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 Les flammes de l’œil

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Nehril
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MessageSujet: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeVen 30 Nov 2018 - 11:33

Un jour, cinquième énnéade de Karfias

Le feu et les hurlements déchirent la nuit, tel le fracas de l'orage perçant un ciel ombrageux. Des hommes s'activent, vocifèrent pour se faire entendre alors que le ronflement du feu se fait plus assourdissant. Les seaux tintent, se remplissent d'eau, rependent des gerbes sur les pavés miroitant sous la chaleur du brasier. Une fumée opaque s'échappe d'une demeure, les hommes toussent, crachent, se couvrent le visage de leur main dans une vaine tentative de protéger leurs yeux des projections incandescentes.
Il leur faut plusieurs heures afin de calmer les flammes opiniâtres qui s’acharnent sur les cendres du logis. Les poutres branlantes craquent alors les hommes tentent de comprendre l'origine de la combustion, et leur méfiance s’accroît lorsque quelques-uns d'entre eux sont blessés mystérieusement par les flammèches qui se matérialisent subitement à leur approche des ruines.


Une lueur pourpre éclaira finalement le ciel alors que l'aube approchait, et une foule s'était rassemblée autour de la demeure incendiée. La plupart n'étaient que de simples curieux que les clameurs de la nuit avaient sortis de leur torpeur, mais d'autres scrutaient attentivement les environs, se demandant comment profiter de la situation. Pillards, marchands, soldats, tous étaient réuni mais personne n'osait faire le moindre geste en direction des ruines, d’où s'élevaient quelquefois des flammèches verdâtres qui dégageaient une forte odeur de souffre.

- Écartez-vous ! lança un homme solidement bâti, flanqué d'une douzaine de soldats. Par la grâce, reculez !

Il posa la main sur la garde de son épée avec un geste qui trahissait son impatience. La foule reflua et commença à se disperser sous les injonctions de ses hommes. Le chef de ceux-ci caressa la cicatrice qui lui barrer l’œil droit et se frotta vigoureusement son crâne chauve rutilant de sueur. Il fit un geste en direction d'un de ses acolytes, un homme emmitouflé dans une large cape brune dont le visage anguleux et austère était souligné par une fine moustache.
Ce dernier s'approcha de la demeure incendiée et fit un bref signe de la main. Les flammes s'éteignirent subitement dans un souffle, et quelques hommes se précipitèrent à l'assaut des ruines. Ils en ressortirent plus tard avec un large sac, d’où pendaient quelques membres roussis par les flammes. Ils l'emportèrent avec hâte et le menèrent à une guérisseuse qui attendait patiemment dans un coin. Lorsqu'elle écarta les plis du tissu qui recouvraient le corps d'une jeune fillette, elle grimaça puis se mit immédiatement au travail.

- On se bouge les gars, reprit l'homme au crâne brillant, trouvez-moi ce qui s'est passé ici.

Il se tourna en direction de la guérisseuse.

- Erina, l'interpella-t-il d'une voix forte qui ne parvint malheureusement pas à l'atteindre tant sa concentration était intense. Eh grosse truie ! Le gosse va s'en tirer ? Je voudrais pas te...

- Ferme-la Brand, le coupa la femme avec un regard incisif qui le fit frissonner. C'est pas un gosse mais une gamine, et elle a morflé. Je vais faire ce que je peux alors arrête de crier comme un dingue.

L'homme hocha la tête, il ne souhaitait pas se prendre une leçon de conduite devant ses hommes, et Erina avait la langue plus acérée qu'une dague d'assassin. Il se détourna de la jeune femme et jeta un œil sur ses compagnons qui farfouillaient les ruines avec des airs visiblement ennuyés.

- Oh du nerf les gars ! s'exclama Brand en faisant quelques pas. On essaye de retrouver tout ce qui est susceptible de...eh t'es qui toi ?

Un homme les observait dans l'ombre d'un bâtiment. Ses yeux d'argent brillaient d'une étrange lueur alors qu'il dévisageait Brand. Sa barbe brune, broussailleuse, recouvrait ses joues pâles et ses cheveux clairsemés étaient partiellement dissimulés sous son épaisse capuche. Brand fit quelques pas dans sa direction, remarqua la large épée suspendue dans son dos et le rictus qui agitait ses lèvres. Tout dans son attitude en faisait un homme peu recommandable. Cependant, Brand, fort de la compagnie de ses hommes n'en fit pas grand cas. Avant qu'il n'arrive près de lui, l'homme encapuchonné prit la parole.

- Que s'est-il passé, lâcha-t-il d'une voix glaciale teintée de colère, êtes-vous responsable de ce méfait ?

Brand s'immobilisa un moment, frappé par la froideur de son ton. Toutefois, il reprit contenance rapidement. Il lui décocha un sourire arrogant.

- Écoute mon gars, commença-t-il en articulant soigneusement chacun de ses mots, on a été dépêché par les soldats du type qu'est responsable de la zone. On a tous les droits ici, alors soit tu nous dis ce que tu fous là, soit on te colle au trou pendant un moment. Ça te paraît clair ?

L'homme ne répondit pas et se contenta de l'observer. Ses yeux glissèrent en direction de la guérisseuse puis sur la jeune fille qu'elle soignait. Il contourna Brand avec dédain, et se dirigea vers elle avant que trois hommes ne viennent lui barrer la route.

- Par le dixième Voile ! s'exclama Brand alors qu'il le rattrapait. Foutez-moi ce gars au tro..

Un cri retentit soudainement alors que la jeune fille reprenait conscience. Brand et ses hommes pivotèrent dans sa direction.

- Bigre, le gamin a survécu ! fit-il en ignorant le regard foudroyant d'Erina. Il se tourna en direction de l'homme encapuchonné mais constata qu'il avait disparu. Incrédule, Brand battit des bras nerveusement. Bordel retrouvez-moi ce gus !

-------------------

Nehril était adossé contre un bâtiment non loin de Brand, dissimulé dans la pénombre. Bientôt, les rayons du soleil viendraient éclairer sa position et les rues grouilleraient de vie. Il devait connaître ce qui s'était passé avant que les indices de la nuit ne s'évaporent.
Trois pistes s'offraient à lui : d'un côté interroger la fillette sur ce qu'elle avait vu, de l'autre examiner les lieux, ou bien trouver un agent de la pègre local afin de lui soutirer des informations.
Cependant ces trois cheminements supposaient une certaine liberté d'action, ce qui lui était privé par la présence de l'homme chauve et de ses soldats qui encerclaient le périmètre à l'image d'un noble veillant précieusement sur la chasteté de sa fille.




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Dernière édition par Nehril le Dim 2 Déc 2018 - 2:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeSam 1 Déc 2018 - 0:20

"J'm'habituerai jamais à c'que vos baraques crament si bien. D'la pierre, y a qu'ça d'vrai." commenta dans un olyian des plus rocailleux une voix antique, dans le dos du mercenaire.

Allez savoir pourquoi - peut-être ses origines nanesques ou les jeux de lumière d'une aube s'annonçant -, la vieille dawi avait vu ce grand dadais en armure de cuir se mettre à couvert - de quoi ? De qui ? - devant elle, alors que ses pas, accompagnés du *tac* régulier de son bâton gravé* devaient la menée à la demeure d'une naine de sa connaissance. Tomber sur un sinistre n'avait pas été particulièrement à l'ordre du jour, comme le fait d'être ignorée par de sombre personnage à l'esprit visible concerné par les évènements, mais Grimeldha savait s'adapter. C'était là le sel d'une existence loin d'être régulière comme le fracas d'un marteau dans une forge.

Pour en revenir à ce soudain obstacle sur son chemin, la naine eut pu continuer sans y prêter davantage d'attention. Cependant, ses petits yeux s'accrochèrent à la lame accrochée au dos de l'inconnu, et une langue point usée par les siècles enchaîna sans guère attendre.

"Hmmm sacré morceaux d'métal qu'vous avez là. Pas vraiment utile contre l'feu j'présume... Mais j'm'égare. S'cusez-moi mais m'faut passer."

Et sans laisser davantage de temps pour réagir à son interlocuteur, la naine aux longs cheveux gris nattés et aux vêtements pratiques et garnies de poche, s'avança au devant de la bâtisse aux flammes mourantes. D'une part, quelque chose dans ce qu'elle avait pu percevoir des traits de l'individu lui avait soufflé un fort désagréable "elgi" à l'oreille, d'autre part elle avait bien envie de voir le bout de son affaire. Aussi agréable soit sa commanditaire, les insupportables allez-retours induits par ses changements d'avis avaient quelque peu agacé l'artisane, qui comptait bien mener à terme d'autres commandes que des pieds de chaise. Et son père qui m'disait d'me méfier d'son 'imagination', pah !

Aussi agacée fut-elle, Grimeldha ne put demeurer insensible au picotement odorant de soufre qui emplit ses narines, ni à la masse qui entrava - de nouveau - sa progression. Ce n'était pas faute d'être à mi-chemin, par la grâce de sa modeste stature et l'intensité de l'aura qu'elle dégageait, celle d'une personne sachant être dans son bon droit d'être là. D'où que les gardes durent y regarder à deux fois avant de se ruer sur l'intruse, un énième grand guss en tête.

"Vous ! Vous ne pouvez pas circulez par ici, c'est dangereux.
- Eh tiens donc ! M'faut bien passer ici pour allez où j'veux, garçon !
- On a pour charge de découvrir ce qu'il s'est passé, grand-mère, et j'ai pas que ça à faire de gérer tous les pécores qui déboulent et -
- Eh donc, surveille tes mots l'umgi, ou c'est moi qu'vais t'gérer comme ta mère aurait du l'faire dès ta v'nue au monde ! J'vais où j'veux et pas en f'sant des détours inutiles !
- Par les Dieux, si vous ne m'donnez pas une bonne raison de vous épargner la geôle je vais -"

Un énième cri de panique retentit retentit brusquement, interrompant un bref instant les gardes dans leur tentative confuse de se saisir de la naine outragée. C'est que cela leur demandait de se baisser, ce qui n'était guère pratique, pour se trouver face à un regard furibond promettant mille tourments transmis de génération en génération. Des tréfonds du cerveau de certains, une certitude absurde les retenait, disant qu'une manipulation brusque pourrait casser cette antiquité vivante.

"Respire fillette, respire, tout va bien, tout...
- Par les Ancêtres ! Une môme qu'a survécu à c'brasier ?! Si elle est pô ignifuge ! s'étrangla Grimeldha tout en se glissant entre les Longues Jambes pour mieux rejoindre la guérisseuse et sa patiente.
- Que mon pa' m'donne la force de - REVENEZ ICI TOUT DE SUITE !"

Et les gardes de suivre fébrilement l'intruse alors qu'elle se penchait à son tour sur l'enfant.

"Là, ma grande, t'es toujour d'ce monde. Qu'est-ce t'est donc arrivé ? Qui t'a fait du mal ?" fit la naine d'une voix d'encouragement.
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Nehril
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeDim 2 Déc 2018 - 2:18

Le regard de la fillette semble perdu dans l'horizon. Ses yeux ambrés sont vitreux mais une étincelle de lucidité y demeure, profondément ancré derrière l'horreur et l'abnégation de ce qu'elle vient de vivre. Sa bouche s'ouvre, puis se referme. Son nez se retrousse comme pour chercher l'air qui lui manquait lorsqu'elle était piégée dans la fournaise. Des larmes s'écoulent le long de ses joues, creusant des sillons sur sa peau brûlée et parcheminée. Elle peine à comprendre ce qui se passe, observe la naine avec incompréhension, avec crainte mais également avec un soupçon d'espoir. L'espoir d'être protégé, d'obtenir des réponses face au sentiment d'épouvante qui entrave sa gorge, l'empêchant de proférer le moindre mot.

- Au nom du ciel, s'exclama Brand qui rejoignait la naine, je vous ai dit de ficher le camp. Je me fiche de savoir qui vous êtes, je...

- Silence,
lâcha une voix glacée derrière lui.

