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Sujet: En amont du Concile | Renaud Jeu 12 Déc 2019 - 22:34
Neyrelles
Julas 20 Bàrkios de l’An 17:XI, la veille de l’arrivée du duc d’Erac à Diantra.
« Renaud ? appela Neyrelles et dans sa voix se cachait juste ce qu’il fallait d’amusement. Tu recommences. »
Surpris par son intervention, le duc d’Erac se redressa légèrement et darda sur elle des prunelles interrogatrices. Renaud n’avait plus prononcé le moindre mot depuis un long moment, mais sa dame pouvait voir dans les plis soucieux de son front et les froncements agacés de ses sourcils qu’il ne rêvassait point. Elle ne connaissait que trop bien ces mimiques, pour les avoir surprises tant et tant de fois depuis qu’elle vivait à ses côtés. « Tu imagines en silence les conversations qui t’attendent demain, n’est-ce pas ? suggéra-t-elle doctement. Tu te les figures en face de toi — les Brochant et les Saint-Aîmé et les Castigliani — et tu cherches à deviner ce qu’ils voudront de toi et ce que tu peux attendre d’eux ? »
Comme à son habitude et tandis qu’elle s’aventurait à deviner les questionnements silencieux de son seigneur et maître, la taquine Neyrelles ne trahissait pas grand-chose du fond de sa pensée à elle.
Les événement qui les amenaient cette fois-ci à Diantra étaient de ceux qui façonnaient l’Histoire. Les grands pairs du Royaume se réunirait en Concile ; Neyrelles savait toute l’importance des discussions qui s’y succéderaient, jusqu’à la nommination d’un régent pour le trop jeune Bohémond. La Serramiroise, cependant, avait d’autres raisons de trépigner d’impatience à l’idée de rallier Diantra.
Contre elle, Alaïs s’était assoupie. L’enfançonne était la tranquillité même depuis leur départ d’Erac. Son jeune frère lui manquait, bien sûr, mais pas assez encore pour s’en plaindre. Sa mère avait longuement insisté pour qu’elle les accompagnât et Renaud avait fini par lui céder cela ; c’était que Neyrelles, qui n’avait pas revu les siens depuis six longues années, mourrait d’envie de la leur présente. Gauderic était trop jeune encore pour voyager sur pareille distance, mais Alaïs avait tout juste le bon âge.
L’une des roues du carrosse ducal accrocha une vilaine ornière et secoua ses occupants dans un grincement désagréable. La duchesse leva les yeux au ciel ; qu’il lui tardait de quitter cette prison de bois ! Elle caressa ensuite avec douceur l’arrête du nez de sa fille, pour s’assurer que cette légère péripétie ne l’avait pas réveillée.
Dernière édition par Neyrelles de Brochant le Jeu 26 Déc 2019 - 11:39, édité 3 fois
Renaud d'Erac
Humain
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Ven 13 Déc 2019 - 9:38
Avachit au fond de la banquette du carrosse, Renaud était une fois de plus pensif. La mort tragique du Régent pouvait remettre en cause les dernières années de paix qui avaient fait un bien fou au Royaume. Tout semblait enfin être rentré dans l'ordre, et voila que tout était remis en question. Chemin faisant, il s'était de nouveau perdu en une multitude de conjectures qui n’aboutissaient bien évidemment à rien, mais qui le torturaient. L'appel de son épouse le ramena à la réalité, et il posa ses yeux d'émeraude sur Neyrelles en se rasseyant bien droit. Il la scrutait en l'écoutant, une fois de plus étonné par sa capacité à lire en lui. Renaud avait pensé parvenir à la comprendre, et même s'il croyait être parvenu à ses fins, elle finissait toujours par le surprendre. La dévotion de Neyrelles envers son frère était acté, et il s'était fait à l'idée qu'elle ferait toujours passer Aymeric avant lui. Cela amenait nombre de questions qui n'avaient jamais permis au Duc de faire une entière confiance à son épouse. Et pourtant, la sagacité de la Duchesse était à louer, tout comme ses connaissances en politique et en droit. Il avait finit par lui prêter l'oreille, et par apprécier ses conseils, du moins tant que le sujet de Serrramire n'était pas dans la discussion.
"Tu as raison, je m'interroge sur le déroulement de ce Concile. Je cherche ce que je pourrais dire, et j'essaie surtout de deviner les attentes des autres pairs. Cela fait tellement longtemps que nous ne sommes pas réunis, et nous nous connaissons si peu."
Renaud n'avait pas manqué de soulever le mot "Brochant" dans la bouche de sa femme. Aymeric mort, il avait espéré que ce malheur aurait brisé le lien entre Serramire et Neyrelles, et qu'elle pourrait faire passer Erac en premier. Toutefois, il savait aussi qu'elle exerçait un échange avec Arnaud, le fils de son mentor, et il ne connaissait que très peu de choses sur ce jeune homme qui détenait l'héritage du l'ancien Régent. C'est donc plein de ces interrogations qu'il oublia le Concile, et recommença à spéculer sur les pensées réelles de Neyrelles. Il devait bien avouer qu'elle était retors, et qu'il apprécierait de connaitre son point de vu. Il pouvait donc la sonder, tout en faisant le tri par la suite
"Qu'en dis tu ? que pense tu qu'il pourrait ressortir de tout cela ? Un nouveau Régent va modifier l'équilibre et cela me tracasse."
Renaud était quelqu'un qui n'avait pas d'ami, du moins pas à ses yeux, et la seule personne à laquelle il faisait confiance était Robert d'Orfe, le vieil ami de son père Léandre. Il faisait bonne figure, et traitait bien ses vassaux, leur faisant croire monts et merveilles, et sans doute que quelques uns se croyaient être de ses amis, mais la réalité était la. Il se sentait donc terriblement isolé, mais sa paranoïa, et une phobie de la trahison, l'empêchaient d'avancer. Pourtant, au fond de lui, il désirait ardemment en avoir. Il avait également pensé, dans sa naïve jeunesse, qu'il pourrait avoir une grande connivence avec son épouse, mais c'était pour l'instant un échec relatif.
Lorsque le carrosse les secoua, il laissa échapper un grognement, parlant entre ses dents du confort qu'il attendait tant à a fin du voyage. Il reporta ensuite son attention sur sa fille, qui les avait accompagné à la demande de Neyrelles. Il n'était pas pour, mais il détestait le conflit, et comme cela n'amenait à aucune conséquence néfaste, il avait finit par céder. Bien qu'étant l'ainée, son sexe l'empêchait de pouvoir revendiquer le Duché, sauf en l'absence d'un héritier mâle. Ce serait donc son frère qui deviendrait Duc d'Erac. Troisième fils, et cinquième enfants, il avait été brimé, et délaissé dans sa jeunesse, aussi bien que n'étant sans doute pas le père idéal, il restait attentionné envers ses deux enfants.
Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Ven 13 Déc 2019 - 11:57
Neyrelles
Il existait entre le patron d’Erac et son épouse une étrange retenue ; Neyrelles savait que Renaud gardait par-devers lui plusieurs secrets et elle-même taisait ce qui devait l’être. Cette fois-ci, pourtant, elle découvrait le duc en quête de conseils et, peut-être parce qu’elle était la seule en cet instant à même de lui en procurer, c’était vers elle qu’il se tournait. La duchesse n’était pas certaine que ce fût déjà arrivé par le passé ; d’ordinaire, c’était elle qui venait et disait ce qu’elle pensait devoir dire, sans qu’il le lui eût demandé. Assurément, s’il lui avait suffit de descendre du carrosse pour trouver son boucher, le vilain Robert d’Orfe, il l’aurait fait, mais le chevalier était resté à Erac pour assurer la vacance du pouvoir.
