Ebats aux chandelles [Modeste]

La flamme de dizaines de chandelles vacilla lorsque la brise du soir souleva les voilages légers et colorés de la grande ouverture qui occupait tout un des murs de la pièce. De l'extérieur parvenaient les sonorités mélodieuses d'instruments à corde. Les chandelles dérivaient lentement sur les bassins d'eau pure ornés de mosaïques aux couleurs chamarrées. Au milieu de la grande pièce, entourée par l'eau, une ombre se redressa un instant d'une large couche débordante de coussins aux couleurs chaudes finement brodés avant d'y disparaître à nouveau. Les chants de plaisirs de deux voix féminines résonnèrent à nouveau depuis le nid d'étoffe.

Devant l'entrée de la chambre gisaient pèle mêle soie noire et soie blanche, là où les deux amantes s'étaient précipitamment débarrassées de leurs robes. Tout contre la couche était installée une desserte qui portait deux verres de cristal,  recouverte de boissons, de fruits et de plats alléchants. L'épée de la drow, dans son fourreau usé, dépassait d'entre deux coussins, toujours à portée de main.

Talraë et Modeste n'étaient plus vêtues que de leurs bijoux et de leurs sandales. Le corps de la sombre vibrant encore du plaisir de la jouissance, elle était blottie contre la peau douce et soyeuse de l'humaine, qu'elle caressait de ses lèvres... Elle aimait toujour ce moment pendant lequel l'ivresse donnait à toute chose des couleurs séduisantes...

Ses doigts délicats effleurèrent délicatement un sein galbé. Nul besoin de parler, elle se sentait si bien. Tandis qu'elle se remettait de ses émotions, Maud appréciait cet instant de tendresse. On disait que les drows ne faisaient ni dans les sentiments ni dans la douceur mais ce n'était pas ce qu'elle avait pu constater avec son amante. Cette dernière se souciait presque plus du plaisir de sa partenaire que du sien et la belle prenait à cœur de lui rendre ce qu'elle lui offrait. Ces moments qu'elles passaient ensemble étaient à la fois plein de passion et d'attentions.

La jeune vaanie libéra un soupir de bien-être sous les baisers de Talraë alors que sa respiration était devenue plus régulière. Elle l'observa, détaillant la façon donc la couleur de sa peau noire se mariait avec la sienne, épousant ses formes, éclairant son propre teint... Elle observa leurs corps plus seulement parés que de leurs bijoux. Cette vision l'avait tant excitée pendant leurs ébats...

-Du nombre de fois où je me suis retrouvée nue contre quelqu'un, je ne me suis jamais sentie aussi habillée... Et aussi indécente à la fois, confia-t-elle dans un rire. Ses mains caressaient sensuellement le corps de sa partenaire, lui rendant la douceur encore emprunte du plaisir qu'elles avaient partagé et que la sombre lui communiquait à travers ses baisers.
- Encore un point commun... J'aime nous sentir indécentes..." Le rire de Talraë accompagna le sien et elle s'étira, telle un félin alangui, offrant au regard de son amante son corps orné d'or. La brune observa d'un œil brillant le spectacle puis se redressa pour se mettre en appui sur son coude. De cette position, elle détailla les courbes de Talraë étendues près d'elle et elle ne put s'empêcher de les toucher, comme envoûtée. Une main partit de sa cuisse pour remonter sur son ventre, puis ses seins. Ils étaient plus petits que les siens mais ne manquaient pas de charme.

La drow la gratifia d'un soupir, yeux clos. Ses oreilles se tendirent avec le reste de son corps.

Maud regarda ses doigts évoluer sur la peau noire de la sombre. Elle effleura le pourtour de cet immense bijou qui ornait tout le haut de son buste. De son côté, la brune disposaient de bijoux certes moins fastueux mais tellement plus riches que ceux qui reposaient dans le coffret de sa chambre. Le collier en argent remontait jusqu'au milieu de son cou et descendait en v jusqu'au tiers de son sternum. Ses deux poignets arboraient chacun un bracelet assorti large d'une quinzaine de centimètres. Ces ornements ne passaient donc pas inaperçus, surtout lorsqu'elle ne portait plus rien d'autre.

À son tour, Modeste se pencha pour déposer des baisers sur cette peau qui l'appelait encore. Arrivée entre ses seins, sa langue traça le pourtour de l'un d'eux avant que ses lèvres ne viennent en saisir la pointe pour embrasser le mamelon avec un soupçon de langueur. Puis elle se redressa pour retrouver le regard carmin de Talraë.

-Je crois que je ne me lasserai jamais de ton corps... Dit-elle alors que sa main reprenait ses caresses. Surtout dans cette tenue...

- Je m'habillerai comme ça.. plus souvent, alors... Le regard de la drow pétillait délicieusement. Voir Modeste l'admirer ainsi attisait le feu dans son ventre comme un vent fort pouvait attiser un incendie. Voir le corps de son amante tout aussi bien exposé propageait les flammes. Sentir ses lèvres sur son mamelon, ses caresses sur sa peau ne faisaient qu'achever de mettre à bas toute résistance. Mais comment pourrait-elle seulement vouloir résister?

Sa main se posa sur la chevelure brune, elle la flatta avec douceur, le désir dans ses yeux.
- J'ai qu'un seul regret... J'aimerais tant porter tes créations..."

-Elles sont bien trop légères et discrètes pour une telle occasion...

La sombre était restée cambrée, sa poitrine offerte. La vaanie ne se fit guère prier et se pencha de nouveau afin que sa bouche reprenne là où elle s'était arrêtée. Une jambe noire, plus bas, s'était délicatement logée entre celles de Modeste, son mollet décoré de rubans de cuir caressait ses cuisses sveltes en remontant peu à peu avec langueur. Elle gémit, son excitation palpable... Pourtant ne venaient-elles pas d'atteindre l'extase ? " Je suis... certaine qu'on pourrait repousser les limites... de l'indécence." C'était le désir qui parlait et l'humaine n'avait pas l'intention de l'apaiser. Elle laissa de nouveau sa langue trouver le chemin de sa peau où elle tourna autour du mamelon avant de s'éloigner en dessinant des arabesques invisibles.

-Pour moi, ce serait facile. Elle oeuvra de seconde de plus avant de continuer. À ton échelle à toi, ce serait plus dur j'imagine. Conclut-elle dans un sourire, reprenant sa tâche avec dévotion, se retenant d'y mettre de la ferveur afin d'aguicher son amante. Cette dernière, les yeux mi-clos, le coeur battant, s'offrait en spectacle à sa belle.