Le mercenaire avait suivi la naine et posait un regard étrange sur la jeune fille, soudainement envahi par de vagues souvenirs. Brand ouvrit la bouche plusieurs fois, pointant son doigt à la fois sur la naine puis sur Nehril avant de frotter vigoureusement sa cicatrice. Il posa la main sur sa lame mais n'osa plus faire de geste lorsqu'il remarqua le regard implacable du semi-elfe.

- Je...je...La fillette secouait désormais la tête, ses yeux exorbités semblaient revivre une scène qu'elle aurait souhaité oublier à jamais. Ils sont arrivés, murmura-t-elle en s'humectant les lèvres, agrippant férocement les épaules de la naine. Grands, enveloppés dans des capes... Leurs rires...stridents. Ils riaient...comme des fous. Papa...papa a brûlé...il a même pas pu faire un geste...Maman...elle m'a caché...puis elle a...elle a... Ses yeux roulèrent dans ses orbites et elle leva les mains comme pour se protéger d'un ennemi invisible. L'Œil... ! Brillant sur leurs tuniques...Leur rire...Papa ! Maman !

La jeune fille s'effondra dans un cri, perdant une nouvelle fois connaissance. Brand fit un geste vers Erina qui commença à psalmodier des mots incompréhensibles. Elle rouvrit les yeux quelques instants après et darda un regard implorant sur la naine.

- Vous vous y connaissez en guérison ? s'enquit-elle avec un frisson de désespoir. Son mal me dépasse. Il semble la consumer de l'intérieur...

Brand se tourna vers Nehril, manifestement dépassé par les événements. Les deux troubles fêtes semblaient obstinés et leurs regards mauvais laissaient le soldat légèrement incertain quant à l'issue du combat si jamais il émettait le désir de les conduire au trou.

- La maison, lâcha subitement le mercenaire en faisant un signe de tête en direction des ruines.

Brand se racla la gorge et frotta nerveusement une nouvelle fois sa cicatrice.

- On peut pas s'en approcher, révéla-t-il finalement en songeant que cela les encouragerait surement à lui faussait compagnie. Des flammes vertes s'élèvent depuis qu'on a sorti la gamine des ruines et elles brûlent mes hommes à chaque fois qu'on fait mine de s'en approcher. Velkar notre mage essaye de les calmer mais ce foutu trouduc est aussi compétent en magie que moi en danse de salon.

Nehril jeta un regard vers la naine, attendant de connaître si elle pouvait prendre soin de la jeune fille. Son regard glissait avec impatience sur les ruines fumantes, dissimulant à peine son envie d'examiner les lieux. Une leur sauvage, dangereuse, dansait dans son regard.  

PNJ et Jeune fille:


Dernière édition par Nehril le Mer 13 Mar 2019 - 18:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeLun 3 Déc 2018 - 0:47

La dawi roula des yeux à la demande de la guérisseuse. Selon toute apparence, elle n'était qu'une naine ! Comment cette umgi pourrait-elle supposer qu'elle ait la moindre connaissance en... ? Grimeldha ronchonna un bon coup, ayant juste souhaité faire son petit bonhomme de chemin et non pas mettre au jour ses compétences. Mais la gamine n'avait pas franchement l'air en bon état. Ainsi la naine se mit-elle à genoux - Ah ! Mes genoux ! - et sortit délicatement une petite pierre de l'une de ses poches sous le regard perplexe des Longues-Jambes présentes.

"Tch tch ma fille, laisse-moi donc r'garder ça." fit-elle lorsque la guérisseuse fit mine d'ouvrir la bouche.

Au contact du corps affligé, les runes naniques gravées dans la pierre s'éveillèrent, étendant les perceptions de Grimeldha en dehors de son corps, à la recherche de ce qui pouvait nuire à la petite, autre que ses blessures apparentes... Tout en réfléchissant, elle avisa l'elgi au regard visiblement attiré par la bâtisse.

"Hmmm j'vous dirais d'pas vous ret'nir si l'coeur vous dit d'y'aller. J'sais pas c'qu'est cet Œil mais m'a pas l'air d'bonne compagnie. J'peux pas faire grand chose pour les flammes mais... Si vous v'brûlez, j'pourrais. fit Grimeldha non sans circonspection face aux Longues Oreilles aux intentions peu claires. Elle ajouta néanmoins. Tâchez d'éviter quand m- Par les Ancêtres !"

Soudainement, la naine perdit toute ironie et se concentra sur ce qu'elle avait cru percevoir, espérant s'être trompée. Bast, pourquoi donc ses organes dépériraient comme ça... ? L'est vigoureuse, des brûlures mais...

"Grand-mère, qu'est-ce que... ? fit mine de questionner un garde.
- Pch pch !" fut la seule réponse qu'il obtint, la naine agitant une main avec agacement dans sa direction sans même le regarder, ses sourcils glabres franchement froncés.

Quel était donc le mal à l'origine d'une telle dégradation ? Une maladie ? Non, c'était trop rapide. Un poison ? Davantage dans l'idée, mais d'où se répandrait-il ? La dawi se projeta encore, ressentant les plaies sans y trouver traces d'un élément particulièrement incongru, pareillement pour l'estomac, alors... L'poumons ? Qu'est-ce donc ma fille qu't'aurais respiré ? ... Bast ! Suis-je bête. Grognant à la sensation des dommages engendrés, la naine marmonna.

"Qu'que chose qu'elle a respiré la tue. J'présume les flammes, j'sais pas quoi d'autre. Faites-y gaffe. J'vais voir c'que j'peux faire. annonça-t-elle gravement, tout en cherchant une nouvelle pierre... Avant de s'interrompre, levant les yeux vers sa "collègue". Rends-toi donc utile ma fille et soutient l'corps d'cette môme. J'vais essayer d'enrayer l'poison."

Quoiqu'un peu surpris de recevoir les ordres d'une dawi, la guérisseuse réagit néanmoins sans poser de questions, trouvant une certaine assurance dans celle de la naine et le fait de suivre des indications. D'quoi r'taper les organes... Viendra après, la fille se charge d'stimuler l'corps. Alors quoi, attaquer c'qu'est dans l'sang... Réfléchissait Grimeldha tout en fouillant dans ses runes de premiers secours. Vivre sur les routes réservaient certaines surprise, il lui fallait bien avoir de quoi y répondre sous la main. Bon, la morsure empoisonnée de quelques créatures était la situation la plus semblable comparée à ce supposé empoisonnement par inhalation de fumée toxiques produites par des flammes vertes.

Ayant mis la main sur ce qu'elle cherchait, la runiste l'appliqua sur la peau de la jeune fille, tout en surveillant et orientant les efforts de la magicienne, devenant ainsi parfaitement indifférente à ce que pouvaient bien faire les gardes comme le sombre inconnu. Tiens bon fillette...


Dernière édition par Grimeldha Long-Nez le Lun 3 Déc 2018 - 12:42, édité 1 fois
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Nehril
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeLun 3 Déc 2018 - 2:16

La naine se penche, s'active autour du corps meurtri de la jeune fillette. Ses gestes sont sûrs, dénués du moindre doute, démontrant une certaine expérience. La guérisseuse obéit aux directives de son aîné tel un disciple docile, ses mouvements sont hésitants et des rides perplexes vinrent couvrir son front blafard.

Nehril se détourna de la naine, sachant pertinemment qu'il ne lui serait d'aucun secours dans sa tâche. La jeune fille était inconsciente et elle le resterait probablement un moment. Il fit claquer sa cape et contourna Brand qui l'observait avec une certaine réserve, comme un marin redoutant une tempête à l'horizon. Le semi-elfe parcourut rapidement l'espace qui le séparait de la maison et ses prunelles argentées brillèrent intensément sous les gerbes de flammes verdâtres qui s'animaient à son approche. Un homme, pourvu d'une mince moustache, le rejoignit d'un pas pressant.

- Éloignez-vous pauvre fou ! s’exclama-t-il avec un affolement caractéristique de ceux qui se savent dépassés par les événements. Les flammes vont vous rôtir le...eh ! Revenez !

Nehril s'approcha du feu d'une démarche assurée et enjamba les débris fumant sans ralentir. Un morceau de sa cape s'enflamma, mais il n'y prêta pas attention. Ses yeux argentés fouillaient inlassablement les environs, à la recherche d'une piste, d'un élément. Cependant pour s'assurer de ne rien manquer, le mercenaire devrait s'enfoncer plus profondément dans la demeure en ruine.

Malheureusement, les flammes commençaient à se manifester, elles ronflaient, s'amplifiaient et brusquement elles s'élevèrent. Nehril battit en retraite en jurant tout en repoussant sans ménagement le mage qui venait à sa rencontre. Il fit quelques pas incertain puis pivota en direction de la bâtisse, l'observant à bonne distance. Sa main fermée s'ouvrit doucement, dévoilant une fine poudre violacée qui émettait une fumée nauséabonde. Le mercenaire l'enveloppa dans un morceau de tissu et le rangea dans un pli de sa cape. Il fit ensuite plusieurs fois le tour du bâtiment, s'accroupissant parfois à certains endroits, tout en grommelant des paroles incompréhensibles.

La demeure renfermait un secret. Le mercenaire en était à présent persuadé. L'identité des assaillants lui serait révélée s'il parvenait à franchir la barrière de feu. Ces pensées toujours en tête, il rejoignit la naine.

- Z'avez faillit y laisser votre peau, remarqua Brand avec un sourire narquois, comme si le fait de voir Nehril consumé dans les flammes aurait solutionné toute cette affaire.

Le semi-elfe restait silencieux. Son visage était imperceptible. Il écumait de rage intérieurement, conscient que les flammes détruisaient progressivement les indices qui demeuraient sur les lieux de l'incendie.

Velkar le mage se précipita vers eux en battant des bras.

- Les flammes ne s'élèvent plus à notre approche ! révéla-t-il avec des yeux exorbités. Je crois que le feu perd en intensité et qu'i...

- Non, lâcha soudainement Nehril d'une voix rauque. Les deux hommes se tournèrent vers lui d'un même mouvement. Si l'intensité des flammes semblent varier, c'est seulement dû à la répartition inégale d'un combustible que j'ai relevé plus tôt.

Quelqu'un ne souhaitait visiblement pas que des inconnus ne viennent fouiner dans la demeure avant que les flammes ne se chargent d'effacer toute les preuves. Cette poudre étrange contribuait à renforcer la vigueur du feu, Nehril en était intimement persuadé.

Un sourire illumina le visage de Brand qui commença à s'époumoner en direction de ses hommes.

- Eh les gars ! En repérant les gisements de poudres vous pourriez vous approcher de...

- Si vous tenez à la vie de vos hommes j'éviterais,  le prévint doucement le mercenaire. Les flammes ne sont pas éteintes, et elles le resteront tant que l'on ne trouvera pas un élément parvenant à les contrer.

- De l'eau ? supposa Velkar avec une mine déconfite.

Nehril poussa un soupir. Ni la magie, ni les éléments ne pouvaient quelque chose face à ces flammes. Seul le contre-réactif pouvait les faire disparaître, et le semi-elfe ne disposait d'aucune formation en alchimie. Par conséquent, la poudre qui dormait dans un pli de sa cape ne lui était  d'aucune utilité.

Il se frotta pensivement la barbe, ses yeux balayant le visage de ses compagnons avant de s'attarder sur la naine qui s'occupait de la jeune fille. Son front était plissé sous l'effort, sa concentration semblait focaliser sur l'étrange mal qui s'enracinait profondément chez la fillette. Les traits de l'enfant lui disaient vaguement quelque chose. Il comprit après un instant qu'elle ressemblait simplement trait pour trait à sa grand-mère qu'il avait rencontrée naguère.

Il secoua la tête afin de chasser ces souvenirs. Il ne disposait dès lors que de deux pistes : d'une part se mettre en relation avec la pègre. Il connaissait fort heureusement un contact dans une taverne non loin ce qui lui permettrait de se faire une idée de la situation. D'autre part, il pouvait porter cette poudre à une alchimiste qui se chargerait de l'identifier.

