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 Larmes de la Malelande [Solo]

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Arnoul de Stern
Humain
Arnoul de Stern


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MessageSujet: Larmes de la Malelande [Solo]   Larmes de la Malelande [Solo] I_icon_minitimeDim 22 Mai 2016 - 11:25


« Où est-il ?! »

Arnoul était fatigué. Voilà qu’il était arrivé fraîchement dans la ville de Serramire, et ce après une dure chevauchée dont il ne se sentait pourtant plus capable depuis des années déjà. Pourtant, il avait renié le luxe d’une carriole, pour la rapidité du cheval. Il voulait y être au plus tôt ! Ses tripes appelaient à le voir, lui, son dernier héritier. Arnaud. Et il avait voyagé depuis Arétria expressément pour cela. La participation au tournoi n’était que secondaire. Tout ce qui importait au vieil homme, c’était de voir l’état de son petit-fils. Les pires horreurs circulaient sur lui. Certains le disaient morts, d’autres disaient que sa fracture avait enflé, et l’avait rendu difforme. D’autres, encore, parlaient d’infection, et de pus lui sortant de la tête. Dvant l’étendue des rumeurs, il avait décidé d’aller voir cela de ses propres yeux.

Il était au dispensaire prenant soin de lui. Les prêtres n’avaient pas voulu le laisser passer d’abord, puis, lorsque l’un d’eux s’était pris un poing bien senti dans les gencives, ils avaient laissé passer le vieillard furibond. Passant les différents lits accueillant les blessés de la campagne sgardienne, plus d’autres malades et pauvres hères ayant besoin de soins, Arnoul se dirigea vers le fond du bâtiment, là où l’on avait indiqué que son fils se reposait. C’était déjà bon signe. Au moins, il n’était pas mort. Mais de quel genre de vivant pouvait-il s’agir ? Un vif ? Ou un légume ? Pris d’une soudaine peur, ses tripes le tiraillant, il accéléra le pas, allant du plus vite qu’il le pouvait malgré ses jambes, et la crise de goutte qu’il avait eue quelques jours auparavant.

Il finit par arriver devant un lit, où un jeune homme se reposait. Frappé de stupeur, le seigneur de Stern s’était arrêté, les yeux écarquillés devant la silhouette endormie de son petit-fils. Il avait un immense bandage sur la tête, où du sang coagulé avait séché déjà. Il ne portait qu’un pagne, et son armure était au pied de son lit, dans un filet de transport. Arnoul vit les brûlures, et il inspira profondément. Il n’arrivait pas à croire que face à lui se trouvait son dernier descendant direct mâle, et que ce dernier n’était même pas capable de lui dire bonjour. Après avoir avalé sa salive, le vieillard fit à nouveau un pas, et posa sa main fripée sur celle d’Arnaud.

« Arnaud… Mon enfant… Mais qu’est-ce que tu as donc été faire… »


Aucune réaction. C’était comme s’il était dans le coma, et que son visage était figé. Vite rejoint par le clergé néérite, Arnoul retira sa main, et fit face aux prêtres, dont celui à qui il avait explosé une dent, et qui n’osait plus le regarder à présent. L’un des hommes de foi fit un pas en avant. C’était un grand échalas aux longs cheveux noir corbeau. Il désigna Arnaud.

« Ses brûlures guériront, même s’il en gardera la trace. Quant à son crâne, nous ne pouvons nous prononcer avec certitude si le travail effectué par le barbier tiendra. Ici, nous avons au moins empêché que son cerveau ne lui sorte de la boîte crânienne. Il ne devrait pas avoir de problèmes… s’il survit, du moins. »

Arnoul regarda une nouvelle fois son petit-fils, avec une sensation de malaise. Le serviteur de la Damedieu mit une main sur l’épaule du vieillard.

« Sa vie est entre les mains de Néera, à présent. Priez donc, messire de Stern. »

Il se retourna pour lui lancer un regard mauvais, avant de cracher :

« J’ai déjà prié des centaines de fois, prêtre ! Maintenant, laissez-moi seul avec mon petit-fils, j’ai besoin de lui parler ! »

Le prêtre voulait le prévenir qu’il n’entendrait sûrement pas ses paroles, mais il se ravisa devant l’air déterminé du Vieux Bélier. Après une courte révérence, il fit signe aux autres prêtres de l’accompagner, laissant ainsi le vieux seigneur avec son héritier. Tout autour, il n’y avait plus que le silence, et l’ombre de la Mort planant sur le lit d’Arnaud. Soudain, Arnoul s’effondra sur ses fragiles genoux, agrippant la main d’Arnaud. Des larmes coulèrent le long des joues ridées du vieil homme, alors que son front rencontrait doucement le dos de la main de son petit-fils.