Elles avaient à peine effleuré le sujet du sexe à Elda mais, de ce qu'elle en avait appris, ce qui était impensable pour elle était des plus commun aux yeux de Talraë. Faire l'amour en publique, laisser d'autres s'inviter à la fête, accepter de s'offrir à des inconnus. Autant de choses que Modeste n'avait même jamais considéré comme étant du domaine du possible.

- Commençons... par toi... alors... Et puis... même pour moi... on est à Thaar... pas au Puy... Sa cuisse s'était logée contre l'entrejambe de Modeste, qu'elle massait maintenant au rythme de ses délicieuses succions. - J'aime voir... leurs regards choqués... jaloux... lorsqu'on s'embrasse... Devant eux. Cette phrase eut le mérite d'étirer un sourire sur les lèvres de l'humaine qui continuait de prendre la peau de Talraë pour une feuille de papier sur laquelle laisser s'exprimer son esprit créatif. Ses monts étaient désormais entièrement recouverts de ses dessins imaginaires et elle descendait sur son ventre.

-J'avoue que... j'ai plutôt hâte... de voir ce que tu me réserves... Avoua-t-elle. J'ai l'impression... que tu pourrais... me faire faire... n'importe quoi... pour mon plus grand plaisir.

- C'est.. un défi ? Sa jambe s'appuyait plus fort contre l'intimité de son amante.Suis obligée... de le relever... La vaanie ne dit rien. En vérité, si elle se demandait ce qu'il pouvait bien l'attendre, elle avait aussi envie de garder la surprise. Jusqu'alors, elle n'avait jamais eu à se plaindre de ce que la sombre lui faisait subir... La main de cette dernière sur la tête de Modeste tenta de glisser plus bas, mais l'humaine lui échappa. trop bas sur son ventre. - Tu es une bonne élève... passionnée par son sujet... attentive...

-J'ai eu... le meilleur... des professeurs. Dit-elle à l'attention de son amante. Elle qui ne connaissait rien au plaisir entre femmes, elle était en train de devenir une experte. Sans parler de leurs petits jeux qui parvenaient à décupler le désir et le plaisir en même temps et qu'elle serait prête à appliquer désormais avec n'importe quel partenaire. Elle en avait déjà fait, bien sûr, mais rien d'aussi osé. Pour ma première fois... j'ai choisi... un ami de ma mère... un prêtre d'Arcam. Il m'a donné... goût à la chose... Et toi tu... l'as décuplée. Alors qu'elle descendait lentement sur le corps de Talraë, ses lèvres prirent soudain possession de son sexe avec langueur et passion, embrassant, aspirant et caressant de sa langue son clitoris gorgé de désir. La drow l'avait déjà si souvent enivrée de la sorte qu'il était aisé d'en faire de même à présent. Et l'effet sur sa partenaire fut immédiat. Elle se tendit, un miaulement franchit ses lèvres, ses gracieuses cuisses d'ébènes ouvertes pour la belle humaine qui apprenait si bien... La sombre ornée d'or saisit entre ses doigts un coussin, sa voix tremblante guidait Modeste comme une professeur une élève. Mais cette fois-ci, le sujet était son corps et son plaisir. Son bassin se soulevait, dansait contre les lèvres qui la faisait vibrer de plaisir, incitant la brune à continuer encore et encore.

- Tu me rends... insatiable... Je veux le décupler encore ! Ses mots entrecoupés de chants de passion résonnaient dans la pièce luxueuse... Insatiable, une petite voix sournoise lui signala qu'elle l'était peut-être déjà un peu... Mais Modeste semblait capable de lui faire oublier toute raison.

-C'est réciproque... S'interrompit brièvement la vaanie avant de reprendre aussitôt sa tâche. - Oh oui... s'il te plait... Maud... chanta son amante en retour. Et tandis que sa bouche harcelait désormais son clitoris, deux doigts s'immiscèrent en elle pour entamer une série d'allées et venues, d'abord lente, puis s'accélérant à mesure que le plaisir de Talraë augmentait. Toutes les réactions de son amante la poussait à continuer. Elle voulait entendre encore sa voix, elle voulait la voir encore s'agiter sous ses assauts, elle voulait la savoir toujours plus fébrile sous ses lèvres, elle voulait sentir ses spasmes intimes sur ses phalanges tandis qu'elle jouissait... Alors elle demeura entre ses cuises noires, cajolant l'intimité de la sombre avec passion. Après un moment, sa main libre s'échappa et remonta le long du corps de sa partenaire pour venir se saisir d'un sein. L'Eldéenne avait finalement relâché le coussin et s'empara de l'autre de ses monts. Maud serra le sien avec envie alors qu'elle aurait voulu pouvoir se trouver en même temps sur lui et sur le sexe de Tarlaë. Tout en travaillant le mamelon, elle piégea une pointe entre deux de ses doigts et la titilla en au même rythme. La drow copiait ses gestes, ses doigts jouaient, pinçaient, tirait, peut-être plus fort que Modeste n'aurait osé. Que la sombre approche de l'orgasme et sa partenaire accélèrerait la cadence de ses vas et viens, attentive à ce qui lui procurait le plus de plaisir afin de lui permettre d'exploser enfin...

Et elle accéléra, alors que les miaulements de sa panthère devinrent des cris. Modeste la sentit se retenir, lutter pour faire durer les choses et elle la travailla d'autant plus fort pour augmenter tant sa contrariété que son plaisir. Puis la jouissance l'emporta malgré tout, comme une vague irrésistible qui emporta ses digues. Maud ! Tendue comme un arc, magnifique autant qu'excitante, elle chanta son plaisir. La brune continua ce qu'elle faisait jusqu'à ce que la voix de Talraë commence à redescendre. À cet instant, ses gestes changèrent. La fouge fut lentement remplacée par la langueur, la passion par la tendresse, la vigueur par la douceur. Lorsque la noirefle fut finalement apaisée, elle adressa un dernier baiser à son clitoris, un dernier va et vient en elle, une dernière caresse à son sein puis remonta au-dessus de son amante. Son visage souriant retrouva le sien. Elle s'allongea sur elle, s'appuyant sur ses coudes et effleura sa joue du revers des doigts. Talraë l'enlaça de ses deux bras. La chaleur comme le poids de la jeune femme tous deux délectables contre sa peau.

-C'est la première fois que tu cries mon nom au moment de jouir... Remarqua la brune, ignorant si cela pouvait avoir une signification quelconque.

