Quand l'Anaëh retombe en enfance... ou que les enfants retombent... bref (libre)

[Hrp : Ce rp est ouvert à tout elfe ou semi-elfe ayant pu vivre ou aller en Anaëh lors de son enfance. Le principe est que tous les personnages, encore des enfants (entre 60 et 80 ans environ), se rencontrent/retrouvent à Alëandir plus ou moins par hasard. A voir ce qui leur arrivera... x) ]

(Musique enfantine)

Deuxième jour de la troisième ennéade de Favrius, onzième année du XI° Cycle,
Cité d'Alëandir.

La petite main se faufila sur la table, tâtant de ses fins doigts toute chose qui s'y trouvait. Curieuse mais prenant garde à ne pas se faire attraper dans sa facétie, la coquine trouva quelque rouleau de papier, cacheté, et s'en empara avec toute la délicatesse dont elle était capable de faire preuve. Désormais bien rompue à ce fin exercice, la petite main vint se cacher sous la table avec le précieux document, et ce sont deux grands yeux d'un bleu extrêmement clair qui vinrent faire surface. Rapidement ils surveillèrent la principale source de problèmes : un grand elfe aux longs cheveux blancs, fin et bien habillé, plongé sous une tonne de paperasse. Ah Nereldor... le jour où il arrêterait de s'occuper des affaires du protectorat et se déferait de tous ses papiers... ce serait un autre jour. Quoi qu'il en soit, la tête blanche aux yeux clairs disparut à nouveau sous la table et ce fut un petit garnement qui sortit à quatre pattes en faisant le moins de bruit possible, son précieux trophée coincé entre ses deux lèvres.

"Aneldaën ?"

L'enfant s'arrêta instantanément, statue de pierre prête à prendre la fuite au cas où il se ferait attraper. Oui, bon... de la pierre prête à filer... valait mieux ça qu'un arbre qui en plus devait se déraciner, non ? Le gamin regarda discrètement derrière lui et vit son père la tête toujours aussi plongée dans ses papiers. La voie était libre ! Sur ce il posa sa main jusque là suspendue en l'air sur la pierre froide marcha ainsi jusqu'à atteindre la porte entrouverte. Il disparut et referma aussitôt la porte, alors que de l'autre côté du bureau s'ouvrait une autre sur une elfe magnifique drapée d'une robe violette au nombreux voilages. Ses longs cheveux blongs tombaient jusqu'à ses hanches en cascade. Avec tout autant de souplesse et de délicatesse elle s'approcha de son mari et le força à décoller ses yeux de ses papiers politiques pour déposer un doux baiser sur ses lèvres.

"Qu'y a-t-il, cher aimé ?
Nereldor eut un sourire charmé. Il réfléchit un moment, se retint de poser une question puis attrapa délicatement sa femme par les hanches pour l'inciter à s'installer sur ses genoux.
- Non... rien... Ta présence me manquait juste."

Le politicien chercha les lèvres de son aimée alors que cette dernière éclatait d'un rire cristallin, puis les deux discutèrent un petit moment ensemble. Alors Aneldaën demanda s'il savait où se trouvait leur enfant, puisque cela faisait un long moment qu'elle ne l'avait pas entendu. Nereldor inspecta alors de ses yeux profonds chaque papier trônant sur ce qui lui servait du bureau, comptant dans sa tête le nombre exact de papiers qui devaient s'y trouver, et soupira de désespoir en constatant qu'il lui en manquait un... et pas n'importe lequel d'ailleurs...

"Neraën, que la Mère me protège... Qu'est-ce qui lui est passé par la tête encore ?!
- Je ne sais pas... en tout cas il va vite falloir le retrouver, parce qu'à courir ainsi dans une cité qu'il ne connait pas...
- J'y vais. Bons dieux..."

Le jeu avait commencé.

~~~~~~~~

"Je viendrai te chercher une fois la réunion terminée. D'accord ?
- Oui papa !"

La petite fille eut un grand sourire envers son papa. Elle se mit sur la pointe des pieds pour déposer un bisou sur ses joues et le regarda partir vers la salle du Chapitre Blanc. Comme toujours. Mais bon... ce n'était pas comme si elle n'était pas heureuse au coeur de la bibliothèque, non ? Il y avait plein de beaux livres reliés et tout plein d'histoires à lire ! Elle ne comprenait pas tout mais ça l'intéressait quand même. Et puis des fois elle essayait de faire bouger des feuilles avec la magie, c'était drôle ! Mais c'était fatiguant aussi.

