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 Ma Dame, je vous aime !

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Marc-Aurèle de Terrefière
Humain
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MessageSujet: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeJeu 30 Juin 2022 - 16:47


3ème ennéade de Vérimios – Premier mois de l’Hiver.
An XIX | XI.
Au soir des exécutions judiciaires.



Difficiles. Insupportables. Epuisants. Déroutants. Ces derniers jours manquaient d’objectifs qualifications négatifs tant ils furent longs et difficiles pour l’esprit et les épaules de Marc-Aurèle.

Être à Arétria lui rappelait de mauvais souvenirs de l’époque à laquelle il était le Régent du Comté. Ces longues ennéades à diriger des terres autrement plus grandes que les siennes, lui demandèrent de l’abnégation, du courage, et de la patience. S’épuisant aux côtés de son épouse qui tentait tout pour l’aider, et à qui il ne laissait aucune place dans sa vie, il avait failli la perdre dans un accident qui, à la lumière des dernières révélations, était en réalité une première tentative de suicide de la part du malfamé… Klaus Losir.

Fort heureusement, la patience et l’amour d’Alicia permirent à leur couple de reprendre le dessus sur le cours des choses. Ensemble, ils purent faire fructifier leur couple naissant, après un mariage des plus doux et des plus réussis. Mais il avait fallu que Klaus, le maudit, recherche à nouveau à tuer Alicia…

Enfin, tout était terminé. Des jours durant, Marc-Aurèle avait été le parfait chevalier protecteur de son suzerain. Il avait été le parfait premier conseiller. Il avait été le parfait vassal… Mais il avait été le pire des maris. Lorsqu’il vit Alicia quitter l’assemblée, sous la vindicte de Klaus, le seigneur de Terrefière, pour la première fois de sa vie, rompit les rangs… Pour rendre à Klaus une partie de la monnaie de sa pièce. Quelques coups de poings qui, avec force, violence et hargne, arrachèrent presque la mâchoire du condamné à mort… Oh, il savait que Magnus s’occuperait tôt ou tard de son cas… Mais, pour une fois, Marc-Aurèle avait écouté ses sentiments et non son serment.

Dès qu’il le pu, il abandonna les côtés de Magnus, son suzerain, pour rejoindre ceux d’Alicia, son épouse. Engoncé dans son armure de cuir, la main rougie par les coups, les jointures éraflées… Du sang sous ses ongles et sur les pulpes de ses doigts, il entreprit de rejoindre Alicia qui, lui avait-on dit, s’était réfugiée dans la chambre du couple.

Arrivé devant la porte, un sentiment étrange l’assaillit : il avait peur. Peur de n’être qu’une déception, peur de n’être qu’un échec sur jambes, peur de n’être à la hauteur… Ni d’elle, ni de son amour. Devait-il rentrer, finalement ? Ou devait-il arrêter là la souffrance de la pauvre Alicia, en se retirant de sa vie ? Tant de questions… Trop de questions… Bien trop de questions…

Finalement, il se souvint : l’autel couvert de fleurs qu’Alicia avait fait faire pour le mariage ; les vœux prononcés les yeux dans les yeux ; les cadeaux, somptueux et ô combien magnifiques pour les esprits et les cœurs, surtout celui du seigneur local ; et les sentiments naissants, grandissants… Et les sensations nouvelles qu’il n’avait encore jamais ressenti à aucun moment dans sa vie. Comment pouvait-il ne rien ressenti durant les combats, durant les guerres, ni peurs ni craintes… Et ressentir tant d’émotions lorsqu’Alicia lui confia son amour ? Finalement… Peut-être qu’il s’était fourvoyé sur lui-même durant tout ce temps.

Alors, c’est avec une toute nouvelle résolution qu’il posa sa main sur la poignée de porte. C’est résolu qu’il entra, déposant un regard inquiet sur sa douce qui semblait en effet renfermée dans sa forteresse de solitude. Doucement, il ferma la porte… Et prit la direction d’un bac d’eau qui se trouvait déjà là. Plongeant ses mains, le seigneur de Terrefière ôta rapidement le sang de ses phalanges, pour ne point choquer celle qui avait déjà été tant traumatisée…

Une fois ses mains séchées, Marc-Aurèle commença à délier les liens de cuir de son armure, tout en s’approchant d’Alicia. Il s’installa non loin d’elle, posant doucement et précautionneusement sa main sur l’épaule de son épouse.
« Comment te sens-tu ? » Demanda-t-il, passant doucement deux de ses doigts sur son épaule gauche, dans une tentative maladroite de démonstration de douceur. « Je… Je suis désolé… Que tu ai dû endurer ça seule… »
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Alicia de Terresang
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeLun 4 Juil 2022 - 20:46


Mon regard est figé sur les flammes. Ces flammes qui m'entourent. Me cernent. Je sens leur chaleur. Je les sens me lécher la peau. Je sens la fumée qu'elles dégagent... Tout autant que le sang dans lequel je baigne presque. La mort me guette. Sa lame glacée est posée sur ma nuque... Et je ne peux rien y faire.