Nehril ne perdit pas de temps : il planta là ses compagnons et se hâta en direction de la taverne du « Serpent doré », un établissement crasseux qui arborait une enseigne fracassée par des rixes quotidiennes. Des ivrognes gisaient à mêmes le sol, certains avaient la tête dans un seau, d'autres dans leurs propres déjections, et des gargouillements s'élevaient régulièrement lorsque le mercenaire leur marchait sur un membre.

- Tu me cherches Yeux-d'argent ? lança soudainement une voix nasillarde non loin.

Un homme emmitouflé dans un lourd manteau de cuir l'observait, un sempiternelle sourire aux lèvres. Son visage était rougi par l'alcool, mais ses yeux demeuraient froids et sa main dangereusement proche de sa dague. Nehril lui jeta le sachet de poudre dans les mains. Le truand l'ouvrit sans se départir de son sourire confiant. Ses sourcils se froncèrent l'espace d'un instant avant qu'il ne recouvre son expression impénétrable.

- Il me faut quelque chose pour éteindre des flammes verdâtres qui exhalent une forte odeur de souffre, fit rapidement Nehril en faisant un geste en direction des ronds de fumée qui s'élevaient non loin.

L'agent de la pègre lui jeta un autre sachet, tout en conservant celui de Nehril. Il se détourna de lui d'un pas chancelant sans rien ajouter.

- Un instant !
l'interpella le semi-elfe en posant une main sur le pommeau d'Aeris. Qu'est-ce que tu sais sur l'incendie des Soryngar ?

Son interlocuteur s'immobilisa et découvrit ses dents jaunâtres.

- L'Œil voit tout Yeux-d'argent. Tout. Vraiment tout.

A ces mots, il s'éclipsa dans l'ombre sans un regard en arrière. Le mercenaire observa la bourse que lui avait transmise l'homme et se hâta en direction de la demeure incendiée. Il fourra son précieux paquet dans les mains de Velkar et l'enjoignit à le verser précautionneusement sur les flammes. Il s'approcha ensuite de la naine et lui lança :

- Comment va-t-elle ?
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeLun 3 Déc 2018 - 14:21

"Ah bah v'êtes encore d'ce monde vous ! dit d'une voix quelque peu fatiguée la dawi. M'd'mandais si vous vous en étiez sorti."

L'humaine et la naine étaient agenouillées auprès de l'enfant, la seconde gardant une de ses pierres posée sur cette dernière. La respiration de la petite était semble-t-il stale, alors qu'elle semblait profondément endormie. Autour d'eux, l'espace s'était dégagé, les gardes s'en retournant surveiller la bâtisse et les environs faute d'être d'une quelconque utilité en matière de soin. Leur supérieur n'était cependant pas loin et venait de remarquer le retour de l'étrange individu.

"Vraie salop'rie la fumée d'ces flammes. Cru qu'on allais la perdre deux fois la môme. Ou trois ? fit-elle en regardant la guérisseuse, qui acquiesça avec un sourire las. C'vous attaque les organes vitaux tout en vous empêchant d'bien respirer. Pas gagner d'la maint'nir en vie tout en détruisant l'poison qui la rongeait. Plutôt bien b'v'nue d'avoir été deux sur l'coup, 'vec Erina. ajouta-t-elle avec un air complice.
- Votre aide fut on ne peut plus appréciée, Grimeldha. approuva la guérisseuse avant d'ajouter, non sans curiosité. Je dois avouer... Que c'est la première fois que je vois de la magie nanique à l’œuvre. Vous êtes runiste, n'est-ce pas ?
- Bien vue fillette, mais t'fatigue pas à m'poser des questions j'te dirais rien sur l'sujet. répondit avec une bonne humeur apparente Grimeldha, sans que cela ne dissimule le caractère définitif de la sentence.

L'humaine se renfrogna quelque peu mais s'abstint de poursuivre dans cette direction. La naine en profita pour se tourner vers "l'elgi".

"La p'tite d'vrait s'en sortir, mais pourra pas r'conter grand chose d'aut' pour l'moment. Dois s'reposer, c'pas d'tout repos d'manquer r'joindre ses Ancêtres comme ça. Après un instant, elle ajouta. Et vous donc, pas d'blessures à signaler ? Z'avez découvert qu'que chose ? Sur une intuition - ce "venu de nul part" semblait quand même très concerné, à moins d'être juste un "justicier" en mal de torts à redresser ? - Grimeldha dit encore. C't'Œil dont elle causait, c'vous parle ?"
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeLun 3 Déc 2018 - 15:33

Les mains de la naine s'agitent, une étincelle danse au fond de ses yeux verts. Ses lèvres s'entrouvrent, ses tresses voltigent. Sa présence rassure, calme, apaise les soldats vindicatifs. Ils perdent leur visage hostile, un mince sourire éclaire leur mine lorsque leur regard se pose sur elle. La fillette s'agite mais ses yeux restent clos. Son état se stabilise, mais le mystère l'ayant amené à se retrouver au cœur d'une fournaise reste entier.

Nehril assista à l'échange entre la guérisseuse et la naine. Ses connaissances en magie nanique lui avaient permis de stabiliser l'était de la jeune fille. Il en resta songeur, et en vint à la conclusion que les talents de la naine pourrait lui être profitable dans son exploration des ruines. Le mercenaire découvrit ses dents dans une parodie de sourire lorsque celle-ci l'interrogea sur ses découvertes.

- Je n'ai aucune blessure, fit-il d'une voix claire mais dure. Du moins aucune qui puisse être raisonnablement qualifiée comme telle.

Le mercenaire fit quelques pas en avant et observa le visage de la jeune fille. Ses cheveux roux avaient naguère dû être flamboyants, et ses traits semblaient empreints d'une certaine noblesse. Nehril fronça les sourcils, son visage se superposant à un autre, plus âgé.

- Je ne connais pas cet...Œil, finit-il par dire avec un bref mouvement perplexe des épaules. La fillette a peut-être cru voir quelque chose dans les flammes, mais ces divagations ne nous apportent rien de concret.

Nehril renifla et se prépara à poursuivre quand Brand s'approcha d'eux en silence.

- On est en train de se renseigner pour savoir à qui appartenait cette foutue baraque avant que ce taré ne la flambe, lança-t-il en désignant les ruines d'un geste de main dédaigneux.

- C'est celle des Soryngar, une riche famille de marchands,
révéla le semi-elfe d'une voix étouffée. Une longue lignée de commerçants thaari dont les descendants héritent du comptoir Soryngar à la mort du chef de famille. Le comptoir est un important centre commercialisant des épices et autres produits venant de la péninsule.

Brand ouvrit de grands yeux.

- Comment vous savez cela ?

Nehril ignora la question et observa les flammes qui disparaissaient progressivement sous les instructions de Velkar. Il rajusta sa cape et son visage prit un air déterminé.

- Rassemblez vos hommes Brand, ordonna-t-il comme s'il était son chef hiérarchique, qu'ils restent à l'écart des décombres pendant que je fouille les ruines.

Ses yeux argentés se posèrent ensuite sur la naine qui le fixait en haussant les sourcils.

- Vous semblez maîtriser la magie nanique, lança-t-il d'une voix plus avenante, j'aurais bien besoin de votre assistance. La maison renferme le secret qui me permettra de comprendre ce qui est arrivé aux Soryngar. J'ai remarqué des traces autour du bâtiment, les hommes qui sont les instigateurs de ce chaos était trois. Seul deux d'entre eux en sont reparti. Dans ce cas, qu'est-il advenu du troisième ?

Le semi-elfe s'ébroua, son capuchon recouvrant désormais ses yeux.

- M'accorderez-vous votre aide ? Deux avis valent mieux qu'un, et je n'ai aucune confiance envers Brand et ses hommes.


Brand se recroquevilla comme s'il venait de recevoir un coup et ses yeux étincelèrent de rage. Une grimace sardonique déformait ses lèvres alors qu'il luttait pour ne pas passer le mercenaire présomptueux par le fil de sa lame.

PNJ et Jeune fille:


Dernière édition par Nehril le Mer 13 Mar 2019 - 18:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeLun 3 Déc 2018 - 19:30

Un sourcil se haussa. Pas l'langue dans sa poche l'garçon. Li'ndvidu ne laissait pas indifférent, à tout le moins. Si investi et détaché à la fois... Les petits yeux de la naine n'avait pas quitté son visage alors qu'il observait celui de l'enfant. Pas laissé indifférent par c'qu'il y a vu.

"Si c'peut qu'on trouve l'un des salauds qu'lui ont fait ça, faudra pas m'le demander deux fois. répondit-elle sombrement en se relevant, prenant appuis sur son bâton gravé. Pis s'il est bien resté d'dans, j'me d'mande bien comment il a cui. Jetant un regard au dénommé Brand, dont l'ego semblait en avoir pris un coup, elle lui adressa une demande avec toute l'amabilité d'une petite vieille. Mais peut-être que Brand et ses bons gars pourraient cerner la d'meure pendant qu'on est d'dans ? Au cas où salopiaud tenterait d's'enfuir, s'il l'peut encore. C'est qu'j'rai pas la mieux placée pour lui courir après..."

Son air aimable et sa demande semblèrent faire mouche, alors que le faciès contrarié se déridait, ne serait-ce qu'un peu. Pas b'soin d'se mettre la garnison à dos, garçon ! pensa mentalement la dawi à l'attention de l'elgi. On a bien d'aut' chats à fouetter. A tout le moins, cela la distrayait de sa commande de pieds de chaises.
Le colosse acquiesça.

"On le laissera pas s'enfuir, c'est sûr. Il s'éloigna alors, s'adressant aux autres gardes présents. Les gars ! Ces deux-la vont rentrer dans la bâtisse ! Vous m'en sécurisé toutes les sorties, que personne ne puisse s'en échapper ! ...

"Merci bien, sieur Brand ! fit la dawi à l'attention du dos qui s'éloignait. Puis elle se tourna vers la guérisseuse. Vous vous occupez d'la p'tiote Erica ? L'plus dur est passé j'pense, mais c'f'ra pas d'mal d'garder un oeil sur elle. R'posez vous aussi."

Alors que l'umgi acquiesçait, Grimeldha la salua d'un clin d'oeil puis se retourna, poussant sans ménagement l'étrange elgi en direction de la bâtisse. Son pas fut haté le temps de gagner un peu d'intimité, puis elle adoptea un rythme plus raisonnable pour ses deux siècles passés.

"V'savez parler aux gars, hé ? souffla-t-elle avec amusement.M'enfin, c'm'a pas l'air d'être l'genre à t'poignarder dans l'dos pour un mot d'travers, mais bon, s'rait dommage d's'en faire des ennemis pour trois fois rien. Elle reprit, presque sérieuse. Moi c'Grimeldha Long-Nez. Et toi donc ? Dépèche, ou j'vais finir par t'appeler Face de Grognar." Cela dit avec un sourire des plus avenants.

Mais tandis qu'il se rapprochait de la demeure encore fumante, le visage de la naine se referma, l'odorat agressé par l'odeur et l'esprit n'appréciant pas de se remémorer d'autres destructions, d'autres feux en un autre lieu. Soufflant un bon coup, elle se tourna vers son "partenaire" de circonstances.

"Comment qu'tu l'sens. Toi d'abord et j'garde tes arrières ou l'inverse ? J'ai p'tète pas la meilleur vision... Mais mon bâton d'vrait m'donner la portée d'couper la course d'un salopiaud." Toute bonne humeur semblait s'être évanouie de la voix de la naine.
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeLun 3 Déc 2018 - 22:24

Les flammes s'affaiblissent. Elles rampent au sol dans l'espoir vain d'une fuite, condamnée par un homme jetant des gerbes de poudre écarlate. Le vert cède au vermeille et une fumée opaque, oppressante s'élève des décombres. Dans un ultime soubresaut, les flammes glapissent, s'agitent de manière erratique, feulent leur cri de désespoir avant de s'évanouir brusquement.

Nehril hocha la tête, quelque peu surpris d'avoir convaincu aussi aisément la naine à l'accompagner parmi les cendres encore rougeoyantes d'une demeure fumante. Il la suivit alors qu'elle s'approchait des décombres et un sourire furtif agita le coin de ses lèvres lorsqu'elle menaça de l'appeler Face de Grognar.