Beliandar sorti de la grande bibliothèque d'Alëandir, Enoriel se retourna et commença à fureter un peu partout dans les rayons, essayant de décrypter les titres des beaux livres étant à sa petite hauteur et sautillant, complètement à l'aise dans son ample robe verte. Après avoir fait exprès de se perdre, elle alla demander à un adulte - enfin à un elfe de grande taille - s'il savait où se trouvait le rayon avec des belles histoires du passé. Régulièrement, elle tombait sur le même elfe, qui avait donc l'habitude de son petit jeu. Là, c'en était un nouveau ! C'était amusant comme il la regardait avec de grands yeux ronds avant de se retourner dans tous les sens pour voir si quelqu'un n'était pas plus à même de s'occuper de la petite qui le dérangeait manifestement dans ses études. Malheureusement pour lui, il n'y avait personne d'autre. Hé oui, que croyait-il ? Elle l'avait fait exprès, sinon ce n'était pas drôle !

"Euuuh... C'est l'un des rayons près de la porte d'entrée.
- Et elle est où la porte d'entrée ?
- De l'autre côté.
- Qui est où ?
L'apprenti mage soupira.
- Tu vois mon bras ?
- Oui !
- Là tu vois, je le tends vers ma droite.
- Euuuh... oui !
- Tu vas dans cette direction - non pas de suite ! - et après quelques rayons tu vas trouver un escalier qui descend. Tu descends cet escalier. Ensuite, par rapport au bout de l'escalier, tu te décales un peu sur ta gauche et tu longes la grande allée. Celle où il y a des livres qui volent, régulièrement. Tu marches dedans et tu vas jusqu'au bout, tu vas te retrouver à un embranchement...
- C'est quoi un embranchement ?
- C'est quand deux allées se croisent. Là une allée encore plus grande va croiser celle où tu seras. Tu la prends vers la droite et tu verras, au bout se trouvera la porte.
- Aaaaah ! C'est pas compliqué en fait !
- C'est ça. Maintenant vas-y, et si tu te perds, tu demandes à quelqu'un d'autre. D'accord ?
- Oui oui ! Merci !"

Et la petite partit en courant trouver l'escalier menant à la porte perdue. Presque déçue, elle put atteindre la grande porte sans se perdre à nouveau. C'est qu'elle commençait à connaître la bibliothèque par coeur, à force... Elle alla donc s'emparer d'un livre racontant des histoires, se baissa et en prit un dont le nom ne lui disait pas grand chose mais semblait fort intéressant : "Des histoires à l'Histoire". Son passe-temps désormais bien calé dans ses bras peu épais, la blondinette alla s'installer sur un fauteuil puis commença sa lecture. Elle lut, pendant plus d'une heure, posant son doigt sous chaque mot pour s'y retrouver dans toutes ces lignes à l'écriture pour grands. Au bout d'un moment elle leva la tête et regarda autour d'elle, embêtée. Puis elle descendit du fauteuil pour aller voir un grand garçon, un étudiant de l'Académie certainement. Une mèche de cheveux coincée en guise de marque-page, le livre fermé reposant lourdement dans ses bras, la petite Valiendal vint se poster juste à côté de sa chaise tout en le regardant de ses grands yeux noisette, jusqu'à ce qu'il se rende compte de sa présence et daigne s'occuper d'elle.

"Je ne comprends pas un mot...
L'adolescent regarda rapidement autour de lui avant de poser la plume qu'il tenait dans sa main.
- Hum... lequel ?
- Celui-là...
Enoriel ouvrit son livre de l'ennéade et lui montra avec beaucoup de maladresse le mot qui l'embêtait, du fait du poids du bouquin. Il fallut que Fineldor le prenne pour qu'elle puisse être plus à l'aise.
- Dispersion ? Se disperser, ou faire une dispersion, c'est quand plusieurs personnes, êtres ou objets partent dans des directions différentes.
- Donc là les soldats ils vont chacun dans leur coin ?
- C'est ça. Ils ne suivent pas tous le même chemin.
- Ah... Merci !"

Enoriel accorda un superbe sourire enfantin à celui qui l'avait aidée à comprendre, retenant qu'il était assez gentil pour pouvoir lui redemander un mot si jamais elle avait besoin et que son papa n'était pas là. Elle tendit les bras pour récupérer son précieux livre quand une fusée glissa sous la table où les deux elfes se trouvaient à toute vitesse, se cognant à un siège au passage.

"Aïe !"

La petite se pencha pour regarder quel drôle d'énergumène avait ainsi fait son entrée. Elle se retrouva face à un elfe ayant à peu près son âge, plus grand qu'elle, aux yeux de glace et aux longs cheveux blancs. Il n'était pas habillé comme ceux d'ici ; plus chaudement.