Je sursaute presque et je ferme les yeux. La porte de la chambre vient de s'ouvrir. Personne n'a frappé donc je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui vient d'entrer. Marc-Aurèle ne dit rien et je profite du couvert que m'offre le dossier de mon fauteuil pour calmer rapidement ma respiration. Je rouvre les yeux sur l'âtre que je fixais jusqu'alors. Ce moment, dans la grange, je le revis presque tous les jours. Dans mes songes et même éveillée. Il suffit d'un bruit ou d'une image qui me rappelle cette nuit-là. Le crépitement du feu n'a plus rien d'apaisant pour moi depuis deux ennéades. Et les nuits sont terrifiantes. Je ne l'ai dit à personne. J'ouvre à peine la bouche depuis plusieurs jours. Je ne parle que lorsqu'on m'adresse la parole. Je ne souris plus. Je frotte mes doigts pour guetter si la corne qui s'y est formé par la pratique quotidienne de la musique est toujours là ou si elle a fini par disparaître. Cela ne me donne pas envie de jouer... Je ne sais même pas pourquoi je le fais... Pour mesurer le temps qui s'est écoulé depuis que je suis dans cet état peut-être.

J'entends le bruit de l'eau et je réalise alors que Marc-Aurèle se lave les mains. C'est un geste assez étrange... surtout à cette heure-ci. Mais je me souviens qu'en m'éloignant tout à l'heure... Il y a eu des cris... et des coups. J'imagine que mon époux a perdu son sang froid devant l'attaque verbale de Klaus. Je baisse la tête sur mes jambes. C'est à cause de moi qu'il en est arrivé à battre un condamné à mort en public... Dois-je vraiment détruire tout ce que je touche ? Qu'ai-je réussi de bien jusque là ? J'ai beau y réfléchir, je ne trouve rien. Rien...
Une main se pose sur mon épaule et je redresse rapidement la tête. Je toise mon mari d'un regard triste et désespéré qui masque cependant mal la surprise que me provoque son geste autant que sa question. C'est à peine si nous entretenons de véritables échanges depuis le procès. J'ignore même s'il s'est rendu compte que je m'éveille toutes les nuits après mes cauchemars et que je quitte notre couche pour prendre un peu d'air à la fenêtre. Alors, le voir prendre le temps de venir me parler maintenant est totalement inattendu. Pourtant, il a en partie défait son plastron de cuir. C'est donc qu'il n'a pas l'intention de repartir pour le moment.

Je détourne finalement le regard.

-Seule... Oui, je le suis. Même au bras de mon frère... Et aux côtés de ma sœur... Ces jours sont une torture et celui-ci est le pire. Mais tout le monde est en fête et m'ignore. Même toi...

Il n'y a pas de reproche dans mes paroles. Juste une profonde tristesse et un immense sentiment de solitude. J'ai l'impression que personne ne me comprend. Personne ne sait ce que je traverse. C'est pire encore que la dernière fois car, si j'ai souffert à l'époque, on n'en voulait pas à ma vie. Là, c'est différent. On a voulu me tuer. On a voulu que j'endure tout ce que j'ai enduré. Et tout le monde fait comme si tout était fini maintenant. Mais qui se préoccupe de savoir ce que j'ai ressenti ? De ce avec quoi je vis désormais ? Et pourtant, je n'arrive pas à être en colère contre eux... Je n'en ai pas la force sans doute.

-Je ne sais pas contre quoi tu te bats de ton côté mais nos chemins ne se croisent plus depuis. Constate-je simplement d'une voix lasse et serrée par l'émotion. Tout cela aura-t-il eu raison de nous ? Si vite ?...
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeMar 5 Juil 2022 - 17:35

Le plastron à moitié retiré, l’imposant seigneur d’une petite terre de la Malelande regardait son épouse avec une appréhension grandissante. Elle qui, d’ordinaire, était incroyablement discrète, ne tarissait point cette fois de témoignages sur la situation. Si, en d’autres instants, une telle discussion aurait pu être vue comme aidante, et bien venue… Actuellement, elle était inquiétante. Alicia verbalisait son mal-être, et ce faisant, remettait Marc-Aurèle dans sa position de mari non présent… Et d’amant moins bien intentionné…

Cela fit l’effet d’une pointe au cœur de l’imposant chevalier. Certes, son honnêteté et sa droiture étaient de grandes qualités dans sa vie de tous les jours, et surtout face à ses serments, et ses responsabilités, mais elles pouvaient être une forme de fardeau dans des instants comme celui-ci. Loin de se cacher à lui-même l’étendue de ses faiblesses et de sa lâcheté, il savait : il n’avait point été à la hauteur. Il ne s’était jamais trouvé d’excuses… Ni n’avait tenté de se fourvoyer. Mais aujourd’hui, il devait le payer.

