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 Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina]

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Jérôme de Clairssac
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MessageSujet: Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina]   Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina] I_icon_minitimeVen 16 Avr 2021 - 22:07


Milieu de la troisième ennéade de Verimios d'été,
An 18 du XIe Cycle


L'hiver avait apporté son lot d'escarmouches sur les frontières serramiroise, comme de coutume. Les sauvages des Wandres revenaient chaque année, attaquant les villages, tuants, pillant, violant, et faisant quelques prisonniers qu'ils emmenaient avec eux pour les réduire en esclavage. Pour se défendre, Jérôme avait bien entendu mis en place des patrouilles et des feux d'alerte, mais les attaques étaient imprévisibles. Par moment la chance voulait que les soldats arrivent au bon moment, et d'autre, le plus souvent, c'était trop tard. Alors on organisait une vendetta, ou une mission de récupération des bonnes gens de Serramire. Le Seigneur de Froissart ne pouvait bien entendu pas être de toutes les expéditions, mais il mettait un point d'honneur à en accompagner le plus possible. A ces sauvages, ajoutez les gobelins, cette engeance qui a envahit les montagnes voila maintenant quelques années. Les fourbes créatures semblent insaisissables, et il est des plus compliqué de les éradiquer. Au début, l'on a cru à quelques bêtes, mais rapidement l'invasion, car on ne peut appeler cela qu'ainsi, prit de l'ampleur. Ces petits êtres sournois furent repoussés dans les grottes, mais il est des plus compliqué de les traquer dans ces lieux exigus et étroit, ne permettant pas à un homme de rester debout quand l'on s'ennfonçait trop profondément. Beaucoup d'hommes avaient perdu la vie en essayant, et l'on avait finit par abandonner, se contentant de les circonscrire dans les tréfonds de leurs habitats. Pourtant, il arrivait encore trop souvent qu'elles parviennent à sortir par on ne sait quel trou, faisant un raid par-ci, détruisant un village, tuant sans pitié.

Des combats il y avait eut à la pelle, bien trop, le soucis, c'était qu'il y avait un problème avec le Seigneur de Froissart quand il trouvait une bataille. En effet, sans comprendre pourquoi, c'était toujours pareil, il finissait par perdre le contrôle de lui même, et il s'avançait dans la mêlée sans se protéger, frappant tous les ennemis qui passaient à sa portée, faisant des ravages dans les rangs ennemis. Son entourage en discutait souvent autour des feux lors des campements. Il y avait de vives discussions sur leur Seigneur, l'un disait qu'il était fou et les mènerait à leur perte, un autre était certain qu'il était béni des Dieux, et que ceux-ci veillaient sur lui, encore un autre que la tristesse qui l'habitait l'amenait à rechercher la mort, mais qu'il n'y parvenait pas, parce qu'il avait encore ses enfants à s'occuper. Lequel avait raison, personne ne le savait, mais tous, même ceux qui le pensaient fou, l'admiraient, parce qu'il n'était pas fréquent de voir un Seigneur charger avant ses hommes, et qu'en plus celui-ci était auréolé de tellement de campagnes, que c'en était grisant. Ajoutons à cela qu'il les avait toutes remportées, et il ne pouvait s'agir que d'un Héro. Le printemps étant la, ça s'était un peu calmé, mais il ne fallait jamais se relâcher.

Héro ou pas, il était évident qu'il était bien plus mélancolique qu'auparavant. Et même s'il encourageait ses hommes, et s'en occupait très bien hors combat, il était devenu plus taciturne. Personne n'ignorait que Jérôme faisait des cauchemars chaque nuit, il fallait dire qu'il en avait vu des choses et que le malheur ne l'avait pas épargné. Cela s'était accéléré lorsque son épouse avait disparue. Les femmes de chambres et dames de compagnies aimaient bien parler de ce couple qui était si beau à voir. Quand leurs amants ou compagnons de jeu parlaient du Seigneur, de ses accès meurtriers sur le champ de bataille et des cauchemars, elles répondaient qu'en présence d'Aline, il n'en faisait pas, qu'il était très agréable, bon, et elles ajoutaient avec un rire mutin, si beau. Voila maintenant deux années que son épouse était partie pour rencontrer son frère, le Seigneur de Montévlin, mais elle n'était jamais arrivée à destination. Depuis, il n'était plus pareil lorsqu'il rentrait au château, les dires des hommes étaient confirmés par les femmes, et tous s'inquiétaient pour lui. Malgré tout ce temps, la ou beaucoup auraient fait leur deuil, ce n'était pas le cas de Jérôme. Il continuait de la chercher dès que c'était possible. Et justement c'était le cas en ce moment. Il avait prit avec une poignée d'hommes pour former un groupe de recherche, avec parmi eux les meilleurs éclaireurs des trois châtellenies qu'il dirigeait, mais également ses deux plus forts guerrier, Alaric et Philibert.

Le groupe avait passé Fernel, en direction d'Alonna, recherchant un corps ou un indice permettant à l'ancien Baron de se raccrocher à quelque chose. Ils avaient finit par laisser leurs montures, le terrain étant devenu trop escarpé, et ils avaient continué à pied. Cela faisait maintenant deux jours qu'ils marchaient, et sans s'en rendre compte, ils avaient passé la frontière, et se trouvaient donc du côté d'Alonna. Le chemin, ou plus précisément les cailloux, parce qu'il n'y avait clairement pas de chemin la ou ils se trouvaient, commençait à redescendre. Mais une nouvelle petite crête se trouvait devant eux, ils l'escaladèrent, quand soudain ils entendirent des bruits de bataille. Ils se précipitèrent, tout en restant camouflés en haut de la pente, pour analyser la situation. Un peu plus bas l'on pouvait voir un groupe encerclé par des gobelins. Le groupe d'humain qui se défendait était condamné, les soldats s'étaient bien battus à en voir le nombre de peaux-vertes qui jonchaient le sol, mais il en était de même pour leur groupe. Un cri se fit entendre, celui d'une femme, sans doute la personne qui se tenait au centre du petit groupe de quatre, elle comprise. Il  restait encore une petite quinzaine de gobelins, piaillant d'impatience devant ce qui serait peut être leur dîner du soir. Tout était maintenant perdu pour ces gens qui vendaient chèrement leur peau, conscient que les gobelins ne faisaient pas de quartier.