Neyrelles retint le fin sourire qui lui chatouilla les commissures des lèvres à cette pensée.
« Est-ce seulement vrai ? souleva-t-elle en caressant la chevelure sombre de sa progéniture d’une dextre distraite. La chose est possible, mais plus sûrement le Concile ne fera que jeter la lumière sur ce qui dormait avant dans l’ombre d’Aymeric. »
Ce n’était pas vraiment une réponse, mais Neyrelles ne se sentait pas l’orgueil de hasarder de vaines prédictions. Le diable se cachait par trop souvent dans les détails et depuis sa lointaine fenêtre à Erac, elle n’avait pu qu’entr’apercevoir les subtils jeux de pouvoir qui avaient agité la Péninsule ces dernières années. Quant aux ambitions des Hommes, elles étaient filles des Chants d’Arcam au moins aussi souvent que des Leçons d’Othar et s’il était possible, parfois, de prédire celles qui naissaient des secondes, les jeux du Prisonnier demeureraient à jamais impénétrables.
« À ta place, je m’inquiéterai d’avantage de mes propres projets, avant de me hasarder à deviner ceux de mes pairs, » lui suggéra-t-elle après quelques secondes de réflexion. Et la duchesse de préciser : « Qu’espères-tu qu’il pourrait ressortir de tout cela ? »
Neyrelles, pourtant habituée à lire son duc comme d’autre un vélin, n’était pas certaine de pouvoir deviner sa réponse à cette question. Le Lyron savait quand même conserver quelques secrets et il craignait toujours qu’elle colportât chacune de ses confessions aux oreilles des Serramirois. Par jeu, elle n’avait jamais rien dit pour l’assurer qu’il avait tort.
Dernière édition par Neyrelles de Brochant le Dim 15 Déc 2019 - 1:58, édité 1 fois
Renaud d'Erac
Humain
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Ven 13 Déc 2019 - 16:34
Renaud regrettait l'absence de Robert, l'expérience de ce vieil ami de Léandre saurait sans doute lui apporter de bons conseils malgré sa réputation. La seule personne présente en ce moment était son épouse, et puisqu'elle le questionnait, autant chercher son point de vue. Non pas qu'il ne l'estimait pas apte à lui en fournir de bons, mais il gardait à l'esprit qu'elle pourrait peut être œuvrer pour son neveu serramirois plutôt que pour lui. Il médita un instant sur ses premières paroles avant de se lancer en ne la lâchant pas du regard, à la recherche de la moindre réaction pouvant l'aider à la comprendre
"Ce qui dormait dans l'ombre de ton frère ? C'est qu'il avait tellement bien muselé tout le monde qu'il faudrait sans doute craindre cette ombre qui va rejaillir, ne le pense tu pas ?"
Ce n'était pas une critique méchante, juste une constatation. Aymeric avait acquis tellement de respect et de puissance qu'il était parvenu à se hisser tout en haut. Mais cela n'arrivait pas sans se faire des ennemis. Etant l'allié de Serramire, Renaud avait peur que les détracteurs d'Aymeric ne se vengent, et d'en faire les frais. Comme il était pesant de ne voir que les obstacles et les points négatifs, tout en n'ayant personne sur qui s'appuyer. Ce que Neyrelles avait dit était pourtant tellement pertinent. Il était presque impossible de savoir ce qu'une personne voulait, sauf à lui demander, et bien entendu si elle répondait honnêtement. Sa quête de réponse était donc vouée à l'échec, jamais il ne parviendrait à savoir ce qu'il désirait si ardemment. Son épouse venait d'ailleurs de lui faire cette même demande sur ces désidératas. Il réfléchit une fois de plus, se frottant le menton entre son pouce et son index droit. En fait, la question qu'il se posait était toujours la même quand il conversait avec sa femme: est ce qu'elle n'allait pas se servir de ce qu'il pourrait lui dire contre lui, puisque Serramire faisait bien entendu parti des pairs. Il était également frustré de se méfier du Duché qui était pourtant son allié, du moins si le jeune Arnaud honorait l'accord passé entre son paternel et Renaud, et scellé par deux mariages. N'aurait il donc jamais de repos à se torturer de la sorte ? Renaud commença à chercher une réponse détournée
"Ce que je souhaite en voir ressortir ? je te dirais plutôt ce que je ne souhaite pas. Tu sais que la ou Serramire est le bouclier du Royaume, je considère Erac comme le bouclier du Roy. Il me serait donc très néfaste que le futur Régent me soit hostile, et détourne Sa Majesté de moi."
Il n'avait jamais pensé à la place de Régent, et au fond de lui, il ne la souhaitait pas. Il était déjà très occupé entre sa Régence de Velteroc, à laquelle il faudrait bien trouver un nouveau Baron, et son entente avec les deux filles Ancenis. Il croyait pourtant dur comme fer que lorsque Diantra et Erac étaient unis, tout allait bien pour le Royaume, et que dès que ce ne fut plus le cas, ce fut la merde complète, laissant le Royaume à la dérive. Neyrelles savait sans doute cela, mais comprendrait elle sous ses mots qu'au final, il pourrait s’intéresser au titre de Régent, voulant Erac le plus proche possible du Roy. Jamais il ne lui dirait ouvertement, du moins pour l'instant.
"C'est parce que je crains cette hostilité que je repasse tout ce que je sais des pairs, et lesquels il ne faudrait pas voir arriver à la Régence, et ceux qui seraient enclin à me laisser continuer."
Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Sam 14 Déc 2019 - 11:30
Neyrelles
Le silence de Neyrelles put paraître pesant à son époux ; elle dardait sur lui ses prunelles inquisitrices, celles-là mêmes qui lui donnaient l’impression qu’elle lisait en lui comme dans un livre ouvert. La duchesse ne cherchait pas à se montrer désagréable ; c’était même tout le contraire en vérité. Parce qu’elle ne voulait pas répondre aux questions de Renaud à la légère, elle préférait s’accorder le temps de la réflexion et tant pis si, ce faisant, elle mettait les nerfs de l’Eracin à rude épreuve. Sa répartie ne devait de toutes façons pas lui plaire.
« Ce que tu désires pour toi et pour Erac est que ton Roi t’aime ? » lui demanda-t-elle. Si ses paroles pouvaient être dures à certaines oreilles, sa voix était douce et son visage calme. Quant à ses yeux, ils étaient animés d’une lueur étrange. Neyrelles voulait comprendre quels nœuds s’étaient noués sous l’épais crâne de son époux. Une nouvelle secousse agita le carrosse et cette fois, la jeune Alaïs fut arrachée momentanément à son sommeil ; elle se tourna sur le dos pour darder un regard curieux sur sa mère et la Serramiroise lut toutes ses questions à elle dans ses yeux noisettes. Elle sourit et caressa tendrement sa joue, avant de reporter son attention sur Renaud. C’était toujours lui qu’elle regardait quand elle ouvrit la bouche. « Te rappelles-tu de l’histoire de ton grand-oncle Charles, Alaïs ? »
La petite duchesse — ainsi que l’appelait parfois Neyrelles — fronça les sourcils tandis qu’elle réfléchissait à la question. Elle n’était pas encore totalement réveillée, aussi lui fallut-il un peu de temps pour remettre suffisamment d’ordre dans les idées. Renaud, lui, avait peut-être déjà deviné où son épouse voulait en venir. Après quelques secondes, elle opina finalement du chef et sa mère sourit. « Il était l’oncle de père, affirma doctement la petite.