- Je... Il aurait été dur de savoir si l'Eldéenne avait rougi. En tout cas, ses oreilles s'aplatirent comme celles d'un chat pris en flagrant délit. Elle avait seulement suivi l'inspiration du moment, et c'était ce qui lui était passé par la tête. "C'est grave ?" murmura-t-elle finalement, l'air gênée, ivre de la jouissance. Sa mine tranchait avec l'allure décidée que Modeste lui connaissait si souvent, mais elle n'était pas moins adorable ainsi.
Ce n'était pas vraiment la réponse à laquelle elle s'attendait mais la jeune humaine n'en montra rien. Elle sourit et se pencha pour l'embrasser.
-Pas du tout. Je le remarquais juste.

Leurs lèvres se touchèrent, Talraë se laissa emporter dans un baiser plein de tendresse. Modeste avait son goût dans la bouche. Elles avaient été tant de fois sauvages, fougueuses, pressées... Ni l'une ni l'autre ne paraissait vouloir faire cesser cet instant pendant lequel le temps semblait s'être arrêté.
La vaanie ne pouvait pas lui dire qu'elle espérait quelque chose. Elle-même se rendait seulement compte de ce qu'elle aurait voulu à travers sa déception... Déception qu'elle cacha admirablement afin de ne pas risquer de commettre un impair qui lui coûterait son amie. Talraë quant à elle ne parvenait pas à trouver les mots pour exprimer ce qu'elle ressentait. Une sensation dissonante rôdait à la périphérie de ses pensées. Pourquoi l'avait-elle appelée ? C'était à elle qu'elle avait pensé. C'était à elle qu'elle avait pensé lorsqu'il s'était s'agit de quitter le conseil, c'était à elle qu'elle pensait maintenant.

L'Eldéenne serra son amante un peu plus fort contre elle. Une peur qui n'avait pas de sens s'était nichée en elle... Celle de perdre Modeste. Elle, une humaine, était si proche de la perfection.

- J'ai tellement de chance... Finit-elle par chuchoter, le regard brillant, avant que leurs langues ne se rencontrent à nouveau. La joaillière aurait voulu lui demander en quoi elle avait de la chance mais elle n'en eut pas l'occasion, se laissant volontiers aller à cet instant bien plus tendre que tous ceux qu'elles avaient partagé ensemble. Jusque là, elle s'étaient surtout embrassées pour se témoigner leur attirance, pour s'aguicher ou par ivresse du désir. Mais là, il n'en était nullement question. C'était juste... un moment rien qu'à elles. Un moment qui dura plus longtemps que l'une ou l'autre ne l'aurait cru. Elles se sentaient tout simplement bien ainsi, partageant baisers et caresses, si non chastes, au moins douces.
Finalement, le frais regard de Modeste retrouva le rouge vif des iris de Talraë. Front contre front, la jeune femme n'avait pas envie de s'éloigner d'elle alors qu'elles s'embrassaient depuis de bien longues minutes désormais. C'était comme si elle n'en avait pas encore eu assez... Comme si elle aurait pu continuer ainsi toute la nuit. Leurs longues chevelures d'ombre et de lumière, ornées d'argent et d'or se mêlaient sur leurs peaux chaleureuses. Elle pivota légèrement afin de s'étendre aux côtés de son amante et se blottit contre elle, la tête logée dans le creux de son épaule, une main effleurant sa peau avec douceur. Pour l'instant, elle était rassasiée de son corps.
Pour l'instant.

C'était au tour de la drow de dessiner de délicats tracés sur la peau nue et blanche. Ses doigts, quittant le creux de son nombril, avait entamé le parcours de son ventre avec lenteur et tendresse.
- Je serais si heureuse de t'inspirer, de t'offrir mon corps pour que tu l'habilles de tes bijoux... hmm... et de rien d'autre... L'Eldéenne se tut un moment, ses doigts effleurait amoureusement cette peau si douce. Qu'est ce qui t'en empêche ?
-Hummm... Le fait que je n'ai plus d'atelier ? Demanda rhétoriquement Modeste sur un ton léger et même un brin comique. Elle n'avait pas envie de parler de cela et de tout ce qui en découlait mais cela faisait deux fois que Talraë abordait le sujet... Et elle savait déjà que la boutique n'était plus à elle apparemment. Après tout, elle avait dû la chercher là-bas et était donc tombée sur Azhim qui devait certainement être contrarié par son départ...
- J'ai vu... Tu veux parler de ce qu'il s'est passé, déesse de ces nuits ? La main de sa compagne s'était posé sur la taille fine de Modeste, qu'elle caressait, rassurante. Elle avait une petite idée sur la question évidemment, mais préfèrait de loin entendre son histoire de sa bouche. L'humaine laissa échapper un soupir. Non, elle n'avait pas vraiment envie d'en parler mais peut-être que lui exposer ses mésaventures pourrait lui faire du bien. Surtout après tout ce qu'elle avait appris sur elle ces dernières heures, pouvait se permettre de ne pas répondre à une simple question ?
-Que veux-tu qu'il se soit passé ?... Dit-elle avait lassitude. J'ai encore fait une bêtise. J'en avais... vraiment besoin et il l'a vu, évidemment. Il n'a pas eu à insister beaucoup et moi... Même si je savais que c'était une bêtise, je n'ai pas pu résister. Il n'y avait aucune animosité dans sa voix. Elle était seulement triste et déçue d'avoir échoué. Elle avait conscience qu'elle n'exprimait pas -pour l'instant en tout cas- la raison de ce "besoin" mais autant qu'elle en finisse avec cette part de son récit qui était pour le moins désagréable. Du coup, il est devenu plus possessif que jamais. Il fallait que je parte. Donc, un matin, je suis venu avec ma mère pour qu'elle m'aide à récupérer mes affaires et s'assurer qu'Azhim ne commettrait pas d'impairs et je suis passée par un notable pour lui revendre ma part de la boutique. Voilà.

Talraë resta un moment contre la demoiselle, sa main caressait tendrement sa taille. Pourquoi la détresse et la colère de son amante résonnaient-elles ainsi en elle. Des idées de vengeance traversaient son esprit, elle les rejetait une à une, insatisfaite. Elle connaissait bien trop mal Azhim, et n'avait guère envie de mieux le connaitre. De plus, c'était à Modeste de décider.