Voyant les gobelins, Jérôme, qui pensait qu'ils étaient responsable de la disparition de sa femme, ne réfléchit qu'un très bref instant. Sans rien dire à ses hommes, il se leva et il sortit ses armes, une épée dans sa main droite, et une hache dans la gauche, tout en courant sans un bruit vers les peaux-vertes. Ses compagnons, habitués maintenant, étaient sur ses talons. Les trois éclaireurs avaient encoché des flèches qu'ils lâchèrent, fauchant trois gobelins. Au même instant un autre homme qui était acculé perdit la vie, percé par une lance au niveau de la gorge. Ayant prit conscience du danger qui leur arrivait dans le dos, une partie des gobelins faisaient volte-face, pour recevoir la « charge » pendant que l'autre continuait de harceler les survivants pour finir leur besogne. Les peaux-vertes regardaient le premier homme, qui s'était détaché, prêt à le cueillir en riant devant sa stupidité. C'était sans compter sur la puissance de son élan, et la force de ses bras. Un premier mouliné de sa main droite fit passer son épée au dessus de celle qui était venue parer le coup. Le gobelin tomba raide mort, une énorme taillade au niveau du tympan, allant bien profondément dans la boite crânienne, tandis que l'épée du peau-verte faisait une estafilade sur le côté droit du torse de Jérôme. Il n'avait en effet pas eu besoin de plusieurs minutes pour que le châtelain ne perde déjà le contrôle, ne voyant plus rien d'autre que ceux qui étaient face à lui. Et alors que la logique aurait voulu qu'il écarte d'abord l'arme de son adversaire, il n'en avait rien fait, l'évitant pour porter un coup mortel au détriment de son intégrité physique. Le malheureux gobelin n'avait pas encore touché le sol que la hache de Jérôme transperçait un second en plein torse. Trois autres flèches prélevèrent leur dû avant que Philibert et Alaric n'arrivent à leur tour, se joignant au carnage.

Les deux alonniens survivants, qui protégeaient la demoiselle, reprirent contenance, voyant une aide providentielle venir à leur secours. A leur tour, ils se lancèrent dans la bataille tout en protégeant la dame. Le combat, qui semblait désespéré, même perdu, vis la tournure s'inverser, avec un massacre en règle. Quelques gobelins s'enfuirent, trop rapide pour être poursuivit, mais ils n'étaient plus qu'un poignée. Jérôme était couvert de sang, celui de ses adversaires, mais aussi le sien alors qu'il avait récupéré trois blessures, dont une qui saignait plus que les deux autres. C'était lui qui avait fauché le plus de gobelins, les effrayant de par sa manière de combattre, sans pitié, ni logique, tel un dieu de la mort. Il avait percé les lignes et il se trouvait maintenant face à la dame qui était en détresse quelques instants auparavant. Il avait les bras baissés, ses armes toutes aussi dégoulinantes en main, et le regard étrangement fixe, comme s'il regardait au travers de celle qui lui faisait face sans la voir. Il haletait comme s'il avait couru un nombre incalculable de kilomètres.
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MessageSujet: Re: Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina]   Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina] I_icon_minitimeSam 17 Avr 2021 - 14:13





C’est curieux comme tout peut changer en un instant, en une seconde. Un moment vous êtes en route pour visiter l’une de vos mines, traversant doucement une montagne alors que le vent frais vous souffle à la figure, et l’instant suivant tout bascule, mais nous devrions commencer par le début de l’histoire n’est-ce pas ?


Cela faisait plusieurs ennéades que la jeune femme repoussait cette visite des plus nécessaires. Il faut dire que les événements qui s’étaient déroulés dernièrement n’avaient pas été nécessairement de tout repos. La mort de son paternel l’avait accablé beaucoup plus qu’elle l’avait imaginé et les responsabilités s’en étaient suivies. Dire qu’ils avaient fait une bonne équipe dans le passé était une évidence. La paire avait dirigé la Seigneurie d’une main de fer, Mathieu s’assurant que sa progéniture serait une dame digne de son nom, qui, éventuellement reprendrait le dû familial. Ce ne fut qu’une fois qu’Adélina se sentit parfaitement en confiance entourée de ses conseillers qu’elle commença ses premiers rapprochements diplomatiques. Par contre, plus le temps passait, plus elle se rendait compte qu’elle devait pleinement comprendre la production de ses produits, et pour cela, elle se devait de visiter l’une des mines et de comprendre la matière première qui était si en demande. Il lui sembla tout naturel d’en faire son premier arrêt.


Et c’est dans cet esprit que la damoiselle de Lodiaker prit la route, sur son étalon, accompagnée de quelques soldats. Un voyage qui aurait dû être rapide et surtout sans anicroche. Mais alors qu’ils traversaient une route montagneuse, un bruit se fit entendre, et ce fut Flavien, jeune chevalier qui fit signe au groupe de s’arrêter. L’air méfiant, son regard se porta à l’horizon écoutant le curieux vrombissement qui devenait de plus en plus présent. Puis soudainement, leurs montures semblèrent devenir de plus en plus agitées, Adélina tira doucement sur les rennes, tentant tant bien que mal de contrôler sa monture, mais ce dernier sembla soudainement perdre son calme alors qu’une petite créature fit son apparition devant lui en lançant des hurlements. Ce dernier se cambra, faisant tomber la cavalière au sol.


Adélina ressentit rapidement la douleur dans le bas de son dos alors qu’elle s’écrasait durement au sol. Une petite créature tenta tant bien que mal de l’attaquer, mais l’un de ses soldats fut plus rapide et embrocha le gobelin de son épée. « Vous allez bien Ma Dame ? » Ce dernier lui tendit la main pour l’aider à se relever mais plusieurs petits monstres lui sautèrent dessus avant de commencer à le transpercer de leurs armes. Les autres soldats ne se firent pas prier, et lorsque les hurlements de la rose de Lodiaker raisonnèrent, ils entourèrent rapidement leur suzeraine pour la protéger ou du moins faire ce qu’ils pouvaient pour la protéger. D’un bon, la jeune femme se releva, se reculant pour avoir le dos contre la paroi de la montagne, alors que les soldats combattaient fièrement. Malheureusement la fierté ne gagne pas nécessairement devant le nombre, et les hommes commencèrent à tomber un à un sous l’assaut des petites créatures humanoïdes.