— Il l’était, » acquiesça Neyrelles en dévoilant sa fossette. Elle aida Alaïs à se redresser pour l’asseoir à ses côtés. « Il était duc, il aimait son Roi et son Roi l’aimait, ajouta-t-elle et ses mots à n’en pas douter étaient choisis avec soin. Ils s’aimaient tant que le Roi lui demanda dans le plus grand secret d’adopter son fils : Trystan. »
La duchesse d’Erac aimait l’Histoire et se passionnait de ses secrets ; malgré le jeune âge de ses enfants, elle les abreuvait des récits du passé. Alaïs, donc, ne s’étonna pas de cette leçon improvisée ; pour une fois, pourtant — et malgré les apparences —, cette anecdote ne lui était pas entièrement destinée. Dans les prunelles de la duchesse, qui regardait toujours son duc, il était une dernière question qu’elle ne prononcerait pas à voix haute, mais qui flotterait entre les deux époux jusqu’à ce que leur enfant se rendormît. Et toi, Renaud ? Que seras-tu prêt à faire pour l’amour de ton Roi ?
Dernière édition par Neyrelles de Brochant le Dim 15 Déc 2019 - 1:58, édité 1 fois
Renaud d'Erac
Humain
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Dim 15 Déc 2019 - 1:05
Renaud se demanda s'il avait rendu muette son épouse, ce qui le fit sourire intérieurement. Il se doutait tout de même qu'elle devait réfléchir et peser ses mots, mais l'idée était jouissive. Espérons qu'il en profita suffisamment longtemps puisque quand la réponse vint, elle fut cinglante, et la douche très froide. Les mots furent durs, mais le pire fut qu'elle se servit de leur fille pour donner une leçon, mais qui n'était pas destinée à leur progéniture mais bien à lui même. Il ne souriait plus, ni intérieurement, ni extérieurement, bien en peine de rétorquer. La bile remonta aux lèvres du Duc alors qu'il repensait à tout cela. Il honnissait Charles d'avoir laissé Erac à Trystan, alors que ce bâtard n'avait aucune légitimité dessus. C'était de la que tous les maux du Duché était apparu, du moins aux yeux de Renaud. C'était un coup de maitre, un tacle magistral de la part de Neyrelles, un coup de bambou qu'elle venait d’asséner à son époux. C'était elle qui devait maintenant jubiler en pensant à ce qu'il ressentait. Malgré la rancœur, Renaud parvint tout de même à garder un ton neutre et calme, puisque ce qu'elle avait dit était d'une justesse imparable.
"Ce n'est pas tant l'amour que le respect mutuel que je recherche. Je pense que Diantra et Erac ont besoin l'un de l'autre. Les nordiens sont prompts à se taper dessus, mais ils savent s'unir lorsqu'ils sont menacés, et leur puissance n'est plus à faire. Les sudistes savent rester neutres dans leur coin, et ne pas se mêler des affaires des autres. Le médian est bien isolé s'il doit faire face à une menace."
Il avait répondu sans réfléchir au fait qu'il ne lui faisait pas une confiance totale, blessé dans son orgueil. Il se souvint tout de même que son allié du moment était Serramire, et que le Duc en titre était le neveu de son épouse
"Que les choses soient claires, je n'oublie, ni ne renie, l'alliance que j'ai noué avec ton frère. Mais je connais si peu son fils que je ne sais s'il va conserver les accords passés, et l'amitié qui s'est nouée."
Renaud avait fait quelques erreurs de jeunesse, en cherchant à se fiancer avec Soltariel, puis Langehack, mais Aymeric l'avait sèchement remis dans le droit chemin. Il ne lui avait guère laissé le choix, et la méthode avait laissé un gout amer, mais en murissant, Renaud avait compris qu'il s'était fourvoyé, et que celui qu'il avait considéré comme un mentor avait raison. Il ne désirait donc pas revenir sur l'alliance avec Serramire, mais il ne savait pas ce qu'en pensait Arnaud de Brochant
"Je souhaite être proche de Diantra parce qu'ensemble, le Royaume, tout comme le Duché, se portent mieux que lorsqu'ils se tournent le dos. Nous avons tous constaté les dégâts qui ont découlé de cette rupture"
Renaud ne pouvait pas dire devant sa fille tout le dégout qu'il avait pour Trystan, l'homme ayant été Duc d'Erac et Roy. Neyrelles, elle, savait ce que son époux en pensait, surtout après le rappel qu'il venait de faire.
"Qui a le plus de chance de devenir Régent ? et qu'est ce que cela engendrera pour Erac ? c'est la qu'est la question. Et aurais je une chance si je le souhaitais ?"
Neyrelles l'avait perturbé, elle avait ouvert une brèche dans sa réflexion, ce qui faisait qu'il lui parlait soudainement sans détour, ayant perdu sa défiance envers son épouse.
Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Dim 15 Déc 2019 - 1:57
Alaïs
L’enfançonne, à peine tirée du sommeil, désirait déjà retourner à ses rêves ; le roulis du carrosse sous elle la berçait avec la tendresse d’une vielle nourrice. Elle fit cependant son possible pour repousser les sirènes doucereuses de ses songes, car Père parlait et on lui avait appris qu’il était de son devoir de l’écouter. Elle ne comprit pas toutes ses paroles, mais Mère lui avait souvent dit que c’était là chose normale et qu’il convenait d’insister tant qu’elle le pouvait.
Père termina sa diatribe par une litanie de questions et, c’était là sa chance, Alaïs comprit assez la dernière pour savoir comment y répondre ; elle bondit sur ses pieds, s’arrachant définitivement aux derniers voiles de fatigues qui pouvaient l’enlacer, pour avoir l’air plus grande et, souriant à Père, assura avec conviction : « Je suis certaine que tu le peux !
— Alaïs ? l’appela Mère et l’enfançonne se tourna vers elle. As-tu compris de quoi nous parlons ?
— Je crois, » déclara-t-elle en cachant ce qu’elle avait de doutes. Puis elle se remémora qu’il ne servait à rien de chercher à tromper Mère et s’attrapa une mèche de cheveux pour se donner un peu de contenance. « Père veut aider le roi… comme notre Oncle le faisait quand il était encore vivant… ?
— Il semblerait qu’il le souhaite, » répondit Mère avec cette voix qu’Alaïs ne connaissait que trop bien. C’était sa voix qui disait plus que ce que ses mots seuls suggéraient. C’était sa voix vous forçait à réfléchir. L’enfançonne n’aimait pas trop cette voix, car souvent, elle l’entendait quand elle avait quelque chose à se reprocher et elle savait, dans ces cas-là, qu’elle était découverte. Elle se demandait si Père ressentait cela aussi ; elle se tourna vers lui pour essayer de lire sur son visage. Mère lui avait expliqué comment faire, une fois. Il y avait quelques signes qui ne trompaient pas, avait-elle affirmé… Malgré ses efforts, Alaïs ne les voyait jamais.
« Pourquoi le roi refuserait-il ? » demanda innocemment l’enfançonne à Père. Cela, elle ne l’avait pas compris. Chaque fois qu’il avait voulu l’aider, elle avait joyeusement accepté et rarement avait-elle été déçue en retour. « Ne sait-il pas que tu es Duc ? »
Mère passa une main pleine de tendresse dans les cheveux de l’enfançonne, qui aurait ronronné de plaisir si elle avait su comment faire. Elle darda sur elle des prunelles ravies et elles échangèrent un regard complice. Puis, Mère reporta son attention sur Père et Alaïs fit de même.
