il pouvait faire preuve, le O-Karan cisailla consciencieusement tout les points qui supportaient l'armure de cuir. Orphéo, qui ne s'était aperçu de rien, posa une question qui tira à l'Elfe Noir un grognement de mécontentement.

Pour toute réponse, Sylfar mit un petit coup du pommeau de la dague qu'il tenait en plein sur le crâne du prisonnier. Il traça encore une entaille dans le cuir; au moindre mouvement trop brusque, l'armure se trancherait désormais au niveau des épaules et tomberait sur les jambes de l'Humain.

Fier de son petit stratagème, le O-Karan finit par répondre;

-Te rassurer est le dernier de mes soucis, mais...
Il faut vraiment être le dernier des idiots pour ne pas savoir ou se trouvait la maison de Caliban...

Ils entrèrent bientôt dans le quartier réservé aux Mages les plus puissants. Etant petit, Sylfar avait longtemps arpenté ces rues, essayant de voir ces fabuleux Sorciers qui vivaient dans ces maisons grandioses. Il les connaissait donc très bien, presque au point de citer chacune le nom des familles qui vivaient ici.

D'un mouvement de la tête, l'Elfe Noir balaya ces souvenirs inutiles et reporta son regard sombrement dangereux sur la nuque de son prisonnier...

[Tu a eu ta rep, si je ne m'abuse... J'espère qu'elle te convient, et désolé de ne pas te l'avoir donnée moi-même.]


Décidement, le mage se complaisait dans l'humiliation qu'il infligeait au soldat humain. Le coup de pommeau reçu sur la tête en était la preuve. Orphéo laissa échapper un discret "outch" de douleur, puis se massât le crâne à l'endroit du choc, tandis que le drow lui fournit une réponse, qui n'éclaira pas plus le jeune homme. Mais à vrai dire, celui çi n'écoutait pas vraiment. En effet, le simple mouvement qu'il avait fait pour se masser le crâne avait joué sur sa plaie au flanc, et un éclair de douleur le traversa, tandis qu'un flash blanc couvrit sa vue.
Il dût se tenir à un mur pour ne pas tomber à terre, mais dans le geste qu'il accomplit pour éviter la chute, son harnais lacéré par les habiles coups de dagues de Sylfar choit à ses pieds, renforcant le sentiment de pitié mauvaise que n'importe quel drow aurait éprouvé à la vue de ce pauvre spectacle.

La douleur le fait gémir, et le haut de sa tenue se couvre de sang frais. La plaie s'est réouverte. Le soldat se tient le buste à cet endroit, jettant un regard au O-Karan qui semble se delecter de la situation grotesque dans lequel l'humain aux cheveux clair s'est embourbé. Décidement, cet humain fait bien piètre figure.
D'une voix faible, il s'adresse à Sylfar.

- Ca t'amuse, je suppose ? Je jure qu'un jour où l'autre les affronts que j'essuie te seront rendu, chien.

Oh, il faut avouer que vu sa dégaine de bléssé, et son harnais à ses pieds, il n'est pas vraiment crédible. Pourtant, la lueur qui brille dans ses yeux elle, ne ment pas. Haletant, Orphéo se saisit de ses effets à terre, et tente de se redresser, prenant soin d'éviter les gestes brusques.

- Continuons. Plus vite.... Plus vite je serais loin de toi, meiux ça ira, drow.

Les paroles assassines de l'Humain, loin d'effrayer le Drow, lui avaient tiré un sourire distrait. Malgré cela, toujours ennuyé par le spectacle pitoyable que lui offrait Orphéo, Sylfar s'appuya nonchalament contre un muret et laissa l'Homme déverser sa rancoeur.

Un tel esprit de mutinerie, dans un état si proche de la mort, le Sorcier n'appelait pas ça du courage, il appelait ça de la stupidité profonde, voire du débilisme mental. C'est ce que l'Elfe Noir s'efforça de faire passer dans le long regard qu'il porta sur son prisonnier.

Puis le comportement du Drow changea brusquement, comme souvent chez les Elfes Sombres. D'un mouvement fluide, il se glissa devant l'Humain alors que celui-ci allait reprendre sa route. D'un oeil intrigué, il considère le captif en détail; sa blessure, la lumière dans ses yeux, son air piteux...

Sylfar pousse alors un soupir et prend l'armure désormais inutile de l'Homme et la jette plus loin, lui faisant comprendre par son regard qu'il n'en aura plus besoin. D'un ton traînant, de nouveau ennuyé par la situation, le O-Karan lache:

-Tu as fini de pleurnicher? Alors marche, pauvre petite chose...

Puis l'Elfe Noir attend qu'Orphéo passe devant lui pour lui faire un croche-pied en bourreau insatiable qu'il est...

[Ne change rien, tu es parfait dans le rôle de l'ordure, mon vieux Sylfar ^^... Et à mon grand dam, j'assure dans celui de la victime...]

Sous les yeux du drow, le soldat finit par se remettre debout, avec toute l'assurance dont il est capable au vu de son état pitoyable, et passe devant le O-karan, lui adressant un regard meurtrier. Cet imbécile avait jeté l'amrure de cuir, mais aussi l'épée qui y était accrochée. "Que les drow sont bêtes", pensa notre blondinet... Avant que son pied ne rencontre celui de Sylfar, ce qui le fit chuter, pour s'étaler misérablement de tout son long, face contre terre. Il serre les dents, et va même jusqu'a reprimer un sanglot. La fatigue, le stress, la douleur de sa plaie... Tout ça joue sur son moral déjà bien bas. Que ne donnerait il pas pour être à Diantra, dans sa chambrée ? Bon sang, mais que faisait il içi ???

Il ne dit rien, ne gémit même pas. Non, Sylfar y prendrait trop de plaisir. Orphéo peine, mais se releve, s'appuyant contre le mur le plus proche. Il se traine piteusement jusqu'au restes de son harnais, et en défait l'épée. Heuresement, une attache au fourreau permet de passer celui çi à la ceinture, ce que le soldat fait avec plus où moins de bonheur.
Et cette plaie qui n'en finit pas de le lancer, meutrissant ses nerfs... Il haletait contre le mur lorsqu'un bruit de verre brisé résonna dans le couloir, faisant relever la tête des deux hommes. Un cri strident, un battement d'ailes, et voilàa qu'un oiseau de proie fonce vers notre jeune soldat, qui a à peine le temps de se demander ce qu'un tel rapace fiche au beau milieu d'un couloir drow.
Le moineau, pardon, faucon, finit par ne pas percuter Orphéo, mais d'un élégant battement d'aile, il se pose sur l'épaulière de celui çi, la lacérant au passage. Au point où il en est, le soldat n'en a cure. Par contre, la vue de ce bec non loin de son oeil captive toute son attention. Et lorsque le faucon se fend d'un coup de tête rapide vers Orphéo, celui çi n'a même pas le temps d'abattre sa paupière.

Mais le bec, fort heureusement, ne s'attaque pas au globe oculaire bleuté. Il préfère s'acharner sur les mêches rebelles de l'humain. Charmant, même les piafs s'y mettent, et le soldat laisse échapper quelques légères exclamations de douleur parsemée de mots grossiers, que nous tairons ici pour des raison d'éthique. Pourtant, le comportement du faucon ne colle pas. Pourquoi faire cela ? Pourquoi s'acharner sur la tête de l'humain ? C'est alors qu'Orphéo à un premier éclair de lucidité. On dirait... on dirait que l'animal cherche à le tirer ! Oui ! Si il s'en prend aux mêches, c'est pour... pour chercher à entrainer l'humain vers une direction bien précise ! Mais enfin... On ne voit ce genre de chose que dans les romans !
Et l'oiseau s'envole, pour aller se poser sur la rembarde d'un escalier jusque là invisible à la vue de l'homme bien mal en point. Et les yeux d'Hayden plongent dans ceux d'Orphéo. Comme une invitation qu'on ne refuse pas.