- Nehril, lâcha-t-il simplement en révélant ses dents blanches. C'est ainsi que l'on me nomme. J'aimerais éviter autant que possible le Face de Grognar.

Son sourire s'évanouit lorsque ses yeux se posèrent une nouvelle fois sur les restes du bâtiment. Celui-ci était déchiré en deux moitiés, à l'image d'un œuf éventré par l'éclosion de son monstre difforme qui en jaillissant de sa coquille, en avait emporté une part.

Une partie de la bâtisse tenait encore debout, dans un équilibre précaire qui menaçait de s'effondrer à tout instant.
Avant l'incendie, la demeure des Soryngar avait dû être un modèle d'opulence et de richesse : le regard argenté du mercenaire se posa sur les dalles en marbres blancs qui ornaient l'entrée, désormais noircis par les flammes, et sur les grandes armoires en métal dont les ornements d'argent s'écoulaient lentement des portes incandescentes.

L'autre partie de la maison, là où le feu avait jailli, n'était plus que décombres fumantes. Le semi-elfe releva ici et là des objets dont la fonction avait été dénaturé dans le brasier, les rendant impropre à toute identification.
Il remarqua une nouvelle fois la grandeur démesurée du bâtiment et comprit qu'ils leur faudraient un moment avant de relever un quelconque indice. Nehril observa du coin de l’œil les gardes de Brand qui se mettait en position autour du logis, empêchant quiconque ayant survécu au brasier de fuir sans être appréhendé.  

Le mercenaire pivota en direction de Grimeldha et il rejeta en arrière son capuchon. Ses cheveux noirs clairsemés d'argent jaillirent et il les rejeta négligemment en arrière. Il tira ensuite sa longue épée dans grincement métallique et chercha le regard de la naine.

- La demeure des Soryngar est vaste, lui confia-t-il, nous séparer serait une mauvaise idée compte tenu du fait que l'on ne sait guère ce qui s'y tapit. Nous devrions progresser avec précaution, des pans de murs pourraient s'effondrer sur nous au moindre geste malavisé.

Nehril n'attendit pas la réponse de Grimeldha et s'avança parmi les décombres. Ses pas crissaient sous les cendres encore brûlantes mais il n'en fit pas grand cas.
Ils débouchèrent sur une vaste salle à ciel ouverte dont la façade chancelait dangereusement alors que le mercenaire approchait. Ils commencèrent leur fouille d'un commun accord, en se répartissant leur surface de recherche.
Après quelques minutes d'investigations infructueuses, le mercenaire repéra l'endroit où les flammes avaient débuté. Il renversa les meubles qui l'empêcher de progresser plus avant et il s'immobilisa subitement. La naine l'interrogea du regard et Nehril lui désigna le squelette charbonneux qui les fixait de ses orbites vides.  À ses côtés, les restes d'une femme étaient visibles, plus identifiables par son visage qui avait été partiellement protégé des flammes par un meuble. Son front n'était plus qu'un amas de chair sanguinolent et son unique œil avait coulé le long de sa joue brunie, renforçant son expression horrifiée. Les doigts du semi-elfe craquèrent alors qu'une colère froide et sourde l'envahissait. Il se retint d'envoyer virevolter le mobilier à moitié consumé et se tourna vers Grimeldha.

- Le père et la mère Soryngar apparemment, fit-il d'une voix aussi tranchante qu'une lame. Continuons. Tout a brûlé ici. Montons à l'étage.

Les deux compagnons grimpèrent une volée de marches branlantes. Nehril ouvrait le chemin d'un air sombre, indiquant à Grimeldha les planches qui étaient vivables et l'avertissant de celles qui ne l'étaient guère. Son esprit était toujours préoccupé par ce qu'il venait d'assister. Non pas que l'état des corps l'est potentiellement choqué : il avait assisté à bien pire durant sa longue vie de mercenaire, mais il ne comprenait pas la véhémence injustifiée des incendiaires.

- Les Soryngar n'étaient que de simples marchands...marmonna-t-il plus à lui-même que pour sa compagne. N'est-ce pas...?

Ils accédèrent à la partie supérieure du bâtiment. Ici, des tapisseries aux armoiries des Soryngar avaient survécu au brasier: l'aigle et le corbeau se faisant face sur une large plaine, le rubis de l’œil du corbeau affrontant l'or pâle de l'aigle.
Nehril guida Grimeldha dans un dédale de couloirs, s'immobilisant à certains moments lorsque le sol se mettait à tanguer, puis reprenant sa route sans un mot. Il jetait des regards en arrière afin de s'assurer que la naine le suivait bien, l'aidant parfois pour se hisser lorsque les obstacles étaient trop imposants.

Les deux personnages arrivèrent dans un large bureau. Une table noire reposait au centre de la pièce, le siège avait été renversé et une partie des tableaux qui garnissaient les murs avaient été férocement éventrés.
Un gigantesque Œil avait été dessiné sur un pan du sol. Au centre de la pupille rougeoyante avaient été tracés huit branches dorées formant les pattes déployées d'une araignée. Nehril se pencha et passa un doigt sur le dessin.

- Du sang, releva-t-il en repérant un morceau de doigt au-dessus de la pupille noire.

L'Œil :
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeJeu 6 Déc 2018 - 0:44

La vue des cadavres ne laissa pas l'antique dawi de marbre, la poussant même à prendre vivement du recul avec le bouillon d'émotions qui la menaçait au même titre qu'un goût de bille. Respire ma fille. T'connaissais pas ces pauv' gens, t'as fait c'que t'as pu pour leur fille... Va p'tète mettre la main sur l'un des salauds qu'leur a fait ça. Se concentrer sur la progression au sein des ruines aida quelque peu, que ce soit pour chercher le moindre "indice" sur les évènements comme surveiller que le toit ne leur tombe pas sur la tête, d'autant plus que "Nehril" s'avéra plutôt prévenant. La naine avait l'esprit bien trop occupé pour dédaigner la main tendue, malgré la pointe des oreilles désormais clairement visible. De même ne réagit-elle pas à la question marmonnée. Finalement, ils atteignirent ce qui devait être autrefois un bureau parfaitement fonctionnel, qui n'était plus désormais que le théâtre froid de quelque fanatisme pervers.

"Fils de gobelins... marmonna la naine à la vue du symbole sanglant. Plaisent aux Dieux d'maudire ceux qu'ont commis ces horreurs."

Tout en marmonnant dans une barbe inexistante, la dawi entreprit de fouiller les lieux. Agir, voilà un bon remède aux tourments de l'âme ! Ne pas laisser l'obscurité s'étendre, la braver, la grande lanterne de l'action à bout de bras. S'approchant du bureau massif qui semblait avoir survécu aux dégénérés... Du moins ce fut ce qu'elle crut, avant de réaliser que les tiroirs en avait été arrachés, leur contenu blanchâtre répandu sur le sol et tâché de rouge. Avec un soupir, Grimeldha tâcha de séparer ce qui était encore lisible de ce qui ne l'était plus, à peine atteinte par ce gâchis de papiers et de registres semble--toute précieux. L'écriture était parfaitement lisible, bien loin des standards nains en matière d'élégance, mais acceptable pour lire une langue non-maternelle. Si les pages n'étaient pas trop atteintes, le regard de Grimeldha fut rapidement attirée par une rature sur le parchemin délicat. Se concentrant, la naine parvint laborieusement à reconstituer ce que l'auteur avait voulu caché.

"Hmmm je n'sais pas c'que ça vaut, mais c'lui qui t'nait ces liv' d'comptes causait d'une dague acquise dans une situation pas très claire... Il a raturé sa mention. J'me d'mande c'qui lui a pas plu..." dit Grimeldha sans regarder son partenaire, continuant sa recherche des yeux.

Plusieurs minutes passées à fouiller ces pages ne lui révélèrent que d'autres liste de comptes, des contrats, rien que du commercial... Des écrits vaguement familier à l'artisane, qui n'y décela rien d'autre qui lui sembla pertinent. Déposant une énième liasse de feuilles couvertes de lignes régulières, elle poussa un soupir tout en laissant son regard errer. Une dague, une dague... L'auraient pas fait tout ça pour r'trouver c't'objet ? Ce s'rait fou... Pis l'autre ? Pas d'trace au rez-de-chaussée, pas dans le couloir qui menait ici... Alors qu'elle se questionnait, ses petits yeux accrochèrent un détail, une irrégularité dans le bois du bureau. J'fais pas d'meuble pareil mais les faux p'tits objets en bois où t'y cachent des trucs, j'en ai fait qu'ques-uns... C'bien ici qu'j'mettrais... Son doigts courtaud appliqua une simple pression... Et le bois céda dans un cliquetis. Les yeux de la dawi s'arrondirent face au petit tiroir qui s'ouvrit. Le souffle coupé, la naine hésita un instant avant de prélever le livre qui y était demeuré caché.

"V'la autre chose..." souffla-t-elle.

Avec une certaine révérance, l'ancienne dawi souleva la première de couverture puis la première page... Et lâcha un juron. Tourna une autre. Énième juron.

"Raturé, griffé ! Par Mogar, quelle idée d'massacrer un livre comme ça !" s'emporta-t-elle.

Grimeldha se reprit cependant, tâchant de reconnaître des mots entres les vigoureux et innombrables traits rageurs. L'a voulu caché c'qu'il avait écrit... Pourquoi donc pas l'brûler ? Un attachement ? BAST ! Ces umgis ! Les sourcils froncés de concentration, la dawi articulait les syllabes qu'elle croyait reconnaître.

"Erb... Herbet... Ryn... Soryngar. L'un d'ceux allongés en bas j'suppose... Je... Rrr... MarCHER... Ple... Complexe... De... Demander... Peste, j't'en donn'rai d'la rature, sacrebleu ! Je... Oh ! Elle inspira brusquement, avant de reprendre avec plus de sureté. Derniers jours... Craindre... Pour moi mais... Famille... menacée... L’Œil char... L’Œil Décharné... Ma famille est aussi menacée par l’Œil Décharné !"

Févrieuse, elle parcourut prestement les pages suivantes, à la recherche du moindre mot lisible. Trop épars et confus, les rares qu'elle trouva ne lui apprirent rien d'autre. Avec un grognement frustrée, elle releva le nez de sa lecture, se retenant d'en froisser les pages entre ses doigts.

"Entre l'feu, l'sang et maintenant ces ratures, c'est qu'ça a cherché à brouiller l'histoire tout ça... marmonna-t-elle d'ajouter. Nehril ! C'donne quoi d'ton' côté ? Tu y comprends qu'que chose ?"
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeVen 7 Déc 2018 - 13:49

Les tapisseries en lambeaux pendent négligemment sous le regard glacé du semi-elfe. Son visage est fermé et ses yeux brillent d'une lueur inquiétante. Le sol est maculé d'un sang pourpre, collant, visqueux, qui s'attache obstinément aux bottes du mercenaire. Le plafond est éventré, le vent s'engouffre parmi les pierres descellées, mugit, résonne avec force dans la pièce. Un corbeau de basalte se dresse sur son piédestal, ses yeux rouges semblent suivre les deux intrus, son bec pourpre prêt à s'ouvrir, à croasser son avertissement lugubre.  

Nehril restait immobile. Ses yeux ne quittaient pas les tapisseries représentant la longue généalogie des Soryngar. Une arme en avait lacéré la surface, rendant illisible certaines de ces personnalités. Après un instant à parcourir les branches écarlates et à décrypter les symboles étranges, Nehril repéra enfin le nom qui l’intéressait : Abela Soryngar. Ses sourcils s'arquèrent et d'un air sombre son regard glissa le long du pied de l'arbre. Le dernier survivant de cette longue lignée était également inscrit : Ceralyn Soryngar. Le mercenaire hocha la tête comme si cela le confortait dans ses réflexions silencieuses, puis se détourna. Portant son attention sur Grimeldha, il s’aperçut que ses propres investigations avaient porté leurs fruits :  la naine semblait dotée d'un talent d'enquêteur inattendu.