"Tu peux me dire où je peux me cacher ?
- Pourquoi ?
- C'est un jeu !"

Enoriel lui montra du doigt là où elle était installée quelques minutes auparavant, et le garçon s'empressa d'aller dans cette direction. Il était bizarre... et pourquoi avait-il un rouleau dans la main ? Elle reprit quand même son livre et rejoint l'étranger au sourire taquin. Curieuse, elle se rassit dans son fauteuil sans rouvrir le livre.

"Les gens ne viennent pas trop ici, ils s'arrêtent aux tables.
- Chouette ! Je reste ici alors !
- Que fais-tu avec ça ?
- Je joue... le but du jeu est qu'on me retrouve, affirma-t-il avec un grand sourire. Tu t'appelles comment ?
- Enoriel. Et toi ?
- Neraën ! Et toi ?" demanda-t-il à l'enfant qui venait d'entrer dans son champ de vision et qui, visiblement, se demandait bien pourquoi on le demandait.

Ton index glisse lentement sur la page du livre que tu tiens de ton autre main alors que tu abordes avec difficulté les mots qui y sont inscrits. Il faut dire que tu n’as pas pris un ouvrage sur un sujet qui t’es familier et le jargon employé reste très nébuleux ainsi tu progresses lentement. Tu clignes des yeux régulièrement, assise à une chaise trop grande pour toi en face d’une table qui t’arrive au niveau du menton, seule ta tête dépasse ce qui fit rire l’adulte qui s’était assis en face de toi avant qu’il ne se plonge dans sa propre lecture ; tu avais fait ton possible pour ne pas t’intéresser à lui, pour ignorer sa moquerie, mais tu avais tout de même froncé les sourcils et tu lui avais lancé ton regard le plus noir, celui qui fait taire Uru lorsqu’elle commence à pleurer dans son berceau. Et puis là il n’y a pas tes parents pour te dire d’être gentille avec ta sœur.

Tu finis par fermer ton livre et te tirer hors du siège et te diriger, ouvrage sous le bras, vers le rayon où tu l’as pris. Sauf que tu ne sais plus où tu l’as pris. Tu pourrais demander mais comme te l’as dit ta mère la veille : tu es une grande maintenant ! La tête haute tu déambules entre les étagères chargées, laissant ton regard vagabonder sur la tranche des bouquins dont une bonne moitié, si ce n’est plus, ont un titre qui t’es incompréhensible. C’est d’ailleurs à ce moment que tu te rends compte que tu es probablement allé dans la mauvaise direction étant donné que tu ne te souviens pas avoir lu tant de choses compliquées lorsque tu as pris celui que tu as en main.

Tant pis, tu ne comptes pas abandonner si facilement. Tu fais marche arrière, tu tournes plusieurs fois, tu finis par descendre des escaliers puis par en monter d’autres et tu n’es pas plus avancée. Cette fois tu es tentée d’approcher une adulte que tu vois se tapoter la lèvre inférieure, visiblement prise dans une intense réflexion mais alors que tu fais un pas dans sa direction une pensée t’arrêtes. Et si elle disait à Eryvïnn que tu es venu là ? Et s’il apprenait que tu t’intéressais à sa façon de jouer de la harpe ? Le rouge aux joues tu fais à nouveau demi-tour, la tête baissée avec ton livre sous le bras.

A nouveau tu t’arrêtes dans tes pérégrinations, non pas parce qu’il te semble reconnaître cet étagem ais parce que tu entends des voix qui n’ont rien d’adultes. A moitié caché par une des nombreuses étagères de la bibliothèque tu regardes de quoi il retourne. Et, les sourcils froncés, tu décides d’approcher.

« C’est normal, c’est pas fait pour être amusant, y’en a ici qui travaillent ! » Déclares-tu, les poings sur les hanches, bien droite, la poitrine pleine d’une fierté d’avoir laissé derrière toi les jeux enfantins auxquels semblent se livrer ces trois-là pour le monde sérieux des adultes.

L’enfant fixa l’inconnue qui venait d’arriver. Elle se donnait des grands airs alors qu’elle ne devait pas être beaucoup plus âgée que les deux autres. Tout au plus avait-elle quelques dizaines d’années de plus. Elle avait l'air de vouloir leur faire la leçon, peut être même les empêcher de s'amuser pour de bon. Hors de question.

-Je ne suis pas là pour travailler moi. Réplica-t-il avec un air boudeur.