C'est en plongeant dans ce regard bel et bien intelligent qu'Orphéo a son deuxieme éclair de reflexion. D'aprés les informations qu'avaient reçue son régiment avant son départ pour le Puy, Heaven, leur cible, voyageait en compagnie d'un étalon... Et d'un faucon. Un tour du destin ? Une blague de plus ? Orphéo se tourne vers Sylfar. Le mage semble aussi surprit que lui, et son expression ravit le soldat. Piètre vengeance, mais vengeance tout de même.
Alors Orphéo n'hésite plus. Qu'a t'il à perdre, à présent ? L'adrénaline qui pulse à nouveau dans ses veines diminue la sensation de douleur qu'il ressentait jusque là. Et c'est presque rapidement qu'il rejoint Hayden, et qu'il s'engouffre dans l'escalier pourtant une inscription que l'humain est incapable de déchiffrer, mais qui signifie grosso-modo :

"Niveau 0 = Habitations-Quartiers privés-Noblesse"

Heaven commençait à s'essouffler sous l'effet conjugué de l'angoisse et de sa marche accélérée à travers les bâtiments Drow. Elle progressait en aveugle, sans personne pour la guider, espérant qu'elle ne croiserait pas la mauvaise personne. Hélas, sur ce territoire, les chances étaient minces. Si un Drow l'apercevait, il ne manquerait pas de la pourchasser pour l'emprisonner de nouveau ou la remettre entre les griffes de Caliban. Cette pensée donna un frisson à la jeune fille, qui sentit un filet de sueur froide glisser le long de son échine. Diantre... Elle n'était pas encore tirée d'affaire. Fronçant les soucils sous son bandeau, elle accéléra encore. Sa détermination était telle qu'elle ne laisserait rien ni personne lui barrer la route. Elle sentait la colère gronder en elle en dépit du tissu elfique. Assoiffée de liberté, apurée par sa situation, elle ne se sentait plus elle-même et cela l'effrayait. Etait-elle en train de basculer du mauvais côté ? Etait-ce liée à l'influence d'Asgaliath ? Difficile à déterminer.

Soudain, il y eut un cri strident et Heaven s'immobilisa, le coeur battant, bouche bée. Avait-elle bien entendu ? On aurait dit Hayden. Non... Impossible. Aussi intelligent et brave que ce soit le faucon, il ne pouvait pas se trouver là, sous le même toit qu'elle. La belle sorcière arriva au sommet un escalier et faillit basculer la tête la première lorsque son pied rencontra le vide, puis la marche. Son coeur manqua un battement. Elle se voyait déjà fracassée tout en bas mais elle opéra un prompt rétablissement, se retenant de justesse. Les jambes encore flageolantes de frayeur, elle descendit prudemment, marche après marche, sa main glissant contre la paroi murale pour se guider au possible. Elle mourrait d'envie de crier le nom de son ami ailé, mais craignait d'attirer l'attention et de se condamner elle-même. Pourtant, elle n'y tint plus.

"Hayden !"

Sa voix, mélodieuse, s'éleva avec une force étonnante, se répercutant contre les murs. Heaven arriva au bas de l'escalier et accéléra de nouveau le pas, une main sur le pommeau d'Asgaliath, l'autre courant toujours sur le mur. Elle trouvait étonnant de n'avoir encore croisé personne et se surprit à remercier la Providence pour cette chance, priant pour que cela dure. Quelle heure pouvait-il être ? La nuit devait déjà être bien avancée... L'aventurière poursuit sa progression jusqu'à ce que des voix, lointaines, lui parviennent. Inquiète, elle ralentit, ne sachant plus quoi faire. Elle ne pouvait pas revenir en arrière, ce serait trop dangereux. Mais si des ennemis arrivaient face à elle, elle retournait aussi à la case départ.

Heaven se raidit, la respiration courte. Sa main se resserra autour du manche de l'épée endormie, prête malgré elle à s'en servir si le besoin s'en faisait ressentir. Mais en aveugle et sans Hayden pour l'aider, les Drows se riraient d'elle et auraient tôt fait de l'abattre. Furieuse à cette pensée, la jeune fille songea qu'elle préférait mourir en se battant que de se laisser bêtement attraper. Et puis Asgaliath, malgré son côté maléfique, serait là pour la protéger au possible. Du moins l'espérait-elle...

Heing??? Un faucon?!

On nageait dans la plus pure des folies! Un oiseau de cette taille, ici, dans la cité drow!

Sylfar resta interdit un long instant, laissant par là-même l'occasion à Orphéo de s'échapper à la suite du volatile. Son esprit de froid calculateur fonctionna à toute berzingue pendant encore quelques temps après la fuite de l'Humain.

A la suite ce ça, le Sorcier leva la tête et aperçut l'animal mais un cri incroyablement puissant résonna dans l'air. Le cri d'une Humaine... probablement traquée... Ce n'était pas la première fois que l'Elfe Noir pouvait entendre ce genre de hurlement désespéré...

"Mais... attends un peu..."

La Sorcière! Celle qu'il devait faire évacuer!
En lâchant un juron sonore, le Drow se mit à courir, tache sombre filant comme le vent dans les couloirs sombres.

Par un hasard miraculeux mais aussi parce qu'il connaissait le terrain et qu'il n'était pas blessé, Sylfar arriva à Heaven avant tout le monde. Orphéo, les autres Drows, seul le faucon avait prit l'Elfe Noir de vitesse.
Figé par cette découverte plus qu'ahurissante, le O-Karan resta sans voix et dévisagea la jeune femme d'un air mauvais, la main déjà prête à faire usage de son sceptre...

Le soldat s'agrippait à la rampe d'escalier comme il pouvait. Saleté de faucon, lui pouvait voler, ça facilitait tout de suite les choses. Suant, souffrant, haletant et gémissant, le jeune homme montait aussi vite qu'il le pouvait les escaliers. Quelle idée de suivre un oiseau... Dans des couloirs....Dans la cité ennemie.... Pour une femme qu'il n'avait jamais vu.... Mais Orphéo était comme ça. La plus petite chose qui ravivait la flamme de l'espoir le forçait à avancer. Et même si ce rapace était grossier, qu'il faisait presque tâche, il était là. Et la sorcière était accompagnée d'un tel animal. Superbe coîncidence, où réelle chance de faire un pas vers l'accomplissement de cette mission qui lui avait déjà tant coûté ? Il en était persuadé, il le saurait bien assez tôt.
Puis, alors qu'il reprenait son souffle, un cri retenti. Enfin, un cri... Une appel à voix haute. Mais les couloirs étaient vides et silencieux. Alors tout s'amplifiait, fatalement. Cette voix... Une voix féminine, c'était sûr. Une Sombre ? Il ne manquerait plus que ça. La compagnie de Sylfar était déjà assez détestable comme ça. Alors un où une deuxième drow, merci bien.

Un léger cri strident répondit à l'appel. Le faucon, visiblement. Décidément, cet animal ne cessait de se distinguer. Sur l'épaule d'Orphéo, la petite Orta apparut.

- Tu te décide à le suivre, ce piaf, guimauve ?

- Oh, ça va... Pas besoin que tu t'y mette aussi, Ort'.

La toute petite créature ficha la pointe de son arme dans la joue d'Orphéo, qui laissa échapper un léger cri. Mais il n'eut pas le temps de faire davantage, car une ombre preste et agile passât tout à côté d'eux, montant les marches quatre à quatre. Le O-Karan.

- Magne toi, guimauve ! Ce type ne promet rien de bon !

Le soldat voudrait répliquer, mais s'en abstient. Il est préférable de s'économiser pour accelerer la montée de ses fichues marches, et rejoindre au plus vite la scène de ce qui pourrait bien devenir un drame. Le corps se hâte du mieux qu'il peut pour rejoindre le haut des escaliers. Orphéo se tient à la rampe, tire son corps, traine la patte, et arrive tant bien que mal à monter. Il lève les yeux, et ne vois que le dos de Sylfar, qui fait face à quelqu'un. Un léger courant d'air fais voler une mêche de cheveux blonds, et OrtaZaber, grimpée sur la tête du cadavre en sursis, confirme les pensées de celui çi.

- C'est une gonzesse, guimauve ! Une humaine !

Hors de question que Sylfar s'en prenne à une autre personne. Le sang d'Oprhéo ne fait qu'un tour, et sa main lâche la rampe d'escalier pour se poser sur le manche de sa dague accrochée à sa ceinture. Une chance pour lui, Sylfar n'entend pas le bruit de l'acier glissant le long de sa gaine, et ne pense pas à se méfier d'Orphéo. Et celui çi, galvanisé par une autre présence humaine, par la colère qu'il ressent envers le drow n'hésite pas davantage à lui coller le fil de son arme sous la gorge.

