Ne vous en faites pas, nous ne faisons que passer. [Dio]

5ieme jour, 2ieme énneade de Verimios

- Pourquoi le Morgal ? Le conseil est littéralement à deux pas.
- Contrairement à ma belle Ssinjin Ssin, je sais déjà que l'intelligence n'est pas la plus grande de tes qualités, Félinë." Le prima flatta l'encolure de la créature, laquelle, gueule hérissée de dents pointus, langue pendante, avait les yeux qui roulaient indépendamment l'un de l'autre dans leurs orbites dans une expression d'extase absolue.

- Je vous l'accorde, mais que comptez-vous faire exactement?  Sourcils froncés, indifférente à l'insulte que Char'rath venait de lui adresser et majestueusement campée sur le chemin du lézard, il paraissait évident que Shyn'tae attendait une réponse. Il était tout aussi évident qu'elle avait une petite idée de la réponse. Dans ces moments là, elle rappelait parfois au drow sa petite sœur.
- C'est évident pourtant. Métaphore vivante de la puissance d'Elda, je vais pénétrer dans la salle du conseil chevauchant ma redoutable monture.
- Vous ne pouvez pas faire ca, répondit-elle au tac au tac.
-Et pourquoi donc, Félinë?

La drow prit une profonde inspiration, et fit passer une mèche de cheveux mi court derrière son oreille.  Il y avait tant de raisons pour lesquelles elle préférait qu'il s'abstienne de tenter de faire rentrer Ssinjin Ssin au conseil des princes marchands. Aucune ne le convaincrait. L'oreille droite de Shyn'tae s'inclina légèrement… Peut-être…
- Parce que les portes des humains sont trop basses, Maitre Tael'Chath." répondit-elle simplement avec la même indifférence pragmatique.
L'expression amusée du drow se mua en pincement pensif. Ils se regardèrent dans les yeux un long moment. Ssinjin ssin roucoula. Finalement, au grand soulagement de sa partenaire, il démonta. Ses talons claquèrent sur le sol.

- Tsss… Me suggérer de me rendre au conseil avec ma belle Ssinjin, Fëliné…  C'était une idée déplorable, vous savez pourtant que la foule l'angoisse."
- Je…
- Nononon, ne t'excuses-pas !" Le doigt de Char'rath s'était posé sur ses lèvres noires pour l'interrompre. Elle n'avait aucunement eu l'intention de s'excuser, mais lui avait trop de moyens de pressions pour qu'elle s'offusque de quelque chose d'aussi mesquin. Le regard du mâle glissa sur la silhouette qui lui faisait face. Gracieuse, elle était vêtue d'une robe blanche asymétrique, qui telle une toge, passait au dessus de son épaule gauche. La droite était découverte, tout comme une bande entière de son flanc. Seules quelques chainettes d'or à la hanche retenaient la soie fine et plissée. Des bracelets du même métal appuyaient sur ses poignés, un bijou fin son cou et un ouroboros d'or blanc aux yeux de rubis décorait son bras droit, au dessus du coude. La robe ne cachait presque rien de sa cuisse droite couverte de scarifications. Des sandales de cuir aux talons fins attiraient l'attention ses jambes noires.

-Je vois que tu as fait des efforts pour ne pas me faire honte. Ca me fait plaisir que tu commences à comprendre qu'une propriété doit être à la hauteur de son Maitre. C'est très bien."

Comment faisait-il pour toujours parvenir à tourner chacun de ses mots de manière désagréable et condescendante. C'était un talent, décida la sorcière. Avec le recul, elle devait reconnaitre que ca devenait presque charmant. Comment avait-il fait pour survivre jusque là sans que quiconque ne lui plante un couteau dans le dos ? Peut-être ne mettait-il tant d'efforts que pour quelques élus assez chers à son cœur. En tout cas, un bref regard lui confirma que le garde du prima, attentif, s'était approché avec nonchalance. Au cas où peut-être. Elle ne portait même pas d'arme, si on omettait bien sûr le couteau attaché à l'intérieur de sa cuisse gauche. Il fallait qu'elle récupère son focalisateur, lequel pendait présentement à la ceinture de son vis à vis. Lui, identique à lui-même, portait une tenue de soie des plus élégantes.

- Vous savez trouver les meilleurs compliments. Une grande qualité pour un diplomate…
- C'est toi qui m'inspires, Félinë. Allons-y avant qu'on ne soit en retard.

