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 C'est l'intention qui compte [Efren]

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Louise de Fernel
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MessageSujet: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeSam 4 Juil 2020 - 13:59

1er jour de la 1ère ennéade de Karfias, an 18 du XIe cycle




La convalescence morale a été difficile. Le prêtre avait réussi à soigner son corps, mais pas son esprit. Pas aussi vite en tout cas. Après avoir reçu les soins nécessaires et appropriés à la situation, Anaëlle avait pu rejoindre une chambre à l’étage des serviteurs, rendant enfin tout son espace à Efren. Une nouvelle chambre, délicate attention de Louise qui avait estimé, avec raison, que la jeune fille ne pouvait plus dormir dans un lieu qui lui rappellerait sans cesse tout ce passé ignoble. Alors, elle a fait aménager une nouvelle pièce, tout près du boudoir qui lui sert d’atelier, afin que sa nouvelle camériste puisse reprendre une vie normale et se créer de nouveaux souvenirs. Un nouveau lit avait été installé, ainsi qu’un petit coffre afin d’y ranger ses effets personnels et une petite commode remplie de vêtements neufs, les anciens, récupérés chez Geoffroy, ayant tous été jetés au feu. Il y a une fenêtre plus large, afin de laisser la lumière baigner son petit espace.

Là-haut Anaëlle a déposé sa poupée de chiffon aux yeux d’or, sur le coffre, de manière à l’avoir toujours auprès d’elle. Une nouvelle vie s’ouvre enfin, une vie dans laquelle elle ne doit plus appeler un homme son maître. Une vie dans laquelle elle n’a plus rien à craindre. Enfin si…il y a quelqu’un qu’elle redoute par-dessus tout sous ce toit mais il semble être demeuré tranquille même si elle sent parfois la brûlure de ce regard d’acier posé sur sa nuque. De manière générale, Anaëlle évite d’être en présence d’Elazar, autant que possible. Il la terrifie. Et elle ne l’aime pas beaucoup.

En revanche, il y a quelqu’un, au château, à qui elle voue une tendresse sincère. Un jeune homme qui n’a cessé de lui tenir la main et de la rassurer, un garçon gentil et doux qui a fait tant de jolies choses pour elle qu’elle ne sait plus comment lui faire plaisir en retour.

Quand elle a pu marcher à nouveau sans appui, c’est elle qui allait chercher son petit-déjeuner, c’est elle qui récupérait son linge afin de le rendre propre, souple et net, elle encore qui apportait ses repas, qui ouvrait la fenêtre quand il le demandait, elle qui apportait mille et une attentions à Efren, afin de le remercier, à sa façon.

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, jamais personne n’avait été si gentil avec elle. Elle avait si peu de moyens de rendre tout ce qu’il lui a donné et qui à ses yeux n’a pas de prix. Alors elle fait des vœux pour lui. Tous les soirs, avant de se coucher, elle prie Neera afin qu’il soit toujours bien, qu’il soit heureux et que la DameDieu lui apporte la grâce de lui rendre la vue. Ce n’est qu’après avoir fait tout cela que la petite servante estime avoir fait de son mieux pour lui, même si elle pense que cela ne sera jamais suffisant pour rembourser cette dette qu’elle a envers lui.

Il y a pourtant un événement qui compte en approche. Son anniversaire. Pendant de longues heures, elle s’était demandé ce qu’elle pouvait faire pour lui, quel cadeau lui offrir, pour le fêter. Elle ne pouvait rien lui acheter, évidemment, puisqu’elle ne possède rien. Donc il fallait que cela soit un cadeau fait par elle. Mais quoi ? Il y a bien ce petit talent qu’elle a mais sera-ce vraiment utile ? Un cadeau at-t-il besoin d’être utile, finalement ? Alors, un jour, elle s’est glissée dans l’atelier du charpentier et en est sortie avec deux ciseaux à bois et un petit morceau de chêne. Du bois solide, difficile à travailler mais au rendu incomparable. Durant de longues heures, à la lueur des bougies, bien après ses journées de travail, Anaëlle a dégrossi puis taillé le morceau de chêne, jusqu’à ce qu’elle se présente, en ce matin du premier jour de la première ennéade de Karfias, avec un plateau argenté sur lequel trône un petit déjeuner de prince. Elle entre timidement, après avoir frappé trois coups à la porte, et dépose le plateau à côté du lit d’Efren.

- Bonjour Efren…

Elle n’est pas très douée pour les déclarations, pourtant elle avait répété dans sa tête tout le long du chemin depuis les offices jusqu’à cette grande chambre qu’il occupe. Heureusement, Efren ne peut pas voir la rougeur qui envahit ses joues.

- J’ai demandé à Maïethé de mettre un peu plus de miel dans ton lait chaud…Ha ! et y a une tranche de pain en plus, avec un peu de confiture de coing. Et deux œufs durs aussi.

Elle ne sait que faire de ses mains, elle ne sait pas très bien comment faire, alors elle attendra qu’il soit levé pour la suite.
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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeLun 6 Juil 2020 - 20:26

Quelques coups furent frappés sur la porte. Des coups d'Efren, l'esprit embrumé par le sommeil, ne reconnut pas instantanément. Alors qu'il s'attendait plutôt à recevoir la visite de son père, la voix d'Anaëlle lui remit aussitôt les pieds sur terre et il ouvrit brusquement les yeux, surpris. Fort heureusement, il tournait actuellement le dos à la porte donc elle ne put voir ce qui était habituellement caché par son bandeau. L'entendant approcher, il se redressa pour s'asseoir au bord du lit, continuant de lui présenter sa nuque plutôt que son visage.
Ce n'était pas le première fois qu'elle entrait ainsi dans sa chambre mais il n'avait pas eu le cœur de lui dire qu'il n'aimait pas tellement qu'elle le voit au saut du lit, pas lavé et en chemise... Ce n'était pas vraiment une situation très flatteuse, surtout pour une jeune homme de son âge et dans sa situation. Il avait donc trouvé la parade : il se levait un peu plus tôt pour avoir eu le temps de se laver et s'habiller avant qu'elle n'arrive. Seulement, ce jour-là, la servante était bien plus matinale que d'habitude.

-Tu es tombée du lit ? Il fait à peine jour. Fit-il gentiment remarquer afin qu'elle ne le prenne pas pour un reproche, ajoutant un brin d'humour dans la voix.

Il était conscient de toutes les attentions qu'elle lui portait et ne voulait pas l'offusquer. Surtout alors qu'elle venait de faire tant d'efforts pour lui. Sans plus attendre, Efren se mit debout et franchit les quelques pas qui lui permirent d'atteindre l'arrière de son paravent. Là, il enfila un pantalon et remit son bandeau avec de réapparaître. Pieds nus et à sa vitesse, il contourna le lit sans avoir besoin d'utiliser ses mains pour se repérer et rejoignit Anaëlle. Il maîtrisait parfaitement l'environnement qu'était sa chambre, à condition que personne ne déplace le moindre meuble ni le moindre objet.
Une fois près de la servante, il posa ses mains ses bras avec douceur. Il ne voulait pas la retenir, seulement capter toute son attention.

-Tu sais que tu n'as pas à faire tout ça. Ça me gêne déjà de me faire servir par Max et Edwinn, alors par toi c'est encore pire. Je crois que je vais essayer en vaani : tu ne me dois rien.

Il étira un sourire amusé. Il avait beau faire, rien ne semblait pouvoir arrêter la jeune fille dans son élan. Elle était persuadée qu'elle lui était redevable pour lui avoir cédé son lit quelques temps et pour avoir veillé sur elle. Mais son "merci" lui avait amplement suffit, il n'avait pas besoin de quoi que ce soit d'autre.
L'odeur du petit déjeuner attira malgré tout son attention et il détourna légèrement la tête. Il se rappela alors du menu qu'elle lui avait énuméré et il sourit de plus belle.

-J'espère que tu as faim ? Je ne pourrais jamais terminé ce plateau sans aide.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeLun 6 Juil 2020 - 22:26

- Pardon…Je voulais juste…enfin…Je suis désolée.

Ses journées sont bien remplies. Pas par les menus travaux que lui donne Louise mais par toutes les tâches qu’elle s’impose. Elle fait tout de manière à ce que tout le monde soit content d’elle. Elle est partout à la fois, tout le temps, et ne ménage pas ses efforts pour se racheter une bonne conduite. Même si tout son passé est derrière elle et qu’une nouvelle vie s’annonce, elle ne peut effacer à peu près seize ans de servitude et d’habitudes. Et il n’y a rien de plus tenace qu’une habitude…

- Je le ferai plus, c’est promis.

Elle a reculé de quelques pas, confuse. Lorsqu’elle voit qu’il veut s’extirper de sa couche, la jeune fille se tourne. Par respect. Bien entendu, elle sait qu’il ne voit rien. Elle, par contre, oui. Et même si elle aime beaucoup Efren pour des raisons abstraites et d’autres qui sont très claires, il n’en reste pas moins un homme. Certaines habitudes sont plus tenaces que d’autres.

Anaëlle ne se retournera que lorsqu’Efren posera la main sur son avant-bras pour signaler sa présence. Il ne peut le voir mais une petite agitation traverse son front pur. Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle apprend qu’il est gêné, ce qui n’est pas du tout le but de la manœuvre. Elle voulait juste lui faire plaisir, une petite attention. Elle n’a pas été assez discrète les autres fois, ça embête Efren. Déjà, elle réfléchit à d’autres moyens de lui apporter son petit-déjeuner jusqu’à ce qu’il parle et prononce des mots qu’elle comprend sans même y réfléchir, dans cette langue qui est celle qui hante ses rêves les plus agités, ces cauchemars remplis de cet homme aux yeux rouges. De manière tout à fait inconsciente, elle a compris ce qu’a dit Efren et y répond, comme s’il ne s’était rien passé, sans y penser.

- Je te dois beaucoup au contraire. Si tu n’avais pas été là…je serais sans doute morte. Je suis désolée si je t’ai mis mal à l’aise. J’voulais juste que tu sois bien…

C’est la main d’Efren dans la sienne qui l’a sauvée. Sa présence et toute son attitude digne. Sa gentillesse et sa bonté à son égard. Elle a d’ailleurs un regard pour cette main posée sur son avant-bras, avant de secouer la tête à la gentille proposition du fêté du jour.

- J’ai mangé un peu de pain ce matin avant de venir ici. Et je ne peux pas vraiment rester, Efren, Dame Louise va bientôt se réveiller, je dois l’aider à s’habiller. Si je suis venue un peu plus tôt, c’est pour te donner quelque chose.

Un peu anxieuse, elle sort alors de sa poche le petit cadeau auquel elle a accordé tant de temps libre…

- Je le dépose dans ta main droite, Efren.

Délicate et prévenante, elle prend donc la main droite du jeune homme et y dépose un petit morceau de bois sculpté. Une fleur. Une jolie fleur aux six longs et larges pétales qui se recroquevillent en leurs extrémités et aux grands pistils. C’est un travail d’une grande finesse et d’un très beau réalisme même si on voit bien ici et là le manque de pratique. Elle le laisse découvrir avec ses doigts. Toute rouge, elle dit :

- J’sais pas trop ce que c’est comme fleur mais parfois, quand je dors et que je rêve, y a des jardins remplis de fleurs comme celle-là. De toutes les couleurs. J’voulais juste te donner un petit morceau de ce qui me plaît beaucoup…Je ferai mieux la prochaine fois.

Elle reste là à le regarder, se triturant les doigts d’appréhension. Anaëlle n’a jamais fait le moindre cadeau à quiconque.

- C’est pas grand-chose mais…C’est pour toi. Pour ton anniversaire…Joyeux anniversaire, Efren.
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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeSam 11 Juil 2020 - 14:26


Même s'il ne pouvait pas la voir, Efren avait des oreilles et il savait. Il savait qu'Anaëlle essayait d'être partout à la fois, cherchant tantôt à expier ses fautes, tantôt à exprimer sa gratitude à ceux qui l'avaient aidée ou lui avaient donnée une seconde chance. Mais elle s'était lancée dans une quête sans fin alors que personne ne le lui avait demandé. Tous avaient fait table rase du passé car tous étaient également fautifs... Fautifs de ne pas avoir vu ce qu'il se passait sous leurs yeux.
Alors non, il ne voulait pas qu'elle en fasse autant avec lui. Certes, il n'avait pas eu le temps de découvrir les méfaits de Geoffroy à son encontre et ne pouvait s'en faire le reproche. Ses actes à lui avaient été dictés non pas par la culpabilité mais par de la gentillesse pure. Cependant, ce n'était pas une raison à ses yeux pour la laisser le traiter de cette manière. Il avait l'impression qu'elle se mettait à son service mais ce n'était pas ce qu'il voulait. Alors oui, il aurait pu se faire tuer dans ce complot... Mais elle n'avait pas à se faire pardonner pour quelque chose qui n'était pas de son fait et ce qu'il attendait d'elle était très différent de ce qu'elle lui donnait...

-Je sais. Je sais pourquoi tu fais tout ça... Mais je ne t'ai pas aidée pour que tu te sentes redevable. Je l'ai fait parce que tu ne méritais pas ce que tout ce que tu as enduré. Je voulais que tu es une chance de connaître la vie, la vraie. Je suis bien placé pour savoir qu'elle n'est pas toujours facile... mais elle mérite d'être vécue, malgré tout.

Anaëlle croirait sans doute qu'il parlait de sa cécité mais peu importait. Ce n'était qu'un détail alors que le message, lui, demeurerait clair. Elle connaîtrait d'autres difficultés, d'autres douleurs, mais suffisamment de douceur et de bonheur pour qu'elle estime que sa vie était belle en fin de compte. Elle était en bonne voie pour que cela se passe ainsi avec sa nouvelle place auprès de Louise et l'attention que chacun lui portait. Une attention fraternelle ou paternelle la plupart du temps.

Efren fronça légèrement les sourcils en apprenant que la jeune fille était venue lui apporter autre chose et il tendit de lui-même sa main droite afin de recevoir ce qu'il identifia immédiatement comme étant du bois. Puis il reporta l'objet devant lui et l'étudia à l'aide de ses dix doigts. Écoutant les explications d'Anaëlle, il analysa la forme de la sculpture, la tourna dans le bon sens, la détoura... Puis un sourire étira ses lèvres. Cette fleur ne poussait pas très bien dans la région et quelques idées firent rapidement leur chemin dans l'esprit de l'aveugle. Elle avait apparemment compris ce qu'il avait dit en olyian un peu plus tôt... Elle n'était sans doute pas originaire d'ici mais ne semblait pas s'en souvenir tout à fait. Il éviterait d'en parler pour le moment car elle avait bien d'autres choses à penser mais l'idée d'échanger sur ses origines demeurerait cependant dans un coin de son esprit.

-Moi qui pensait ne pas revoir de lys de si tôt... Merci, Anaëlle. Dit-il, touché par son geste.

Avec tout ce qu'elle faisait déjà, les heures durant lesquelles il l'entendait travailler encore et encore, elle avait trouvé le temps de lui confectionner ceci. Pour un premier ouvrage, c'était plutôt bien réussi. Lui-même n'était pas un artiste mais il savait reproduire avec fidélité ce qu'il imaginait et concevait pour ses inventions. Quelques unes de ses "œuvres" personnelles trônaient d'ailleurs sur son bureau et quelques meubles de la pièce.
Efren fit quelques pas et posa avec délicatesse la petite sculpture sur la table de chevet qui avait remplacée le fauteuil dans lequel il avait veillé sur Anaëlle de si longues heures puis avait dormi jusqu'à qu'elle soit en état d'être transportée dans sa nouvelle chambre. Durant ces quelques jours, il n'avait pas quitté cette pièce, travaillant en silence lorsqu'elle dormait, lui parlant lorsqu'elle était éveillée. C'était un rythme de vie un peu particulier mais il l'avait fait sans le moindre effort. Il avait été élevé ainsi... A tendre la main à ceux qui avaient besoin d'être relevé.
Finalement, l'adolescent se retourna.

-Je peux te demander quelque chose ? J'aimerais te voir... Il leva ses mains pour les désigner. ... à ma façon. Tu as le droit de dire non, je comprendrais que ça te gêne. Conclut-il avec sincérité, agrémentant sa demande d'un sourire pour lui signifier qu'il ne lui tiendrait absolument pas rigueur d'un refus.

Même si elle ne le lui avait jamais dit, même si ni son père ni Louise ne l'en avait informé, il savait ce que Geoffroy lui avait fait. Afren était certes plus jeune et aveugle mais il n'en demeurait pas moins du "mauvais" sexe. Il se préparait à ce qu'elle lui dise non car toucher un visage ce n'était pas la main chose que tenir la main ou poser ses doigts sur un bras sans le serrer. Il prenait toutes les précautions du monde pour qu'elle ne le perçoive pas comme un danger car il voulait qu'elle puisse avoir confiance en lui afin qu'il puisse l'aider et l'accompagner dans cette découverte du monde réel. Il ne voulait pas tout gâcher maintenant et, même si elle acceptait, il comprendrait bien vite si elle se retrouvait en réalité devant un effort trop conséquent à ses yeux. Car elle serait bien capable de lui dire oui alors que son esprit lui hurlait de répondre non...
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeSam 11 Juil 2020 - 16:42


- Un lisse ? Cette fleur…Elle existe pour de vrai ? Et…de rien…Quand j’habitais chez le fermier, parfois je faisais des petites figurines avec des bouts de bois. Il les vendait au marché…

Anaëlle se pose des tas de questions, d’autant plus qu’elle ne se souvient pas en avoir déjà vu ici. Il fait très froid, à Fernel et les fleurs sont toutes de ces plantes robustes dénuées de parfum qui ornent les chemins quand le soleil illumine vaguement les sols au printemps et en été. Sauf en ce qui concerne les carmines, qui sont à elles seules les exceptions qui confirment la règle. Une beauté pareille, elle s’en serait souvenue c’est certain. Apparemment, Efren sait de quoi il s’agit, lui. Un lisse. D’accord. Elle demanderait bien comment il sait que cette fleur s’appelle de la sorte mais elle n’a pas vraiment le temps pour une discussion. Le travail n’attend pas, et déjà elle est sur le point de s’en aller, toute en discrétion, quand Efren pose une question.

Une question qui interrompt tous ses gestes.

- Me…voir ? Tu veux dire…avec…avec tes mains ?

Un petit silence suit les quelques mots dits d’une voix si basse qu’on pourrait presque supposer qu’ils n’ont jamais été prononcés.

Cela fait quelques ennéades maintenant que son calvaire a pris fin. Geoffroy est dans les geôles, plus personne n’a levé ou posé la main sur elle, elle n’a plus subi la moindre violence, le moindre geste déplacé. Et pourtant…Quand quelqu’un la frôle dans les couloirs, quand un homme l’approche de trop près, elle est prise d’un malaise qu’elle ne parvient pas à contrôler. Même s’ils sont tous gentils, ici, mais…même Monsieur Aaron…qui a été si gentil…Elle ne peut pas. Elle est tout simplement terrifiée à l’idée qu’un homme la touche.

Efren, c’est différent. Il a son âge, à peu de choses près. Il a gardé sa main dans la sienne. Il l’a soignée. Puis…Il ne voit rien avec ses yeux. Il ne peut pas lui lancer des regards douteux. Des regards lourds de sens, comme ils savent si bien le faire quand ils désirent un corps. Elle doute que de toute façon Efren soit ce genre de garçon. Puis lui…Il n’a pas d’autres façons de regarder…C’est vrai.

- D’accord…

Elle ne bouge pas, elle tire involontairement sur sa manche, serrant ses doigts sur le tissu, pour couvrir un poignet qui est déjà couvert. La dernière fois qu’on lui a touché le visage…Anaëlle détourne le visage et ajoute :

- Je sais pas si ça t’aidera…mes cheveux…Ils sont roux…et mes yeux…Ils sont vert clair. Y a une petite cicatrice sur ma pommette gauche, juste sur l’os…

Un souvenir du fermier. Elle avait renversé un seau de lait encore tiède après avoir trait la vache toute seule, de grand matin.

Elle a un regard pour Efren. Lui, c’est un beau garçon, avec un beau visage tout lisse et toujours souriant, toujours content. Elle…Elle ne se trouve même pas jolie. C’est ce que se plaisait à lui rappeler Geoffroy, tous les jours.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeSam 11 Juil 2020 - 21:49

Efren sentait son hésitation. Elle était certes d'accord mais pas tout à fait rassurée pour autant. Et il ne pouvait pas lui en vouloir. Comment lui en vouloir ? Au moins, elle parvenait à le laisser approcher d'elle et il soupçonnait même d'être le seul homme à en avoir l'autorisation. Sans doute avait-il sa confiance. Sans doute son handicap le rendait-il moins effrayant. Moins dangereux. De toute façon, même lorsqu'il y voyait, il était incapable de se défendre et son corps n'était pas particulièrement solide. Quoi que c'était peut-être un peu moins vrai maintenant qu'il avait fait sa poussée de croissance et que ses os tendaient à se renforcer. Il ne se rendait pas vraiment compte.

