Jouer gros [ Deejarah ]

Vérimios, premier mois d'hiver, second jour de la seconde ennéade
An 21 du XIe Cycle

À déambuler nuitamment dans les dédales des bas-quartiers, il planait dans l’air ce je-ne-sais-quoi d’électrisant, de grisant. Le tableau était large et se sublimait par ses décors tous aussi pittoresques qu’originaux. Il y avait là, quelques marchants de ruelle qui pliaient boutique après leur fière journée de labeur, là, une attendrissante kyrielle de gniards qui s’embêtaient bruyamment et là, au pinacle de ce chef-d’œuvre, deux sac-à-vin qui dégobillaient bras-dessus bras-dessous la vinasse qu'ils avaient d'ores et déjà descendu à gros goulot. Elle était là, la beauté de la chose : il y avait dans les dédales de cet arrondissement autant de meilleur que de pire et, à mesure que la lune avançait sa course dans les cieux, le pire avait tendance à cristalliser son ascendance sur le reste. Qu’à cela ne tienne, après que le bâton l’eût sommé de quérir ces lieux, Le Goff s’était départit des docks au profit d’une allée bondée de gens dont la renommée des tavernes résonnait aussi vivement que l’aménité des donzelles qui en décoraient le trottoir. Mandaté par son maître, le bougre ne se fit guère prier pour que l’on lui accorde permission de quitter ces lieux maudits : non point qu’il exécrât son métier d’aconier en chef, mais ses appartements donnant sur les quais, il voyait naître et mourir les rayons du soleil, cela chaque jour, toute l’année durant. Et puis, compte tenu du mandat auquel on lui avait octroyé son exeat, l’idée de se tremper la pine lui parût fort bien à propos!

S’esquivant à autant d’invitations mielleuses que de marres de dégueulis, Le Goff parvint tout de même à quérir l’un des plus augustes bâtiment de l’artère. Ce dernier, dressé en maître comparativement à ses semblables, laissait entrevoir le succès de ses affaires par le grouillement de toute la piétaille qui en meublait autant l’intérieur que la devanture. Bondée à ras-le-bord de bons gauthier ébaudis à l’excès, le tohu-bohu des éclats d’hilarité et de leur appétence démesurée aux réjouissances avait tout pour rendre toute conversation inaudible. Que s’eût été pour la qualité de ses poulardes bien juteuses, de son picrate de bon marché ou encore pour son ambiance si festive, qu’on en oublierait le plus affligeant de ses soucis, il y avait ici tout pour rendre à la plus barbante des nuitée son lot de célérités. Le Goff, larges autant d’épaules que de corps, se fraya un chemin jusqu’au cœur du baraquement où il put se hisser sur les marches premières qui menaient à l’étage. Il poussa du pied un corps inanimé -et détrempé, les Dieux savaient de quoi-, pour mieux s’accouder contre la rambarde et ainsi, y détailler toutes les personnes présentes.

Il ne lui fallut guère plus de quelques instants pour que, de ce si prompt perchoir, il comprenne d’où provenait l’épicentre de tout cet engouement. Jouxtant le portillon qui menait aux cuisines du maître queux, une tablée peuplée d’âmes aussi égrillardes que festives semblait capter la pleine attention des yeux qui gravitaient autour d’icelle. S’agglutinant comme des vers affamés à la surface d’un macchabé bien refroidi, les gueux dévisageaient la tablée de leurs billes toutes rondes et écarquillées. Pour cause, un pactole bien poupard jouait rôle de centre de table comme récompense à la clé à un jeu de dés : un lucre si protubérant pour le petit peuple que l’on pouvait là aisément comprendre la tronche qu’ils tiraient. Là pourtant, bien que la somme lui semblât forte appétissante, ce ne fût guère le chatoiement des deniers qui capta la sollicitude du marin, mais bel et bien la jouvencelle qui lui faisait face. Une chevelure de feu, des yeux d’or, un corps à en faire roidir le chibre de nos aïeuls les plus impuissants, lui avait-il narré son maître. La marge d’erreur était large, mais au vu de la hauteur de la lune, il était plus que temps que ses recherches aboutissent : fussent-elles couronnées d’insuccès ou de réussite.

Il dévala les marches en quittant son nichoir, puis s’approcha de la grande tablée, observant le jeu pendant un bon moment, question de faire son entrée au moment le plus opportun. À mesure que les manches s’écoulèrent, on vit émerger d’entre toutes ces âmes joueuses, une plus encline à la colère. Petit à petit, on le sentait, appesantit par la défaite et l’humiliation de ses pairs, s’enfoncer dans des airs plus hargneux. Furibond après s’être fait plumer et dans un excès de virilité, le belliqueux fracassa son poing sur la table et cherchât à s’en perdre à la personne la plus près d’elle. Sans faire ni une ni deux, Le Goff vint lui agripper fermement la nuque et lui fracassa le bourrichon contre le rebord de leur si jolie tablée. Le laissant s’écrouler contre le sol, démuni autant de ses gains que de sa conscience, le costaud se laissa choir sur la nouvelle chaise libre. Il décrocha de son ceinturon une besace dont la richesse se montra aussi sonnante que trébuchante, une fois qu’elle trouva compagnie au centre de table.