L’imposant homme, par sa stature, se releva alors, continuant de retirer son plastron. Très vite, il se retrouva dans son tissu de lin de couleur grisâtre, la moitié haute de son armure de cuir retirée et posée contre une chaise, juste au cas-où.

Puis, il revint, et s’installa non loin. Poussant un grand soupir, son regard se bassa pour ne plus regarder que la tapisserie de sol qui recouvrait les pierres de cette chambre. Passant sa main droite dans sa barbe, le petit seigneur ferma les yeux, retenant sa respiration. En son esprit, il ressentait le besoin de se détendre et de se calmer, afin de ne point fuir… De ne plus fuir. S’il devait, un jour, lutter contre sa propension à demeurer silencieux… C’était aujourd’hui.
« Mes combats ne doivent pas être les tiens… » Dit-il, se rendant compte ensuite que ses propos pourraient être pris avec ombrage. « Je veux dire… J’ai juré devant La Mère, de te protéger, de prendre soin de toi, de t’aimer et de te chérir… Jusqu’à-ce que la mort nous sépare. Ce contre quoi je lutte ne doit donc point t’échoir, d’une manière que ce soit… Mais j’ai failli sur les grandes lignes. » Dit-il, soupirant profondément alors qu’il venait d’avouer avoir failli à son serment, lui qui, d’ordinaire, portait lesdits serments en haute estime. « On a attenté à ta vie par deux fois… Et par deux fois, je n’ai pas été là pour te protéger. A mes yeux, et aux yeux du monde, et des tiens… Je ne suis plus digne d’aucune confiance, et j’ai brisé un serment fait sur l’honneur… » Avoua-t-il enfin, raclant sa gorge alors que sa jambe droite commençait à tressauter sous la nervosité. « Depuis, je ne suis qu’échec… Et je sais que Magnus me le fera payer, d’une manière ou d’une autre… »
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Alicia de Terresang
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeMer 6 Juil 2022 - 20:14

Je secoue lentement la tête de droite à gauche, les yeux fermés mais la tête toujours baissée. Je ne suis pas d'accord. Je ne suis d'accord avec aucun des mots qu'il prononce. Il se met trop de poids sur les épaules et s'accuse de tous les maux mais il n'y est pour rien...

-Tu te trompes. Je me redresse dans une inspiration rendue chaotique par le sanglot qui me traverse. Tu te trompes tellement. Une larme perle sur ma joue. Je ne sais comment je parviens à en produire encore alors que je pleure chaque jour depuis mon enlèvement. Comment pouvais-tu me protéger d'une menace dont tu ignorais tout ? J'aurais pensé que tu m'en voudrais pour cela, pas que tu te le reprocherais à toi-même...

Depuis qu'il sait tout, j'ai guetté dans son regard sa rancune, j'ai attendu son reproche et ses remontrances, mais ils ne sont jamais venus. J'ai cru qu'il voulait simplement me préserver parce que je n'étais pas en état de les recevoir pour l'instant mais ce n'est même pas la raison... Il ne m'attribue aucune responsabilité dans ce qu'il s'est passé alors que tout est de ma faute...

-J'aurais pu tout te dire... dès que je me suis souvenue que ma chute n'était pas accidentelle. Mais j'ai eu peur. Tu étais déjà si accablé, j'ignorais comment tu réagirais et je ne voulais pas prendre le risque de te voir commettre une erreur pendant ta régence par ma faute. J'ai voulu te protéger... parce que nous avons tous les deux prêtés le même serment. Alors cesse de te faire des reproches quand je suis la seule fautive de ce qui m'est arrivé...

Ma voix s'étrangle à la fin de ma phrase. C'est la première fois que je mets ma culpabilité en exergue. Et elle me semble d'autant plus lourde à porter...
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Marc-Aurèle de Terrefière
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeVen 8 Juil 2022 - 17:45

Les paroles d’Alicia eurent un goût atroce en l’esprit du petit seigneur. Tant de culpabilité, tant de souffrances, tant d’incompréhension, de manque de discussion, d’actes passés qui ne reviendront jamais et que personne ne pourrait à nouveau faire renaître. Tant de choses manquées… Et de souffrances qui en découlent… Quoi qu’elle en dise, quoi qu’elle en pense… Marc-Aurèle se sentait en très grande partie coupable de ces manquements…
« Tu l’as dit toi-même, lorsque tu témoignait devant le tribunal… Il existait des rapports. » Dit-il, d’un ton grave, pesant, presque morne. « Il existait des preuves écrites, rapportées, que j’aurais dû lire et que furent malheureusement mises dans tes mains. Tu as voulut m’aider dans ma tâche, tâche que je ne désirait absolument pas mais qui me fut donnée quoi qu’il en soit… » Une légère grimace déforma son visage, alors qu’il se rappelait le ressenti de cette époque des plus épuisantes et désagréables. « Et c’est en désirant m’aider, que tu fut condamnée par cet ignoble bâtard… » Conclut-il, une grimace de colère grandissant à mesure qu’il ressentait cette haine pour le supplicié. « Tu vois maintenant ? Rien n’est de ta faute, mais tout est de la mienne. »