Renaud d'Erac
Humain
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Lun 16 Déc 2019 - 7:19
Les discussions de grands pouvaient être compliqués pour les enfants. Neyrelles était instruite, et l'on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas prendre son rôle de mère au sérieux. Inciter à réfléchir est une arme puissante, pourtant leur fille ne disposait pas encore de toute la connaissance nécessaire, ce qui ne l'empêchait pas d'essayer d'aider lorsqu'elle le pouvait. Peut être était elle à la recherche de reconnaissance de la part de ses parents, et de son paternel en particulier ? Il fallait dire que Renaud, même s'il aimait ses enfants, et ne les ignorait pas, avait énormément voyagé; Son absence se faisait sans aucun doute sentir. Il prit donc sur lui pour sourire tendrement à sa progéniteur, lui posant sa main droite sur la figure avant de l'amener sur ses genoux
"Viens ici Alaïs."
Il n'ignorait pas le regard que Neyrelles dardait sur lui, mais ce moment était pour sa fille. Son épouse entendrait bien ce qu'il allait dire, ce qui ne couperait pas la conversation
"Le Roy sait que je suis Duc, mais je ne suis pas le seul dans tout le Royaume, tu le sais. Bohémond est encore trop jeune pour pouvoir décider tout seul, c'est pour cela que les Ducs et les Marquis doivent le conseiller, même lorsqu'il sera adulte. En attendant qu'il ait l'âge de gouverner tout seul, il faut donc un Régent pour l'aider. Il ne pourra donc pas choisir lui même qui sera son Régent. Tu sais ce que sont les pairs du Royaume ?"
Question purement rhétorique, il se doutait que même si elle ne comprenait pas le sens exact, elle savait de quoi, et de qui il s'agissait.
"Il y a énormément de choses à faire sur nos propres terres, et à l'égard de nos vassaux, nous ne pouvons donc pas tous rester à Diantra pour aider sa Majesté. C'est pour cette raison que nous allons à la capitale en ce moment, car tous les pairs vont se réunir pour élire un Régent."
Renaud laissa un temps s'écouler pour que la petite fille assimile tout ce qu'il venait de lui dire.
"Etre Régent amène de grandes responsabilités, mais également un pouvoir important. Ainsi, même si je désirais le devenir, d'autres le souhaiteront sans doute aussi. Il faut donc être celui qui a le plus de pairs qui voteront pour lui. Malheureusement, vu tous les évènements récents, cela fait bien longtemps que je n'ai pas courtisé, ou sympathisé avec les autres pairs. Il faut donc trouver ceux qui seraient d'accord pour voter pour moi, ou connaitre ce qui pourrait les amener à me choisir. Et si je décide de ne pas me présenter, il faut alors donner ma voix à celui ou celle qui saura le mieux conseiller notre Roy"
Il laissa de côté les questions d'hostilités, et les dangers d'avoir quelqu'un qui n'apprécierait pas Erac, ou Renaud. Il espérait toutefois que le temps des pairs qui se détestaient était passé. Lui même n'avait d'aversion pour aucun, et il présumait ne pas avoir d'ennemi ouvert. Les dernières années n'avaient amené aucune guerre, ni conflit avec aucun autre pair.
"As tu bien tout compris ce que je viens de te dire ?"
Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Lun 16 Déc 2019 - 18:14
Alaïs
« Je crois, » répondit l’enfançonne après un temps de réflexion.
Mère lui avait dit un jour : « Quand un adulte parle sérieusement et que tu as l’impression de tout comprendre, c’est qu’il te ment ou que tu n’es pas assez attentive. Quand ils sont sérieux, même les adultes ne comprennent pas complètement ce dont ils parlent. » Aussi réfléchit-elle encore à ce que venait de dire Père ; ses explications avaient été nombreuses et fournies, mais il avait parlé lentement et tandis qu’il discourait, l’enfançonne aurait juré comprendre. Désormais qu’il s’était tu, elle pensait avoir retenu l’essentiel. Quand elle voulait convaincre Mère qu’elle avait appris sa leçon, l’enfançonne avait pour habitude de la résumer.
« Le Roi a besoin d’aide, alors Père et les autres… — le mot utisilé par Père lui échappait, elle en choisit donc un autre — nobles veulent le conseiller. » Elle darda un regard sur Mère, qui opina discrètement du chef pour l’encourager à continuer. « Père se rend à Diantra pour choisir un ami au Roi. »
L’enfançonne fronça les sourcils. Père avait dit plus — beaucoup plus — que cela, mais elle n’était plus vraiment certaine d’avoir compris finalement. Elle attrapa une mèche de ses cheveux pour s’aider à réfléchir, mais cela ne suffit pas.
« Il est important que l’ami du Roi soit un ami en qui on peut avoir confiance, compléta Mère avec un sourire rassurant pour l’enfançonne. Pas comme Maghla »
Alaïs lui en fut très reconnaissante — même si elle aurait bien voulu que Mère ne mentionnât pas la méchante Maghla, avec qui elle était en froid — et elle fit d’amples mouvements de haut en bas avec son menton. « Voilà ! acquiesça l’enfançonne. Je suis sûre que Père sera un très bon ami pour le Roi. » Un fragment des explications de Père lui revint en mémoire et elle afficha une moue dubitative. « Sauf que Père est un noble et que les nobles sont trop occupés avec leurs propres terres, réfléchit-elle à haute voix. C’est ce que tu as dit, Père, n’est-ce pas ? Tu ne peux donc pas être l’ami du Roi… » Elle était très déçue d’en être venue à cette conclusion, mais elle pensa très vite à une solution qui pouvait s’avérer satisfaisante. « Je veux bien être l’amie du Roi, moi ! affirma-t-elle en dardant des grands yeux enthousiastes sur Père. Ou Mère ! Mère pourrait être l’amie du Roi, pendant que tu t’occupes de tes terres, non ? »
Dans le dos de l’enfançonne, Mère éclata d’un rire plein de bonne humeur. Un peu surprise par cette réaction, Alaïs tourna sa tête dans sa direction. « Oh, ma douce Alaïs, déclara Mère avec de l’amour plein les yeux, tu es beaucoup trop maline pour eux. »
Ce à quoi la principale concernée n’était pas certaine de savoir quoi répondre.
Renaud d'Erac
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Mar 17 Déc 2019 - 7:35
Pour répondre à la question de son père, Alaïs se mit en devoir de répéter ce qu'elle avait comprit afin de démontrer sa compétence. Neyrelles vint à son aide à un moment, mais dans l'ensemble, la petite avait une bonne vision globale de la situation, du moins pour ce qui était de la partie émergée de l'iceberg. Puis l'intelligence d'un enfant, pure et innocent arriva à des conclusions purement enfantine, mais emprunt de véracité. La Duchesse éclata de rire et Renaud ne put s'empêcher de sourire également. Pourtant, tout au fond de lui, l'idée que sa femme devienne Régent le ramena à sa paranoïa, et l'espace d'un instant, il se demanda si alors, elle privilégierait Erac ou Serramire. Il écarta cette idée, revenant sur l'instant présent, attentif à sa fille
"Je suis certain que le Roy sera ravis d'avoir une amie comme toi, Alaïs. Dès qu'il fera ta connaissance, tu seras un rayon de soleil dans sa vie. Quand à l'idée de laisser ta mère, ne trouve tu pas qu'il serait triste que l'on se sépare, et que tu ne vois plus l'un de tes parents ?"