Et sur ces mots, il se retourna d'un mouvement vif, sa longue tresse ornée de rubans brodés d'extraits de textes sacrés fouettant l'air, et s'éloigna sur ses hauts talons. Incrédule, Shyn'tae haussa les épaules, puis le rattrapa. C'était si dommage qu'il soit à ce point insupportable. Sinon il aurait pu être séduisant…

Lorsqu'ils franchirent les portes du palais, l'escorte de de la délégation se mit en branle. Le conseil était en effet littéralement à deux pas, le bâtiment mitoyen au palais de la défunte reine d'Elda. Lorsque, montant les marches menant vers la grande porte, Shyn'tae le rattrapa pour se placer à ses cotés, le Prima ne fit pour une fois rien pour l'en empêcher. Ensemble leurs pas claqua sur la pierre et les carrelages luxueux.
Après que Shyn'tae les ait annoncé, ils n'eurent pas à attendre longtemps pour qu'on les conduise jusqu'à la salle du conseil.

Les représentants d'Elda arpentaient les couloir d'un pas décidé et conquérant. La mission était censée être simple, chacun des deux espéraient que l'autre ne la rendrait pas plus compliquée qu'elle ne l'était vraiment.

Les drows avaient remarqué les trois morgals à l'entrée. C'était de belles bêtes, et Char'rath Tael'Chath avait une affection toute particulière pour les Morgal. Sa belle Ssinjin Ssin était bien évidemment au dessus du lot, c'était une Morgal qu'il avait sauvé d'un destin des plus funeste lorsque les prêtres de Zhak'bar avait estimé la créature trop peu digne de la fureur de leurs dieu. Dés le premier regard échangé, il avait su qu'ils étaient fait l'un pour l'autre, et, bien que d'un naturel un peu angoissée, Ssinjin Ssin avait toujours parfaitement servi le Prima.

- Ce sont de belles bêtes Fëliné.
- Appelez-moi Shyn'tae Vaen're quand nous serons devant le conseil, ou émissaire Vaen're si vous préferez, je vous en conjure. Sinon les humains n'y comprendront plus rien.

Le drow avait gardé le regard sur les Morgals en entrant dans le bâtiment.

- Celui qui a découvert ma passion pour les Morgals est très fort. Il cherche clairement à s'attirer mes bonnes grâces." Sa partenaire se contenta d'un soupir, ses oreilles s'abaissant piteusement devant tant d'égocentrisme.

Alors qu'ils avancaient dans les couloir, Shyn'tae placa dans sa longue chevelure une couronne de laurier délicate faite de fins laurier d'or. Elle l'avait retrouvée un fond de sa malle après une longue fouille des stocks du C'nros, toujours protégée par sa boite de bois precieux. La sorcière n'en avait saisi l'importance que ce matin même, en découvrant comment les Thaari se souvenaient de l'issue des jeux de Thaar. Le prima haussa une oreille devant l'étrange couronne... d'épine ?


- Voilà qui m'a l'air... fort pittoresque. Où donc avez vous obtenu cette couronne de Kiel ? Entre ses pointes et son poids, vous me semblez fort bien partis pour monter un culte en ces lieux.

Un visage étrangement neutre, avec un timbre tout aussi neutre. Raillerie ? Flatterie ? L'interessée, sans qu'elle ne s'arrête dans sa marche, haussa une oreille en regardant étrangement le Prima.

- C'est le trophée de ma victoire aux jeux de Thaar. Ce sont des feu... épines en effet. Un symbole de victoire dans ce Pays. Etrange n'est-ce pas? Elle pressa le pas.

Il se gratta le menton, et leva la tête à droite, à gauche, sa longue tresse se balançant au grè de ses mouvements.


- J'aurais plutôt dit... pittoresque. Tout comme la décoration de ce couloir."

Il s'arréta pour admirer le décorum. Sa main se porta sur le pommeau de l'épée à sa taille et il resta figé quelques secondes, les doigts tapotant sur la poignée, savourant l'effet qu'il faisait sur sa camarade, laquelle faisait de son mieux pour se montrer patiente et éviter de trop poser le regard sur l'arme.