Il se releva à nouveau, déposant sur l’épaule de sa douce une main chaude, caleuse, mais se voulant rassurante alors qu’il s’éloignait d’elle. Là, près du lit, il ôta sa tunique, laquelle était pleine de transpiration, et porteuse d’une odeur des plus désagréables même pour des narines entraînées. Ainsi déshabillé, le petit seigneur prit la même bassine d’eau, un chiffon qui se voulait propre, et se débarbouilla bon grès mal grès, comme il le pouvait.
« Ce qu’il s’est passé, s’est passé. Ni toi, ni moi, ne pouvons rien y changer. Mais je refuse que Klaus, même dans sa mort, soit aussi le meurtrier de notre couple. » Dit-il, profitant de la distance pour oser dire les mots aux grandes significations, alors que, d’ordinaire, il pouvait lui être difficile de parler ainsi, à cœur ouvert. « Aujourd’hui, est le jour où notre mariage se libère du poids du passé. Il le faut… »
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeDim 10 Juil 2022 - 17:12

Les mots de Marc-Aurèle me laissent songeuse. Il n'a pas tout à fait tort. Le contexte nous a exposé tous les deux à cette situation. Il était débordé, tant par la charge de travail que par le poids qui pesait sur ses épaules. J'ai voulu être une bonne épouse, même si je ne l'étais pas encore. J'ai découvert une chose que nul autre n'a vu. Je voulais lui présenter les conclusions de mon enquête mais je n'ai jamais pu la mener à bien. Et lorsque Klaus s'en ai pris à moi, je ne pouvais pas le lui dire... Il n'était pas en état de le supporter.
J'entends les arguments de mon époux et je les accepte dans un soupir. Cependant, je ne peux être totalement d'accord avec lui.

-J'aurais pu te le dire lorsque nous sommes rentrés à Terrefière. Lorsque tu allais mieux. J'ai eu la naïveté de me croire à l'abri en me tenant loin de la Capitale. Et puis il y a eu les préparatifs du mariage, la cérémonie... Je marque une pause. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire que je développe, il a compris l'idée. J'avais bien d'autres choses en tête et je ne pensais plus à tout cela. Si je te l'avais dit, tu aurais pu prendre des mesures...

Il aurait pu me protéger mais je ne lui en ai pas donné l'occasion. J'ai ma part de responsabilité dans tout cela, quoi qu'il en dise. Certes, c'est son poste qui nous a mis dans cette situation mais, même lorsque nous en sommes sortis, je ne me suis pas confiée à lui... Pourquoi ? Je ne le sais pas moi-même. Je pense pourtant avoir confiance en lui. Sur ce point, je ne puis douter qu'il aurait fait tout ce qu'il fallait. Qu'ai-je craint ?

Marc-Aurèle s'est éloigné et je n'ose pas tourner mon regard vers lui. Même si nous sommes mariés. Même si nous avons eu notre nuit de noces. Même si nous partageons la même chambre depuis lors. Je suis toujours très malaise dans cette situation. Ce doit être le manque d'expérience j'imagine... Je l'écoute néanmoins et ses paroles font remonter des larmes en moi.

-Et comment sommes-nous censé faire cela ?... Souffle-je.

Moi, je n'en ai aucune idée. Quelque chose s'est brisé au moment du procès. Et je ne sais pas quoi. Je ne sais pas pourquoi. Je me sens seule depuis lors. Seule avec mes souvenirs, seule avec mes cauchemars, seule avec mes peurs. Et ils sont tous bien plus terrifiants que ceux récoltés lors de ma première mésaventure avec des bandits. Je ne sais pas quoi faire... pour réparer ce que je ne vois plus.
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Marc-Aurèle de Terrefière
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeDim 10 Juil 2022 - 22:04

Le fait que ses propos soient entendus, et, semble-t-il, mesurés par Alicia, rassure le petit seigneur. D’une certaine manière, cela signifiait qu’il avait raison depuis le début sur une grande partie de la ligne… Même s’il aurait aimé avoir raison sur toute la ligne… Même s’il pensait avoir raison en totalité. Alors qu’il écoutait son épouse, en se débarbouillant dans l’eau froide, un frisson lui parcourut l’échine : il faisait déjà si froid dehors, pourquoi prendre la peine de se laver dans le froid… Était-ce de la torture pour soi-même ? Ou simplement un malheureux concours de circonstance ?