Alors qu'elle avait le regard plongé dans un manuscrit, le mercenaire s'approcha de l'imposante cheminée qui lui faisait face. Celle-ci avait été préservé du chaos engendré par les assassins. Les pierres grisâtres étaient intactes, d'une propreté méticuleuse qui contrastait avec l'aspect désordonné de la pièce. Cela l'intrigua et il décida d'en comprendre l'origine. Il passa une main sur une surface du mur mais ne distinguant aucune aspérité particulière, il songea qu'il avait peut-être fait fausse route.
Son regard se posa alors sur l'écusson des Soryngar, maculé sous une couverture de cendres, astucieusement camouflé au fond de l'âtre. Le mercenaire le poussa de l'index et eut la surprise d'entendre un cliquetis métallique en guise de réponse.

La cheminée se mit subitement en branle. Elle pivota dans un raclement sonore, libérant un passage souterrain obscur dont la poussière fit tousser le semi-elfe. Il s'éloigna de quelques pas, remarqua que le corbeau se mouvait également, déployant ses ailes et lâchant un grognement plaintif.

- Une mise en scène plutôt singulière,
remarqua-t-il en haussant les sourcils. Il se tourna en direction de la naine et lui désigna la galerie ténébreuse. Ce passage a été emprunté il y a peu. Des traces de pas sont visibles dans la poussière.

Nehril rejoignit Grimeldha et s'empara des journaux que celle-ci parcourait toujours du regard.

- En effet, fit-il après un silence. Ses yeux volaient d'une page à l'autre dans un désir de trouvait ne serait-ce qu'une information nouvelle. Cet Œil...décharné semble être à l'origine de tout cela. Qu'est-ce donc ? Une organisation d'assassins ? Un conglomérat concurrent aux intérêts des Soryngar ? Cela vous dit quelque chose ?

Le mercenaire laissa choir les manuscrits sur la table. Ses yeux balayèrent rageusement la pièce.

- Par Calimenthar, cela ne nous révèle rien ! Qu'est-ce que cette fichue dague ?

Nehril inspira profondément et resserra sa prise sur Aeris. La lame renvoya un éclat argenté alors que les rayons du soleil venaient en caresser le fil.

- Poursuivons dans cette galerie, poursuivit-il d'une voix plus clame. Des réponses s'y trouvent peut-être.  
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeLun 10 Déc 2018 - 23:51

"J'sais pas plus qu'toi, mais j'paris qu'le troisième gars doit savoir, lui. Faut croire qu'y savait comment s'sortir d'ce four." marmonna la dawi en réponse, une pointe de déception dans la voix.

Sa chaussure effleura la poussière, marquée par le passage du vaurien. Ou peut-être un autre des habitants de la demeure ? Pah ! Laisse-donc les théories aux gardes, va donc y r'garder d'plus près. Et puis, c'est que la garde se son makangaz, marteau à une main de Lante, toujours présent à sa hanche, la démangeait. Enfin, pour progresser dans le boyau sombre, son bâton resterait son premier choix. Acquiesçant à cette réflexion muette, la dawi entreprit de leur confectionner de quoi s'éclairer. Des tentures déchirées - avec respect - et deux pieds de fauteuil cassés - avec révérence - plus tard, et Grimeldha tendit une torche improvisée à son compagnon de circonstances.

"V'la donc... Ha !" fit-elle.

Et sans même lui laisser le temps de s'en saisir, la naine fit demi-tour et s'approcha d'une fenêtre. Le bois et le verre accusaient visiblement le sinistre, mais rien qui ne put résister à la poigne de l'ancêtre décidée. Des cendres volèrent quand elle parvint enfin à l'ouvrir, la lumière l'aveuglant un instant tandis qu'elle toussotait.

"Teuh, teuh...! Sieur Brand ? appela-t-elle, tout en se raclant la gorge.
- Grand-mère ? fut-il répondu par le géant - du point de vue de la naine - qui se rapprocha.
- Euh, fais-moi l'plaisir d'm'appeler Grimeldha, ça m'fait mal rien que d'penser à c'qu'a du vivre ta mère. hésita la dawi, surprise par l'appellation.
- ... Grimeldha ? fit-il, soudainement aussi perturbé, ce qui ne manqua pas d'amuser les gardes à portée d'oreilles.
- Bon garçon. répondit-elle, apaisée, avant de se reprendre. Dis-moi, t'pourrais dire à tes gars d'garder l'passage secret, dans l'bureau des Soryngar ? Dirait qu'l'aut'e fils de gobelin s'est tiré par là et...
- Bien s- le QUOI ?!
-... On va aller l'y chercher, avec l'aut' Face de Grognar. Si vous pouviez l'cueillir quand y r'montra en courant, v'seriez bien bon. Merci mon grand ! acheva Grimeldha, s'éclipsant de sa fenêtre malgré la réprimande lisible en gros plis de peau sur le faciès du soldat. Elle avisa l'elgi et ouvrit la bouche... Et se retourna pour crier une dernière phrase. Nehril ! J'pas dis Face de Grognar, mais Nehril ! S'appelle Nehril c'bon gars !
- Attendez deux s..."

Mais cette fois la dawi avait refermé la fenêtre - un Longues Jambes qui lui donne des ordres ? Ha ! - et s'était rapprochée du passage et de l'épéiste, lui permettant cette fois de se mettre la main sur la torche improvisée. Le regard qu'elle leva vers Nehrl n'avait plus rien de malicieux.

"Toutes tes questions garçons, t'les garde bien en tête, et tu les posera à c'qu'on trouvera en bas. Avec po-li-tesse." Fit-elle, ses doigts tapotant la petite tête plate de son marteau.

Allumant la torche - elle avait toujours de quoi allumer sa pipe sur elle -, la dawi fit face à la gueule obscure, et s'y avança sans hésitation.

"Allons botter des culs."
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeMar 11 Déc 2018 - 11:02

Un vent glacial s'échappe de l'ouverture béante où des fines particules de poussière flottent négligemment dans l'air. Le tunnel est obscur, humide, de longs flambeaux ornent la galerie, mais elles sont détrempées rendant impossible tout opération d'allumage. La naine s’active, babille, ne se laisse pas intimider par l'horreur d'une salle empestant la mort. Le mugissement du vent se répercute le long des parois, tel le cri de douleur d'une créature tapis dans l'ombre.

Nehril saisit la torche que lui tendit la naine tout en haussant les sourcils. Elle parvenait à l'extraire de ses pensées les plus sombres, là où seul le désir de meurtre sauvage régnait. Il se félicita de lui avoir demandé de l'accompagner : Grimeldha apaisait sa nature brutale et lui procurait un amusement inattendu. Il grommela lorsqu'il l'entendit l'appeler une nouvelle fois Face de Grognard et hocha la tête avec reconnaissance quand elle se reprit.

- Si vous y tenez vraiment vous pouvez garder le Face de Grognard, maugréa le mercenaire en reniflant. Il alluma la torche d'un claquement de doigt : un feu doré l'embrasa dans un feulement avant de reprendre sa couleur rougeâtre. Il ajouta suite à sa réflexion sur le bottage de cul : Cela tombe bien j'ai enfilé mes plus belles pompes.

Puis il s'engouffra dans le tunnel, brandissant sa lumière afin de repousser l'océan de ténèbres. L'odeur était rance, putride, comme si des déjections humaines parsemaient le sol : cela aurait pu bien être le cas, sa surface étant recouverte d'une texture spongieuse que le mercenaire ne parvint pas à identifier. Il préféra se concentrer à ne pas glisser malencontreusement, songeant malgré lui que mieux valait l'incertitude à l'idée de marcher sur une mer d'immondices.  

- Il y a forcément quelqu'un dans ce tunnel, répéta le semi-elfe alors qu'une lumière vacillante était perceptible au loin. Je vais tâcher de suivre vos conseils : trancher dans le tas me paraît être une bonne solution en temps normal, mais autant faut-il avoir des réponses avant.

Un mouvement brusque retentit devant eux et une silhouette sombre masqua la lumière, plongeant le tunnel dans l'obscurité. Elle levait une main en se dirigeant vers eux tout en glapissant :

- Au secours, au secours, j'ai coincé ma...

La lame du mercenaire siffla, tranchant la main qui s'agitait dans un geyser de sang. L'individu grogna, révéla la lame qu'il camouflait dans son autre main et disparu dans l'ombre. Nehril se tourna vers la naine avec un geste d'excuse.

- J'ai paniqué.

Le semi-elfe balaya les alentours, son regard entravé par l'ombre persistante qui avait envahi la galerie. La faible lueur de sa torche ne parvenait pas à chasser les ténèbres. Il s'autorisa néanmoins à poursuivre en direction de là où l'assassin avait surgi et déboucha sur une vaste salle souterraine. Un autel était dressé au centre de la pièce, la lumière du soleil frappait la surface d'un lourd coffre ouvragée, fait dans un alliage d'or et de bronze, rutilant de mille feux. Nehril examina les coins de la pièce, tâchant de voir si leur assaillant s'y était tapis, mais cela se révéla inutile. Ce dernier avait disparu.

La salle semblait être une immense armurerie. Les murs étaient couverts de râtelier d'armes d'une propreté méticuleuse, et des symboles étranges étaient peints sur les pierres. Le mercenaire se mit à penser que les Soryngar étaient peut-être moins sain d'esprit qu'il l'avait pensé de prime abord. Une lourde statue trônait au-dessus d'eux : une femme brandissant une arme avec une expression de vénération.

Le semi-elfe tendit la torche à Grimeldha et ouvrit le coffre dans un craquement. Un foulard de velours gisait à l'intérieur, les replis du tissu laissant supposer qu'une arme lourde avait reposé dessus.

- La dague a disparu...murmura-t-il en se renfrognant.

- Et bientôt vous connaîtrez le même sort. s'exclama une voix rauque derrière eux.

Un homme, emmitouflé dans une large cape brune les dévisageait. Ses longs cheveux noirs, raides et gras lui tombaient négligemment sur les épaules. Un sourire cruel déformait son visage au teint olivâtre, et ses yeux noirs étaient plissés comme pour mieux les distinguer dans la pénombre. L'un de ses bras était replié sur lui-même, là où Nehril l'avait tranché, et l'autre faisait virevolter machinalement une dague courte.

- L'Œil observe, l’œil frémit mais jamais ne se ferme, continua-t-il sur le même ton monocorde. Ce que vous recherchez n'est pas ici. Vous n'êtes pas celle que j'attends. Il poussa un soupir et la tristesse se dépeignit sur ses traits. Hélas, vous ne me laissez pas le choix.

Nehril fit tournoyer sa lame.

- Je suppose qu'on peut trancher dans le tas désormais, marmonna-t-il en voyant l'assassin se précipiter sur lui.

Le mercenaire lui décocha un coup de pied dans les jambes, le faisant vaciller en pleine action, puis frappa du plat de sa lame. Son objectif n'était pas de le tuer : son adversaire était habile, il évita sa frappe, mais son jeu de jambes était mauvais. Nehril le saisit par le col et le projeta sur le sol avec un cri.

- Parle foutu fils de chien ou je jure que je te fais bouffer de mon acier par tous tes orifices !

L'assassin repoussa Nehril d'un coup de coude et se jeta sur la naine, songeant qu'elle serait moins à même de se défendre. Mal lui en prit.


Dernière édition par Nehril le Mar 11 Déc 2018 - 17:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeMar 11 Déc 2018 - 13:00

"Bon réflexe. avait ri sombrement la dawi, en poussant du pied la main coupée. Nah, Nehril, j'vais tâcher d'm'en rappeler. L'âge qui joue." Avait-elle ajouté non sans prudence.

Le premier point fut confirmé rapidement et, alors que l'assassin changeait de cible, Grimeldha se permit de faire démonstratrion des siens. Enfin, elle n'était pas une combattante de premier ordre, mais qu'un Longue-Jambes lui fonçe dessus, c'était là quelque chose qui ne la dépaysait guère. Ah, ces histoires d'taille. Si son adversaire devait se baisser pour la toucher, la naine elle pouvait tout naturellement lui balayer les jambes de son bâton. Avec hargne, elle ne s'en priva pas.

