Deuxième coup

Framapad écrit avec la collaboration de Kerath

Arkuisa, IIIieme ennéade de Karfias, An XVIII, Cycle XI
Camp Drow, Naélis, Ithri'Vaan

La nuit venait de tomber alors que le croassement d’un Qeslac se fit entendre. Si certains ilythiiris relevèrent la tête pour regarder la curieuse créature, les Vaanies, eux, allèrent rapidement à la rencontre de l’animal qui se posa sur une espèce de structure en bois.  Il ouvrit les ailes, en croassant de nouveaux, avant qu’un des miliciens attrape le parchemin attaché à ses pattes. Il lui lança d’une main experte un rongeur, que le volatile attrapa en vol avant de l’avaler d’une bouchée. Le milicien ne se fit pas prier et entra rapidement dans la tente de la Princesse Marchande. Si certains de ses items avaient été particulièrement touchés par l’attaque surprise, la majorité de ses items avaient pu être sauvés, et la Princesse, contrairement à bien d’autres Eldéens, avait encore une habitation des plus confortables. Le milicien salua la Princesse d’Uldal’Rhiz, avant de lui tendre le vélin. Cette dernière porta une attention particulière au sceau qui cachetait le message avant de le craquer pour l’ouvrir rapidement.  Les yeux se baladent sur le vélin. Lisant chaque mot attentivement alors que les gardes stationnés à l’entrée de la tente surveillaient la Princesse Marchande. Aucune réaction ne put se traduire sur son visage, non plus alors qu’elle se calait un peu plus dans sa chaise, son regard directement devant elle, alors que ses pensées semblaient s’être égarées. Il y avait tant de choses en jeu, tellement d’alternatives différentes qui pouvaient mener à des issues toutes plus dangereuses les unes que les autres.


Cela prit quelques minutes avant que la Vaanie rappelle le milicien;  « Des nouvelles de ceux que l’on a envoyé patrouiller au nord? » Tristan secoua la tête de façon négative. « Rien pour le moment. » Maralina pinça doucement ses lèvres alors qu’elle semblait totalement perdue dans ses pensées; « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles je suppose. » Le rouquin ne répondit rien, de toute façon qu’aurait-il pu dire? La présence des gardes draconnique lui enlevait toutes opportunités de dire un quelconque secret. Si au moins ils protégeaient la Princesse, cela voulait aussi dire qu’elle était sous la surveillance directe du Karliik Glenn. Une prison dorée en soi. Une prison dangereuse et imprévisible. Il les voyait bien les marques bleutées sur le coup de la Vaanie, avait bien vu sa main bandée, ensanglanté lorsqu’elle était revenue du Quarth Ul’mah, et il ne pouvait décrire à quel point il avait eu l’impression d'échouer dans sa tâche. Si les gardes draconnique la protégeaient contre les autres Eldéens, ils ne la protégeaient guère contre le général, et c’était probablement lui qui était le plus dangereux de tous. Il faut avouer que le rouquin avait été particulièrement content que Maralina évite Kerath pendant les jours qui suivirent, ne cherchant pas la compagnie du père de ses enfants à naître. Car en effet, surtout après l’embuscade, la Vaanie avait évité de rencontrer ce dernier, se disant qu’il avait probablement d’autres chats à fouetter qu’une Princesse Marchande. Elle lui avait fait passer un message comme quoi elle était saine et sauve, et cela avait semblé lui suffire.


« Amène moi voir le Karliik Glenn. » La voix de la Vaanie brisa finalement le silence alors que son regard azuré se posa sur l’un des ilythiiris et sa réponse fut un simple hochement de tête. Tristan tenta d’ouvrir la bouche pour lui dire qu’il l’accompagnait mais il se fit interrompre net; « Ce n’est pas nécessaire Tristan, je reviendrai vite. » Elle se releva de sa chaise avant qu’un serviteur ne vienne déposer une longue cape sur ses épaules, recouvrant sa robe qui, comme toujours, révélait parfaitement les formes de la Princesse Marchande.  Le garde draconnique hocha à nouveau la tête, avant qu’un des miliciens n’écarte le rideau pour laisser la Princesse sortir. Entouré des gardes, parchemin à la main sous la cape, la Vaanie se mit à marcher vers le Quarth Ul’mah. Elle était bien consciente des regards qu’elle attirait, bien consciente des sourires amusés qui apparaissaient sur les lèvres des Eldéens alors qu’ils pouvaient voir les immenses marques bleutées sur son cou. Signe que quelqu’un l’avait soumise d’une façon particulièrement violente.  Ce fut au bout de quelques minutes qu’ils rejoignirent l’état-major, les gardes draconnique se mirent à parler entre eux, avant que l’un se dirige rapidement vers la tente du Karliik Glenn, l’informant que la Princesse d’Uldal’Rhiz souhaitait lui parler urgemment. À savoir, si ce dernier accepterait de la rencontrer ou non.

***

La tente de commandement était entourée de gardes draconniques et parmi ceux-là se trouvait Ria’las, s’occupant elle-même de la défense des membres de l’Etat-Major, c’était elle qui avait organisé le périmètre entourant la quarth ul’mah ; mis à part les deux surveillants qui s’occupaient de la protection de la princesse marchande, toute la garde était rassemblée au même endroit et ce parce que tous les officiers supérieurs, tous les grands-prêtres et tous les hauts représentants des instances civiles accompagnant les osts étaient réunis au même endroit. Elle observait quiconque semblait s’approcher d’un air inquisiteur ce qui poussait beaucoup à faire un détour pour éviter de subir les foudres de la streea qui avait les mains posées sur son bouclier planté dans le sol spongieux devant elle. La commandante de la garde draconnique haussa un sourcil en voyant arriver Maralina mais elle se baissa légèrement pour placer son bras dans les lanières qui lui permettaient de tenir fermement son bouclier qu’elle leva quelques centimètres au-dessus du sol. De la boue gluante commença à lentement glisser pour retomber par terre.


Llaulthyrrn fit signe à sa protégée de l’attendre là avec son binôme tandis qu’il s’approchait de sa supérieur. Après l’avoir salué et reçu l’autorisation de parler il lui expliqua la raison de la présence de Maralina ce à quoi Ria’las ne répondit rien, se contentant de lancer un regard suspicieux à la princesse marchande.
« Prends ma place, fait attendre quiconque avant mon retour. » Le kyorl hocha la tête et regarda la streea lui tourner le dos avant de lui obéir.