« J’ai les nerfs bien plus frais que les siens, je t'assure, lança-t-il directement vers Deejarah, joueur, comme s’il comprit qu’elle était ici bien plus qu’une joueuse parmi tant d’autres. Je peux ? »

Ballast s’était préparé, seul. J’avais hésité sur la question, aller lui prêter main forte, comme avant quand je devais m’occuper de toutes ses tâches, ou prendre en compte ce qu’il m’avait dit à ce sujet. Je devais prendre ma vie en main et ne plus me contenter de faire ce qu’on me disait de faire. J’étais libre, à fortiori libre des aspirations dessinées par mon père, puisqu’il n’était officiellement plus !

Et puis, il était temps qu’il se reprenne et cesse de bouder. Ok, je savais que son mal était plus profond, mais je savais aussi que notre retour lui serait salutaire. Lui qui avait toujours adoré ces joutes verbales et ces jeux de cours allait pouvoir s’y remettre, même si en apparence, il affichait son indifférence. Il lui fallait seulement retrouver le goût de tout ça. Et  Ithri’Vaan était le terrain parfait pour ce genre de jeu.

Celui-là, mais aussi d’autres, comme les jeux de dés auxquels moi et mes compagnons nous nous livrions depuis qu’on s’était installé à table. Eux plus que tout autre ici, étaient heureux de ce retour, heureux de se mêler à nouveau à la population, bien plus dense et festive que celles que nous avions croisées lors de nos escales, et moins hostiles aussi, enfin en apparence. Je n’oubliai pas les conseils de mon mestre, ajouté à cela une méfiance naturelle.

Bien qu’avec l’alcool aidant, j’étais désormais plus détendue, surtout que j’avais la main sur notre partie, peut-être un rien aidée par Galérand et Jeb qui riaient sous cape de voir l’autre fulminer un peu plus à chaque lancé. Et dès que mes dés roulèrent jusqu’à finalement s’arrêter, la pression éclata. J’emportai à nouveau la mise ! Pour mon plus vif plaisir, et celui aussi de voir l’autre exploser en un coup de poing sonore.

Mon sourire resta bien accroché, me redressant pour attirer à moi le petit pactole.
- Ma foi on ne peut pas gagner à tous les coups, dis-je pour enfoncer le clou. Alors que ça faisait cinq fois d’affilée que j’avais emporté la partie, commençant par perdre  les premières, pour bien appâter le chaland.

L’autre avait cru l’avoir facile, mais.. comme dit le proverbe, il ne faut jamais se fier aux apparences ! Mon regard étincela, mais sa colère n’avait pas encore trouvé son exécutoire et c’est sur Bancroche qui ricanait qu’il voulut se défouler.
Jeb s’était déjà redressé, prêt à intervenir malgré ce qu’il avait déjà enquillé. C’est qu’il tenait bien la route le Jeb !

Pourtant, ce n’est pas lui qui lui mit sa raclée au mauvais perdant de service, mais un type sorti d’on’sait’où qui après avoir fracassé la trogne du déplumé contre le bord de la table, balança sa bourse sur la table. Et si moi je ne l’avais pas encore repéré, Ballast lui l’avait senti venir, assis plus loin à une table bien plus tranquille, en compagnie du bosco.

L’ambiance surchauffée se calma un instant, le temps d’observer le nouveau venu dans la partie, et moi qui face à lui hésitais à accepter cette relance. Celui là, assurément je n’allais pas pouvoir le plumer comme l’autre. Il avait l’air de savoir à qui il avait affaire. Bon en même temps, notre dégaine ne trompait personne.
Mes mains se retirèrent, laissant la bourse sur la mise que je venais de gagner et mon regard chercha le sien, bien trop sûr de lui.

Je me rassis tout en l’invitant à faire de même.
- Je t’en prie ! Tu es sûr de vouloir perdre tout cet argent ? Lançais-je avec impudence.

Quelques rires accompagnèrent cette gentille provocation. Je fis un signe pour qu’on nous portât de quoi nous abreuver, autant notre compagnie que le singulier lascar face à nous.

Le climat d’allégresse exulta le batelier de plus belle, sans compter l'ornière dans laquelle il cherchât depuis si longtemps à s’enliser : c’était bien elle, la célèbre Sandrakis. Maintenant il en était sur et ne pouvait plus rebrousser chemin, ses deux petons pataugeaient désormais dans la fange qu’était sa mission et il n’en retrouverait liberté qu’au moment où il saurait exhorter l’écumeuse à enjoindre ses expéditions prochaines. Adonc il accueillit ce qu’on lui offrit à boire et sans même en humer le contenu, il s’en mouilla le gosier d’une rasade bien nette. À cette tablée, il était l’intrus, le seul à n’avoir jamais arboré de pavillon pirate, mais il n’en restât guère pour autant fait du même bois. Il lança les dés, encore et encore, partageant autant de gains que d’échecs et autant de rires que de godets. Le Goff, à même mesure que les ratisseurs des mers avait pour talent de tenir la bistouille, mais la dose commençait à l’engourdir et avant longtemps, il se devrait d’affaler la voilure avant que l’ivresse ne lui embrouille les idées de trop.

« Ah! Encore gagné! La chance s’est-elle éprise de toi et t’aurais prise pour masure ? Ou tes dés seraient pipés ? » L’assertion fût lancée gaillardement, bien qu’au vu de sa déroute, il commença à croire qu’effectivement, la rouquine avait peut-être en sa possession une paire de captieux dés. Il essuya ses pertes en plongeant le nez dans son godet et en levant le coude derechef. Le sac-à-vin après tout, devait bien suivre ses nouveaux compères, s’il voulait un tant soit peu capter l’attention de la flamboyante flibustière.

À mesure que les dés toquaient contre le massif de bois, les poches des joueurs se dévidaient de leurs richesses et par tans, sous l’ovation de la gueusaille, il ne restât plus juste que l’intrigante forbanne et le maître gabier. « Es-tu du genre joueuse ? Questionna sans ambages le maquignon vers Deejarah, avant de lancer sa prochaine mise. Je paris que oui : si je l’emporte, tu m’accorderas une entrevue en privé. » Et compte tenu de tout le jus qu’ils avaient éclusés depuis lors, il était fort à parier que l’interprétation de sa requête fût biaisée. Qu’à cela ne tienne, il soutint son regard, l’amusement non feint au faciès le rendant assez avenant pour qu’elle n’en soit rebutée de trop et espéra qu'elle comprenne que le beau marin avait en tête une toute autre idée que celle d'élucider le mystère qui le taraudait : sa toison était-elle oui ou non aussi flamboyante que sa crinière ?

Au milieu de cette joyeuse compagnie, il y avait des mots qui à force de voguer sur le même bateau, devenaient inutiles. Il suffisait de quelques discrets regards, froncements de sourcils, et diverses mimiques pour faire passer le message.

Peut-être y eut-il tout au plus, un coup de coude accompagné d’un rire moqueur, ou de pied dans un tibia qui se recula pour éviter d’en prendre un nouveau. Chacun avait saisi qu’avec ce lascar-là, il fallait se montrer prudent, car après tout, nul ne le connaissait. Et pourquoi pas pour de bon laisser la chance seule maîtresse des prochaines parties ?

C’était en tout cas mon avis et je fis fi de tous les clins d’œil et messages codés qu’on put se transmettre autour de la table. Je décidai de terminer cette partie dans les règles de l’art, sans user de magie pour pousser un peu plus le dé sur sa face la plus avantageuse. C’était un peu frustrant après avoir accumulé le joli pactole, sans oublier la bourse ajoutée par notre nouveau mystérieux comparse, mais je me rangeai de l’avis de Jeb à la prudence.

Était-ce à cause de la manière qu’il avait de me dévisager ou la façon qu’il avait eu d’entrer dans la partie mais quelque chose chez cet inconnu m’inspirait de ne pas plus tenter « ma chance » ce soir. Ce que confirma bientôt la remarque qu’il m’adressa.
- Oh ? me traiterais-tu de tricheuse ? dis-je amusée.

Remarque qui en fit tiquer plus d’un. Avéré ou non, nul joueur n’aimait se voir traiter de tricheur ! Mais je gardai mon calme. Oui enfin le rhum y aidait grandement. Je me sentais de bonne humeur donc oui pourquoi pas poursuivre encore un peu le jeu ?
- Je préfère dire que je suis née sous une bonne étoile ! Déclarai-je, avant de saisir les dés, fermant sur eux mon poing orné de plusieurs bagues, certaines serties de pierreries, d’autres étant des entrelacs d’argent de modeste facture.

Mon sourire s’étira, regard brillant.
- Si je suis joueuse ? ma foi, je tendis mon poing prête à relancer. Je crois qu’on peut dire que oui ! dis-je en échangeant un regard avec mes compagnons qui se gaussèrent.

Et notre inconnu était prêt à parier dit-il, parier une entrevue en privé. Mon expression se fit étonnée, cherchant une nouvelle fois le regard de mes compagnons. Alors oui bien sûr, il y avait là largement de quoi balancer quelques satiriques saillies comme n’y manquèrent pas Galérand et Bancroche, pouffant de rire le nez plongé dans leurs gobelets pour étouffer leurs grivoiseries.