- Un symbole de victoire, hein ? Remportée à la pointe de cette épée ?
- Techniquement, j'ai gagné en cassant la cheville d'un vieux d'un coup de pied alors qu'il tentait de me jeter dans de la lave. Il tenait mon bras droit dans une poigne de fer et je n'avais rien à mordre. Mais en effet, sans Eveil je ne serais jamais arrivée jusque là. Campée sur ses talons hauts, elle s'était déhanchée, la main droite posée sur sa hanche dénudée, sa cuisse ornée des textes sacrés dédiés à la maitresse des souffrance entièrement exposée. Au ton qu'elle avait employé, elle aurait pu tout aussi bien être en train de donner un cours. Les princes marchands les attendaient certainement. Il n'y avait aucune raison de ne pas consacrer un peu de temps à la discussion. Le daedhel jaugea la femelle de haut en bas, le regard s'attardant sur la couronne, sa taille et ses pieds.


- Celui que vous appelez le vieux, dîtes-moi, ce n'est pas l'ex Triumvir, héraut des cataclysmes Urgoll'ven ?
- Non, il était déjà au sol à ce moment là."
- Par vos propres soins ? Ou celui de l'humain ?
- Les deux m'avaient laissée pour morte. Ma magie les a mis à mal, l'humain l'a vaincu au corps à corps.

- Enfin, vous voici de retour drapé de vos oripeaux de victoire et arborant fièrement les instruments qui vous l'accordèrent. Ou presque," dit-il dans un sourire, ses doigts posés sur le focalisateur. Il passa devant la noirelfe avant de brusquement se retourner. La tresse prit son envol et vint caresser la joue, les rubans lui chatouillérent le nez. D'un geste élégant, il défit le ceinturon de la longue lame et lui tendit l'épée au fourreau par la poignée.


- Shyn'tae Varenrae, Championne de Thaar, Emissaire du Triumvira - et assurément disciple de Kiel - Puissions-nous en ce jour remporter la victoire comme vous le fîte autrefois." Sa comparse en resta interdite un instant, oreilles dressées et frémissantes, avant que sa main fine ne vienne se saisir lentement du fourreau, comme si elle craignait un piège. Elle ferma les yeux un instant, immobile, la lame à l'horizontale. Il la vit pousser un soupir, se détendre visiblement alors qu'il lachait l'objet. Il y avait tant de puissance, une source arcanique débordante à portée de main. Elle avait presqu'oublié ce que cela faisait. On s'y habituait.

Un sourire carnassier se dessina sur son visage.
- Allons-y, Emissaire

***

- Char'rath Tael'chath, Shyn'tae Vaen're, Emissaires du Triumvira Eldéen.

Les regards s'étaient tournés vers les deux Eldéens lorsqu'ils pénètrèrent dans la salle, leurs talons frappant le sol de marbre d'un même rythme. Ce n'était pas la salle du conseil, c'était dommage, Shyn'tae aurait aimé voir sa fameuse coupole d'or, de cristal et de pierres precieuses. Un objet qu'aurait apprécié Viconia assurément... Si elle avait été encore en vie.

Le regard de Char'rath glissa, froid et indifférent d'un prince à l'autre. Shyn'tae souriait, malicieuse. Elle reconnaissait au moins une tête. Le mâle était celui qui avait placé sa couronne sur sa tête. Alors, une fois que ses yeux carmins eut fait le tour de la place comme pour en apprecier la qualité, elle reporta son attention sur Diolando, et ne le lâcha plus lorsque, sa démarche aussi féline que son regard, elle vint prendre place à la table.

Sur le coté droit de son cou dégagé, ils remarquèrent tous la marque faite au fer rouge semblable à celles que portaient des esclaves. Mais il n'y avait aucune déférence dans l'attitude de la drow qui aurait pu laisser croire qu'elle en était une.

Char'rath Tael'chath fut le premier à prendre la parole. Il s'exprimait dans la langue Eldéenne. Les deux mains posées en pyramide devant lui, le prima élancait observait tour à tour chacun de ses interlocuteurs. A coté de lui, la championne de Thaar avait pris ses aises, jambes croisées, penchée en avant. Elle observait, ses oreilles tournées vers le prima sanguis.

- Princes, le monde change. Krish Al'Serat a trahi la confiance de notre père et n'est plus. Sa main guidée par Uriz, Sak'Esh Hune'Baenre, prêtre de la Sulfureuse et dorénavant Triumvir du Puy d'Elda a mis fin à l'existence de l'hérétique. Autour de lui la hautre prêtresse d'Uriz Diltree Xaran et Istryn Bail'Lana, doyen du conseil des Prima Sanguis se sont unis pour constituer un nouveau Triumvira." Il y eut une bréve pause, avant qu'il ne continue, sévère.