La main de la drow remonta, effleurant ses côtes une à une, jusqu'à son épaule, puis son cou qu'elle effleura doucement du bout d'un doigt fin.
- Il t'a dit quelque chose pour essayer de te faire rester ? et... est-ce que tu lui en veux ? Sa voix n'avait en rien changé, douce, mélodieuse, curieuse, curieusement dépourvue de toute agressivité...
-Evidemment. Il ne voulait certainement pas que je m'en aille. Mais la présence de ma mère l'a dissuadé d'insister trop lourdement. Elle n'est pas du genre... Très chaleureuse. Ces derniers mots eurent au moins le mérite de lui étirer un sourire malgré la conversation qu'elles étaient en train d'avoir. Elle aimait énormément Elros mais il fallait lui reconnaître son caractère peu avenant et son regard perçant qui l'avaient un peu refroidie au début. Pendant un moment, c'est à moi que j'en ai voulu. Je m'en suis voulu de ne pas m'être rendue compte de ce qu'il se passait... Qu'il s'était emballé avec cette histoire de boutique pour être plus proche de moi en espérant que je lui succombe enfin. Il y a cru un peu plus quand j'ai couché avec lui la seconde fois. Alors la troisième... Elle expira plus fortement. Même si ces remords la hantait encore, tout cela devenait peu à peu de l'histoire ancienne. Et puis je me suis dit que je n'avais pas à me reprocher l'obsession d'un autre. Je n'ai pas su le déceler ni le remettre à sa place, tant pis pour lui et tant pis pour moi. J'ai peut-être perdu mon rêve mais au moins tout ça c'est fini.

Son amante se retourna doucement pour lui faire face, et, passant une jambe d'ébène et son bras gracieux autour d'elle, l'enlaça tendrement, rassurante. Sa poitrine appuya contre la sienne, ses doigts frôlaient le creux de son dos.
-Que voudrais-tu faire maintenant ?

Un long silence suivit la question de la sombre. Que voulait-elle faire ? Elle n'y avait pas réfléchi. En fait, elle n'arrivait plus à réfléchir.

-Je n'en sais rien... Pendant un temps, j'ai pensé rouvrir ma propre boutique mais je ne m'en sens pas l'énergie. En ce moment, je ne sais plus ce que je veux. Je n'ai même plus d'inspiration. Je ne sais pas si tu as vu les croquis dans mon salon... Ca fait des jours que j'y travaille. Aucun n'est fini, aucun ne me satisfait, aucun de ne me donne d'idées pour l'achever... Je ne sais même pas quelles couleurs y mettre...

Les yeux carmins de Talraë parcoururent un moment son visage en proie au doute, un sourire tendre ornait ses lèvres. Sans en être certaine, la drow croyait comprendre ce qui freinait son amante. Cette culpabilité, l'association de ses rêves avec cette expérience. Ses lèvres vinrent trouver les siennes en un baiser qu'elle espérait sécurisant, mais que le désir envahit peu à peu. Modeste y était réceptive, évidemment. Se replonger dans toute cette histoire réveillait ses appétits, ce besoin de se libérer l'esprit de ses fantômes. La drow en fut rassurée, heureuse de sentir le désir apparemment insatiable de la jeune femme.

- Désolée... Je trouve excitant de t'imaginer incapable de résister à tes désirs... Qu'est ce qui les a suscité, merveilleuse création d'Isten ? La drow était-elle vraiment désolée ? A voir son expression charmée, à entre sa voix chargée de sensualité et de malice, on pouvait en douter. Elle voulait tant savoir sur la belle.
-C'est une histoire plus longue encore... Soupira-t-elle. Cependant, devant son insistance, elle continua. Pendant ce temps la main de l'Eldéenne glissa de son dos au long de ses hanches, en traçant les angles, jusqu'à ce qu'un doigt frôle l'intérieur de ses cuisses, encourageant. Je t'ai déjà parlé de ma mère mais... En fait, il s'agit de mes deux mères. L'une est à demi zurthane et l'autre est une elfe. La première est prêtresse d'Arcam et la seconde mercenaire. Elles m'ont recueillie quand j'avais sept ans. Il y a quelques années, on a recherché ensemble les traces de ma véritable mère et on n'a trouvé que sa tombe dans un cimetière de Baaz'Hima.

Talraë s'arrêta un instant dans son geste, la laissant continuer. Une enfant perdue pour deux mères... Les humains mourraient facilement, se rappela-t-elle. Les drows aussi, ajouta-t-elle intérieurement. Elle ressentit un instant la sensation qui avait collé à ses os lorsqu'elle avait appris la mort de Viconia, la seule drow qu'elle pouvait réellement qualifier d'amie. Etait-ce pareil pour une mère ? "Je suis désolée..."
Modeste se serra un peu plus contre la drow à la seconde où elle avait interrompu ses caresses. Elle en voulait encore. Elle voulait se détacher de ses propres paroles, oublier ce qu'elle ressentait en chassant ses mauvais sentiments par le désir... C'était aussi quelque chose que la drow comprenait si bien... Lorsque ce ventre se pressa contre sa main, elle reprit ses caresses.

-Merci. Je savais qu'il y avait peu de chance que je la trouve en vie. Ses maîtres ne... s'en occupaient pas très bien. Ils m'ont arraché à elle alors que je devais avoir trois ou quatre ans. Une bouche de moins à nourrir je suppose. Depuis qu'on l'a retrouvée, je fais régulièrement le trajet pour entretenir sa tombe et Elros, ma mère mercenaire, y passe chaque fois qu'elle est dans les environs. Et... Quelques jours après ton départ le mois dernier, elle est revenue avec quelque chose... Une parchemin qu'elle a trouvé sur sa tombe.

Son amante l'écoutait, la tête posée sur un coussin, ses lèvres adoraient sa mâchoire, comme un encouragement à continuer. Leurs corps ornés d'or et d'argent enchevêtrés, Modeste la sentit trouver sa perle encore gonflée par le désir. Ses caresses contre cette dernière étaient pleine de douceur. L'humaine gémit à ce contact, de plaisir, de satisfaction et de soulagement aussi. Elle continua son récit, bien qu'avec un peu plus de difficultés à mesure que la sombre lui faisait du bien.

Une oreille elfique caressa sa joue alors que Talraë redescendait souplement jusqu'à son cou, traçant son chemin de baisers aimants.

-Il... n'y avait qu'un... qu'un mot sur le papier. Mon prénom. Avec un point d'interrogation. Personne ne me connaît... J'ai eu peur. Et puis... j'ai répondu... On a échangé quelques... messages. Il disait être... mon frère... Il a demandé à me rencontrer. La brune se laissa rouler sur le dos, écartant les genoux pour laisser libre accès à l'ensemble de son corps à sa partenaire. Continue... Dit-elle dans un souffle suppliant.

Ses jambes ornées d'or et de cuir frôlèrent sa peau alors que Talraë se plaçait au dessus de son amante. Le contact qu'elle maintenait avec sa perle s'était interrompu un trop long instant. Lorsqu'il reprit, le pouce de l'Eldéenne se glissa aussi en elle pour la soulager.. ou était-ce pour attiser son désir ? Toujours était-il que Modeste libéra un gémissement à cette intrusion en elle. Les lèvres noires atteignirent bientôt sa poitrine que la drow couvrit de baisers. Puis, sa langue frémissante en découvrit les pointes froides. Elle ne disait pas un mot, mais ses oreilles dressées pointaient dans sa direction.