Mais Jeb, je n’eus même pas besoin de le voir pour sentir qu’il se crispait et qu’il n’avait plus envie de rire. Puis j’entendis le coup léger mais sec sur le plancher, celui du bâton de mon mestre qui malgré le brouhaha sut se faire entendre. Il était contrarié. Mais moi j’étais curieuse. ET oui, aussi joueuse !
- Une entrevue hm ? Et quel en serait le sujet ? Hmmm mon petit doigt me dit que tu ne me le diras qu’en privé ! Alors soit !

Je soufflai sur mes dés, le regard brillant de provocation.
- Et si je gagne....
Je m’interrompis, observant nombre de regards curieux qui attendaient ce que j’allais exiger. Le truc c’est que là tout de suite je n’en avais pas la moindre idée. En fait j’étais curieuse de ce dont il voulait m’entretenir. Si comme Galérand le sous-entendait, s’il voulait batifoler avec moi, je doute qu’il s’y serait pris de telle manière. Non même chez les pirates, le baratin exigeait tout de même quelques formes. Et dans ce tableau, la bourse aurait été de trop, insultante à ce niveau.

Je me grattai le menton à cours d’inspiration.
- Si je gagne, c’est moi qui exige une entrevue !
Le silence se teinta de murmures surpris que Galérand finit par rompre.
- C’est idiot ! protesta-t-il, tu veux la même chose que lui.
J’haussai les épaules.
- Bah je tiens à entendre ce qu’il a à me dire. Mais moi en plus, j’empoche vos mises !

Et ce fut suffisant pour faire redémarrer, rires, plaisanteries et paris, soulageant ces pirates qui reprirent leur souffle, se taisant tout aussi vite quand mes dés furent lâchés, trois roulements, pour finalement s’arrêter dans un terrible suspens... le premier s’arrêta sur deux, le deuxième sur trois, et le dernier fit rouler les tambours pour s’arrêter au final sur un cinq. Je souris, satisfaite.
- Dix ! A toi de jouer.

Et je lui passai les dés.

Lorsqu’elle mit en suspend la riposte de sa bravade, le matelot retint son souffle. Le poing clos, il tapota son poitrail en feintant de retenir une quinte d’aérophagie. Damné houblon! Durent-ils en conclure, lui qui d’ores et déjà avait le pif carminé par l’ivresse et la fièvre de la bombance. Au vrai, le bougre se chiait dessus -au sens littéraire, pour le moment- de crainte d’être rejeté autant par la sulfureuse que sa nuée compères. La gifle d’un rejet quelconque eut été pour lui plus qu’une simple brossée, mais la promesse que son maître s’en courrouce de plus belle. Depuis quelques temps, le bougre s’était retrouvé sur la sellette et il se devait mordicus de calfeutrer les lézardes de cette confiance précaire.  

Par le con dentelé de la Néera! Lui aussi, semblait-il, était choyé par le scintillement d’une bonne étoile! Tailladé par l’anxiété de ne pas même être en mesure d’approcher la flibustière, voilà que l’intrigante lui offrit sur un plateau d’argent l’émancipation de ses soucis les plus imminents. Là! Il avait le cœur leste et se félicita de la rouerie dont il fit usage en entrée. Le plus difficile restait à accomplir certes, mais au moins, l’ardente pirate laissait poindre à l’horizon pour son entreprise, les prémices d’un succès quelconque.

« Ahh! Tu es donc la plus culottée des joueuses, à n’en point douter! » Forte d’assurance de chaparder le magot, elle se laissa dévorer par sa curiosité en laissant odir tout haut qu’elle embrassait l’idée de leur imminente audience! À la bonne heure! Qu’il perde ou gagne, à ce point, peu lui chaut : l’or n’avait que peu de valeur lorsque l’on était à la solde princière. Mais maintenant qu’elle lui fit comprendre que fatalement, qu’elle perde ou l’emporte, Le Goff aurait gain de cause, il avait bien envie de la défroquer de ses avoirs. Il leva le coude aux cieux et termina sa chopine d’une rasade, noyant au passage son pourpoint en l’imbibant de sa bibine. Il secoua frénétiquement ses dés, puis souffla dessus les relents d’alcool de sa fraîche haleine de boit-sans-soif. « Par les six mentons d’Ozkun le Magnifique! » tonna gaillardement le batelier, juste avant de lancer ses dés dans une roulade qui acheva sa course contre le pactole. Un six, un deux … et un un. « Saleté de dés de couillons! L’autre micro bite peut bien s’être fait plumé! Râla-t-il cette fois en s’emballant bien malgré lui, enhardi par l’alcool. Lorsqu’il vit que les regards s’étaient massés contre lui et qu’en fait, il s’était lui-même levé de table, il renifla un bon coup, fit mine que rien ne s’était passé, puis se retourna vers Deejarah. « Là, te voila bien alourdie de tout cet or, la rouquine! HOURA POUR LA FLAMME OLIENNE ! » tonna-t-il en amende honorable, après sa montée furibonde, quoi que passagère. La gueusaille en liesse, les vibrations de toute cette griserie mirent à lourde épreuve les tréteaux de l’établissement, secoués par leur enthousiasme endiablé.

