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 Dans la nuit noire, luisent les cris stridents

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Gautier de Vendeuvre
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Gautier de Vendeuvre


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MessageSujet: Dans la nuit noire, luisent les cris stridents   Dans la nuit noire, luisent les cris stridents I_icon_minitimeLun 1 Jan 2024 - 10:39



9ème ennéade de Favrius,
21e année du Onzième Cycle,
Sur les terres de Vendeuvre

Gautier était occupé à inspecter la tour sud-est du château alors qu’un jeune page vint le chercher. L’air se faisait frais, le temps était à la bruine et le soleil venait de disparaître derrière les terres. Les derniers rayons orangés s’étaient éteints, semblant par la même éteindre le bourg en contrebas.

- Monseigneur ! Maitre Pierre m’envoie vous chercher ! Déclara alors le jeune homme. Mais Gautier était pensif, la main frottant le menton tout en observant la solide pierre de la tour. Monseigneur ? Répéta le page devant le manque de réaction du noble.

- Monseigneur, ils ne semblent pas vraiment vouloir se replier, dit un grand homme monté, une arbalète dans le dos et une épée à la ceinture.

Gautier observait la scène en contrebas, visiblement agacé. Son armure d’acier luisait à la lueur des torches. Le soleil se lèverait bientôt, mais les ténèbres étaient toujours les plus sombres avant que ne viennent la lumière. La quinzaine d’hommes montés qui l’accompagnaient étaient bien visible au groupe armé en contrebas de la colline. Profitant des ombres précédant l’aube, Gautier avait réussi à prendre position sur les arrières des raiders qui se dirigeait vers un petit corps de ferme. Dénombrant une trentaine d’hommes, ceux-là n’auraient fait qu’une bouchée des quelques fermiers qui vivaient là, et leur nombre était trop grand pour que les patrouilles de Montabot puissent intervenir. Néanmoins, elles avaient pu prévenir leur sire, qui avait chevauché de nuit avec un petit groupe de vétéran. Désormais, il était dans une position fort menaçante pour les voleurs qui s’en prenaient à ses terres, et il avait espéré qu’en voyant cela, ceux-ci entament un mouvement de repli. Mais force était de constater que ceux-là voulaient en découdre, car ils s’avançaient maintenant vers les fermes sans défenses pour forcer le seigneur à attaquer en dévalant la colline où il avait pris position.

Ces hommes étaient soit particulièrement téméraire, soit désespérés, songea Gautier. Leurs équipements étaient vieux et usés, leurs protections étaient loin d’égaler celles des cavaliers et aucun n’avait de cheval. Le tissu de leur gambison, et les quelques chemises de maille que certains revêtaient ferait bien pâle figure face aux carreaux de ses cinq arbalétriers ou les lances de sa dizaine d’hommes d’armes. De plus en plus souvent, les hommes du nord avaient à faire à des groupes de pilleur bien différents du passé, à des hommes qui luttaient pour leur survie plutôt que pour les richesses.

- Vos ordres, monseigneur ?


- Monseigneur ? Répéta une nouvelle fois le page.
- Hum ? répondit Gautier, sortant de sa méditation.
- Maitre Pierre…
- Oui, coupa de Vendeuvre. Oui, cours dire à maître Pierre que j’arrive de suite.

Il savait pertinemment ce que signifiait cet appel. Mathilde devait être dans une nouvelle crise, l’une de celles que seul lui semblait pouvoir calmer. Un long soupire s’échappa de sa poitrine alors que ses épaules, d'ordinaire fières, s’affaissèrent quelque peu. Toujours, Gautier avait supporter les épreuves. Toujours, il avait avancé contre vents et marées. Pourtant, depuis quelques ennéades, tout lui semblait une épreuve presque insurmontable. Le monde semblait s’écrouler sur ses épaules vigoureuses, et même celles-ci devaient ployer sous ce poids monstrueux. Rien ne semblait soigner son seul héritier. Rien ne semblait calmer les frontières. Rien ne semblait faire revenir Mathilde, la dame de Vendeuvre. Rien ne semblait combler le vide de son cœur laissé par la mort de son véritable amour, Adélaïde.

Gautier secoua la tête et sembla se reprendre. L’inspection des défenses attendrait. À vrai dire, elles n’avaient pas même vraiment lieu d’être, c’était plutôt une forme de fuite face à une situation qui le dépassait de plus en plus. Mais la fuite n’était pas une option si la vie de Mathilde était en jeu. Son devoir, mais aussi son cœur, l’en empêcherait. Alors, les yeux de Gautier quittèrent l’immuable pierre, capable de soutenir le poids du monde sans jamais faiblir, pour se diriger vers le donjon dont les hauteurs se perdaient dans les ombres.