-Je l'ai vu... Plusieurs fois... Je ne... sais pas si... si je dois... le croire, han... Mais son... son prénom me... trouble. Ma mère... me parlait d'un... d'un sauveur... Quelqu'un qui... viendrait... nous... délivrer. Et c'est son nom. Sauveur.

-Je me méfie... des sauveurs... articula la drow entre deux coups de langue. Ses dents se saisirent délicatement du téton qu'elle entreprit de suçoter. Son pouce glissa plus loin dans sa chair avenante, jusqu'à ce qu'il trouve le recoin de son sexe que son amante aimait tant voir caressé. En rythme avec les pressions sur sa perle, la drow le massa. "Il est comment, ma merveille ?" murmura-t-elle avant de reprendre possession du téton qu'elle lui offrait. Modeste étira un sourire amusé. Les traitements de sa partenaire avaient décidément le don de lui faire oublier ses tracas.
-Pourquoi ? Intéressée ?... Plaisanta-t-elle avant de finalement lui répondre. Grand. Musclé. Les cheveux... bruns. Les yeux... bleus... et gris mais... avec... une masse sombre... dans l'un... La daedhel tira plus fort sur le téton dressé, et le relâcha finalement. "Je pensais à son caractère... Mais maintenant que tu le dis... Il fait envie..."  Son doigt se retira, puis revint en elle, une fois, puis une autre, encore et encore, provoquant de plus en plus de gémissements chez son amante. Son corps frôlait le sien, les pointes des seins tendues de la sombre glissèrent contre son ventre qu'elle couvrit de baiser. Sa prochaine action fut évidente lorsque sa tête se glissa entre les jambes gracieuses. Et Modeste de la regarder faire, se délectant déjà de la suite... "Et toi ?" murmura-t-elle simplement, juste avant d'aspirer son clitoris entre ses lèvres noires. C'était la voix la plus sincère de ses désirs que l'Eldéenne voulait entendre.
-S'il n'y avait pas... cette histoire... de fratrie... Peut-être. Maud attrapa deux coussins et les plaça derrière sa tête, s'installant pour pouvoir mieux observer Talraë penchée sur elle, en train d'œuvrer pour provoquer plus en plus de plaisir en elle. Les yeux de la drow pétillaient, fixés sur les siens alors qu'elle œuvrait, inlassable. Il est... plutôt gentil... un brin ténébreux... convaincu que je... suis bien sa sœur. Il semble... rait... que je ressemble... à notre mère. En brune...

La chaleur se répandait de plus en plus dans le ventre de la belle qui peinait à articuler et même à aligner des pensées cohérentes. Elle glissa une main dans les cheveux de la sombre, tant pour les écarter de son champ de vision que pour l'inciter à continuer.
-Tu me fais... tellem-han ! De bien... Tellement...

Le frisson de plaisir qui parcourut Talraë de ses oreilles effilées jusqu'au bout de ses pieds ornés de cuir en entendant ce compliment enchanteur... trop peut-être ? Non cela ne pouvait être trop, décida-t-elle. En gémissant avec son amante, elle redoubla d'efforts. Un deuxième doigt rejoint le premier pour se glisser dans la fleur délicate et y danser.
- C'est... comme ça... que je te préfère... La panthère se replongea sur sa proie une fois encore. "Ca.. ne stimule pas... ton imagination?" articula-t-elle entre deux succions passionnées.
-Pour... t'habiller... de bijoux... de tenues... indécentes... Si... Me rendre... plus désirable... à tes yeux... Aussi... Et... Ça.... Elle caressa la joue de la sombre en train d'œuvrer entre ses jambes. Ça serait... le meilleur... des paiements.

Modeste récupéra le bras invalide de Talraë et le posa sur l'un de ses seins. Elle le fit se mouvoir sur son mamelon tel qu'elle aurait voulu qu'il en soit capable, caressant, malaxant, pinçant doucement sa pointe durcie de plaisir. Tout cela en suivant le rythme des allées et venues de son amante en elle, son bassin ondulant avec elle, les doigts de la sombre étant ses partenaires.

L'Eldéenne l'admirait agir. Son bras s'anima faiblement pour accompagner ses mouvements, incapable de plus que les caresses que guidaient Modeste. L'entendre, la voir la manipuler ainsi pour son plaisir était source d'une délicieuse euphorie. L'humaine la vit, logée entre ses jambes, sans jamais la quitter des yeux, s'installer à quatre pattes comme un grand félin, et, cambrée, dresser les fesses dans une posture lascive dont l'humaine était la seule bénéficiaire.
- J'ai envie... d'un atelier à nous... une boutique... où on trouverait les plus magnifiques... et indécentes... des créations... Elle abandonna la petite perle, et, lorsque ses doigts se retirèrent, sa langue vorace les remplaça pour laper jusque dans son coeur, son nez élégant logé contre son clitoris. Modeste laissa sa tête basculer en arrière quelques instants avant de se redresser pour trouver à nouveau le regard carmin de la prédatrice entre ses cuisses.
-C'est une idée.... Avoua-t-elle sous l'effet du plaisir. Mais j'aurais... tant de tensions... à évacuer... tous les jours... Surtout si... tu es... mon modèle...
- L'idée... me plaît... d'autant plus... Ses mots entrecoupaient ses coups de langue, l'occasion pour elle de reprendre sa respiration avant de se plonger encore dans le temple du plaisir de la jeune femme.

Le frisson de l'orgasme l'approchait toujours de plus en plus, semblant vouloir éclater mais, finalement, il se repoussait encore, offrant toujours plus de plaisir à l'humaine qui criait maintenant sous chaque attention de sa partenaire. Voir la peau noire sur elle, sous elle, c'était si excitant... Leurs bijoux tels des ornementations pour femmes de charme... C'était un jeu de rôle qui lui plaisait assez. Mais saurait-elle l'avouer ?

-Je ne... regretterai... pas... ce parte... nariat... au moins. Ses cris s'intensifiaient de plus en plus, comme s'il ne manquait plus grand chose pour qu'elle explose. Si bon... Si b...

