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 Des corps et des cordes

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Phar'roos
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MessageSujet: Des corps et des cordes   Des corps et des cordes I_icon_minitimeJeu 28 Juil 2016 - 0:40

      Qiryah s’étalait de part et d’autre de l’Oliya, alanguie sur les deux berges, et ses toits beiges ou bruns dessinaient comme deux cuisses hâlées que l’eau écartait ; des clapotis d’écume venaient lécher les quais. Ainsi s’offrait la langoureuse cité sur laquelle trônait le richissime seigneur Do’Hel, dit Rewt. Le fleuve, qui la traversait de bout en bout, imprimait à la ville un pouls vital : et les pontons qui s’y enfonçaient, et les ponts qui l’enjambaient, tout grouillait au rythme des bateaux qui descendaient le courant. Beaucoup de navires à fort tonnage se chargeaient à Qiryah, leurs flancs ouverts avalant les céréales poussées dans les plaines du Bif, pour filer en aval les négocier à Thaar ; et peu de navires remontaient, car le courant était traître.

      De l’amont vinrent alors des barges, longues et basses ; elles glissaient sur leurs fonds plats, dodelinant entre les remous de l’Oliya. Il en vint quatre ou cinq, qui approchaient ainsi depuis le Nord. Elles n’avaient pas d’autre pavillon qu’un cuir d’un rouge sale. Encore dans les faubourgs de Qiryah, à un jet de flèche d’entrer dans la ville même, elles obliquèrent à angle droit, vers les berges de terre molle. Les navires alentour firent tintinnabuler leurs clochettes, mais ignorées superbement : les barges allèrent s’échouer sur les berges, où elles dessinèrent par leur gouvernail de longues tranchées dans la boue.

      De la première, sortit un équipage hétéroclite : on trouvait, pêle-mêle, du Zurthan à la mine râblée, quelques Humains à la peau tannée par les vents d’Estrévent, et l’infinie gamme des métisses crasseux, sans race, et tenus pour bâtards par tous les peuples, quoiqu’ils leurs empruntent à chacun quelques traits. Au milieu de ces figures basses, parfois ecchymosées, se démarquaient les statures puissantes de Drows de sang pur. Le soleil de l’été rebondissait sur leurs peaux noires, veinées de bronze ; et les fouets qu’ils empoignaient reflétaient leur statut d’esclavagiste, au milieu de ce bétail à forme humaine. Sous la cravache des quelques Sombres, la piétaille s’éparpilla sur la rive, pour s’empresser d’aller ouvrir les autres barges : celle-ci portait de lourdes poutres de bois, celle-là des étançons de fer, cette autre des soieries brodées et des étoffes précieuses. On tira tout cela sur la rive ; puis, par une initiative singulière, on démantela les barges elles-mêmes, pour en récupérer les planches et les cordes. Rapidement, il y eut sur le bord du fleuve un vaste chantier de toutes sortes de choses ; et dès l’instant où les fouets claquèrent, cette petite colonie s’anima et prit vie. Des bras tiraient les troncs, d’autres nouaient les cordes, les dernières apprêtaient des maillets et des poids ; tout bougeait, tout s’échafaudait, avec cette confusion apparente que renvoient les grandes constructions pour qui n’a pas connaissance du plan d’ensemble.

      C’était une vaste structure de bois, haute comme une tourelle, large comme un fortin, qui poussait hors de la boue de la berge. Or, à mesure que l’édifice se déployait, les esclaves le poussaient dans l’eau, si bien que ce grand portique s’étira bientôt à travers l’Oliya. Il ne rejoignait pas la berge d’en face, cependant : sur un tiers du fleuve, encore, les autres navires pouvaient se faufiler. Quelques capitaines étrangers tonnèrent, de loin, contre l’encombrant bazar. Ils reçurent pour réponse une bordée de grognements ; sans doute des insultes. Mais les marins d’Ithri’Vaan ne les comprirent pas, car elles étaient proférées dans le parler noirelfe le plus pur, relevé de cet accent tranchant qui ne se trouvait que dans les profondeurs du Puy d’Elda.


Dernière édition par Phar'roos le Ven 19 Aoû 2016 - 23:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Des corps et des cordes   Des corps et des cordes I_icon_minitimeMar 2 Aoû 2016 - 15:26


Deux hommes se tenaient debout sur les remparts, accoudés aux créneaux de grès qui formaient l’enceinte de la Cité Libre. Une pomme à la main, Manek mâchait bruyamment tout en observant l’agitation devant le fleuve, tandis que son comparse Oddan tapotait nerveusement la pierre des grands murs. L’un était calme, l’autre nerveux. Et ce fut le plus nerveux des deux qui l’ouvrit en premier.