Le bruit des gouttes d’eau ruisselant de ses mains, de ses poignets et de ses avant-bras, tombant dans la bassine, camouflait ses pensées, ses soubresauts, ses réflexions secrète qui, pourtant, se faisaient à grand bruit. Il ne répondit point à la supputation d’Alicia quant à ce qui aurait pu se passer si elle avait été plus loquace… A quoi bon ? Avec des « si », on refait le monde, non ?

Il était en train de se sécher lorsque les sanglots d’Alicia, étouffés dans une question candide, lui firent reporter ses mires sur la silhouette de la jeune femme. Encore des pleurs… Encore des sanglots… Encore une attitude de tristesse, d’abattement, de victime, qui commençait très sérieusement à déplaire au jeune seigneur… Bien qu’il en comprît les raisons, la puissance et les raisons…

Que pouvait-il faire ? Ici, dans le Nord, en Arétria, hommes et femmes se devaient d’êtres fortes, aussi bien physiquement que mentalement. Les Arétans étaient des gens fermes, durs à la tâche mais capable de douceur dans le cercle familial très proche. Fervents croyants en Othar, le Guerrier, ils élevaient la guerre, l’esprit belliqueux, en dogme qui prenait parfois plus de place que de raison…

Lui-même était l’archétype de cette représentation. Lui-même était l’incarnation des valeurs de la Malelande, d’une certaine manière. Il était chevalier, il était noble. Il était un guerrier respecté et accomplit, capable de grandes choses, une épée à la main. La douceur, il connaissait bien-sûr, mais cela ne lui venait pas naturellement. Et pourtant, La Mère elle-même savait pertinemment à quel point sa douce et jeune épouse avait besoin de douceur et d’attention, choses qu’il peinait parfois à lui donner… Y comprit en cet instant. Il aimerait faire preuve d’autorité, lui dire de cesser de gémir, de se plaindre, d’être ainsi apathique alors qu’après tout, elle était et demeurait une survivante et une combattante. Mais cela n’aurait point l’effet escompté, assurément. Alors, il s’approcha, vêtu de vêtements propres, et prit place dans une chaise non loin d’Alicia.
« Tu étais sans doute trop jeune à l’époque, mais lorsque Magnus leva son ban pour faire face à la guerre pour le trône, j’étais dans les premières lignes. » Dit-il, se servant un verre de cervoise se trouvant non loin de là et s’installant confortablement, prémisse d’un long discours… Ou plutôt d’un long récit. « J’étais orphelin depuis peu de temps… C’était Magnus qui m’avait annoncé la mort de mon père, au loin, sur des champs de batailles loin de sa famille et des siens. J’ai repris le titre, et les promesses de mon père, notamment celles d’être fidèle… Dévoué… Et de ma battre pour mon suzerain. La première fois que j’ai frappé un homme, c’était lors de cette guerre, alors que j’étais en première ligne. J’ai tué un reitre qui se trouvait dans les rangs adverses. Je l’ai tué… Sauvagement. » Appuyait-il, indiquant l’importance de ce qu’il allait dévoiler. « C’était lui, ou moi. La bataille durait déjà depuis des heures, et nous étions épuisés… Mon adversaire était bien plus grand, fort, et plus âgé que moi… Il avait la maîtrise totale du terrain, et de la compétence, et c’est lui qui m’a fait ma cicatrice au-dessus de l’œil droit… » Dit-il, montrant du doigt ladite balafre. « Il me crut mort. Et je crois que je n’étais en effet pas loin de l’être… Ensanglanté, presque un œil en moins… Il allait m’achever d’un coup d’estoc dans l’abdomen, au-dessus de moi, lorsque je l’ai prit par surprise, à contre-pied. Il est tombé… Et je l’ai décapité. C’était la première fois que je frappais dans la chaire humaine, et j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois… Quatre fois, pour être exact. » Appuya-t-il à nouveau. « J’étais sale, poisseux de cervelle et de sang… Et je venais de tuer plus d’hommes en une journée que la plupart des guerriers et mercenaires en toute une vie… Si Othar devait être fier, ce n’était sans doute pas le cas de La Mère. Je n’ai ni eu oreille attentive, ni temps pour m’en remettre. Car dès le lendemain, nous avons dû combattre à nouveau. Ainsi ai-je avancé… Ainsi suis-je devenu celui que je suis aujourd’hui. En avançant. En cessant de me rappeler le passé. Ces hommes étaient morts, mais moi, je vis. Ainsi vont les choses ici-bas. » Finit-il, stoppant volontairement pour laisser une petite pause, avant de reprendre le cœur et l’épilogue de son propos. « Tu es, toi aussi, une survivante et une combattante, à ta manière. La suite de ta vie ne dépend que de toi. Soi, tu resteras toujours la victime de la vie, de Klaus, d’actes manqués… Soit, tu te relèves, et tu avances. Les choses peuvent toujours être pires, tu sais… »
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeVen 15 Juil 2022 - 20:23


-C'est cela... ta réponse ?

