[C'nros] En quête d'une bague disparue : traque d'Haldren

C'est dans les livres que l'on peut trouver les plus belles merveilles. Le sage y trouvera le savoir, le juge y trouvera ses lois et le chef y trouvera le pouvoir. Au Puy d'Elda, dans l'alcôve privée de la bibliothèque du C'nros, on peut trouver mille secrets entre les pages jaunies de ces grimoires entassés là par des générations de mages. Khernal pénétra dans cette pièce, tira vers lui un fauteuil et pris l'un des ouvrages distraitement. C'était ici son endroit favori lorsque la pression de son poste devenait trop importante et qu'il devait prendre un instant de détente. Ici, personne ne l'embêterait, pour la simple et bonne raison que lui seul pouvait autoriser l'accès à quiconque le voulait. Le livre, posé sur ses genoux, portait comme seule inscription "Histoire, Traditions et Secrets des mages du Puy d'Elda" sur sa reliure bleue roi pleine de poussière. Le Ditronw Da're le feuilleta brièvement, sans porter grande attention sur les quelques passages qu'il lisait. Rien de tout ce qui était inscrit sur le livre ne lui était inconnu, alors il s'apprêta à le refermer et le remettre sur l'étagère quand un dessin attira son attention. L'esquisse représentait une bague, d'une grande beauté sertie d'un diamant en son centre. La légende indiquait que cette pierre, était imprégnée d'un puissant sort de téléportation, qui ramènerait celui qui la porterait dans le bureau du chef du C'nros. La bague aurait été forgée par un maître forgeron du Puy, puis renforcée par le premier Ditronw Da're, qui en avait fait don à son successeur à sa mort. Cette bague serait passée entre les mains de tous les Maître de l'Institution. Pourtant, à la main du Maître mage, on ne trouvait que la bague ayant appartenu à sa génitrice, nullement imprégnée par un quelconque sort.

Khernal posa le livre d'un geste rageur. Comment un tel objet avait pu être perdu ? Pour lui, cette bague représentait une façon de raffermir sa position de Maître, encore sujette à débat, même trois ans après sa nomination. Il hésita un moment, puis reprit l'ouvrage et se dirigea vers la sortie. Après quelques volées de marches et plusieurs couloirs traversés, il pénétra dans son bureau et appela un An'kin d'Thalack. L'un d'eux se présenta rapidement, salua son supérieur qui fit un geste de la main pour lui faire comprendre qu'il pouvait s'asseoir sur la chaise en face du bureau. Le Ditronw Da're, faisant les cent pas, ne parla pas de suite, réfléchissant à la bague convoitée. Puis, il s'assit derrière le meuble d'ébène massif et posa le livre ouvert devant le professeur. D'une brève réplique, il fit comprendre à son interlocuteur qu'il voulait une réponse claire :

« _Où se trouve-t-elle ? dit-il, désignant le dessin devant lui.
_ Nul ne sait répondit l'An'kin d'Thalack.
_ Qui la portait en dernier ?
_ Haldren Baenfere, assurément. Nous pensons qu'il l'a emporté dans la mort...
_ Mon oncle n'est PAS mort ! coupa Khernal en écrasent son poing sur le bureau. Il était bien trop puissant pour s'être fait térassé par une simple prêtresse.
_ C'était une Gardi...
_ ASSEZ ! Où qu'elle soit, je la retrouverai. Sortez, An'kin, et, appelez-moi les espions.
_ Bien. »

Nul n'était assez fou pour défier un Ditronw Da're. Même si ce qu'il dit est stupide. Et pour cause, ces propos étaient sans aucun sens : tout le monde savait que le légendaire Haldren avait péri, victime de son ambition démesurée, à la suite du combat contre la Gardienne de Kÿria. Pourtant, son neveu persistait à croire son prédécesseur vivant. Comment en aurait-il pût être ainsi ? Toutefois, le professeur en magie de Guerre ne s'étonnait plus des sautes d'humeur de son supérieur et appliqua ses ordres sans broncher.