« Mais tu penses pas qu’on devrait avertir le capitaine Ros’kor ? »

Manek soupira.

« T’inquiète pas, ils ont sûrement déjà remarqué que c’était pas normal qu’une bande de traîne-savate construise un truc énorme sur la berge. On est pas les seuls sur les remparts, à ce que je sache. »

« Moi ça ne me dit rien qui vaille… Regarde, on dirait un bastion ! Peut-être qu’ils préparent l’arrivée d’une armée ? »


Manek gloussa doucement, avant d’arracher un autre morceau juteux de sa pomme. Il montra l’édifice de bois être plongé dans l’eau du fleuve, sous les huées des capitaines de navire.

« Ça m’étonnerait qu’ils fassent la guerre sur l’eau ! Regarde-moi ça… qu’est-ce que ça peut bien être à ton avis ? Un genre de nouveau bateau ? Ou un pont, s’tu veux mon avis… »

Oddan voulut répondre, mais sentit une grande ombre dans son dos. Lorsqu’il se retourna, c’était pour tomber nez à nez avec la silhouette obscure d’un grand Drow en armure. Son expression sévère cloua le bec au jeune homme, alors que Manek, toujours dos au nouvel arrivant, continuait de palabrer sur l’origine de cet étonnant ouvrage qui venait de s’ouvrir en bord d’Oliya. Lorsque le silence de son ami se fit pesant, il se retourna finalement, pour voir le grand Elfe Noir le jauger. Finalement, c’est le Drow qui brisa le silence.

« On baille aux corneilles, soldats ? Je savais qu’entraîner des recrues humaines au sein du prestigieux Guet de Qiryah était une fort mauvaise idée… les politiciens n’écoutent jamais la voie de la raison. »

Il attrapa la pomme de Manek, et la fit passer par-dessus le rempart. Intimidés, les deux hommes baissèrent la tête. Oddan dit alors :

« Je voulais venir vous trouver, mon capitaine ! Je vous le jure… »

« Silence. Si j’avais le temps de supporter toutes vos jérémiades, je n’aurais pas une minute à moi. Je vous trouverai une tâche et une punition à la hauteur de votre mollesse et de votre incompétence. »

Les deux soldats se regardèrent. Et lorsque derrière eux, le bruit des sabots galopant résonnèrent en-dessous des remparts, ils ne purent que se retourner pour voir les Drows de Qiryah se diriger vers l’imposante structure fluviale.

Car Ros’kor était, lui, déjà au courant.




Des corps et des cordes Uuph
Kal'daka Uss'drex


Les cavaliers passèrent devant les troupes à pied, formant un demi-cercle devant les curieux bâtisseurs, groupe hétéroclite aux visages plus différents les uns que les autres. Le reître de tête fronça les sourcils à la vue des quelques Drows qui semblaient mener la danse, armés de fouets. Une fois les troupes disposées en demi-cercle, les fantassins sortis en double ligne depuis l’intérieur de la ville formèrent un carré prêt au combat, disciplinés par des centaines d’années d’entraînement, pour certains. Peu d’Humains composaient les rangs du Guet. Quant aux cavaliers, membres des Patrouilles Noires à la solde de Vel Do’Hel, ils n’avaient d’humain que l'apparence, plutôt considérés comme des monstres sanguinaires et adorateurs de l’or.

Les troupes, une fois placées correctement, restèrent immobiles, dans l’attente d’un ordre prochain. Juché sur un puissant hongre de seize mains de haut, à la robe aussi sombre que sa peau, le lieutenant Kal’daka fit s’avancer de quelques pas sa monture, afin d’être vu par l’ensemble des gêneurs fraîchement arrivés. Ses yeux rubis s’arrêtèrent sur chaque Drow présent devant lui. Ancien Veldruk dans le IVème Ost, il en venait à se demander si un quelconque lien de sang l’unissait à ces personnages, qui ne semblaient pas vraiment sortis de la cour d’un quelconque despote estréventin. Ceux-là, sans nul doute, devaient venir de sensiblement plus loin.