- Pourquoi tout ceci, DameDieu ? Se murmura-t-il alors.

- Pourquoi tout ceci, DameDieu, dit Gautier dans un souffle.

Le soleil devra donc se lever dans le sang et la mort, pensa Gautier. Il ne voulait pas cela, mais il ne fuirait pas, il n’abandonnerait pas ses sujets qui n’aspiraient qu’à vivre paisiblement.

- Grand Tom, dit-il alors plus fort au grand capitaine armé d’une arbalète, plante les torches de tes hommes ici et chevauche sur la gauche. Une fois à une centaine de mètres, descend et prépare tes tirs. Lorsque nous serons à une centaine de mètres et que nous commencerons la charge, lance une volée et ne t’arrête pas. Sur ces mots, il attrapa la longue lance qui était accrochée au côté de sa monture et la souleva. Compagnons, avec moi ! Par le fer et le sang !
- Par le fer et le sang ! Répétèrent les soldats.

Sur ce, la dizaine d’hommes d’armes suivirent leur chef, descendant la colline au pas tout en se décalant légèrement sur la droite. Lorsqu’ils seraient assez proches, la charge partirait, et les carreaux s’ablateront sur les ennemis d’un angle inattendu, les poussant, par réflexe, à se masser sur la droite, précisément par là où les cavaliers viendront frapper. La désorganisation devrait rendre l’attaque plus efficace encore. En face, les lueurs des torches indiquaient que la trentaine de wandrais serrait les rangs, se préparant à une charge. C’était leur meilleure chance de survie, tenir le rang, surmonter la fureur des chevaux.

De longues, longues secondes s’écoulèrent alors que la formation de cavalier descendait de sa position. Quelques flèches et projectiles tombaient au sol, mais les deux formations étaient trop éloignées et les hommes de Vendeuvre trop bien protégés pour que ces projectiles n’aient un quelconque impact. Enfin, les deux groupes de torche se rapprochèrent à une centaine de mètres l’un de l’autre. Un faible chuintement indiqua à Gautier que les traits des arbalètes s’envolaient vers leur cible. Il était temps. Un faible mouvement des talons, et, dans un grondement, les chevaux s’élancèrent pour dévaler les derniers mètres de la colline dans une charge furieuse.


Dans un rapide claquement de talon contre la pierre, Gautier grimpait les dernières marches de l’escalier en colimaçon qui l’amènerait aux appartements seigneuriaux. Des exclamations féminines s’entendaient, des paroles incompréhensibles mais empreintes de terreur et de violence. Une nouvelle nuit. Une nouvelle crise. Un nouveau poids à porter. Alors le seigneur de Vendeuvre arriva enfin à la porte de ses appartements où attendait, inquiète, une servante. Et, dans la nuit noire, un cri strident, presque inhumain, luisit telle un brasier.
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Gautier de Vendeuvre
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MessageSujet: Re: Dans la nuit noire, luisent les cris stridents   Dans la nuit noire, luisent les cris stridents I_icon_minitimeMer 3 Jan 2024 - 14:36


Dans la nuit noire, un cri strident, presque inhumain, luisait telle un brasier alors que la lance de Gautier s’enfonçait dans l’estomac de sa cible. Comme prévu, un vent de panique avait parcouru la maigre formation en face alors qu’elle se retrouvait prise en étau entre des traits d’arbalète meurtriers et des chevaux furieux, lancés à pleine vitesse sur eux. Pour certains, le choc était de trop. Et, certains, c’était tout ce qu’il fallait pour briser la formation qui essayait de résister. Les cavaliers l’avaient pénétré comme du beurre, piétinant les hommes, transperçant la chaire dans une brutalité qui ferait frémir le soldat le plus endurcis. Le choc en avait brisé la longue lance de Gautier, qui sortit sans hésiter son épée en faisant cabrer sa monture. Son sabot, protégé de fer, heurta une mâchoire, l’arrachant au passage dans une gerbe de sang. L’ombre de la nuit se transformait en une tourmente maudite. Soudain, un hennissement effrayant se fit entendre, plus puissant et désespéré que le cri des hommes et les fers s’entrechoquant. Un cheval avait été transpercé d’une lance d’un brave qui tenait encore son terrain, et s’écroula avec son cavalier. Deux autres hommes se ruèrent sur le malheureux, le criblant de coup avec leurs armes jusqu’à en percer son lourd haubert de maille et traverser son épais gambison.