Pendant ce temps Ria’las poussa un soupir devant les pans de la tente de commandement. Elle prit une grande inspiration pour rassembler son courage pour braver l’intérieur et parce qu’elle voulait profiter une dernière fois d’un peu d’air pur. Dès son premier pas dans la quarth ul’mah une bouffée de chaleur lui fouetta la visage, contrastant avec l’extérieur hivernal. La température était telle que beaucoup étaient venus sans armure, au final ça rappelait à la capitaine les réunions d’Etat-Major au Puy, et ce parce que malgré la taille démesurée de la tente, le nombre de personnes s’y trouvant faisait qu’on s’y trouvait tout de même à l’étroit. Avec des débats animés l’air s’échauffait déjà vite mais à ça il fallait ajouter les diverses prières et sacrifices faits, en autres, en l’honneur d’Uriz ce qui nécessitait des flammes. Mais ayant grandi au Puy, elle s’habitua bien vite à la différence de température par contre elle avait bien plus de mal à s’habituer à la fumée. Si elle n’osa maudire les divers prêtres et leurs cérémonies qui exigeaient de brûler quelque chose, plus tôt elle avait entendu les cris d’un humain, Ria’las ne retint pas ses malédictions pour les officiers qui aimaient fumer lors de réunions. Et plus particulièrement pour l’un d’eux qu’elle savait être un fervent adepte d’une résine vaanie dont les effets ne plaisaient pas du tout à la capitaine.




Dans l’idée de ne pas déranger les discussions en cours, dont la principale avait évidemment lieux au centre, autour de la table principale, elle se faufila entre les eldéens bien qu’elle n’eût pas de remords à pousser un veldruk sur le côté qui grommela quelque chose mais resta là où on l’avait poussé le temps que l’impolie passe. A force de coups d’épaules et de coudes elle réussit à se retrouver dans le dos du karliik glenn alors qu’il finissait de parler.


« Maralina veux te voir. » D’ordinaire Ria’las aurait simplement chuchoté à son oreille mais maintenant ce n’était pas une option si on voulait être entendue et pas noyer dans la cacophonie ambiante. Elle crut un instant que le colosse ne l’avait pas entendu mais lorsque le grand-prêtre du Père eut terminé de donner son avis il se mit de profil pour pouvoir répondre à la capitaine alors qu’un autre grand-prêtre, celui-ci au service de la Gardienne, reprenait la parole, se lançant dans une tirade enfiévrée. Une tirade dont le début ne sembla pas plaire au karliik glenn au vu du grognement qu’il poussa.


« Pas maintenant. »
« Elle dit que c’est urgent. »
« Dis-lui d’attendre, dans une heure les combats rituels en l’honneur d’Uriz vont commencer, on pourra discuter à ce moment-là. »


La commandante de la garde draconniques hocha la tête et tenta de sortir, faisant ce qu’elle pouvait pour ne pas perturber un prêtre mais elle n’eut aucun scrupule à bousculer une cadette qui tomba sur un assistant du Phord’ur. Elle ne s’arrêta pas un instant, même si c’était de son fait, c’était leur problème à eux, ils n’avaient qu’à le régler. Son implication dans l’affaire n’aurait de toute façons que compliquer la situation.


Llaulthyrrn fut bien content d’entendre sa supérieur revenir un petit quart d’heure plus tard mais contrairement à ce à quoi il s’attendait, elle ne reprit pas sa place mais le dépassa pour aller directement parler avec la princesse marchande.


« Le karliik glenn n’est pas en mesure de vous recevoir mais vous êtes conviée au combats organisés en l’honneur du Créateur, vous aurez l’occasion de discuter à ce moment-là. »


La Princesse d’Uldal’Rhiz haussa un sourcil alors que cette dernière lui donnait la réponse du Karliik Glenn. Il lui disait non? Vraiment? Elle serra doucement le poing droit - celui qui n’était pas blessé - avant d’observer intensivement la jeune ilythiiri. Elle se doutait bien que ce n’était pas sa faute, mais elle détestait passé pour une moins que rien. Maralina était Princesse, pas une vulgaire général. Elle soupira en levant les yeux aux ciels avant de prendre la parole; « Par chance qu’ils voulaient ses informations rapidement. Très bien, je reviendrais dans l’heure. » Sans attendre, la demie-elfe se retourna pour retourner à sa tente. Les gardes draconnique la suivirent rapidement, ne remarquant pas une ombre qui suivait le petit groupe.  Une fois à sa tente, cette dernière retourna à son bureau, tapotant du bout des doigts la table de bois. Une nouvelle humiliation pour la Princesse d’Uldal’Rhiz… rien qui aidait l’humeur déjà massacrante de la dirigeante Vaanie. Néanmoins, elle lâcha le morceau, contrôlant rapidement la colère qui grondait avant de se remettre au travail. Il y avait beaucoup de choses à préparer pour son prochain coup et cela serait dommage de tout laisser pour quelque chose d’aussi insignifiant.


Ce fut un de ses gardes draconnique qui vint la sortir de son travail, lui rappelant à nouveau l’heure, et lui disant que les combats commenceraient bientôt. Cette dernière acquiesça, avant de se saisir de ses parchemins avant de remettre sa cape, pour reprendre la même humiliante marche. La Vaanie croisa une nouvelle fois le regard de la garde. Inutile de lui dire quoi que ce soit. Elle devait savoir à qui elle avait affaire...


C’était devant la statue d’Uriz, sur la place principale que, qu’une arène fut improvisée, des gradins furent installés autour et une tribune fut élevée pour les personnages les plus importants. Ce qui incluait Maralina mais elle ne monta pas les marches pour aller prendre place. Elle fut menée devant le karliik glenn qui n’était pas assis, contrairement aux grands-prêtres et autres officiers supérieurs des osts. Le colosse était au milieu des soldats, aux bords de l’arène, à regarder Drizdrin retirer son armure frappée du soleil du Créateur puis un esclave lui tendit ses deux épées pour faire quelques moulinets afin de s’échauffer. Kerath poussa l’ilythiiri à côté de lui pour donner à Maralina une place en première loge, de façon au final très littérale.


Le prêtre torse-nu se tourna vers la statue d’Uriz et croisa ses lames au-dessus de sa tête tandis qu’on apportait un humain. Il était mal en point, c’était le moins qu’on puisse dire, lorsque les soldats qui le tenait le lâchèrent un craquement d’os se fit entendre alors que son genou droit était trop faible pour supporter son poids en armure bien qu’elle fut en aussi mauvaise état que lui. Le naélisien poussa un hurlement de douleur alors que Drizdrin s’avançait vers lui en scandant une prière, ses armes toujours brandies pour finalement les abaisser. Si l’homme qui avait eu la chance, ou la malchance, de survivre à la bataille, il ne rendit pas son Souffle tout de suite, il put voir les deux lames approcher dangereusement de lui mais, surtout, il put les voir s’enflammer. Puis il les vit tournoyer dans les mains de son bourreau qui les planta dans la poitrine du malheureux, le clouant au sol. Il aurait bien poussé un dernier cri mais ses poumons perforés l’en empêchèrent. La suite de la prière sur les lèvres de l’adepte du Père des Batailles fut reprise par tous ceux présents dans l’assemblée alors que le cadavre prenait feu aux pieds de la statue d’Uriz.


Lorsque la prière fut terminée il était temps pour ceux qui voulaient combattre sous le regard du Créateur de s’avancer et comme il était de coutume : le prêtre qui officiait la cérémonie serait le premier à se battre. Une eldéenne sortit de la foule en boîtant. Yasrena n’avait pas pu participer à la bataille, la vague l’avait assommée et elle avait passé la majeure partie du combat inconsciente alors elle était résolue à ne pas laisser passer cette occasion de briller sous le regard d’Uriz.