Affermissant la prise qu’il avait sur sa bride, il lança aux constructeurs :

« Je suis le lieutenant Kal’daka Uss’drex, du Guet de Qiryah. Au nom du Conseil de la Cité Libre, déclinez votre identité et vos intentions. Démontez pièce par pièce cette… chose que vous avez placée sur la voie navigable, et repartez immédiatement. Aucune pitié ne vous sera accordée en cas de refus. »

Toisant la réaction des Drows, il se maintint fermement sur son cheval, son armée derrière lui. Ros’kor lui avait donné des ordres. Il les appliquerait à la lettre.
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MessageSujet: Re: Des corps et des cordes   Des corps et des cordes I_icon_minitimeVen 19 Aoû 2016 - 23:27

      « Tiens, un traître … »

      La voix traînante d’un des Sombres, qui avait lâché cette critique, entraîna le rire féroce de ses comparses. Ils se tenaient là, les contremaîtres de cette étrange expédition, entourés de leurs esclaves rendus fébriles par l’irruption de la milice de la Cité Libre. Mais, le fouet à la main, la morgue aux lèvres, les Drows, eux, ne se privaient pas de lorgner non sans arrogance ce Kal’daka Uss’drex, du Guet de Qiryah. Plusieurs faisaient rouler leurs épaules, pour réveiller l’éclat bleuté de leurs veines luisantes sous leurs peaux si noires, comme seul le Puy pouvait encore en enfanter. L’un d’eux porta la main à ses bourses, et les secoua, pour faire entendre un tintement de piécettes. De tout évidence, le passage des ans n’avait pas émoussé le mépris de ceux d’Elda pour les déserteurs du IVème Ost, accusés de s’être taillé des empires de pacotille pour devenir marchands d’épices, ou bien d’avoir vendu leurs services à des princes mêmes bâtards, mais riches.

      De ricanements, on passa aux éclats de rire à l’instant où, de l’intérieur de la dernière barge non démontée, surgi Phar’roos. La Sombre dressa sa courte stature de Naine, sous le soleil de plomb de Qiryah, face aux chiourmes du Guet de la Cité Libre. Aucun des Drows venus de l’Est, ni peut-être aucun non plus de ceux qui avaient trouvé à vivre à Qiryah, n’ignorait le parcours de Phar’roos, formée au IVème Ost mais demeurée fidèle au Puy, et résolue de châtier ses frères d’armes qui s’étaient faits déserteurs.

      Pourtant la Drow au sang mêlé n’eut pas un mot, ni un regard de mépris, pour ce Veldruk défroqué, qu’elle retrouvait drapé dans son habit de portefaix du gros Drewt. D’une brève inclinaison du chef, elle se contenta de le saluer, comme si les années n’avaient pas creusé un gouffre entre eux deux, de l’âge du IVème jusqu’au temps présent : « Kal’daka. »

      A voir leur Matrone s’épargner l’arrogance, les autres Drows se virent à court de morgue ; peu à peu, les rictus s’estompèrent. Sauf le clapotis des vagues du fleuve, et le frémissement des esclaves prostrés derrière leurs contremaîtres, un silence était tombé sur la scène ; d’au-dessus des flots, le vent faisait grincer les cordages du bois qui éperonnait les courants. Alors, après avoir encore jaugé du regard Uss’drex, Phar’roos lui dit :

      « Les salutations de Sol’Dorn, tu iras les porter à ton maître », et peut-être ce dernier mot fut-il un peu trop appuyé. « Tu imploreras sa clémence pour le trouble que nous jetons sur ses eaux. Mais nous avons examiné les ports de Thaar et d’Ys, et même les constructions des terres lointaines de Baaz’Hima ; et nulle part nous n’avons vu un navire digne de porter maître Do’Hel. Ces poutres et ces mâts que tu nous vois étirer sur le fleuve, c’est pour bâtir le ponton du bateau sur lequel je n’aurai pas honte d’inviter un tel prince. Avec lui, j’entends remonter le cours de l’Oliya, jusqu’à Sol’Dorn : qu’il voie le relèvement que nous autres, Sombres, imprimons à notre cité. » L’ordre de démonter séance tenante la structure, les Drows paraissaient ne l’avoir même pas entendu.