Elle non plus n’était pas amusante, elle se comportait comme ces adultes lorsqu’il fallait rester en place de longues heures et apprendre tout un tas de choses dont il se fichait. Quel ennui. Lui il voulait courir, vivre des aventures… Et aujourd’hui l’aventure consistait à découvrir un monde qu’il ne connaissait pas. Les adultes étaient loin, c'était l"occasion rêvée.

-T’es qui d’abord toi ?

Et comme s’il voulait imiter la plus grande, il fronça les sourcils et croisa les bras contre lui. Un adulte passant par-là aurait sans doute trouvé la scène particulièrement comique mais dans l’esprit du gamin, sa posture ne pouvait qu’impressionner l’autre fille. Oublié la gène d'avoir été pris la main dans le sac quelques secondes plus tôt. D'un autre côté il espérait que la grand fille répondrait parce qu'il se demandait bien qui elle était. Ça faisait beaucoup d'enfant qu'il n'avait jamais vu tout de même...

Pas là pour travailler ? Tu fronces à nouveau les sourcils. En voilà une drôle de réponse. C’était là l’objectif de la bibliothèque après tout. Qui venait ici pour faire autre chose que travailler ? Venait-il ici pour jouer ? Quelle drôle d’idée.

« Moi je suis quelqu’un de sérieux ! » Assènes-tu en mettant en avant la quatrième de couverture de ton livre. Livre que tu ne sais toujours pas où ranger d’ailleurs mais en attendant il retourne contre ta hanche en même temps que ta main. « Et quelqu’un qui n’a pas pleins de taches moches sur le visage. »

Un sourire moqueur s’ajoute à ton air satisfait alors que tu repousses une mèche de cheveux pour la ranger derrière ton oreille, en dessous de l’orchidée qui cache la pointe de ladite oreille et ce pour lui montrer que, contrairement à lui, ton visage n’est pas marqué de tâches. C’est d’ailleurs pour cacher tes longues oreilles que tu portes des fleurs de chaque côté de ta tête, c’est un moyen esthétiquement plaisant de le faire. Et dire qu’elles continueront à grandir toute ta vie… tu te demandes quelle taille elles atteindront. Mais ça c’était une considération qui n’avait pas vraiment lieux d’être pour le moment. A la place tu détailles l’enfant en face de toi et même si tu es plus vieille il reste un garçon et la distance qui vous sépare te va très bien comme ça.

« Mais si t’es pas là pour travailler, qu’est-ce que tu fais ici, Drunarwa* ? Tu t’es perdu ? »

traduction:

Les grands yeux gris de l’enfant se mettent à briller alors qu’elle se moque de lui. Cette fille est méchante alors qu’il ne lui a rien fait. Son visage vire au cramoisi et ne font qu’accentuer ses tâches qu’il n’apprécie pas plus qu’elle.

"Maman’’ lui disait qu’il n’avait pas à s’en faire et qu’en grandissant on les verrait moins mais pour un enfant focalisé sur l’instant, grandir était un concept très vague. On se moquait souvent de lui pour ses taches de rousseurs ou bien encore la couleur atypique de ses cheveux et il ne comprenait pas. Il ne sait pas non plus ce que c’est un Drunarwa mais il se doute que ce n’est pas un compliment.

-ça ne te regarde pas ! Espèce de…de…fille !

On lui a appris à ne pas insulter ses camarades, à toujours se montrer polis et respectueux. Alors lorsqu’il avait voulu lui rendre sa méchanceté il n’avait pas sus quoi dire.

Il fait soudain volteface et disparait entre les étagères, prenant la fuite avant qu’elle ne recommence à se moquer et à le mettre dans l’embarra. Il n’ose pas aller se plaindre à un adulte au risque d’être punit en même temps que la petite peste. ‘’Maman’’ ne le laisserait plus vagabonder après et hors de question de passer ses prochains temps libres bloqué sur une chaise.

Et puis il finit bien vite par s’arrêter : il s’est finalement bel et bien perdu… Il y a une porte, là qui donne surement sur l’extérieur mais elle est bien haute pour lui… Et partout autour des couloirs et des étagères à pertes de vue…

Il s’est perdu à cause d’elle, la méchante fille. Il est coincé tout seul dans le grand bâtiment qu’il ne connaît pas et ça lui fait peur. Ses petits poings viennent frotter ses yeux et il renifle.

Tu ris devant la réponse de l’autre enfant, c’est même pas une insulte ! Ta poitrine se gonfle encore davantage, un air triomphal et satisfait sur le visage, tu vas te retourner vers les deux autres qui assistaient à la scène quand Drunarwa part en courant ; tu as montré que tu étais la plus maligne et puis ton expression se décompose vite en te rendant compte que, justement, Face-Tachée est partis. Tu déglutis et tu regardes autour de toi pour voir par où il est partis. Tu ne le vois pas mais tu l’entends, tes grandes oreilles bougent légèrement pour tenter d’isoler le bruit de ses pas. Ce qui n’est en réalité pas bien difficile dans une bibliothèque qui, par essence, est sensé rester la plus silencieuse possible pour le confort de l’ensemble de ses utilisateurs.