Dans la vaste armurerie, les cris de l'homme se répercutèrent à toute allure, résonnant, prenant de l'ampleur alors qu'ils rebondissaient sur les nombreuses lames exposées, dans une ode métallique à ses os brisés. Si la naine avait voulu le blesser "proprement", elle eut utilisé son marteau. L'individu ne lui inspirant rien qui justifia une telle "délicatesse", son bâton fut son arme. La magie enchassée dans les runes se propagea dans toute la jambe gauche, intraitable, rigoureuse dans son oeuvre de destruction.

L'assassin tomba au sol, se tordant de douleur, des veines saillant sur son faciès crispé par la souffrance. Sa poigne demeurait crispée sur sa dague, dont il donnait des coups hasardeux et fébriles en direction de Grimeldha, parvenant même à ramper dans sa direction. La dawi maintint tranquilement la distance nécessaire entre eux.

"M'semble qu'on a mis la main sur l'troisième compère... souffla la voix lourde de la dawi, dont l'accent nanique s'accentua, plus heurté, plus rude. Sa main libéra son marteau de son attache. Va falloir qu'on s'explique... D'abord, j'aime pas ces fourb'ries. D'un coup de l'arme métallique, elle frappa la main armée, y cassant sans doute quelque chose et envoyant voler la lame. Ensuite, t'va nous dire tout c'que tu sais... La naine se déplaca et donna un coup de pied dans la jambe meutrie, tirant un nouveau hurlement. ... Ou j'frapperai plus fort. Pour finir... Elle revint vers la tête. ... C'pas bien d'faire mal aux mômes."

Et la tête du marteau rencontra la mâchoire de l'humain démuni. Un gerbe de sang fusa, ainsi que quelques dents. Les larges narines de la naine frémirent sous le coup d'une profonde inspiration, tandis que ses sourcils glabres tentaient de fusionner, plongeant dans l'obcurité les creux où étaient lovés ses yeux. Deux billes de rage. En contemplant le géniard devant elle, elle voyait plus qu'un salaud qui avait mis le feu à une demeure et massacrer une famille. Elle voyait plus loin, en un autre lieu, un autre temps, une folie, née d'obscurs mystères, dont sa Braise n'avait pu que garder la marque infâme. Grimeldha voulait savoir le pourquoi de l'ignominie qui avait valut à une pauvre enfant d'être empoisonnée et de voir ses proches comme sa maison être emportés par les flammes. Mais surtout, elle désirait ardemment effacer cette vermine.
Toute raison ne l'avait cependant pas quittée.

"Ah ! Les dents ! Doit pouvoir causer, c'vrai. fit-elle en lui saisissant le visage, manipulant la mandibule comme on regarderait la dentition d'un cheval. Rien d'cassé ! Parfait ! Cause maintenant ! fit la naine, marteau en main. L'Œil dont t'arrêtes pas d'jacasser. La famille Soryngar. La dague. Ah, et "celle" qu't'attend, p'quoi pas. Parle."

La son rauque qu'était devenu sa voix résonna dans la vaste pièce, acquérant lui aussi des échos métallisques. Malgré le contrôle qu'affichait la naine, il y avait, dans la crispation de ses mains sur son arme, quelque chose qui trahissait son désir de laisser s'exprimer davantage la violence dont elle avait fait preuve. Sans la moindre retenue.
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeMar 11 Déc 2018 - 17:49

La scène est saisissante : l'assassin gît au sol, du sang jaillissant de sa gueule fracassée. Ses yeux roulent furieusement dans ses orbites, des bulles de bave rougeâtre se forment à la commissure de ses lèvres. Il lève une main dans une vaine tentative à repousser la naine tempétueuse qui tient son visage entre ses doigts courbés. La représentation est parfaite : l'âge sous-estimé par le sot.

Nehril, l'épée toujours brandit en avant, observa Grimeldha qui jetait au sol son assaillant avec une aisance étonnante. Il abaissa prudemment Aeris tout en dévisageant la naine qui renforçait son emprise sur la mâchoire de l'assassin. Le mercenaire ne lui demanda pas de le relâcher, il brûlait également d'une rage froide et l'idée d'incruster son crâne dans le mur lui avait traversé rapidement l'esprit.

- Parle assassin, fit-il froidement en rejoignant Grimeldha. Dis-nous ce que tu sais et je t'offrirais une mort prompte.

Il avait occulté le fait qu'elle serait probablement horriblement douloureuse. La notion du temps était différente pour un semi-elfe et l'homme l'apprendrait à ses dépens. Un sourire sans chaleur étira les lèvres du mercenaire à cette pensée. Il planta son épée dans le sol et s’agenouilla pour se mettre à la hauteur du blessé.

- Eh bien ? s'impatienta-t-il devant son silence. Il saisit ses cheveux et plongea son regard argenté dans le sien.

L'homme s'esclaffa soudainement : d'un rire clair, puissant et sans crainte. Sa poitrine se secouait au rythme de ses éclats et il laissa choir son bras valide.

- Les Soryngar n'ont eu que ce qu'ils méritaient, lâcha finalement l'homme d'une voix qui avait perdu de son emphase. Ils détenaient le précieux artefact de l'Œil : la dague sacrificielle. Ils auraient dû servir les desseins de l'Oeil mais ne l'ont pas fait. L'Œil voit tout, l’œil observe mais jama...

Le poing de Nehril fusa en direction de l'assassin, éclatant son arcade sourcilière. Il poussa un hurlement.

- Parle-nous de quelque chose que l'on ignore, articula lentement le mercenaire en levant une seconde fois sa main en guise d'avertissement.

- La gamine Soryngar ! s'exclama l'autre avec une lueur étrange dans le regard, c'est elle que j'attendais ! Elle doit périr car tel est la volonté de l’œil. Vous ne comprenez rien pauvres âmes stupides, aveuglés par vos désirs primaires. Je sers un but plus grand, plus glorieux que vous ne pouvez imaginer ! Nous redéfinirons ce qui doit exister et ce qui doit disparaître ! Vos rois, forêts, villes ne revêtent aucune forme d'importance dans le Grand Tout car elles sont périssables. L’œil est une vision, une idée, la préparation d'un monde nouveau supplantant un ancien corrompu. La dague puisera dans le sang des traîtres, purifiera la souillure des hommes et nous nous dresserons au sommet de la race nouvelle !

Nehril croisa le regard de Grimeldha.

- J'ai jamais vu quelqu'un autant causer sans que j'y comprenne quelque chose. Les yeux du mercenaire se plissèrent. Ce n'est rien de plus qu'un taré de fanatique. Il manquait plus que cela, grommela-t-il en passant une main devant ses yeux. Il ne sait probablement même pas ce qu'il fiche ici. Les sectes sont nombreuses mais elles ne s'évertuent jamais à massacrer des gens à la vue de tous. Qui se sert de vous ? Qui est votre chef ?

L'assassin eut une grimace de dégoût lorsque le semi-elfe fit mention de secte. Il cracha au sol et secoua la tête comme s'il n'entendait pas ses paroles.

- L'Œil demeure dans l'ombre, mais sa Paupière, son second, son sang, son Iris, sont ses agents. Naevyn Faël nous à guidé, il nous a montré la voie...

Le visage de Nehril prit une teinte sépulcrale : les questions fusèrent dans son esprit et se rattachèrent aux déductions. Tous les éléments s'éclaircirent d'un coup et le semi-elfe fit quelque pas en arrière légèrement hébété. Sa main sur sa lame trembla et la surprise laissa place à la rage. Il fit un geste à la naine de relâcher l'assassin et posa une main sur son visage. L'énergie magique inonda ses sens et il la libéra sous la forme d'une bulle de chaleur.
Le blessé s'embrasa soudainement dans un hurlement. L'odeur de chair carbonisée assaillirent les narines du mercenaire alors que sa victime s'agitait convulsivement au sol, battant des bras avec l'énergie du désespoir, s'agrippant à sa tunique.

Un moment plus tard c'était fini. Des volutes de fumée s'échappaient des vêtements du mercenaire, mais son regard demeurait fixé sur les restes brunâtres. Le semi-elfe rengaina son épée dans son dos et poussa un soupir. Il ferma les yeux, tentant de retrouver son masque d'impassibilité avant d'affronter le regard de Grimeldha.

- Cet homme ne connaissait rien, révéla-t-il en désignant le corps décharné qui grésillait encore. Ce n'était qu'un endoctriné. Un pion sacrifié au profit de la survie de son roi. Les dents du mercenaire grincèrent. En revanche...ce Naevyn Faël. Je le connais, il avait des liens avec les Soryngar. Ces deux familles, les Soryngar, les Faël: je suis la fusion des deux. Je suis leur fils.

Nehril connaissait un endroit où il pourrait en apprendre plus. Loin, vers le nord. Avant qu'il ne puisse s'en ouvrir à la naine, des bruits de pas retentirent soudainement dans le couloir. Une garnison d'hommes lourdement armés vinrent encercler Nehril et Grimeldha. Le mercenaire fit un geste vers son épée.

- Je vous le déconseillerais si j'étais vous, lança un homme suivit de près par un Brand exultant. Je suis le capitaine de ces soldats et je vous assure que vous allez passer tous deux une bonne partie du temps dans nos geôles..

Son regard s'attarda sur la naine puis sur le cadavre et il haussa un sourcil.

- La vieille a le visage et l'odeur d'une sorcière. Faites gaffe les gars à ne pas la déchirer, on l'a dirait entrée en phase de décomposition. Mais que cela ne vous retienne pas de les bousculer, ces gens ne sont que de la racaille.

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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeSam 15 Déc 2018 - 16:14

Les yeux plein de la vue de son sang, le nez plein de l'odeur de la combustion... Le coeur de la dawi battait d'une vile manière en réaction au spectacle, regardant sans sourciller un homme brûler jusqu'aux cendres... L'elgi n'eut guère le temps de voir l'expression qui défigurait le faciès ancien de la naine, contrairement aux hommes qui surgirent. Alors que l'un d'entre eux donnaient les ordres, les autres firent mine de s’exécuter, avant d'être arrêtés par la vision d'une naine au visage parcouru de ride, qu'un immonde rictus de rage tordait. Sorcière, à n'en point douter, dont la voix d'avalanche gronda dans la vaste salle.

"J'vous l'déconseillerai si j'étais à vot' place... imita avec une violence contenue la vieille naine, son marteau dans une main et son bâton gravé dans l'autre. J'suis Grimeldha Long-Nez, deuxième née de Hrímbur Blanc-Marteau et de Wulga Long-Nez et j't'assure qu'si t'm'écoutes pas et qu'tu tentes d'nous emmener dans tes geôles, j'vous f'rai r'gretter d'être sorti du trou d'vot' mère. Elle ajouta, plus sombrement encore. Par Mogar ! J'vous l'f'rai r'gretter à tous...
- Boucle-la ! Je n'ai rien à accepter de toi, verm-
- L'honneur, tête à merde ! tonna la dawi. L'honneur d'une grand-mère qu'est descendue dans c'merdier pour mettre la main sur l'salaud qu'à fait d'la p'tite Soryngar une orpheline ! L'honneur d'quelqu'un qu'a dû écouter c'que c'fou avait à dire, et qu'vous l'répètera volontiers pour qu'vous mettiez la mains sur les tordus derrière tout ça ! L'honneur d'une naine !"

En sa Braise se réveillait des flammes sombres, attirées par la violence et la folie qu'avait habité le cadavre noirci et fumant de son vivant. Une enfant blessée par un mal innommable, le trépas d'un fou, des têtes trop dures qui ne demandaient qu'à se faire ouvrir de nouveaux horizons à coup de marteau... Tout bon sens reculait, au profit d'une faim de violence brute. Avec effort, Grimeldha tentait de faire entendre la vérité sur ce qui s'était déroulé sous ses yeux, où naissaient à présent des volutes avides et malsaines. Mais qu'ils lui donnent une seule bonne raison, et alors...