L'adolescent approcha de la jeune fille et s'arrêta juste devant elle. Il leva doucement les mains dans sa direction mais s'arrêta en la sentant bouger. Elle répondit alors à des questions qu'il avait prévu de poser un peu plus tard et cela le fit sourire. Pour la cicatrice, il l'aurait sans doute sentie lui-même. En revanche, les couleurs, il n'aurait pas pu les deviner.

-Je prévoyais de te le demander tout à l'heure. Fit-il, amusé de la voir anticiper ses besoins.

Car peu de personnes y parvenaient vraiment. C'étaient un peu comme ceux qui lui parlaient plus fort alors que son problème, ce n'était certainement pas d'être sourd. Ou ceux qui lui disaient "attention" alors qu'il ne pouvait pas savoir où se trouvait le danger exactement. Il était surprenant qu'Anaëlle y arrive là où Maximilien et Edwinn avaient encore du mal alors que son père les avait formés pour cela. Et son attention le touchait quelque part.

-Est-ce que... tu veux bien m'aider ? Dit-il en montrant ses mains toujours suspendues devant lui.

Il souhaitait que ce soit elle qui porte ses doigts jusqu'à son visage, et ce pour deux raisons. La première, il ne risquerait pas de faire un geste déplacé. Un tel exercice demandait une certaine proximité et il ne voulait pas frôler une zone inadéquate. La seconde, elle aurait la maîtrise sur ce contact aussi insolite que nouveau mais aussi dérangeant pour elle. Aussi attendit-il qu'elle reprenne les choses en main, au sens propre comme au figuré.
Lorsque ses doigts effleurèrent enfin le visage d'Anaëlle, il demeura sans bouger l'espace d'un instant. Il caressa sa peau d'un simple mouvement du pouce, découvrant son velouté, avant de partir dans l'exploration des détails de ses traits. Tout d'abord, il en traça le contour avant de dessiner ce qui se trouvait à l'intérieur. Il commença par son front puis suivi l'angle de ses sourcils avant de faire marche arrière afin de descendre le long de l'arrête de son nez. Il passa sur ses yeux, la forçant à les fermer. Il s'arrêta sur la fameuse cicatrice en passant sur les pommettes. Puis vinrent les joues et les lèvres qu'il effleura du pouce. Finalement, il remonta jusqu'aux cheveux de la jeune femme qu'il savait attachés. Partant de leur racine, il chercha à en atteindre le pointe et découvrit ainsi qu'elle en avait fait une tresse qu'il abandonna sur son épaule avant de finalement briser le contact. Chacun de ses gestes avait été doux et pudiques. Son exploration s'était résumée en de simples caresses qui ne s'étaient pas rendues en dessous de la mâchoire.

Efren demeura immobile un petit moment, la tête légèrement tournée sur le côté, analysant le portrait mental d'Anaëlle qu'il venait de réaliser, ajoutant des couleurs à l'ensemble. Après quelques secondes, il étira un doux sourire avant de pivoter dans la direction de la jeune fille.

-Tu es très jolie. Déclara-t-il avec sincérité. Puis il fit un demi pas en arrière afin de ne pas la déranger davantage, allant même jusqu'à baisser légèrement la tête pour se rendre un peu moins grand. Merci de m'avoir permis de te regarder.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeDim 12 Juil 2020 - 9:00


Anaëlle ne dit rien du tout. Elle regarde les mains levées vers elle, en se mordant la lèvre d’appréhension.

Efren est gentil, Efren est gentil, Efren est gentil…, se répète-t-elle mentalement, tout en analysant les doigts qu’elle observe sous un nouvel angle. Il ne s’agit plus de doigts qui apaisent. Il s’agit de doigts qui cherchent à savoir, à comprendre, à mesurer. C’est différent. Il a des mains fines, des mains qui seraient incapables de tenir une ceinture ou une branche de bois souple dépourvue de feuilles pour lui faire du mal. Il y a des mains qui sont faites pour cela. Il y en a d’autres qui sont faites pour guérir. Elle le sait. Toutefois il faudra attendre quelques instants avant qu’elle n’inspire profondément et qu’elle vienne saisir les mains d’Efren, en tremblant.

En silence, elle les mène à son visage, le laissant poser ses doigts sur la peau sensible et fragile de ce visage qui se crispe immédiatement. Elle inspire fort, à nouveau, abandonnant sa prise sur les mains d’Efren pour le laisser découvrir ses traits.

Le jeune homme ne bouge pas, dans un premier temps. Anaëlle, elle, tire très nerveusement sur sa manche, se demandant ce qu’il fait. Puis, enfin, un premier mouvement, d’une douceur et d’une délicatesse si nouvelles que la jeune femme cesse un instant de respirer tandis que les doigts glissent sur sa peau toute douce.

Jamais, au court de sa vie si mouvementée et dont elle ne se souvient que très partiellement, jamais personne ne lui a accordé un peu d’affection. Abandonnée par ses parents en plein hiver dans la région, alors qu’elle allait glaner du petit bois, toute petite, elle avait trouvé refuge chez un fermier qui avait vu en elle une main d’œuvre bon marché et dont personne ne se soucierait jamais. De la nourriture en échange d’une vie de servitude, levée aux aurores, couchée après le fermier et sa femme. Jamais elle n’a reçu la moindre marque de tendresse de ces personnes qui la rabrouaient dès qu’ils en avaient l’occasion. Jamais un câlin. Jamais de baiser. Rien. Au moins, le fermier, étroitement surveillé par son épouse, n’a jamais osé passer sa main sur sa jupe en loques, même s’il en crevait d’envie, elle le sait. C’est d’ailleurs pour échapper à cette tentation qui lui couterait son mariage qu’il s’est débarrassé d’elle en la vendant à Geoffroy de Hansfelt. Elle avait quitté la ferme sans regret, emportant sa poupée de chiffon, son seul bien, une robe en piteux état et toutes ses espérances.

Il était fier, sur son cheval, le maître. Il était bien habillé, il parlait bien, il était gentil, et elle…Elle avait tant d’espoirs ! Quelqu’un avait vu qu’elle pouvait travailler beaucoup et pour presque rien, quelqu’un qui a vu qu’elle avait besoin d’une nouvelle vie, quelqu’un qui a vu qu’elle ferait n’importe quoi pour obtenir un peu d’affection…N’importe quoi. Y compris céder à cet ordre ignoble, la première nuit passée ici…Dès cet instant, elle a su qu’elle ne serait jamais rien de plus qu’un être soumis à tous les autres, ainsi qu’il en a toujours été et qu’il en sera toujours. L’affection qu’elle attendait, elle l’a reçue, un peu, de Dame Elisabeth, lorsqu’elle allait lui tenir compagnie en lui apportant sa tisane deux fois par jour. Elle était si gentille, la Dame. Elle parlait si bien de Dame Louise. Elle aurait tout donné, absolument tout, pour avoir une maman comme celle-là. Tout. Puis Dame Elisabeth est morte. Et Geoffroy a été pire qu’avant…

Elle aurait pu s’enfuir, oui, mais pour aller où ? Elle ne connaissait personne, elle n’avait aucune possession et elle avait tout le temps faim. Alors elle est restée. Si elle avait mal tout le temps, au moins elle avait à manger quand elle était gentille et qu’elle faisait ce qu’il voulait…

Alors, cette caresse là…ces mouvements sur son visage, c’est doux. C’est doux et violent à la fois, sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Pour la première fois de toute sa vie, quelqu’un la touche dans un but totalement désintéressé, pour apprendre à la connaître. Pas pour lui faire du mal.

Il sentira sous ses doigts le tremblement de son menton, infime mais parfaitement perceptible, lorsqu’il effleurera ses lèvres. Le mouvement ne s’éternise pas. Il remonte ses mains et les place sur sa chevelure. Il ne pourra pas sentir sous ses doigts les quelques gouttes de sel qui ruissèlent sur ses joues, en silence. Anaëlle pleure sans faire de bruit, ainsi qu’elle l’a toujours fait. Elle ne pleure pas de désespoir, elle pleure parce qu’elle ne sait pas comment réagir et qu’elle ne sait pas quoi dire, terriblement bouleversée.

Lorsqu’il dépose la tresse sur son épaule, elle ne dit rien.

Lorsqu’il déclare enfin, dans un sourire, qu’elle est jolie, elle ne dit rien non plus.  Elle baisse la tête, la gorge nouée, incapable de répondre quoi que ce soit.

Lorsqu’il lui dit merci, elle se triture les mains et se mord la lèvre. Elle ne peut pas. L’effort a été rude. Anaëlle est totalement bouleversée par cette douceur et cette tendresse prévenante et elle ne sait pas comment y réagir. Alors elle fait ce qu’elle fait de mieux…

Elle fuit.

Sans répondre, les lèvres serrées, elle se dirige vers la porte, en vitesse, pour l’ouvrir et s’enfuir dans les couloirs, pour se rendre à l’étage, et s’enfermer dans sa chambre. Assise sur son lit, le souffle court d’avoir si fort couru, elle pose ses mains sur ses genoux avant de laisser les larmes ruisseler sans modération cette fois. Il faudra de longues secondes avant qu’elle s’enfouisse son visage dans ses mains, un visage encore sous le choc de cette découverte toute en douceur.

Quelqu’un l’a touchée avec son consentement et elle a aimé. Elle a tellement aimé qu’elle n’a pas su réagir comme un être humain civilisé. Déjà, la culpabilité de l’avoir laissé là sans rien dire lui broie le cœur…

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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeDim 12 Juil 2020 - 10:14

Efren était resté là, sans comprendre.

Enfin si, il comprenait. Partiellement. Le fait de poser ces mains sur le visage de quelqu'un, c'était un geste assez intime. On ne le faisait pas avec n'importe qui. Alors certes, il lui avait tenu la main pendant plus d'une journée. Certes, il lui avait cédé son lit plus longtemps encore. Certes, il se souciait toujours de comment elle allait presque un mois plus tard. L'expérience qui les avait fait se rencontrer était aussi tragique qu'elle était forte alors, elle avait nécessairement créé des liens entre eux. Mais cela n'effaçait pour autant pas ce qu'elle avait vécu. Ces évènements dont il connaissait l'existence alors qu'elle ne lui en avait jamais parlé.