Les espions, comme les appelaient le chef du C'nros, était en fait de redoutables mages de l'Ombre, maîtrisant autant l'art du camouflage magique que l'assassinat en bonne et due forme. Peu connaissaient leur existence et pour cause : ils cultivaient leurs secrets et profitaient de leurs libertés au sein de l'Institution. Ils arrivèrent, au nombre de trois (ils étaient, en tout et pour tout, deux demi-douzaines) dans la pièce où se trouvait Khernal. Ils étaient plutôt petits pour des drows, mais avaient la peau aussi sombre que le charbon. Les cheveux grisonneux et les yeux bordeaux, personne n'aurait su faire la différence entre les trois Puysards. Sans plus de cérémonie, le Maître-mage leur avisa son plan :

« Recherchez Haldren Baenfere. Je suis certain qu'il vit encore, caché dans l'ombre, et il détient un objet que je convoite fortement. Partez dans toutes les villes de l'Ithri'Vaan, plus loin si il le faut. Ne négligez rien, des égouts les plus sales aux quartiers les plus luxueux. Et ne vous frottez pas à lui. Rapportez-moi tout ce que vous pourrez. Soudoyez si il le faut, je ne lésinerai pas sur mon or. »

D'un revers de la main, il congédia les espions. Il ne doutait pas de leur efficacité, mais chercher pareille proie leur prendrait du temps. Temps qu'il n'avait pas forcément.

Les rapports de ses espions entre les mains, Khernal méditait sur les solutions qu'on lui offrait. Que les circonstances lui offraient. L'Olath Blada ne tarderait pas à l'envoyer au Front, mais il voulait avant tout récupérer cette bague. Au fond, la victoire ou la défaite du Puy sur les elfes ne lui apporterait rien. Le moral des hommes en prendrait un coup si ils perdait, sans compter les pertes, mais, la vie de quelques mage ne valaient pas une bague aux pouvoirs magiques au moins égal à sa symbolique. Il n'aurait qu'à la brandir pour obtenir le respect des hommes, et la toucher pour disparaître et se transporter immédiatement dans son bureau. Le Ditronw Da're soupira. Non, bien sûr qu'il ne priviligérira pas une bague à une bataille. Même si il le voulait au plus profond de lui.

Il reparcoura des yeux le premier rapport. L'espion avait été jusque dans les marais de Faélia, à Abyssea, à sa demande. Il n'avait rien trouvé de plus que des ruines. Pas de trace de l'Archimage. Le rapport du suivant, envoyé à Sol'Dorn ne lui apprit rien non plus. Le suivant était plus prometteur, cependant. Le drow avait été envoyé à Thaar et disait avoir infiltré un quartier mal famé où l'on murmurait partout qu'un "sale magot a pris la tête d'un groupe de bandits". On le décrivait comme un très grand individu aux yeux d'un éclat dérangeant. Le dernier parchemin était un ramassis de ragots sans queue ni tête venant tout droit de Naelis. Oui, seul le troisième était intéressant. Malheureusement, l'espion n'avait pas pu approcher l'individu. Comme on lui avait demandé, et c'était mieux ainsi. Il faudrait que le maître mage se déplace en personne accompagné de quelques de ses meilleurs éléments pour espérer neutraliser son oncle en cas de débordement _ en imaginant que c'était de lui dont on parlait... C'était impossible.

Nouveau soupir. L'anneau du Ditronw Da're lui restait inaccessible. Et toute entreprise pour la retrouver était hasardeuse. Elle était peut-être simplement sous le temple où s'était déroulé le combat entre la Gardienne de Kÿria et Haldren. Ou pire, aux mains des elfes... Dans ce cas ils se seraient risqués à l'utiliser et les protections magiques du site les auraient pulvérisés... Non, non, c'était L'ancien Ditronw Da're qui l'avait, c'était le plus logique. Mais dans ce cas, pourquoi n'était-il pas revenu ? Trop d'interrogations restaient. Il faudrait aller voir en personne ce "magot".

Khernal relut une énième fois le rapport en déchirant les autres. Enfin, il rangea le précieux parchemin dans un tiroir et ressorti le livre où il avait découvert l'existence de la bague. Inaccessible et pourtant, il ne lui manquait que ça pour s'asseoir définitivement dans le fauteuil du Ditronw Da're.

HRP: