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 Foyer, mon doux foyer... | Adélina

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Adriano Cortès di Alcacio
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MessageSujet: Foyer, mon doux foyer... | Adélina   Foyer, mon doux foyer... | Adélina I_icon_minitimeVen 4 Aoû 2023 - 17:31

4ème jour de la 2ème ennéade de Karfias | Second mois de l’Eté.
Année XXI | XI Cycle.
Palais ducal de Soltariel | Dans le bureau d’Adriano.



Un silence presque religieux pesait dans le bureau ducal d’Adriano. Le marbre, d’un blanc immaculé, ne résonnait d’aucun pas. Le mobilier, épousseté tous les jours par des domestiques dédiés à leurs tâches, se dressait ça et là dans cette immense pièce jonchée de tapisseries persanes. Au milieu de ladite pièce se trouvait l’épais bureau d’Adriano, ce dernier trônant derrière, penché au-dessus de vélins.

Sur le bureau trônait dans le coin gauche, une pile de de vélins aux cachets encore en place ou aux enveloppes non ouvertes, attendant d’être lues par le destinataire final, le duc lui-même. Entre cette pile et le vélin qui attire l’attention du Pair du Royaume, au centre du mobilier, se trouvent un encrier plein d’une encre d’un bleu marin, plusieurs portes plumes et quelques papiers buvards. A droite, une autre pile, cachetée à nouveau mais du sceau ducal, grâce à une lampe constamment allumée au-dessus de laquelle peut trôner une anse peu profonde, où l’on fait fondre la cire sur laquelle sera poinçonnée le sceau ducal.

Depuis l’affrontement de la marine Suderonne et des soldats Alonnais contre les pirates qui, au final, n’étaient point l’équipage du Rokvenha, Adriano était à la manœuvre.

Comme promis, il avait laissé Adélina au repos. Elle et son enfant, constamment visités par des nonnes, des soignants et les chevaliers Alonnais, étaient soignés et surveillés par des soignants dédiés à cette mission tout entière. Durant ce temps, il avait tenu une autre promesse : l’exercice de sa justice implacable, divine et sanguinaire, par l’exécution de tous les corsaires prisonniers des geôles de ses vassaux Suderons. Le statuquo décidé par Adriano voilà plusieurs ennéades, le temps que le Rokvenha puisse entendre parler de la rançon offerte par Soltariel pour recouvrer la liberté de la baronne, était brisé. Et, bien que Méca et la Péninsule ne soient pas en guerre, dans le sens traditionnel du terme… Les deux territoires ne s’appréciaient pas.

Adriano avait du travail. Beaucoup de travail. Protéger ses terres et ses vassaux de la menace corsaire était une chose, mais il devait également poursuivre la lutte contre les cultistes. En plus de cette lutte, le développement économique et culturelle devait se poursuivre… Et la surveillance des comptoirs Nains, associés à ce développement, devait perdurer. Enfin, le projet de conquête du Langehack, n’était point abandonné pour autant.
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MessageSujet: Re: Foyer, mon doux foyer... | Adélina   Foyer, mon doux foyer... | Adélina I_icon_minitimeLun 7 Aoû 2023 - 13:43




Cela faisait un petit moment que les couloirs étaient silencieux. On entendait de temps en temps les pas furtifs de quelques serviteurs qui s'adonnaient à leurs activités, préparant les innombrables luxueux appartements privés qui étaient dans le palais. D’ailleurs, c’est dans l’eu d’eux que c’était retrouvé la baronne d’Alonna. Adélina, adossée au cadre de la fenêtre, observait la vue qui se déployait à elle. Sa tête contre le verre, elle était complètement perdue dans ses pensées. Cela faisait plusieurs jours qu’elle était arrivée à Soltariel. Là, où elle avait reçu d’innombrables soins en tout genre. Côte cassée, brûlure, lésions internes, coupure, la liste de blessures ne semblait plus finir, mais ces derniers avaient fait un travail remarquable, et la jeune femme pouvait maintenant se déplacer sans grimacer. Bien entendu, certaines cicatrices ne pouvaient être enlevées, et elle porterait pour toujours les marques que les mécans lui avaient donnés, notamment une écorchure sur le bras qui était déjà guérie avant sa rencontre avec le capitaine du Vengeur. Les blessures psychologiques, elles, étaient loin d’être guéries… Pas une seule journée se passait sans que la jeune femme ne se réveille en hurlant, le souffle court, semblant revivre encore et encore les souvenirs qu’elle tentait d’enfouir. Puis il y avait cette autre blessure, le deuil d’avoir perdu quelqu’un… De ne pas avoir réussi à fermer un chapitre, qui la torturait. Adélina frissonna avant de serrer les bras sur son torse, frottant ses bras dénudés. La robe qu’elle portait était incroyablement simple. Aucune dentelle, aucune perle ou pierre. Que de la fine soie blanche impeccablement taillée, dévoilant sa taille devenue encore plus fine, ses formes et ses épaules. En temps normal, elle aurait été horrifiée de porter une tenue aussi révélatrice, mais les ennéades passés à porter les vêtements de Croqueuse avaient eu cet effet sur elle.



« Désirez-vous que je vous prépare un bain, Votre Honneur ? Si vous avez froid, cela sera la meilleure façon de vous réchauffer. »



Adélina se retourna vers la jeune suderonne qui lui faisait office de camériste en l’absence de Clervie. La nordienne lui fit un discret sourire avant de faire non de la tête.« Je vous remercie, Valentina. Mais je crois que j’ai surtout envie de sortir de ces appartements.» Cette dernière lui fit un léger sourire triste avant de hocher la tête, remplaçant pour la eniène fois un cousin qui n’avait pas besoin d’être retouché. Soudainement, la baronne se redressa avant de se retourner vers la servante. « Est-ce que le Duc est occupé ? » La suderonne, d’abord surprise, reprit rapidement ses esprits. « À cette heure, il est généralement dans son bureau. Voulez-vous que je lui porte un message ? » La baronne secoua vivement la tête. « Ce ne sera pas nécessaire. » Répondit la jeune femme avant de se mettre à marcher, rejoignant rapidement le couloir pour enfin sortir de sa prison dorée. Les appartements que le Duc lui avait donnés étaient magnifiques, finement décorés, beaucoup plus spacieux que ceux qu’elle avait eu à sa première visite. Si au départ la nordienne avait pensé qu’elle avait simplement eu de plus grands appartements après ses fiançailles, la réalité était tout autre. Valentina lui avait rapidement appris qu'elle se trouvait dans les appartements de la précédente duchesse, chose qui l’avait non seulement flattée, mais qui l’avait mis quelque peu mal à l’aise, ne croyant pas mériter un traitement de faveur, surtout après ce qui s’était passé. Adélina traversa les couloirs du palais avant de finalement rejoindre le bureau du Duc. Deux gardes Soltari étaient à la porte, assurant la sécurité de leur suzerain. Ces derniers semblèrent se redresser lorsqu'ils aperçoivent la baronne. Cette dernière s’arrêta devant eux, avant de prendre la parole : « Je voudrais voir le Duc. » Sans attendre, l’un d’eux ouvrit la porte avant de s’engouffrer dans la pièce.



« Votre Altesse. » Commença le soldat avant de saluer le Duc. « Son Honneur, Adélina de Lourbier est là pour vous rencontrer. » Sans attendre, ce dernier poussa un peu plus la porte, laissant la baronne entrer dans la pièce. Adélina lui fit un léger signe de tête au soldat, avant de s’engager dans le bureau de son fiancé. Tout cela lui semblait si protocolaire… Il fallait croire que les derniers mois à partager une minuscule cabine avec un autre homme avaient changé sa vision des choses… La jeune femme s’arrêta au milieu de la pièce alors qu’elle entendit la porte se refermer derrière elle. Adélina baissa légèrement la tête, en signe de respect pour l’homme devant elle, qui, bien que son fiancé, avait un statut beaucoup plus élevé que le sien. « Je suis désolé de vous déranger si tard. Je n’arrive guère à fermer les yeux, et l’un des serviteurs m’a mentionné que vous étiez toujours dans votre bureau. » La nordienne était clairement nerveuse, se demandant si elle avait fait la bonne chose. Ses mains se resserrent avant de se poser sur le bas de son ventre plat. « Je me suis dit que je pourrais vous tenir compagnie… » La nordienne n’avança pas, restant au milieu de la pièce, ne sachant guère comment se comporter. Respecter le protocole ou non ? Le Duc lui avait demandé de ne pas être si protocolaire sur le navire, mais elle n’avait pas l’impression qu’elle pouvait se permettre les mêmes familiarités qu’elle avait eues avec Caleb, après tout, lui, était un pair du royaume. Pas un pirate. Adélina plongea son regard dans celui d’Adriano, avant de reprendre ; « Enfin, si vous le souhaitez, bien entendu. »


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MessageSujet: Re: Foyer, mon doux foyer... | Adélina   Foyer, mon doux foyer... | Adélina I_icon_minitimeMar 8 Aoû 2023 - 8:37

« De quelle somme parlons-nous, votre Altesse ? » Demanda alors, sans détour, l’Argentier du Soltaar.

« N’avez-vous donc point lu le vélin conclusif que j’ai moi-même rédigé peu de temps après l’édit ducal ? » Rétorqua alors Adriano, dont le regard s’assombrissait à mesure que son Argentier se montrait… Peu dégourdi. « Grâce aux dons du Soltaar, d’Escault et d’Alonna, nous avons récolté la somme de 20 000 souverains, pour acheter la liberté de son Honneur d’Alonna. 2000, provenaient des caisses d’Escault, et furent rendus à la Comtesse douairière. 2000 autres, provenaient des caisses d’Alonna, accordés par l’ancien de leur famille dont le nom m’échappe encore… Là aussi, ils furent rendus. 1000 enfin provenaient des différentes seigneuries du Sud. Là, encore, des percepteurs furent envoyés rendre l’or gracieusement offert. »

« Je… Oui, mes excuses votre Altesse. Je me souviens maintenant de l’un des vélins qui me fut rapporté voilà quelques jours. C’est que l’Or du Soltaar est perpétuellement en mouvement, vous savez… Avec la flotte, que vous désirez faire grandir ; les défenses côtières, à développer ; la chasse aux cultistes… Cela fait vraiment beaucoup, beaucoup d’or… »

« Seriez-vous en train de me dire que vous n’êtes pas qualifié pour ce rôle qui est le vôtre ? Dois-je mettre les cordons de la bourse du Soltaar entre des mains plus habiles ? »

« N… Non, non Votre Altesse ! Pardonnez mon égarement, cela ne se reproduira plus. »

« J’y compte bien. Nous disions donc… 10 000 souverains, provenant des caisses du Soltaar et de les fonds personnels. Je veux que soient répertoriés les besoins de mes vassaux, en termes de défense, de flotte, et de protection agricole. Les corsaires ont déjà prouvé être capables de trouver les moindres failles dans les défenses côtières, et remonter ainsi jusqu’aux terres agraires. S’ils venaient à brûler nos récoltes, ou détruire nos stocks, l’hiver serait des plus désagréables et nous aurions à acheter auprès du Nord, mais aussi, auprès des Vaanies… Et peut-être même des Nains. Si augmenter nos importations Nordiennes m’agace, mais est acceptable, acheter le blé et les céréales Vaanies ou Naélisiennes me semble démesuré ! Et aux Nains ! JAMAIS ! »

« Oui, votre Altesse… Je comprends et partage votre écœurement face à cette race abjecte… » Adriano fait un signe las de la main, lui intimant l’ordre de poursuivre plutôt que de s’avancer en flagorneries. « J’enverrais moi-même une missive et un agent du trésor dans chaque territoire vassal, afin de quérir les demandes de vos vassaux. Je m’engage à vous fournir un état des lieux des besoins, du plus urgent au moins urgent, d’ici trois ennéades. »

« Disons deux. » Trancha Adriano. « J’ai d’ores-et-déjà mandé aux vassaux de choisir où insuffler les fonds. Vos agents n’auront qu’à collecter les documents préparés… Ou, si besoin, à aider certains vassaux à choisir, ou à prioriser. »

« Bien votre Altesse ! Je m’y mets immédiatement ! »


Sitôt, l’Argentier fit sa révérence et s’empressa de quitter le bureau ducal. Le Duc, manifestement, était d’une humeur massacrante dès lors qu’autour de lui, l’incompétence et la lâcheté se montrait au grand jour. Toutefois, comme à son habitude, il avait mené la barque… Au point qu’il en regretta presque que sa fille adorée ne soit point avec lui, pour bénéficier d’une telle leçon à la fois politique et d’autorité.

Peu de temps après, ce fut au tour d’Adélina de faire son entrée au cœur du bureau. La voir permit au Duc de radoucir son visage, à mesure que l’ingénuité et la sincérité de sentiments naissants remplaçait le calcul et la politique, dans la décision de marier celle qui fut l’épouse de feu Théodoric de Langehack.

A peine était-elle entrée que, déjà, elle agissait selon le protocole nobiliaire Péninsulaire, alors qu’Adriano lui avait déjà dit de s’en alléger l’esprit. Décidément, les us et coutumes ont la vie dure, et les choses imposées par les lignées nobles et pieuses, dictent presque tous les aspects d’une vie nobiliaire déjà bien rythmée.
« Allons, allons très chère… Faites fît du protocole entre nous, je vous en conjure. » Lui dit-il, alors qu’il ne lui rendit qu’un sourire à sa noble révérence. « Compagnie ? » Rétorquait-il, un brin étonné de voir cette initiative suivre une révérence de bienséance. Suivre le protocole… Pour ensuite le briser en partie ? Nul doute que la jeune femme devait encore être chamboulée… « Votre place à mes côtés est toute trouvée ! Et me voilà fort las de toute cette paperasserie… Votre présence me fera le plus grand bien. »
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MessageSujet: Re: Foyer, mon doux foyer... | Adélina   Foyer, mon doux foyer... | Adélina I_icon_minitimeMar 15 Aoû 2023 - 10:07




Adélina ne put s’empêcher de faire un léger sourire, baissant même le regard, l’air gênée, fixant ses mains qui se tordit de nervosité contre son bas ventre. Elle n’avait guère manquer le noble qui sortait du bureau avant elle. Il avait un air plutôt misérable, comme si la conversation qu’il venait d’avoir était loin d’être agréable. Ca, et le fait que le Duc venait de confirmer qu’il était las de la paperasse. Son dernier rendez-vous avait réellement dû l'énerver pour qu’il se retrouve ainsi. « Il faut croire que votre précédente rencontre n’était guère agréable… » Dit-elle avant de rejoindre l’un des fauteuils devant le bureau de son fiancé. D’un mouvement délicat, elle attrapa la soie de sa robe avant de la déplacer, pour ensuite s’asseoir en face d’Adriano. La jeune femme releva ensuite la tête, posant son regard dans le sien avant de reprendre; « Je dois vous avouer que je suis dans le même bateau. J’avais l’impression de perdre la raison dans les appartements que vous m’avez si gracieusement assignés. » Elle eut un léger sourire, avant de remonter ses mains sur ses genoux. « Appartements magnifiques d’ailleurs. Je ne croyais pas voir quelque chose d’aussi finement décoré. » En réalité, elle serait bien restée dans les appartements qu’elle avait eu dans le passé, mais en tant que future duchesse, le Duc avait dû croire qu’il devait la traiter ainsi. La jeune femme releva la tête avant de continuer; « Mais je ne suis malheureusement pas de celles qui peuvent rester assise à ne rien faire. » Et il fallait dire qu’il y avait toujours beaucoup à faire lorsque l’on dirigeait des terres. « Il me fera plaisir d’être officiellement à vos côtés cette automne. J’espère pouvoir partager les responsabilités qui sont vôtres. »

Adriano eut un rire tout à fait sincère, et presque moqueur, lorsque sa promise lui parla du faciès déployé par l’Argentier Soltaar, sitôt ce dernier sorti du bureau du Duc. Un rire qui, s’il n’était point cristallin, avait le mérite de sortir du poitrail et non d’être machiné et fomenté par les entrailles. Il frotta machinalement sa main gauche, qui, jusqu’ici, tenait les vélins, pour pouvoir frotter son oeil et se remettre de cette émotion qui, pour une fois, était sans calcul d’aucune sorte.
“ Il est des discussions qui nécessitent mon implication, et qui, pourtant, pourraient être évitées si certains lisaient attentivement les missives et ordres que je me tue à rédiger en temps et en heure.” Partageait-il, alors qu’il s’enfonçait dans son assise. Ecoutant sa promise, il troqua le sourire pour un faciès contrit, et empli de compassion - deux émotions qu’il calcule, cette fois. “Magnifiques… Mais ils ne vous plaisent point, de toute évidence. Ou alors, ceux-ci vous plaisent, mais vous ressentez le besoin de vous en échapper tant que le soleil brille dans les cieux du Sud. Je vous comprends… J’ai sans doute était sot de vous proposer aussi vite d’aussi somptueux appartement, aussi loin de moi… Et aussi peu de temsp après avoir recouvré la liberté.” Dit-il, son faciès s’assombrissant alors qu’il réfléchissait sérieusement cette fois, à savoir s’il venait de commettre un impair sans le vouloir. “ Vous…” Bredouilla-t-il, étonné. “ Je connaissais votre envie de vous lier à moi dans des délais parmi les plus brefs… Mais vouloir déjà endosser les responsabilités qui seront vôtres, je ne m’y attendais pas ! Toutefois, sitôt le mariage noué devant La Mère, votre rôle sera à mes côtés, soyez-en certaine !”



Adélina eut un léger sourire lorsqu’elle entendit le rire d’Adriano, le voir ainsi était un réel privilège. Dire qu’il y a quelques mois, elle croyait que son fiancé la détestait… Curieux comment les choses peuvent changer rapidement. Néanmoins, elle nota l’incompétence de certaines personnes dans l’entourage du Soltari. Malheureusement, ce n’était guère une situation unique à Soltariel. Elle aussi, avait dû remettre certaines personnes à leur place et n’avais jamais réellement été effrayée de dire ce qu’elle pensait.  Le reste de la conversation bifurqua rapidement et Adélina ne manqua guère le changement d’expression de son fiancé. « Non… » Répondit-elle avant de se relever rapidement. Adélina contourna le bureau pour rejoindre Adriano, avant de s’accroupir à ses côtés, prenant la main du Duc. Bien consciente qu’elle brisait toute bienséance, elle releva son regard vers Adriano, avant de reprendre la parole; « Ce n’est pas qu’ils me déplaisent… » Comment lui dire sans le heurter? Le fait d’être dans les appartements de son ex-épouse l’avait particulièrement « Je ne suis pas de celles qui aiment rester enfermé à me prélasser dans ma couche toute la journée… J’ai besoin d’air, de faire quelque chose pour me sentir complète. » Adélina savait qu’énormément de travail l’attendait. Après tout, deux mois sans toucher aux affaires de la baronnie lui semblait extrêmement long. « Quant aux faits d’être aussi loin de vous… » La jeune femme sembla rougir, baissant le regard pendant quelques secondes, alors que ses doigts caressèrent doucement la main d’Adriano. « Disons que j’espère qu’une fois unis, je n’aurais pas à être dans les appartements de l’ancienne duchesse tous les jours. » Après tout, elle n’avait jamais vécu séparément de feu son mari. Elle et Théodoric partageant tous les jours les mêmes appartements. La proximité du langecin lui avait particulièrement plu, et la nordienne redoutait un mariage où l’affection ne serait pas présente. C’était d’ailleurs pourquoi elle avait choisi le Duc comme second mari. Pas pour son titre, mais par l’affection et le support que ce dernier lui avait démontré au cours des derniers mois. Adélina osa finalement croiser le regard d’Adriano, mais la gêne l’emporta et cette dernière ne put le supporter plus de quelques secondes avant de relâcher sa main, se préparant à se relever pour reprendre place sur la chaise en face du Duc.


Adriano était de ces êtres humains imparfaits, couverts d’à-prioris sur les autres races, persuadé d’être plus pieux que son voisin, incapable de faire preuve d’une réelle spontanéité et qui, sous couvert de charmes et de regards entendus, machine, calcule, dessine et tisse ses projets quoi qu’il en coûte, envers et contre tout. Si ce rire avait été sincère, l’attitude de la jeune femme provoqua une autre réaction tout à fait honnête cette fois : à mesure qu’elle s’approchait de lui, le Duc fronçait ses sourcils, sincèrement attentif et préoccupé par les dires de la jeune femme.

Lorsqu’elle lui prend la main, son regard bifurque vers cette douce étreinte, non protocolaire, et presque trop impure pour le commun des Pentiens. Mais, au lieu de la chasser, il la garde… Et lorsqu’elle s’apprête à retirer sa main, Adriano exerce alors une pression de la pulpe de ses doigts, point trop fort pour ne point endolorir la Baronne, mais suffisamment ferme pour lui faire comprendre de rester là, avec lui. Alors, il pose ses lèvres sur le dos de la main offerte par la baronne, avant de la lui rendre cette fois.
“ Je comprends…” Dit-il. “Voyez-vous… J’ai été marié, une première fois. Un mariage d’amour, duquel naquit Catarina. Mais, bien vite, feu mon épouse fut emportée… Je dû alors me remarier. Point tout de suite, car je n’étais alors qu’un jeune ladre dans ce Sud en proie aux guerres intestines et aux machinations fomentées par les anciennes lignées Ducales. Une fois devenu Prince de Soltariel, il devenait important pour mon père, ma lignée et le Duché, que je sois marié. Le mariage avec Victoria di Maldi n’avait rien d’un mariage sentimental… Aussi passait-il son temps dans ses appartements, et moi dans les miens. Il fallait aussi dire que l’Armada ducale, et la guerre contre le Merval, me prenaient tout mon temps, et je passais régulièrement des mois en mer… L’autonomie de feu Victoria était donc… Nécessaire.” Sur bien des points, voulait-il dire, mais il se garda bien de continuer sa phrase. “ Je porte et je chéri l’affection que j’ai pour vous. J’ose espérer que vous la trouverez suffisamment forte et sincère lorsque, à partir de l’Automne, vous accepterez de vivre dans mes appartements.”




La baronne ne put s’empêcher de sourire alors qu’Adriano portrait sa main à ses lèvres, lui donnant un baiser doux, mais qui en disait long sur ces intentions. Même après cet acte, le Duc ne la relâcha pas, baissant cette dernière pour la remettre dans une position un peu plus confortable mais lui faisant comprendre silencieusement qu’il ne voulait pas qu’elle s’éloigne de nouveau, et c’est là, agenouillé aux côtés de son fiancé qu’Adélina écouta les paroles du Duc. Elle savait très bien l’amour qu’il avait pour sa première épouse. Il ne l’avait jamais caché, au contraire, il l’avait comparé à celui qu’elle avait pour Théodoric. Jamais elle ne pourrait oublier un tel mari, au même titre que jamais elle ne pourrait oublier le Rokvenha.  Puis lorsque l’invitation arriva, la jeune femme ne put s’empêcher de rougir, baissant légèrement les yeux pendant quelques secondes. Elle s’imagina la vie qu’elle aurait auprès d’Adriano et se demanda si elle serait semblable à celle qu’elle avait eue avec Théodoric. « Je n’aurais espéré rien de mieux, Adriano. » La nordienne releva doucement le regard vers le soltari, plantant son regard de nouveau dans le sien. « Quant au possible temps de séparation qui s’annonce. Vous n’aurez guère à vous inquiéter. Je m’assurerais de la sécurité de votre duché et saurais vous épauler dans les situations les plus difficiles. » Après tout, elle lui avait déjà prouvé quel type de dirigeante elle était.  La jeune femme resta ensuite silencieuse un moment, semblant être perdue dans ses pensées. Pendant ce temps, ses doigts caressaient doucement ceux du Duc, savourant cette douce étreinte. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas été touché ainsi par un homme, et elle appréciait assez la caresse ainsi que la sensation que cela lui apportait. Elle se sentait appréciée, mais aussi protégée. Comme la douce caresse sur sa joue qu’elle avait tant aimé. «Je dois être honnête… » commença la jeune femme en brisant le silence qui s’était imposé. « Je n’aurais pas voulu m’unir avec un homme qui ne m’aurait pas apprécié. Connaître l’amour et l’affection pour me retrouver avec quelqu’un qui me considérait comme un pion aurait été insupportable. » Pourtant, c’était une pratique courante, et elle le savait. C’était une chance d’unir sa vie avec quelqu’un que l’on appréciait réellement surtout lorsque l’on était dans la nobilité. Ne suffisait de penser au Duc et sa précédente femme…  

La jeune femme resta là, agenouillée aux côtés du Duc. Si certains pourraient voir là une volonté de soumission, ou du moins, une attitude dominante d’un des nobles les plus riches et puissants du royaume de Péninsule, d’autres verraient une scène touchante d’affection et de coeurs libérés, s’ouvrant l’un à l’autre. Pour une fois, Adriano ne cherchait point à dominer ou assouvir une quelconque envie de puissance, non. Il laissait seulement faire les choses, et Adélina, bien qu’encore traumatisée par son expérience récente, semblait toutefois prompt à prendre les-devants face à son promis. C’était, sans doute, bon signe.
“ Je ne suis pas inquiet, très chère. Je vous sais capable de gérer une terre et de faire preuve d’initiatives, et de fermeté quand cela l’exige. Je vous sais aussi suffisamment intelligente et perspicace, pour pouvoir faire face aux êtres parfois sournois qui peuplent mon duché.” Dit-il, offrant un sourire à sa promise. “ Et vous aurez Catarina à vos côtés. Depuis plusieurs ennéades, elle m’a demandé de ne plus la voir ni la traiter comme une enfant novice et naïve, mais comme l’héritière qu’elle est aujourd’hui. Elle est donc à mes côtés, depuis plusieurs semaines. Et elle sera aux vôtres.” Dit-il, caressant lui aussi la main d’Adélina au tempo opposé de ce qu’elle faisait elle. Tous deux s’effleuraient ainsi les mains dans un ballet tendre. “ Je… Je ne sais pas ce que vous avez vécu auprès des forbans Mécans. Et je ne suis pas assez stupide pour espérer pouvoir me douter ne serait-ce qu’infimement, de ce que vous avez vécu… Mais, si vous me faites confiance, j’aimerais l’entendre de votre bouche… Si vous m’en estimez capables.”


Adélina s’arrêta net lorsqu’elle entendit la demande d’Adriano. Son regard changea rapidement, un mélange de panique, de tristesse et de gêne pouvait se voir. Sa respiration sembla s'accélérer, avant qu’elle ne lâche la main du Duc. Adélina se releva rapidement, mettant sa main sur son cœur qui semblait avoir pris un rythme incroyablement rapide, pour faire quelques pas vers les fenêtres derrière le Duc, se mettant volontairement dos à celui-ci. En réalité, cette dernière semblait se battre contre un immense mélange d'émotions. Entre la panique, la honte, la colère mais aussi le deuil… Elle avait perdu une partie d’elle sur l’île des pins. Elle prit quelques secondes pour contrôler sa respiration, fermant même les yeux, pour finalement reprendre la parole, d’une voix bien différente, révélant comment elle avait réellement été brisé par ce séjour avec les Mécans. « J’ai peur que si je vous révèle réellement ce qui s’est passé vous ne me verrez jamais sous le même regard... » Adélina ouvrit finalement les yeux, fixant un point dans l’obscurité, avant d'ajouter d’une voix tremblotante; « Ou ne vouliez vous unir à moi… »



Adriano aurait espéré que la réaction de sa promise soit différente… Mais il avait vu suffisamment de rescapés des combats atroces qui se déroulaient sur l’océan, pour comprendre que le traumatisme était personnel, pouvait être intense, et surtout… Ne pouvait, souvent, pas être compris par autruis.
“Hum…” Réfléchissait-il, dos à Adélina tandis qu’il l’avait entendu rejoindre la fenêtre derrière lui. “J’aimerais vous rassurer, en vous disant que rien de ce que vous me direz ne pourrait me faire changer d’avis. Mais je doute que vous ne puissiez me croire… Toutefois, j’aimerais vous dire ceci…” Il se leva, et rejoignant Adélina appuyée contre la fenêtre, plaça ses mains sur les épaules de la douce, d’une manière bienveillante et protectrice. “En tant que combattant, j’ai moi aussi dû faire des choses, dire des choses, et vivre des choses, qui horrifieraient le commun des mortels. Quoi que vous ayiez vécue sur cette île, quoi que vous ayez dit, ou fait, ou même pensé… Vous l’avez fait pour pouvoir survivre, et sauver votre enfant. Rien ni personne ne peut vous en vouloir.”



Adélina resta silencieuse un moment, semblant peser le pour et le contre, puis, elle soupira. Ses doigts rejoignirent les mains sur ses épaules, semblant demander silencieusement plus de cette étreinte qui se voulait rassurante. Elle savait qu’elle n’aurait pas le choix, qu’elle devrait lui raconter. « Si je vous raconte, promettez-moi que je n’aurais plus jamais à en parler. » La jeune femme se retourna doucement vers le Duc, plantant son regard dans celui d’Adriano, ce dernier lui fit rapidement un mouvement de tête. Puis, la jeune femme l’invita à s’asseoir un peu plus loin. « Je crois que vous allez vouloir vous asseoir. Ce n’est guère un court récit… » Une fois que le duo se soit installé sur l’un des canapé, la jeune femme commença son récit, son regard sembla perdu, fixant un point inexistant sur la taille de bois finement ouvragé. « J’étais à Bransat avec mon cousin et quelques gardes. Après notre dernier rendez-vous j’avais besoin de temps pour me retrouver. Pour devenir la meilleure personne que je vous avais promis. Qui plus est, je voulais que mon enfant naisse là sur les terres qui appartenaient à ma mère. Nous venions à peine d’arriver, et il me tardait de me promener dans le village. Bransat n’est pas une immense terre. Ce n’est qu’un petit attroupement de pêcheur avec un château fort qui n’a rien de celui d’Alonna. Mais c’est un village vivant, plein de gens bien et travailleurs. Des gens que je connais presque tous. » Commença-t-elle avec un sourire vague, ne cachant guère l’affection qu’elle avait pour cette petite seigneurie. « Lors d’une promenade avec mon cousin, un cogue s’est arrêté au port et un homme blessé porté par ce qui semblait être une femme et un prêtre en est descendu. L’homme avait été blessé au ventre. Un coup de lame bien placé.» Adélina ferma les yeux un moment, avant d’avoir un espèce de tique nerveux, comme si un mauvais souvenir venait de remonter. « Je ne pouvais pas le laisser ainsi. Je connais assez bien ce genre de blessure et cela me rappelait des souvenirs pas assez lointains. Je me devais de l’aider. Je les ai conduits à une auberge non loin, là où j’ai fait appeler un prêtre de Néera pour le soigner. » La jeune femme ouvrit finalement les yeux, reportant son regard vers la table, avant de continuer; « C’est là que j’ai su qu’ils étaient des pirates. J’ai vu son torse complètement tattoué et les oreilles de la femme qui l’accompagnait et je me suis dit que je devais l’interroger. » Adélina haussa les épaules; « Il s’est réveillé quelques heures plus tard, j’étais toujours à ses côtés avec sa seconde. Après une discussion quelque peu brutale avec cette dernière. Le Rokvenha a demandé à la demie-elfe de retourner sur le navire pendant qu’il répondait à mes questions. » Ses mains se retrouvèrent sur ses genoux, alors qu’elle semblait se remémorer la discussion.  « Il m’a confirmé avoir été attaqué sur nos eaux alors qu’il était de passage. Oesgard a des liens commerciaux avec Thaar, et cela ne m’a guère étonné que des estréventins aient engagé des pirates pour faire une quelconque livraison. Je l’ai cru, parce qu'il n'avait tout simplement aucune raison de me mentir, étant donné qu’il ne savait pas qui j’étais à ce moment-là. Je lui ai dit que lui et son équipage pourraient se ravitailler à l'auberge et partir au matin lorsqu’il pourra marcher. » Adélina osa finalement relever le regard vers Adriano pour regarder son expression, pour ensuite retourner son regard au sol. « La nuit s’est passée sans anicroche. Aucun crime, aucun débordement. Ils ont mangé, bu, respecté les conditions. Au matin, j’ai demandé à Aubry d’aller porter une lettre à Alonna-les-trois-mûrs à mon oncle pour lui annoncer que j’abdiquerai la baronnie à mon enfant avant mon mariage. Une fois qu’il fut parti, je suis partie à mon tour en promenade. Sans escorte, comme je l’ai toujours fait dans ce coin. J’y ai rencontré le Rokvenha pendant. Ce dernier semblait faiblard, et quelque peu éméché après sa soirée. Bref, il ne semblait pas menaçant. Nous avons eu une discussion, qui, je ne le cacherais point, m’a quelque peu fait du bien. » Adélina fronça les sourcils; « Une discussion rafraîchissante ou je n’étais pas juger, étudiée à la moindre réplique. Puis, il m’a invité à voguer avec lui. Ce que je n’ai pas refusé une mais trois fois et lorsque j’ai eu le dos tourné, il m’a frappé pour ensuite me ligoter et bâillonner.»



Adélina ferma les yeux, avant d’avoir une moue qui trahissait sa frustration. « Il m’a laissé là, dans la forêt pendant un moment, pour ensuite revenir me chercher avec un barque pour m’embarquer de force sur son navire… » La jeune femme osa finalement lever le regard vers le Duc. « Même sous la menace, après une giffle, il n’a pas voulu me laisser partir et je crois que tout cela a déclenché le travail… Après quelques minutes sur le boutre, j’ai commencé à me sentir mal. Le Rokvenha a ordonné à sa seconde de m’accompagner dans sa cabine. Là où un prêtre de Tyra et le supposé médecin du navire nous ont rejoints. J’ai perdu le compte. Mais après plusieurs heures, Gabriel est arrivé. Je n’avais pas la force de combattre. » Adélina s’arrêta finalement, laissant la chance au Duc de poser des questions si nécessaire.


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Adriano Cortès di Alcacio
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Foyer, mon doux foyer... | Adélina Empty
MessageSujet: Re: Foyer, mon doux foyer... | Adélina   Foyer, mon doux foyer... | Adélina I_icon_minitimeVen 25 Aoû 2023 - 10:10


Durant tout le récit, Adriano ne pipa mot. Il resta là, silencieux, écoutant les mots et le récit racontés par Adélina, finalement personnage principal de cette histoire. S’il comprenait alors le pourquoi de cet enlèvement, qui advint alors qu’Adélina avait tout fait pour se mettre en sécurité elle-même tout en demeurant, finalement, un pieuse Pentienne, il ne pu s’empêcher de ressentir du dégoût, face à l’aide offerte à quelqu’un d’identifier comme un pirate. Mais lç devait être une des différences entre le Nord et le Sud… Car, après tout, le Nord ne devait point régulièrement faire face aux corsaires, ni les combattre avec la même violence que le Sud, depuis des années.

Il était également horrifié lorsqu’il comprit que Gabriel était né sur le boutre des corsaires. Il existe des règles, dans la marine : un capitaine de navire peut être l’officiant d’un mariage ; il peut également être à la fois le juge, les jurés et le bourreau, en cas de question judiciaire. Et, souvent, l’identité du navire devient alors l’identité d’origine d’un nouveau né, venu au monde sur ses planches… Gabriel pourrait donc être considéré comme un Mécan, par ces maudits êtres… Mais, aux dernières nouvelles, le Rokvenha était mort.
“Je comprends… Vous ont-il fait du mal, ensuite ? Qu’ont-ils fait, durant ces mois de captivité ? Racontez-moi votre histoire, ma chère…”

Adélina baissa de nouveau le regard, l’air honteuse. « Disons que le début de notre voyage ne fut guère amical. » Répondit-elle avant de prendre une grande inspiration. « Une fois Gabriel au monde, les trois pirates m’ont laissé tranquille. J’étais épuisée, faible. Le moindre mouvement me faisait mal et c’est là que le Rokvenha est revenu. Il était redevenu l’homme avec qui j’avais eu une discussion rafraîchissante à Bransat. Puis, lorsque j’ai refusé qu’il touche à mon fils, il est redevenu le prédateur. Il m’a arraché Gabriel des mains pour sortir de la cabine, et il l’a maintenu par-dessus la rambarde. » La respiration d’Adélina sembla s’accélérer pendant un moment, se rappelant de la peur qui l’avait accablé à ce moment- là. « J'étais... » Sa voix craqua, comme si elle retenait un sanglot, et elle dû prendre quelques moments pour reprendre ses esprits. « J’étais paniqué. Je voulais sauver la vie de mon enfant, pour le calmer j’ai dû me donner corps et souffle à lui. Promettant au pirate que je ferais ce qu’il voulait s’il laissait mon enfant tranquille. Cela a semblé le calmer, et il m’a donné mon enfant. » La jeune femme essuya doucement une larme qui perlait au coin de ses yeux, avant de relever la tête, évitant de nouveau le regard de son fiancé. Le fait de lui admettre une telle calomnie ne la rassurait guère. Que dirais le Duc? Et pourtant, ce n’était guère le pire dans toute cette histoire. « Il me considérait comme SA marchandise. Qu’un sac d’or comme il disait. L’un des membres de son équipage a tenté de me prendre de force, et il l’a tué sous les yeux de son équipage au complet pour faire comprendre son message. » Ses poings se serrèrent alors qu’elle se remémora le pirate qui se faisait empaler par l’une des épées recourbés du corsaire. La noble prit quelques moments pour respirer avant de reprendre; « Malgré tout cela, il ne m’a jamais touché. Ni frapper. Les ennéades passées avec lui dans sa cabine m’ont appris comment gérer le personnage, et malgré quelques écarts, j’ai réussi à éviter le pire, jusqu’à ce que l’on arrive à Méca…» La nordienne savait que c’était la partie qui intéressait le Duc. Il voulait connaître ses ennemis, il voulait savoir où il était, le moindre détail était primordial; « J’aimerais vous dire que je connais le chemin, mais lorsque nous nous sommes approchés de l’île, le Rokvenha m’a bandé les yeux pour que je ne vois rien. Tout ce que je peux dire, c’est que c’était un trajet plutôt houleux. » Elle se rappellait des bons qu’avait fait le navire sous la force des vagues, et de la façon que même le pirate s’était crispé à ses côtés. « Nous ne sommes pas restés longtemps à Meca. Que deux jours où j’ai joui d’un semblant de liberté. »

Adélina fronça les yeux, se demandant jusqu’où elle devrait aller dans les détails de son séjour dans la cité pirate. « Le Rokvenha cherchait un guide, pour rencontrer une femme qu’il appellait la médée. Apparemment, elle pouvait l’aider dans une de ses quêtes. Nous avons reprit la mer, suivant la côte pour rejoindre des marais. Après les avoir traversé, nous avons trouver cette vieille femme qui a donné une nouvelle quête au Rokvenha. » Inutile de préciser les détails, et la jeune femme ne voulait certainement pas partagé ce que la médée lui avait dit. « Nous avons repris la mer en direction d’une île… Là où la majorité des pirates sont descendus du navire pour rechercher la source d’une odeur. Il nous a conduit à une espèce de lac.. et des créatures hideuses sont apparus… Bleutés, presqu’humaine… » Adélina sembla prendre panique de nouveau, alors qu’elle revoyait les gens se faire attaquer, entraîner dans le trou d’eau. Une vision horrible, presque inimaginable.