« Pourquoi, Arnaud ? Je t’avais dit de ne pas mettre ta vie en péril ! Je savais que cela arriverait ! Je le savais, car cela se déroule toujours ainsi ! A chaque conflit, une nouvelle mort ! Pourquoi ne m’as-tu pas écouté ? Pourquoi… »

Quelques sanglots difficilement contenus s’échappèrent de la gorge d’Arnoul, qui avait fini par craquer. L’homme fier qu’il avait été faisait désormais place à un vieillard geignard et sot, qui pleurait à chaudes larmes sur la main du fils de son fils. Le monde autour de lui tombait dans les tréfonds abyssaux. Le Royaume de Tyra fauchait les Stern comme le paysan fauchait le blé durant la grande moisson. A chaque mort, la vie d’Arnoul perdait un peu plus de sa saveur d’antan. Lorsqu’il était jeune et beau, fort et hardi. Qui était-il, à présent, sinon l’ombre ancienne d’une lignée défaillante ? Arnaud représentait le dernier espoir, la dernière vigueur dans le sang mourant de la famille de Stern. Et face à un avenir incertain, le cœur d’Arnoul avait décidé de relâcher la pression.

Il resta ainsi une heure, priant la Damedieu de toutes ses forces pour que son petit-fils survive. Mais même au bout d’une heure, le garçon ne bougea pas. Les yeux clos, l’air serein, qui pouvait dire s’il allait s’en sortir ? Arnoul désespérait d’attendre. Mais il ne pouvait faire autrement.

Soudain, un homme l’apostropha, derrière son dos.

« Monseigneur… mes excuses pour le dérangement, mais j’ai une nouvelle importante qui requiert votre sapience. »


Le vieil homme sécha vite fait bien fait ses larmes, et se releva, comme s’il avait soudain retrouvé sa dignité, qui n’était rien d’autre qu’une façade. Il se tourna à demi, et dit d’une voix rocailleuse :

« Qu’y a-t-il, Almund ? »


La jeune estafette se râcla la gorge.

« Le chevalier Walther Hohenburg a été retrouvé, messire. Il croupit dans les geôles serramiroises pour avoir déclenché un duel non autorisé dans les rues. »

Le vieillard renifla, songeur. Il se tourna alors complètement, sentant son dos lui faire violence. Il grogna alors :

« He bien, nous tâcherons de le faire libérer au plus vite. Envoyez le sir Galen Büchenhau plaider sa libération aux autorités, et même au Marquis s’il le faut ! Walther est l’oncle de mon vassal. Ce serait manquer à mes devoir que de le laisser ainsi sans assistance. »

Il se retourna.

« Allez-y, ce sera tout. Je tiens à… rester seul. Et que l’on ne me dérange plus. »


Le jeune homme acquiesça, et s’en alla prestement. Arnoul, quant à lui, resta planté là comme un piquet, fantôme du passé coincé dans un présent qui s’annonçait sans futur. S’asseyant sur une chaise à côté de son petit-fils, il regarda fixement son visage durant de longues minutes. En son for intérieur, il voulait voir ses paupières bouger, ses doigts s’agiter, ou sa bouche émettre le moindre petit son. Mais rien de tout cela ne se produisait. Et sur son siège, perdu dans le temps, Arnoul dépérissait. Lui, l’homme déjà vieux. Il avait passé ces dernières années à attendre sa propre mort. Quelle cruauté que ce fut, en cet instant, celle de son dernier héritier mâle, qu’il attendait fermement…
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Arnoul de Stern
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MessageSujet: Re: Larmes de la Malelande [Solo]   Larmes de la Malelande [Solo] I_icon_minitimeVen 5 Aoû 2016 - 0:36


« Monseigneur ! »

Le vieil homme si brutalement apostrophé se réveilla d’un seul coup, écarquillant les yeux sous la surprise, un cri de guerre à moitié prononcé s’étranglant dans les méandres de sa gorge. Ses sens encore engourdis, il essaya de focaliser sa vision qui commençait à se faire de moins en moins clair sur la personne qui venait de le tirer sauvagement de son sommeil. Au bout de quelques secondes, ses yeux s’arrêtèrent sur un jeune garçon à peine revêtu de ses chausses et d’une mince tunique, apparemment tout droit sorti du lit. Arnoul plissa les yeux, ses traits se durcissant à mesure que ceux du jeunot, eux, tentaient à se dérober au regard courroucé du vieillard.

« Je… »

Arnoul soupira.

« Parle donc ! Pourquoi as-tu crié ‘monseigneur’ aussi bruyamment ? Je déteste que l’on me dérange pendant que je dors ! »

Le garçon se tortillait un peu.

« C’est que… je vous croyais éveillé, messire… vous êtes sur votre siège. »

Arnoul fronça les sourcils, avant de regarder vers le bas. Il se rendit compte qu’il était assis, les bras sur les accoudoirs. Pas encore bien réveillé, il ne s’en était pas rendu compte. Il souffla, avant de jeter un nouveau regard sur le jeune homme, les traits un poil adoucis.