Alors tu te lances à sa poursuite mais c’est qu’il court vite, le petit drunayon et tu n’arrives pas à le rattraper, surtout qu’il passe son temps à tourner, faire des détours ce qui fait que, bien vite, tu es aussi perdu que lui. Lorsqu’il s’arrête enfin tu peux enfin te mettre à réduire la distance qui vous sépare. Tu le vois de dos mais tu sais qu’il se frotte les yeux et tu l’entends renifler. Mais surtout : tu entends des bruits de pas d’adultes approcher alors tu accélères autant que tu le peux. Tu arrives vers lui à bout de souffle.

« Hé... » tup rends une grande inspiration. « Je m’excuse pour toute à l’heure, tu me pardonnes ? »

Tu parles à voix basse avant de te retourner pour voir où en est l’adulte qui te suit et tu te rends bien vite compte qu’il n’y a nulle part où vous cacher. Avant que Face-Tachée n’ait pu répondre tu te mets à pousser la porte qui se trouve devant vous.

« Aides-moi où on va se faire attraper. »

C’est qu’elle l’a suivi la méchante fille.... Il l’entend marcher derrière lui alors bien vite il réprime ses larmes. Il a assez honte comme ça. Heureusement, elle en a fini avec ses moqueries et lorsqu’elle demande pardon il hoche la tête en reniflant une dernière fois. Ça aussi on lui a appris : lorsqu’on s’excusait il fallait pardonner.

Elle lui demande de l’aider à ouvrir la porte, alors que les pas d’un adulte se font entendre et quelque chose lui fit penser qu’ils n’auraient pas dû se trouver là. Ni une ni deux il pousse la porte avec l’aide de la gamine et lorsqu’elle finit par céder ils se faufilent de l'autre coté. Il se retrouvent alors dans une cage d’escalier qui n’avait rien de particulier pour les deux enfants.

-Pourquoi tu veux qu’on se cache ? Murmura-t-il à sa désormais camarade, la peine et la rancœur oubliée. T’as fait une bêtise ?

Si elle avait fait une bêtise, et qu’il était pris avec elle, sans doute partagerait-il sa peine et il n’en avait vraiment pas envie. Ils ne pouvaient plus faire demi tour.

-Vient on va voir ce qu’il y a là-bas !

Et sans attendre, comme si ses craintes venaient de disparaitre d’un coup il se précipita dans les escaliers qui s’enfonçaient sous terre.

Enfin de l’aventure !

Tu manques de tomber de l’autre côté de la lourde porte lorsqu’elle s’ouvre et une fois certaine de ne pas tomber la tête la première dans les escaliers tu te dépêches de refermer la porte derrière vous. Tu tournes ensuite la tête en direction de Drunarwa en te demandant si, finalement, sa ressemblance avec ces bestioles n’est pas que physique.

« Non, je ne fais pas de bêtises, y’a que les enfants qui en font. » Lâches-tu comme si ça tenait de l’évidence alors qu’en réalité tu ne voulais pas que Face-Tâchée n’aille se plaindre à un adulte. Tu serres ton livre contre toi en voyant le garçon descendre les marches et tu déglutis alors que les battements de ton cœur s’accélèrent. Tu ne sais pas où elles vont, tu ne sais pas ce que tu trouveras en bas ni si vous avez le droit de vous y rendre. Toutefois la peur de rester seule dans la pénombre l’emporte sur celle d’une éventuelle punition alors tu te lances à nouveau à la poursuite de ton camarade. « Hé attends-moi ! »

Tu te rends compte un peu trop tard que tu n’aurais probablement pas dû crier étant donné que tu ne sais pas si vous êtes seuls or si ce n’est pas le cas et que vous n’avez pas le droit de descendre les marches tu viens peut-être de vous trahir. Tu descends les marches aussi vite que possible mais tu finis par ralentir en te souvenant qu’un peu de discrétion ne ferait pas de mal. Une fois arrivé en bas tu retrouves Drunarwa devant une autre porte.