Gautier n’hésita pas plus. Il élança son cheval dans la direction du malheureux, le faisant sauter l’obstacle de son congénère mourant en décrivant un arc puissant avec son arme d’acier brillante du rouge des torches. Le métal trancha la chaire. Le cheval écrasa des membres. Et, encore, les hommes crièrent. Derrière, les corps s’entremêlaient dans une masse sanguinolente.


Mathilde était recroquevillée contre le mur, formant une pauvre masse rouge dans sa robe couleur sang. Elle pleurait. Elle gémissait. Mais quand Gautier entra dans la chambre seigneuriale, trouvant maître Pierre à bonne distance, ne sachant pas réellement comment agir, le regard de Mathilde s’illumina quelque peu.

- Papa ?  Gémit-elle entre deux sanglots. C’était l’un des derniers mots qu’elle disait encore.
- Oui, je suis là , répondit Gautier tout en traversant l’espace qui le séparait d’elle à grande enjambée.

Il n’essayait plus de lui rappeler où elle était, ni qui il était et encore moins qui elle était. Il savait la chose vaine désormais. Non, tout ce qui lui restait, c’étaient quelques mots pour essayer de l’apaiser. Et, force était de constater que le seigneur de Vendeuvre était un cœur tendre, car il n’abandonnait jamais cette tâche, là où d’autre n’en auraient même pas pris la peine.

- Chuuut, tout va bien maintenant , reprit Gautier en relevant avec douceur son épouse malade. Je suis avec toi.

Le regard de Mathilde était hagard, perdu. Elle essayait. Elle essayait de se rappeler. Elle essayait de voir claire. Mais seules les ténèbres, seuls les cris l’accueillaient. Ses sanglots reprirent de plus belle, et sa tête se posa sur la poitrine de son époux. Elle ne disait rien d’autre que quelques « papa » qui s’immisçaient entre deux pleurs. Lui, caressait lentement l’arrière de sa tête, murmurant des mots doux, essayant d’apaiser ses peurs illusoires. Après de très longues secondes, les pleurs se tarirent. Alors, Gautier passa sa main gauche sous le menton de Mathilde et souleva tout doucement sa tête pour croiser leur regard. Il arborait un sourire plein de tristesse. Sa main attrapa une larme sur la joue de la pauvre femme en une tendre caresse.

Le poing de Gautier s’écrasa violemment sur la joue du wandrais, faisant voler du sang sur ses doigts d’acier. Pensant le combat terminé, il était descendu de sa monture. Mais son jugement s’était avéré faux, car quelques ennemis étaient toujours debout. Un homme s’était alors jeté sur lui en jouant de sa hache pour frapper sa clavicule. À la dernière seconde, le réflexe de Gautier permit de dévier l’arme, mais son arme, mal assurée dans sa main, suivie le coup et tomba au sol. Le guerrier dans Gautier ne réfléchit pas un instant, il frappa. Et, profitant de la seconde d’hébétement de son ennemi, il l’attrapa aux hanches, fit une rotation de son corps et l’amena au sol en se plaçant sur son ventre. Alors, il dégaina sa miséricorde et frappa la poitrine de l’homme.

Encore. Et encore. Et encore. Jusqu’à ce que sa chemise de maille usée cède. Jusqu’à ce que les couches inférieurs soient détruites. Jusqu’à ce que le sang se mette à gicler de la bouche et de la poitrine de son adversaire. Il ne lui avait pas même laissé le temps de demander grâce. Gautier était devenu une bête plus qu’un homme. Il était la sauvagerie. Il était la violence. Il était la destruction, la force qui pousse à l’extinction.

Il était ce qu’il haïssait le plus.

Mais il était en vie. Comme la plupart de ses hommes. Exténué, il arrêta la course vengeresse de son bras en plantant une dernière fois son arme dans la poitrine qui n’était plus qu’un amas de chair. Un homme vint l’aider à se lever.

- Trois blessés, mon seigneur. Pas bien graves, ils s’en remettront vite.
- Et lui ?  Dit Gautier en enlevant son casque et en désignant de la tête le cheval au sol, écrasant de sa masse un pauvre homme.
- C'est pas beau à voir, lui répondit le lieutenant avec une grimace.

Gautier s’approcha et constata par lui-même. La jambe du soldat, pris dans l’étrier, formait un angle interdit avec son corps. Il était pris jusqu’aux hanches sous le cheval mort et, d’un trou sanguinolent dans son estomac, on pouvait voir quelques tripes sortir de la maille épaisse fendue par des haches.

- On pourrait essayer de le rafistoler , reprit le lieutenant, mais il va souffrir et quoi qu’on fasse, m’est avis qu’il ne verra pas la fin de l’automne.


- M’est avis qu’elle ne verra pas la fin de l’automne.  
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