« Alors, dis-moi. Qu’y a-t-il ? »

« C’est votre petit-fils Arnaud, monseigneur. »

Arnoul fut tout à coup comme paralysé à la prononciation de ce nom. Combien de fois avait-il rendu le culte aux dieux ? Prié pour le salut de sa lignée ? Il restait de marbre à l’extérieur, alors qu’en lui-même, les doutes et les questions le rongeaient comme la termite dans le bois. Il ne voulait pas paraître hésitant. Sa voix s’en chargea donc pour lui.

« Que… Qu’y a-t-il ? »


L’estafette se mit à sourire, et le vieux seigneur de Stern sentit tout doucement ses interrogations et ses angoisses se désamorcer petit à petit…

« Le sir Arnaud s’est réveillé… J’ai pens… »


Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que le vieillard était déjà sur ses deux guibolles, poussant le héraut sur le côté pour mieux rejoindre la porte de sortie. Lorsque le jeune homme se ressaisit, la silhouette d’Arnoul disparaissait au détour du chambranle. Eberlué, il n’avait jamais vu le Vieux Bouc se déplacer aussi vite depuis de nombreuses années…

Dans l’infirmerie, pendant ce temps, l’humeur était toute autre. Ni vitesse, ni rapidité, le temps semblait au ralenti. A moitié allongé dans son lit, un mort venait de se réveiller. Autour de lui, un prêtre de Néera rendait hommage à la bienveillance de la Damedieu, tandis que deux chevaliers qui lui étaient vaguement familiers discutaient ensemble avec enthousiasme. Ils avaient l’air ravi qu’il se réveille enfin. Arnaud, lui, ne savait pas de quoi il avait l’air. Il ne savait même pas où il était, ni pourquoi il était ici ! Taciturne jusqu’alors, il n’avait pas osé poser de question. Après tout, le prêtre avait plus l’air d’un fétichiste de la prière, et les deux chevaliers s’étaient plutôt intéressés aux gains et pertes engendrées par leur petit pari… qui n’était autre que son propre destin, ça, il pouvait s’en douter.

Encore hébété par son récent éveil, il fut à moitié attiré par le bruit des pas qui résonnaient. Une voix familière s’éleva dans le dispensaire qui l’accueillait, une voix qu’il connaissait bien. Ses yeux hagards cherchèrent l’origine de la voix vieillie de son grand-père… qui arriva finalement à côté de lui, les mains lui attrapant le visage pour le regarder de plus près. Le vieil homme l’observa avec des yeux rieurs, comme si la jeunesse lui était soudainement revenue. Il sourit, la bouche ouverte.

« Arnaud… Sang de mon sang… Comment te sens-tu ? »

Le jeune convalescent sourit faiblement, focalisant ses yeux sur Arnoul pour mieux se réveiller.

« J’ai l’impression de me réveiller un lendemain de cuite… »


Le vieil Arnoul ricana.

« Tout ce dont je me souviens, c’est d’avoir hurlé notre cri de guerre… Il y avait des morts qui marchaient partout, tout autour de mon cheval ! J’ai frappé un cadavre ambulant, et ma lame s’est bloqué dans son corps ramolli… Puis là, j’ai vu tout rouge, j’ai senti comme si j’étais brûlé… et puis plus rien. »


Il sentit le sommet de son crâne. Il avait vraisemblablement reçu aussi un méchant coup sur la tête. Et les brûlures, en voie de guérison… Il se rappelait maintenant. Même si, au fond, il n’aurait pas vraiment voulu que cela lui revienne en mémoire. Arnoul, quant à lui, exultait. Il montrait une grande retenue, s’empêchant de sauter en l’air. Sa lignée semblait tout à coup moins en péril, à voir son petit-fils enfin bouger, parler, regarder le monde avec des yeux vifs.

Le jeune Stern à peine réveillé regarda alors son aïeul.

« Dites-moi… Où se trouvent Galen du Ruy-Selan ? Et Bérolt de Welm ? »

Arnoul réfléchit un instant.

« Ha, tes fiers compagnons de bataille ! C’est vrai. Je vais envoyer quelqu’un les prévenir. Je suppose que je suis le premier à avoir été prévenu… »

Il regarda les chevaliers qu’il avait placés en faction au chevet de son petit-fils. Les deux fils Bauer avaient cessé de discutailler lorsque leur suzerain était entré dans la pièce. De ce qu’il avait pu entendre, ils parlaient d’un pari… si c’était ce à quoi il pensait, il aurait peut-être deux ou trois choses à leur dire. Voire s’adresser même à Jorgen leur père !

Mais présentement, rien ne comptait plus à ses yeux que d’avoir retrouvé Arnaud. Son nom perdurerait encore au moins une génération, et si les Cinq le voulaient, il perdurerait dans les âges, comme il l’avait fait depuis le Cavalier de l’Aube.

Il était arrivé de Stern avec des larmes de tristesse. Il y versait à présent des larmes de joies.
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