« Tu sais ce qu’il y a de l’autre côté? » L’inquiétude est clairement audible dans ta voix tandis que tu serres à nouveau le livre contre toi dans l’espoir que par son intermédiaire, Eryvïnn t’aides à surmonter tes peurs. « J’ai l’impression qu’on devrait pas être là… »

Et pourtant tu t’approches avant de reculer d’un bond en voyant que la lumière qui filtrait sous la porte est de plus en plus bloquée par quelque chose qui s’en approche. Tu tires Face-Tâchée en arrière, dans le coin, sous l’escalier en colimaçon que vous venez de descendre alors que ladite porte s’ouvre. Tu ne vois pas qui passe par la porte mais tu n’as aucun mal à reconnaître le son du métal sur la pierre. Le son de beaucoup de métal touchant le sol empierré. D’un pas rapide l’inconnu entreprends de remonter les escaliers. Tu sors la tête de ta cachette improvisée comme une nolwëdil sortant le bout de son museau de sous la feuille qu’elle avait utilisé pour se préserver de l’orage. Avec la même prudence tu sors complétement de votre cachette et tu passes par la porte restée ouverte. Tu poses un pied dans le couloir et tu fermes les yeux puis tu les rouvres quelques secondes plus tard en te rendant compte que personne n’est sortis de derrière un des piliers pour te faire des remontrances. Alors tu avances dans la grande pièce qui s’étends devant vous avec tant d’autres portes menant tu ne sais où.

« Tu penses qu’il y a quelque chose pour faire disparaître tes tâches derrière une de ces portes ? » Il n’y a pas de traces de malice dans ta voix, tu te poses sincèrement la question, si on peut faire disparaître ses tâches de rousseurs alors peut-être qu’il y a de l’espoir pour tes longues oreilles.

Quand il se rend compte que la grande fille à l’air d’avoir peur d’explorer le bâtiment, la bouille du gamin se fend d’un large sourire que se serait probablement accompagné d’un rire si elle ne l’avait pas soudain tiré sous l’escalier de pierre.

Il se recroqueville quand il en comprend la raison et qu’il entend les pas de l’adulte. Et en même temps il est tout heureux le gamin. Il a l’impression d’être un grand. Dans sa tête tout un scénario se crée à une vitesse folle. ‘’Papa’’ lui a souvent raconté des histoires de grands qui se cachent là où ils peuvent pour ensuite surprendre leur adversaire, ou bien pour donner des messages à d’autre copains. ‘’Maman’’ désapprouve souvent quand ‘’Papa’’ les raconte. Elle dit que ce n’est pas pour un garçon de son âge, mais Aegden n’est plus un bébé alors en général il pépie qu’il veux entendre la suite et on la lui donne jusqu’à ce qu’il s’endorme.

Il a l’impression d’être le héros d’une de ces histoires et avec entrain il se remet sur ses petites jambes dès que l’adulte est passé.

-Il faudrait un savon très très fort. Un doigt vient se poser sur ses lèvres figées en une moue dubitative. Moi je dis plutôt qu’il y a plein de trucs merveilleux derrière ! Peut-être des fées…ou bien des noiraudes !

Il hausse le ton sans s’en rendre compte. Et puis une idée lui vient soudain en tête et il se retourne vers la méchante fille.

-Ou bien…il y a un truc absolument affreux, et terrifiant et gigantesque. Comme…A l’aide de ses bras encore pris dans les rondeurs de l’enfance il mime des cornes sur sa petite tête et rugit pour tenter d’effrayer la fille. Une immense Medrinil prêt à te manger toute crue ! Ses menottes font soudain semblant de se saisir de la grande fille dans l'espoir de lui faire lâcher un cris.

Posant une main sur ton menton pour conforter ta réflexion, tu te demandes comment créer un tel savon, peut-être qu’en allant voir l’un des maîtres alchimistes vous pourriez trouver une solution, une recette, une formule, pour créer ce que vous cherchiez. Ou bien vous pourriez chercher ce fameux savon derrière les portes qui se dressaient devant vous. Ou bien demander aux noiraudes et aux fées qui avaient peut-être élu domicile sous la bibliothèque. Bien que tu aies des doutes quant aux capacités des noiraudes à vous aider mais ça tu le gardes pour toi. De toute façon tu doutes également de leur existence alors forcément tu ne fondes pas tes espoirs sur leur hypothétique réponse. Lorsque Drunarwa se tourne vers toi tu t’attends à ce qu’il te dise qu’il a peut-être une idée d’où trouver tout ça mais alors que tu quittes le sol des yeux pour te concentrer sur lui tu croises les bras en tenant ton livre du bout des doigts.

Tu sursautes lorsqu’il prononce finalement le nom de la créature et tu recules d’un bond pour ne pas te faire embrocher par ses cornes mais ton cri reste bloqué dans ta gorge.