« On m’a dit que tu avais quelque chose à me dire et que c’était urgent, j’ai fait aussi vite que j’ai pu. » Kerath tourna la tête vers la princesse marchande. « Je t’écoutes. »


Les soldats aux alentours étant bien trop accaparés par la lutte qui s’annonçait pour écouter ce que disait le karliik glenn et encore plus une vaanie dont ils ne connaissaient probablement même pas le nom et serait donc bien incapable de la reconnaître parmi ses pairs.La princesse regarda attentivement le combat qui se déroulait devant elle. Interdite, son regard suivit chaque mouvement des épées du prêtre alors qu’il les enfoncent dans la chair de ce dernier. Elle n’eut aucune réaction alors que l’humain mourait doucement devant ses yeux. « En effet, tu te laisses désirer, Karliik Glenn. A croire que tu ne réaliseras jamais le seul ordre que je t’ai donné.»


« Ne soit pas impatiente, je dois regarder au moins un combat et après je pourrais m’éclipser. » Elle pouvait sentir le regard du géant sur elle, alors elle sortit doucement le parchemin qu’elle tenait pour le tendre vers Sagar.


« J’ai reçu des nouvelles de Thaar. Commençons par les bonnes nouvelles? Voici le plan détaillé de Naélis avec tous les passages secrets que mes espions ont trouvé.» Se retournant finalement vers le général, elle rencontra finalement son regard avant de continuer; « Pour ce qui est du Nord de la principauté, tout y est calme pour le moment. J’ai une petite force en route pour pacifier la région ou prendre le contrôle si nécessaire. Par contre, on nous a reporté quelques attaques éparses de caravane marchande par des mercenaires. Rien de problématique, mais si j’étais toi, je m’assurerais que mes convois soient bien protégés. » Le soldat a ses côtés sembla incapable de contrôler son excitation, et sans le vouloir il poussa la Princesse Marchande qui vint bousculer a son tour le général. Quoique ce dernier bougea à peine sous l’impact, semblant ne même pas le ressentir. Son regard azuré se tourna vers l’ilythiiri, l’observant silencieusement, remarquant la dague qui pendait à sa ceinture. La prochaine fois elle l’enfoncerait directement dans sa jugulaire, et lui aussi, finirait en sacrifice pour Uriz… Maralina secoua la tête, clairement ennuyé avant de retourner son regard vers le combat qui s’apprêtait à commencer.


Llaulthyrrn joua des coudes pour faire le tour de la princesse marchande qu’il avait toujours pour devoir de protéger afin de se mettre entre l’eldéen qui venait de pousser cette dernière et ladite princesse marchande ; si le soldat qui venait de perdre sa place se tourna vers celui qui l’avait poussé, il tourna bien vite la tête dans une autre direction en voyant qu’il s’agissait d’un garde draconnique.


« Normalement c’est le cas mais je comptes sur toi pour que ça n’arrive pas comme nous en avons discutés la dernière fois. »


L’esclave qui avait donné ses deux épées à Drizdrin lui tendit cette fois deux dagues tandis que Yasrena s’empara de son épée puis les deux combattants se tournèrent autour, la drow mettant sa jambe blessée en arrière. Elle l’observait attentivement, sachant qu’elle avait du temps devant elle étant donné qu’il serait mieux vu de la part du prêtre de lui laisser l’initiative, pour montrer qu’il n’avait pas peur et qu’il méritait sa place dans les ordres, place qu’il avait sûrement dû obtenir de dure lutte.


« Quelque chose ne va pas, tu n’aimes pas les combats ou bien les autres nouvelles sont si mauvaises que ça ? » Kerath n’avait d’yeux que pour Maralina, trouvant d’un certain ennui la période qui précédait le combat bien que son oreille droite était dressée, attentive au moindre son de métal qui devait retentir. Si la vaanie qu’il avait en face de lui ressemblait effectivement à celle qu’il connaissait, elle n’avait pas du tout l’air contente, ni même joueuse comme elle semblait l’être d’ordinaire.


Maralina se retourna pour croiser le regard de Sagar, elle haussa des épaules avant de continuer; « Les combats ne me dérangent aucunement. C’est le traitement que je reçois qui me dérange. Disons que je n’ai pas l’habitude de me faire manquer de respect. » dit-elle non sans jeter un regard à l’ilythiiri qui avait osé la bousculer. Elle aperçut Llaulthyrrn, et lui fit un léger signe de la tête, le remerciant silencieusement avant de retourner son regard vers Sagar. « Comme j’ai dis, je fais mon possible pour que cela n’arrive pas. Mes soldats devraient arriver dans les prochains jours dans le nord. Ils arrêteront toute action suspecte, d’ici la, je ne peux rien te garantir. » Elle s’arrêta un moment, fixant le combat qui reprenait avant que son regard ne croise un ilythiiri. Ce dernier lui jeta un regard mauvais avant de serrer la main sur la poignée de son épée - décidément, elle était toujours autant apprécier… « Il y a aussi autres choses, mais j’ignore comment tu le prendras. » La Vaanie retourna son regard vers Sagar avant de prendre la parole; « J’ignore si tu connais Diolando Vega, il est le Prince Marchand de Qyriah. » Il secoua la tête pour lui indiquer que non. « C’est avec ses quelques miliciens qu’Uldal’Rhiz a arrêter Ascanio... » Elle soupira de découragement avant de continuer;   « Ce dernier a organisé un spectacle pour expliquer à la populace les semailles. Bien évidemment il s’est mis en avant alors qu’il était loin d’être le cerveau, mais il a aussi fait croire aux Thaaris que les Milles-Caves étaient des victimes de cet événement et non pas un participant à part entière. » Elle se doutait bien que Sagar ne serait pas nécessairement content d’apprendre une telle chose, après tout ce dernier avait un quelconque sens de l’honneur. Ce que Vega n’avait pas. Il resta muet et presque de marbre, si ce n’était ses yeux dont le jaune et le rouge vif n’était pas sans rappeler sa Flamme qui brûlait d’une colère contenue.


« Comment ? »


Maralina se retourna vers Sagar, avant de continuer; « Crois-moi, ce n’est définitivement pas le genre de nouvelle que je veux t’annoncer dans TON camp militaire.»  C’était bien entendu dangereux, surtout que Sagar se battait pour préserver l’accord entre les Vaanies et les Puysards. Tout cela n'aiderait en rien la situation. « J’ai toujours su qu’il était insensé, mais je n’ai jamais pensé qu’il était dangereux. Je vais devoir m’occuper de lui..» Son regard croisa une nouvelle fois l’ilythiiri devant elle. Ce dernier lui jeta de nouveau un regard mauvais avant de commencer à s'avancer vers cette dernière, poussant ces paires. « Qui est-ce? » demanda t-elle à Sagar en regardant ce dernier s’engouffrer dans la foule.