Le récit de la jeune femme avait quelque chose de réellement glaçant, même pour Adriano. S’imaginer un seul instant, seul, sur un territoire inconnu, sans soldat pour assurer sa défense et sans soutien quelconque… Serait réellement terrifiant. Et, en plus de cela, être réduit à être sans défense et au seul intérêt de rapporter un tas d’or…

L’inquiétude et la panique de la jeune femme, ne passa évidemment pas inaperçu. Et le Soltaari, du mieux qu’il pu, tenta alors de rassurer la jeune femme en passant un bras protecteur au-dessus de l’épaule d’Adélina, plaçant alors sa main sur l’épaule droite tandis que sa la gauche, il caressa le bras de sa promise.
“Adélina… Adélina très chère, calmez-vous. Vous êtes en sécurité désormais, et ni les corsaires ni ces abominables créatures, ne pourront vous atteindre. Tout va bien…”

Les mots - et surtout l’affection d’Adriano aidant - Adélina put se calmer. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes, lorsque sa respiration reprit un rythme normal qu’elle put reprendre à nouveau son récit. « Ces créatures grotesques étaient incroyablement fortes. À chaque fois qu’une s’approchait d’un pirate, il mourrait. Je peux encore entendre leur cri ou même leur expressions alors qu'il se faisait entraîner dans l’eau. C’est un des officiers qui en a repousser une, avant de m’entraîner dans la forêt. M’ordonnant de retourner immédiatement sur le navire. » Adélina sanglota se rappelant le dernier regard qu’elle avait jeté au Rokvenha à ce moment- là. « Et j’ai couru. Aussi vite que je le pouvais, tombant dans les ronces, la boue. Alors que je pouvais entendre les cris effroyables derrière moi. Cela me prit une bonne heure avant que je retourne au navire. Les pirates qui étaient restés n'étaient guère rassurer par mon récit, mais sont néanmoins restés dans l’espoir de voir leur capitaine. Nous avons attendu plusieurs heures, mais j’ai bien peur que personne n’ait pu survivre à une telle attaque. Ceux que j’ai vu tombés n’ont eu aucune chance… Puis quand le soleil s’est couché. Le boutre a été attaqué par un autre. Ils ont profité du fait que les pirates du Wagyl étaient moins nombreux, et aveuglé par le soleil pour nous éperonner. J’ai tenté de me cacher, mais ils m’ont rapidement trouvé, m’ont frappé. La dernière chose que je me rappelle sont les cris de mon fils alors que l’on me l’avait arraché des mains. » Adélina serra les poings, avant de baisser son regard sur ses jointures qui devenaient de plus en plus blanches. « C’est là que le véritable calvaire a commencé. » Elle put sentir son cœur s’accélérer alors que les larmes lui montaient de nouveau aux yeux. « Je me suis réveillé dans une pièce sombre et humide, définitivement dans la cale d’un navire. Là, un dénommé Garrick m’a annoncé qu’il avait vu le Rokvenha mort. J’ai tenté de lui tenir tête… De l’apeuré pour me sortir de cette situation. Je savais que le Rokvenha ne me ferait jamais de mal ni à moi, ni à mon fils… Mais ce capitaine-là, n’en n’a rien eu à faire. Je ne sais pas ce qu’ils ont fait à mon fils. Il m’a seulement assuré qu’aucun mal ne lui serait fait tant que je ne cause pas de problème. » Adélina laissa s’échapper un sanglot alors que les larmes coulaient de nouveau. « Je ne l’ai revu que le jour de ma libération… » Ses mains se mirent à trembler de nouveau… « Garrick m’a… » Elle sembla s’étrangler dans ses mots, ne sachant que dire. Torturé? Oui définitivement, le Duc pouvait le voir aisément. Mais il y avait d’autres blessures profondes qui ne pourraient guérir si facilement. Adélina ne put empêcher les larmes de couler cette fois, le regard fixé sur le sol, clairement honteuse. Elle savait que ce qu’elle s’apprêterait à dire pouvait briser son prospect de mariage. Rare serait les hommes qui voudraient d’elle après de tels aveux. Sa voix s’étrangla, alors qu’elle ferma de nouveau les yeux. « Il m’a souillée. » Elle eut l’impression qu’une lame venait de lui transpercer le cœur, avant qu’elle ne lève les yeux aux ciels, tentant de retenir encore des larmes. « Trop de fois pour les compter. » Cette fois, la nordienne baissa son regard, fixant le sol, attendant son sort. Elle était incapable de regarder son fiancé, trop honteuse, trop brisé pour faire quoi que se soit d’autres.

Encore un récit glaçant, même pour le Duc et ancien Amiral de la flotte du Soltaar. Faire preuve de cruauté, il savait faire ; faire preuve de machination, il en était devenu maître ; faire preuve d’acharnement, ordonnant à ses marins de ne faire ni quartier, ni pitié, ni prisonniers, ni humanité, il pouvait le faire… Lui-même, d’ailleurs, avait passé bon nombre d’adversaires au fil de son épée, et il ne ressentait d’ailleurs ni remords, ni traumatisme. Mais l’entendre de la bouche de la jeune femme, rendait une nouvelle aura, et de nouvelles impressions autrement plus mortifères et… Impressionnantes.

Toutefois, son esprit calculateur ne pouvait s’empêcher de fonctionner… Il retint bien des choses, du récit d’Adélina : pour que plusieurs corsaires aient échangés leurs vies contre celle d’Adélina en lui permettant de fuir ; pour qu’elle dise elle-même, et avec vigueur, que “jamais le Rokvenha ne lui ferait de mal” ; pour qu’elle reste ensuite sur le pont d’un cogue noir, empli de corsaires qui attendaient après le retour de leur capitaine potentiellement tué, et ce, sans s’en prendre au fameux “sac d’or” offerte ainsi… Quelque chose clochait. Quelque chose qui pourrait s’expliquer par une amitié naissante entre Adélina et les membres d’équipages… Ou, sinon une amitié, une forme de respect.

Il garda en son esprit, ces informations importantes. Pour s’en sortir, pour protéger son fils, Adélina avait certainement dû passer quelques pactes tacites avec ces corsaires, expliquant alors le caractère pacifique, et même héroïque, de certains passages décrits par Adélina aujourd’hui.

Puis, vinrent les autres corsaires. Et la fin du récit, lequel arracha des larmes aussi humides qu’imposantes, à la pourtant très forte Baronne d’Alonna. Souillée, plus souvent qu’à son tour, par une bête immonde qui, cette fois, se comporta avec toute la bestialité que l’on prêtait aux corsaires Mécans. Le traumatisme, évident, semblait reprendre violence alors qu’Adélina tremblait telle une feuille isolée au bout d’une branche dégarnie. Adriano voyait tout cela… Et, au lieu de s’éloigner, décida de se rapprocher.

Brisant la frêle protection de la jeune femme, il s’engoufra entre ses bras. Plaquant son poitrail contre celui de la jeune Baronne, il l’enchassa doucement, entre ses bras, sa poitrine et son cou, offrant alors à Adélina autant de douceur que de protection métaphorique, symbolisées ici par un corps, posé là devant elle, la protégeant alors de tous les défis du monde.
“C’est fini… C’est fini…”

Lui dit-il, en passant doucement sa main droite dans la chevelure d’Adélina, tentant de percevoir un calme dans les râles, une accalmie dans les sanglots, un flot adoucis dans les battements de son coeur ainsi traumatisé.

Adélina ne le repoussa point, au contraire, si l’étreinte du Duc la surprit au départ, elle ne perdit pas de temps avant d’enfouir sa tête dans le creux de son épaule, profitant de l’affection que lui donnait Adriano. Ses mains attrapèrent sa tunique finement décorée. Elle se sentait sotte et surtout impure. Honteuse, elle avait l’impression que ce traitement avait été sa faute, que tout cela avait été mérité. Une sorte de punition divine. Mais pourquoi? Pour s’être adapté à la vie mécane? Pour avoir commis quelques impairs hors mariage? Difficile de dire… À moins que cela n’eut été le résultat de son ambition sur Alonna? Adélina prit quelques minutes, ne pouvant arrêter les sanglots, ni les pleurs, semblant revivre chaque torture, chaque coup, chaque contact que lui avait imposé Garrick. Elle frissonna de terreur en se rappelant sa main qui s'agrippait à son cou ou à sa taille. Adélina n’avait pu s’enfuir ou s’ échapper et pour cela elle devait porter ces cicatrices pour le restant de ces jours.