Le mage est tenu en respect, à présent. Orphéo s'abstient de parler, et regarde la personne à qui Sylf' faisait face. Une femme, a peu prés dans les années du soldat. Celle çi a les yeux barré par un morceau de tissu. Une aveugle, qui semble se demander ce qu'il se passe à quelques centimêtres d'elle. C'est Orta qui se charge de parler pour le blondinet.

- Bouge un cheveu, Syl-machin, et la guimauve t'égorge. C'est un faible, mais c'est un soldat. Et toi, une pourriture de drow. Pèse bien tes chances. Aussi puissant que tu puisse être, la lame est sur TA gorge. Et je veille sur tes faits et gestes.

Le mage doit bien s'en rendre compte ! les humiliations faites à sa victime pourront trouver réparation ici. Et effectivement, Orphéo est un soldat. Il a tué, et recommencera si nécéssaire. Les paroles de la petite créature en armure noire ne sont donc pas à prendre à la légère. Le silence se fait , puis c'est le blondinet qui prend la parole, d'une voix cassée, mais qu'il tente de rendre douce, pour calmer la femme et tenter de la mettre un tant soit peu en confiance.

- Je me nomme... Je me nomme Orphéo, demoiselle. Soldat de l'armée de Diantra. Suivez la rampe, et descendez quelques marches, vous serez dans mon dos, et éloignée du drow le plus proche.

Pour la laisser passer, il s'écarte, entrainant Sylfar avec lui. C'est d'ailleurs à lui qu'il destine ses paroles suivantes.

- Tu t'en serais pris à une aveugle ? Je reconnais bien là ces chiens de drow. Cette sorcière, Heaven... Je n'ose imaginer dans quel état elle se trouve à cet instant.

Heaven sentit tout à coup une présence devant elle, comme un fantôme se glissant brusquement près d'elle. L'instant d'après, elle sursauta. Une douleur éphémère mais familière à son épaule lui donna un faible sourire. Elle leva la main et caressa le plumage d'argent de son rapace, soudain soulagée. Le corps encore tremblant d'émotion et d'angoisse, la jeune fille tendit l'oreille lorsqu'elle comprit que des intrus venaient de lui barrer la route. Etait-ce déjà la fin de sa pitoyable "évasion" ? Sa course effrenée en aveugle l'avait-elle finalement ramenée à la case départ ? Possible. Cette idée la hérissa autant que cela la désespéra. Elle se demanda si sa meilleure chance n'était pas de retirer son bandeau et de laisser le sang Drow affluer et inhiber son caractère, puis de se battre jusqu'à la mort pour préserver sa liberté. Mais alors qu'elle se préparait au pire, une voix étonnamment douce, presque fluette, lui parvint. Assurément, ce n'était pas celle d'un Drow. Du moins Heaven en aurait mis sa main à couper. Et les paroles qui s'en suivirent confirmèrent en partie ses doutes mais cela ne la mit nullement plus en confiance. Ant'zar aussi avait une voix douce, chaude, rassurante... Mais il était Drow et il aurait pu la piéger.

Un soldat de Diantra ? La belle sorcière se sentit vaciller de surprise. Etait-ce un mensonge ? Une nouvelle manipulation ? Décidément, c'était la prendre pour une idiote. Comment un humain, soldat ennemi, aurait-il pu se retrouver seul en plein territoire des Sombres, et surtout, pour quelle raison ? Puis l'inconnu rajouta une phrase, visiblement destinée au second intrus, qui figea d'étonnement l'aventurière.

- Tu t'en serais pris à une aveugle ? Je reconnais bien là ces chiens de drow. Cette sorcière, Heaven... Je n'ose imaginer dans quel état elle se trouve à cet instant.

Comment connaissait-il son nom ? C'était de plus en plus incroyable. La jeune fille essaya de ne rien laisser paraître de son trouble et ses traits se crispèrent légèrement. Si l'homme ne savait pas qu'elle était Heaven, l'autre - sans doute un Drow au vu de la situation - l'ignorait aussi, ce qui laissait une chance à la belle de s'échapper. Tout à coup, Hayden poussa un nouveau cri, faisant sursauter pour la seconde fois Heaven. Reprenant contenance, elle obéit machinalement à l'humain et termina de descendre les dernières marches, s'écarta prudemment du Drow dont elle sentait la présence toute proche, trop proche à son goût. Elle sentait la menace qui émanait de lui et n'en était pas rassurée. Asgaliath dormait toujours et ne serait donc pas en mesure de la protéger si les choses se corsaient... Quant à Hayden, peut-être pourrait-il la guider mais nullement lui assurer la victoire.

Heaven se dirigea à pas prudents en direction de l'humain, espérant que la sortie était bien de ce côté. Elle cherchait désespérément quelque chose à dire mais les mots restaient coincés dans sa gorge et elle hésitait à dévoiler son identité, sachant que cela risquait de la mettre en danger, plus encore qu'elle ne l'était déjà.

"Je... Qu'est-ce que vous voulez ?" demanda-t-elle finalement dans un murmure.

Lentement mais sûrement, elle continuait de se diriger vers la sortie. Quelque chose lui disait qu'elle avait encore une chance de fuir. Hayden était calme, ce qui était plutôt bon signe. Peut-être que l'humain était réellement sincère, aussi incroyable que cela paraisse.

"Vous ne devriez pas rester là", déclara-t-elle. "Si vous voulez vivre, je vous conseille de fuir avec moi."

Elle ne savait pas pourquoi elle lui avait proposé ça. C'était insensé. Mais peut-être était-ce simplement parce qu'elle n'avait rien trouvé d'autre et que son instinct lui soufflait de venir en aide au jeune soldat.

La femme hésita à obéir au jeune soldat. Il eut du mal à digérer cette attente, qui ne faisait qu'empirer leur situation. Il comprenait qu'elle puisse émettre des doutes, au vu de sa cécité, mais tout de même... La situation était loin d'être agréable et facile. Une seule seconde d'inattention vis-à-vis de celui qu'il était à présent bon de nommer son captif, et celui çi ne se gênerait pas pour faire payer l'acte du soldat.
Mais finalement, elle consenti à bouger. Prise de confiance en la voix de l'humain ? Contrainte par la force des choses ? Peu importait, en vérité. La demoiselle passât derrière son sauveur de circonstance, le rapace posé sur l'épaule, et la main non loin de l'épée qui était posée contre sa taille. Aengell ne cilla pas, et garda ferme son emprise sur le drow. Aux paroles de la demoiselle, ce fût Orta qui répondit, de sa petite voix moqueuse.

- On veut sauver la peau d'une nana blonde accompagnée d'un canasson et d'un piaf plus intelligent qu'un certain soldat, petite.

Puis la petite créature tira les cheveux d'Orphéo, continuant de parler, à l'intention du blondinet, cette fois.

- T'es vraiment lent, guimauve ! Tu crois qu'il y a combien de gonzesse encore valides dans la cité des sombres ? Bon sang, ta Heaven, c'est elle ! J'en mettrais ta main à couper !

La petite femme croisa les bras sous la poitrine et afficha un sourire satisfait, fiere de sa constatation... Mais oubliant sa mission première : veiller aux faits et gestes de Sylfar, dont la main entamait avec une assurance et une lenteur certain l'ascension vers le sceptre du drow.
Alors qu'Orphéo ne se doutait de rien, et qu'il tenait toujours fermement le mage en respect, l'aveugle lui proposa de fuir avec elle. Le soldat laissa échapper un petit rire cynique, tant il trouvait cette proposition déplacée, et stupide. Si elle savait comment il avait réussit à se trouver là, peut-être se serait elle abstenue. Le gamin en aurait rit avec Sylfar, pour un peu. Mais il se reprit, il ne fallait pas qu'il soit trop déconcentré. Sa voix presque calme s'éleva dans la cage d'escalier.

- Pardonnez moi, mais c'est vous qui fuirez avec moi. Mon bataillon est venu se faire massacrer dans ces murs pour vous, si vous êtes cette Heaven. Alors handicapée où pas, vous n'irez plus nulle part sans moi. Et de toutes façons, le meilleur moyen de sortir de ce trou à purin, je l'ai sous la lame de ma dague.

Elle n'eut pas le temps d'enchérir. Sylfar, dont la main montait habilement vers son sceptre, commença à s'adresser au soldat. Le drow se moqua une fois de plus du soldat, puis évoqua le fait qu'il était le ticket de sortie de celui çi. Et surtout, surtout le mage avait mit le doigt sur un détail qui avait toute l'attention d'Orphéo : la blonde, par son cri, avait fait ameuter les troupes les plus proches. Les pas qui montaient vers eux étaient entrain de se rapprocher dangeureusement. La voix de ce serpent de O-Karan résonna à nouveau aux oreilles de l'humain.

-Maintenant le soldatillon d'opérette, tu as exactement deux secondes pour enlever cette crasse de mon cou, à moins bien sur que tu ne veuilles vraiment goûter à la suite de mes petites caresses de tout-à-l'heure...

Cette fois, c'en était trop. Tout mage drow qu'il soit, toute menace sérieuse qu'il puisse représenter, il avait fait exploser la rage de celui qui le tenait en garde.
Orphéo, écumant de colère pour la première fois depuis son douloureux réveil, eut un geste auquel le mage ne s'attendait probablement pas. De sa main libre, il envoya le O-Karan le plus violemment qu'il pût contre le mur tout proche. Ainsi plaqué, avant que Sylfar ne réalise vraiment, la dague revint s'appuyer contre sa glotte, mais bien moins modéremment que la première fois, et un léger filet de sang coula. Dans l'action d'Orphéo, le mage fût éloigné de son sceptre, qui dévala les marches. Mais au vu de la voix emplie de fureur d'Orphéo, il n'est pas sûr que le drow prêta grande attention à son bâton.

- Ecoute moi attentivement, raclure de drow. Je n'ai qu'une envie, t'ouvrir la gorge. Je te jure que ça me démange. Tes insultes auraient dû se taire, cette fois. Tu n'est plus dominant.

Comme pour accentuer ses paroles, il donna un coup de coude fort dans les reins du sombre. Cela provoqua un nouvel éclair de douleur chez l'humain, au niveau de sa plaie. Mais il n'en fit pas grand cas. Le stress, l'adrénaline, la fureur contenue contre ce mage présompteux... Tout cela jouait. Le sang continuait de couler sur ses côtes, mais Orphéo n'en avait rien à faire. Il regretterait plus tard.

- Tu es toujours mon ticket de sortie, sauf que je peux à présent en finir avec toi dès celle çi atteinte. Je te déconseille vivement de ne pas m'en croire capable.

Les pas avançaient toujours vers eux, la situation s'enlisait, et Orphéo le savait. La peur le tiraillait, bien sûr. Mais il ne devait pas faillir. Pas maintenant.

- Réfléchis, mage. As tu uniquement des amis dans cette cité ? Ces gardes arriveront ils à nous reprendre, la blonde et moi ? Car je te jure sur tout les dieux que si ils ont la moindre chance de nous reprendre, je t'ouvre comme un animal. Perdu pour perdu, je t'assassinerais sans regrets, crois le bien.

A nouveau, il plaque Sylfar contre le mur avec violence.
Que va décider le mage, coupé de son moyen de se tirer de là ? Menacé par un homme qu'il a humilié et trainé dans la boue ? Un soldat, qui plus est, un soldat traqué comme une bête, à présent. Orphéo est on ne peut plus sérieux, et Sylfar ne peut plus le nier, et se doit de prendre en considération ce fait, d'une importance capitale pour sa propre survie.
Quant à la jeune femme, que fera t'elle ? S'enfuira t'elle seule, tant qu'il est temps ? Accordera t'elle un tant soit peu de confiance aux paroles de l'humain en piteux état venu lui porter secours ?
Dans la tête du blond, ces interrogations résonnent, et son coeur bat la chamade. Le destin va lever son voile dans quelques instants.

Jamais Heaven ne détesta autant sa condition d'aveugle que cette nuit-là. Elle avait bien du mal à saisir correctement la situation, ne sachant trop vers qui se tourner. La solitaire qu'elle était, habituellement libre comme le vent et si farouchement indépendante, se voyait soudain grignotée par le doute suite aux paroles du jeune soldat. Il prétendait être venu la sauver, elle, Heaven, une parfaite inconnue ? Il affirmait que tout son bataille avait été massacré... à cause d'elle ? C'était un peu fort... Pourtant, la sincérité perçait dans la voix qui lui parvenait, même si elle ne comprenait absolument pas comment une telle chose pouvait lui arriver. Elle n'était jamais allée à Diantra, elle ne connaissait pas le roi, elle n'était qu'une étrangère, voyageuse de grands chemins, et voilà qu'un soldat humain débarquait en territoire ennemi pour la sauver... C'était à n'y rien comprendre. Toutefois, compte tenu de ces révélations, la belle sorcière ne pouvait se résoudre à ignorer l'humain. D'autant plus qu'il n'était pas dans sa nature - sauf si elle retirait le bandeau - d'abandonner les gens plongés dans les ennuis. Or, ce soldat était à l'évidence dans la même galère qu'elle.

Heaven réfléchit à toute vitesse, entendant d'inquiétants pas qui semblaient se rapprocher. La garde ? Une patrouille ? La jeune fille n'en savait rien mais elle avait sans doute alerter du monde en criant. Une regrettable erreur, mais la panique lui avait fait perdre son sang-froid habituel l'espace d'un instant et ce qui était fait ne pouvait être défait. Puis l'humain et le Drow échangèrent de nouvelles paroles, peu courtoises il fallait l'admettre mais en tant qu'ennemis, il ne fallait pas s'attendre à une chaleureuse poignée de main en se quittant bons amis. Heaven comprit que le Drow, apparemment sorcier de son état, était sous la menace du soldat. La situation semblait donc s'être passablement retournée contre lui, mais pour combien de temps ? C'était la question qui inquiétait Heaven.

- Réfléchis, mage. As tu uniquement des amis dans cette cité ? Ces gardes arriveront ils à nous reprendre, la blonde et moi ? Car je te jure sur tout les dieux que si ils ont la moindre chance de nous reprendre, je t'ouvre comme un animal. Perdu pour perdu, je t'assassinerais sans regrets, crois le bien

Heaven se mordit légèrement la joue à ces mots. Elle comprenait la rage, parfaitement justifiée du jeune soldat, et elle savait que le Drow était certainement une ordure parmi les pires Drow, mais la violence gratuite lui faisait toujours horreur, du moins en général.

"Je vous en prie, si vous êtes venu me sauver, ne perdons pas de temps en menace et palabres inutiles ! Je suis réellement navrée des ennuis que j'ai pu vous apporter, même si je ne comprends rien à vos histoires. Je suis Heaven mais j'ignorais que quelqu'un était à ma recherche. Soyez remercié de votre intervention de... heu... dernière minute mais nous ne sommes pas encore tirés d'affaire alors... Faites quelque chose mais ne restons pas bloqués ici avec ce... heu... Drow."

Heaven faillit tendre les bras pour tenter de toucher l'humain mais elle se contrôla. Si elle se trompait et qu'elle s'approchait du Drow, celui-ci n'hésiterait pas à tenter de l'attraper pour s'en servir comme otage et leurs efforts seraient vains. Soudain, Hayden s'envola en poussant un nouveau cri, cette fois d'alerte. Quelqu'un venait, sans doute les soldats alertés. La jeune fille se sentit vaciller, le coeur battant. Elle n'en pouvait plus. Ses nerfs étaient à vif, elle était fatiguée, et cette tension qui n'en finissait plus allait l'achever. Après un temps d'hésitation, la belle eut envie de retirer son bandeau, afin que son caractère Drow l'aide à tenir bon et à échapper à ce damné guêpier. Peut-être allait-elle le regretter ? Peut-être pas... Perdue pour perdue, mourir avec les honneurs... Cette idée lui donna un triste sourire et lentement, elle dénoua le bandeau, libérant ses yeux verts teintés d'or. Elle attacha le tissu à sa ceinture et attendit un instant que le sang Drow inhibe son caractère. Bientôt, elle sentit la peur s'estomper, l'angoisse s'effriter et un courage en vérité voilé de colère due à la tension, l'envahir. D'un pas déterminé, elle s'approcha des deux hommes et les saisit tous les deux avec une force qu'on ne lui aurait pas soupçonnée. Elle les poussa brutalement en avant en grommellant, Hayden continuant à s'agiter au-dessus d'eux.

"Passez devant," intima-t-elle froidement. "S'il y a combat, ne vous souciez pas de moi. Hayden me guidera, nous avons l'habitude. Par ailleurs, mes pouvoirs ne nous serons pas complètement inutiles, croyez-le ou non..."

Les traits de la sorcière s'étaient passablement tendus. Elle affichait une expression à mi-chemin entre l'irritation et la sévérité, ses yeux brillant d'une lueur inquiétante. Si elle devait utiliser Asgaliath, alors elle le ferait. Tant pis si cela réveillait la lame, ce qui n'était pas un fait avéré. Ils longèrent tous les trois le couloir, Heaven guidée par son faucon, se tenant en retrait des deux hommes. Le mage leur servirait donc de billet de sortie, à condition qu'il ait suffisamment de valeur pour que les soldats qu'ils croiseraient acceptent de les laisser passer plutôt que de sacrifier la vie de l'un des leurs. Toujours en aveugle, la belle progressa sans une certaine aisance, Hayden voletant autour d'elle en la surveillant attentivement.

Bang! Bang!

Ballotté d'un mur à l'autre comme un vulgaire sac de maïs, Sylfar se mange les façades de plein fouet. Un filet de sang se met à couler de son front, perlant sur son visage sombre comme une larme écarlate...

Sonné, il ne pense même pas à répliquer à la tirade on ne peut plus agressive de l'Humain. Il se laisse même guider comme un gentil petit mouton... Mouton qui obéit à un autre mouton dont le berger est une aveugle... la rocambolesque équipée que voilà...

Equipée qui a tôt fait de se faire arrêter par une patrouille drow alertée par le cri d'Heaven. Les Guerriers Sombres stoppent par leur arrivée les deux Humains et Sylfar, un des Drows, plus petits que les autres, s'avance. Il est plutôt est séduisant pour un Elfe Noir, mais une cicatrice en forme de lune barre son front et sa joue droite. D'une voix grinçante, le chef de la patrouille ironise:

-Tiens donc... Si ce n'est pas Sylfar-O-Karan, unique et prestigieux fils de la maison O-Karan...

Des sourires inquiétant naissent sur le faciès des autres Guerriers tandis que le concerné lève les yeux au ciel et soupire.

-Mais que fait le fils à Maman loin de son nit douillet? Maîtrisé par une larve en plus? Mais que va donc dire le Grand-père chéri de notre Sorcier favori?

Furieux que ce cloporte de Vuzlyn dévoile ainsi sa vie privée devant des Humains, Sylfar répond d'un ton tranchant;

-Certainement pas la même chose que ton père à ton retour du Rite, Vuzlyn-Prends Pitié...

La pique a fait mouche, le dirigeant de la petite patrouille devient tout noir de colère, porte la main à sa ceinture et dégaine une longue faucille à l'aspect menaçant. C'est au tour du Sorcier d'ironiser et de glisser à Orphéo dans un sourire mesquin;

-En effet pauvre tache, je n'ai pas que des amis dans la cité et grâce à ta pitoyable crise de nerfs tu vas mourir, et la petite aveugle avec toi...

Alors qu'il suffisait de me laisser faire... tu n'as même pas une seule parcelle de bon sens... J'avais reçu l'ordre de vous évacuer en vie...

Le O-Karan serra les dents et attendit la réaction du Soldat en sachant pertinnement qu'il l'avait encore insulté alors qu'il avait toujours la lame sous sa gorge.

Son instinct le trompait trop rarement pour qu'il fasse erreur. D'un pas déterminé, les pans de son riche manteau brodé d'or volant derrière lui, Caliban fondit dans les couloirs, abandonnant sa demeure suite au cri qu'il avait trop bien entendu pour que le doute soit permis. Il aurait préféré faire erreur, ne pas y croire, mais impossible d'ignorer l'évidence. Jillian n'était apparemment plus en compagnie du noble Ant'zar auquel le sorcier avait fait appel dans le but d'enfanter un héritier, qui reviendrait aux Sombres pour ensuite récupérer Asgaliath. Ainsi, le Drow avait échoué dans sa mission. Les mâchoires de Caliban se contractèrent tandis que son regard se faisait particulièrement tranchant. Il était rarement de bonne humeur mais là, prétendre qu'il était d'une humeur massacrante était léger pour décrire son état d'esprit réel. Il avait cherché Jillian pendant plus de vingt années et quand enfin elle tombait entre ses griffes, c'était pour lui échapper deux jours plus tard ?? Non... Jamais le sorcier ne tolèrerait une chose pareille. D'une démarche noble mais empreinte de fureur, il descendit à vive allure les escaliers et se précipita dans le couloir où une scène inattendue se dessina devant lui. Immédiatement, le sorcier identifia Jillian, un Drow qu'il devina sorcier, des soldats et... un humain ? UN soldat humain ? En piteux état qui plus est... Ridicule. Pitoyable. Mais détestable au possible.

"Par le sang noir de Zalnar !" tempêta-t-il d'une voix largement amplifiée par la colère.

Il sentait ses doigts le démanger et le brûler. La magie occulte qui circulait en lui et autour de lui cherchait à se libérer, éclatant au grand jour de sa fureur. Caliban posa un regard dur comme l'acier sur la jeune fille qui se tenait à quelques pas de lui, et ses yeux glissèrent inexorablement sur l'épée qui reposait dans le fourreau, à la taille de la sorcière. Si proche... Presque accessible mais encore hors de portée. Caliban s'empressa de reprendre contenance et, les traits déformés par la colère, se tourna vers le Drow mince et élégant qui se tenait près de l'humain. Ou plutôt que l'humain tenait pour ainsi dire en otage.

"A quoi jouez-vous ?" gronda-t-il. "Qu'est-ce qu'un humain vient faire sur le territoire des Drows ? Et que font ces soldats ici ?! Quant à toi..." ajouta-t-il avec fureur en se tournant vers Heaven. "N'espère pas t'en tirer aussi facilement ! L'épée m'appartient et je ne te laisserai certainement pas partir avec !!"

Déjà, on sentait l'aura particulièrement puissante du sorcier envahir la place à mesure que sa colère allait croissante. Quelqu'un qui le confrontait à l'échec ne pouvait espérer en sortir vainqueur, quoi qu'il arrive. Le courroux du sorcier déferlerait jusqu'à ce que morts s'en suivent... Caliban sentait qu'il n'avait pas le contrôle de la situation et cela le rendait plus enragé encore. Il ne pouvait pas tuer Heaven car ce serait condamner Asgaliath à l'oubli et cela, il n'en était pas question. Mais sa magie pouvait difficile l'aider dans le cas présent, surtout compte tenu des pouvoirs, aussi faibles soient-ils, de l'humaine. Quant au soldat... Quelle folie avait pu le pousser en plein territoire ennemi ? Jillian ? Possible. Incroyable. Inconsidéré, mais probable.

"Qui que tu sois humain, tu as commis là une erreur qui te coûtera cher."

Puis il se tourna vers l'autre sorcier Drow, le jaugeant d'un oeil rapide, se demandant ce qu'il valait. Moins que Darcia, c'était une certitude, mais il aurait cependant pu s'avérer utile. Avait-il suffisament d'ambition et de volonté pour servir ses desseins et les siens ? Difficile à déterminer dans l'immédiat.

"Quant à vous, je serai curieux de savoir qui vous êtes et ce que vous faites avec cet... humain."

Dans la poitrine de l'humain, son palpitant battait à tout rompre. Le mage avait raison, et Orphéo avait fait une trés mauvaise estimation de la situation. Il avait pensé que les pas qui s'avançaient vers le trio étaient bien plus lointains, et qu'il auraient le temps de s'accomoder d'une façon où d'une autre de la position de force dans laquelle Orphéo avait réussi à basculer. Or, mis à part le fait que Sylfar semblait avoir compris que l'humain était sérieux, tout ceci n'avait rien apporté. Si ce n'était des ennuis, et des gros.

Ce fût tout une patrouille qui s'arrêta là, devant eux, profitant visiblement de la situation insultante dans laquelle le O-Karan se trouvait. Un des sombre, plus petit que ses congénères, s'avançat en face du curieux couple. Il ignora superbement l'humain et se concentra sur Sylfar, avec lequel il échangea des amabilités équivalentes à celles qui avaient unies le soldat et le mage.
Orphéo réfléchit à toute vitesse, la sueur descendant le long de la peau qui couvrait ses vertèbres. Entre cette humaine, Heaven, qui voulait fuir et faire avancer la détestable situation et Sylfar qui papotait séances de noms d'oiseaux avec son "ami" drow, le soldat ne savait quoi faire. Et pourquoi diable la blonde avait elle enlevé son bandeau ? Et pourquoi parlait elle de son faucon ? L'humain était dépassé, largué. Jamais il ne s'était senti aussi seul, aussi désemparé. Heaven sembler peiner à le croire, qui plus est... Mais le blondinet n'eut pas vraiment le temps de se pencher davantage sur la question. En effet, la dernière réplique du mage drow avait titillé l'égo du petit garde, qui afficha un air à faire froid dans le dos, exhibant une faucille qui n'annonçait rien de bon. Alors que le soldat cherchait désespérement une façon de se sortir de là, chose qui lui semblait définitivement impossible, un élément vint s'ajouter à ce naufrage orchestré. Et quel élément....