Sagar retourna brièvement dans son mutisme et hocha lentement la tête à sa remarque. Elle était prudente, chose qu’il ne pouvait pas lui reprocher au vu de sa situation. Les yeux rouges et jaunes du colosse suivirent ceux bleutés de la vaanie alors qu’elle avait visiblement un eldéen en tête lorsqu’elle posa sa question. Le karliik glenn chercha quelques instants la personne dont elle parlait avant de trouver.
« Un prêtre qui s’est fait volé la vedette par Drizdrin, au départ ça devait être à lui de s’occuper du sacrifice… et du premier combat. » Combat qui n’avait d’ailleurs toujours pas commencé et les ilythiiris rassemblés autour de la place centrale commençaient à s’impatienter. Sagar se retourna vers les quatre gardes draconniques qui étaient proches de lui pour leur faire signe de s’approcher. « Vous vous occupez de Mara’ comme si c’était moi jusqu’à mon retour, c’est clair ? »


Une fois qu’il eut obtenu leur assentiment et que Phyxdorl s’occupa de placer ses subordonnés, prenant Llaulthyrrn en compte dans le dispositif défensif, le karliik glenn retira sa tunique et poussa la seule personne devant lui pour entrer dans l’arène ce qui électrifia la foule. Yasrena déglutit en le voyant arriver vers elle et lorsqu’il tendit la main dans sa direction elle lui tendit son arme en baissant la tête. Avec une prise inversée sur l’épée, qui donnait presque l’impression d’être une épée courte, voir une longue dague dans la main du colosse, le général lança un regard sur la tribune ou les grands-prêtres se trouvaient et celui d’Uriz hocha la tête.


Pendant ce temps la Princesse Marchande haussa un sourcil en regardant le général alors que ce dernier aboyait ses ordres aux gardes draconnique avant d’enlever sa tunique pour entrer dans l’arène. Béate, la Princesse Marchande fit un pas en avant, observant Sagar qui s’approchait du prêtre d’Uriz. Les gardes se rapprochèrent d’elle, formant un demi-cercle impénétrable alors que son air devint légèrement plus inquiet. Était-ce une coutume drow? Ou tentait-il simplement de se libérer de la colère qui l'accablait?


L’air frais le fit frissonner et avec après une lente inspiration Sagar mit un terme à son immobilisme. Il courut droit sur le prêtre et la garde de ce dernier se fit plus souple, plus basse. Drizdrin sauta gracieusement sur le côté, évitant la lame de justesse alors qu’elle plongeait vers le sol pour finalement repartir avec entrain vers sa gorge. On aurait pu voir dans les mouvements du prêtre une offrande à Isten tant il semblait danser, il virevoltait, alors que ceux du karliik glenn étaient puissants, lourds, brefs. Puis ce fut à Drizdrin d’attaquer. Il visa directement la jugulaire du soldat qui recula d’un pas, se pencha en arrière pour éviter l’attaque puis grâce à son arme il dévia la seconde dague qui avait une morbide envie de se planter entre ses côtes. Sagar voulut en profiter pour attraper le bras de son adversaire qui se repliait mais ce dernier bondit une fois de plus, laissant une empreinte profonde dans la boue à un mètre du colosse. Après une brève pause le combat reprit et si le prêtre ne pouvait que très difficilement rater sa cible, aucun de ses coups ne passaient la garde du général pour faire sortir quelques gouttes de sang qui le désigneraient alors comme vainqueur.


Sagar contre-attaqua mais le prêtre reprit sa danse jusqu’à ce que le tranchant ne coupe une mèche de cheveux blancs. Drizdrin reprit l’initiative en se lançant sur le côté et s’attaqua au genou de son adversaire qui arma sa jambe à ce moment pour frapper à son tour. Un coup qui ne fit que fouetter l’air. Le prêtre eut à peine le temps de se remettre complétement debout qu’il dût à nouveau esquiver un coup mais il ne réussit pas complétement et l’impact qu’il subit le déséquilibra. Le général lui sauta dessus et passa à deux doigts de le rater. Les deux ilythiiris luttèrent dans la boue pendant quelques secondes, le prêtre donna un grand coup de coude en arrière qui fit grogner le colosse alors qu’une vague de douleur se propagea dans son corps. Enfin Sagar bougea de moins en moins, sur le sol, un de ses bras s’était enroulé autour du torse nu de Drizdrin pour le serrer contre lui, comme un amant.


Ils tournèrent une dernière fois et le karliik glenn se retrouva au-dessus de son adversaire, le clouant au sol avec un genou et une main autour de sa gorge tandis qu’il levait un poing pour frapper. Incapable d’esquiver, le prêtre ferma les yeux, serra les dents et se prépara à recevoir le coup ; un filet de sang se mit à couler de son nez. Sagar se releva et repoussa les prêtres de Kiran.


« Occupez-vous de lui. » L’autre combattant était toujours allongé par terre et le colosse ne savait pas s’il était encore vivant ou non, il supposa que oui, il ne lui avait pas semblé avoir frappé suffisamment fort pour le tuer mais c’était une partie du corps fragile. Toutefois le fait que les prêtres s’occupaient de lui tendait à indiquer qu’il était toujours en vie. Alors le général retourna vers Maralina. Et c’est une Vaanie souriante qui le retrouva. Un sourire amusé aux lèvres, la Princesse observait de ses yeux azurée Sagar. Certes, elle était impressionnée et quelque peu fière. Fière, qu’elle puisse compter sur un allié - et aussi un amant - de son calibre. Que l’on le veuille ou non, Sagar était particulièrement doué. Il était peut-être rustre, mais ils pourraient définitivement aller très loin ensemble. Du moins, jusqu'à ce qu’il apprenne qu’elle était une demi-elfe... Camouflée sous la cape, elle put finalement desserrer ses poings, sans se rendre compte que le prêtre d’Uriz se trouvait juste derrière ses gardes, l’observant toujours intensément d’un air mauvais.


Ce fut avec une grimace, et une main là où le coude de Drizdrin avait frappé, que Sagar retourna vers la princesse marchande sous les vivats de la foule alors que déjà d’autres eldéens entrèrent dans l’arène pour prendre sa place. Shi’niira fit un pas de côté pour lui permettre de reprendre sa place d’avant le combat et lui tendit sa tunique mais il ne la renfila pas, à la place il s’en servit pour se débarrasser de la boue gluante qui s’accrochait encore à sa peau d’ébène. Les traits du karliik glenn étaient plus détendus, il avait l’air serein, presque calme.