Adélina fit une prière à la damedieu avant de fermer les yeux, pensant réellement que son moment était venu, mais des sons interrompirent rapidement cette prière silencieuse. Ouvrant les yeux, elle put apercevoir un groupe d’hommes arrivés à leurs rescousses, sautant dans la mêlée avec une violence extraordinaire. Un du groupe se démarqua des autres, grand, les cheveux blonds en pagaille, était un combattant extraordinaire. La violence qui semblait le posséder eut un effet sur les créatures, qui décidèrent rapidement de partir en courant. Son attitude eut au moins l’effet de revigorer les soldats Alonnais, qui redoublèrent d’ardeur pour protéger la jeune châtelaine. Adélina, elle, fut incapable de détourner son regard du grand blond, et ce fut au bout de plusieurs longues minutes de violence qu’il se retrouva finalement face à elle. Le souffle court, la damoiselle de Lodiaker regardait l’homme qui lui faisait face, silencieuse.


Si le temps passa rapidement, l’Alonnaise, elle, eut l’impression que cette observation dura une éternité. Un sentiment incompréhensible semblait la posséder, un mélange de peur et de curiosité. Mais elle dut se rendre à l’évidence, car elle ne put contenir plus longtemps les larmes qui vinrent embuées ses yeux. Un sanglot s’échappa d’entre ses lèvres, avant que ses jambes ne se relâchent. N’ayant plus l’énergie de se supporter, n’ayant plus la force de maintenir une apparence digne, la jeune femme laissa finalement la peur et la douleur s’emparer d’elle. Mais Adélina n’eut même pas le temps de toucher le sol qu’elle put sentir l’homme la retenir, la prenant dans ses bras en la maintenant contre lui. La main de la damoiselle se referma doucement sur le cuir souple de l’armure de l’homme alors que son front se posa sur son torse, cachant les larmes qui coulaient doucement sur ses genoux. Le trop plein d’émotions sortait, sans que personne ne puisse l’arrêter. Ses épaules s’affaissèrent alors qu’elle ferma les yeux, laissant libre cours à ses larmes de s’échapper de ces prunelles azurées. Elle avait eu peur… très peur. Pendant un moment, la jeune femme avait cru qu’elle ne s’en sortirait pas, que la lignée des Lourbier allait s’éteindre par une de ses cruelles petites créatures. Tellement d’hommes avaient perdu, tellement de sang avait été versé. Était-ce simplement nécessaire ?


Combien de temps avait-elle passés dans ses bras réconfortants ? Elle l’ignorait. Pour le moment c’était une nécessité et se sentir dans les bras protecteurs d’un homme – peu importe qui il était – lui donnait l’impression d’être en sureté. L’odeur métallique du sang ne semblait pas la déranger, après tout, la chaleur des bras de son sauveur était assez. Au bout de quelques silencieuses minutes, la main de la jeune damoiselle commença à se desserrer, alors que sa respiration se calmait de plus en plus. Elle bougea doucement sa main vers son visage qui était toujours enfoui contre le torse du combattant, avant d’essuyer doucement la dernière trace que les larmes avaient laissées. Adélina laissa s’échapper un dernier soupir, avant de relever doucement son regard vers l’homme qui la tenait toujours dans ses bras. « Je suis désolé… je.. » Sa respiration sembla s’accélérer une nouvelle fois alors que son regard se porta sur l’un des corps d’un membre de sa garde. Un homme qui lui avait été loyal, qui l’avait défendu jusqu’à la fin… Elle sentit son poing se resserrer contre l’armure de l’homme alors que son regard retourna vers le sol, honteuse. Tout cela était de sa faute. Comment ferait-elle pour se pardonner ?


Elle lâcha un dernier soupir, avant de relever le regard vers l’homme. « Je vous remercie d’être intervenu. Sans vous et vos hommes, nous ne nous en serions pas sortie vivant. » Les prunelles azurées détaillèrent le visage du combattant, plongeant son regard dans le sien. « Merci » murmura-t-elle de façon à ce que ce dernier soit le seul à entendre ; « Merci de les avoir sauvés. » commença-t-elle en parlant des deux gardes qu’ils lui restaient. « Je vous serais éternellement reconnaissante d’être intervenue et si je peux vous offrir le monde pour vous remercier, je le ferais sans hésiter. » La jeune femme se détacha finalement de l’homme avant de se relever, observant d’un regard attristé les alentours. Les corps de quelqu’un de ses hommes jonchaient le sol recouvert de sang, se mélangeant avec celui des horribles créatures qui les avaient attaqués.


« Ma dame. »


Adélina leva son regard vers l’un des soldats. « Nous devons partir d’ici rapidement. Il est possible qu’ils reviennent en plus grand nombre pour continuer leurs attaques et nous devons trouver un endroit sûr pour y passer la nuit. » Flavien releva la tête, tournant son regard vers l’inconnu qui les avait aidés. « Messire, je vous remercie pour vos actions. Votre bravoure n’est point à en douter. Pouvons-nous compter sur vous pour amener notre Dame au prochain avant-poste ou du moins sur une route plus sécuritaire ? J’ai bien peur que nos montures aient pris la fuite pendant l’affrontement, et nous avons définitivement besoin de votre aide. »



Dernière édition par Adélina de Lourbier le Mer 12 Mai 2021 - 14:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina]   Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina] I_icon_minitimeLun 3 Mai 2021 - 12:37


Debout sans bouger, l’on pourrait se demander à quoi jouait le Seigneur de Froissart, mais c’était sans connaître ses soucis lorsqu'il se retrouvait au sein d'une bataille ou l'on luttait pour sa vie. Les yeux fixes, il était ailleurs, perdu dans son esprit embrumé par l’ardeur du combat ou la frénésie l'avait emmené, dégoulinant du sang de ses adversaires, et aussi un peu du sien, tel un dieu de la mort venu exécuter ceux qui lui étaient importuns. Immobile, le souffle court, il bataillait en son fort intérieur pour trouver une raison de revenir à la réalité, quelque chose pour le sortir de sa torpeur lorsque l'action était terminée. Une fois de plus il avait perdu le contrôle, et comme à chaque fois, il se perdait, laissant son instinct de survie prendre le dessus et oubliant tout ce qui était annexe.