      « Maintenant, file, Kal’daka, cours dire cela à ton maître », lança Phar’roos. Puis elle ajouta, en faisant siffler les sons : « Puisque c’est l’existence que tu t’es choisie. »
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MessageSujet: Re: Des corps et des cordes   Des corps et des cordes I_icon_minitimeMar 13 Sep 2016 - 15:48

Lorsqu’il la vit, comme vomie par l’Enfer, apparaître de l’immense construction de bois, Kal’daka sut qu’il n’avait pas affaire à n’importe qui. Ses muscles se figèrent, et son esprit réfléchit à toute vitesse. Il la connaissait. Pas seulement de vue, à vrai dire. Elle ne s’en souvenait peut-être pas, mais lors de temps immémoriaux, ils avaient échangé quelques salutations. Il était alors Veldruk des Ur’thalrss. Elle semblait sortie tout droit d’une ancienne vie, d’un vieux rêve lointain. Crispé sur sa monture, il ne savait pas comment réagir. Il savait. Il savait que leurs allégeances n’étaient plus les mêmes. Et que face à elle, il ne pouvait ressentir rien d’autre qu’une grande honte. Le silence n’aidait en rien Kal’daka à s’en remettre.

Le Drow écouta sans plus attendre le message qu’il devait transmettre à Vel Do’Hel. Il l’écouta en silence, car il ne pouvait se résoudre à l’ouvrir devant la Matrone. Ici, c’était Sol’Dorn qui parlait. Et il n’avait pas à l’interrompre. Les autres Drows se regardaient, pendant que les troupiers des Patrouilles Noires lançaient des œillades mauvaises aux Puysards sur la berge. Kal’daka avait perdu de sa superbe. Il n’osait plus dire mot. Aussi, quand elle eut terminé, un petit silence plana sur les rangs éberlués du Guet. Leur lieutenant allait-il se laisser ainsi rabrouer ? N’allait-il pas réagir ?

La voix de Kal’daka était moins assurée qu’il ne l’aurait souhaité.

« Soldats… Nous rentrons à Qiryah… »

Les Drows hésitèrent un instant à se retirer, malgré l’ordre donné. Face à cette humiliation publique, leur lieutenant n’avait pas répondu. Comment croire encore en l’autorité de leur chef, si ce dernier restait muet face au verbe d’une Drow miniature ? Pourtant, ils finirent par se retirer. Certains avec un goût de bile dans la bouche.

Celle de Kal’daka, en revanche, était sèche.




Quelques heures avaient passé depuis que Kal’daka était revenu à Qiryah faire son rapport. Et un second convoi, d’une toute autre nature, n’avait pas tardé à faire rouvrir les portes dorées de la Cité Libre. Ce n’était plus les troupes de la Qasbah qui marchaient en direction des étrangers à présent, mais tout un cortège d’une bien plus grande valeur. De part et d’autres d’un grand palanquin chryséléphantin, une horde d’esclaves soulevait l’imposant ouvrage d’or, d’ivoire et d’ébène, suant sang et eau pour éviter que la lourde et chère structure ne leur tombe dessus.

Juché sur cette merveille d’ébéniste et d’orfèvre, l’imposant Vel Do’Hel agitait un petit chasse-mouche de cuir, éloignant les vilaines bestioles de son illustre carcasse. Si tout autour de lui, sur la terre ferme, quelques gardes l’accompagnaient, il restait néanmoins dubitatif quant à leur utilité. Après tout, il entretenait de très bonnes relations avec Sol’Dorn, et fournissait en animaux, plus exotiques les uns que les autres, les sanglantes arènes du Bae’d. Kal’daka était revenu comme un fantôme. Mais peu importe, il n’avait que faire de ses états d’âme. S’il regrettait tant que ça la trahison, pourquoi restait-il donc à son service ? Les yeux posés sur l’imposante construction qui flottait sur le fleuve, Vel arriva face aux Drows qui fouettaient avec acharnement leurs ouailles asservies, à presqu’en soulager celles du Maître des Bêtes quant à leur traitement.

Les bêtes de sommes harassées lâchèrent posèrent doucement le palanquin sur le sol, baissant la tête, et se faisant tout petits. L’obèse silhouette de Vel se releva alors, non sans mal, pour s’extirper de ses coussins et soieries des plus grands tisserands. Une main dans le dos, et l’autre agitant distraitement son chasse-mouche, il se dirigea d’un pas pesant vers la Matrone de la Dothka. Derrière lui, quelques esclaves le suivaient, au cas où. Il s’arrêta à distance respectable de la minuscule Drow, et lui sourit, hochant de la tête dans un salut respectueux.