- Jouis pour moi... comme une déesse du plaisir..." chanta une dernière fois l'Eldéenne avant de glisser sa langue au plus profond d'elle, à la recherche du recoin source de tant de plaisir chez son amante. Sa tête ondoyait, sa chevelure dansant contre son visage concentré, son nez frottant contre son bouton de plaisir. Toute son énergie dirigée vers l'extase de la belle, Talraë ne pouvait plus respirer, mais cela n'avait aucune importance. Elle ne désirait rien d'autre que l'entendre chanter, crier, en proie au plaisir. Et, comme si elle n'avait attendu que son ordre, Modeste se redressa soudain, propulsée par une vague puissante qui l'emportait enfin. Sa voix emplit la pièce et jusque dans la cour où se jouait la musique lascive qui les berçait depuis leur arrivée. Sa jouissance fut intense et longue tandis qu'une tempête déferlait dans son corps avant de se calmer presque aussi vite qu'elle était apparue. Son corps s'écroula sur la pile de coussins qu'elle avait placé là un peu plus tôt. Son souffle était si court... Elle avait du mal à toucher à nouveau terre, son intimité encore en émoi après ce que Talraë lui avait fait subir.

Ce fut au tour de la drow de se glisser, lascive et féline contre son corps chaud et délicieusement tremblant de la belle humaine. Elle était si belle ainsi après l'extase, ainsi décorée d'argent. Talraë ne s'imaginait pas se lasser de sitôt... Qui aurait imaginé que le hasard d'une rencontre se conclurait ainsi... La drow sur l'humaine comme l'humaine avait été sur la drow moins d'une heure auparavant, les petits seins de la drow appuyés sur ceux, galbés, de l'humaine, leurs bassins liés, leurs jambes enchevêtrées... Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau pour un baiser langoureux. Talraë partagea son goût avec elle, longuement, si longuement.
- Si bon... Je ne voudrais pas que tu regrettes quoi que ce soit... jamais. J'aime tant.. ce que tu es... ce que tu pourrais être... Voir ton corps ainsi mis en valeur... j'aime tant... La sombre hésita. Risquait-elle de lui faire peur si elle continuait ? Pourquoi craignait-elle de la perdre ?
- être ornée comme une esclave de plaisir qui serait tienne... chuchota-t-elle, l'excitation perceptible dans sa voix.

Modeste était intriguée par l'une des phrases de son amante mais cette dernière l'effaça soudain... Au lieu de se montrer choquée, ses yeux s'écarquillèrent légèrement, scintillants. D'une main, elle écarta les cheveux de la sombre pour poser ses doigts sur sa joue. Et elle lui répondit, chuchotante et tremblante à la fois dans une confession qu'elle ne pensait pas faire un jour.
-Je croyais que c'était moi qui était la tienne...

À ces mots, elle l'embrassa avec langueur, enlaçant un peu plus ses jambes avec les siennes. L'idée lui plaisait... Tellement... Elle sentit le corps de la drow trembler, se tendre, les mots de son amante la touchant au coeur, et le baiser langoureux devint sauvage. Lorsqu'elles se séparèrent, leurs yeux brillaient.

-J'aime ce que tu me fais subir... J'aime quand tu me tortures, que tu me mettes au supplice... Et m'y soumettre. J'aime te procurer autant de plaisir que tu en réclames... Avec toi, j'ai l'impression que je serais prête à tout tenter, tout essayer... Du moment que nous y prenons toutes les deux du plaisir...

- J'aime que tu me fasses belle, que tu m'ornes, j'aime me soumettre à tes désirs... j'aime te donner tout le plaisir que tu me demandes. J'aime nous voir toutes deux semblables et opposées, toutes deux esclaves des désirs de l'autre. Enchaina Talraë. Avait-elle déjà avoué cela à quiconque ? Au Puy, une telle confession provoquerait le mépris de tant de drows. Faible, indigne la croirait-on.
- J'aime nous imaginer nous guidant l'une l'autre... nous soumettre l'une à l'autre... Prêtes à tout découvrir... Son cœur battait si fort, leurs jambes s'enlaçaient, leurs corps unis par la passion. Et ses mots laissaient son amante dans le même état...

-À quoi pensais-tu quand tu disais "ce que tu pourrais être" ? Que voudrais-tu que je sois ?... Demanda-t-elle, excitée par avance de la réponse en s'imaginant qu'il s'agissait de pensées indécentes... Puisque c'était le sujet du moment. La drow lui souriait malicieusement, ses lèvres parcouraient les siennes en une multitude de baisers.

-Je rêve tant de choses... Une créature de passion et de plaisir... Magnifique... ensorcelante... Suivant tes désirs... libre, sans contrainte... Tu pourrais être une déesse... ou l'esclave insatiable de tes désirs... Peut-être l'un puis l'autre... ou les deux... On pourrait marcher ce chemin ensemble.. toutes les deux... Leurs bassins ondulaient l'un contre l'autre. Elle se redressa, haletante, se plaçant à genoux à califourchon sur elle, sa silhouette gracieuse ornée d'or encadrée de la longue chevelure dont le coiffeur l'avait dotée.

-Je ne suis pas certaine de pouvoir être tout ça... Je n'ai jamais été aussi insatiable... Sauf depuis que je te connais.
- Laisse-moi... te faire découvrir quelque chose... Elle se pencha de coté, leurs bassins toujours unis, et, de la desserte, saisit une petite bouteille. Son bras orné de bracelets se découpait devant les chandelles vacillantes. "Tu vas aimer, ma merveille... Elle but une gorgée au goulot... Un frisson la parcourut.. Modeste la vit fermer les yeux un instant. Alors la drow se pencha sur son amante, et l'embrassa fougueusement. Elles partagèrent le liquide fort, brûlant. Cela n'avait pourtant pas le goût d'un alcool fort.

Un désir incontrôlable embrasa le ventre de la jeune Vaanie. Il grimpa jusqu'à sa poitrine, s'empara de ses seins, fit brûler son bas ventre, puis envahit son corps tout entier. La jeune femme aurait voulu gémir de surprise et de plaisir mais la bouche sur la sienne et le liquide qui coulait lentement dans sa gorge l'en empêchèrent. Comment était-ce possible ? Elle n'en avait pas la moindre idée. C'était un feu spectaculaire qui la consumait soudain et elle se déhancha de plus belle sous Talraë, ayant l'impression qu'il aurait raison d'elle si elle ne le substituait pas au plaisir. D'une main, elle saisit un sein noir qu'elle serra tandis que l'autre trouva ses hanches et ses fesses, rendue plus sauvage que d'ordinaire à cause de la sensation si soudaine qui l'avait envahie et de l'urgence qui était devenue la sienne d'assouvir ce désir brûlant.

-Oh... oui..." La drow gémit alors qu'elle admirait la transformation si excitante de son amante, alors que son propre corps peu à peu était gagné par cette même passion animale. Elle se jeta sur elle la gratifier d'un baiser torride. Leurs langues dansèrent, fougueuses. La pression qu'exerçait Modeste sur sa poitrine était entre plaisir et douleur, la passion sauvage de la Vaanie la rendant plus grandiose encore, la main noire de Talraë s'empara à son tour d'un des monts de sa belle, qu'elle massa. Les mouvements incontrôlables de leurs bassins, loin d'apaiser les flammes qui s'était emparées d'elles. Les yeux de Talraë étaient sauvages, brulants de désir pour son amante...

