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 Un soir comme un autre...[libreuh]

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Amalia Dëlahe
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Amalia Dëlahe


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MessageSujet: Un soir comme un autre...[libreuh]   Un soir comme un autre...[libreuh] I_icon_minitimeJeu 3 Avr 2008 - 17:13

Il y avait cette senteur dans l'air, cette senteur si caractéristique de la nuit qui tombe, de l'air frais qui saisit les chevilles des passants et fait naître le long de leur échine, un doux frisson glacé. Cette senteur propre aux longues nuit de Verimos. Le ciel était clair, les étoiles brillaient avec un éclat, qu'Amalia avait l'impression de redécouvrir à chaque fois. Il ferait beau demain. Se délectant du bruit sourd de ses pas, de l'indifférence des voyageurs, de la brise, légère, qui écartait les mèches brunes et rebelles de son visage, elle marchait. Telle une ombre anonyme au destin ingrât. C'était une nuit semblable à toutes les autres, mais comme toujours, la jeune femme profiterait pleinement de sa liberté. Elle ferait de nouvelles rencontres, s'engagerait peut être dans une jolie aventure, bref, Amalia voulait être étonnée ce soir, comme tous les autres soirs. La chaude lueur des foyers traversait les carreaux poussiéreux qui donnaient sur les ruelles, faiblement. On apercevait les gens attablés, riant parfois, observant un silence grave, souvent. Malgré les temps qui courraient, les gens, pauvres et accablés par la peste qui sévissait, profitaient de leur vie avec un détachement voulu, un détachement qui leur permettait d'ignorer leur propre misère. La compassion vint se nicher calmement au creux de son âme, chose qu'elle détestait. Seulement, ils étaient là, égaux, dans la misère et la générosité, dans le crime et le malheur, elle ne pouvait s'empêcher, de ressentir ce lien du coeur, qui l'enchainaît à chaque habitant de cette ville, quelqu'il soit. Ils étaient une grande fratrie, ils étaient un peuple. L'idéalisme de ses pensées la fit sourire. Quelle naïveté!
L'étoffe couleur crème qui embaumait le corps frêle de la jeune fille flotta à ses côtés en envolées voluptueuses. Elle aimait la nuit et sa singulière atmosphère mais haïssait l’isolement qu’elle engendrait. Et les étoiles avaient beau chanter leurs mirages de beauté et de rêves, elle savait que la compagnie n'était qu’une facétie sentimentale, à laquelle elle s'adonnait lâchement. Mais peu lui importait. C'était son univers, son monde, sa vision singulière de ce que devait être la vie, dure épopée à laquelle il faut donner les moyens de débuter.
Au loin, des rires graissés par l'alcool retentirent, des rires qu'elle estimait tant. Suivant le vacarme, Amalia se dirigea vers ce qui semblait être une taverne joyeuse, taverne dont elle n'avait jamais été cliente, cela allait changer, pour sûr.
Inspirant une grande bouffée de cet air, glacé, qui ravivait ses membres, elle saisit la poignée grossière, et poussa, un grand sourire au lèvres, la porte de l'établissement. Une bouffée d'air chaud vint la baffer, tandis que quelques regards rapidement détournés se dirigeaient vers elle. La taverne était bel et bien telle qu'elle s'y était attendu, chaleureuse, parsemée de différents personnages fort intriguants et à la table du fond libre. Table qu'elle vint occuper aussitôt, commandant une bière au passage. Elle avait un certain instinc (pas très utile, certes) pour dénicher les endroits apropriés à ses humeurs du moment.
Confortablement installée, la jeune femme saisit un ouvrage qui résidait constamment dans l'une de ses nombreuses poches, le seul ouvrage qu'elle possédait. Elle le lisait et le relisait souvent, en attendant que quelqu'un vienne s'asseoir à sa table. Parfois, les heures de solitude s'étiraient, abreuvées par de nombreuses bières, et ponctuées de nouvelles rumeurs, de nouveaux rires, qu'elle écoutait avec plaisir. Les autres étaient là, emplissaient le moindre espace de son environnement personnel, dont elle avait élargit les frontières, s'étant aperçue que le vrai bonheur était celui qui provenait des autres. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas conversé, longtemps qu’elle n’avait pas partagé une opinion, une conviction, ayant consacré la plupart de son temps à la recherche et la vente. L'argent manquait. Mais ce soir, elle na travaillerait pas.
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