« Au nom du Conseil de la Cité Libre, le Sénat et les Comices vous saluent, toi et Sol’Dorn. Mais, passons ces horribles salutations protocolaires, les miennes sont plus enthousiastes. Je suis honoré d’apprendre que Sol’Dorn n’a pas oublié l’un de ses plus grands collaborateurs. Et tout aussi honoré que la Matrone de la Dothka elle-même vienne à ma rencontre. »

Ses grands rubis se posèrent sur la Drow de petite taille. Il leva le bras tenant son chasse-mouche, pour qu’un esclave puisse le prendre. Puis, il réunit ses deux mains devant son immense bedaine.

« Je te salue, Phar’roos, des Noqu’th. »
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MessageSujet: Re: Des corps et des cordes   Des corps et des cordes I_icon_minitimeVen 28 Oct 2016 - 12:13

      Phar’roos sentit que sa bouche voulait à la fois s’ouvrir d’ébahissement, et afficher un sourire gêné. Elle s’efforça de contenir ses lèvres tremblotantes, non sans peine ; si bien que, lorsque Vel Do’Hel lui fit face, la Matrone avait les lèvres entrouvertes et de travers, ce qui semblait être un signe de débilité légère.

      La petite Drow contemplait, sans même s’en cacher, l’extravagant étalage de luxe bariolé que le Maître des Bêtes avait déployé devant elle. D’un regard circulaire, elle considéra les habits brodés du Prince-Marchand, et le palanquin raffiné, et la cohorte d’esclaves au-dessous ; puis elle regarda ses propres Sombres aux habits sales, ses ouvriers chétifs, et la construction branlante en bois qui ne ressemblait, pour le moment, qu’à une épave.

      Elle aperçut, du coin de l’œil, Kal’daka en retrait, dans l’ombre du gros Rewt. Phar’roos avait espéré que le déserteur lui aurait au moins laissé quelques jours pour avancer dans la construction du navire, avant d’inviter Vel Do’Hel à s’y présenter. La peau sombre de la Matrone prit une légère teinte brune – ce qui équivalait à pâlir pour un Drow – et elle se jura, dans un sursaut distrait, de faire égorger Kal’Daka un jour prochain.

      « Seigneur Do’Hel, souffla Phar’roos. » Et elle s’inclina devant le Rewt, d’une révérence profonde et prolongée. La tête plus bas que le corps, elle sentit un afflux de sang venir réveiller son esprit vaguement engourdi.

      Elle se releva pour ordonner qu’on apporte les cadeaux. Quatre esclaves, plutôt plus grands que les autres Humains chétifs débarqués là, s’approchèrent de Vel Do’Hel en courbant l’échine. Les deux premiers portaient une statue à la gloire du Rewt, sculptée dans la défense d’ivoire d’un bœuf à trompe terrassé dans le Ba’ed. Phar’roos espérait que l’hommage siérait au Maître des Bêtes – et elle se garda bien d’ajouter qu’elle avait dû faire engraisser magiquement un bœuf, jusqu’à ce qu’il lui pousse une défense suffisamment épaisse pour y graver le Rewt tout entier. Les deux autres servants portaient une petite cage vitrée, où gigotait une poignée d’insectes, qui ressemblaient à de grosses limaces grisâtres. « Des larves de Jengal, venues des lointaines terres barbares de l’Ouest, annonça Phar’roos. »

      Mais les cadeaux devaient se révéler finalement moins étonnants, bien moins, que les esclaves qui les présentaient. Ils étaient définitivement plus grands que la moyenne des Hommes. Leur peau était d’un rose vivace, presque tapageur, comme la peau d’un bébé ; mais c’était visiblement un enduit dont on les avait recouverts, car partout où le fouet des contremaîtres avait frappé, il laissait des zébrures grises ou noires. Leurs crânes avaient été rasés grossièrement, et les racines éparses qui leur restaient étaient d’un blanc argenté. Et leurs oreilles, plutôt rondes, étaient couvertes de croûtes brunâtres, là où on avait tranché les pointes pour singer les oreilles des Hommes. Il ne fallait pas longtemps pour deviner qu’ils étaient, sous leur défroque humaine, des Drows de bonne lignée.

      « Sol’Dorn change, Seigneur Vel Do’Hel, commença Phar’roos, avant d’ajouter avec déférence : mais la cité demeure fidèle à Qiryah, c’est une évidence.