La raison qui le ramena fut toute simple cette fois-ci, et elle eut l’avantage d’arriver rapidement, au soulagement de ses hommes. Le sanglot que la dame laissa s'échapper ramena aussitôt Jérôme à l’instant présent. Son regard bleu-azur se posa immédiatement sur la jeune femme qui lui faisait face. Il l’avait sauvé, du moins pas lui tout seul, bien qu'une bonne partie des cadavres soient de son fait. Pourtant il avait oublié la présence de la demoiselle en détresse, absorbé au plus profond de lui-même dans la lutte interne qui était sienne en ce moment. Il lui faudrait un peu de temps pour se rappeler de tout, comme à chaque fois, mais elle put compter, à l’instant ou ses jambes lui faisaient défaut, sur les réflexes du châtelain. La pauvre n’eut pas le temps d’arriver au sol qu’une main ferme l’attrapait, puis dans un geste protecteur, la ramenait contre lui, la serrant dans ses bras.

Il y avait un temps pour tout, et celui qui se déroulait maintenant était pour la dame l'instant ou le stress retombe, et ou l’on prend conscience de ce qu’il s’est passé. Jérôme avait sentit la main de l’infortunée se resserrer sur sa cotte en cuir, tout comme il sentait également sa tête contre son torse. Il se tût, la laissant reprendre ses esprits, se contentant de la garder, réconfort compréhensible pour qui n'était pas habitué à ce qu'il venait de se passer. Les gardes de la demoiselle auraient pu s’offusquer de ce qu’il se passait en ce moment, mais ils n’étaient pas des chaperons, et ils savaient qu’ils devaient leur vie à ce sauveur que peu de monde voudrait affronter après le spectacle qu'il leur avait délivré contre les gobelins. Les alonnais savaient donc qu’ils n’étaient pas en état de faire quelques remontrances, et ils n'en avaient sans doute pas l'envie, conscient qu'il y avait plus urgent. Les hommes de Jérôme se déployaient déjà, inspectant les environs, s’assurant qu’il n’y avait pas de survivant parmi les gobelins qui jonchaient le sol, et surveillant les alentours en cas de nouvelle attaque. Revenu à lui, le Seigneur de Froissart tentait de consoler la femme qu’il avait dans les bras

"La, c’est bon, tout va bien maintenant."

Cela faisait maintenant deux années qu’il n’avait pas tenu une femme dans ses bras, beaucoup plus longtemps pour quelqu’un qui ne fut pas son épouse. Il était donc incapable de savoir ce qu’il ressentait à l’instant présent, mais l’urgence était au réconfort, et non au questionnement qui ne lui effleurait pas l’esprit pour le moment. Il savait qu’il ne fallait pas traîner dans les parages, mais le choc était trop récent pour la jeune femme qui devait évacuer le trop plein d’émotions qu’elle avait subit. Il la laissa donc pleurer tout contre lui, la serrant fort mais pas trop, gardien de l’instant. De sa main gauche, il lui caressait les cheveux pour la consoler, comme il le faisait avec ses enfants quand ils avaient fait un mauvais rêve. Il chuchota des mots pour elle seule, que personne d'autre ne put entendre

"Laissez tout sortir, il ne faut pas garder cela en vous. Il n’y a pas de honte à avoir et personne ici ne vous jugera."

Elle ne semblait pas l’entendre, mais c’était compréhensible vu ce qu’elle venait de traverser. Nombre de dames auraient sans doute succombé à la folie, ou serait bien plus effondré qu'elle. La voie de Jérôme était bienveillante alors que ses gestes étaient paternels, ou protecteur, au choix, voir les deux. Le temps s’écoula, rapide ou long selon les personnes qui étaient présentes. Jérôme ressentit la main sur sa cotte qui se desserrait. Malheureusement le sang qui imprégnait le châtelain avait tâché la robe et les mains de la belle, mais pour l’instant, tout le monde s’en moquait éperdument.

Effaçant ses larmes, sans doute par fierté, elle recula sa tête jusque la posée contre le torse de son bienfaiteur. Pour la première fois, leurs regards se croisa, bleus pour tous les deux, comme le reflet l'un de l'autre. Elle balbutia une excuse, puis une seconde et enfin une troisième. Cette dernière surpris Jérôme, pris au dépourvu en entendant qu'elle ne le remerciait pas de lui avoir sauvé sa vie à elle, mais à ses hommes. Voila qui était remarquable, et rarissime, les nobles, femmes comme hommes, pensaient bien plus souvent à leur propre personne, plutôt qu'à leurs subordonnés, encore plus quand leur vie était en danger. Il ne releva pas qu'elle était en train de lui promettre absolument tout ce qu'il voulait lui demander, mais il plaça machinalement cette information dans un coin de sa tête, conscient qu'il était toujours appréciable d'avoir quelqu'un qui était son débiteur.

Un des hommes de la jeune dame expliqua alors à sa suzeraine qu'ils devaient partir, ce qui était en effet une sage décision à prendre. Chaque instant pouvait voir une nouvelle vague de ces gobelins, maudit soit ils, afin de terminer le travail commencé. Alaric était également à côté de son Seigneur, et il se fit écho de l'homme qu'il venait de rencontrer

"Jérôme, il a raison, nous ne pouvons rester ici plus longtemps. Nous devons nous dépêcher."