Il repoussa son assise, puis conquis la distance qui le séparait de Deejarah. Arrivé près d’elle, il s’inclina gauchement, singeant les nobles manières des plus illustres pontes. « Marchons, veux-tu ? L’air vicié de la taverne ne nous manquera pas, la fraîcheur nous fera le plus grand bien. »

La plus culottée des joueuses hm ? La remarque emporta une volée de rires et de nouvelles boutades tintèrent joyeusement, comme la voix de Galérand qui s’éleva, pleine de sous-entendus à peine déguisés:
- Culottée, mais pas tout le temps ! Aouw !!

Il venait de se prendre un taquet derrière la caboche de Jeb le rouge, peu amusé par l’audace du marin. Galérand avait beau avoir le verbiage aisé, il y avait des limites à ne pas dépasser. Esquivant mon regard faussement sévère, il n’en rajouta point, frottant ostensiblement son crâne, même s’il continua de rire de son toupet.

Oubliant les quolibets et autres brocards, je me concentrai alors sur le défi lancé par l’inconnu, réfléchissant plus ou moins à la question, puisque ma curiosité choisit très vite son camp. Je voulais savoir de quoi il voulait m’entretenir, aussi acceptais-je, non sans tenir à récupérer mon argent !
Je finis donc par lancer les dés qui caracolèrent dans un silence quasi-religieux avant de céder la place aux exclamations enthousiastes de mes compagnons quand ils révélèrent leur résultat. Mais la partie était loin d’être gagnée, puisque c’était désormais au tour de mon adversaire de se plier à l’exercice. Ce qu’il fit non sans éructer le nom d’Ozkun, espérant sans doute que le durgazdawi lui portât quelque chance.

J’affichai mon amusement, avant que le résultat ne tombe, m’offrant une victoire, honorablement méritée, cette fois ! Et tandis que les autres me félicitaient, entrechoquant leurs gobelets à ma santé, je me penchai par-dessus la table pour tirer à moi le joli petit pécule, large sourire satisfait s’affichant sur mon visage.
Victoire que les jurons lâchés par le perdant rendirent plus délectable encore, faisant rire les autres de plus bel. Mais à le voir se lever si promptement, emporté par la colère, je me demandais si du coup il allait renoncer à notre petite entrevue. Allait-il quitter la table sans demander son reste ? Ou régler la perte de ses deniers à coup de poings ? Les autres guettèrent sa réaction avec une attention toute narquoise, aussi prompts si nécessaire à balancer quelques beignes. Même que c’était chez eux, un passe-temps aussi festif que de boire jusqu’à plus soif ou que de bramer quelques chants pirates.

Mais le bonhomme se reprit rapidement. Affichant de nouveau un sourire, il plaisanta au sujet de mes gains puis lança un hourra repris avec force par le reste de la tablée, tous bras levés pour trinquer à ma victoire. Je me vis aussi affublée d’un nouveau sobriquet qui m’arracha un sourire, trinquant avec eux-tous.
- À ma bonne étoile, lançais-je avec effronterie, pour ensuite vider goulument le contenu de mon gobelet.

J’essuyais du bras mon menton quand le gars se rapprocha pour me rappeler sa requête. Je le dévisageai sans façon, alors qu’il souhaitait aller parler dehors. Je me tournai ensuite vers les autres qui déjà ricanaient à une exception.
- Dehors donc ! Allons-y ! N’en déplaise à ceux qui avaient parié pour une conversation en privé à l’abri d’une jolie chambrette .

De nouveaux rires éclatèrent, récompensé d’un clin d’œil de ma part, avant de porter toute mon attention sur ce drôle de gars. Jeb se leva mais je lui fis un signe négatif de la tête. Quant à Ballast, je sentis toute la contrariété dans la posture qu’était la sienne, ses deux mains crispées sur son bâton coincé contre lui.
Mais je ne craignais pas de me retrouver seule avec le drôle, sachant parfaitement me défendre si nécessaire, mon sabre veillant sur moi contre mon flanc. J’enfilai mon manteau et emboîtai son pas jusqu’à me retrouver à l’extérieur, aussitôt récompensée d’une bourrasque chargée du froid de l’hiver si précoce, j’inspirai une grande bouffée d’air, mon visage rougissant à son contact.

Et avant de m’avancer plus encore dans la ruelle, je lançais un regard de biais sur mon voisin.
- Tu peux me dire ton nom à présent que nous sommes seuls. Le mien, c’est Deejarah et je tendis ma main pour sceller nos présentations.

Et d’ajouter aussitôt, trahissant mon insatiable curiosité.
- Bon alors qu’est-ce que tu voulais me dire de si important pour y avoir laissé tous tes sous ?
Mon regard guettait le sien, sourire de renard accroché au visage.