« Viens avec moi. » Il jeta son vêtement, qui était désormais plus une torchon qu’autre chose, sur le sol et il fendit la foule, suivit de près par ses gardes draconniques. « Tu as une baignoire dans ta tente ? »


Maralina acquiesça en suivant le général qui prenait la direction de sa tente.   « Oui, bien sûr. » Le petit groupe fendit rapidement la foule avant de se mettre en marche vers la tente de la Princesse Marchande. Cela ne prit que quelques minutes avant que le groupe ne rejoignent le campement de cette dernière. Sans attendre, elle entra dans la grande tente. Une fois à l'intérieur, la Princesse Marchande claqua des doigts avant de pointer du doigt la grande baignoire dans une des alcôves de sa tente. Les serviteurs se hâtèrent alors de remplir la baignoire d’eau chaude, n’hésitant pas à disperser quelques herbes médicinales vaanies qui pourrait relaxer les muscles du général. Les esclaves quittèrent rapidement les lieux, non sans déposer un plateau de vin raffiné et d'autres rafraîchissements sur une table. Toujours silencieuse, ce fut à ce moment que Maralina s’approcha finalement du Karliik Glenn, de son pas félin. Elle s’arrêta tout prêt de ce dernier, passant doucement sa main sur son torse avant de la descendre tout doucement vers le bas, défaisant le lacet qui retenait encore les pantalons du général.   « C’était un combat fort intéressant. » murmura-t-elle avant de relever son regard amusé vers ce dernier. Elle releva doucement sa main, effleurant l’emplacement que son adversaire avait violemment frappé, ce qui lui arracha une grimace, avant de lui jeter un regard un peu plus inquiet;   « Tu veux que j’appelle un guérisseur après ton bain? »  Elle bougea sa main, évitant la blessure avant de le pousser doucement sur un siège pour que ce dernier enlève ses bottes. La princesse ne se mettrait définitivement pas à genou pour Sagar. Il était assez grand, il pouvait le faire tout seul. Ce qu’il fit après s’être assis sur la première chaise qu’il vit en entrant avant de secouer la tête pour répondre à sa question. Le coup laisserait une marque pendant quelques temps mais il finirait par guérir. De toute façon c’était une blessure qu’il avait obtenue en combattant sous le regard d’Uriz, contre un autre eldéen ; si Sagar commençait à penser que le Père n’avait visiblement pas grand-chose à faire de ses enfants, se soigner autrement que naturellement, en privant son corps de cette façon de montrer qu’il était meilleur que d’autres, laissait un arrière-goût désagréable dans la bouche du soldat.


« Ça ira. » Il termina ensuite de se déshabiller et se releva pour s’étirer. Il jeta un coup d’œil à la baignoire et murmura une brève prière à Teiweon avant de mettre un pied dedans. Il se figea pendant une seconde. Puis il entra complétement dans la baignoire et pour s’asseoir à l’intérieur, fermant les yeux, profitant de la chaleur qui l’enveloppait, le karliik glenn poussa un soupir.

« Tu as d’autres mauvaises nouvelles? C’est le moment. »


Maralina ne put s’empêcher d’hausser un sourcil à la remarque de Sagar. « N’étais-ce pas assez? » Elle s’approcha doucement du Karliik Glenn avant de s’agenouiller derrière ce dernier en relevant ses manches et commença à masser doucement ses épaules, prenant bien soin d’éviter la zone douloureuse.


« Les mauvaises nouvelles ne viennent jamais seules. » « Parce que l’embuscade n’en n’était pas une?  »


« Mmm… certes. » Il ne profita pas longtemps du massage offert par la princesse marchande, Sagar se retourna vers elle. « Tu ne veux pas venir ? »


Maralina lui fit un sourire avant d'acquiescer. « Je garderais l'œil ouvert pour la prochaine fois. » Sans attendre, la Princesse se releva, avant de déboutonner doucement les boutons qui retenaient sa robe de velours. Se dénudant entièrement, elle alla rapidement rejoindre le général, laissant reposer le dos de sa tête contre son torse,évitant sa blessure, avant de fermer les yeux. Pour une fois, elle était réellement confortable. Le karliik glenn prit une main de la vaanie dans la sienne et la serra tandis qu’avec l’autre il caressait son épaule du bout des doigts.


« A quoi penses-tu ? »


Maralina ouvrit doucement les yeux alors qu’elle entendit les paroles du général. Cela l’étonnait toujours à quel point il pouvait montrer deux extrêmes a son caractère. Du puissant et sanguinaire général au plus doux et soucieux des amants… Ses prunelles fixèrent le vide devant elle, alors que sa main se mettait doucement à caresser la cuisse de Sagar. « A comment me débarrasser de la maison Vega. » Elle libéra sa main avant de se retourner doucement vers Sagar. Ses jambes passèrent doucement autour de sa taille avant de passer ses bras autour de ses épaules. Elle alla doucement mordiller son oreille avant de murmurer;« S’il met la population contre moi, j’aurais bien du mal à prendre le contrôle. » Ses lèvres se posèrent doucement sur son cou, embrassant chaque centimètre avant de s’arrêter sur son épaule. Maralina remonta son regard dans celui de Sagar, un sourire au lèvre, « Et cela ne ferait que compliquer nos affaires... » rajouta-t-elle  avant de l’embrasser sur les lèvres. Un baisé qu’il lui rendit passionnément. Ses mains vinrent se placer sur les hanches de la princesse marchande avant de lentement, sensuellement, remonter.


« Je croyais que tu ne t’inquiétais pas des avis de ceux qui sont en dessous. » Un sourire moqueur se forma sur ses lèvres bien qu’il reprit rapidement la parole. « Mais j’imagine que tu as une idée derrière la tête. » La Princesse Marchande ne put s’empêcher de lui répondre par un sourire moqueur. Elle se redressa légèrement, tentant de dominer le Karliik Glenn avant de continuer; « Ne pas m'inquiéter de ce que les gens pensent? Cela serait une erreur. » Elle passa doucement sa main derrière sa tête, agrippant les cheveux de Sagar. « Si la plèbe a besoin de moi ils seront toujours mieux disposés à me servir avec zèle et fidélité. De cette façon, il seront hors d’état de nuire ou même de penser a ce rebeller. Je crois que Diolando le sait, d'où il tente de prendre tout le mérite des semailles alors qu’il était au Puy pour le mariage.  » Elle planta son regard dans celui de Sagar avant de continuer; « Soit il est brillant, soit il est totalement insouciant et ça, je dois le découvrir rapidement. Cela sera une des premières étapes. » Maralina releva doucement sa main, la passant derrière la nuque du général pour rejoindre l’autre. « Pendant ce temps je dois m’assurer de prendre le plus d’influence possible. Si ma place au conseil est déjà très solide, m'emparer d’une citée supplémentaire pourrait définitivement me donner encore plus de pouvoir.» La Vaanie baissa légèrement la mâchoire, soutenant le regard de Sagar avant de lui sourire; « Comme les Septs-Monts. » Inutile d’en dire plus a Sagar, ce dernier comprendrait très bien les avantages de laisser la Princesse Marchande s'emparer des Septs-Monts. Cela leur ouvrait un passage entre Naélis et Sol’Dorn, en plus de leur donner un plein accès sans avoir à se soucier de demander l’accord du conseil à chaque fois qu’il voudrait se rendre dans leur futur bastion. Son sourire moqueur devint amusé.