Efren l'avait appelée alors qu'elle s'était mise à courir vers la porte mais cela ne l'avait pas arrêtée. Il avait entendu le mécanisme du loquet puis ses pas dans le couloirs et, enfin, dans l'escalier. Il n'avait rien tenté de plus pour la retenir. Il avait simplement soupiré en baissant la tête une fois le silence revenu. Il l'avait sentie trembler en prenant ses mains. Il l'avait sentie tressaillir en passant sur ses lèvres. Cela avait été une épreuve pour elle mais il avait espéré que cela se passerait un peu mieux. Peut-être pas sans encombres non plus, il n'était pas naïf, mais de là à ce qu'elle s'enfuit sans un mot...
Après de longues secondes, l'adolescent se déplaça enfin. Il ouvrit le tiroir de sa table de chevet pour y saisir une fiole dont il avala une gorgée. Anaëlle l'avait vu faire plus d'une fois lorsqu'elle occupait son lit. Il grimaça légèrement devant le goût amer puis il jaugea le contenu. Il ne faudrait pas tarder à en refaire ou il allait bientôt en manquer.

Entendant des pas approcher dans le couloir, Efren rangea la fiole et referma le tiroir avant que Maximilien n'entre après avoir frappé brièvement. Heureusement qu'il n'était pas venu cinq minutes plus tôt...

-Et voilà le héro du jour ! Déjà levé et habillé ? Le serviteur remarqua alors le plateau. Ah, Anaëlle est déjà passée ? Dis donc, elle a eu la main lourde !
-Oui. Elle n'avait pas le temps de m'aider mais tu en as sans doute un peu plus ?
-Je suis ton préposé aujourd'hui, donc j'ai toute la journée si tu veux !

L'aveugle lui adressa un sourire en coin tandis que Max ne perdit pas une seconde, disposant des chaises de manière à leur permettre de pouvoir s'installer pour manger.


**********


Assis sur son lit, cette fois, Efren était lavé, habillé et coiffé. La matinée avait été longue et bien moins enthousiaste qu'elle n'aurait dû. Il avait travaillé mais avait eu toutes les peines du monde à se concentrer sur son ouvrage. Il repensait à ces quelques minutes avec Anaëlle, à la peur qu'il avait perçu dans ses réactions, à la façon dont elle s'était sauvée... Il visualisait parfaitement son visage qui avait pris vie dans son esprit de manière indélébile... parce qu'il n'oubliait jamais rien. Est-ce que c'était son compliment qui avait été mal reçu ?
L'adolescent ragea devant cette nouvelle et énième question qu'il se posait et se laissa tomber en arrière. Le mouvement du lit fit légèrement remuer la table de chevet et un bruit de bois qui se renverse parvint à l'oreille de l'aveugle. Il se redressa alors d'un geste rapide et tendit le bras vers ce petit meuble. Il trouva assez rapidement la petite statuette de lys et la prit dans ses mains pour la détailler de nouveau. Il aurait voulu la voir, étudier les coups de ciseaux avec plus de précision, mais il ne pouvait pas... Alors, il la reposa finalement à la place qu'il lui avait attribuée et se leva. Il était l'heure de déjeuner.

Sans aide, le jeune homme parvenait désormais à se déplacer dans l'enceinte du château. Tout du moins pour se rendre dans les lieux auxquels il était habitué. La salle à manger en faisait bien évidemment partie. Lorsqu'il arriva, presque tout le monde était là et lui réserva un accueil chaleureux. S'il mangeait chaque jour avec son père et Louise, il avait souhaité convier quelques personnes de plus en ce jour. Ainsi, Maximilien, Edwinn et Anaëlle étaient invités à partager la table des maîtres pour son anniversaire. Cependant, la seule qui manquait, c'était la camériste...

-Bon, qu'est-ce qu'elle fait ? Interrogea Max à voix haute.
-Quoi, t'es déjà mort de faim ? S'enquit Edwinn. Tu t'es vanté d'avoir eu un bon petit déjeuner pourtant.
-J'ai toujours faim, tu le sais bien ! J'espère qu'elle ne va pas trop tarder.
-Je ne crois pas qu...

Efren s'arrêta au beau milieu de sa phrase. Un son avait attiré son attention dans le hall. Des pas, forts reconnaissables à son oreille. Il s'était tut pour mieux les entendre... avant de comprendre qu'ils se rapprochaient. Est-ce qu'elle venait s'excuser en disant qu'elle ne pourrait pas rester ou est-ce qu'elle répondait à son invitation ? Il n'osait pas espérer cette seconde option tout en redoutant la première... Et il restait là, le cœur battant un peu plus fort à mesure qu'il l'entendait se rapprocher, n'osant plus bouger ni même prier tandis que le temps se suspendait autour de lui à l'attente de son arrivée.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeDim 12 Juil 2020 - 13:24


Elle n’est pas restée bien longtemps à pleurer dans sa chambre. Déjà, dans le château, des bruits, les sons typiques de la vie qui se met en branle se font entendre ici et là. Il faut prendre sur soi et y aller. Louise doit sans doute être éveillée à cette heure et il faut qu’elle soit là pour l’habiller et lui apporter ce dont elle a besoin. Elle verse un peu d’eau dans la petite bassine disposée sur la commode et y trempe un linge, qu’elle passe sur ses yeux pour en ôter les rougeurs. Elle ne veut pas que Dame Louise pose des questions. Elle veut que personne n’en pose. Parce que parler, c’est trop difficile. Du moins parler à quelqu’un qui est en vie et qui peut potentiellement juger, ne pas comprendre, mal interpréter, est difficile. Trop difficile pour le moment. Même si le temps de l’oppression est terminé, les cauchemars n’ont pas disparu pour autant.

Ce grand homme sombre aux grands yeux rouges comme du sang, les cris des rues, des gamins qui s’enfuient avec des fruits plein les mains, et cette main, immense, énorme, qui s’abat sur son visage pour la faire taire…Il ne se passe pas une nuit sans que tout cela ne revienne, dans ces moments où elle ne s’appelle pas Anaëlle mais Yelenna. Chassant toutes les pensées d’un mouvement des épaules, elle se rend alors, propre, souriante, auprès de la Dame Louise qui, comme à son habitude, ne demande rien de bien particulier. La châtelaine est vite habillée et parfumée. Anaëlle l’écoute babiller en silence, passant avec ravissement le peigne dans les longues boucles brunes, des boucles qui sentent si bon…C’est une odeur qu’elle aime beaucoup, parfois elle reste sur ses mains, et elle la suit longtemps. Jusqu’à ce qu’elle plonge les mains dans l’eau pour laver les sols ou ailleurs, afin de travailler.

Louise habillée, elle pourrait faire à peu près ce qu’elle veut mais…pas aujourd’hui. Pas après ce qu’elle vient de vivre. Elle enfile une petite capeline et sort, petite silhouette sombre dans la neige, une silhouette qui se dirige vers les petites taches rouges qui émergent ici et là. Anaëlle choisit les plus jolies carmines et les cueille avec soin, les posant sur son avant-bras avant de revenir vers le château. Tout le monde s’affaire, personne ne fait réellement attention à elle, et c’est bien tout ce qui lui importe. Elle passe par l’office et prend le balai sans dire un mot puis descend en vitesse vers les sous-sols, ainsi qu’elle le fait presque quotidiennement.

L’endroit est sombre mais ce n’est pas important. Là où elle se rend, il n’y pas besoin de beaucoup de lumière. Elle n’a besoin que de silence. Passée la haute porte de fer forgé, elle descend les marches et se rend dans la crypte, ainsi qu’elle le fait depuis qu’elle peut travailler sans que personne ne la surveille. Anaëlle sait que personne ne descend jamais ici, ce qui l’arrange plutôt bien.

Parmi la multitude de sarcophages, il n’y en a qu’un qui soit constamment éclairé et fleuri. Celui de Dame Elisabeth. Anaëlle ôte les fleurs d’il y a deux jours et les dépose dans un coin, avant de déposer les fleurs fraîches entre les mains du gisant avec d’infinies précautions. Puis, quand c’est suffisamment joli selon elle, elle prend le balai et ôte les quelques malheureux grains de poussières qui pourraient salir le sol tout autour de ce tombeau et s’assied sur un petit rebord de pierre, contre le mur.

Être ici, c’est un peu comme être auprès de dame Elisabeth quand elle était souffrante et qu’elle lui tenait un peu compagnie. Dans ces moments-là, la petite servante avait réellement l’impression d’être importante et non cette espèce de déchet abusé par Geoffroy. Elisabeth avait toujours été gentille et douce, elle parlait toujours de choses amusantes, parfois de choses tristes en regardant l’horizon mais cela ne durait jamais bien longtemps. Parfois, elle percevait un regard pensif quand la châtelaine la regardait. Comme si elle comprenait des choses sans qu’Anaëlle ne dise jamais un mot. Alors la servante s’en allait, toute rouge, jusqu’au lendemain.

- Dame Elisabeth…Vous m’manquez beaucoup…Y a qu’à vous que j’peux parler sans crainte…Est-ce que…Est-ce que c’est comme ça toute la vie ? Y a un moment où on arrête d’avoir mal tout le temps ? Est-ce qu’il y aura un moment où j’pourrai me sentir mieux ???

Elle regarde ses doigts et reste là à vider son petit sac de sentiments violents et si souvent piétinés qu’il n’en reste pas grand-chose. Tout y passe. Geoffroy. Ses cauchemars. Efren. Le fermier. Louise. Tout. Cela prend du temps évidemment , comme à chaque fois, et c’est une odeur de nourriture, délicieuse, qui lui rappelle l’heure et surtout…l’occasion qui se prépare à l’étage. Le repas d’anniversaire d’Efren.

Elle a envie de s’y rendre. Pour lui. Il a demandé qu’elle soit là. Et c’est son anniversaire…Mais…comment va-t-il la recevoir après le petit incident de ce matin ? Elle est partie sans dire un mot, elle a fui comme une voleuse…Elle l’a laissé tout seul, ce qui n’est pas très gentil. Si ça se trouve, il ne veut peut-être plus qu’elle soit là, après tout…Il n’y a qu’en s’y rendant qu’elle le saura.