- Allons à l'essentiel, votre temps est je l'espère aussi précieux que le mien. Krish Al'Serat était aveuglée par l'amour irrationnel qu'elle portait pour l'Ithri'vaan, princes. Elle a fait preuve de faiblesse avec vous, et le resultat... Vous le connaissez tous. J'espère que vous comprenez... que le triumvira ne fera pas preuve de la même faiblesse.

Le coude posé sur la table, sa partenaire se redressa légèrement et prit la parole, dans un Olyan parfait quoique déformé par un accent Eldéen très prononcé.

- Mais le triumvira est également conscient de l'interêt mutuel que nous avons à maintenir une Ithri'vaan entièrement indépendante à nos frontière. Ensemble et respectueux nous nous renforcons. L'Elda ne change pas de course. Les dorniens ont massacré leur population humaine. Les dorniens refusaient l'influence des princes marchands. L'Elda ouvre Sol'dorn au commerce avec l'Ithri'vaan. De nouvelles opportunités pour vous. Mais en échange, l'Elda demande que vous prouviez que vous n'êtes pas, dans l'ensemble, des traitres prêts à mettre un couteau dans le dos de leurs amis, comme certains d'entre vous.

- Nous demandons simplement un droit de passage illimité pour les Osts Eldéens sur les terres des sept monts.

La déclaration de Diolanda avait été accueillie par un silence étonné par la délégation Eldéenne. La championne de Thaar avait haussé un sourcil et l'oreille pointue correspondante les yeux carmins définitivement fixés sur ceux du prince marchand, tandis que le regard du Prima était brièvement passé de l'un à l'autre.

Ca me semble une excellente idée !" Avait-il alors répondu. "Dans le cadre d'un accord satisfaisant bien sûr, le Puy pourrait consentir à cette intéressante requête."

Shyn'tae n'avait pas bougée, penchée sur la table, un sourire amusé dessiné sur son visage. Ses doigts prolongés des courtes griffes argentées glissa contre ses lèvres noires. Cette demande était-elle entièrement honnête, ou cachait-elle aussi la volonté de prendre un otage ? Savaient-ils qu'elle était la fille du Karliik Glenn? C'était certainement le cas, cela n'avait rien d'un secret. Connaissaient-ils leurs relations, et surtout, évaluaient-ils vraiment ce qu'il se passeraient si c'était effectivement l'idée qu'ils avaient et qu'ils décidaient de s'en servir ? Au vu des autres demandes, la sombre n'était pas certaine que les princes comprenaient vraiment comme fonctionnaient les Eldéens.

La voix suave et posée de la drow glissa dans la salle.

- Mais avant, je voudrais revenir sur les autres demandes. En effet, libre passage n'implique pas installation, je crois que c'est quelque chose auquel nous sommes prêts à consentir." Char'rath hocha la tête en accord. Mais il y avait un mais.

- Mais… Permettez. L'Eldéenne glissa la main sous la table pour produire une carte, qu'elle déplia avec dexterité. D'une main. Cela forçait le respect, même si le Prima avait négligemment posé la sienne sur un coin pour la retenir tout au long de l'opération. Elle se pencha alors sur le document, les griffes tracèrent des itinéraires puis glissèrent de cité en cité. - Les sept monts. Vous les connaissez-tous, et moi aussi. Approximativement Trois jours de marche sur la longueur, deux tout au plus sur la largeur. Comme son nom l'indique, des montagnes, des forêts denses. A moins que vous ne vous attendiez à ce que les Ost passent par les crêtes des montagnes, ils passeront par les axes routiers praticables, sur lesquels se situent également les cités, lesquelles sont toutes espacées par moins d'une journée de marche. Vous ne devriez pas nous faire des demandes que nous ne serons pas en mesure de tenir.Elle fit la grimace, avant de poursuivre, dans un Oliyan grammaticalement parfait mais fortement teinté de son accent. Après avoir subi son regard pénétrant, l'interprète se fit un devoir de traduire pour son collègue.