« Avec des troupes dans le nord tu n’auras pas de mal à y arriver, surtout que les officiers eldéens sont les bienvenus à Hanning. La cité peut devenir un bel endroit pour entraîner tes miliciens et, au moment opportun, s’en emparer. Mais que dirons les autres membres du Conseil ? Si tu t’en empares au lieu de laisser les locaux s’occuper de déterminer eux-mêmes qui sera leur dirigeant tu risques de t’attirer les foudres des autres princes, non ? »  Maralina répondit à son sourire. « Sauf si c’est pour rétablir le calme dans la région...  », faisant une fausse moue attristée, la Princesse reprit la parole; « Les armées eldéennes sont siiiii près. Cela ne m’étonnerait pas que la peur crée des actions illogiques.»  La Vaanie reprit son air amusé avant de continuer;  « Et qui a dit que je m’en emparais de force. N’ai-je pas mentionner que la meilleure façon de gouverner est de s’assurer que les citoyens ont besoin de toi?» A quoi bon, allez plus loin? C’était un peu la même stratégie qu’elle avait pris pour prendre Uldal’Rhiz, mais au moins cette fois elle n'aurait pas besoin de créer la peur. Elle n’avait qu’a débarqué avec ses miliciens pour arrêter le chaos qu’elle aurait, elle-même créer.

« Je vois que tu as tout prévu. » Ses mains remontèrent doucement le long des flancs de Maralina, caressant ses formes sur leurs passages, sortant de l’eau pour poursuivre leurs chemin. « Alors quel est le problème avec Dio? »
« Mon problème c’est qu’en ce moment il fait exprès pour ruiner les relations entre les Thaaris et les Eldéens. Relation qui est déjà assez fragile. » Dit-elle en tendant légèrement le coup pour mieux montrer les traces bleutées que Sagar avait laissé dans son cou. Après un rire il s’attaqua à nouveau à la gorge de la vaanie mais au lieu de l’empoigner il vint y déposer des baisers tandis que ses mains arrivèrent finalement jusqu’à la poitrine de la princesse marchande.


« J’ai l’impression que ce dernier prépare un coup contre nous pour s’attirer plus de pouvoir. »
« N’est-ce pas ce que tout le monde cherche à faire ? »
Elle passa doucement sa main dans les cheveux alors que ses prunelles fixaient celles de son amant.« Pourquoi toutes ses questions? Avais-tu une meilleure idée en tête? »
« Oui mais j’ai peur que ça n’ait pas de liens avec Dio ou la politique en général. »


Il l’embrassa alors fougueusement, ne faisant pas attention à l’eau qui sortait de la baignoire à cause de ses mouvements. La Princesse répondit aux baisers de son amant, laissant ses mains glisser sur son torse alors qu’elle pouvait sentir le désir bouillonner en elle. Maralina alla doucement mordiller l’oreille de Sagar avant de murmurer. «En espérant que tu respectes tes promesses cette fois. » Elle embrassa doucement son cou, descendant tout doucement sur son torse avant de lui donner de nouveaux baisers, laissant de côté ses manigances, trop concentré sur son désir du moment. Ce ne fut que plusieurs heures plus tard, alors qu’elle se trouvait sur son lit de fortune, le souffle court, qu’elle put finalement remettre de l’ordre dans ses pensées. La tête dans le creux de l’épaule de Sagar, cette dernière fixait le plafond, un sourire amusé aux lèvres. La vaanie releva doucement la tête alors qu’elle entendit du brouhaha non loin se sa tente, se demandant quel spectacle drow était encore en cours et surtout a cette heure aussi tardive. «Il y a encore des combats? » dit-elle en se retournant vers Sagar. Un sourire naquit sur ses lèvres alors qu’il tendait l’oreille.


« Il y a toujours des combats ; il y a toujours au moins deux personnes pour se battre, ne serait-ce que pour montrer qui est le meilleur, comme Uriz le souhaite. » Avec une main, celle qui était rattachée au bras sur lequel se trouvait la vaanie, il vint se frotter les paupières, serrant au passage cette dernière davantage contre lui, dans l’espoir qu’il se souvienne de quelque chose de prévu qu’il aurait oublié. Maralina se laissa faire sans broncher, allant déposer la tête sur le torse de Sagar. Malheureusement rien ne réussit à traverser le brouillard d’allégresse qui entourait son esprit. « Mais peut-être que ce ne sont pas des combats, nous ne sommes pas les seuls amants dans les environs. »
C’était d’ailleurs même loin d’être le cas, qu’on soit au Puy, à Sol’Dorn ou dans un camp militaire eldéen, les drows gardaient leur promiscuité naturelle, habituelle. Si Sagar n’avait pas souvenir d’une quelconque cérémonie dédiée à Isten ou Natha, les ilythiiris ne se gênaient pas pour en faire sans prévenir qui que ce soit.


« Tu veux aller voir? »


La demie-elfe haussa les épaules, ce que les soldats faisaient l’importait peu, de toute façon, elle n’était pas responsable de ces osts. Soudainement un esclave entra timidement dans la tente, clairement gêné de déranger sa maîtresse dans un tel moment.  


«Votre Altesse? Tristan désire vous parler, c’est urgent. Il y a eu une attaque contre un convoi et ils ont attrapé un coupable. »


La vaanie se redressa rapidement, «Quoi?!?» L’esclave ne demanda pas son reste, et sortit rapidement de la tente alors que la Princesse se débarrassait des fourrures qui recouvrait son corps encore nu. Elle se dirigea d’un pas décidé vers sa robe et l'enfila rapidement « Il faut croire que j’avais raison. Un convoi a été attrapé et mes hommes ont ramené l’un des attaquants. Je vais supposer que tu veux assister à l’interrogatoire?» Le regard de la Princesse Marchande se retourna vers son amant, l’observant d’un air neutre, cachant la soudaine peur qui venait de l’envahir.


« Avec plaisir, si tu veux bien attendre quelques instants que je m’habille. » Y aller nu ne le dérangeait pas mais malheureusement, loin de la douceur des fourrures ou de la peau brûlante de Maralina, il faisait horriblement froid. Il avait subit pire à Sol’Dorn mais ce n’était pas une raison. Alors il se leva et chercha du regard ses affaires avant de se rappeler que sa tunique gisait peut-être encore sur la place centrale. Quant au reste, ce fut rapidement remit mais pour éviter de braver l’hiver il attrapa les fourures qui se trouvaient à moitié sur le lit, repoussée presque au sol par leur propriétaire lorsqu’elle eut entendu la nouvelle, et s’en fit un manteau.  « Après toi. » Dit-il en la regardant près de la sortie, ne sachant pas trop où elle voulait aller ni où elle comptait mener son interrogatoire.
Sans attendre, la vaanie sortit rapidement de la tente et tomba face à face avec Tristan qui l’attendait. Ce dernier se mordilla légèrement la lèvre lorsqu’il vit le Karliik Glenn sortir a son tour, se demandant bien malgré lui ce qu’une femme comme Maralina pouvait trouver a cet énorme personnage.