Alors, après avoir ramassé les vieilles fleurs, elle fait une petite révérence devant le tombeau et s’éclipse sans bruit. Elle ira à l’office jeter les carmines avec les autres détritus, puis replacera correctement ses petits habits. Elle ne porte rien de bien extraordinaire mais au moins elle est propre. Une petite robe qui tombe sur ses chevilles, de laine marron, un petit surcot de laine verte, ses cheveux sont toujours attachés. Elle avance dans le hall, un peu intimidée de se rendre là pour un repas alors qu’elle débarrasse l’endroit après chaque dîner chaque souper, chaque réception.

Elle entend du bruit, des voix. Ils sont déjà là. Elle hésite mais elle finira par ouvrir la porte en toute discrétion avant de passer la tête et d’aviser les présents. Elle est la dernière arrivée….L’angoisse…Tous les regards sont sur elle, alors elle reste près de la porte, toute rouge, extrêmement gênée de voir qu’ils étaient probablement tous en train de l’attendre.

- Pardon…J’achevais quelque chose d’important…Je m’excuse pour mon retard, je ne l’ai pas fait exprès…

C’est un moment terriblement angoissant pour elle. Elle n’aime pas tellement que tout le monde la regarde et elle n’aime pas trop attirer l’attention. La voilà qui tire à nouveau sur sa manche, comme ce matin.

- Hem…Est-ce que je dois aller chercher quelque chose en cuisine ?, dit-elle après un petit silence.

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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeDim 12 Juil 2020 - 16:40

Dès les premiers mots d'Anaëlle, Efren comprit qu'elle avait l'intention de rester. Il en fut si soulagé qu'il ne songea même pas au fait qu'il lui avait peut-être fallu du temps pour prendre cette décision. Il arbora alors un sourire qui traduisait cet apaisement autant que sa joie de la savoir ici. Il ne lui avait apparemment pas fait assez peur pour qu'elle veuille demeurer loin de lui. Il ressentait également le besoin de lui parler urgemment mais il ne pouvait s'absenter. Pas tout de suite. Alors, il lui faudrait prendre son mal en patience et attendre la fin du repas, en espérant qu'elle accepte...

Tout ceci le préoccupait tant qu'il mit un moment avant de réagir à sa question.

-Non... Non non, tu es une invitée. Tu as juste... à t'asseoir et à profiter.

Il lui offrit un sourire plus contrit qu'il ne l'aurait voulu. Il avait l'impression d'être si maladroit tout à coup. Il avait commis une erreur le matin et réalisait qu'il mettait de nouveau la jeune fille dans une situation inconfortable maintenant. Faire preuve de maladresse une fois, c'était une chose... Mais deux fois en si peu de temps avec quelqu'un comme Anaëlle, cela pourrait être plus lourd de conséquence... Il se mit une claque mentale derrière la tête.
Aaron perçut la tension dans l'attitude de son fils et lui vint en aide en conviant tout le monde à s'asseoir. Chacun prit place autour de la table, Louise prenant évidemment le siège qui lui était dévolu en bout de table tandis qu'Anaëlle fit de même de l'autre côté. Tous la regardèrent faire mais un seul ouvrit la bouche pour lui faire une remarque à voix basse.

-Pssst. C'est au maître des lieux et à l'invité d'honneur de se mettre en bout de table.
-Ce n'est pas grave, Max. De toute façon, je peux être assis n'importe où, je ne vois pas la différence.

Et il joignit le geste à la parole en tirant la première chaise qui se trouvait devant lui afin de s'y asseoir. Les deux serviteurs échangèrent un regard interloqué devant le comportement assez inhabituel de leur ami tandis qu'Aaron plissait légèrement les yeux en l'observant lui, mais aussi Anaëlle. Il s'était passé quelque chose, il en jurerait.

Le repas se passa globalement bien malgré cette petite gêne persistante. Maïethé avait préparé un succulent déjeuner et plutôt copieux. Il s'était terminé par le fameux gâteau aux pommes préparé par son père. Il avait soufflé ses dix-sept bougies après un moment de réflexion quant au vœu qu'il allait faire. Puis vinrent les cadeaux. Aaron s'était procuré un livre au contenu assez technique et remplit de schémas d'ingénierie. Max et Edwinn s'étaient associés pour lui faire une petite surprise. Ils lui donnèrent son bâton d'aveugle et l'invitèrent à en toucher l'extrémité haute qu'ils avaient décoré d'une lanière de cuir tressée qui maintenait une plume blanche et quelques cailloux de couleurs différentes polies par l'eau et les années.

Pendant tout ce temps, Efren s'efforça à sourire et à passer un bon moment mais il ne pouvait s'empêcher d'être anxieux dès que son attention se portait sur Anaëlle. Les milles questions qu'il s'était posé toute la matinée le hantaient toujours et il lui tardait de pouvoir discuter avec elle. Il lui tardait autant qu'il l'appréhendait... tout en craignant qu'elle refuse de lui parler. Et lorsque le déjeuner s'acheva enfin et que tous commencèrent à se lever pour reprendre leurs activités, un nœud vint soudainement s'installer dans son ventre. L'espace d'un instant, il se sentit incapable de la héler. Mais il avait conscience que la laisser partir, ce ne serait que le laisser mal plus longtemps encore. Alors, sentant la jeune femme passer près de lui, il se leva.

-Anaëlle ! Tu veux bien me raccompagner ? S'il te plaît...

Son ton était plus suppliant qu'il ne l'aurait voulu mais il se sentait si coupable qu'il n'avait pu faire autrement. La simple idée qu'elle lui dise non l'angoissait par avance et il s'était arrêté de respirer, attendant sa réponse. Pourtant, il n'insisterait pas si elle refusait. Jamais on n'avait écouté sa voix jusque là, il serait donc le premier à la respecter, même s'il devait endurer son angoisse plus longtemps encore.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeDim 12 Juil 2020 - 18:51


S’asseoir et profiter. Mais…si elle peut s’asseoir, elle ne sait pas vraiment ce que veut dire profiter. Alors, elle avance, elle salue timidement les autres serviteurs, elle fait une petite révérence à Louise et à Aaron et se tient un peu en retrait, tout impressionnée de se retrouver là, dans la belle salle, en tant qu’invitée. C’est drôlement joli, cet endroit. Il y a de beaux et larges tapis sur les murs, il y a de grandes flammes dans l’âtre, il règne une douce chaleur ici et l’atmosphère est gaie. Les autres parlent, ils racontent des choses, elle écoute, un peu distraite par la bonne odeur et par la beauté de l’endroit. Elle n’a rien d’intéressant à raconter, elle, alors elle se tait. Puis vient le moment de passer à table.

Anaëlle n’est camériste que depuis très récemment. Si désormais son métier n’a plus aucun secret pour elle, il n’en va pas de même pour les notions élémentaires d’étiquette à table. Aaron a dit qu’ils pouvaient tous s’asseoir alors elle prend la chaise la plus proche sans comprendre pourquoi tout le monde la regarde comme ça, comme si elle avait fait une énorme faute. La jeune servante remarque les regards, le petit silence soudain interrompu par la révélation de son erreur, ce qui a pour effet de la teindre immédiatement en rouge vif.

- Pardon…J’savais pas…

Efren vient alors à son secours et prend la chaise qui se trouve devant lui en disant que ce n’est rien. Anaëlle garde alors sa place et baisse la tête, tirant sur sa manche de manière compulsive, jusqu’à ce que tous les regards cessent de se focaliser sur elle. Fort heureusement, quelqu’un lance un sujet de conversation et tout le monde se met à parler en mangeant. La servante, elle, reste totalement silencieuse. Elle est juste en face de Louise, elle comprend mieux pourquoi cette place est une place d’honneur. On voit tout le monde et tout le monde peut vous voir. Si tout le monde semble avoir oublié cela, Anaëlle, elle, en a l’estomac cisaillé en deux. Elle ne mange presque rien, elle répond brièvement aux rares questions qu’on lui pose et elle évite soigneusement de regarder Efren.

Peuvent-ils seulement imaginer que c’est la première fois qu’elle est reçue à un dîner ? S’aperçoivent-ils de son embarras et de sa gaucherie ? Perçoivent-ils, même fugacement, toute sa solitude en bout de table, alors que plus loin les rires s’élèvent ? Pourquoi l’avoir invitée d’ailleurs ? Elle n’a rien à dire d’intéressant ou de drôle, elle fait des erreurs tout le temps, elle a l’impression de passer sa vie à s’excuser, pour tout et tout le temps.

Lorsqu’il souffla ses bougies, elle songea au vœu qu’elle avait fait. Et qui n’avait pas fonctionné. Il faut croire qu’elle ne prie pas comme il le faut…Et les cadeaux, par la DameDieu…Elle aurait eu l’air tellement ridicule avec sa petite fleur toute moche à côté de ce beau bâton si bien décoré, un cadeau superbe. Et ce beau livre offert par son papa…Anaëlle ne sait pas lire, elle ne sait pas écrire, elle est totalement illettrée. Et pourtant…ça a l’air beau, ce livre, avec de jolies images. Heureusement qu’elle n’est pas venue ici avec cette fleur de lisse…Elle n’aurait jamais osé la lui donner devant tout le monde…

Alors que tout le monde se lève pour s’en aller, Anaëlle commence à empiler les assiettes et les couverts pour les ramener en cuisine, en silence. Invitée peut-être mais cela ne se fera pas tout seul et Maïethé est fort occupée, elle le sait. Elle allait prendre l’assiette d’Efren quand il lui demanda soudain de le raccompagner. Il se lève d’ailleurs et attend sa réponse.

Anaëlle sait qu’Efren peut parfaitement se déplacer tout seul dans le château, dans les endroits qu’il connait bien. Elle sait aussi que cette demande n’est qu’un prétexte, elle l’a bien compris, mais un prétexte à quoi ? Parler de ce qu’il s’est passé ce matin ? Sans aucun doute. Il n’y a pas grand-chose à dire, pourtant… Alors elle dépose l’assiette sur la table et passe ses mains sur son surcot, en silence.

- D’accord.

Elle va chercher le grand bâton, elle prend le beau livre sous son bras et revient vers lui pour lui tendre le cadeau de Max et d’Ed.

- Ton bâton est juste devant toi…Je peux porter le livre.