      Le Puy, et Uriz, ne se désintéressent plus de la cité de Sol’Dorn. Ceux qui ont cru pouvoir prospérer sur les reliques du Quatrième Ost, en se proclamant despotes sur un lopin – ceux-là reçoivent leur châtiment, comme traîtres et comme déserteurs. »
Phar’roos résista au désir de jeter un regard, derrière le gros Rewt, au vieux Kal’Daka.

      « Et cela libère des terres, Seigneur Do’Hel, beaucoup de terres. J’aurais aimé construire un navire digne de toi, pour te faire remonter le fleuve ; tu aurais vu par toi-même les manoirs des despotes en flammes, et alentour des étendues à présent vides, où leurs esclaves sont désœuvrés – »

      Phar’roos s’arrêta là. Elle avait hésité à poursuivre, à exposer ce qu’il pouvait être fait de grand sur ces terres libérées. Mais les Princes-Marchands avaient leur réputation, et Vel Do’Hel le premier d’entre eux. Là, devant son palanquin en équilibre précaire, oscillant lui-même autour de son bedon, le gros Rewt devait imaginer mille façons de devenir encore plus gros.
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MessageSujet: Re: Des corps et des cordes   Des corps et des cordes I_icon_minitimeJeu 10 Nov 2016 - 14:35


A peine Vel fut-il gratifié des salutations de Phar’roos, que des esclaves aux bras chargés de cadeaux s’avançaient vers lui. Il remarqua avec un mélange d’étonnement et d’amusement qu’il s’agissait là non pas d’Humains, mais de véritables Drows travestis, et honteusement exposés dans toute leur médiocrité. Vel pouvait y voir la punition suprême, l’ultime affront pour un enfant d’Elda. Ce qu’ils avaient fait restait un mystère, mais qu’importe. Il détourna bien vite son regard de ces immortels déchus pour se concentrer sur les présents de Sol’Dorn. Une grande statue de lui-même, taillée dans l’ivoire le plus pur. Il en fut légèrement impressionné, car il ne connaissait pas d’animal assez grand pour pouvoir y tailler une statue à son effigie, et ce d’un seul bloc. Bœuf à trompe, ou bœuf wandrais ? Il pourrait le demander plus tard. Il sourit, et passa au suivant. Des larves de Jengal. Il n’en avait pas encore, et se réjouit de pouvoir ainsi compléter sa collection. Regardant une dernière fois les insectes se tortiller dans leur cage, il claqua des doigts, et les esclaves de Vel, bien humains quant à eux, prirent le relais.

Armé d’un petit sourire, le Prince-Marchand remercia Phar’roos et Sol’Dorn pour ces beaux cadeaux. Après cela, elle exposa le motif de sa venue, dévoilant à son interlocuteur ce qu’il se déroulait en amont du fleuve. Alors ainsi, le Peuple Elu avait repris ses droits ? Sol’Don se dédouanait de ses mécréants, et purgeait ses terres des faibles et des traîtres ? Il pensa indubitablement à Kal’daka, et ne put s’empêcher de sourire. Il était bien le seul Drow conspirateur qu’il ait épargné, le jour de sa vengeance sur les participants à la Conjuration des Vel’druk. Mais il avait également été le seul à ramper pour son salut, ce jour-là.
Peut-être devrais-je revoir mon jugement, pensa-t-il, non sans une pointe d’amusement.

Néanmoins, ce qui retint particulièrement l’attention de Vel, fut la dernière phrase de la Matrone. Une phrase qui ne pouvait avoir été dite sans arrière-pensée, et qui semblait parfaitement calculée. Et à peine pensait-il à cela, qu’il réfléchissait déjà à quel nombre d’esclaves il était fait allusion… Drows autant qu’Humains, jeunes servants et vieux médecins… Le marché pourrait fort bien être inondé de nouvelles têtes. Mais si une seule personne s’en déclarait propriétaire, voilà un moyen rapide et efficace de se remplir les poches ! Vel Do’Hel se passait une main sur le menton, l’autre derrière son dos. Son regard, rivé sur Phar’roos, ne la regardait pas. Il réfléchissait. Puis, avec un petit haussement d’épaules caractéristique, et un léger sourire, il joignit à nouveau ses mains devant lui.