Essuyant les railleries des autres bidasses, Le Goff se demanda si en fait, il eût été un monde dans lequel il se serait retrouvé oui certes appauvri, mais réchauffé par les cuissardes de la sulfureuse pirate. Baste! Je ferai tremper le jeune au moment opportun, se dit-il dans une volée de lucidité. Le marin retrouva le confort de sa pelisse, trifouilla ses poches à la recherche de piécettes qu’il fit tinter contre le comptoir de l’aubergiste en guise de paiement. Au dehors, la fraîcheur de la nuitée semblait avoir refroidit sa verve, tant le silence avait laissé place au calme de la nocte. Lorsqu’elle lui témoigna de son impatience, il lui sourit, simplement, puis lui serra la pince avec bonhommie.

« Deejarah. Il me plait d’entendre ce nom de la bouche de sa porteuse ; c’est là fort bien plus doux à mes oreilles qu’aux détours des ouïe-dires. On m’appelle Le Goff. » Autour d’eux, la ruelle s’était rétrécie et se privait du réconfortant clair de lune, offrant ainsi aux deux âmes avinées un juste asile pour leurs confidences prochaines. « Il se dit que sur les mers, tu fais partie, toi et ton équipage, des plus redoutables écumeuses. J’ai pour toi une offre, si ce n’est une opportunité comme tu n’en auras jamais eue : j’ai en ma possession une liste, riche de détails sur l'affrètements et les itinéraires des navires les plus gras. Leurs cargaisons, leurs destinations, leurs équipages, leurs armements, tout... » Il mit en suspend sa logorrhée, de sorte à voir la réaction d’icelle, à savoir si son idée se devait d'être tuée ou parachevée. « Tout cela, si tu le voulais, pourrait être à toi. Ce ne serait plus dès lors qu’une simple formalité pour toi et tes hommes : vous n’aurez plus qu’à vous servir dans ce buffet, tout en prenant soin, - et c’est là toute la superbe de la chose, de choisir vos cibles les plus vulnérables… »

Le batelier s’adossa contre un des murs que formait leur clapier de fortune, sans plus jamais dévier son attention de sur la furie des mers. Les secondes prochaines, si elle n’en fut guère consciente, se révéleraient pour Le Goff, à l’instar de son maître le Prince, les plus décisives d’entre toutes. La pierre angulaire de ses desseins les plus audacieux venait d’être atteinte et désormais, il venait d’enferrer le pied volontairement dans un piège à ours. Il ne restait plus qu’à voir si oui ou non, icelui allait se refermer contre sa jambe ou bien, resterait-il à jamais coincé dans ses engrenages pour qu’il puisse aller de l’avant.

Le sieur était-il quelque peu vil flatteur ? Difficile à dire, surtout à l’évocation des ouï-dire. J’inclinai la tête, pour sonder son regard à cet instant, comme si je pouvais y lire la partie manquante de sa déclaration. Ainsi donc, il connaissait mon nom, et je commençais à me dire qu’il n’était pas venu à moi par hasard.

Quant à lui, il se nommait disait-il le Goff, un surnom plus qu’un nom, évoquant des contrées lointaines et un savoir-faire de forgeron. Oui enfin ce qui m’intéressait surtout, au-delà de ce qu’il savait, c’était ce qu’il me voulait.

Je souris malgré tout au fil de son récit et de ce qu’il pouvait avoir entendu à mon sujet ; des racontars dilués à l’encre de discussions alcoolisées, me donnant une notoriété que je n’étais pas sûre de posséder, même s’il approchait de la vérité.

Et aussitôt dit, me livra-t-il la raison du pourquoi il était là présentement devant moi à me parler d’une offre mirobolante, digne d’un cadeau pour la fête de San Cristobal, en version pirate Deluxe.
Quand il eut terminé, si au départ, j’avais eu l’air estomaquée, peu à peu ma surprise se transforma en hilarité. J’éclatai donc de rire, ne voyant pas la nécessité de me contenir, sûr de ne pas pouvoir le vexer de si peu ! Parce que là tout de même, c’était trop beau pour être vrai.
- Mais quelle fable me contes-tu là ? lançais-je joyeusement. Travaillerais-tu pour San Cristobal ?

Le légendaire pirate dont la richesse dépassait de loin celle de tous les princes réunis et qui avait renoncé un jour à sa fortune au bénéfice des nécessiteux et autres crève-la-faim, afin de racheter ses avanies passées. Las l’histoire ne racontait pas s’il était parvenu à se racheter de ses fautes. Mais son mythe était bien connu de tous, amusant les enfants comme les grands. Si bien que désormais une fois l’an, on célébrait sa si grande générosité, en s’offrant quelques présents.

En clair, cette offre dépassait tout ce que j’avais pu entendre jusque-là, même celle de Marzaban et de la princesse Mirolina réunis. Ah non Maralina ! Je devais essayer de retrouver des idées plus claires, et je frottai de fait mes tempes, dans une tentative de me reprendre, outre de mon hilarité, mais aussi de mon ivresse bien entamée.

Je le dévisageai donc plus sérieusement, poings sur mes hanches.
- Pourquoi ? j’veux dire.........t’y gagneras quoi toi ?