L'heure était avancée, et le temps faisait défaut. Le Châtelain fit un signe de tête à son ami qui partit réunir les hommes. Jérôme s'adressa à l'alonnais

"Il va de soit que nous vous escorterons jusque la ou vous le souhaiterez, c'est la moindre des choses alors que ces engeances sont dans les parages. Voila un moment que nous n'en avions plus vu en si grand nombre."

Il regarda autour de lui les corps qui jonchaient le sol

"Malheureusement, nous ne pourrons enterrer vos morts. Je vous promets qu'une fois en sécurité, nous reviendrons, et s'ils sont toujours la, nous leur offrirons une sépulture digne."

Une fois la demoiselle et se troupe en lieu sur, Jérôme comptait bien revenir pour continuer ses recherches, même s'il avait maintenant quelques doutes suite à cette escarmouche, sachant que son groupe n'était pas suffisamment nombreux si les gobelins étaient nombreux. Il regarda la dame, et il vit que ses jambes flagellaient encore sous l'effet du stress. Elle les ralentirait dans cet état même si elle pouvait bien entendu marcher. Sans se poser de questions, il fit machinalement ce qui s'imposait dans sa tête

"Laisser moi vous porter jusqu'à ce que vous ayez récupéré, le terrain est escarpé, vous blesser ne serait pas une bonne chose."

Il la prit dans ses bras comme si elle était une plume, et sans se demander si les hommes d'arme de celle-ci seraient d'accord. Il se doutait bien que sa fierté l'obligerait sans doute à rapidement demander à marcher d'elle même, et sinon il ferait son possible, il avait des forces à revendre avec toute cette adrénaline. Il se demandais aussi s'il y aurait un endroit suffisamment proche avant que le nuit ne tombe, ou s'ils devraient bivouaquer. Voyager la nuit n'était pas une bonne idée, surtout avec des gobelins dans les parages, mais marcher n'aidait pas à parcourir de grandes distances.
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MessageSujet: Re: Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina]   Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina] I_icon_minitimeMer 12 Mai 2021 - 18:11





Est-ce que tout allait réellement bien? Si le chevalier allait bien on ne pouvait pas dire la même chose de la jeune femme. Elle avait l’impression d’être brisé et se détestait pour ce qu’elle venait de faire. Elle était responsable de toutes ses morts, et son cœur semblait s’être détruit. Était-ce réellement cela grandir? Affronter le monde? Sentir que son cœur se brisait, devenait de plus en plus noir alors que l’on perdait des gens. « Est-ce que cela devient réellement plus facile? » murmura-t-elle, plus pour elle que pour l’homme qui tentait tant bien que mal de la rassurer dans son étreinte protectrice. Est-ce que cela devenait facile? S’habituons-t-on à la mort, et à la vue de massacre? Adélina n’osait même pas imaginer ce que le chevalier avait vu pour avoir réagi ainsi. Combien de guerres avait-il participé? Combien de personnes étaient tombés sous son épée. La jeune femme frissonna avant de regarder sa main couverte de sang. Elle eut l’impression que le sang se vidait sa tête, et son teint devint de plus en plus blafard, comme si elle allait perdre connaissance. La jeune femme ne put s’empêcher de serrer les poings alors qu’elle entendit la réplique du dénommé Jérôme. Si ce nom n’était pas particulièrement apprécié de la nordienne, elle ne porta guère attention à ses pensées rancunières. Après tout, avec la familiarité qu’avait fait part l’un de ces hommes il était très peu probable que ce dernier soit un quelconque seigneur. Son regard azuré se porta sur les morts, fixant les corps inertes dont certains portaient fièrement une écarlate maintenant ensanglantée.


Elle soupira, un soupir saccadé, comme si sa respiration lui manquait. La nordienne s’en voulait d’être, en quelques sortes, responsable de la mort de ses hommes, et elle se promit de prendre soin des familles de ces alonnais. Ce n’était rien si l’on comparait au prix qu’avaient payé ses hommes, mais cela était tout de même la moindre des choses. Ses mains tremblaient, et la jeune femme avait l’impression d’avoir perdu totalement le contrôle de son corps, incapable d’avancer, incapable de dire un mot et le chevalier sembla le remarquer, car sans attendre, il la prit doucement dans ses bras, la soulevant comme si elle n’était qu’une simple plume. La nordienne, surprise, posa doucement ses bras autour du cou de son sauveur, avant de retourner son regard dans le sien alors qu’il commençait à marcher. Ces hommes ne répondirent rien, se doutant que ce n’était pas le moment d’intervenir alors que leur dame était dans un si piètre état. Seul Flavien sembla se mordiller discrètement l’intérieur de la joue en jetant un regard noir à l’homme. Son visage lui disait quelques choses, mais il avait bien du mal à replacer le chevalier. « Je… Je vous remercie, Messire. Mais je crois que je peux marcher. » C’était complètement faux, ou du moins elle pourrait tituber pendant quelques maîtres avant de perdre de nouveau le contrôle de ses jambes. « Sommes-nous loin de l’avant-poste? »

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MessageSujet: Re: Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina]   Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina] I_icon_minitimeDim 16 Mai 2021 - 21:34


Vu leur proximité, Jérôme entendait la jeune femme demander si ça devenait plus facile avec le temps. Il était complexe de répondre à une telle question, mais il tenterait de le faire plus tard. Pour l'heure, il fallait partir, et rapidement car l'heure tournait et ce n'était pas à leur avantage. Il avait soulevé la châtelaine avec facilité, elle était bien légère en comparaison à tous ses entrainements intensifs, et manier une épée de manière régulière et longtemps aidait à se muscler. Il ne réagit pas lorsqu'elle passa ses bras autour de son cou, elle était en détresse, et il la sentait encore trembler doucement alors qu'il la serrait contre lui en commençant à avancer. Comme elle le regardait, il laissa son regard d'azur dans les siens, et maintenant qu'il était redevenu lui même, il lui adressa un sourire bienveillant, afin de la réconforter, comme si tout allait pour le mieux. A aucun moment il ne remarqua le regard noir que lui lança l'un des alonnais, ce que ne manqua pas de noter Alaric qui, lui, n'avait rien manqué. Il avait intériorisé un sourire en pensant que l'homme devait être aigri que ce soit un parfait inconnu qui portait en ce moment sa suzeraine, et qu'il aimerait que ce soit lui. N'étant pas sur ses terres, il était bien difficile de répondre sur la distance du prochain avant-post, mais ses hommes lui répondirent que ce n'était pas si proche que cela, et qu'il fallait se dépêcher. Jérôme, quand à lui, se contenta de répondre à la belle inconnue qui demandait à marcher par elle même

"Je vous en prie, récupérez, et dès que vous serez certaine que vous pouvez marcher sans problème, alors je vous poserais. Mais pour l'instant, juste laissez vous faire, et reposez vous un petit peu."

