[post antérieur a la guerre]Comme un parfum de haine... ( Réservé )

Diantra, capitale des hommes au teint incolore. Refuge des siens pendant plusieurs générations. Lieu de travail forcé, de douleur, de ségrégation, qui avait fait naître en lui un éternel sentiment de frustration, un sempiternel goût de haine, aussi froid et impérissable que le tombeau de ses ancêtres... Le crépuscule venait de faire son apparition, arrivant dare-dare tel le bistouri jadis planté dans le rachis de sa mère, la tuant sur le coup, au sein même de cette citadelle. Le tueur de sa source vivait peut-être toujours ici. Si ce n'était pas le pire des outrages, la pire des injustices que de laisser un tueur de mère en vie... Une chose est sûre, il donnerait tout pour pouvoir mettre la main sur cet homme, soulager le mal qui le rongeait chaque nuit... Se décharger de cette haine encombrante... Décapiter l'être livide qui avait osé lui retirer la seule chose essentielle à sa vie... Sa mère... Et il brûlerait tous les soldats qui avaient maltraités ses frères et son père, il les brûlerait jusqu'au dernier, putréfiant chaque parcelle de leur organisme avec virulence.

Naïm était là, immobile et pensif, perché sur un faîte, en haut d'une tour qui s'avérait en fait être un clocher. Tel un ectoplasme... Un specte perdu dans les sentiers de sa jeunesse. C'était bien la première fois dans sa vie qu'il appréciait à sa juste valeur la ville de Diantra. Pour les assassins qui gargouillaient en bas ? Pas vraiment non, il n'avait jamais vraiment apprecié ses types-là, car lui-même en était un, et n'aimait pas qu'on fasse la même chose que lui. Bien qu'il n'était pas contre l'idée, bien sûr... Pour le soulagement des maux... En gros, ça ne lui faisait ni chaud ni froid de voir des personnes se faire tuer. Non en fait, ce qui lui plaisait le plus à Diantra, c'était le silence... La solitude... Bref, l'absence d'une bonne partie de sa race pendant toute une semaine voire plus. Lui qui avait subi ces derniers mois la proximité forcée de tous ses acolytes insupportables, il en éprouvait cette nuit un indescriptible soulagement. Bien sûr, il n'était pas non plus tout seul à Diantra. Mais en deux jours, il était parvenu à s'isoler quelques petites heures. Ce qui tenait du miracle.

Shar était là. Shar, son seul frère encore en vie. Il l'avait accompagné du Puy d'Elda jusqu'à Diantra. Assis à ses côtés, contemplant la Cité qui s'éteignait à mesure que les minutes passaient, il semblait lui aussi ailleurs. Son regard était plus sombre que celui-ci de Naïm, et son air plus impénétrable encore... Il parlait encore moins que lui... Et bon Dieu que c'était difficile de trouver plus taciturne que l'Homme de main de Tebryn ! En revanche, la peau de Shar était légèrement plus claire, sûrement à cause du fait qu'il passait son temps à faire des rondes reclus dans la Cité Drow, sans prendre la peine de faire un tour en dehors, comme aux Marais de Faelia, par exemple. Shar était un gros misanthrope qui ne parlait que pour se plaindre du monde dans lequel il vivait... ou pour réclamer à manger. Quelqu'un d'aussi acrimonieux que lui ne pouvait grimper les échelons de leur hiérarchie, il lui répetait sans cesse.

- Je pars, Naïm. Je dois retourner à la Cité.
« D'accord… Mais ne reviens pas. Et écoute-moi bien avant de partir, je ne te lâcherais pas avant... Si tu dis un mot à Tebryn à propos de tout ça, je t'étrangle de mes propres mains... Peu importe que tu sois mon frère... Tu me connais, je n'ai qu'une parole. Ne dis rien à personne, n'accorde jamais ta confiance, car nous ne sommes pas à l'abri d'une trahison même dans notre propre camp. Et sois sûr que je ne repartirais pas avant d'avoir éliminer un nombre conséquent d'humains. Aller, va-t-en... »
- Adieu.

Les deux ombres se volatilisèrent dans la nuit, mais l'une d'entre elles resta dans les parages. Et c'est d'un pas plus ou moins paisible que Naïm errait dans les rues étroites et sombres de Diantra. Il tenait beaucoup à Shar mais ne lui montrait pas forcément. Il n'aimait pas montrer ses sentiments, ses faiblesses. C'était trop... Humiliant pour un Drow... Cette discussion avait permis aux deux frères de mettre les choses au point quant à leur revanche sur le monde des Hommes... Mais puisque la victime était introuvable, autant profiter de ce calme temporaire. Il longea donc les vitrines des différentes boutiques, tentant de ne pas trop se montrer même si la faible lumière présente dans les rues ne dévoilait que sa silhouette. Alors qu'il marchait en contemplant la façade close d'une officine, l'étroiteté de la ruelle fit qu'il rentra dans une personne sans y prendre garde, manquant de la faire tomber... Mais mauvaise foi oblige, il se contenta de jeter un regard noir à la silhouette.

« Vous ne regardez jamais où vous marchez ? La ville est assez grande pour deux, je crois. »

Cela faisait maintenait des jours que Naylia avait quitté la Cité, délaissant là la jeune Melly, sans guère plus de procès. Certes, cela ne l’enchantait nullement, mais qu’importe, car il était fort tard pour songer aux conséquences de ce départ, tandis que, Silencieusement, sa silhouette se mouvait aux alentours de Diantra. Chaque seconde passée n’était qu’un instant de plus à remettre en question son entendement. La raison de sa venue restait obscure à son « entourage ». La survie d’un Drow n’était que précaire au sein d’une telle ville, et s’y aventurer n’était que sottise… Pourtant, la Douce se trouvait bel et bien là.

Force de ruse et de malice, elle finit par pénétrer au sein de la capitale des Hommes. Comme toute créature appartenant à leur espèce, il était aisé de les tromper, et de mettre à bas leur méfiance. Ainsi, pénétrer au delà de l’enceinte ne fut guère qu’une simple distraction, à proprement parler. Cependant, ne désirant guère plus que cela attirer l’attention, elle en viendra bien vite à se faufiler parmi les ombres du crépuscule. S’il était évident de distraire un être, il le serait fort moins si elle devait en venir à détourner l’attention de toute une cohorte. Mais enfin, qu’importe, car les ruelles étaient encore vides d’hommes, et se mouvoir serait certes plus commode que ce qu’elle avait pu envisager jusqu'alors.

Néanmoins, une ombre fugace vint à glisser en sa direction, et la Demoiselle esquissera un mouvement de recul, Silencieuse, tandis qu’elle s’effaçait au sein d’une ruelle annexe. La Silhouette en vint à se dessiner, peu à peu… Mais elle ne cherchera certes pas plus amples détails, continuant sa progression de ruelles en ruelles. Au loin, de hauts bâtiments, tous semblables, et à la fois si distincts. Rien à voir avec ce qu’elle avait connu jusqu’à ce jour. Pourtant, tout ceci ne lui était nullement étranger, et nulle admiration en cette examination. Simple constatation. Voilà tout.

Ses iris balayaient les alentours, attentivement, tout comme si elle s’attendait à entrevoir une ombre, un mouvement, où simple créature capable de la distraire. Le temps se faisait long, et le Silence venait assombrir ses songes. Cependant, en cet instant même, elle conservait une démarche mesurée, calme. Une posture droite et élégante. Ses bras allaient et venaient, frôlant de temps à autre la fine lame d’argent qui reposait à sa taille.

A nouveau, cela sera un bruits sourd qui attirera son attention. Puis un éclat de voix. Hésitante, tout d’abord, elle finira par esquisser un faible sourire, et se dirigera sans hâte vers la source de ce vacarme. Car, autant l’avouer, en cet instant, le moindre bruit était aussi discret que si l’on en était venu à clamer haut et fort notre présence à l’oreille attentive. Revenant sur l’allée principale, elle discernera une nouvelle silhouette, longeant les mûrs ou résidaient en certains temps nombreux accessoires humains.

A nouveau, elle ne fit nul procès de cette présence, bien qu’elle marquera un certain temps d’arrêt. Enfin, cela sera à nouveau une petite ruelle qui viendra à l’accueillir. Etroite, mais pourtant assez large pour que le Demoiselle puisse progresser sans peine. C’est que, bien que peu rusé, les humains possédaient tout de même un soupçon de bon sens. Néanmoins, un nouveau bruit étouffé, et voici la Demoiselle qui accordait un regard en arrière. Quelques secondes, a peine. Pourtant, le temps de reprendre sa route, et voici une silhouette qui en venait à la bousculer.

Surprise, la jeune femme perdra un instant l’équilibre. Mais, bien vite, elle se redressera, faisant face à celui qui, désormais, s’adressait à elle. Son ton était sec, hautain, et la Douce haussera un sourcil, ses doigts venant effleurer sa lame. Bien tôt, cette dernière fut en sa main gauche, et ses iris glisseront sur la silhouette. Sa présence lui était restée étrangère jusqu'à ce qu'il n'en vienne à sa rencontre. Chose étrange.. Cependant, après quelques secondes, cela sera une voix calme et posée qui s’élèvera, bien que se muant en un simple murmure.

« Bien trop d’assurance pour un simple humain… »

Elle esquissera un sourire amusé, et glissera à nouveau sa lame à sa taille, effectuant un simple et unique pas en arrière, nullement décidée en cet instant à s’en prendre à celui qui lui faisait face. Elle ne prendre pas même le temps répliquer. Inutile et dérisoire, car l’être face à elle ne lui était pas étranger.

[Hors Jeu : Désolée... Beaucoup de mal à introduire la rencontre è_é]

(Gaah, j'ai perdu mon 1er message j'ai du tout recommencer... >_<)

Quelques secondes à peine s'étaient écoulées depuis que l'individu non identifié avait pénétré dans son périmètre de façon brutale -du moins c'est ce qu'il voulait se persuader, trop fièr pour s'avouer qu'il était le seul fautif-. Fermant les yeux et soupirant d'exaspération, Naïm songea un instant à rebrousser chemin dans l'espoir qu'on lui foute la paix mais garda soigneusement sa lame d'acier à portée de main. Vigilance constante, comme en plaisantait souvent son frère sans que le jeune homme ne comprenne vraiment en quoi c'était drôle... Malheureusement l'intrus ne semblait pas décidé à poursuivre son chemin mais s'imposa à ses côtés. Merveilleux. Même dans la rue on ne pouvait être seul plus d'un quart d'heure... Les hommes étaient décidément d'un collant... Ou plutôt les femmes s'il en jugeait par la silhouette qu'il venait de découvrir en rouvrant les yeux. D'ailleurs celle-ci ne lui était pas étrangère... Il arqua un sourcil, surpris et désemparé à la fois...

« Bien trop de tact pour une simple humaine... »

murmura t-il à la belle créature en guise de réponse, sans pour autant changer de nuance dans son ton froid et en gardant une indifférence sur le visage aussi nette que s'il avait vu un humain se faire égorger. Mais force est de constater qu'elle lui avait fait de l'effet... Une agréable surprise, comme la première nuit où il l'avait rencontré à la Faille... Cette Drow, dont il ne connaissait toujours pas le nom, avait fait iruption dans son territoire, ce qui n'avait pas été pour lui déplaire... Mais malheureusement ce joli tableau s'était vu taché par la présence d'un assassin bien trop émotif pour être pris au sérieux... Naïm se souvenait rarement de ces rencontres, mais celle-ci avait visiblement laissé une trace dans son esprit... Il avait même épargné un humain cette nuit-là, pour la première fois de sa vie. S'adossant sur la vitrine qu'il contemplait quelques secondes plus tôt, il fixa Naylia avec une once d'attirance quasi-imperceptible dans le regard...

« Excusez mon geste maladroit... Nous ne nous sommes même pas présentés la dernière fois... Naïm Claddath. Je ne m'attendais pas du tout à vous croiser ici, dans cette Cité... Je vous croyais déjà chez nous, à Puy d'Elda. Les rues scabreuses de Diantra ne s'accordent pas avec votre distinction...»

Cette fois-ci, la voix neutre avait laissé place à un peu plus de douceur, chose assez rare chez lui... Tebryn lui disait souvent que la douceur ne lui allait pas... Le Drow fit signe à Naylia de le suivre d'un simple geste de la main, pour marcher un peu, histoire de ne rien avoir à ajouter et du risquer de trahir un quelconque sentiment enfouie au fond de lui... L'allure fière et le regard insondable, il se contentait de jeter des brefs regards à la créature tout en continuant de lui parler...

« Je doute que nos intérêts soient communs. Mais cette question me taraude... Que venez-vous faire à Diantra ? »

Suite à ses paroles, ses paupières se relevèrent pour laisser apparaître deux prunelles d'acier, le tout accompagné d'un haussement de sourcil amusé. Même ses traits impassibles se détendirent l'espace d'un instant quand ses lèvres pâles se courbèrent en un sourire en coin. C'était de la vraie curiosité qui perçait dans le ton froid du Drow.

La Douce l’observait, avec attention, et cela ne sera certes pas sans satisfaction qu’elle notera le moment même où il en venait à discerner la créature qui se trouvait face à lui. Là, tout comme pour confirmer quelconque songe, interrogation silencieuse, elle hochera doucement la tête. Cependant, il en viendra à prendre la parole, sa voix contrastant à la perfection avec ces quelques paroles qu’il lui avait accordé, quelques instant plus tôt. Ainsi, il en vint à se présenter. Suite à cela, elle soufflera son nom en un murmure, a sa propre attention, avant d’enchaîner. Pour autant, son attitude ne lui avait certes pas échappé, ni même l’intonation de sa voix, et elle en viendra à esquisser un fin sourire.

« L’on me nomme Naylia Adria… Et je dois avouer qu’il m’est également fort curieux de vous trouver en pareil lieu... Cependant, je doute fort que vous ne soyez ici pour votre seul plaisir… Car je ne vois là nul ravissement à errer en ces rues… Mais je dois vous l’accorder, je me trouvais encore il y a peu au sein de notre Cité… Si tant est que l’on fasse abstraction du temps qui fut nécessaire afin d’arriver en ces terres… »

Voici un simplement mouvement de la main, et son interlocuteur qui en venait à se mettre en route. A nouveau, il avait retrouvé toute l’impassibilité qui lui était propre. Mais elle ne s’en formalisera pas, finissant par céder à sa requête, allant à sa suite d’un pas léger et Silencieux. De temps à autre, il en venait à poser son regard sur la Demoiselle, mais, cette dernière semblait bien trop attentive à ce qu’il se passait autour d’elle pour s’en rendre compte, réellement. Tout du moins, jusqu’à ce qu’il n’en vienne à reprendre la parole. Là, elle glissera ses iris aux froids éclats de diamant sur sa personne.

« La raison de ma venue au sein de Diantra… »

Elle semblera songeuse, un instant, quant à lui offrir la raison de sa présence en ce lieu. Pourtant, nulle personne alentour… Seul ce Drow, rencontré il y a de cela plusieurs semaines maintenant, et dont elle n’avait plus entendu parlé jusqu’à ce jour. A nouveau, elle l’observera avec attention. Se méfiait-elle de lui ? Sans doute aurait-elle eut tôt fait de le défier si cela avait, effectivement, était le cas… Mais enfin, elle finira par détourner une nouvelle fois son attention de sa personne, répondant d’une voix distraite, faisant fi de son amusement apparent.

« Je suis venue quérir un être qui ne devrait certes point se trouver en ces lieux…Mais vous donc ? Il vous a semblé si couteux de laisser la vie à cet humain qui fut à l’origine de notre rencontre… Votre venue ici semble ainsi en quelques désaccords… »

Il esquissait un sourire, mais la Demoiselle conservait une expression neutre, attendant simplement réponse à sa question, tout comme elle avait apporté quelques éléments en échange de la sienne. Attendant ce fait, elle s’intéressera une nouvelle fois à ce qui se passait autour d’eux. Cependant, malgré cette absence évidente d’une quelconque expression en mesure de trahir ses pensées, sa voix, elle, était toujours aussi calme et Douce, bien que sans la moindre hésitation.