- Nous sommes des esclaves de plaisir... Chante... chante le... avec moi.... Son bras tremblant abandonna le sein pour aller fouiller dans sa sacoche abandonnée sur la desserte. Son épée tomba sur le sol au passage, elle n'y prêta aucune attention. La voix de Modeste s'élevait, montant bien vite en intensité. Elle était à la fois pressée, impatience, pleine d'envie et de frustration aussi... Elles avaient beau se déhancher, elles ne parvenaient pas à apaiser les sensations qu'attisait les parties les plus sensibles de leurs corps.

-Je serais... tout ce que tu voudras... Je suis déjà... à toi... maintenant. La brune remarqua enfin le bras qui avait abandonné sa poitrine pour se plonger dans un sac. Qu'est-ce que tu cherches ?... Demanda-t-elle, curieuse de savoir ce qu'elle lui réservait encore.

- Je serai... ce que tu voudras aussi... Maud... Fais-moi confiance... La drow nue s'avança sur son torse, la chevauchant, sa silhouette noire la surplombant. Puis elle se retourna souplement, lui présentant son intimité brûlante. "Fais-moi jouir... ma belle esclave... Jusqu'à ce que... je te supplie d'arrêter..." Et, masquant ce qu'elle faisait à sa merveilleuse amante, la sombre porta ce qu'elle avait trouvé entre ses longues jambes que les bijoux et ses chaussures mettaient si bien en valeur.

Modeste se mit aussitôt à l'ouvrage, obéissante. Et sa dévotion lui fut immédiatement reconnue alors qu'elle sentait une pression entre ses lèvres intimes, les écartant lentement. Talraë travaillait son bouton de plaisir tandis que, peu à peu, ce qui ne pouvait être qu'un membre rigide se glissait en elle. Sa bouche gémit alors qu'elle embrassait le clitoris de son amante, sa voix vibrant sur elle. Elle adorait leurs ébats mais se savoir remplie par le désir d'un homme lui manquait parfois. La sombre, sans s'en douter, venait de combler ce nouveau besoin, lisant dans ses envies... Elle se força à rester immobile, se soumettant une nouvelle fois à ses bons soins pendant qu'elle rendait la pareille à sa "maîtresse"... Pour elle, Talraë ne retint en rien ses chants. Sous l'emprise du Darnab, il ne lui fallut guère de temps pour être emportée par l'extase... Pourtant, son ventre brûlait du même désir. Sa main guidait le jouet qu'elle avait trouvé dans les chairs si sensible, au rythme des coups de langues, des efforts de sa belle, déterminée à lui rendre au centuple le plaisir qu'elle lui procurait. Son bassin, ses jambes si belles dansaient, hypnotiques, envoûtantes.

Combien de temps s'était-il écoulé ? Combien d'orgasmes s'étaient-ils emparés d'elles ? En sueur, haletantes, épuisées, les deux amantes étaient blotties l'une contre.. Le Darnab commençait à peine à relâcher son emprise sur leurs esprits enivrés. Leurs corps encore entremêlés, Talraë jouait avec des mèches de chevelure de sa belle. Leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre, les yeux carmins de la drow admiraient le moindre détail de ceux de Modeste, un sourire conquis aux lèvres.

- Je me sens... satisfaite... murmura-t-elle avec tendresse. "Tu as aimé ? Modeste eut un soupir mélangé à un rire. Elle ne réalisait pas encore pleinement les heures qui venaient de s'écouler, le nombre de fois qu'elles avaient été emportées par la jouissance sans pour autant être satisfaites. Et recommencer, encore et encore. Inlassablement. Mais, il y avait autre chose aussi...

-Je... C'était... Indescriptible ! Et c'est la première fois que j'utilise un accessoire... Dit-elle en référence aux deux carottes perdues quelque part dans le lit ou par terre. Cette pensée la fit légèrement sourire. Elle ne se croyait pas capable de tout ce qu'elle venait de faire.

-C'était quoi cette boisson ? L'Eldéenne rit avec elle, son sourire subitement innocent, ses oreilles s'abaissant un peu. " C'est vrai ? première fois ? Suis désolée.. ça fait un peu improvisé la carotte... Mais j'ai croisé un marché en revenant alors... j'en ai choisi deux qui me faisaient envie. Elle frotta son nez contre le sien, la mine joyeuse. Contente que le Darnab t'ait plu... "
-Je n'en avais jamais entendu parler. Ça vient de chez toi ? Son amante noire hocha la tête vigoureusement, pétillante.
- Oui.. On s'en sert dans les rituels d'Isten, mais pas que... Elle lui souriait malicieusement. "Tu ne me croiras peut-être pas mais... c'est ma boisson préférée ! A toute petite dose.. ça laisse dans un état d'excitation... que j'apprécie beaucoup." Ajouta-t-elle alors en riant, ses doigts emmêlés dans une mèche brune. "A plus grande dose... Dommage qu'il soit difficile d'en trouver ici... Il faut bien que Thaar ne soit pas absolument parfaite..."
-Je comprends pourquoi elle te plaît tant. Et tu avais raison, ça m'a plu aussi. Mais c'était si fort... Si intense... J'ai l'impression que j'aurais pu vraiment faire n'importe quoi pour apaiser le feu en moi. C'est pire encore que de me sentir mal et de me retrouver avec un Azhim insistant.

Modeste plaisantait mais seulement à moitié. Durant quelques heures, son esprit avait véritablement perdu tout contrôle et seules ses envies prédominaient. C'était pire qu'un besoin, c'était presque vital. Dans cet état de transe, elle serait prête à tout pour voir le bout de son plaisir et être libérée des flammes du désir. C'était... Inquiétant une fois que l'on y réfléchissait à tête reposée. Ou... Refroidie. Son amante l'avait écoutée attentivement, ses lèvres noires se posèrent sur le rose des siennes avec tendresse, ses yeux carmins brillaient joliment.
- J'ai dû aller à un temple pour en trouver, avant de te rejoindre, pour te le faire découvrir. Mais je ne voudrais pas m'en servir pour te faire faire des choses que tu regretterais ensuite... ou te forcer... A moins que ce ne soit notre désir à toutes les deux bien sûr !" Son sourire tendre était redevenu délicieusement tentateur, comme se devait de l'être la créature maléfique qu'elle était. "Je veux que tu saches... Je voudrais que toutes les deux, nous puissions prendre tous les risques, tout tenter... tant qu'on est toutes deux confiantes, qu'en réalité tu ne risques rien.