Elle se placera du côté de sa main libre, automatiquement, de manière à ce qu’il puisse la poser sur l’avant-bras de la jeune fille s’il en ressent le besoin, puis entamera le chemin vers la chambre d’Efren, en silence. Un silence un peu gênant, qu’elle ne sait pas comment rompre, d’autant plus que tout le monde les regarde à nouveau…
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeDim 12 Juil 2020 - 20:32

Elle avait accepté et cela soulagea légèrement le jeune aveugle. Elle savait très certainement qu'il pouvait rentrer seul à sa chambre. Il n'avait même pas pensé à prendre ses affaires, il voulait simplement se retrouver à nouveau seul avec elle. Lorsqu'elle lui parla de son bâton et de son livre, il se dit que cela ferait un très bon prétexte pour les autres mais ils auraient bien pu rester là, ce n'était pas sa préoccupation première. Ces cadeaux étaient très beaux mais, là, tout de suite, il voulait surtout parler à Anaëlle.

Le trajet fut bien plus long que d'habitude aux yeux d'Efren. Il parvint à l'effectuer sans toucher la toute jeune femme. Il l'avait déjà mise suffisamment mal à l'aise pour l'ennéade en cours. Aussi garda-t-il une distance respectueuse avec elle. Aussi respectueuse que ce silence entre eux était pesant. Lorsqu'ils atteignirent enfin la porte de sa chambre, il la franchit et la maintint ouverte.

-Entre, s'il te plaît. Je veux seulement te parler. Dit-il à mi-voix afin que les personnes dans le hall ne l'entendent pas et qu'on ne comprenne pas qu'il s'était passé quoi que ce soit. Le regard des autres ne le dérangeait plus mais il savait à quel point il pouvait être difficile à supporter.

Et Anaëlle accepta, pénétrant dans la pièce. Il ferma derrière elle et s'apprêtait à ouvrir la bouche lorsqu'il réalisa qu'il se tenait entre elle et la sortie. Alors, il effectua prestement quelques pas sur le côté puis posa son bâton contre le mur avant de se tourner de nouveau vers la servante, les mains jointes devant lui. Il parla assez vite, presque paniqué à l'idée de ne pas pouvoir exprimer tout ce qu'il avait sur le cœur. Comme si elle risquait de s'enfuir à nouveau avant qu'il ait fini.

-Je suis désolé. Déjà pour le repas... J'ai bien compris que ça t'avait mise mal à l'aise et ce n'était certainement pas le but recherché. Je voulais que tu sois là parce que tu fais partie des personnes que j'apprécie ici. C'est ce qu'on fait dans un anniversaire : on rassemble toutes les personnes qui comptent.

Et il lui semblait soudain évident qu'elle comptait plus qu'il ne le croyait. C'était bien plus vrai depuis quelques heures. Depuis qu'il croyait l'avoir perdue en fait... Et cette idée lui flanquait une peur bleue.

-Mais surtout, je suis désolé pour ce matin. Si j'ai fait quoi que ce soit qui t'a déplu, je m'en excuse. Je ne voulais pas t'effrayer. Je ne te ferais jamais de mal, j'espère que tu le sais. Et pas seulement parce que je viens de le dire... J'espère que tu le savais déjà avant.

Efren s'arrêta brusquement de parler. Lui qui d'habitude était si posé et plein de sang froid, il avait l'impression de perdre soudain tous ses moyens. Il aurait pu parler ainsi de longues minutes, déversant toutes les craintes qu'il avait depuis ce matin mais cela aurait empêché Anaëlle de s'exprimer et ce n'était pas non plus ce qu'il voulait. Le silence l'effrayait mais il serait nécessaire s'il voulait pouvoir entendre la voix de la jeune fille.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeDim 12 Juil 2020 - 22:05


La petite servante ne dit rien tout le temps que dure leur lente ascension vers le premier étage et la chambre d’Efren. Elle reste à ses côtés, attentive à ce qu’il fait, observant ses mouvements, de manière à s’assurer que tout va bien. Une précaution inutile, évidemment. Efren sait se déplacer sans aide, preuve s’il en faut une que sa demande ne concerne pas un éventuel besoin d’assistance mais bien autre chose. Et elle ne sait pas très bien quoi en penser.

Arrivée devant la porte de sa chambre, elle le laisse la précéder puis, après de deux à trois longues secondes de réflexion, elle entre à son tour, gardant le livre serré contre elle. Elle avait donc raison, il veut lui parler. Mais…Lui parler de quoi ? De ce matin ? Il n’y a rien à dire d’intéressant, selon elle. De ce repas ? Il n’y a rien à dire non plus, rien qui ne soit digne d’intérêt en tout cas.

Anaëlle est debout au milieu de la pièce, elle ne le quitte pas des yeux, elle garde le livre contre elle, attendant qu’il dise quelque chose. Et c’est ce qu’il fait. De manière ininterrompue, dans un flot de paroles si rapide qu’elle ouvre tout grand les yeux.

Il s’excuse. Mais…Il s’excuse de quoi au juste ? D’avoir été gentil ? D’avoir été prévenant ? Elle l’écoute bien sûr, et elle ne dit rien. Elle le laisse terminer puis se détourne déposer le livre, avec beaucoup de respect pour l’oeuvre, sur le lit du jeune homme. Comme ça, il pourra l’avoir sous la main et le regarder avec Monsieur Aaron quand elle sera partie. Cela étant, sans le livre, elle n’a plus rien pour se cacher un peu sauf ses mains. Alors elle tire à nouveau sur cette manche de manière compulsive, tout en approchant un peu.

- C’est pas ta faute…

S’il y a bien une personne dans ce château qui n’a rien du tout à se reprocher, c’est lui. Efren est gentil et bon, un être doux, un être pur qui est en train de s’inquiéter et de se faire du mauvais sang parce qu’il se soucie d’une servante.

- Tout ça…c’est nouveau pour moi…les gateaux d’anniversaire et les vœux…les repas avec des gens autour d’une table…compter pour quelqu’un…

Elle se tait un long moment.

Tout cela est nouveau et elle a du mal à mettre de l’ordre dans ses idées, dans son esprit troublé. Elle voudrait expliquer en douceur, trouver les jolis mots et les jolies phrases pour dire à quel point elle a été bouleversée par sa délicatesse et par tous ses gestes de ce matin. Emue par cette attention de l’inviter à ce repas, elle qui n’a jamais pris un seul vrai repas en famille. Effrayée par la violence de ce qu’elle a ressenti. Comment lui dire… ? Comment lui expliquer ? Elle ne connait pas les beaux mots et les jolies phrases que dit parfois la Dame Louise. Elle ne connait que son vocabulaire à elle, qui n’est pas très relevé. Elle doute d’ailleurs que celui-ci l’aide à exprimer correctement ce qu’elle ressent mais :

- J'savais pas qu’on pouvait faire des choses si douces avec ses mains…sur un visage. Ça m’a tellement…c’était comme si tu me brûlais la peau, mais que c’était pas désagréable…Je savais pas quoi dire, quoi faire, quoi répondre…alors j’suis partie…J’t’ai laissé tout seul, c’était pas très gentil…

Elle baisse la tête et regarde ses mains, gênée, toute rouge, une fois de plus :

- J’sais que tu me ferais pas de mal…c’était pas contre toi, mais…j’sais pas faire les choses comme tout le monde. J’ai peur…tout le temps. De jour. Comme de nuit. Tout le temps.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeLun 13 Juil 2020 - 7:05

Efren prit sur lui pour garder le silence et laisser la parole à Anaëlle. Il fit l'effort de l'écouter et d'essayer de comprendre, même si certaines notions étaient plus difficiles à intégrer que d'autres. Il savait que tout cela était nouveau. Personne n'avait jamais pris soin d'elle et elle n'avait jamais connu de moment véritablement heureux. Ils s'évertuaient tous à faire en sorte que cela change mais elle devait probablement avoir l'impression de vivre dans un tout autre monde. Un monde dont elle avait tout à apprendre et à intégrer pour en faire le sien.
Elle marqua une longue pause et, là encore, il tint sa langue afin de la laisser s'exprimer. Car elle n'avait pas répondu à sa problématique en définitive... Alors qu'elle avait commencé par lui dire que "ce n'était pas ça". Il resta là, le cœur battant à tout rompre tandis qu'il attendait la suite. Et sa première phrase le gêna, tant et si bien que l'une de ses mains vint frotter l'arrière de son crâne pour faire passer cette sensation. La suite en revanche le perturba davantage et il fronça des sourcils perplexes et interdits. Il la brûlait ? Pourquoi ? Comment ? Il avait du mal à se l'expliquer. Puis elle lui avoua qu'elle avait peur en permanence. A comprendre : même avec lui ? Cela l'attrista mais sa réaction était sans doute normale après tout. S'il avait lui aussi été malmené, il avait également été bien entouré, bénéficiant de la bienveillance d'une communauté et de l'amour de son père. C'était une partie du vécu de la jeune fille qu'il ne pourrait sans doute jamais totalement comprendre.

Alors que le silence s'installait de nouveau, Efren secoua subitement la tête pour se sortir de ses réflexions.

-Ne t'en fais pas pour moi. J'ai seulement craint de t'avoir blessée. Si tu me dis que non, alors je suis rassuré. La dernière chose que je veuille, c'est bien que tu t'éloignes... et surtout par ma faute.

Il avait noté qu'elle n'avait pas l'habitude d'avoir de l'importance aux yeux de quelqu'un et, si l'envie le prenait soudain de lui dire à quel point c'était vrai pour lui, il s'en retint. Ne serait-ce pas l'effrayer que de lui faire savoir qu'elle comptait réellement ? Il avait bien cru la perdre et c'était ce qui le faisait réaliser qu'il la voulait toujours près de lui... L'avouer, cela reviendrait peut-être à la voir disparaître pour de bon. Alors, il choisit de parler d'autre chose.

-Je sais ce que c'est que de se retrouver dans un endroit qu'on ne connaît pas ou qu'on ne reconnaît plus et d'essayer de s'acclimater. On se sent étranger quoi qu'on fasse, comme si on n'était pas à sa place. Jusqu'au jour où on découvre qu'en fait, on a fini par s'intégrer à ce monde sans s'en rendre compte. Le processus peut être long, ça dépend à quel point on se sent différent. Tu as une vie entière à rattraper alors... Tu dois persévérer. Je te promets que ça en vaut la peine.

Il s'efforça de lui adresser un sourire peut-être un peu triste mais qui se voulait encourageant. Cela ferait bientôt un mois qu'elle était libre et ce n'était rien comparé aux quinze années qu'elle venait de vivre. Il ignorait encore beaucoup de choses de son histoire et il soupçonnait qu'elle-même ne sache pas tout, comme avec cette fleur dont elle connaissait la forme mais pas le nom.