« Arrêtes de faire l’enfant! C’est pas drôle… » tu tournes la tête en direction des portes, tes yeux passant de l’une à l’autre, les détaillant, dans l’espoir de reconnaître sur l’une d’elle un symbole quelconque prévenant du danger qu’elles renferment. « Ils garderaient pas un monstre pareil de toute façon... » Tu ne sais pas qui tu essayes de convaincre en disant ça d’une petite voix, te rapprochant de Face-Tâchée par instinct plus qu’autre chose. « Non, ils ont pas de méchantes medrinils, ils ont un gentil malthen'delth qui va nous laisser grimper sur son dos et voler pour nous montrer l’Œuvre depuis le ciel. »
Et puis tu pousses le garçon du bout des doigts en direction du centre de la pièce, plus proche des portes pour qu’il aille en ouvrir une.

-T’es vraiment pas drôle. Pépie le gamin. Et puis t’es une enfant toi aussi, alors tu peux pas me commander. Ajoute-il comme s’il venait d’exprimer la révélation la plus intelligente du cycle.

Malgré tout il est fier de lui parce que même si elle n’a pas crié il a réussi à la mettre mal à l’aise. Il a réussi son coup. Tout content il se tourne vers la porte et tend sa main haut, bien haut, encore plus haut. Ah…ça c’est un problème. Il réessaie, retend son bras et sa main, hausse les talons mais non toujours pas.

-heu…

Il se tourne vers la grande fille, le bout des oreilles brulantes et la bouille bien embêtée de devoir demander l’aide de la grande fille.

-J’y arrive pas…Fit-il d’une voix trainante. C’est trop haut.

Du doigt il désigne la poignée qu’il n’arrive qu’à peine à frôler. Les adultes sont si grands. Il peine à imaginer qu’un jour il pourra les regarder sans lever la tête. Comment peut-on grandir à ce point ? ça lui parait absurde. Au moins il est certain que quand il sera adulte, ça sera à la grande fille pas sympa d'être la plus petite.

-Tu veux bien m'aider...?

A son grand soulagement elle l'aida à atteindre la poignée et l'obstacle céda à la volonté des deux bambin. Sans l'attendre il continua donc son exploration. Et il fut sacrément déçus le pauvre enfant. Devant eux rien d'extraordinaire... Pas de Wyvernes, pas de noireaudes ni même de trésors. Juste...divers objets à l’abri derrières dans des étagères vitrées ou dans quelques vitrines. Là une vielle épée trop haute pour un enfant, ici un parchemin probablement aussi précieux qu'il semblait dénué d’intérêt pour Aegden.

Et à quelques mètre un second escalier, cette fois-ci gardé par un soldat qui semblait s'ennuyer à mourir dans cette petite pièce. De là où il se trouvait il ne voyait pas les deux enfants, caché par l'angle d'une étagère. Et puis il fallait dire que le soldat ne devait pas avoir l'habitude de chercher des intrus aussi près du sol...

-C'est trop nul cet endroit...Y a rien d'intéressant, juste des vieux bouquins... Bouda le petit garçon à mis voix.

« Je suis pas là pour être drôle. » Réponds-tu en grommelant, plus pour toi qu’autre chose. « Et qu’est-ce que t’en sais que je suis une enfant ? Si ça se trouve je suis une adulte mais euh… plus petite. »

Ta voix est presque inaudible pour tes deux derniers mots pendant que Drunarwa s’en va enfin vers une porte. Tu le suis, laissant quelques pas entre vous pour être certaine de ne pas te faire dévorer par la wyverne qui se cache derrière. Comme ça tu auras le temps d’attraper l’enfant et de partir en direction des escaliers remontés par l’adulte. Tu te retournes d’ailleurs pour voir s’il revient, tu n’entends rien mais tu sais d’expérience que ça ne veut pas dire qu’il n’y a personne. La voix de Face-Tachée t’interpelle et tu te dis qu’il se plaint quand même beaucoup. Toutefois tu te diriges vers lui et tu l’aides à atteindre la poignée.

Tu laisses ton regard vagabonder dans la pièce nouvellement ouverte à la recherche d’une wyverne en embuscade mais à ton plus grand soulagement tu as l’impression qu’il n’y en a pas. A moins qu’elle soit très patiente. La remarque de l’enfant t’agaces un peu.

« Et tu t’attendais à quoi, exactement, dans une bibliothèque ? » En poussant un soupir tu te retournes pour tenter une nouvelle pièce qui, avec un peu de chance, aurait de quoi captiver l’attention de Face-Tachée. Mais à peine as-tu tournée les talons que tu t’arrêtes, ton cœur rate un battement. « Drunarwa... » demandes-tu avec une voix chevrotante. « Où est passé la porte? »

En effet cette dernière avait disparu laissant un mur de pierre unit.