La vision d'une antique du peuple des montagnes, armée et appelant au combat, malgré le désavantage numérique criant, eut le mérite de déstabiliser ses opposants, tout en leur faisant sortir leurs armes. Brand lui-même hésitait, son égoïste plaisir reculant, en regardant celle des deux étrangers qui s'était montrée aimable et avait aidé l'enfant, face à ce questionnement : qu'était-il arrivé ?

Malgré le désir d'en découdre qui suintait de la dawi, celle-ci ne bougeait pas, fixant le capitaine, qui finit par déglutir et par lâcher avec expectative un "Vous pouvez parler.". Lentement, Grimeldha désigna de son marteau la forme noircie qui avait été un homme.

"Ce fils d'gobelin est l'un d'ceux qu'a massacré les Soryngar. commença-t-elle à dire, les dents serrées. Y avait ach'té sans l'savoir une des dagues sacrificielles d'son culte, l'Oeil. Trouv'rais leurs r'gistres dans l'bureau là-haut, 'vec les dessins d'sang d'ces tarés, pis l'journal du Soryngar, qu'avait peur pour les siens. A juste titre. La voix de la naine se fit plus sombre et moins rauque. L'a causé d'un certain Naevyn Faël, qu'les aurait guidé... Causait d'purification d'la race aussi. Lui... Elle posa son regard sur les restes fumants. L'attendait la gosse pour la sacrifier."

En une fraction de seconde, son visage, que la réflexion avait apaisé, se tordit de fureur. Dans un arc de cercle vengeur, la tête de son arme vint fracasser la figure noircie, effaçant à jamais son expression de douleur dans un craquement immonde. Tandis que les débris noirâtres volaient, la naine cracha sur les restes. Les yeux exorbités, elle fit volt-face vers le capitaine des soldats.

"...T'veux savoir aut' chose ? Ou j't'enfonce tout ça dans l'crâne à coup d'marteau ?" gronda Grimeldha.
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeVen 21 Déc 2018 - 20:58

Les traits de la naine se durcissent. Son regard se fait ardent, pénétrant, traversant les visages opiniâtres des soldats revanchards. Ces derniers reculent, inclinent la tête, ne parviennent guère à soutenir les yeux scrutateurs sans défaillir. Le capitaine trépigne, éructe,  tente en vain de reprendre contenance devant ses hommes. Mais ses efforts restent vains : le jappement des chiens ne faisant que pâle figure face à l'hurlement de la louve.  

Nehril restait silencieux, dardant son regard froid sur le capitaine. Progressivement un sourire vint naître sur son visage émacié lorsque Grimeldha commença à vociférer. Voir ces soldats si fiers, si imbu de leur autorité et de leur privilège, être remis en cause par cette ancêtre écumante de rage était particulièrement attrayant pour le mercenaire. Le capitaine ouvra plusieurs fois la bouche, lançant des regards noirs à Brand afin d'esquiver ceux de Grimeldha, avant de se racler bruyamment la gorge.

- Nous allons nous charger du reste de l'affaire, fit-il d'une voix forte tout en évitant adroitement les yeux incandescents de la naine. Vous pouvez vous retirer, nous n'entraverons plus vos mouvements. Vous avez les remerciements de la garde.

Nehril se détendit et lâcha la dague qu'il dissimulait dans un pli de sa cape. Brand lui décocha un regard mauvais mais ne fit pas la bêtise de rétorquer quelque chose. Légèrement surpris, le mercenaire songea qu'à défaut de déceler la moindre trace d'intelligence en lui, il disposait tout de même d'un bon sens salvateur. Cela pourrait même expliquer la survie miraculeuse de la plupart des imbéciles que le semi-elfe avait croisé durant sa vie.

Alors qu'il contournait les soldats pour sortir, Nehril tapota l'épaule de Brand et lui glissa silencieusement quelques mots. Il lui adressa ensuite un sourire carnassier alors que le visage du soldat virait au gris. Le mercenaire s'éloigna d'un pas rapide, suivi par Grimeldha. Ils firent rapidement le chemin en sens inverse, observant cette fois-ci que les soldats s'étaient frayé un chemin plus direct parmi les ruines, dessinant un chemin parfaitement praticable pour les deux compagnons.
Ils atteignirent promptement l’extérieur, mais ils n'échangèrent que peu de mots, les pensées du mercenaire toujours focalisées sur son père. Alors qu'un soleil ardent les accueillait à l'air libre, Nehril émergea finalement de ses sombres réflexions :

- Joli coup avec les soldats. Cependant...essayez de ne pas ébruiter nos découvertes. J'aurais préféré que le nom de Naevyn Faël ne soit pas prononcé...

Il ne cessait d'entendre que l'Œil était partout. Il saurait donc que Nehril était passé par là. Il saurait également que le mercenaire n'aurait d'autres choix que de poursuivre Naevyn. Un mince sourire illumina ses traits : sa haine se cristallisait enfin. Il l'avait compris à l'instant où il avait posé les yeux sur les corps décharnés des Soryngar. Il le pourchasserait. Il tuerait ses membres. Tous. Et son père le premier.

Ils arrivèrent finalement à l'avant-poste où ils avaient laissé la guérisseuse Erina. Cette dernière était en pleine discussion avec une autre patrouille de soldats probablement venus en renfort.
La jeune fille Soryngar était adossée contre un poteau en bois à la peinture écaillée, son corps recouvert par une étoffe pourpre. Son visage était toujours exsangue et ses lèvres serrées formaient une fente violacée lui conférant un air boudeur. Ses yeux bleus balayaient constamment les environs avant qu'elle ne finisse par les remarquer. Elle se leva brutalement, ses yeux exorbités et fit quelques pas chancelant dans leur direction. Nehril s'immobilisa, la dévisageant de ses yeux argentés.

- Pas un mot sur ce qui s'est passé Grimeldha, eut-il le temps de souffler alors qu'elle arrivait à leur hauteur.    

Son regard passait du mercenaire à la naine comme si elle attendait une quelconque explication sur les raisons de son infortune. Son monde s'était brisé, ses rêves, parti en fumée avec son logis. Ce lieu auparavant emplit de rire et de chant était désormais l'objet de ses cauchemars les plus insidieux. Elle s'adressa à Grimeldha, tendant une main suppliante vers elle.

- Pour...pourquoi ? fit-il d'une voix faible alors que des larmes s'écoulaient le long de ses joues. Co...comment ?

- Ainsi va la vie fillette, lança Nehril d'une voix ferme, ses yeux se plissant comme ceux d'un reptile se préparant à frapper, de telles horreurs sont choses courantes dans notre monde.

Le mercenaire fit un signe de tête à Grimeldha, se préparant à prendre congé.

- Vous...vous êtes...Nehril ? hoqueta-t-elle en s'agrippant au bras de la naine.  

Le semi-elfe ouvrit de grands yeux surpris. Voyant qu'il ne répondait pas, la fillette reprit :

- Je suis Ceralyn Soryngar. Ma mère m'a parlé de vous. Vos cheveux...votre visage. Elle avait une...une peinture...Vous êtes notre sang, vous êtes notre chair, qu'elle disait. Vous devez me prendre avec vous ! s'exclama-t-elle soudainement avec un air fou. Elle lâcha Grimeldha et tenta de saisir le coude de Nehril. Ce dernier l'évita et la jeune fille s'effondra au sol sans un cri. Vous...vous devez...

Ses paupières se fermèrent et sa respiration redevint régulière. Le mercenaire se tourna vers Grimeldha. Comme s'il lisait dans son regard il leva un doigt qu'il pointa vers la fillette.

- C'est hors de question. Son visage s'assombrit. Son sort m'importe peu.
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeJeu 27 Déc 2018 - 15:00

Nehril eut pu s'égosiller sans tirer davantage de réaction de la vieille dawi. Les gardes s'étaient ravisés et, ce faisant, avaient amené sa rage à s'évanouir, la laissant vide et épuisée. Aussi, elle ne remonta à la surface qu'à moitié consciente du chemin parcouru et des demandes de son "compagnon" de mésaventure. Ses petits yeux, qui ne semblaient pas tout à fait fixés sur le présent, finirent cependant par retrouver une lueur de lucidité face à l'enfant désespérée qui se tourna vers elle. De réponses, la dawi n'en avait aucune qui put aider la jeune umgi et, malgré ses deux siècles passés, Grimeldha se retrouva sans voix, le corps et l'esprit las, perdue face à son impuissance à apporter un quelconque réconfort autre qu'une présence physique muette.

L'affolement de la fragile fillette tira encore un peu plus la naine de sa torpeur, qui se précipita pour la soutenir, et appliquer de nouveau une rune sur sa peau, inspectant son organisme. L'est épuisée la p'tite... Le regard étréci que la dawi leva vers l'Oreilles Pointues était lourd et scrutateur. La douceur qu'elle déploya pour accompagner le corps inconscient au sol fut on ne peut plus différente de l'énergie dont elle fit montre pour appeler la soigneuse à l'aide, l'enjoignant à trouver un endroit où la petite pourrait se poser. Après quoi, cette même vivacité fut dirigée contre Nehril. Aussi las son esprit fut-il, il y avait là quelque chose qui ravivait le feu de Grimeldha.

"Faut qu'on cause, l'elgi." souffla-t-elle sombrement.

Sans autre avertissement, l'artisane entraîna le guerrier la dépassant de plus d'une tête à l'écart sans ménagement, le poussant d'une main dans le dos, montrant la sureté d'une grand-mère ayant maté et dirigé moult descendant, souvent contre leur gré. L'elgi se retrouva dos à un mur sombre, la main de la runiste verrouillée autour du poignée de sa main d'épée. Dans ses yeux plus rosés qu'une petite éternité plus tôt, il put lire la promesse qu'à la moindre dérobade, elle n'hésiterait pas à le lui tordre.

"Va falloir qu'tu m'expliques, mon gars, parce que j'suis pas dûre d'avoir compris. gronda la dawi d'une voix lourde. C'que t'as dis plus tôt... C'qu'a dit la môme... T'es d'son sang à elle ? T'es du sang d'un des potes des salauds qu'on massacré sa famille ? Chaque mot se faisait plus pesant, plus grave, plus accusateur. Va falloir qu'tu sois un peu plus clair... Comment tu t'places dans c'merdier...? Qu'est-ce t'es v'nu chercher là ? Qu'est-ce tu sais d'cet Œil maudit ?! Parler bas n'empêcha pas la voix nanique de gagner en puissance, tel le grondement d'un feu nourri par sa colère. A quel moment t'oses r'garder une môme d'ton sang des les yeux pour l'abandonner alors qu'ses parents viennent d'se faire assassiner !?"
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeLun 31 Déc 2018 - 14:31

La naine vocifère, ses yeux brillent de colère, d'incompréhension, mais également avide des vérités  détenues par le semi-elfe. Il garde cependant le silence, ses yeux grisâtres durement planté dans ceux de Grimeldha. Sa mine est basse, ses traits sont tout aussi impénétrables que ceux d'un mort.

Les clameurs du marché retentissaient autour du semi-elfe : les habitants de Thaar commençaient à s'activer avec une nonchalance propre aux insouciants et ne lui accordaient que peu de regards. Des enfants les désignaient facétieusement du doigt à leurs parents qui les grondaient gentiment. Leurs rires résonnaient encore alors qu'ils disparaissaient dans l'ombre des venelles sinueuses.

Le soleil s'était échappé de son écharpe nuageuse et resplendissait désormais dans un ciel d'azur, éclairant les environs avec une netteté douloureuse. Des gardes passèrent près de la naine et la contemplèrent avec un air étonné, se demandant pourquoi elle avait entraîné le mercenaire dans une ruelle pratiquement déserte. Des blagues vaseuses commencèrent à fuser dans les rangs avant que les coupables ne soient sévèrement réprimandé par leur chef de patrouille.

Une fois que les hommes se furent éloigné, le mercenaire observa Grimeldha en plissant les yeux. Son corps frémissait de rage et sa main s'était renfermé tel un étau sur son poignet. Nehril passa une main sur son visage, son esprit encore éprouvé par ces récentes révélations.