Elle était bien légère, mais le chemin était inégal, rocailleux, et difficilement praticable, toutefois, cela ne se remarqua pas, et Jérôme ne montra aucun signe de faiblesse tout le temps ou il la porta, même si le trajet fut plus long qu'habituellement. Il profita de l'avoir contre lui pour murmurer à elle seule

"Cela ne devient pas forcément plus facile, c'est surtout une nécessité si vous ne voulez pas que ce soit vous qui finissiez allongé au sol, sans vie. Souvenez vous d'eux, et honorez leur mort, c'est tout ce que nous autres, vivant, pouvons faire pour ceux qui nous ont quitté"

Jérôme avait énormément guerroyé, ce qui facilitait aussi les choses, et malheureusement, vu le nombre de soldats qu'il avait sous ses ordres du temps où il était Baron, il ne pouvait pas se glorifier de se souvenir de tous ceux qui étaient tombés en son nom. Il se contentait de faire une prière à Tyra pour les défunts lorsqu'il en avait l'occasion, essayant vraiment de se rappeler de chaque bataille, à défaut des noms et visages. Il espérait que c'était suffisant pour apaiser les morts qu'il avait sur la conscience. Malheureusement, il devait bien avouer que ce n'était pas le cas vu les cauchemars qu'il faisait régulièrement, si ce n'était à chaque nuit.

Le désormais serramirois sentait que les tremblements de la belle diminuaient, et qu'elle reprenait du poil de la bête. Il se passa un moment avant que, finalement, elle ne demande à nouveau à marcher seule. Jérôme la déposa alors doucement, continuant de la maintenir pour être certain qu'elle ne titube pas, encore sous le choc de ce qu'elle avait vécu. Le sang qui le recouvrait avait naturellement, et malheureusement sali la robe de l'alonnaise. La journée touchait à son but, elle avait été bien silencieuse, et après avoir discuté avec les hommes de la jeune femme, ceux-ci répondirent qu'il faudrait bivouaquer. Il était impossible de rejoindre un avant-post avant la nuit profonde, et c'était bien trop dangereux de voyager. Jérôme avait l'habitude de dormir dehors, ce qui pourrait être étonnant pour un ancien Baron et Châtelain, mais il était certain que ce n'était pas le cas de la pauvre demoiselle. Tout le monde se mit en devoir de trouver un endroit qui pourrait les accueillir, tout en étant défendable en cas d'attaque. Ils finirent par trouver une petite grotte qu'ils examinèrent avec attention pour être certain qu'il n'y avait pas une cavité qui laisserait un issue vers les profondeurs d’où pourraient surgir des gobelins. Tous, sauf la belle et Jérôme, se mirent en devoir de trouver de quoi allumer un feu, et dissimuler l'entrée pour éviter que la lumière ne soit visible de l'extérieur. Le châtelain se mit en devoir de poser quelques feuilles ramenées afin de faire un lit de fortune pour la demoiselle

"Voila pour vous, j'espère que vous parviendrez à trouver le repos. Je me doute que vous ne devez pas avoir l'habitude de dormir ainsi. Sachez qu'il y aura toujours quelqu'un qui restera éveillé pour surveiller et assurer la sécurité."

Des mots se voulant réconfortant, mais il devait faire un effort tout de même en matière

"Comment allez vous ? ne retenez pas ce que vous avez sur le cœur, il faut en parler si vous le désirer, c'est la meilleure façon de se débarrasser de tout cela."
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MessageSujet: Re: Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina]   Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina] I_icon_minitimeLun 24 Mai 2021 - 14:54





Dire qu’elle était mal à l’aise semblait presque utopique, en réalité, la jeune femme était réellement terrorisé. Elle avait l’impression que son corps ne pouvait cesser de trembler, alors qu’elle baissa rapidement le regard, incapable de soutenir son regard plus longtemps qu’une seconde alors qu’il refusait tout simplement en lui demandant de récupérer. En réalité, tout cela n’aidait guère la situation. Que diraient ces gens s’ils savaient qu’elle se laissait porter ainsi par un inconnu? Qu’en était-il de la bienséance? Toute son éducation lui criait de la lâcher, mais elle avait l’impression d’avoir perdu totalement le contrôle de ses membres, et pour le moment, la présence rassurante de l’homme ne lui faisait que le plus grand bien. Du moins, jusqu’à ce que ce dernier ne reprenne finalement la parole, commentant la question qu’elle s’était posé il y a quelques minutes. Une nécessité…? Cela lui semblait si facile à dire… Peut-être était-ce la différence d’âge? Après tout, la jeune femme avait eu la chance de vivre des années particulièrement paisibles. Si les guerres avaient déchiré son enfance, elle ne pouvait en dire autant de son adolescence ou de sa vie de jeune adulte. Pour une fois la péninsule était en paix, et les massacres incessants avaient finalement arrêté. Adélina ne connaissait pas la violence des combats, et pourtant en quelques ennéades, elle en avait vu beaucoup plus qu’elle aurait espéré. Entre l’attaque dont elle avait été victime, et l’attaque des gobelins, disons que cela en faisait beaucoup en bien peu de temps.