« Tu as piqué mon intérêt au vif. J’ai toujours été un grand partenaire commercial de Sol’Dorn, et qu’il se tourne vers moi en cette heure charnière de son histoire, m’honore sincèrement. Mes ancêtres ont toujours servi les intérêts des dieux, et il est plaisant de constater qu’ils n’oublient pas leurs plus illustres serviteurs. Je remonterai avec joie le fleuve avec toi, Matrone. Une fois que ce fameux… bateau, sera terminé. »


Il avait laissé de l’air s’échapper par ses narines à la prononciation du mot ‘bateau’. Affublé d’un petit sourire narquois, pas réellement fait exprès, il regarda ce qui devrait l’accueillir plus tard, pas encore tout à fait préparé. Il dit alors :

« Peut-être désires-tu des ouvriers supplémentaires ? La cité regorge d’esclaves oisifs prêts à obéir. Tu n’as qu’un mot à dire. »


Derrière lui, Kal’daka était extrêmement nerveux. Il avait la main posée sur la poignée de son sabre de cavalerie, triturant le pommeau de son pouce. Il fixait Vel Do’Hel, car il avait trop peur de croiser le regard pénétrant de Phar’roos. Derrière-lui, des esclaves s’affairaient à remonter les cadeaux vers Qiryah, sous l’œil attentif de quelques mercenaires des Patrouilles Noires, occupés à martyriser les hommes, et à tourmenter les femmes…
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MessageSujet: Re: Des corps et des cordes   Des corps et des cordes I_icon_minitimeVen 18 Nov 2016 - 10:43

      La satisfaction d’avoir offert à Vel Do’Hel des trésors qu’il ne possédait pas déjà en plusieurs exemplaires, céda trop rapidement la place à une vague de gêne lorsque le Rewt promena son regard dédaigneux sur le bateau encore loin d’être achevé. Phar’roos fut blanche de honte pour la deuxième fois en quelques minutes, et elle se courba en une nouvelle révérence devant le Prince – en se disant qu’au fond, elle ne pouvait pas honnêtement lui en vouloir de ne pas être émerveillé par ce qu’elle présentait comme la future merveille des fleuves, et qui n’était encore qu’un tas de poutres mal équarries.

      « Chaque fois, au cours de notre histoire commune, que Sol’Dorn a collaboré avec Qiryah, de grands prodiges en sont sortis », souffla Phar’roos, avec un malaise mal dissimulé. « Nous serons honorés que nos esclaves soient rejoints par les tiens, pour édifier au plus vite ce navire digne de te porter jusqu’à Sol’Dorn. » Elle considéra rapidement l’esquisse d’esquif, cette fois avec un œil de charpentier, avant de calculer : « Il y a peut-être encore dix ou douze jours de travail, pour l’achever », et elle avait parlé en faisant planer une œillade noire sur Kal’daka, qui l’avait privée de ce délai en rameutant trop vite le Rewt. « Ce temps, je vais l’utiliser pour rentrer à Sol’Dorn, et achever le compte des terres qui ont perdu leur despote. Mes marins te conduiront à la cité lorsque le navire sera à flots, et j’y apprêterai pour toi un accueil digne de ton rang, Seigneur Do’Hel. C’est depuis les murailles de Sol’Dorn, avec à nos pieds les plaines vides et offertes à l’exploitation, que nous pourrons penser paisiblement à ce qui profitera le plus à nos deux cités. Si tu chéris une espèce raffinée de culture, amènes-en quelques plants ; et si tu veux voir engraisser certaines bêtes, apporte quelques jeunes têtes fertiles. En tout cas, la terre, et les bras pour la travailler, sont déjà là. »

      Phar’roos se doutait que l’appétit du gros Rewt était suffisamment énorme, pour qu’il cède à une offre aussi alléchante – peut-être si alléchante, que la Matrone pourrait y glisser un léger désagrément sans qu’il rechigne. D’une voix soucieuse, elle reprit après un instant : « Mais bien sûr, Sol’Dorn est encore une cité dangereuse, et la traque des despotes ne se fait pas sans douleurs. » Elle avait dit cela en pointant son bras droit, sur lequel s’attardait la trace violacée d’une mauvaise blessure – qui n’avait certainement pas été causée par un despote, mais il n’était pas nécessaire que Do’Hel sache tout ; après tout, son appétit légendaire ne s’étendait pas à la genèse des ecchymoses. Elle reprit, avec initiative : « Tu voudras sûrement envoyer certains de tes soldats pour te préparer un accueil sûr. Et qui mieux, puis-je oser, que Kal’daka, pour juger de la dangerosité des jeux de pouvoir qui m’opposent aux despotes, eux qui ont déserté comme lui le IVème Ost ? » Et elle ajouta dans un sourire – une expression inhabituelle pour la Matrone, et qui lui tordait affreusement les lèvres : « Il sera traité à Sol’Dorn comme chez lui. »
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MessageSujet: Re: Des corps et des cordes   Des corps et des cordes I_icon_minitimeJeu 24 Nov 2016 - 11:03