L’enfant reste quelques instants à regarder la salle , cherchant un tour à jouer ou un butin à trouver comme souvenir, mais bien vite la voix de l’autre fille lui fait tourner la tête. Les paroles de la fille ne font pas de sens.

-Quoi ?

Il s’approche et constate que la porte à bel et bien disparue. Soudain c’est la panique dans son petit cœur. Ils vont rester coincés, les adultes vont les chercher partout et lorsqu’ils les auront trouvés, les deux enfants vivront la punition de leur vie.

-fait la revenir ! pialle-t-il alors.  Fait là revenir, c’est pas drôle la magie !

C’est forcément elle. Il n’y a que les enfants prétentieux pour jouer de tels tours avec cette stupide magie. Ça ne sert à rien d’autre, l’enfant s’en est persuadé. Il est en colère. Pourquoi elle fait ça ? Est-ce que les adulte l'ont envoyé pour le réprimander de ne pas aimer travailler ? Mais il n'est pas le seul , et ''maman'' ne lui à rien donné à faire, alors ce n'est pas juste.

Tu n’arrives pas à retirer tes yeux de l’endroit d’où se trouvait, il y a à peine quelques secondes, la porte que tu te souviens très clairement avoir aidé Face-Tachée à ouvrir. Tu te rappelles sans aucune difficulté voir sa petite main se refermer autour de la poignée avant que vous ne poussiez à deux. Et pourtant elle n’est plus là. Plus de bois, plus de métal, plus rien. Que des blocs de pierre grise ciselés. L’injonction de l’enfant te fait sursauter, te rappelant à la réalité et tu te fais petite.

« Je… j’ai rien fait. » Tu n’arrives plus à contrôler ta voix tremblante. « C’est pas moi ! » Tu regardes autour de toi dans l’espoir de t’être tout simplement trompé de mur mais malheureusement ce n’est pas le cas, rien d’autre n’a bougé, rien n’a changé. « J’ai pas fait de magie, les prêtres veulent pas qu’on en fasse, ils disent qu’on est encore trop jeune pour ça. »

De toute façon tu n’es pas certaine de savoir comment faire. Enfin si tu sais comment faire mais tu n’es pas certaine d’en être capable, tu n’as jamais essayé. On t’a dit que c’était dangereux et tu veux bien le croire, après tout ceux qui te l’ont dit savent bien de quoi ils parlent.

« C’est pas moi… j’ai rien fait. » Tu le répètes comme si ça pouvait te permettre de faire réapparaître la porte mais malheureusement ce bien étrange rituel ne semble pas fonctionner et en désespoir de cause tu te mets à courir. Pas sur le mur mais en arrière, vers l’escalier. Tu traverses rapidement la pièce et tu vas attraper son bras, les larmes aux yeux, les yeux fermés, lorsque tu es brutalement arrêtée par une vive douleur. Tu tombes en arrière et tu te mets à pleurer, les deux mains sur le front, sur ce qui sera très probablement une grosse bosse dans une heure ou deux. Toutefois ce qui te fait réellement pleurer c’est qu’à travers les larmes tu te rends compte que le soldat à côté de l’escalier à lui aussi disparu.

Aegden la regarde partir en courant vers l’adulte, éberlué lorsqu’elle se cogne au mur. Le soldat a disparu en un battement de cil.Elle se met à pleurer et automatiquement les larmes montent au yeux de l’enfant roux. Non, il est un grand garçon il ne doit pas pleurer, alors d’un geste il frotte son visage et se précipite vers la grande fille.

-hé, ça va ? Sans attendre de réponse, il examine son front. Elle va avoir une jolie bosse d’ici un petit moment mais ça n’est pas la priorité. Il faut d’abord qu’ils règlent le problème de la salle qui change toute seule. T'as rien, ne pleure pas. Il essaie d’imiter les gestes réconfortants de ''maman'' avec la gaucherie caractéristique de l'enfant qu'il est.

L’enfant regarde autour d’eux et il a l’impression de ne rien reconnaitre à l’endroit.

-Vient on descend. C’est la seule sortie et il faut qu’on s’éloigne de cette salle avant que ça disparaisse aussi. Il lui tire le bras pour qu’elle se relève et le suive dans les escaliers. ça me fait peur. Confie-il les joues brulantes. Il espère qu’elle ne se moquera pas de lui une fois ses esprits retrouvés. Ce n’est plus drôle du tout.