«Ou est-il?»
«A l’entrée du camp.»
«Amène-nous et raconte nous ce qui s’est passé.»


Tristan hocha la tête, et tourna les talons pour se diriger vers l'entrée du campement, avant de prendre la parole en marchant; « Les miliciens sont tombés sur un groupe de mercenaire qui planifiait une attaque sur un ravitaillement drow. Ils les ont interceptés et éliminés avant d’amener le chef avec eux. Se disant que vous voudriez probablement avoir plus d'informations sur la situation.» Maralina traduit rapidement les paroles de son milicien pour Sagar, ne négligeant aucun détail. Au bout de quelques minutes, le groupe arriva finalement à l'entrée du camp, là où un homme se tenait à genoux, les mains fermement ligotées dans son dos. Son visage tuméfié laissait entrevoir le traitement spécial qu’il avait eu pendant son voyage. Maralina eut un sourire amusée, avant de tourner la tête vers Sagar; «Puisque ce sont tes hommes qu’il comptait attaquer, peut-être devrais-je te laisser l’honneur?»


Les soldats qu’ils croisèrent sur leur chemin saluèrent le karliik glenn au passage mais ceux à l’entrée, après s’être frappé la poitrine puis avoir tendu le bras, lancèrent un coup d’œil aux humains au service de la princesse marchande qu’il aurait été difficile d’interpréter dans la nuit et avec leur casque.
« C’est trop généreux. » Répondit Sagar à la proposition de Maralina. Il passa une main dans ses cheveux courts avant de franchir la distance qui le séparait du prisonnier et de s’asseoir en tailleur devant lui. « Tu parles l’eldéen? »

Le mercenaire releva les yeux vers l’ilythiiri et cracha au sol, avant de répondre quelque chose en oliyan. Maralina fit un pas vers Sagar avant de prendre la parole; « Il dit qu’il a rien compris à ce que tu lui as dit. Mais que peu importe ce que tu lui fais, il ne parlera pas. » La demie-elfe pencha légèrement la tête sur le côté avant de retourner son regard vers Sagar; « Il y avait peut-être quelques insultes au travers, mais j’ai supposé que cela n’était pas nécessairement important...»


« Je me doutes qu’il va pas être très cordial. » Ce qui était compréhensible, mais bien dommage pour lui. L’eldéen plaça son coude sur un de ses genoux, se pencha légèrement en avant et posa sa tête sur son poing pour parler au mercenaire. « Tu sais, on me l’a déjà dit tant de fois, ça, que j’y crois plus trop. Alors, oui, t’es sûrement coriace, j’en doute pas, mais tout le monde finit par parler ; même nous autres et pourtant on passe tous entre les mains des prêtres de Kiel pour s’y préparer, on a tous l’habitude de se prendre des coups depuis qu’on est enfant. C’est qu’une question de temps. Mais ça c’est en supposant que j’ai besoin de te faire souffrir pour que tu me révèles tout ce que tu sais. »


Toujours assis, le général se redressa et se tourna pour regarder derrière lui pour voir si parmi ceux qui étaient dans les environs il pouvait reconnaître un prêtre de la Voilée mais il n’en vit pas et revint vers l’homme en face de lui.


« Je peux aussi te laisser attaché entre les mains des prêtres de Teiweon et ils pourront allégrement te sonder l’esprit pour tout apprendre, mêmes des choses que tu n’étais pas conscient. Alors oui, après tu seras un peu… différent, mais je t’avoue que savoir ton esprit brisé ne m’empêchera pas dormir la nuit. En revanche ça t’empêchera sûrement de dormir, d’être l’ombre de toi-même, coincé dans la pire des prisons possible : ton corps ; incapable de bouger alors que ton esprit va s’effriter petit à petit jusqu’à ce qu’il soit complétement détruit. Je te proposes donc de t’éviter tout ça et pour ça il va falloir me dire ce que tu sais, qu’en penses-tu ? »


L’humain ne bougea pas son regard du colosse qui était devant lui alors que la vaanie traduisait les paroles. Il n’avait pas peur de lui, il pouvait toujours parler et menacer mais s’il pensait qu’il allait lui révéler quoi que ce soit il faisait définitivement faux pas. Le mercenaire se mit à rire lorsqu’il entendit les dernières paroles de la vaanie, avant de cracher au visage du Puysard. Il pouvait toujours rêver! Sagar poussa un soupir et essuya le crachat du revers de la main, une main qu’il secoua pour s’en débarrasser.


« Pourquoi est-ce que j’essaye encore de discuter avec des animaux ? » Demanda-t-il à personne en particulier alors qu’il se relevait. Il aurait pu le frapper, lui faire payer cet affront mais en réalité le général plaignait le mercenaire pour ce qui allait lui arriver. L’eldéen se tourna vers l’un de ces subordonnés. « Prévient les adeptes de la Maîtresse des Souffrances qu’ils vont avoir un nouveau jouet. »


Le soldat salua à nouveau le karliik glenn et s’en alla au pas de course alors que ledit karliik glenn se retournait vers le prisonnier avant de lancer un coup d’œil à Maralina.


« Si tu veux lui parler avant qu’ils arrivent c’est le moment. »


La princesse eut une grimace de dégoût en voyant ce que le mercenaire venait de faire. En effet, un animal semblait réellement le terme le plus approprié. La Princesse fit signe à un de ses miliciens et ce dernier répondit par un mouvement de la tête avant de se diriger vers le prisonnier. Le mercenaire, trop absorbé par le colosse, n’eut pas le temps de réagir alors que le gantelet de fer vint à la rencontre de sa joue. Il cracha du sang sur le sol - et quelques morceaux de dents au passage avant de jeter un regard mauvais au milicien.


«Ce n’est pas assez - continuez.»


Le mercenaire tourna finalement son regard vers la Princesse Marchande alors qu’un rictus vint orner ses lèvres. Il la reconnaissait maintenant! C’était elle! Oui, c’était bien elle! Dommage que ses gars ne soient pas avec lui, car il aurait forcément profiter de ce moment. «Tu peux me frapper comme tu veux ma jolie. Maintenant que je t’ai trouvé, c’est une question de temps avant que les autres se ramènent...» Maralina haussa un sourcil avant de traduire les paroles du mercenaire à Sagar, alors que les miliciens serraient les mains sur leurs armes. Les paroles de l’humain n'étaient en aucun cas réconfortantes… mais l’ilythiiri haussa les épaules en écoutant la traduction que lui fit la princesse marchande.