Alors que je suis restée muette tout ce temps, je relève enfin le regard vers Marc-Aurèle plusieurs secondes après la fin de son discours, les yeux toujours plein de larmes, mais pas seulement de tristesse...

-Je te dis que j'ai peur, que je me sens seule et tout ce que tu trouves pour me réconforter, c'est une histoire sordide et un message qui se résume par "c'est ça la vie, prends sur toi" ?

Oui, je suis en colère. J'attendais de mon mari qu'il me soutienne. Il avait ses propres démons à combattre ces dernières ennéades alors je me suis tue jusqu'à présent mais, maintenant que je m'ouvre à lui, que ce serait le moment idéal pour m'aider à extirper de mon esprit toutes ces pensées et ces peurs qui m'empêchent d'avancer, c'est tout ce qu'il trouve à me dire ? Il aurait pu me gifler, la sensation n'en aurait pas été moins douloureuse et le message aurait été le même à mes yeux.

-Je ne suis ni un homme, ni un soldat. Si je sais où va mon devoir, je n'ai pas à le remplir de la même manière que le tien. Nos situations ne sont pas comparables. En public, je peux faire face, paraître digne et forte lorsqu'il le faut, comme je l'ai fait tout à l'heure. Dis-je pour preuve de mes capacités. Mais ce que je comprends de ton discours, c'est que je dois aussi m'abstenir de montrer la moindre faiblesse en privé et cela, je ne peux l'admettre. Si nous avions été mariés à l'époque où tu as vécu ce moment atroce, j'aurais été ton oreille attentive parce que c'est aussi cela, mon rôle : t'aider à porter tes fardeaux, comme je l'ai fait pendant la régence. Mais si tu considères que ce n'est pas le tien, alors tu aurais pu rester à cette ignoble fête. Je n'ai pas besoin de m'entendre dire cela pour souffrir davantage !

Si je m'en sentais la force, je crois que je m'en irais. Je suis venue ici pour échapper à tout de ce qu'il se passe au dehors, à tout ce qui me tourmente, mais je retrouve ce que je voulais fuir même ici. Seulement mes jambes, mes mains et ma mâchoire tremblent tant que j'en suis parfaitement incapable... Je suis clouée à mon siège, que je le veuille ou non.
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeDim 17 Juil 2022 - 2:51


La réaction d’Alicia manqua presque de faire peur au chevalier Arétan… De sa diatribe, il n’attendait point un tel résultat et certainement pas une telle réaction. Manifestement, son épouse et lui étaient ne se comprenaient point… Ou ne se comprenaient plus. Deux façons différentes d’appréhender le monde, de réagir aux évènements de la vie, de faire face à l’imprévu, la violence, la méchanceté gratuite… Deux manières différentes de se comporter.

Face à la réaction d’Alicia, Marc-Aurèle resta silencieux durant plusieurs secondes… Et souffla longuement. Un long soupir, profond… Il se rendait compte que non seulement il risquait la santé mentale et physique de son épouse, mais qu’en plus… Il risquait son propre mariage… Un mariage non désiré, un mariage non voulut, non prévu… Un mariage qui fut imposé par son propre suzerain, chose que Marc-Aurèle détestait au plus haut point… Tout comme la régence… Le poste de Premier-Conseiller… Cela commençait à faire un peu trop pour le petit seigneur qui, à cet instant, aurait préféré être ailleurs, et tout à fait quelqu’un d’autre…
« Que dois-je faire ? Je ne comprends rien à ce que tu attends de moi… » Dit-il, finalement, sans aucune réflexion ni aucun calcul, laissant seulement son cœur parler. « Je… Je t’aime, Alicia. » Avoua-t-il à voix haute, baissant doucement le visage pour se renfermer sur lui-même, sa très longue crinière brune tombant devant lui. « Mais je ne sais pas quoi faire… Je n’ai aucune idée de quel est mon rôle… Je te vois dépérir, et je ne peux rien faire pour empêcher cela… Que dois-je faire… »
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Alicia de Terresang
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeJeu 21 Juil 2022 - 19:48

La colère luit dans mes yeux malgré l'épuisement provoqué par tout ce qui me hante et m'use jour après jour. Néanmoins, je vois le désarrois de mon mari qui se retrouve totalement perdu face à moi. Je ne pensais pas que j'aurais besoin de lui expliquer cela. Après tout, il a deux sœurs... N'est-il jamais là pour elles ? Ne veille-t-il jamais à leur bien-être ? N'a-t-il jamais eu à consoler leurs peines ? Les mots ne sont pas toujours utiles et, puisqu'il n'est pas à l'aise pour exprimer ce qu'il ressent je n'en attends pas vraiment de lui. Surtout si c'est pour me dire des choses pareilles...