Le bedonnant Rewt passa une main sur son triple menton, l’air songeur. Douze jours de travail… Dix s’il usait correctement de sa Guilde des Amis du Fouet. Il avait hâte de voir à quoi ressemblerait le navire, une fois sa construction achevée. Vel Do’Hel aimait ce qui lui ressemblait ; tout ce qui était démesuré, tout ce qui était imposant. S’il avait peu navigué dans sa vie, il se doutait que cette fois, ce ne serait pas pareil. Et c’est peut-être encore quelque chose qu’il aimait car cela lui ressemblait ; c’était également original. Il agita ses doigts en direction d’un esclave qui portait une tablette de cire. Ce dernier s’empara fiévreusement d’un stylet, et grava ce que lui dictait son maître d’une voix lancinante.

« Dix des esclaves d’Alastor Kherban. Sept des esclaves de Calphias d’Essalem. Quatorze des esclaves de Ruphim le Pourpre. Cinquante de mes esclaves personnels. Hmmm… Ne pas oublier d’en référer à la Guilde des Amis du Fouet. »

Le greffier s’arrêta d’écrire, attendant l’ordre suivant. Vel leva la main dans un geste léger pour lui signifier qu’il avait fini. Le gros Drow sourit alors à la Matrone.

« Je suis le Maître des Bêtes. Promesse est faite qu’il y aura le plus prisé des bétails dans les champs gras de Sol’Dorn, une fois que j’y poserai le pied. »

Les dernières remarques de Phar’roos furent prises très au sérieux. Si Sol’Dorn était toujours dangereuse, elle avait bien raison, il devrait envoyer des hommes sur place. Mais pourquoi donc Kal’daka ? Il l’avait observé se raidir et devenir d’un gris plus pâle encore que ce que la décence autorisait. Avaient-ils un contentieux à régler ? Vel Do’Hel se souvenait de lui comme d’un jeune Veldruk opportuniste, qui n’avait pas hésité à trahir son père. La seule raison pour laquelle il l’avait maintenu en vie jusqu’ici, c’était pour lui imposer un poste minable au sein de la Cité Libre, et l’humilier copieusement lors des orgies drows, auxquelles il se faisait rare depuis quelques temps. Le gros Prince-Marchand pouvait encore distinctement se souvenir des supplications de Kal’daka, lorsqu’il avait failli mourir pendant les purges. Il avait été le seul à supplier. Le seul à invoquer la pitié.

Et aujourd’hui, Vel avait assez ri de lui comme ça. Il devenait ‘encombrant’.

Il tourna la tête vers la Matrone une nouvelle fois, après avoir perdu son regard dans celui de Kal’daka.

« Cela va de soi, Phar’roos. Je suis sûr que le lieutenant Kal’daka sera accueilli avec les honneurs… dus à son passé, pour le moins… mouvementé. »

Le militaire drow fit un pas en arrière, puis se figea. Vel Do’Hel fit un clin d’œil à la Matrone, et recula également de trois pas, plaçant ses mains dans son dos. Un esclave lui porta alors son chasse-mouche en cuir, et d’une main, il se mit à le balancer de droite à gauche, près de son visage.

« J’attendrai douze jours à Qiryah. Pas un de plus. Le lieutenant Kal’daka se rendra sur place avec deux de mes plus fidèles vexillaires. Je voyagerai dans le grand bateau dornien avec un corps diplomatique exceptionnel détaché du reste du Guet. Quinze bons et loyaux Drows. J’ai dit. »

Il baissa la tête dans une légère révérence, avant de reculer de deux pas, puis de se retourner se dirigeant à pas lents vers son onéreux palanquin. Il passa Kal’daka, qui aurait pu être une statue faite de marbre, et se jeta dans ses coussins, rebondissant sur la soie pure et les coussins dorés. Le voyage de retour vers Qiryah serait trépidant, et riche en questions…

A quoi ressemblerait ce fameux bateau ? A quoi s’attendre une fois le pied posé sur Sol’Dorn ?

Mais plus encore, combien de temps tiendrait l’ancien Veldruk avant de crier comme un porc que l’on égorge ?
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