-C'est comme la peur et la douleur... Elles sont devenues des habitudes. Elles partiront, avec le temps. Et les caresses ne te brûleront plus... Elles seront... juste agréables.

Il n'avait pas réalisé que ce contact qui n'avait que pour objet de lui permettre de savoir à quoi elle ressemblait pouvait avoir un autre effet. Il avait cherché à agir avec douceur et précaution et il en était ressorti des gestes si tendres... Des gestes qu'elle ne connaissait pas. Lui-même avait soudainement l'impression de sentir à nouveau sa peau sous ses doigts. Sa peau si douce et fraîche... En y repensant, ses phalanges s'étaient mises en mouvement, se frottant lentement les unes aux autres comme pour tenter vainement de retrouver cette sensation.

-Et, pour information, la réaction adéquate quand on aime quelque chose, c'est de rester et d'en redemander... Confia-t-il mi-voix. Il redressa alors la tête pour avoir l'air moins songeur, continuant sur un ton normal et un peu plus enjoué, craignant que ses propos précédents soient mal accueillis. C'est comme Max avec le gâteau de mon père. Plaisanta-t-il en faisant allusion aux trois parts que le jeune serviteur avait englouti.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeLun 13 Juil 2020 - 13:13


- Efren

Le mouvement sur sa manche devient presque brutal. Elle sait qu’elle peut avoir confiance en Efren. Elle sait qu’il est gentil. Personne n’a été aussi gentil et doux que ce garçon avec elle. Mais…elle n’a jamais parlé de ce qu’elle a vécu à personne. La seule qui a entendu ses confessions ne pouvait de toute façon pas lui répondre. C’était rassurant. Il n’y a pas de jugement, dans la crypte. Il n’y a que la consolation du silence et le réconfort des ténèbres. Elle peut parler, personne ne répondra. Personne ne jugera. Personne ne sera dégouté. Parce qu’elle s’estime dégoutante. Salie à jamais. Peut-elle parler de cela avec lui ?
Tête basse, elle regarde son poignet et dit, tout bas :

- Le fermier, il m’a dit un jour, après que j’ai fait une bêtise, que mes parents m’ont abandonnée parce que j’suis qu’un fardeau. J’étais ptite…Pourtant…j’voulais vivre bien. Avoir chaud. Avoir à manger. Avoir quelque chose d’autre que des gifles…Puis…quand ils m’ont vendue à…Lui aussi, il m’a promis une nouvelle vie…De beaux habits…A manger tous les jours…Mais…J’aurais préféré mourir…

Elle détourne la tête, la gorge serrée.

- J’ai fait tout ce qu’ils demandaient pourtant…tout…Toujours…Pour cette vie que j’voulais si fort…mais…c’était pas suffisant. C’était jamais suffisant. Mais chu restée quand même…parce que j’avais peur d’avoir faim…c’est lâche, hein…j’sais bien.

A nouveau son regard s’embue. D’un geste rapide, elle essuie ses paupières encombrées. En parler avec lui, c’est compliqué. Parce que c’est l’associer à ces hommes qui lui ont fait du mal toute sa vie. C’est expliquer à un de ces hommes ce que plusieurs de ses frères lui ont fait. C’est lui montrer, sans pudeur, toute la cruauté dont ils ont fait preuve envers un être qui ne demandait qu’un peu d’affection et une protection. Celle qui se tient face à lui, ce n’est pas la jeune femme meurtrie, c’est cette enfant de quatre, peut-être cinq ans, pieds nus, les cheveux sales, et la poupée de chiffon à la main. L’enfant qu’elle est toujours, malgré toutes les horreurs endurées pendant autant d’années.

- Quand il fait jour, j’peux éviter les situations qui font peur. Les regards. Les questions…J’m’arrange pour être loin, pour pas qu’on me parle…Parfois j’y arrive, parfois j’y arrive pas. La nuit…c’est différent. Je peux pas échapper aux cauchemars…Jamais…Parfois…Ils me poursuivent au réveil…J’suis tellement fatiguée, Efren…Fatiguée d’avoir peur.

Les joues rouges de honte d’avoir avoué cela, elle se tait de longues secondes avant de dire, à voix basse, triturant nerveusement sa manche, toute droite devant lui.

- Mais j’ai pas peur quand j’suis avec toi…

Il est le seul dans ce château qui lui inspire assez confiance pour qu’elle s’exprime ainsi et encore le fait-elle avec une intense retenue pour ne pas l’effrayer ou lui inspirer de la pitié. Elle n’aime pas qu’on ait pitié. Il faut pourtant qu’elle lui explique pourquoi elle a réagi comme ça tout à l’heure, même si trouver les mots…c’est compliqué. Alors, tête basse, elle murmure, la voix sur le point de se fracturer :

- Quand il posait ses mains sur mon visage…c’était pour m’empêche de crier. Quand il posait ses mains sur mes joues, il serrait si fort que mon nez saignait…Quand il n’en posait qu’une, c’était pour donner des gifles. Les…Les caresses…ça n’existe pas dans mon monde…C’est…C’est pas la normalité. J’suis pas habituée…Et si je m’habitue…J’aurai peur d’en être privée à nouveau…J’ai eu peur…parce que c’était doux. J’ai eu peur…parce que j’ai aimé. Et que tout ce que j’aime, on finit par me l’enlever, un jour ou l’autre…Alors je redemande pas. Jamais. Même la nourriture.  Je redemande jamais rien.

Une larme vient mourir sur ses doigts nerveusement occupés à se faire du mal. Elle n’ose même plus le regarder.

- Tu…Tu diras rien à personne ?…tu promets de rien dire ? Même à Monsieur Aaron ?
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeLun 13 Juil 2020 - 14:36


-Je te le promets.

Pouvait-il seulement lui répondre autre chose ? Il n'osait pas lui avouer que c'était déjà ce qu'il faisait depuis un mois, ignorant qu'en réalité, il n'était pas le seul à savoir ce que Geoffroy lui avait fait subir. Alors lui faire une telle promesse ne lui coûtait pas grand chose de plus en vérité.

Efren ne pouvait pas la voir mais il imaginait sans mal l'état dans lequel elle se trouvait actuellement. Et il n'avait qu'une envie soudainement... Mais il n'était pas certain que ce soit une bonne idée, même si elle venait de lui assurer qu'elle n'avait pas peur de lui. Néanmoins, il ne pouvait pas non plus la laisser ainsi, sans rien faire. Alors il s'avança lentement vers elle. La sortie était toujours accessible si elle le souhaitait, il ne la retiendrait pas. Mais tant qu'elle le lasserait faire, il s'approcherait.
Une fois devant elle, il s'arrêta enfin. Il lui parla alors à mi-voix, comme pour lui révéler un secret, alors qu'en réalité c'était presque une supplique.

-Continue à ne pas avoir peur de moi, s'il te plaît. Et n'hésite pas à me dire si quelque chose te déplaît. Je saurai l'entendre et je m'adapterai... Parce que je te respecte trop pour vouloir t'imposer quoi que ce soit. Tout ce que je veux, c'est que tu sois bien... et heureuse.

C'était ce dont il avait besoin. Il ignorait s'il obtiendrait un jour ce dont il rêvait à présent mais il n'y avait probablement que le temps qui le lui dirait. Il ne connaissait son visage que depuis quelques heures et elle était partie immédiatement après. Comment réagirait-elle s'il succombait à tout ce que cet instant lui inspirait ? S'il la caressait encore ? S'il la prenait dans ses bras ? S'il... l'embrassait ?
Efren réprima tout cela, ignorant comment tout ceci serait perçu par celle qui comptait finalement tant à ses yeux. Sa voix se fit alors souffle tandis qu'il lui susurrait une nouvelle pensée.

-Et s'il te plaît, ne me fuit plus... Accepte que je sois doux avec toi. Accepte de t'y habituer... Parce que, oui, on peut perdre ce que l'on aime. Mais mieux vaut être triste de l'avoir perdu que de vivre avec le regret de ne pas en avoir profité tant qu'il était encore temps.

A ces mots, il leva une main et la lui présenta de la même manière qu'il l'avait fait en ce début de journée. Il lui laissait le choix : celui de la porter une fois de plus à son visage ou de ne rien faire, voire de le repousser. Elle ne voudrait peut-être pas réitérer cette expérience si tôt. Elle aurait peut-être besoin de temps pour intégrer la notion de base d'une vie normale qu'il venait d'évoquer. Ce n'était pas grave. Tant qu'elle n'avait toujours pas peur de lui, il saurait attendre.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeLun 13 Juil 2020 - 15:52


« …que tu sois bien et heureuse ». C’est, en l’essence, pour cela qu’elle se donne tant de mal tous les jours. Lui apporter son petit-déjeuner. Respecter l’homme qu’il est en se tournant toutes les fois que c’est nécessaire. Anticiper ses besoins, du moins autant qu’elle le peut, même si elle ne sait pas, même si parfois elle fait les choses de travers. C’est pour cela qu’elle lui a laissé son vœu d’anniversaire. Parce que selon ses valeurs à elle, en fonction de tout ce qu’elle a vécu, elle trouve injuste qu’un homme tel que lui soit privé de quelque chose dont il pourrait se servir à merveille. Il est bien plus intelligent qu’elle, plus doué et plus cultivé…La perte de la vue l’empêche d’avancer. Et elle trouve cela très injuste. Que quelqu’un comme elle en soit privé, c’est pas très grave, parce qu’en vrai, elle ne sert à rien. Que lui en soit privé, par contre, elle trouve ça vraiment imbécile de la part de la DameDieu…C’est ce qu’elle pense au plus profond de son être et c’est pour ça qu’elle a souhaité très fort ce jour-là, sa main dans la sienne, qu’il retrouve la vue.