-Je ne suis pas certaine que tu saurais m'écouter... parce que... saurais-tu seulement quoi me répondre ? La question est rhétorique et me sers surtout à réfléchir à voix haute. D'ailleurs, je n'attends pas pour continuer. Moi non plus, je n'ai pas l'habitude de m'épancher sur... mes... enlèvements.

Oui, il est vrai que ce n'est pas le premier... Et déjà la première fois, je ne l'ai dit à personne. Et personne n'a apparemment relevé le retour de mes cauchemars après ma chute dans l'escalier. J'ignore que Magdeleine en a parlé à Marc-Aurèle et que, déjà l'époque, il ne savait pas quoi me dire. Mais il avait trouvé quoi faire...

-Mais je fais des cauchemars toutes les nuits, je me lève, j'entrouvre une fenêtre pour prendre de l'air... J'essaie de ne pas te déranger mais ne me dis pas que je ne t'ai jamais réveillé...

J'ouvre les yeux parfois en sueurs, parfois en pleurs. Mon infirmité m'empêche de me déplacer avec la grâce d'une jeune femme de mon âge et les fenêtres grincent un peu. A moins d'avoir été assommé par un rocher, il est impossible, selon moi, qu'il n'ait jamais remarqué mes terreurs nocturnes et mes errances dans notre chambre.

-Si tu ne sais pas quoi me dire, est-ce que tu pourrais au moins ne pas m'ignorer ? Me faire savoir que tu es là ? Que je ne suis pas seule face à tout cela ? Me prendre la main ? Me serrer dans tes bras ? M'envelopper de cet amour que tu dis éprouver mais que tu ne me montres qu'avec parcimonie ?

Ma colère s'est mue peu à peu en incompréhension et en tristesse. Pourquoi est-ce que je suis obligée de verbaliser ce que j'attends de lui ? Pourquoi est-ce que cela ne lui vient pas naturellement ? Y a-t-il un rapport avec le fait qu'il ne m'ait pas touchée depuis la nuit de noces ? Est-ce que je le rebute physiquement maintenant qu'il m'a vue ? Cette pensée me terrifie... Car si tel est le cas, alors notre mariage est voué à l'échec et, en plus de la blessure que me provoquerait ce rejet, je perdrais le peu d'honneur que je possède aux yeux de la noblesse.
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Marc-Aurèle de Terrefière
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeVen 22 Juil 2022 - 0:44

Marc-Aurèle avait demandé quoi faire. Il avait demandé ce dont Alicia, jeune mais ô combien d’ores-et-déjà cruellement marquée par la vie, avait besoin pour faire face à tout cela. Ce qu’elle désirait. Ce qu’elle aurait voulu voir, entendre et ressentir, de la part de son époux. Et bien il fut servi.

Pour la première fois depuis leur rencontre – et sans doute également pour la première fois de toute sa vie – Alicia dictait ce qu’elle désirait, et exprimait pleinement, et sans retenue aucune, ses craintes, ses envies, ses besoins et ses rancœurs. Marc-Aurèle, non loin de son épouse, baissa les yeux et marqua un visage… Apathique. Ce qu’Alicia demandait pouvait apparaître comme simple, et sensé, aux oreilles et aux cœurs des mortels comme des immortels de ce continent. Mais, pour le petit seigneur, s’en était tout à fait autrement.

Certes, il avait des sœurs. Et certes, il avait eu une mère. Toutes ces figures féminines étaient douces, pleines de charmes et d’entraides, capables de railleries comme de douceurs et d’amour. S’il trouvait cela normal venant d’une mère, ou d’une sœur, l’aspect sentimental d’une relation maritale, imposée qui plus était, demeurait… Difficile à cerner.

En plus de cela, Marc-Aurèle ne comprenait pas ces aveux de faiblesse. Alicia était peut-être jeune, et peut-être était-elle estropiée physiquement et psychiquement, mais elle demeurait la survivante de deux enlèvements, et de deux tentatives d’assassinat. Elle était une combattant malgré elle, car, là où bien des nobles se seraient laissés mourir une fois handicapés à vie, elle, elle trouva la force d’avancer. Et aujourd’hui, elle était une noble, adoptée par la famille Comtale, et mariée à un des vassaux les plus fidèles du Comte.