- Paix Grimeldha, fit le mercenaire en essayant de conserver la naine à une distance respectable. Je vous suis reconnaissant de votre aide dans la demeure des Soryngar mais cette affaire ne vous concerne en rien.

Observant sa mine résolue, il poussa un soupir résigné.

- Naevyn Faël est mon père Grimeldha, lâcha-t-il en haussant les épaules comme pour signifier que divulguer cette information ne lui coûtait rien. Les Soryngar sont la famille dont était issue ma mère. Je les surveille depuis des années déjà, mettez ceci sur mon côté émotif. Je suis venu enquêter aussitôt que j'ai appris leur décès. Et tout comme vous, j'apprends qu'une organisation dont mon père fait partie les a assassiné.

Nehril se délivra de l'emprise de l'artisane naine et fit quelques pas. Il attendit qu'un couple enlacé passe près d'eux avant de poursuivre sur un ton plus dur.

- Je ne connais rien de cet Œil et quand bien même j'en saurais plus je ne vois aucun intérêt à vous en faire part. Votre rôle s'achève ici alors que le mien ne fait que commencer. Ses yeux brillèrent étrangement. Quant à cette gamine...

Le mercenaire joua distraitement avec la bague argentée qui lui ceignait l'annuaire.

- Que souhaitez-vous que je fasse ?
marmonna-t-il avec un sourire crispé. Que je la prenne dans mes bras et que je lui dise que je suis sa seule famille ? Que je l'emmène avec moi dans ma traque face à l'Œil et à ses assassins ? Souhaitez-vous vraiment lui infliger ça ?

Les yeux de Nehril se durcirent et il secoua la tête, faisant danser ses cheveux clairsemés.

- Non, sa famille est morte. Rien ne pourra changer cet état de fait. Et je ne peux changer ce que je suis vraiment : un mercenaire. Je tue pour de l'argent, qu'importe ma cible, qu'importe ma prime. Me prenez-vous pour un homme bon ? J'ai violé, pillé, tué durant ma longue vie.

Le souvenir d'une maison en feu dansa subitement devant ses yeux : les hurlements, les pleurs, les râles d'agonies étaient encore vivaces dans son esprit. Il secoua la tête afin de les chasser.

Nehril reprit d'une voix plus calme.

- Non, je ne peux lui apporter ce qu'elle recherche.


Dernière édition par Nehril le Mar 1 Jan 2019 - 17:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeMar 1 Jan 2019 - 16:26

La dawi écouta et, malgré elle, la fatigue comme le défaitisme de son interlocuteur parvinrent à émousser le fil de sa colère. Sourde aux badauds qui pouvaient s'interroger comme se gausser de leur étrange duo, Grimeldha se perdit un temps dans ses souvenirs, dans ses sentiments... La situation était complexe, cela était vrai. La voie à suivre ne lui semblait pas moins évidente.

Honneur et famille. Des valeurs qui lui avaient été inculquée dès sa prime jeunesse et ne l'avaient pas quittée depuis. Croissant les bras, la dawi laissa la nappe de fatigue peser sur ses épaules, au même titre que le froid qui succédait à la rage. Le froid du vide, le froid de la peur, le froid d'une envie de tuer terrifiante. Penser à la gamine balayait tout cela. Les priorités ma fille ! Tu t'repos'ras plus tard !

"C'qu'elle désire est mort, et rien l'changera. Qu'vos histoires d'familles sont dignes d'fourberies noirelfes aussi. fit Grimeldha avec une grimace. Mais une famille c't'une famille mon gars. Pour sûr, j'te connais que d'puis qu'ques heures à peine. J't'ai vu trancher une main sans hésiter, c'qui t'désigne pas comme un enfant d'chœur, mais j'ai pas vu qu'ça. Et rien t'empêches toi d'voir plus loin. C'te p'tiote est d'ton sang, et elle a plus qu'ses larmes pour pleurer sur des cendres. Ses sourcils se froncèrent en une expression contrite. Pense-y, qu'est-ce qui va advenir d'elle : mendier ? S'vendre pour manger ? Qu'est-ce qui la tuera l'premier : la faim, l'froid, l'maladie, l'couteau d'un autre qui louch'ra sur sa pitance ? Ses yeux s'écarquillèrent soudain. Et si l'Œil la cherche encore, t'y a pensé ? L'autre macchabée l'attendait pour la sacrifier. Grimeldha soupira. T'as pas d'mandé d'être d'leur sang, à ces deux familles, et elle non plus. Mais pour c'que j'en sais, t'm'as l'air de courir après l'côté l'plus sombre d'ton sang... En délaissant l'reste. Une famille ça s'abandonne pas mon gars. Sinon c'est tuer une part d'soi même."

La vieille runiste se figea en réalisant quels propos elle venait de tenir. Ses mires firent comme jamais d'horreur. Son teint déjà rendu terne par l'épreuve pâlis de manière morbide, ses lèvres se serrèrent et ses paupières se gonflèrent d'émotion. Dans une inspiration rauque, la naine étouffa résolument un sanglot en baissant la tête, ses épaules frémissantes témoignant de sa lutte intérieure. La fillette, ma fille ! Pense à la p'tite ! Après un long instant d'un silence lourd, la naine lâcha bas un juron en khazalid, avant d'oser parler à nouveau en olyian, fébrilement.

"Une protection... Trouver quelqu'un d'sûr pour veiller sur elle... Y a d'autres possibilités qu'l'emmener sur ta voie. La voix, d'abord murmurante, reprit de la vigueur avant qu'elle ne secoue les épaules. Se redresser, Grimeldha parvint à adresser un regard franc et recoloré à son interlocuteur de deux têtes trop haut. Et t'm'excus'ra d'me sentir concernée quand j'vois un homme qu'a encore une once de bien s'enfoncer dans l'obscurité. Ses yeux se perdirent dans le vague, alors qu'elle lâchait un dernier propos sibyllin. Fait bigrement froid là où tu vas, Nehril."
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeMer 2 Jan 2019 - 16:26

Les mots de la naine s'imposent dans l'esprit torturé du mercenaire. Sa rage s'évanouit un instant à l'idée d'abandonner la dernière représentante de sa famille. Ses yeux se ferment, son souffle s'apaise. Lorsqu'il les rouvre, ces derniers brillent d'un éclat étrange, froid, miroitant, comme la lueur d'une lune se reflétant sur un lac de montagne. Les corps mutilés lui reviennent aussitôt en mémoire, et avec eux vint la haine, le désir de dégainer son arme et de perpétrer un massacre dans la foule qui s'agglutine non loin. Mais celle-ci n'est pas responsable. Le monde est impassible face aux horreurs qui se perpétuent sur son sol. La vraie justice n'existait pas, en dehors de celle que l'on rependait soi-même.

Plongé dans ses pensées, Nehril regardait Grimeldha avec un air absent. Ses épaules s'affaissèrent et son visage prit un air résolu. Un mince sourire vint étirer ses lèvres rêches et il hocha la tête avec raideur.

- Vos mots sont sages Grimeldha, fit-il après un long silence. À défaut de m'en occuper moi-même je peux la confier à d'autres. Après cela, il ne tiendra qu'a elle de forger son propre destin.

Les traits du mercenaire se durcirent alors que les rouages d'un odieux stratagème se mettaient en place dans son esprit. Si les assassins de l'Œil s'obstinaient à vouloir éliminer Ceralyn, il pourrait se servir d'elle comme d'un leurre, à l'instar d'un papillon attiré par la lueur d'une torche, ne s'apercevant que trop tard de la créature qui se tapissait dans son ombre.
Son sourire se mua en un rictus glacial. Il s'évanouit aussitôt lorsque ses sentiments vinrent en contradiction avec son plan. Quand était-il devenu aussi froid et insensible ? Depuis combien de temps vivait-il ainsi ? Il ne s'en souvenait pas, mais son cœur semblait perpétuellement recouvert d'un givre délétère, anéantissant ses sentiments, le laissant insensible, même face aux pires exactions.

Nehril secoua la tête et prit conscience que Grimeldha l'observait toujours. Il fit un geste en direction des ruines de la maison Soryngar afin de l'inciter à rejoindre la fillette.

Alors qu'ils marchaient côte à côte en silence, le mercenaire reprit avec un sourire triste.

- L'endroit où je vais vous semble glacial vous dites ? Il n'est rien en comparaison de l'endroit d'où je viens. Cependant je garderais vos mots à l'esprit : ils me procureront peut-être assez de chaleur pour faire face à ce qui m'attend qui sait ?

Les soldats qui patrouillaient avaient disparu au profit de l'agitation plus bruyante des badauds qui rugissaient non loin de leurs étales. La foule était dense, et les deux personnages eurent du mal à se frayer un chemin parmi elle. Ils arrivèrent finalement près du campement après être parvenu à écarter un groupe de jeunes hommes fougueux en jouant des coudes.

La guérisseuse Erina était penchée sur le corps inerte de Ceralyn et hocha la tête avec un air visiblement satisfait. Elle avisa Grimeldha qui se dirigeait vers elle et inclina respectueusement la tête. Elle décocha un regard mauvais à Nehril qui n'en fit pas grand cas, son visage étant toujours ostensiblement fermé. À la grande surprise de la guérisseuse, le semi-elfe chargea la fillette sur son épaule avec autant de considération que s'il s'agissait d'un vulgaire sac de farine. Il pivota en direction de Grimeldha.

- C'est ici que nos chemins se séparent Grimeldha, lâcha-t-il finalement en découvrant ses dents blanches. Vous feriez mieux de vous éclipser comme je m'apprête à le faire, les soldats ne toléreront pas le fait que j'emmène la gamine avec moi sans qu'ils l'aient préalablement interrogé. Il passa une main sur son visage las, s'attardant un instant sur son front plissé. Je n'ai hélas pas le luxe de perdre mon temps à raisonner ces imbéciles.

Erina s'avança tout en faisant mine de protester, mais le mercenaire lui décocha un regard menaçant qui l'incita à garder le silence.

- Vous êtes quelqu'un de bien Grimeldha, ajouta-t-il en rabattant sa capuche sur son visage. Puisse votre chemin être toujours lumineux. Son visage prit un air plus grave. Peut-être nous reverrons-nous un jour. Si un jour vos pas vous mène à croiser ceux de l'Œil Décharné, faites moi en part. Adressez-vous à la demeure des Irohivrah, j'ai récemment mis ma lame au service de la princesse marchande.  
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MessageSujet: Re: Les flammes de l’œil    Les flammes de l’œil  I_icon_minitimeMer 2 Jan 2019 - 22:39

Après tant de drames et de paroles, la dawi n'avait plus guère la ténacité pour débattre encore. C'est non sans soulagement qu'elle vit Nehril emmener l'enfant... Sans guère de douceur, certes, mais c'était déjà un début. En même temps qu'elle lisait la fatigue sur les traits de son interlocuteur, la dawi sentit la sienne propre se faire plus lourde. Grimeldha accueillit ce au revoir avec un triste sourire.

"P'tète bien qu'oui. P'tète bien qu'non. Prend soin d'toi Nehril. Laisse pas c't'histoire t'bouffer tout entier. Dit-elle en s'approchant pour tapoter le pied de la gamine inconsciente. Courage à toi, p'tiote. Ajouta-t-elle sans espérer être entendue de l'intéresser. Courage à vous deux. Allez, allons-y 'vant qu'ce bon sir Brand n'se r'pique d'nous mettre dans ses geôles."

Sur ces simples paroles, la dawi salua la guérisseuse puis s'en fut, évitant les gardes, laissant derrière elle la triste histoire des Soryngar. Les dernières flammes s'étaient éteintes, n'en restaient plus que l'odeur du souffre et de la centre froide, ainsi que les vestiges de la riche demeure. Comme pour en souligner le tragique, le ciel relâcha de fines et légères gouttes de pluie, de celles qui vous semblent négligeables au premier abord, mais vous trempent jusqu'à l'os si vous n'y prenez pas garde.

Ainsi l'artisane s'en retourna au logis de sa commanditaire. Cependant, elle refuserait d'entendre parler du moindre pied de chaise tant qu'elle n'aurait pas englouti une pinte de leur meilleur liquide !
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