- Pourquoi à la place ne laisseriez-vous pas les septamontés faire honneur à la tradition Vaani et remplir les panses de tous ces soldats ? Nous savons être disciplinés, le siège de Sol'dorn l'a amplement démontré. Nous appliquerons les mêmes règles dans les sept monts que celles que nous avons appliqué à Frontière. Les soldats drows qui ne les respecteront pas subiront les mêmes sanctions. L'Elda est sévère envers ceux qui s'opposent aux desseins des dieux. Au passage, nous élargirons les routes, nous les stabiliserons. Qui plus est, vous savez manifestement où nous allons. Dois-je rappeler ce que la reine de Naelis vous a infligé ? L'Elda ne vous rendra certes pas ce qu'elle vous a exproprié, mais, tout comme à Sol'dorn vous serez à nouveau libre d'y commercer. Vous avez déjà tant à gagner et si peu à perdre…

Elle s'était à nouveau redressée, suave.

- Enfin, j'ai entendu parler de mercenaire. Non, vraiment, si vous insistez, je ne m'y opposerai pas, mais faire appel à des hommes d'armes ne fait qu'ajouter du risque. Nous connaissez-nous vraiment ? Nous sommes le conflit, nous l'aimons, le recherchons. Les adversaires ne nous découragent pas… Ils nous attirent. Moins nos soldats verront d'homme d'arme, moins ils seront susceptible de faire de dégâts. Accueillez-les avec des catins, mâles et femelles, plutôt que des mercenaires. Quelles chances les seconds auraient-ils d'arrêter nos Osts de toute manière ?

Peut-être souhaitaient-ils seulement préserver les apparences, mais ce navire là avait quitté le port lorsque le palais de Krish avait été attaqué.

- Quant à moi, Je me tiendrai à votre disposition, évidemment. J'ai déjà hâte, Prince. Les dents blanches de la sombre avaient glissé sur sa lèvre inferieure.

- C'est adorable, mais un dernier point. On m'a informé qu'une amende serait versée par certains.. Conjurés suite à l'attaque des possessions de Krish Al'Serat. Il me paraitrait raisonnable et délicieusement ironique que l'argent de ce... petit traitre finance l'œuvre des cultes Eldéens dans la cité.

"C'est envisageable, Prima, et le conseil abordera l’affectation de cette amende lors de sa session extraordinaire."

Le regard dudit Prima se concentra sur ses interlocuteur comme deux pointes d'acier en fusion, alors que tout le reste de son expression restait imperturbable. C'était la deuxième fois.

Il venait d'entendre pour la deuxième fois une manière détournée et un peu lâche de répondre non pour celui qui n'osait pas. Evidemment, les émissaires seraient parti bien avant ce conseil extraordinaire, et rien ne serait fait. Que des primates le croient trop bête pour ne pas s'en apercevoir n'était pas insultant, seulement déprimant. D'ailleurs la venue des émissaires d'une armée capable de raser plusieurs fois l'Ithri'vaan n'avait apparemment pas mérité une session extraordinaire.

Il toussota, aussi immobile qu'une statue . Les oreilles de la championne de Thaar se tendirent, agitées d'un frisson de la base jusqu'à l'extrémité. Shu aurait-elle pu dire dans des circonstances moins solennelles.

- Je peux rester… m'assurer que les arguments du Puy seront entendu lors de ce conseil extraordinaire.

Le regard de Char'rath se tourna vers elle, doucement, elle la scruta un instant.

- J'espère que tu sauras obtenir des résultats.

Était-ce de l'amusement dans sa voix ? L'Eldéenne hocha la tête soudainement soulagée que l'agacement du Prima se soit tourné vers elle.

Posant à nouveau son attention sur les Vaani, la sorcière se demanda à quel point elle pouvait leur faire confiance. N'avaient-ils pas gardé dans leurs rangs un prince qu'elle considérait traitre à leur propre cause ? Quelles étaient les chances que tout ce qu'ils avaient décidé ce jour soit entre les mains de Naelis sous quelques jours à peine. Char'rath et elle s'observèrent un moment avant qu'ils ne hochent la tête en direction de leurs hôtes.

- Vous êtes d'accord? Par ailleurs, les marchands d'Itrhi'vaan désirant récupérer les biens dont la reine de Naélis les a spolié feraient bien de profiter de l'occasion. Elle risque de ne pas se reproduire.

- Pour le reste, nous acceptons vos exigences quand aux trajets de nos troupes.

Elles n'étaient pas difficiles à accepter en définitive, vu que la route alternative passait par tout l'Ithri'vaan, et tenait lieu plus de la balade touristique que du trajet le plus rapide de Sol'dorn à Naelis.

La championne de Thaar hocha la tête à son tour.

- Je n'ai rien à ajouter.