Alors, pourquoi ? Pourquoi demander tant et tant ? Pourtant tant de terreurs nocturnes ? Pourquoi tant de cauchemars ? La vie, de manière générale, est difficile, violente et bien souvent brève. Les terres Malelandaises furent théâtre de bien des massacres, de bien des guerres et autres mouvements de troupes. Les Malelandais ne sont point connus pour être des tendres, assurément non. Alors pourquoi Alicia demandait tant de preuves, et ressentait tant de difficultés à dépasser ce qui, certes, était traumatisant, mais n’était ni de son fait, ni de son désir, et qui, dans tous les cas… Ne risquait plus de lui arriver à nouveau ?

Si Marc-Aurèle comprenait ce qu’Alicia demandait, en son for intérieur, il ne se sentait que très peu capable de lui offrir tout cela. Depuis le début, il existait une profonde asymétrie dans leur relation. Marc-Aurèle avait tenté d’y remédier, jusqu’à-ce que Magnus ne l’appelle à des fonctions trop importantes… Et jusqu’à-ce que Klaus ne termine de détruire les maigres ponts construits entre eux deux.
« Je comprends… » Dit-il, faiblement, yeux baissés et tête tournée vers le sol, avant de passer sa main droite sur ses yeux et de presser dessus comme pour l’aider à réfléchir. « Ce que tu me demande… Je le comprends. Ce que je comprends moins, ou plus difficilement… C’est pourquoi tu te laisses être perpétuellement meurtrie par tout cela, alors, qu’au final… Tu es plus forte que la plupart des nobles de ton âge. » Expliquait-il, bon grès mal grès. « Je… Je ne prétends pas comprendre tout ce que tu as traversé… Et je ne peux deviner quelles conséquences néfastes naquirent de tous ces traumatismes… » Rajoutait-il, tentant d’ordonner sa pensée pour poursuivre ses questions, sa réponse. « Mais après tout cela… Ne devrais-tu pas te hisser au-dessus de toutes ces choses passées, afin de devenir… Toi, adulte, survivante et heureuse ? » Demandait-il, essayant réellement de comprendre pourquoi Alicia demeurait hantée. « Car, bien que je veuille réellement devenir un époux tendre et aimant, cela n’est pas dans ma nature profonde. Je ne puis te couver comme tu le souhaiterais. Du moins, point autant que ce que tu désires. Mes sentiments pour toi sont sincères, quand bien même ils naquirent d’une relation imposée… » Car oui, tout ceci lui était imposé, ne l’oublions pas. « Mais je ne puis devenir totalement quelqu’un d’autre. Et je crois que cela ne te rendras jamais heureuse… »

Un jeune mariage… Marc-Aurèle commençait à entrevoir une issue funeste à ce qui aurait dû être une relation d’amour et de bonheur. Sans doute n’était-il jamais fait pour cela.
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MessageSujet: Re: Ma Dame, je vous aime !   Ma Dame, je vous aime ! I_icon_minitimeSam 23 Juil 2022 - 7:46

Si Marc-Aurèle dit comprendre ma requête, je suis rapidement déçue et presque scandalisée de le revoir revenir une fois de plus sur ce qui ressemble à ses yeux à une incapacité d'aller de l'avant. Je pensais lui avoir exprimé de quoi j'ai besoin. Je ne pense pas lui avoir demandé la lune mais, visiblement, si.

-Je ne t'ai pas demandé de devenir un autre. Seulement de te rappeler à moi lorsque le besoin s'en fait sentir. De la façon que tu le souhaites, me faire sortir de ma tourmente lorsqu'elle me rattrape. De me rappeler au présent quand le passé me submerge. Mais si même cela c'est trop pour toi, alors tu n'as rien à faire là.

Je préfère autant qu'il me laisse. S'il y avait une personne qui aurait dû être présente pour moi dans ces instants difficiles, pour me redonner ce goût d'avancer qu'il appelle de ses vœux, c'est bien lui. Mais il ne le fera pas... Il préfère me regarder sombrer ou me démener seule des mois durant plutôt que simplement me relever le menton une fois de temps en temps pour me faire sortir la tête hors de l'eau et me noyer dans ses yeux plutôt que mes cauchemars...
Mais alors que je viens de demander une nouvelle fois à Marc-Aurèle de s'en aller, on frappe aussitôt à la porte. C'est comme si notre visiteur avait attendu pour se manifester... Il y a fort peu de chance pourtant mais la coïncidence est troublante.

Une voix derrière la porte nous informe que les invités se rassemblent pour le déjeuner et que nous sommes appelés à nous joindre à eux. Qu'il faut à nouveau nous joindre à cette mascarade stupide... Un dîner joyeux tandis que j'attends d'être libérée de mes tourments par la disparition de celui qui m'a tant fait souffrir. Et qui, semble-t-il, a détruit mon mariage qui semblait pourtant si bien parti...

Je me lève, tout en indiquant à mon époux que je l'attends dehors. S'il ne peut partir et que nous devons déjà nous afficher à nouveau en public, je préfère m'éloigner quelques minutes. Au moins le temps d'essayer de reprendre contenance avant de descendre...
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