Il passa sa main dans les cheveux de sa fille d'un geste affectueux
"Tu as raison, mais le Roy, et le Royaume, sont très importants. Tous les pairs ne peuvent pas rester, mais l'un d'eux le peux, et même le doit, c'est un devoir envers sa Majesté. Celui qui sera choisit aura de grandes responsabilités, car il devra gérer le Royaume, ainsi que ses terres. Mais il sera bien entendu aidé pour ses terres. Tu sais, comme ce bon Robert, qui est resté à Erac pendant que nous allons à Diantra."
Le reste du voyage de la journée continua entre discussions banales et silences jusqu'à l'arrivée à la taverne où ils passeraient la nuit. Celle-ci avait bien entendu était entièrement réservée pour le Duc et son entourage qui ne manquait pas de se déplacer avec lui. Entre la chambre de Neyrelles et Renaud, celle pour leur fille, sa sœur Alcippe, quelques dames de compagnies, et autres nobliaux attachés à suivre leur suzerain dans tous ses déplacements pour avoir ses faveurs, la taverne avait très rapidement été complète, et même insuffisante.
Une fois le repas terminé, tout le monde alla se coucher, c'est ainsi que Neyrelles et Renaud se retrouvèrent seuls. Le Duc regardait son épouse alors que celle-ci s'attelait à brosser ses cheveux. Cela faisait plusieurs années qu'ils étaient maris et femme, mais il ne savait toujours pas s'il l'aimait. Entre ses interrogations sur sa loyauté, et l'affection qu'elle était parvenu à lui arracher, avec ses traits d'humour, Renaud était quelque peu perplexe sur ses sentiments lorsqu'il y songeait. Certes c'était un mariage d’intérêt, comme pour presque tous les nobles, surtout quand on était issue de familles ducales, mais il savait que certains mariages avaient finit par aboutir sur des amours sincères. Il se demandait parfois s'il était même capable d'exprimer de l'amour à l'intention de quelqu'un. Son enfance compliqué ainsi que son adolescence rebelle l'avait amené à faire moult expériences, des meilleures aux plus débauchées, mais jamais il ne s'était attaché à quiconque. Le décès d'Aymeric l'avait amené à penser qu'il allait peut être avoir enfin une épouse qui lui était dévouée. Il la regardait donc avec un œil inquisiteur, mais également intéressé. Leur conversation dans le carrosse finit par refaire surface, ainsi que la façon dont elle s'était servit de sa fille pour lui donner une leçon. Au final, elle ne lui avait pas répondu, et aiguillonné par l'esprit rusé et vif qu'il ne pouvait pas lui retirer, il se dit qu'il allait retenté sa chance, mais avant, il y avait d'autres questions qui le préoccupaient
"Dis moi Neyrelles, tu ne m'as jamais dis si tu étais heureuse à Erac ?"
Il savait qu'on l'appelait "La Serramiroise", mais il ne s'était jamais demandé si cela la touchait, en bien ou en mal. Peut être était il temps d'avoir une conversation qu'ils auraient du avoir il y a de longues années
"Est ce que tu regrette nos épousailles, ou es tu satisfaite de ta condition ?"
Neyrelles de Brochant
Humain
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Mer 18 Déc 2019 - 8:15
Neyrelles
Parce qu’elle tournait à ce moment-là le dos au duc d’Erac, Neyrelles se permit d’esquisser un sourire ouvertement sardoninque tandis que Renaud l’interrogeait sur ses inclinaisons pour son bon pays Eraçon et leurs épousailles ; la duchesse entendit moins les questions qu’il énonçait à voix haute que celle qu’il taisait : « Me trahiras-tu le jour où l’on t’en fournira l’occasion ? » Sa senestre tenait une importante poignée de cheveux et sa dextre une brosse en poils de sangliers ; elle laissa retomber lentement ses deux bras le long de son corps et profita de ce court répit pour se recomposer son masque d’impassibilité avant de se retourner vers Renaud et de darder sur lui ses prunelles d’automne.
« Qui ne le serait pas à ma place ? lui demanda-t-elle avec honnêteté. Enfant, certains me prédisaient une vocation et la cellule d’un couvent. Vivre à tes côtés dans ton château est un destin plus doux qui me satisfait pleinement. »
Renaud plus que d’autres aurait dû le comprendre ; à la cour du Roi, d’aucuns appelaient le couple ducal « les deux benjamins » et deux ans plus tôt, quand d’autres se ruaient dans les Wandres obscures, il y en avait eu pour faussement s’étonner de ne pas compter Renaud dans leurs rangs.
Neyrelles avait commencé à se peigner distraitement ses cheveux avec les doigts tendus de sa dextre quand elle se tourna dans la direction supposée de la jeune Alaïs. Un sourire tendre s’invita sur ses lèvres tandis qu’elle repensait avec délice aux échanges entre l’enfançonne et son père ; Gauderic était jeune encore et s’il tardait à sa mère de découvrir quel garçonnet il deviendrait, elle était déjà tombé sous le charme de sa sœur aînée. Les doigts de la duchesse débusquèrent un nœud rescapé et, avec le geste sûr de l’habituée, Neyrelles isola la mèche coupable dans sa senestre avec la ferme intention de reprendre son brossage.
Elle reporta ensuite son attention sur Renaud, qu’elle découvrait ce jour plus bavard que d’autres. Elle pouvait voir que le duc attendait d’elle plus qu’elle voulait bien lui donner et elle aurait bien voulu lui céder, si elle n’avait pas fini par se convaincre que pour le duc, elle ferait toujours trop et jamais assez. Il trouverait toujours quelque tort à lui prêter qui justifierait toute la méfiance qu’il ressentait à son égard. « Bien sûr, si tu devais devenir régent, mes amours pour Erac importeraient moins, » fit-elle remarquer avec une apparente légèreté.
Elle n’avait pas oublié, l’oiselle, ce qu’avait dit son seigneur et maître quelques heures plus tôt et elle entendait bien terminer la conversation que le réveil imprévu de leur fille avait interrompue.
Renaud d'Erac
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Mer 18 Déc 2019 - 12:27
Lui même étant le benjamin de sa fratrie, il pouvait parfaitement comprendre le ressentit de Neyrelles, encore que pour sa part, on ne lui avait pas parlé de rentrer dans les ordres. Devenir Duchesse était sans conteste une avancée extraordinaire pour elle, voir inespérée. Malgré tout, avoir été troqué pour un mariage avec un parfait inconnu, et déraciné de chez elle pour aller sur une terre tout aussi inconnue ne devait pas être facile. Il remarqua d'ailleurs sa façon de marquer le mot "satisfaite"
"Etre satisfaite ne veut pas dire que tu es heureuse !"
C'était sortie tout seul, sans qu'il se rende compte qu'il venait de penser à voix haute. Il ne s'attendait donc pas à une réponse, puisqu'il pensait bien l'avoir fait en pensée. Sa condition de benjamine, et ce qu'elle avait du endurer l'amena étrangement à s'interroger sur son comportement envers elle. Avait il était trop dur ? devait il arrêter de la suspecter, et lui laisser le bénéfice du doute ? Puis il se rappela les discussions qu'ils avaient eut, particulièrement quand Serramire était en jeu, et il se dit qu'en fait non. Comme déjà dit, la mort de son frère pouvait changer la donne, il faudrait voir à l'usage.
"Je remarque qu'une fois de plus tu as éludé ma question."