Un drow de plus, dont le visage étincelait de fureur. Il en imposait sacrément, aurait dit Orta. Et elle aurait eut raison. Ce nouvel arrivant écrasait les autres de sa présence, et le regard noir empli de dédain qu'il adressât à Orphéo effraya celui çi. Il parlât, se demandant ce qu'un humain faisait au coeur de la cité drow, puis s'adressa à Heaven. Visiblement, ces gens n'étaient pas inconnus l'un à l'autre. Rien dans l'ordre de mission n'en faisait état. Durant une fraction de seconde, Orphéo s'imagina tout lâcher, disant à la sorcière d'aller au diable avec la compagnie qui lui plairait. Il faut dire qu'elle ne lui avait attiré que des ennuis, et ne semblait pas reconnaissante pour un sou. Autant dire qu'elle n'avait pas besoin d'aide, et qu'Orphéo était inutile.

Le soldat se ressaisit. La situation n'était pas a prendre à la légère, et il s'était mis dans un tel pétrin pour sauver Heaven qu'il se refusait à abandonner, maintenant qu'il l'avait avec lui. Mais ce drow, le dernier arrivé... Il respirait la puissance, à tel point qu'Orphéo ressentait la magie autour de lui, chose qui lui était pourtant totalement étrangère. Que faire face à de tels monstres ?

Pourtant.... Pourtant, le jeune homme sembla déceler une faille. Le sorcier drow qui l'impressionnait tant n'avait pas esquissé un geste, bien qu'il en avait eu la possibilité. C'est qu'il y avait une raison. Cette femme ? Fort possible. Où plutot son épée, qu'il avait évoqué. C'est pour cela qu'il n'avait pas bougé.
Donc, il ne ferait rien qu'il n'aurait déjà pût effectuer. Restait le problème de l'équipée de gardes, qui eux, représentait un problème bien plus direct. Impressionné par ce Caliban, ils n'avaient pas bougé, mais pourraient vite jouer leur carte, et finir d'enterrer un Orphéo déjà à moitié mort. D'ailleurs, le petit reprenait contenance, et resserrait sa prise sur son arme. Orphéo considéra que c'était à lui de jouer. Ignorant le sorcier, maintenant fermement la dague sous le cou de Sylfar, il commença à parler au cinglé à la faucille.

- Je te déconseille de faire un geste. Je vois que peu t'importe le sort Sylfar, et la menace que je l'égorge est pour toi douce musique. Mais réfléchis bien : qu'en sera t'il de ton honneur si moi, un humain, je tue celui qui s'est moqué de toi ? Tu sera la risée de tes congénères, et ton honneur souillé davantage pour t'être fait volé ta vengeance....

Il adressa un sourire en coin au garde concerné, qui sembla mettre en balance les propos du soldat, qui reculait, emportant Sylf' avec lui. Ils arrivèrent aux côtés d'Heaven, et Orphéo s'adressa à elle.

- Pouvoirs pas complétement inutiles, c'est cela ? Va falloir le prouver, demoiselle, où votre derrière ira rejoindre cet excité.

D'un geste du menton, il désigna Caliban, avant de continuer.

- On a besoin l'un de l'autre, vous et moi.

Si Heaven ne le croyait pas, elle pourrait toujours tenter de s'enfuir. Et si les paroles adréssées aux gardes ne prenaient pas.....
Sans compter Caliban, qui semblait assez nébuleux pour être dangeureux.

Heaven sentit son coeur faire un bond lorsqu'une voix particulièrement puissante et menaçante vint faire écho à la situation déjà très instable et délicate. Aussitôt, elle sentit une magie noire se répandre autour d'elle et cela lui donna un frisson d'horreur. Elle ne pouvait pas voir, mais elle aurait mis sa main au feu que le nouvel arrivant n'était autre que Caliban en personne... Pour la première fois depuis qu'elle possédait Asgaliath, la jeune fille regretta amèrement que l'épée soit endormie et ne puisse pas la posséder pour abattre le sorcier. Malheureusement, elle allait devoir compter sur elle seule pour s'en sortir. Et... Peut-être aussi sur le jeune soldat. Après tout, même s'il paraissait faible et apparemment en piteux état d'après les propres mots employés par Caliban, il était brave et déterminé, tout comme il semblait sincère.

Bien sûr, Heaven avait été vexée et presque blessée par ses pensées, notamment quand il avait eu envie de lui dire d'aller au diable, mais elle choisit de ne rien laisser paraître et de l'ignorer. Il était vrai qu'elle ne s'était pas montrée très reconnaissante envers lui. Toutefois, elle songea qu'elle ne lui devait pas encore grand chose, même si elle se surprenait à présent à compter sur lui. Elle considérait simplement le fait qu'il était dans la même galère, affrontant les mêmes ennemis, avec la même envie d'en sortir vivant, ce qui semblait hautement compromis pour l'heure. La belle sorcière percevait la tension énorme qui pesait. Une étincelle et tout s'enflammait. Mais pas question de trépasser sans combattre.

- Pouvoirs pas complétement inutiles, c'est cela ? Va falloir le prouver, demoiselle, où votre derrière ira rejoindre cet excité.

Heaven tourna machinalement les yeux en direction de la voix, une expression irritée sur son visage. Elle s'apprêtait à répondre lorsque le soldat enchaîna, accentuant encore la tension qui régnait.

- On a besoin l'un de l'autre, vous et moi.

L'aventurière mit la main sur le pommeau d'Asgaliath et fut parcourue d'un frisson désagréable. Elle commençait à détester ce contact. Pendant ce temps, Hayden s'agitait, sentant l'imminence d'un combat.

"Mes pouvoirs ne sont pas inutiles pour moi en tout cas", répliqua-t-elle avec raideur.

Se concentrant intensément, la sorcière choisit d'user pour la première fois de son pouvoir télépathique afin de révéler à l'humain ses capacités, qu'il ne soit pas surpris ou qu'il n'espère pas non plus le miracle divin.

*sachez que je peux créer un champ de force pour nous protéger mais qui nous empêchera d'attaquer. Je peux déplacer les objets par la pensée, contrôler les éléments, et repousser nos assaillants par le même champ de force dont je vous parlais. Mais aucun de ses pouvoirs ne sera aussi efficace que l'épée pour vaincre nos ennemis*

Elle espéra ne pas avoir parlé trop sèchement, de peur d'irriter ou de blesser le soldat qui semblait bien faible, mais sa nature de Drow ayant pris le dessus, il lui était difficile de contrôler son caractère froid et détaché. Heaven essaya de situer ses différents ennemis mais s'intéressait plus spécialement à Caliban. Devait-elle ou non l'affronter ? Devait-elle tenter de le tuer au risque d'y laisser sa propre vie ? De plus en plus, la réponse lui semblait évidente. Car si la belle disparaissait, Asgaliath serait à jamais perdue, redevenant une inoffensive épée. Le pouvoir de Gaya s'éteindrait avec elle et nulle menace ne serait à craindre par la suite.

Mais par égard pour l'humain venu la secourir, Heaven ne pouvait se résoudre à sacrifier sa vie pour l'épée. Elle devait faire en sorte que le soldat ne soit pas venu risquer sa vie pour rien, et que ses compagnons n'étaient pas morts en vain. Et elle se ferait une joie d'éclaircir avec lui cette situation, le "comment" de sa présence en ces lieux.

"Caliban... Tu ne possèderas jamais Asgaliath... Si tu ne veux pas nous laisser partir, affronte-moi !"

Lentement, Heaven tira Asgalith hors de son fourreau. Aussitôt, la lame se mit à grésiller et une voix ne tarda pas à résonner dans l'esprit déjà embrumé de l'aventurière.

*Tu n'es pas prête Jillian ! Caliban te tuera et je serai perdue !! Ne cherche pas à le combattre ! Blesse-le et prend la fuite avec l'humain !*

"Prends la fuite, prends la fuite...." bougonna tout bas la jeune fille tandis que Hayden commençait son manège pour guider ses gestes au combat. "Facile à dire... Et l'humain ?"