Combien de temps était-elle restée dans les bras de l’inconnu? Trop longtemps décidément, et lorsqu’elle réitéra sa demande, le nordien la laissa finalement partir, la déposant doucement au sol, non sans l’aider à parcourir le terrain escarpé. Le groupe s’avança doucement, se rendant compte qu’ils n’atteindraient définitivement pas l’avant-poste avant le coucher du soleil. Le groupe trouva finalement un emplacement ou passer la nuit, au grand dam de la jeune dame qui n’était guère enthousiaste de passer la nuit à l’extérieur. Mais encore sous le choc, Adélina ne pipa pas un mot, se contentant de suivre les hommes qui tentèrent – tant bien que mal – de rendre la grotte la plus sécuritaire et confortable possible.  La jeune femme s’assit contre le mur et le tas de feuilles avant de laisser sa tête tomber contre la roche froide en fermant les yeux. Si le choc avait passé, cela n’empêchait pas le sentiment douloureux qui lui prenait le cœur. Elle avait envie de crier, de pleurer, et c’était comme si personne ne pouvait entendre, comme si personne ne pouvait rien faire à ce sujet.  


Ce n’est que lorsqu’elle entendit les paroles de l’homme qu’elle réouvrit les yeux. Découvrant l’homme devant elle qui lui demandait comment elle allait. Son regard se planta dans le sien, se demandant si elle devait réellement lui dire comment elle allait. « Je ne sais pas. » Son regard se baissa pendant un moment, semblant fixer un point droit devant elle, comme perdue dans ses pensées; « J’ai l’impression d’être prise entre la colère et la tristesse. D’un côté, je m’en veux d’avoir mis mes hommes dans cette situation et de l’autre, je suis terriblement triste d’avoir perdu des gens pour une raison aussi sotte. » On disait souvent que les jeunes de la péninsule avaient eu de la chance, que la majorité de leur adolescence n’avait pas été ponctuée de guerre comme celles de leurs aînées. Certes, la jeune dame avait vu son père et son oncle partir d’innombrables fois « Je sais que je ne peux rien faire. Je devrais vivre avec le fait que j’ai blessé et tué des gens autour de moi…» Adélina laissa s’échapper un soupir, tentant tant bien que mal de camoufler un sanglot. Elle ferma doucement les yeux, avant de continuer, en murmurant; « J’ai l’impression de ne plus pouvoir respirer, que tout cela me fait tellement de peine, tellement de mal que je ne peux plus respirer. Vous dites que cela ne devient pas plus facile, mais j’ai du mal à voir comment je peux continuer alors que le pire est arriver pour ces gens. Ces gens qui ont juré de me protéger, et que je n’ai pas pu faire la même chose pour eux. »  Comment pouvait-elle continuer alors que le pire était arriver? Que devait-elle changer pour survivre à cette peine qui l’habitait? Tout cela lui semblait impossible…


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MessageSujet: Re: Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina]   Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina] I_icon_minitimeLun 31 Mai 2021 - 20:52

Il était évident que la jeune femme n'allait pas bien. Jérôme ne la lâcha pas du regard, à l'affut de la moindre réaction qu'elle avait, essayant de savoir à quel point elle avait été traumatisé par l'expérience qu'elle venait de subir. Il était évident qu'on ne ressortait pas indemne de ce genre de rencontre, encore moins quand il y avait autant de perte alors que ce n'était pas une guerre, ni une bataille d'envergure. Il la regardait donc lorsqu'elle baissait la tête, ou encore quand elle posa sa tête sur la roche, yeux clos. Lui même avait vécu d'innombrables batailles et campagnes, et il avait été "éduqué" si l'on peut préparer quelqu'un au carnage d'un champ de bataille. Il n'avait jamais pris le sacrifice dans la mort des gens à son service pour un acquis, et il priait régulièrement Tyra afin qu'elle veille sur ceux qui avaient trépassé dans les batailles dont il avait été à l'initiative, comme les autres. Il avait toujours cherché à minimiser les pertes des hommes sous sa responsabilité, mais il était évident que l'on ne pouvait pas faire la guerre sans qu'il y ait des morts. Un voile passa devant ses yeux alors qu'il repensait à tout cela, mais il resta attentif à la belle inconnue qui s'était assise. Il l'écouta attentivement quant elle répondit à la question qu'il lui avait posé. Elle semblait abattue, mais alors qu'elle parlait de colère, c'était un premier signe qui allait dans le bon sens pour la santé mentale de celle-ci. Jérôme s'était accroupi en même temps qu'elle s'était assise, afin d'être à la même hauteur qu'elle, pour faire preuve d'empathie. Et maintenant, il cherchait les mots justes afin de la réconforter, ou du moins tenter de l'apaiser. Malheureusement, ce n'était pas la ou il excellait le mieux, mais il s'essaya à l'exercice, espérant qu'il ne ferait pas pire que mieux. Il prit la main droite de celle-ci dans ses deux mains refermées pour lui transmettre un peu de chaleur"

"La tristesse et la colère sont deux sentiments qui sont on ne peut plus légitimes dans ce genre de situation. Perdre des âmes est toujours un crève cœur, il en est ainsi et le sera toujours pour ceux qui commandent. Permettez moi de vous dire certaines choses qui malheureusement n'apaiseront pas votre chagrin, mais qui, je l'espère, vous aidera à percevoir tout cela autrement"

Il espérait que serrer sa main dans les siennes permettrait à cette demoiselle de puiser dans ses forces pour surmonter la douleur qu'était la mort qu'elle venait de voir sous ses yeux

"Lorsqu'un homme devient soldat, il sait qu'il sera confronté à la mort, et c'est même son devoir, il le sait lorsqu'il s'engage. Il met sa vie en jeu pour une personne, une terre. Certains nobles se moquent totalement de la vie de leurs subordonnés, et ils n'ont que faire s'ils vivent décemment ou s'ils meurent. A vous voir et vous entendre, je ne pense pas que ce soit votre cas, vous semblez réellement bouleversée par la mort de vos hommes, cela prouve que vous êtes une suzeraine digne de leur sacrifice. S'ils ne vous avez pas respecté, à l'heure ou la mort venait frapper à leur porte, ils ne vous auraient pas protégé comme je les ai vu faire, faisant une barrière de leur corps, ils auraient plutôt essayé de sauver leur propre vie."