A défaut d'avoir éludé, c'était une demi réponse dans laquelle elle ne se dévoilait pas. Dès que le sujet était sensible, ou qu'elle ne voulait pas répondre, elle était redoutable à ce jeu, répondre par une question, dévier une conversation, ou encore changer carrément de sujet. Il avait donc tendance à penser que lorsqu'elle faisait ça, c'est que la réponse ne lui plairait pas. Enfin, tant pis, peut être qu'un jour ils pourraient discuter sans ambage. Il y avait pour le moment d'autres préoccupations
"Te plairait il d'avoir un époux Régent ? la vie à Diantra te conviendrait mieux qu'Erac ?"
Il devait bien avouer qu'il était incapable de connaitre les vrais désirs de son épouse, et si la vie diantraise serait une bonne chose pour elle, ou eux. Renaud ne savait d'ailleurs toujours pas s'il désirait la place, ou si l'idée lui était venue juste parce qu'il craignait que le prochain Régent ne soit pas bénéfique pour Erac
"Pense tu que j'aurais la moindre chance ? et est ce que je devrais seulement postuler ? Avec tous les tracas que m'ont posé nos vassaux, je n'ai guère eut le temps de m'informer. Je ne sais même pas si les autres pairs ont noué des alliances ?"
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Mer 18 Déc 2019 - 22:43
Neyrelles
Le Duc rebondit sur la remarque badine de sa dame, mais non sans avoir fait savoir à cette dernière combien il goûtait peu à ses manières. C’était peut-être la rudesse du voyage, ou bien c’était sa durée ; en tout cas, la duchesse était lasse ce soir-là et elle se découvrait peut-être un peu moins patiente qu’à l’accoutumée. La remarque étrange de Renaud l’avait par ailleurs légèrement désarçonnée ; pourquoi si soudainement s’inquiétait-il de son bonheur à elle, quand pendant des années il n’avait semblé motivé que par son devenir à lui ? Aussi, tandis que le duc en revenait à la régence et à ses visées encore hésitantes à siéger à la droite de l’enfant-roi, Neyrelles songeait un peu tristement : Ai-je éludé ta question ou n’as-tu juste pas écouté ma réponse ? Il lui avait semblé pourtant avoir été suffisamment claire : point particulièrement heureuse, mais point malheureuse non plus, la duchesse se satisfaisait de sa paisible existence. Qu’espérait-il de plus d’elle ?
Qu’elle le conseillât, apparemment ; elle le découvrait à nouveau avec un étonnement renouvelé. Aymeric est mort depuis un mois déjà et nous arriverons à Diantra demain, persifla-t-elle et il n’y eut que son coup de brosse, plus franc que les précédents, pour la trahir. N’est-il pas un peu trop tard pour m’accabler de tous tes doutes ? Tandis qu’elle pensait cela, la duchesse se trouva cependant un peu trop cruelle. Elle savait qu’elle n’était pas toujours facile à cerner et n’avait jamais rien fait pour encourager Renaud à se confier à elle.
Dans le même temps, il ne lui facilitait pas toujours la tâche non plus et, pour une fois, elle se résolut à le lui faire remarquer : « À laquelle de tes questions veux-tu que je réponde en premier ? » lui demanda-t-elle en esquissant un peu malgré elle un sourire amusé. Et la duchesse de préciser, parce qu’elle avait fait l’effort de les compter : « Il y en avait cinq, je crois. »
Elle se rendit compte qu’elle pouvait donner là l’impression de le rembarrer encore une fois et elle adoucit sa pique d’un regard encourageant ; il s’était agacé de la voir sans cesse éluder ses questions, elle était bien en droit de lui faire remarquer leur abondance. S’il lui faisait l’heur de mettre un peu d’ordre dans ses pensées, elle était en tout cas prête à partager certaines des siennes.
Renaud d'Erac
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Jeu 19 Déc 2019 - 7:35
Un petit silence s'installa alors que Renaud observait son épouse. Gênant ou pas, ce n'était pas rare que l'un ou l'autre se réfugie dans un certain mutisme, ou qu'il y ait de longs moments sans qu'ils ne s'adressent la parole. Peut être était-ce le Concile, et tout le stress qu'il amenait, ou autre chose que Renaud était bien en peine de connaitre, mais la ou il était d'ordinaire taciturne avec Neyrelles, depuis le début du voyage, il avait envie de converser. Il attendait donc sa réponse, en la regardant, une fois de plus entouré de tout le mystère qu'il n'avait jamais réussis à percer; peut être parce qu'il n'avait jamais réellement essayé ? ou parce qu'elle était bien plus habile que lui à ce petit jeu. Enfin, la réponse arriva, et une fois de plus elle répondit par une question. Renaud se retint de s'arracher les cheveux, et il allait abandonner, pensant qu'il était vain de vouloir faire des efforts qu'il aurait du faire bien avant, quand il remarqua le regard encourageant qu'elle lui envoya. Interloqué, il laissa un nouveau silence planer pendant qu'il se disait que le problème, c'était peut être lui, car elle était une fois de plus dans le vrai, et effectivement, il avait énuméré beaucoup de questions en même temps sans laisser le temps à son épouse de répondre clairement. C'était que son esprit était tellement remplie de toutes ses interrogations qu'il ne s'en sortait plus à démêler le tout. Il prit une grande inspiration qu'il exhala pour reprendre contenance, puis il se lança, en gardant en tête que la conversation avait débuté par un intéressement envers Neyrelles, et pas sa propre personne, il devait concilier les deux
"Voyons, et si nous commencions par savoir si avoir un époux Régent te satisferait, et si la vie de Diantra te plairait"
Bon il y avait encore deux questions, mais les deux se rejoignaient.
Neyrelles de Brochant
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Jeu 19 Déc 2019 - 18:51
Neyrelles
La duchesse dardait sur son seigneur et maître un regard satisfait ; elle mentirait si elle affirmait ne pas tirer un plaisir un peu coupable à chahuter ainsi Renaud. Il était peut-être duc en son château et pair du royaume à Diantra, mais dans l’intimité de leur chambre à coucher, elle pouvait le réprimander comme un écolier dissipé sans qu’il s’en offusquât. Elle avait bien conscience que cela en disait plus long sur son caractère à lui que son charisme à elle. Tout de même, elle se flattait de l’avoir apprivoiser à sa manière.
« J’y ai vécu quelques temps déjà, » lui rappela-t-elle en s’approchant de leur lit. Elle s’y assit, posa sa brosse à côté d’elle puis ajouta : « C’était la première fois qu’on me faisait sentir avec autant d’insistance que le manteau qu’on avait jeté sur mes épaules était trop grand pour moi, lui avoua-t-elle avec simplicité. J’étais la sœur du régent et on attendait de moi que je me comportasse en conséquence. » Elle esquissa un sourire carnassier en se remémorant quelques scènes qui l’avaient marquées à l’époque. « Bien sûr, personne n’était capable de me dire exactement quel était ce rôle que j’étais censée occuper. »
La duchesse haussa les épaules, comme pour bien souligner combien ces souvenirs ne l’atteignaient plus. Plusieurs années avaient passé depuis qu’elle avait quitté la cour royale et elle n’était plus la même femme ; elle avait assez mûri et pris confiance en elle pour ne plus craindre les venins des commères et des médisants.