*Quoi l'humain ? Il ne te sera pas d'un grand secours considérant son état mais il est digne de confiance et il t'aidera à sortir de là. Ou tu l'aideras à sortir de là, faut voir...*

Très amusant. Heaven eut une grimace en s'approchant de Caliban, dont elle sentait la présence, auréolée de son aura maléfique puissante. Mais que faire face aux autres gardes ? Le soldat arriverait-il à les contenir en gardant le Drow en otage ? Tant de doutes alors que leurs vies étaient en jeu, mais que pouvaient-ils faire d'autre ? Prier peut-être...

Caliban n'en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles depuis déjà quelques minutes. Heaven souhaitait réellement... l'affronter ? Là ? Tout de suite ? Il était tenté d'éclater d'un rire cruel devant l'absurdité d'une telle initiative mais un certain passage de la Prophétie dont elle avait fait l'objet se mit à tourner dans son esprit : Jillian, l'Ange Noir, lui ôterait la vie par le biais d'Asgaliath... Cette nuit était-elle celle qui devait signer son arrêt de mort ? Le sorcier grinça des dents, furieux. Il se sentait dans l'impasse et il avait horreur de ça. Il devait trouver une solution, qui puisse assurer sa survie et celle de l'humaine, tout en conservant ses chances d'obtenir Asgaliath. Peu à peu, quelques idées fusèrent. Risquées ou plus ou moins astucieuses, mais néanmoins à envisager. Caliban tourna son regard sévère vers le O'Karan qui s'éloignait, apparemment pour récupérer un sceptre dont Caliban n'avait pas connaissance. Qu'importe... Il s'en soucierait plus tard. Pour l'heure, il devait s'intéresser au sort des deux humains, et plus spécialement celui de Jillian qui semblait réellement vouloir en découdre avec lui.

"Ma chère, tu ne penses pas sérieusement à m'affronter, même avec Asgaliath ?" se moqua le sorcier avec un rictus mauvais.

Il savait que malgré les pouvoirs de la jeune fille, elle n'était pas en mesure de lire ses pensées, son esprit étant bien trop puissant et fermé pour lui être accessible. Par conséquent, impossible qu'elle lise le doute et un début de crainte l'envahir à l'idée de se frotter à l'arme censée lui ôter la vie. Mais il devait jouer le tout pour le tout. Croire qu'il allait renoncer était mal le connaître.

"Ecoute bien Jillian, car les choses ne jouent pas en ta faveur. Je veux l'épée, tu veux sortir d'ici. Le choix ne sera pas bien compliqué : remets-moi l'arme, et tu seras libre. Si tu refuses, eh bien... J'aurai peut-être quelques arguments supplémentaires pour te convaincre..."

Il lui lança un regard inquiétant, son sourire s'accentuant d'une façon effrayante. Il savait que la belle n'avait pas beaucoup d'options, du moins si elle voulait vivre. Comme les minutes s'égrenaient en silence, la tension s'alourdissant encore, Caliban perdit patience. Une ombre passa sur son visage, la colère voilant ses traits. Il sortit de sous son manteau un étrange bâton, pas bien grand, au bout duquel étincelait une perle d'argent dégageant une énergie surnaturelle. Brandissant l'artefact en prononçant des mots inintelligibles, le vieux sorcier usa de sa magie noire, concentrant ses forces et son esprit pour lancer le sortilège damné qu'il avait envisagé. Emanant brusquement de la perle, un rayon noir auréolé d'un éclat écarlate vint frapper Jillian au ventre, lui arrachant un cri inhumain. La sorcière se tordit de douleur tandis que le terrible rayon
magique oeuvrait, déversant son pouvoir maléfique en elle.

"Puisque tu refuses de te montrer coopérative, subit mon courroux ! Tu ne me laisses pas le choix mais peut-être verras-tu bientôt une forme de rédemption dans cette nouvelle malédiction que j'appose..."

Sur ces mots, Caliban éclata d'un rire sinistre et le Tyl'maör, source d'une partie de ses pouvoirs, faiblit jusqu'à ce que le rayon s'estompe. La jeune fille s'effondra à même le sol, la respiration accélérée, le corps raidit parfois parcouru de spasmes. Le sorcier darda un regard où se mêlaient plaisir et mépris puis recula d'un pas.

"Si vous voulez déjà nous quitter, je ne vous retiendrai pas..." susurra méchamment Caliban. "Mais écoute attentivement ce qui va suivre, Jillian. Le sortilège que je t'ai lancé a invoqué l'Aspic de Zalnar qui s'est apposé sur ton ventre, sembable à un simple dessin. Mais le serpent est voué à se réveiller dans trente jours. Il prendra vie, il prendra corps, et te tuera dans d'atroces souffrances si tu ne reviens pas ici pour défaire ce qui a été fait. Dans trente jours, tu viendras me remettre l'épée. Alors j'annulerai le sortilège et tu seras sauvée. Si tu enfantes un héritier dans le temps imparti, c'est lui qui héritera de la malédiction. Ta vie ne sera plus en danger, mais la sienne, si. L'échéance sera reculée jusqu'à sa naissance. Et tu auras un mois pour me l'amener, avec l'épée, afin qu'il soit épargné."

Caliban inspira profondément, satisfait de son plan qu'il considérait comme infaillible. Il n'aimait pas qu'on joue avec lui. Il avait horreur d'être défié, et plus encore humilité. Jillian croyait pouvoir lui échapper et prendre la fuite, voilà qu'elle était condamnée...

"J'espère que tu as bien tout compris et tout retenu. A présent, toi et l'humain, partez si vous le souhaitez !! Tôt ou tard, nous nous reverrons ma chère..."

Vous voulez tout savoir ? Orphéo, une fois n'est pas coutume, vit la situation déraper sous ses yeux, sans qu'il ne puisse y changer quoi que ce soit. A croire que le sort aimait se jouer du faible soldat, qui ne désirait qu'une chose : venir en aide à une simple femme. Enfin, simple... La suite des évènements lui fit vite comprendre que cette Heaven avait bien plus de valeur qu'il ne l'avait supposé au départ. Mais que pouvait bien être cette sorcière, dont le sort semblait interesser tant de monde, chez les humains comme chez les drows ? Le soldat était curieux, et espérait avoir ses réponses. Il espérait aussi sortir en vie de la cité des Sombres, Heaven sous le bras. Et cet espoir là prenait le pas sur sa curiosité naturelle.

Tout avait été trés vite.
Alors qu'il tenait toujours en respect Sylfar, La femme lui avait parlé par télépathie, chose qui avait sidéré notre humain. La magie allait bien au-delà de ce que racontait les histoires de casernes, apparement. Aprés que la demoiselle eut fait un rapide exposé de ce que ses pouvoirs lui offrait, elle menaca ce puissant sorcier drow, tirant son épée, somme toute impressionante, de son fourreau. Ceci fait, elle maugréa quelques paroles qu'Orphéo ne comprit pas. Mais l'action de la demoiselle l'avait surprit, et les quelques secondes de relâchement qu'il avait affiché avaient suffit à Sylfar pour à nouveau inverser les rôles du garde et du prisonnier. Satané drow. Il tenait l'humain aux cheveux d'or en respect, enfonçant la pointe de la dague dans son dos. Orphéo serra les dents, attendant d'être livré en pâture à la patrouille drow. Mais ceux çi s'étaient carapatés aprés l'intervention de Caliban, chose qui soulagea le soldat.