Le sourire de Talraë avait grandi. Ici, dans les bras de cette jeune humaine, rien d'autre n'existait que ses beaux yeux. Si loin des tensions et des enjeux dans lesquels elle s'était embourbée, elle se sentait libre, et surtout... simplement bien.
- Tu es trop précieuse pour que je te rende malheureuse..."

Le cœur de Modeste se gonfla soudain et une bienheureuse sensation se diffusa en elle. Elle étira un sourire à l'attention de la sombre et porta une main sur sa joue pour l'y poser dans une caresse.

-Je tiens à toi, moi aussi... Souffla-t-elle, comme si elle craignait encore que ce ne soit pas réciproque. Comme si elle craignait que les mots de Talraë veuillent dire autre chose que le sens qu'elle avait voulu leur prêter. Et elle resta suspendue à ses lèvres dans l'attente de sa confirmation. Ou, de sa désillusion...

La sombre déglutit, son cœur serré de l'émotion que ces quelques mots n'auraient pas dû provoquer. Elles se connaissaient finalement si peu... Ou si bien ? Elle sentait encore la sensation de cette caresse sur sa joue. Elle avait envie de rire, de pleurer aussi. Modeste la vit cligner des yeux dans une expression de surprise. Aucun mot ne lui venait. Elle tenait à elle aussi. Son corps gracieux et orné d'or se serra un peu plus contre elle, leurs front se touchèrent, elle murmurait.

- Je ne veux pas te perdre...

La vaanie n'avait pas besoin de plus. Elle se serra volontiers contre la sombre et ses mots provoquèrent un petit soupir de soulagement. C'était réciproque... Peu importait ce qu'elles vivaient, peu importait qu'elles parviennent à mettre des mots sur leurs sentiments ou non. Tout ce qui comptait aux yeux de Maud, c'était qu'elle ne soit pas la seule à ressentir ça. Et elle scella leurs déclarations d'un baiser appuyé. Intense mais pas fougueux. Emprunt non plus de désir et de passion mais des émotions qui la traversaient en cet instant. Son affection, certes, mais la joie aussi de découvrir ce qui se créait lentement entre elles. Ou pas si lentement que ça, d'ailleurs... Talraë avait fermé les yeux, concentrée sur ce baiser fervent qui faisait battre si fort son cœur. Cette fois-ci ce n'était pas elle qui guidait son amante. C'était à son tour de découvrir quelque chose d'inconnu, ce besoin de se sentir unie avec Modeste, ce besoin de la voir belle, fière, heureuse, souriante, de partager tant avec elle. Et de ne pas la décevoir. Talraë était-elle vraiment à la hauteur de ce que Modeste attendait d'elle?

Pour l'heure, mieux valait ne pas y penser.

Lorsque leurs lèvres se séparèrent lentement, après une éternité, la sombre n'osa longtemps prononcer un mot, ses yeux carmins plongés dans ceux, ensorcelant, de la Vaanie. Avec elle, tout était simple, et elle se demandait si elle pourrait tout dire.
- On fera cet atelier? La question avait fusée joyeusement.

Modeste resta interdite une seconde devant la question de son amante. Elle pensait qu'il ne s'agissait que d'une suggestion faite en l'air, une idée pour l'aguicher et développer son désir pourtant à fleur de peau. Mais non, elle était sérieuse. Elle était surprise et indécise à la fois. Et puis, d'autres pensées bien plus terre à terre mirent un terme à ses réflexions.

-L'argent que j'ai récupéré de ma part de la boutique ne me permet pas d'en rouvrir une autre. Et puis, ce genre d'articles n'intéresserait pas tout le monde et ne serait pas non plus à la portée de toutes les bourses. Il faudrait une échoppe dans les Soieries ou au moins un quartier huppé de la cité. Et puis, le coût des matières premières... Rien que pour créer les premiers bijoux… Je n'ai pas la somme qu'il faut pour déjà faire quelques échantillons à montrer à un investisseur. Talraë, son corps épousant le sien, hochait la tête en écoutant, le regard malicieusement rieur.
- Hmm... Tu pourrais calculer ça ? Tu sais... j'ai un peu d'argent dont je ne sais pas quoi faire. Mais j'ai des conditions.

Modeste la regarda d'un air intrigué.

-Hum... Oui, je dois pouvoir faire quelques croquis et estimer ce dont j'aurais besoin. Elle plongea son regard dans celui de Talraë. Elle n'arrivait pas à croire qu'elles y pensaient sérieusement. Elle allait étudier un projet dans lequel elle allait créer des bijoux qui seraient fait pour orner des tenues légères ou un corps nu... Elle ne réalisait pas encore tout à fait... Tu... veux vraiment te lancer la dedans avec moi ? La drow haussa une épaule et les oreilles. Le résultat, plutôt mignon, fut loin de ce qu'on aurait attendu d'une maléfique créature telle qu'était supposée être son amante.
- Je ne sais pas si je serais utile à grand chose d'autre que financer, m'enthousiasmer, porter tes créations et convaincre les gens de te les acheter... Mais si ça te plairait, j'aimerais essayer ! Talraë prit un instant de réflexion avant de continuer. "Et si ça permet de faire découvrir un peu de ma culture...
-Ce serait plus que suffisant... Commenta l'humaine en se blottissant un peu plus contre son amante. Je... vais commencer à me remettre de... cette nuit. Parce que, crois-le ou pas, c'est la première fois que je fais une nuit blanche de plaisir... Puis j'essaierai de coucher que idées sur papier. On verra si ce projet m'inspire même sans être totalement enivrée par tes caresses. La drow poussa un petit rire charmé et continua, malicieuse.
- J'ai déjà une commande. Pour une esclave de plaisir elfe noire. Si tu manques d'inspiration... Je dois pouvoir trouver un peu de temps à passer sous ton bureau. Modeste rit à son tour.
-Dans ce cas, mon premier investissement sera peut-être un bureau avec assez de place pour toi en-dessous. Répondit-elle. Et... si tu dois être ma muse... Je devrais peut-être songer à prendre mon indépendance. Poursuivit-elle, mi sérieuse mi amusée.
- Un investissement que je compte bien rentabiliser... Je veux bien être une muse... Oh... J'ai peut-être un endroit où tu serais bien... au moins temporairement, ma toute belle... Blottie contre elle, la drow se sentait peu à peu glisser dans le sommeil. Elle avait milles raisons de craindre l'avenir. Mais pourtant, dans les bras de cette demoiselle à la peau rosée, elle était à l'abri de la tempête.