La jeune femme se souleva à bout de bras pour ramener ses jambes sous elle. « Je ne sais pas s’il est dans ton intérêt de chercher à succéder à Aymeric, lui avoua-t-elle ensuite avec sincérité, mais si cela devait arriver, je saurai m’en accommoder. Cependant, je ne peux m’empêcher de penser que tu te poses la question bien trop tardivement. » Le duc avait compris sa leçon et, elle l’espérait, ferait plus attention pour la suite de leur conversation à la manière dont il la questionnait ; elle n’avait donc pas besoin de le faire mariner plus longtemps d’autant qu’elle avait bien compris désormais combien il était troublé. À ce sujet d’ailleurs, si elle avait parlé d’une voix dénuée de tout jugement, son regard trahissait un peu son incompréhension. « La régence, de toute façon, ne durera qu’un temps et quand Bohémond s’assiéra enfin sur son trône pour régner et non plus regarder d’autres le faire à sa place, ce sera la puissance de ton duché qui forcera le respect qu’il te portera. » Elle marqua une légère pause, avant d’expliquer enfin le fond de sa pensée : « Alcyne et Bathilde ne sont toujours pas mariées et Velteroc attend toujours son baron, » lui rappela-t-elle avec gravité.
Renaud d'Erac
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Ven 20 Déc 2019 - 12:28
Il était vrai que Neyrelles avait déjà vécu à Diantra lorsque son frère l'avait appelé. Pourtant y avoir déjà habité ne voulait pas dire que ça l'avait satisfaite; Mais bon ce n'était pas si important que cela. Il nota le sourire carnassier qu'elle eut après avoir expliqué les déconvenues qu'elle avait subis lors de son séjour à la capitale. Pour sur que les Brochant n'étaient pas devenus dirigeants de Serramire il y a très longtemps, cela s'était même fait du vivant d'Aymeric. Elle n'avait donc été "que" la fille d'un simple Seigneur avant d'arriver aussi haut. Un frère devenu Duc, puis Régent, et Duchesse pour une benjamine, intégrant l'une des plus ancienne famille péninsulaire, voila une belle ascension en peu de temps. Cela ne devait pas être au gout de bien des nobles jaloux ou l'enviant. Le nombre de tentatives pour la faire chuter ne devaient pas manquer. Pourtant, malheur à eux car elle avait apprit, et sa ruse l'avait aidé, ce qui faisait qu'aujourd'hui, même ses détracteurs devaient se méfier.
"Il est indéniable que tu as parfaitement endossé ton titre de Duchesse en tout cas, aide ou pas."
Il devait bien admettre cela, tout avare qu'il était en compliment. Il s'approcha à son tour du lit et s'assit dessus, de l'autre côté. Il allongea ses jambes devant lui, dos au mur, tout en continuant de scruter son épouse
"Tu as raison sur tous les points ! Il y a encore tant de choses à faire au sein du Duché, et devenir Régent me ralentirait forcément. De même, la Régence ne durera plus très longtemps, pourtant il reste suffisamment de temps pour nuire, et cela m'embêterait que ce soit moi."
Il n'avait pas envisagé de devenir Régent, même après la mort d'Aymeric. C'est quand le Concile avait été appelé à Diantra qu'il avait prit conscience de cela, bien tardivement comme l'avait gentiment soulevé Neyrelles. Il était cependant possible de tisser des alliances jusqu'au dernier moment
"Tu dis que je m'y prends trop tard, mais je pense que personne n'avait envisagé le décès prématuré de ton frère. Il est vrai que j'aurais sans doute du y penser dès l'annonce de sa mort, il éait inévitable qu'un nouveau Concile ne soit organisé."
Il soupira lourdement, conscient de tout ce qu'il n'avait pas encore réussit à faire. L'ampleur de tout cela le submergeait, mais il devrait bien s'en occuper, car après tout, c'était lui le Duc.
"Tu me conseil donc de ne pas postuler à la Régence, mais de m'atteler à renforcer la puissance d'Erac. Si je t'écoute, alors à ton avis, qui serait le plus à même de devenir Régent, et à qui est ce que je devrais donner mon vote ?"
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Sam 21 Déc 2019 - 17:36
Neyrelles
Le regard que dardait Neyrelles sur son duc taisait plus qu’il ne disait. Renaud était coutumier du fait, mais cette fois, la chose était différente : la Serramiroise elle-même aurait bien été en peine de décrire précisément ce qu’elle ressentait. À tout le moins, elle était interloquée. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il la questionnât aussi ouvertement. Cherches-tu à me tester ? l’interrogeait-elle en silence avant de chercher sa réponse dans les yeux de l’Eraçon. Elle savait sa peur de la voir un jour la trahir ; elle lui était chevillée au corps et ils étaient plusieurs à Erac à souffler sur les braises de sa méfiance. Ils murmuraient à son oreille et il les écoutait tous, puis il ressassait des heures durant leurs mensonges et leurs vérités, jusqu’à ce qu’il ne pût plus les différencier. Elle imaginait déjà son visage s’assombrir et ses lèvres se tordre en un mauvais rictus si elle s’aventurait à le presser d’apporter son soutien à Arnaud ; car c’était bien là le piège qu’il cherchait à lui tendre, elle n’était plus très loin de s’en persuader.
« Tu me prêtes des mots qui ne sont pas les miens, » répondit-elle en fronçant légèrement les sourcils. Elle choisit donc les suivants avec plus de soin : « Il serait prématuré de renoncer à la régence et plus encore de t’attacher à soutenir qui que ce soit ce soit. Tu sais trop peu et peut encore apprendre tant.
» Mon conseil pour toi, Renaud, est de bien prendre garde à ne point perdre de vue l’essentiel, ajouta-t-elle avec solennité. Tu ne peux pas passer les portes de Diantra demain habité par la seule peur de ce qu’un régent sans visage pourrait un jour entreprendre pour te nuire, quand ta route est déjà remplie de tant défis à relever. » Sa senestre vint attraper une mèche de ses cheveux et ses doigts jouèrent avec son sombre crin tandis qu’elle réfléchissait. « De toutes les façons, les choses ont changé depuis le premier Concile et personne ne laissera un second Aymeric s’élever. Je ne serais pas surprise d’apprendre que la régence échoie finalement à un fonctionnaire royal de moindre importance, comme a pu le devenir Constance. »
Elle parlait moins à Renaud qu’elle ne s’interrogeait elle-même à voix haute ; elle se rendit d’ailleurs compte que son regard avait lentement dérivé loin du visage de son duc. Ramenée à l’instant présent par la fin de sa tirade, elle reporta son attention sur le jeune homme, un fin sourire aux lèvres. Elle n’était guère habituée à s’épancher de la sorte en sa présence : d’ordinaire, quand ils parlaient de choses d’importance, c’était parce qu’elle l’avait voulu et elle avait toujours bien pris garde à ne provoquer ces occasions que lorsqu’elle était assez préparée.