La nordienne resta ainsi un bon moment, tentant d’arrêter les innombrables sanglots et tremblements qui la contrôlaient. Elle se doutait qu’elle était à un cheveu de tout perdre et la nordienne ne pouvait faire face aux conséquences des ses actions à ce moment-ci. Jamais elle n’aurait imaginé devoir révéler celà, encore moins à son fiancé, un des hommes les plus puissants de la péninsule. Et pourtant la sécurité que lui offrait Adriano à ce moment précis lui était vital. Elle lui avait dit ce qu’il s’était passé - certes elles avaient omis des détails, de nombreux détails, mais tant de choses s'étaient passé ces derniers mois qu’il ne semblait guère important à ce moment précis. Adélina, finalement calmée, se redressa finalement, regardant Adriano avec intensité. Il verrait bien sa détresse, sa honte et sa tristesse. Tous ces événements l’avaient changé, et elle-même avait du mal à déterminer la personne qu’elle deviendrait après tout cela. « Je suis désolé Adriano. Je ne suis plus assez bien pour vous. » Incapable de dire plus, la jeune femme baissa les yeux de nouveaux, évitant le regard de son fiancé.

Combien de temps durèrent les sanglots ? Combien de temps Adélina secoua donc les deux corps enlacés, de soubresauts de tristesse, de colère, et de rancoeur ? Adriano, pour une fois, ne calcula point. Il ne comptait pas non plus. Cette fois, pour lui, il apparaissait plus logique et plus charitable, de faire preuve d’une sincère gentillesse et d’une bonté Pentienne. Toutefois, lorsqu’Adélina reprit la parole, Adriano ne pu s’empêcher de durcir son visage, et de ressentir comme une pointe de colère. S’il devait se sentir fautif, de voir Adélina aussi atteinte par sa propre demande de récit, le Duc éprouvait plutôt de la colère contre ceux qui avaient prit plaisir à détruire la Baronne, avant même que Nord et Sud puissent s’unir…

Oui, elle n’était plus la frêle mais néanmoins impressionnante jeune femme, de leur première rencontre. Aujourd’hui, elle était une combattante, doublée d’une survivante… Des qualités qui trahissent un vécu traumatisant, difficile… Et résolument changeant. Oui… Changée, elle était assurément.
“Croyez-vous que j’aurais ainsi remué ciel et terre deux mois durant, pour ensuite vous rejeter a l’aube de votre libération ?” Dit-il, dans une question rhétorique. “Ne vous dénigrez plus jamais, très chère. Ni face à moi, ni face à quiconque sur ce continent. Vous êtes ma future épouse, et rien ne changera cela, prenez cette parole comme une promesse faite avant l’heure.”



Le regard de la baronne se releva doucement pour fixer le Duc. Incapable de cacher sa surprise, elle l’écouta attentivement, semblant boire le moindre mot qu’il prononçait. Il était honnête, elle pouvait le voir, l’entendre. Il lui avait déjà demandé de cesser de se dévaloriser, mais cela était avant. Avant que tout ne change, avant qu’on ne la brise. Et même avec tout ces atroces événements, il la voulait toujours. Comme si elle était la chose avec le plus de valeur dans ce monde. Comme si elle était son porte bonheur. Son coeur se serra, avant que ses doigts ne lâchent le pourpoint du noble. Adriano avait remué ciel et terre pour la retrouver, et lui, avait tenu cette promesse. Il l’avait trouvé, il l’avait sauvé alors qu’elle avait l’impression que son souffle s’échappait, alors qu’elle croyait qu’elle ne reverrait plus jamais les siens, et pire, son fils. « Merci… » murmura-t-elle. Adélina n’était guère détendu, mais au moins, elle savait qu’elle pouvait compter sur Adriano. « Merci d’avoir été là dans les pires moments…» Termina-t-elle en balayant une mèche des cheveux hors du front d’Adriano.

Le Duc mentirait s’il disait ne point être soulagé par la réaction finale d’Adélina. Elle arrêta de pleurer, et, doucement, s’éloigna de l’étreinte protectrice proposée par le coeur du Pair, pour ensuite, à nouveau, planter son regard dans celui de son vis-à-vis. Elle avait l’air touchée… Et, sinon apaisée, au moins rassurée pour l’instant…
“Il n’y a rien a remercier. J’ai fais ce que tout Pentien, et surtout, ce que tout promis devrait faire pour sauver celle qui lui est destinée.” Dit-il, alors qu’Adélina arrangeait ses mèches. “Je vais faire venir votre lit dans mon salon privé, à côté de ma chambrée. Nous ne serons ainsi jamais loin, et vous n’aurez plus à vivre dans l’aile opposée du palais. Cela vous rassure-t-il ?”


La jeune femme ne sut quoi répondre à cette offre. Si dans le passé, elle aurait été incroyablement bouleversée par une offre aussi indécente, avoir passé un mois dans la même chambre qu’un capitaine mecan avait quelque peu altéré sa vision des choses. Sans réellement le vouloir, ses doigts caressèrent la joue du Duc, alors qu’elle le regardait, pensive. « Que dirons les prêtres? Et les autres nobles? »

“Vous avez raison…” Dit-il, soudainement soucieux, comme le serait quelqu’un qui, emporté par sa fougue, se rendait compte d’erreurs à venir. “Nous dirons que les traumatismes Mécans rendent votre vie seule difficile, et que les guérisseurs vous recommandent de demeurer auprès de moi. Nous resterons discrets…”

La jeune femme resta silencieuse un moment, observant le Duc qui la tenait toujours dans ses bras. L’indécence était déjà là. Mais la jeune femme n’était guère une jouvencelle. Elle et le Duc avaient tous les deux été mariés précédemment. Il n’avait pas d’histoire de chasteté ou de pureté. Qui plus est, l’alonnaise avait déjà et d’ores perdu ce titre après son voyage sur le vengeur. Adélina sembla finalement sortir de ses pensées avant de faire un léger mouvement de tête, approuvant la proposition d’Adriano. Puis, ne sachant pas réellement ce qui lui prit, elle s’avança doucement pour embrasser ce dernier. Un baiser doux, légèrement inquisiteur. Elle n’avait pu se retenir.

Adélina avait déjà manqué une occasion de montrer ses sentiments, elle n’aurait pas ce regret avec le Duc. La jeune femme se sépara rapidement de son fiancé, avant de baisser le regard, gênée. Ses joues prirent une légère tête rosée avant qu’elle ne murmure: « Pardonnez-moi. »

Tout se déroula très vite. L’attitude de la jeune femme laissait transparaître quelque chose, bien-sûr, mais là où l’ancien Amiral savait s’imiscer dans l’esprit de ses adversaires et prévoir leurs coups, leurs tactiques… Voir arriver ce baiser fugace, n’était pas dans ses cordes. Il se laissa toutefois faire, et même, y répondit par un léger pincement de lèvres, symbole de son adhésion à l’initiative qui pourrait pourtant déplaire au clergé. Lui qui faisait tout pour s’attirer les faveurs du culte Pentien contre les cultistes, qui tentait par moults efforts de séduire les plus hautes autorités religieuses de Péninsule, venait de fouler au pied quelques-uns de leurs enseignements les plus basiques.

Mais le baiser prit rapidement fin, et avec lui, l’étreinte qui les liait tous les deux. Adriano repassa son pourpoint, raclant légèrement sa gorge. Et, face au rose des joues de la Baronne, il répondit avec un sourire.
“Il n’y a rien a pardonné très chère. Soyez en paix.”