Il s'attendit un instant à être donné en "offrande" au sorcier, mais le O-Karan lâcha sa prise, comme ça, sans raison apparente. Orta profita d'un instant d'inattention de la part de tous pour sauter dans les cheveux du drow, qui s'éloignait gracieusement pour apparement aller rechercher son arme, tombée durant la "prise de contrôle" d'Orphéo. Celui çi ne saisit pas vraiment ce revirement, mais la suite allait vite lui faire oublier ce détail.
L'imposant sorcier nommé Caliban s'adressa alors à Heaven, lui faisant comprendre qu'elle était à moité folle de vouloir lever son épée contre lui. Le soldat chercha à comprendre, mais à nouveau, il manquait de la plupart des données, et se contenta d'oberver le pseudo affrontement, bouche bée. Puis tout s'accelera. Au bout de minutes longues, le sorcier perdit patience, sortant une espèce de baguette magique. Un rayon curieux fsortit de l'objet finit par frapper la blonde au ventre, qui poussa un léger cri de surprise, mais s'effondra à même les pavés du sol, le corps prit dans une nuée de spasmes. Le soldat se rua à son chevet, dès sa surprise passée. A genoux à côté d'elle, il passât la main sur sa joue, et tenta comme il le pouvait de calmer les convulsions. Inutile, oui. Et lorsque la voix de Caliban s'éleva à nouveau, les yeux d'Orphéo, emplis de colère, se posèrent sur lui. Le sorcier déclama sa tirade, exposant les faits. En gros, il avait fait en sorte qu'Heaven revienne fatalement vers lui avant trente jours, sous peine de mourir. Il évoqua un éventuel héritier, et le soldat, malgrés sa fureur, se demanda ce qu'un marmot et un infantement avait à voir avec cette histoire pour lui sans queue ni tête. Mais peu lui importait. Pourquoi Caliban déchainait il cette fureur sur cette femme qui semblait si frêle ? Sans compter sa cécité.... Le drows n'avaient aucun sens de l'honneur, et ils se vantaient d'être un grand peuple ? Chiens qu'ils étaient tous.

Le sorcier drow finit par leur dire qu'ils pouvaient à présent s'enfuir. Et vu son ton, il pensait déjà avoir gagné. Pour tout dire, c'était bel et bien le cas. Mais tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, et le soldat estimait que cet adage pourrait devenir nouvelle ligne de conduite. Sous les yeux d'un Caliban exultant, Orphéo se saisit d'Heaven, la portant sous les jambes et sous les bras, aprés avoir fait glisser l'épée de la jeune fille sur son corps. Puisque cette arme était au centre de l'agitation, autant ne pas l'abandonner sur les pavés crasseux.
Le blondinet, portant son précieux fardeau, s'adressa à Caliban, osant le défier du regard. Bravoure inutile et initérésante, mais l'amour-propre du soldat poussa l'homme à parler.

- Nous partons donc, sorcier. Mais si elle doit revenir dans un mois, cela sera pour t'occire, et je l'accompagnerais. Dussé-je en mourir, je reviendrais ici, pour te voir mort, cette épée dans le ventre.

Il tourna les talons, et s'éloigna, portant Heaven. Oh, nul doute que Caliban devait bien rire de la bravade du soldat. Mais le sorcier ignorait qu'Orphéo ne faillissait jamais à sa parole, par principe. Et si Heaven devait revenir au Puy, le soldat l'y accompagnerait pour de bon. Savoir si il survivrait à cette stupide bravoure, ça.....
Les deux humains s'éloignèrent donc, la belle dans les bras de celui qui semblait l'eternel bléssé. Orphéo tentait de la rassurer, lui adressant de douces paroles, espérant qu'elle les entende et qu'elle refasse surface.
Dans le couloir, un cri strident résonna, et le faucon aux ailes d'argent dépassa le pitoyable erzats de couple, tentant visiblement de guider le blondinet.

Quelques mêtres plus bas, une autre scène se jouait. Alors qu'Orphéo se ruait au chevet d'Heaven, Sylfar lui remettait la main sur son sceptre. C'est alors qu'Orta lui fit comprendre sa présence en lui enfoncant sa minuscule épée dans l'épaule.
Lorsque le drow posa les yeux sur elle, il pût constater qu'elle devenait translucide de minute en minute. La petite créature commença à lui parler avec un débit impressionnant.

- Pas le temps pour le blabla, drow. Je vais faire court. T'es mon billet de sortie de ce trou à rats. Alors fais ton possible pour rejoindre le blondinet crétin et obéir à ta maitresse.... Ca serait dommage de décevoir ton boss, non ?

La petite créature lui sourit méchamment, avant de disparaitre completement. L'éloignement avec le corps d'Orph' était trop important. Mais le principal était fait : rapeller à Sylfar l'ordre strict qu'Aetherya lui avait donné, qui ne souffrait d'aucun échec.

Heaven n'avait guère eu le temps de se lancer dans cet affrontement qu'elle avait volontairement déclenché. Alors qu'elle pensait pouvoir au moins blesser le sorcier, celui-ci lui fit comprendre qu'elle erreur elle commettait et si Heaven s'en moqua sur l'instant, il n'en alla pas de même par la suite.... Caliban sortit un étrange objet et, usant de sa magie noire, fit naître un curieuse rayon noir et sang, lequel vint frapper la jeune fille au ventre. La douleur, aussi brusque qu'insupportable, arracha un hurlement à la sorcière, précipitée au sol en proie à des spasmes. La brûlure dans son corps s'intensifiait de seconde en seconde, si bien qu'elle se demanda si elle n'allait pas mourir d'un moment à l'autre. Combien de temps il s'écoula ? Elle n'aurait su le dire, lorsqu'enfin, ses souffrances s'estompèrent. A demi-inconsciente, elle entendit vaguement les paroles du sorcier, mais l'esssentiel s'imprima avec force dans son esprit : dans 30 jours, si elle ne revenait pas lui remettre l'épée - ou le tuer ? - elle mourrait. Puis il parla d'un héritier potentiel, qui porterait alors en lui la malédiction. Heaven se demanda bien pourquoi l'idée lui était venue mais ne s'attarda pas sur ce genre d'interrogation.

De tout son être, elle haït Caliban et jura sa perte. Pour la première fois, elle tombait d'accord avec Asgaliath sur ce point : le vieux sorcier mourrait de sa main... Quand ? C'était encore à déterminer mais pour l'heure, la jeune aventurière, malgré sa colère, ne se sentait plus ni la force, ni le courage d'affronter le monstre... Elle reviendrait donc en territoire Drow pour le tuer... Heaven entendit les cris et l'agitation de Hayden, visiblement impatient de quitter les lieux, au moins autant qu'elle. Elle voulut donc se lever et fuir, ainsi que le "proposait" Caliban mais elle réussit à peine à bouger. C'est alors qu'elle sentit quelqu'un, tout près d'elle, puis bientôt, ce quelqu'un la prit avec délicatesse dans ses bras, l'emmenant avec lui. L'humain ? Sans aucun doute...

"Je reviendrai, Caliban !" lança Heaven, mais d'une voix si faible qu'elle songea que personne n'avait dû entendre, sinon peut-être le jeune soldat. "Je reviendrai prendre ta vie, et Asgaliath sera la lame vengeresse pour ce que tu m'as fait endurer depuis ma naissance..." promit-elle dans un murmure.

Heaven aurait voulu réagir, se dégager des bras - même confortables - de l'humain lui-même dans un état peu enviable, mais plus elle luttait pour refaire surface, plus il lui semblait sombrer dans un lourd sommeil. Le Serpent de Zalnar désormais apposé sur sa peau allait grignoter sa vie jusqu'à la mort, mais la sorcière avait d'ores et déjà fait le serment de lutter pour sa survie, et elle comptait bien vaincre Caliban avant de trépasser.

*Nous serons à la hauteur lorsque l'heure de l'affrontement sonnera...* promit Asgaliath dans l'esprit embrumé de la jeune fille.

Sans doute. Mais encore fallait-il qu'elle survive jusqu'à ce jour. La belle se demandait encore comme sa situation avait pu dégénérer à ce point. Comment en était-elle arrivée à se retrouver dépendante d'un autre ? Ce jeune soldat qui risquait sa vie pour elle, pour une inconnue... Etait-il réellement en train de l'emporter, de l'emmener hors du territoire des Sombres ? Heaven se surprit à espérer que c'était effectivement le cas, qu'elle ne rêvait pas. Sa cécité l'avait empêchée de le voir et d'évaluer concrètement leur précédente situation, mais elle doutait que le mot FIN puisse s'inscrite maintenant. Ce Drow... Ce O'Karan... Il était encore de la partie.

*S'il peut nous permettre de sortir, acceptons sa présence mais qu'il se tienne éloigné de moi où le feu divin qui nous anime le fera passer de vie à trépas dans une agonie sans nom* avertit Flamme Cruelle, retentissant claire et forte dans la tête de Jillian.

Ben voyons... A l'entendre, mieux valait que personne ne se trouve à proximité de l'épée !

*sauf ce jeune humain, qui me semble digne de confiance* rétorqua la lame avec ironie.

Etrangement, Heaven avait finalement accepté de s'en remettre à lui, accordant ainsi sa confiance à un parfait inconnu. Il ne lui restait plus qu'à espérer qu'elle ne le regretterait pas...