Il était difficile de trouver une justification à tout cela, mais il fallait le faire, parce que ce ne serait sans nul doute pas les derniers. Jérôme n'était pas le meilleur orateur qu'il soit, et il faisait souvent des maladresses, mais il essayait toujours de faire de son mieux

"Ne refoulez pas votre tristesse et votre colère, embrassez les au contraire, et faites en sortes que leur mort de soit pas vaine. Vous pensez être responsable de leur mort, mais ce n'est pas vous qui avez décidé de les amener dans une embuscade de gobelins, ce n'est pas vous qui avez décidé de leur mort aujourd'hui, c'est juste un concours de circonstances qui a amené à ce tragique incident. Si vous vous morfondez, alors vous reniez leur sacrifice qui avait pour but que vous viviez. Et c'est ce que vous devez faire, vivre pour eux. Comme je vous l'ai dis, honorez les, ne les oubliez pas, gravez leurs noms en vous tant qu'ils ne sont qu'une poignée. Avisez leurs familles du grand sacrifice qu'ils ont fait, et remerciez leurs proches pour l'honneur que vos soldats vous ont fait."

Jérôme faisait cela après chaque bataille, il cherchait auprès des survivants pour savoir qui était mort, et les noms de ceux-ci. Alors certes il ne se rappelait malheureusement pas le noms de tous, mais il avait fait la démarche de se rendre auprès des familles de ceux qui avaient trépassé sous ses ordres, et il le faisait encore aujourd'hui. Il priait Tyra et il faisait des offrandes pour ses hommes tombés a combat, et il faisait tout pour ne pas oublier, d'autant que pour sa part, il avait fait des choix amenant à cela, pas comme la pauvre qui avait subis une attaque. Aujourd'hui encore il était hanté par les morts qui revenaient le voir chaque nuit depuis maintenant quelques années, sans doute accablé de culpabilité, incapable de trouver lui même le repos

"Avant de manger et de dormir, souhaitez vous faire un brin de toilette ? cela vous rafraichira aussi et pour ma part, j'y vais"

La grotte qu'il avait investit se trouvait non loin d'un petit ruisseau qui coulait. Il serait peut être bon de retirer le sang qui les maculait.




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MessageSujet: Re: Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina]   Quand deux ennemis s'allient sans le savoir [Adélina] I_icon_minitimeMer 9 Juin 2021 - 8:15





La jeune femme ne put s’empêcher de sursauter alors que l’homme lui prit délicatement la main. Ses joues prirent une légère lueur rose, alors que son regard se porta au sol, clairement gênée par ce que venait de faire l’homme. Elle n’aimait pas passer pour une faible, mais les événements qui venaient de la bousculer l’avait ébranlé beaucoup plus qu’elle ne voulait se l’admettre, et la présence de l’homme – et surtout sa proximité – n’aidait en rien l’alonnaise. Adélina écouta l’homme, sans l’interrompre, buvant le moindre mot, la moindre syllabe que ce dernier prononçait. Oubliant finalement la main qui serrait la sienne, les deux prunelles azurées de l’alonnaise vinrent se figer dans ceux de son interlocuteur. Ses paroles eurent au moins l’effet d’apaiser le sentiment de culpabilité qui s’emparait de son cœur. D’une certaine façon, il avait raison… Les soldats avaient mis sa vie en priorité, avaient respectés le serment qu’ils avaient fait à Lodiaker – celui de protéger leur dame peu importe le coût… Ces hommes étaient des héros, des héros qui méritaient que l’on se souvienne de leurs noms, que l’on soit fier des actions qu’ils avaient portés. C’était grâce à eux que la Dame de Lodiaker était en vie… « Vous avez raison… »


L’air pensive, la jeune femme baissa soudainement le regard, comme perdue dans ses pensées. Si le tremblement de ses mains ne s’était pas nécessairement arrêté, ses pensées, eux, bouillonnaient dans son esprit. Oui… Ces hommes méritaient d’être célébré, et elle s’occuperait de leurs donner les honneurs qu’ils méritaient. Son regard se leva à nouveau, mais cette fois vers les soldats alonnais qui l’accompagnait. Étonnamment, elle les connaissait tous, avait tous déjà rencontrer leurs familles. Certains l’avaient vu grandir, et elle n’eut aucun mal à déterminer qui n’avait pas survécu à l’embuscade. La jeune femme poussa un soupir, tentant de réprimander la tristesse qui l’accaparait et retira finalement sa main de celle du chevalier. « Merci, Messire. Vos paroles sont très réconfortantes. Je sais ce que j’ai à faire maintenant… » Elle s’arrêta un moment, l’air pensive, avant de hocher la tête. Adélina, accompagna l’homme à la sortie de la grotte, ledit ruisseau se trouvait seulement quelques mètres plus loin, ce qui ne semblait pas inquiéter ses hommes qui pouvaient tout de même s’assurer de sa sécurité. Adélina trempa doucement ses mains dans l’eau fraîche, laissant le léger courant chatouiller ses doigts, avant qu’elle ne se mette à les frotter ensemble, enlevant le sang séché qui recouvrait ses longs doigts effilés.  


Et les minutes passèrent, silencieuse, la jeune femme tentait tant bien que mal d’enlever le sang de sa peau et de ses vêtements, comme s’il était un mauvais souvenir, mais elle du se rendre à l’évidence, que cet horrible souvenir ne disparaitrait pas ainsi. Au bout de quelques longues minutes, alors que le soleil était déjà caché derrière un des monts d’or, Flavien vint finalement la sortir de ses pensées; « Ma dame, il vaudrait mieux retourner dans la grotte pour la nuit. » Hochant doucement la tête, la jeune femme essuya doucement ses mains sur l’ourlet de sa robe – du moins une partie qui ne semblait pas avoir été trop touchée par le sang et la poussière et se releva, non sans frissonner. Le garde, le remarqua rapidement et enleva sa cape pour recouvrir les épaules de la jeune dame. Adélina lui fit un sourire triste pour le remercier, avant de jeter un regard vers le chevalier qui l’avait réconforté. « Je vous remercie encore une fois pour tout ce que vous avez fait Messire. Je vous serais éternellement reconnaissante. »



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