La jeune femme se releva rapidement du canapé où il se trouvait, lissant nerveusement du plat de sa main sa robe de soie. Tout cela avait été une mauvaise idée. Se sentant légèrement rejeté, l’alonnaise reprit la parole; « Je crois que je devrais retourner dans les appartements… » Ces appartements qui n'étaient guère siens, mais qui semblaient être le seul choix pentiens à ce moment-là.
“Vous ai-je blessé, ma dame ?”

Adélina se retourna légèrement vers Adriano, portant son regard vers ce dernier. Difficile de répondre à telle question lorsqu’elle avait l’esprit si perturbée. Elle aurait voulu qu’il réponde à son baisé, qu’il retourne l’initiative ou même qu’il ne la serre de nouveau dans ses bras. Le tout, s’étant déroulé trop vite à son goût. « Non, pas du tout… Je…» Elle passa sa main sur ses yeux, pas nécessairement fatiguée mais perdue. Il y avait eu trop d’émotions différentes en une soirée. Trop de haut et de bas. « Je ne pouvais partir sans vous montrer mon affection et je crois que mon esprit est légèrement embrouillé pour être un tant soit peu logique. » Adélina n’avait fait ce dont elle avait envie à ce moment-là, ne se souciant de rien d’autre. Elle avait besoin d’affection dans ses relations. Ça, elle le savait très bien et Théodoric avait toujours répondu à ce besoin. Mais le Duc n’était pas le baron. « Je suis consciente que ce n’est guère votre envie, mais je ne voulais manquer cette occasion. »

Adriano, comprenant alors l’étendue des réflexions, pensées et sentiments qui créèrent ce geste d’amour tendre pourtant honnis du culte, se radoucit. Il prit alors une posture droite, les mains jointes devant lui, alors qu’il réfléchissait avec une assiduité presque inconnue jusqu’alors.
“Adélina… Si… Si je ne vous ai pas embrassé à mon tour, et si j’ai libéré mon étreinte, c’était seulement pour ne point vous étouffer, ni ne point vous embarrasser. Vous avez assurément vécus mille tourments auprès de ces pirates qui, malheureusement, étaient de la gente masculine. Bien que je me considère comme bien plus pieux et bien plus éduqué et noble que ces assassins d’eau douce, je ne voulais simplement pas… Vous traumatiser plus avant, en vous forçant à demeurer près de moi.” Lui dit-il, l’air un peu gêné. “Mais si je l’avais pu, vous n’auriez point quitté mes bras si tôt…”


Adélina balaya l’air des mains, avant de froncer les sourcils. « Ne parlez plus de ces pirates…» La nordienne planta son regard dans le sien, regardant le Duc avec attention; « Je ne veux plus entendre parler de cet enlèvement, ni des événements qui se sont passés. Ni du vengeur, ni du Wagyl ou du Rokvenha… Je veux tourner la page. » Son ton n’était aucunement agressif, au contraire, le Duc pourrait facilement entendre la détresse dans sa voix. C’était comme ça que la baronne avait toujours agit. Comment elle avait géré ses épreuves, la douleur, les deuils… Enfouir le tout au plus profond d'elle-même. Les enterrer pour ne jamais les revoir, s’assurer qu’ils ne refassent surface. « Je ne les ai pas choisi, eux. » Sa respiration devint plus profonde alors qu’elle resta là, debout à quelques pas du Duc. Son expression sembla devenir légèrement triste, semblant perdue dans ses pensées pendant un moment. « Je vous ai choisi, vous. Et ce malgré les épreuves, les difficultés. » Adélina s’arrêta un moment, avant de reprendre la parole; « Je suis de celles qui ont besoin d’affection, de rassurance.» Si Adriano ne comprenait pas que la rare affection qu’il venait de lui donner lui procurer une certaine paix, voir un certain confort, elle ne savait guère comment le lui expliquer autrement. Peut-être était-il temps qu’elle se retire…

A mesure qu’il comprenait, à nouveau, l’étendue des pensées et des émotions ressenties et exprimées par la future Duchesse, Adriano se fit plus sérieux mais aussi… Plus concerné. Il était devenu évident - même pour lui-même - que le bonheur, la santé et l’équilibre de la jeune femme, lui importait bien plus que ce qu’il laissait transparaître. Ses sentiments, également, étaient devenus choses capitales. Et il s’en rendait à nouveau compte, aujourd’hui. Finalement, il fini par s’avancer, alors que l’émotion recommençait à submerger la jeune femme.

Doucement, il la reprit dans ses bras, comme on le ferait d’une chose si fragile que l’on aurait peur de la briser. Plaçant ses mains autour de la taille puis remontant dans son dos, il plaça la jeune femme au creux de ses bras, au creux de son cou… Il ne dit rien de plus, mais, presque inconsciemment, il se mit à dodeliner doucement de droite à gauche, comme pour la calmer mais aussi, comme pour pouvoir profiter pleinement de cet instant.

Et, pour finir… Il déposa sur son front un doux baiser empli de protection et de sentiments, parachevant l’oeuvre qui était en train de se jouer ce soir. La nordienne observa le Duc alors que ce dernier s’approchait d’elle à nouveau. Avait-il compris? Difficile de dire alors qu’elle même avait du mal à comprendre ses sentiments. Elle se savait aucunement logique, mais après de telles épreuves, il n’était guère surprenant que les émotions prennent le dessus. Puis, il la prit dans ses bras. La jeune femme s’abandonna à l’étreinte de son fiancé, plongeant son visage contre lui, savourant la proximité avec ce dernier. Elle se sentait réellement protégée, aimée. La jeune femme s’imprégnât de son parfum, alors que la paume de ses mains vinrent rejoindre le torse d’Adriano. Puis, il donna le couo de grâce, lui laissant un doux baiser sur son front. Adélina sentit le moindre de ses muscles se détendre, alors qu’elle fermait les yeux, appréciant cette marque d’amour qu’elle attendait depuis le début de leur conversation. La baronne resta un long moment ainsi, silencieuse, clairement satisfaite.

Au bout de quelques silencieuses minutes, l’alonnaise brisa finalement le moment, murmurant; « Merci…» Elle aurait voulu le remercier pour tout ce qu’il avait fait, et surtout pour la patience dont il faisait preuve encore une fois. Il était évident qu’il y avait une différence d’âge entre les deux êtres, une différence de valeur et de personnalité. Mais Adriano tentait réellement de la combler, de la comprendre et pour cela, il méritait bien plus que des remerciements. « Peut-être devrais-je vous laisser tranquille pour cette nuit? Je ne voudrais pas être responsable d’une autre querelle avec votre Argentier.»

Le temps de l’étreinte pourrait être incroyablement long pour quiconque n’appréciait point l’inactivité, ou le temps perdu pour des choses considérées parfois comme futiles, comme, par exemple… Les sentiments. Mais Adriano n’avait pas compté. Il n’avait ni calculé, ni feint quoi que ce soit. Et le fait que la jeune femme se montre doucement satisfaite et rassurée, gonfla le coeur du Duc d’une sensation peu ressentie depuis les temps jadis… Les temps de l’amour véritable.

Finalement, ce fut Adélina qui brisa l’étreinte, rappelant alors à Adriano qu’il était sans doute temps de reprendre sa liberté, car le duché avait besoin de lui… Et l’Argentier, de ne point subir une nouvelle dispute.
“Eh bien… Il est vrai que j’ai encore bien des choses à faire pour aujourd’hui… Mais vous pouvez demeurer ici, ou bien dans le palais. Toutes les ailes vous sont ouvertes… Et le Duché, par la même occasion.”

La baronne fit un léger signe de tête, un sourire aux lèvres, comme si l’étreinte du Duc avait chassé tous les cauchemars qui la hantait. Elle prit la main d’Adriano, avant de la serrer doucement, son regard azuré planté dans le sien; « J’espère que vous pourriez m’accorder quelques moments demain pour une balade dans vos jardins. Je crois que l’air frais me ferait le plus grand bien. » Puis, elle posa un léger baiser sur la main du Duc, avant de la relâcher pour sortir de la pièce, le laissant à ses affaires. Elle avait besoin de faire le tri dans ses pensées.
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