« Comment veux-tu qu’il dise à qui que ce soit que t’es là ? Malheureusement pour lui il ne sortira pas vivant d’ici et si une armée suffisamment importante pour mettre en danger le camp s’assemble on le saura bien assez vite. Quant à de possibles assassins, il faudrait déjà qu’ils s’infiltrent dans le camp et qu’ils échappent à la Doth’ka et ensuite il faudrait qu’ils se débarrassent ou qu’ils passent la garde draconnique. Si tu veux mon avis c’est une tentative pitoyable pour te faire peur. »


Le regard azuré de la Princesse Marchande ne se détourna aucunement du mercenaire alors qu’elle écoutait attentivement ce que le général lui disait. Ce dernier semblait avoir bien confiance en ces hommes, mais c’était souvent la qu’était la première erreur. Elle n’avait pas peur, au contraire, son esprit analysait la situation, se demandant qui pourrait bien être derrière tout cela, puis soudainement elle tourna légèrement la tête vers le karliik glenn. «Les prêtres de le Kiel nous apprendrons bien assez vite qui est le coupable de toute façon.» Maralina se tourna vers Tristan, lui ordonnant de le fouiller à nouveau. Les miliciens s'exécutèrent et trouvèrent rapidement un bout de papier légèrement ensanglanté dans la poche de son pantalon. Ils le donnèrent rapidement a Maralina qui le déplia doucement. Le parchemin était rempli de gribouillis illisible que l’eau, la sueur et le sang devaient avoir abimés. Elle fit un pas vers le mercenaire avant de s’arrêter tout près de ce dernier.  « Je te le demande une dernière fois. Qui t’envoie? » Le mercenaire eut un sourire dément avant de se mettre a rire. Décidément, il n’avait plus rien à faire avec lui....


« Les prêtres de Kiel le feront parler. » Ça, il en était certain. « Il n’y a plus qu’à attendre leur arrivée. »


Arrivée qui fut proche. Depuis que leur haute-prêtresse avait fait son grand spectacle devant les soldats ils avaient cruellement manqué de personnes sur qui pratiquer leur art. Pour beaucoup les volontaires et les esclaves n’étaient malheureusement pas aussi satisfaisant que les prisonniers, traîtres et autres hérétiques. Un ilythiiri en robes rouge de la prêtrise arriva avec un sourire satisfait accroché aux lèvres et des soldats prirent le prisonnier par les aisselles pour le forcer à avancer vers l’un des temples de campagne dédiés à la Maîtresse des Souffrances. Le prisonnier fut attaché à un pilier, les bras écarté de chaque côtés tandis qu’il était enterré des pieds aux genoux, il ne pouvait bouger que la tête, pour poser son front contre ledit pilier, mais ça ne l’aiderait que bien peu. Il sortit ensuite pour aller voir le karliik glenn et la princesse marchande afin de les inviter à l’intérieur s’ils le souhaitaient avant de retourner à son travail.


« Thirza dépêches-toi. » Gronda-t-il derrière le prisonnier, les poings sur les hanches alors que l’eldéenne à qui il parlait se démenait avec un récipient rempli de braises ardentes. « A ce rythme-là tu vas rester une novice toute ta vie. »
« C’est que c’est… lourd et chaud. » Elle posa le récipient à côté de son maître et poussa un soupir avant de se masser le dos une fois redressée. Ce qu’elle fit d’une seule main, l’autre étant visiblement brûlée.
« Arrêtes de te plaindre, tu me fatigues. Prépare le reste. » Thriza hocha la tête alors que le prêtre reprit la parole mais cette fois en oliyan. « Alors dis-moi tout, qui t’envoies ? »
« Va te faire foutre, je vous dirais rien. » Il tenta de se retourner pour cracher sur le prêtre mais ça lui était malheureusement impossible alors il le fit sur le sol à côté du pilier.
« Ah, je les adores ceux-là ! Ce sont mes préférés. » S’exclama Ikarryd en jubilant, reparlant en eldéen par habitude. « Bon, commençons alors. »


Le prêtre attrapa une tige de métal chauffée au rouge, qui se terminaient par le visage hurlant, symbole de sa prêtrise, pour l’apposer dans le dos de l’humain qui hurla peu de temps après que sa peau se mit à brûler.


« On va jouer à un de mes jeux préférés, il s’appel : est-ce que la marque seras toujours visible lorsque tu vas céder ? Les règles sont assez simples, tout est dans le nom. » Il parla en oliyan bien qu’il s’attendait déjà à ce que le mercenaire ne soit pas d’humeur joueuse et en effet il ne l’était pas, il n’eut pour réponse qu’un flot d’insulte somme toute peu imaginative, il devait bien l’admettre. « Thirza, le fouet. »


La novice fit l’aller-retour entre son maître et la table derrière lui. Toutefois lorsqu’il regarda ce qu’elle avait mis dans sa main il fronça les sourcils.


« Tu veux que je perde c’est ça? » Confuse, la novice le regarda sans comprendre pourquoi il disait ça. « Prends le chat à neuf queues qui ne se termine pas par des griffes en métal, imbécile. »


Une fois qu’elle eut réctifiée son erreur et que les neufs queues du fouets de corde se terminaient simplement par un nœud plus gros que ceux un peu plus bas, Ikarryd put se mettre au travail. Après plusieurs coups, qui n’arrachèrent aucun son au mercenaire bien que ce dernier fermait férocement les paupières et avait les mâchoires contractées, le prêtre se tourna vers la novice.


« Vois-tu, en commençant avec le fouet doux, la peau devient bien plus sensible de ce fait j’obtiens de meilleurs résultats sans pour autant faire des dommages plus importants. Si tu veux tirer quoi que ce soit de ton informateur il faut qu’il soit vivant et capable de te répondre… » il donna un nouveau coup pour faire bonne mesure avant de poursuivre. « S’il est mutilé et au bord de la mort ça ne sert à rien. »


« Tu lui fera la leçon une prochaine fois. » Le grondement du karliik glenn fit sursauter Thirza. Maralina se tenait au côté de Sagar, le visage impassible alors que les prêtres continuaient leurs tortures. L’odeur de la chair brûlée lui donnait la nausée, mais elle ne laissa rien transparaître, consciente que cela pouvait affecter son image et celle du général, et les tortures continuèrent pendant plusieurs minutes, avant que le mercenaire décida de finalement parler; «Assez! Assez! Je vais parler!» Le prêtre de Kiel s’arrêta soudainement en regardant le mercenaire.«On a recu une missive avec un symbole dessus. Offrant mille souverain pour chaque ravitaillement eldéen.»
Maralina fit un pas vers le mercenaire avant de prendre la parole;
«Et quoi d’autres?!»
L’humain releva la tête, posant ses yeux injectés de sang vers la Vaanie, un sourire dément aux lèvres;
«Et il offre cinq milles souverains pour ta tête.!»


Maralina ne répondit rien, alors que le prêtre reposait son fer brûlant sur le torse du mercenaire. L’homme hurla avant de laisser s’échapper une sorte de grognement, avant de retourner son regard vers la Princesse alors qu’il continua; «Je sais pas qui est derrière l’offre. C’est un message avec un symbole qui nous a été envoyé.» La demie-elfe fit un signe au prêtre, et ce dernier détacha rapidement le mercenaire, qui dessina sur le sol ledit symbole. Maralina le reconnut rapidement, avant de se retourner vers Sagar. « Étonnamment, c’est la maison du plus riche marchand d’Hanning  qui est derrière ces attaques… Je sais quoi faire maintenant.»

-Terminé-