- …

Pourquoi il est si gentil avec elle ? Elle n’a rien fait pour lui qui mérite autant de prévenances. Elle a du l’espionner, à chaque fois que Geoffroy le lui demandait, elle ne lui a pas rendu service, si ça se trouve, il aurait même pu mourir à cause d’elle. Et…il est toujours là, toujours attentif, toujours présent, toujours gentil. Il n’est pas effrayé. Et pourtant…S’il savait…S’il savait toutes les horreurs qu’elle a subies, tout ce qu’elle a traversé, tout le sang qu’elle a versé, voudrait-il encore l’approcher comme il le fait en ce moment ? Parfois elle percevait dans les regards de Maximilien et d’Edwinn quelque chose qui s’apparente à une espèce de dégoût teinté de pitié avant qu’ils ne détournent les yeux pour regarder ailleurs. Peut-être qu’ils parlent de son dos…Maximilien était là…Il a tout vu…S’il savait tout, est-ce qu’il aurait lui aussi ce genre de regard ? Elle pense que non…

- J’peux…J’peux au moins essayer…

Il est tout près maintenant, comme tout à l’heure. Et comme tout à l’heure, il lève la main, une main qu’elle regarde un long instant, tout en se remémorant les paroles qu’il vient de prononcer. Ne pas avoir peur de lui, a-t-il dit. Ne pas le fuir. Accepter qu’il soit doux et gentil. Toutes les mains ne sont donc pas des mains qui font mal…Il y a des mains douces qui glissent sur la peau pour en arracher des frissons. Des choses agréables…

Elle saisit alors sa main et la guide jusqu’à sa joue, réitérant le même geste que tout à l’heure, inspirant profondément pour se préparer au contact. Il sentira sous ses doigts le même tressaillement de surprise et d’angoisse mêlées mais il sentira aussi que le visage semble moins crispé. La servante ôte sa main et le laisse la toucher, tandis que ses mains à elle se triturent nerveusement, comme si elles étaient douées de leur propre volonté.

- Merci Efren…

A nouveau, elle a envie de pleurer. Pas parce qu’elle souffre, cette fois. Mais parce qu’elle expérimente quelque chose de beau et de positif. Et c’est pas souvent que ça lui arrive…Les yeux mi-clos, elle l’observe lui avant de baisser les yeux, toute rouge.

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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeLun 13 Juil 2020 - 16:59

Le temps se suspendit lorsqu'elle saisit sa main, et Efren cessa de respirer l'espace de quelques instants. Lorsque ses doigts retrouvèrent le velouté de sa peau, il soupira et étira un sourire profondément heureux. Heureux parce qu'elle avait accepté. Heureux parce qu'elle voulait bien essayer. Heureux parce qu'ils venaient de franchir une étape importante. Par ses caresses, il pouvait lui témoigner toute son affection en attendant le jour où ils pourraient aller plus loin.

Sa main se mit en mouvement sur sa joue. Pas comme tout à l'heure car, cette fois, il ne cherchait pas à la voir. Il voulait simplement être là, avec elle. Profiter de cet instant. Alors ses doigts se contentèrent d'effleurer sa peau, plus tendrement. D'abord à l'aide de son pouce. Puis du bout de ses doigts ou du revers de ses phalanges. Il replaça quelques cheveux égarés derrière son oreille pour libérer le plus d'espace possible. Puis il parcourut chaque millimètre carré de sa joue, dessinant sa pommette, suivant sa mâchoire... Sa seconde main remonta bien vite elle aussi afin de prodiguer les mêmes soins à l'autre côté. Sa peau était si douce...
Cela dura un long moment, tout du moins lui semblait-il car le temps était resté figé. Finalement, son pouce passa de nouveau sur ses lèvres qui lui faisaient tant envie à présent... Mais il réprima son désir et, maintenant le visage de la belle Anaëlle entre ses mains avec une infinie douceur, il releva la tête pour venir déposer un baiser sur son front. Il ne fit pas durer ce contact nouveau plus que nécessaire, il n'aurait même pas dû oser... Alors il se redressa, la libéra de la si faible emprise de ses mains et recula à nouveau d'un pas afin de lui redonner son espace vital.

-Merci à toi, Anaëlle... Souffla-t-il.

Elle ne pouvait pas imaginer ce que cela représentait pour lui. Qu'elle ne le considère pas comme les autres. Qu'elle l'accepte si près d'elle. Qu'elle le laisse la toucher si longtemps. Qu'elle lui permette de lui exprimer son affection, même si elle ne se doutait sûrement pas une seule seconde de ses sentiments. C'était un bonheur et une torture à la fois... Il lui avait promis de n'en parler à personne mais il devait bien avouer qu'il n'aurait pas été contre quelques conseils. Il savait qu'il devrait être patient mais combien de temps devait-il attendre ? Serait-elle jamais prête un à jour ? Peut-être attendrait-il en vain, non pas parce qu'elle ne parviendra jamais à ouvrir son cœur mais parce qu'elle l'ouvrira à un autre que lui...

Peu importait. Du moment qu'elle goûte enfin aux véritables joies de la vie. Même si ce n'était pas avec lui, ce serait toujours une satisfaction pour lui parce que ces instants y auraient nécessairement contribué. Des instants qui n'appartenaient qu'à eux.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeLun 13 Juil 2020 - 21:19


Le sourire qu’Efren affiche en cet instant vaut toutes les récompenses du monde pour l’effort accompli. Il a l’air heureux. Heureux et content. Anaëlle l’observe, tandis qu’il glisse ses doigts sur son visage, si tendrement qu’elle en est à nouveau bouleversée. Elle n’a rien à craindre. Elle n’a rien à redouter. Alors, elle ferme les yeux en essayant de…profiter. Comme il le lui a dit plusieurs fois aujourd’hui.
Profiter…c’est quoi au juste ? Elle le découvre là, tout de suite. Profiter, c’est laisser les choses se passer sans nécessairement avoir le contrôle sur elles, c’est éteindre toutes les peurs et toutes les angoisses, c’est laisser quelqu’un d’autre les éteindre à notre place. Là où avant elle aurait baissé la tête, elle la relève, timidement, pour observer les réactions du jeune homme.

Il a l’air heureux.

Et cette constatation la trouble. Ce n’est pas comme tout à l’heure. Ce n’est plus de la découverte, c’est autre chose. Il s’agit d’apprécier les courbes, les angles, les petites aspérités d’une peau jeune marquée par des épreuves qu’elle n’aurait pas du rencontrer. Qu’elle n’aurait jamais du rencontrer. Il prend son temps, il parcourt chaque petite parcelle de peau avec un ravissement qu’elle constate.

Anaëlle a un frisson lorsque la deuxième main rejoint la première.

Elle ferme à nouveau les yeux.

Profiter, a-t-il dit.

Elle essaye. Mais alors pourquoi est-ce que son cœur, lui, ne semble pas l’entendre de cette oreille ? Il bat un peu trop vite à son goût. Comme quand elle a trop couru et qu’il faut qu’elle reprenne sa respiration pendant quelques secondes. Est-ce parce qu’il est si près maintenant qu’elle peut sentir son souffle balayer quelques petites mèches de cheveux ?

Ne pas avoir peur et profiter.

Elle ne le fera pas exprès, le geste n’est pas réfléchi. Elle pose une main sur celle d’Efren, une, peut-être deux secondes, et est sur le point de dire quelque chose mais ses pouces caressent ses lèvres…Un mouvement d’une douceur exquise qui précède un chaste et pur baiser sur son front. Dans ce mouvement qu’il fait pour l’approcher, la fragrance d’Efren lui parvient. Une fragrance de bois et d’herbe après une intense ondée.

Cela ne durera pas. Déjà il se recule et lui rend toute sa liberté. Et il faudra quelques instants à Anaëlle pour comprendre ce qui vient de se jouer là. Les joues rouges, elle ne dit rien durant quelques secondes puis répond :

- De rien…

Elle inspire profondément puis murmure :

- Je dois y aller. Maïethé est toute seule aujourd’hui…Je dois débarrasser la salle à manger pour l’aider…

Elle fait quelques pas vers la porte et s’arrête comme si elle était sur le point de dire quelque chose mais elle ne dit rien. La main sur la poignée de la porte, elle regarde Efren un long moment avant de baisser la tête et de sortir, sans ajouter un seul mot.
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MessageSujet: Re: C'est l'intention qui compte [Efren]    C'est l'intention qui compte [Efren]  I_icon_minitimeMar 14 Juil 2020 - 7:27


La porte se ferma et Efren se sentit soudainement épuisé. Dans un grand soupir de soulagement, il prit appui sur le dossier d'un fauteuil qui se trouvait non loin. Il était fatigué mais surtout heureux. Elle n'avait pas reculé lorsqu'il était venu l'embrasser. Elle n'avait vraiment pas peur de lui. Bon, cela ne signifiait pas qu'il tenterait un véritable baiser de si tôt pour autant mais rien que le fait qu'elle l'ait laissé faire sans trembler ni sursauter ni frisonner était une grande victoire à ses yeux. Et cette main posée sur la sienne... Il sourit rien qu'en y repensant.

Le moment aurait vraiment été parfait en d'autres circonstances...

Finalement, le jeune homme se dirigea vers la fenêtre. Il avait chaud tout à coup. Il l'ouvrit, laissant entrer l'air frais de l'hiver. Il ne resterait pas longtemps, il avait seulement besoin de respirer quelques secondes, et seul. Car, à l'extérieur de sa chambre, il serait rapidement accaparé par son ouvrage en cours. Les sons des travaux dont il était à l'origine remontaient jusqu'à sa fenêtre. Les voix des ouvriers, les coups de marteaux sur le bois, les coups de burins sur la pierre, les scies, les polisseuses, la forge... Là où Fernel était si calme à leur arrivée, elle grouillait de vie depuis quelques ennéades à peine. La disparition de Geoffroy de l'échiquier avait permis de lancer bien des projets dont il était le maître d'oeuvre. Lui, un garçon de dix-sept ans.
Mais malgré le travail qui l'attendait, quelques papillons lumineux vinrent éclairés son monde de ténèbres. Éclairer ce visage encadré de cheveux roux nattés et illuminer ce regard vert qu'il ne pouvait qu'imaginer. Sous son bandeau, ses paupières s'ouvrirent et les faibles rayons du soleil d'hiver lui parvinrent. Il ressentit aussitôt la brûlure sur ses rétines et détourna la tête en pestant. Il était de moins en moins habitué à la lumière... Il devrait essayer de soulever ses paupières un peu plus souvent.

Après quelques minutes, Efren sortit finalement de sa chambre, le cœur bien moins lourd et l'esprit plus libre que jamais. Devant sa porte, il s'arrêta pour prêter l'oreille à l'agitation autour de lui, cherchant à identifier les positions et les activités des personnes qui se trouvaient dans le hall et qui constituaient pour lui autant d'entraves à son chemin. Se faisant, il perçut un cliquetis reconnaissable entre mille. Celui d'une pile d'assiettes surmontée de couverts que quelqu'un transportait. Il étira alors un sourire doux. Il n'était pas bon de prier Arcam en Péninsule mais... il lui devait bien quelques remerciements.

Et il lui tardait déjà qu'ils se retrouvent à nouveau seuls, tous les deux...
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