Parce que de ça, j’en étais sûre, il devait escompter une contrepartie, sinon.... sinon je devais avoir bu beaucoup plus que de raison, et mes oreilles me faisaient entendre de drôles d’histoires, ou alors c’est lui qui avait trop bu !

San Cristobal! Elle était bien bonne celle-là! Il devait avoir encore le fondement étoupé d’une couche et du lait au bord de la bouche lorsqu’il odit pour la dernière fois cette bribe de folklore! Mais là, la pauvresse disait du vrai et véritable : sa promesse de richesse relevait pratiquement du comte de fée. En voulant éluder le plus de détails, il avait rendu l’affaire improbable, voir même louche. Et bien qu’il eût désiré lui jacter de plus amples détails, il se montra oui-da avare de précautions, car les flibustiers avaient pour même réputation que les Princes une morale houleuse et qui pouvait dévier au gré du vent. Tant qu’elle ne ferait pas montre d’une certaine inclinaison pour la fidélité ou pour son talent à préserver le secret, il ne pouvait risquer de brûler l’identité de son maître.

« Je n’ai jamais eu l’idée de te faire couiner de rire, Deejarah. Je vais être franc avec toi, je n’ai rien des hommes influents ou qui cherchent à mettre en déroute de quelconques rivaux, je ne suis qu’un simple batelier, un marin qui ne se targue de rien d’autre que la grosseur de son manche. Mais mon offre est réelle, je te le jure ; elle ne provient simplement pas de moi … Je sais que le travail peut te paraître frelatée par sa superbe, mais il n’y a aucun attrape nigaud. Ce que tu constates de l’offres est telle qu’elle est : quelqu’un m’a offert ce papelard et épouse le souhait que soit mis en déroute ces embarcations. Il roula les épaules de sorte à reprendre l’aplomb sur ses jambes et quitter ce mur duquel il prenait appuis depuis tantôt. Et si ce n’est pas indiscret, Deejarah… Depuis quand les pirates requièrent-ils plus de raisons que celle de s’en foutre plein les poches pour s’attaquer à d’autres navires? » Son sourire était présent, non pas vicelard, narquois ou sournois, mais amusé par la réalité de ses derniers propos. Lui qui avait si longuement arpenté les mers connaissait que trop bien cette engeance de canailles et, au détour de ses nombreuses pérégrinations, s’il est bien une chose dont il était sûr, c’est que l’or était le plus exquis de tous les parfums.

Couiner de rire ? M’enfin ! Je cessai aussi sec de rire, mais ne me départis pas pour autant d’un sourire railleur. Il ne se voulait pas drôle soit ! Mais il ne pouvait imaginer me faire telle offre, sans songer à ce que je le crusse sur parole. Mais apparemment dans son chef, pirate rimait avec crédulité. Certes nous aimions la fortune, et les belles choses, surtout quand, à la vente, ça pouvait rapporter gros mais de là à prendre tout ce qu’on nous promettait pour argent comptant.

Je n’en écoutais pas moins très attentivement ce qu’il avait à me dire. Après tout, il s’était donné du mal pour me faire son offre. Mon sourire s’étira à la mention de son « gros manche ». Oh le beau parleur que nous avions là. Un simple batelier donc qui m’assura de sa franchise, mais le détail que je retins au-delà de son discours, c’est que son offre ne venait pas de lui.
- Ah non ? Et de qui alors ?

Une personne qui était assez importante pour envoyer un autre faire le travail à sa place. De quoi piquer un peu plus encore ma curiosité. Je n’étais pour autant pas encore convaincue, loin s’en faut.
- Hmm une liste de navires à mettre hors de la route de ton mandataire. De la concurrence ?
Un marchand important ? Je voulais en savoir plus !
Mais lui aussi, et sa question trouva finalement réponse.
- Piraterie ne rime pas forcément avec précipitation. J’aime savoir dans quoi je m’engage, particulièrement quand c’est ma couenne et de celle de mes compagnons qui est en jeu.

Oui enfin surtout j’étais curieuse et je me méfiai de ces marchands d’Ithri’Vaan qui étaient des maîtres en matière de manigance, quand il était question de gros sous. Il y avait aussi le fait que Ballast et le capitaine voudraient savoir dans quoi nous allions mettre les pieds. Je ne pouvais dignement pas me contenter de leur refiler une vulgaire liste de noms.
- Alors ? Dans quoi vais-je m’engager ? un règlement de compte, une vendetta ? Et quel est le nom de celui qui t’envoie ?

Oui enfin rien n’était encore ancré.
- Vas-tu me faire encore des mystères ou es-tu décidé à me déballer tout ce que tu sais ? Lançais-je avec un sourire de renard. Tu dis être franc, moi aussi, alors parle donc franchement! l'encourageais-je.