« Ne penses-tu pas qu’il y a des questions bien plus importantes à trancher ? lui demanda-t-elle en guise de conclusion. Je gage qu’il y en aura bien un parmi vous pour évoquer les épousailles du Roi, par exemple. » Et la duchesse de pouffer, rattrapée par une autre pensée. « Si d’aventures c’est l’affection du Roi que tu recherches tant, voilà là une manière de l’obtenir et pour longtemps. »
Renaud d'Erac
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Mar 31 Déc 2019 - 7:32
Benjamin de sa fratrie et bien loin du titre de Duc qu'il avait endossé, Renaud n'avait pas été préparé comme il aurait dû. De plus, vu l'inaptitude de son père suite à son emprisonnement, et à la torture qu'il avait subit, il n'avait guère eut le loisir de conseiller son dernier fils, qui s'était hissé par ses propres moyens, allant jusqu'à tuer son frère de ses propres mains. C'est donc sur le tas qu'il avait apprit, et malgré les années passées, il était extrêmement loin d'un Aymeric. Il écoutait donc souvent les conseils que son entourage lui donnait, avant de tenter de choisir les meilleurs, du moins à ses yeux. Ne faisant confiance qu'à une seule personne, et encore pas de manière absolue, c'était très compliqué. Lorsqu'elle était décidée à lui prodiguer des conseils, Neyrelles en avait toujours donnés de bons, le soucis était de parvenir à comprendre le cheminement de son esprit
*Voila qu'encore une fois elle me rembarre. Peste ! que son esprit est tordu, ou suis je si benêt que je ne comprends pas la elle veut en venir*
Le Duc se triturait les méninges, et pas qu'un peu. Il ne comprenait plus; une fois elle semblait lui dire de ne pas briguer la Régence, et ensuite qu'il ne fallait pas abandonner trop rapidement. Le regard qu'il posa sur son épouse était rempli d'étonnement, la pauvre l'aurait peut être en pitié, à moins qu'elle ne le méprise pour son incapacité à la comprendre. Blessé dans son orgueil, l'amertume montait, et il dû faire un effort pour la refouler, sachant que le problème venait de lui. Malgré lui, il lâcha un soupir en disant long
"Tu me l'a répété plusieurs fois, j'ai bien saisi qu'il était trop tôt pour savoir quoi que ce soit, surtout vu les nombreuses questions sans réponse. Il faudra donc bien s'évertuer à rencontrer les pairs avant le Concile pour tâter le terrain, est ce cela ?"
Il se leva, et comme il avait souvent l'habitude de le faire, il commença à marcher en rond au bout du lit, se posant tout de même toutes ses questions qui ne trouveraient jamais de réponses avant quelques entretiens
"Mon alliance avec ton frère m'a été bénéfique, peut être qu'un pair aura intérêt à s'allier avec un autre pour que la Régence leur échoie. Mais à défaut d'un allié, un fonctionnaire serait un moindre mal" il balaya tout cela d'un revers de la main dans le vide "Mais soit, il me faut être patient."
Et voila qu'elle remettait une couche à tout le labeur dont elle avait déjà accablé Renaud. Marier le Roy, il est vrai que vu son âge, il était surprenant qu'il ne soit pas déjà fiancé. Il y avait pourtant une question de taille
"Marier Bohémond, voila qui est intéressant, mais comment trouver un parti qui serait suffisamment alléchant ? Et nous revenons au Régent, ce sera sans doute lui qui s'occupera de cela."
Il hésitait encore sur la signification de sa phrase, mais il brulait d'en savoir plus
"Il nous faudrait le marier à quelqu'un qui le lierait à Erac, c'est bien ça que tu sous-entendais ?"
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Mar 31 Déc 2019 - 17:49
Neyrelles
Son seigneur et maître s’agitait ; quand elle le vit se relever, Neyrelles comprit que ses propos, loin d’aider Renaud, ne faisait que l’agiter encore un peu plus. Elle esquissa une grimace légèrement contrite en pivotant sur elle-même pour pouvoir le suivre du regard. À la réflexion et tandis qu’elle se remémorait le fil de leur discussion, elle pouvait comprendre pourquoi il réagissait ainsi : s’il avait espéré que son épouse lui soufflât à l’oreille des solutions toutes faites, il avait effectivement de quoi être déçu. Et Neyrelles de se demander comment Robert d’Orfe procédait, quand il conseillait en privé son jeune suzerain.
« J’affirme qu’un tel mariage obligerait Sa Majesté à respecter son plus séculaire allié plus sûrement que plusieurs années de régence dévolues à le flatter, déclara-t-elle en essayant d’adopter un discours plus direct. Bohémond est jeune encore, mais tu as de toute façon tout intérêt à ce qu’il se dote au plus vite d’un royal héritier. S’il devait mourir avant, Alcyne hériterait de la couronne. » Elle retint le terrible sourire qui lui chatouilla les lèvres en songeant qu’à la place de Renaud, elle se répudierait très certainement au moindre doute sur la santé du Roi pour se ménager des noces avec la baronne de Hautval ; c’était sans doute le moyen le plus simple de — peut-être — éviter qu’à Erac se jouât la même farce qu’à Langehack, qui ne retrouverait peut-être jamais ses droits sur Scylla. « Il y aura bien d’autres choses à négocier, en sus de l’office de régent ; je ne doute pas qu’avant longtemps, c’est tout le conseil royal qui sera renouvelé. Il faudra prendre garde qu’à Erac échoie une charge à la hauteur des prétentions du duché, mais à ta place, c’est bien sur la couche du roi que je me concentrerai. »
Et la duchesse de commencer à réfléchir à la meilleure candidate pour ce rôle… avant de se figer, tandis qu’une pensée terrible la rattrapait. Il y avait bien quelqu’un qui lui venait à l’esprit, mais ce nom là, elle ne se sentait pas capable de le susurrer à l’oreille du duc. Alors elle le tût et pria Néera que Renaud n’y songea pas de lui-même.
Renaud d'Erac
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Sujet: Re: En amont du Concile | Renaud Ven 3 Jan 2020 - 16:52
Bien qu'ayant demandé confirmation, dès l'allusion au mariage du Roy avec une éraçonne, il y eut un nom qui s'inscrivit immédiatement en lettres rouges dans son cerveau. Un sourire mesquin s'imprima sur ses lèvres tandis qu'il tournait toujours en rond. Pouvait il seulement faire ça ? mais oui, qu'est qui l'en empêchait ? L'idée était lumineuse, et il finit par s'arrêter, plongeant son regard dans celui de son épouse, avec un sourire plus amical, et franc, qu'il y avait une seconde
*Pourquoi n'y ai je pas pensé tout seul ?*
Il était d'autant plus étonné que la réflexion de Neyrelles, si elle aboutissait, était on ne peut plus bénéfique pour Erac. Il ne parvint pas à se contenir lorsqu'il lui répondit
"Neyrelles, tu es une génie"
Les mots furent peu nombreux, mais les compliments "sincères" de la part du Duc étaient d'une rareté suffisante pour les relever. Mais la Duchesse parvint à assombrir le tableau, et à effacer ce sourire con qui s'était affiché sur les lèvres de son époux quand elle parla d'Alcyne
*Ses Ancenis seront ils toujours une épine dans mon pied ? La guigne que cet Aetius qui forniquait à tout va.*
L'idée même de perdre une terre vassale, après tous les efforts, et les sacrifices, qu'il avait fait était un supplice. Il espérait que son labeur à séduire (amicalement) les deux baronnes avait fonctionné, et qu'elles resteraient attachées à leur suzerain. Il faudrait qu'il pense à les marier, comme Neyrelles lui avait fait remarquer, des mariages matrilinéaire, c'était évident, mais Alcyne, prétendante au trône était une gageure. Enfin chaque chose en son temps, et à l'instant présent, c'était du Concile qu'il fallait s'inquiéter.
"J'ai entendu ton conseil, et je ne le mettrais pas de côté. Je vais tenter de m'y atteler avec diligence. Quand aux charges, j'ai déjà quelques noms pour les remplir, il faudra trouver celle qui serait le plus propice, sans léser nos confrères."
Il sentit un sentiment de désir monter en lui pour son épouse, ce qui était rarissime, alors qu'il se rendait compte qu'elle n'avait pas une seule fois mentionnée Serramire ou son neveu, et qui avait cherché à favoriser Erac.
Sujet: En amont du Concile | Renaud 
Jeu 12 Déc 2019 - 22:34