Par les couilles au menton d’Arcam, elle ne manquait pas d’aplomb! Elle était à tout coup animé de ce même feu qui colorait sa chevelure de braise. Ses chafouineries fustigées sans détours, sans atours et autres artifices pompeux ; elle allait droit au but et laissait entendre qu’hardiesse n’était point synonyme de folie! Là, il dût se rendre à l’évidence ; il l’appréciait vachement. Il comprenait désormais pourquoi ces bons gautiers de tantôt lui avaient semblés être tissés aussi serrés que les mailles d’une famille. Fédératrice, dotée d’un ample charisme, d’une envie palpable d’en découdre : elle avait à tous les coups les qualités d’une bonne meneuse. Pour autant, elle n’en était pas moins écumeuse des mers. Et les flibustiers, bien qu’efficace à la juste mesure de leurs gages, n’ont pour lustre que bien rarement celui de la fidélité. Une probité pourtant si rare et prisée dans la métropole marchande! Comment pouvait-il risquer, au détour d’un apostrophe de véracité, qu’elle se braque tout-de-go et décide de ruer contre la main qui cherche à la nourrir ?

Non, il fallait qu’il trouve un sentier tout autre, défriché des doutances qu’elle cultivait quant à sa requête, sans qu’elle n’y voie les pousses d’orties qui y arpentaient l’abscisse.

« Parler franchement! C’est ce que je vais faire, puisque tu me le demandes si gentiment! Je ne suis qu’une bouse sur laquelle on n’ose même pas foutre la botte de peur de les empoisser. Un sac-à-vin de la pire espèce. Je travail aux quais et m’assure que les couillons qui louent les navires aient assez à becqueter pour le long de leur voyage. Crois-tu seulement que je suis dans le secret des grands marchands? Je ne suis pas plus important que ces con de piafs qui livrent des messages accrochés à leur pattes peinturées de guano. Ce que je peux te dire par contre, c’est que oui, c’est sûrement une magouille pour avoir l’ascension sur d’autres compétiteurs. Tout tourne toujours autour de ça à Thaar! Aucune idée à qui ça rapporte, ni à qui ça fera du tort, mais une chose est certaine, c’est que je sais que ça te sera profitable à toi, ainsi qu’à ton équipage. Ça, je suis prêt à te le jurer et même… Il eut un instant d’hésitation, comme s’il se demanda s’il n’allait pas trop loin, pour le coup. Et même, je suis prêt à venir avec vous sur votre navire pour vous le prouver. »

Tout deux esseulés dans la ruelle, le ton semblait avoir gagné un cran, de même que leur proximité, comme s’il eut cherché à se montrer plus convainquant que jamais.

« Si après ça tu n’es pas convaincue Deejarah, je ne sais quoi te dire. »

J’avais besoin de réponses, claires et nettes pas de tourner autour du pot. S’il voulait que je « l’aide » dans cette entreprise d’éradication de la concurrence, il devait m’en dire plus !  Mais le Goff ne devait pas avoir le même sens de la franchise que moi, au vu du discours qu’il me servit et qui me fit finalement croiser les bras pour l’observer d’un air dubitatif, teinté d’amusement.
- C’est ainsi que tu comptes me convaincre ?  En me jouant le couplet du pauvre gars qui n’est rien de plus qu’une bouse ? Oh allons, épargne-moi ton numéro de triste sir , et si tu escomptais jouer sur ma corde sensible, sache que ça ne prend pas avec moi, pas quand j’ai face à moi un baratineur à la bobine si charmante !

Mon sourire s’étira, allumant quelques éclats dans mon regard, dans un air de celle qui ne se laissait pas duper aussi facilement.
- Mais je veux bien croire que tu ne saches pas tout des secrets des grands, sinon tu ne serais pas ici à tenter d’amadouer une pirate par tes belles paroles. Quoique... je dois dire que ton maître quel qu’il soit, devrait t’accorder plus de crédits pour ton joli bagou.

Je me laissai même aller à rire, parce qu’au final, il me plaisait bien le bonhomme à tenter de me convaincre par de si singuliers arguments. Voilà qu’il se proposait de nous accompagner dans cette équipée.
- Tu ne manques pas de cran, assurément, vouloir suivre le Vol d’or dans ses aventures. Qui sait où cela pourrait te mener le Goff ?  Le pari pourrait bien être aussi risqué pour nous que pour toi !
Je fis un pas vers lui.
- Tu pourrais prendre goût à cette vie de flibuste, libre de tes entraves de piaf messager.
Je conclus d’un clin d’œil.
- Dans ce cas – je marquais une pause- fais donc voir cette liste que je voie à quoi elle ressemble. Et peut-être qu’après ça, tu daigneras enfin me parler de celui pour qui tu travailles ?
Quoi ? parfaitement j’étais plutôt têtue comme une mule quand je voulais quelque chose. Mais je pouvais aussi me montrer patiente. De toute façon il fallait que je le sois et lui aussi, puisque nous ne devions pas quitter Thaar avant une bonne énéade. Pas mal d’affaires restaient encore à régler ici.