Les secondes passaient, alors que les deux drows se retrouvaient pour une discussion des plus courtoises... Ainsi, elle se nommait Naylia Adria... Il n'avait jamais entendu ce nom auparavant, un luxe pour la créature quand on savait qu'il connaissait la majorité des familles de drows qui résidaient à Puy d'Elda... A croire qu'elle n'y avait jamais mis les pieds... Un sourire amusé frissonna sur les lèvres de Naïm dont la voix se fit plus basse et plus chaude, toujours lente.

"L'homme que j'ai épargné n'a pas intérêt à recroiser ma route... Je n'ai pas pour habitude de craindre mes proies."

L'assassin qui avait croisé sa route, Valkayre, n'avait rien d'intimidant et Naïm aurait pu le tuer comme on tuerait un nouveau né... Simplement, et il ne pouvait l'expliquer, il avait épargné cet homme, peut-être pour qu'il reparte avertir les siens que les Drows n'étaient pas des rigolos qui laissaient entrer n'mporte qui... Puy d'Elda était la proprieté de Tebryn, Naïm avait comme devoir de veiller à ce qu'aucun intrus ne foule ses terres... En y repensant, un léger rictus parcourut ses lèvres. Il offrit ensuite un hochement de tête à Naylia :

"La raison de ma venue..."

Il prit un temps de réféxion qui dura près d'une minute, marchant silencieusement et laissant en quelque sorte la question en suspens... Mais après mûre réflexion il n'avait rien à cacher, ainsi il lui murmura d'un ton presque badin la simple vérité...

"Je suis à la recherche de l'homme qui a tuer ma mère."

Peu habituel pour un Drow de faire valoir ainsi ses états d'âmes, de dévoiler son intimité et ses pulsions... Mais Naïm était un marginal, franc et direct, et en était fièr... Il traquerait cet homme jusqu'à son dernier souffle, il pouvait le jurer sur la tombe de sa mère... Crachant sur la porte d'une auberge avec mépris, il continua sa marche le menton haut et le regard froid, mais presque rieur...

"Je sais que des lois régissent cette Cité mais ma rage peut venir à bout d'un colosse et mon influence me permettre d'agir comme bon me semble alors peu importe..."

Sa phrase n'avait rien de vaniteux car le ton était amusé et après tout, il ne s'agissait là que de la vérité. Mais au fond, pourquoi se venger lui-même et seul ? Naïm ne l'avait presque pas réfléchit, la colère grondant au fond de lui l'ayant fait juste venir à Diantra pour retrouver ce misérable... Mettant de côté son histoire personnelle qui ne regardait que lui après tout, il revint plonger son regard de braise dans celui de Naylia alors qu'ils arrivaient à une intersection de trois ruelles... Lorsque la jeune créatre tourna les yeux, le Drow se surprit à la regarder à son insu. Elle était vraiment belle, autant que la dernière fois, mais cette aura froide la rendait impénétrable. Dans un sens c'était dommage.

"Je ne sais guère où aller... tu as une idée ?" fit-il en la tutoyant comme s'ils se connaissaient depuis toujours...

Le Silence, le temps d’un instant, se fit maître de ce lieu, tandis que la cadence régulière de leurs pas semblait se muer en un balais feutré. Cependant, la conversation , laissé en suspends pour quelques raisons futiles, finit par reprendre son cours, fluide, et, de temps à autre, ponctuée par un sourire mesuré. Ce fut ce dernier fait qu’elle surprit sur ses lèvres, tandis qu’il reprenait la parole, calmement.

« L'homme que j'ai épargné n'a pas intérêt à recroiser ma route... Je n'ai pas pour habitude de craindre mes proies. »

A cela, elle même se surprit à sourire. Elle se souvenait des premiers instants passés avec ce jeune humain, tandis que leur rencontre faite, il en était dès lors venu à venter ses mérites en tant qu’assassin. A ce moment précis, curiosité faite que pareille créature ne s’aventure en tel territoire sans autre argument qu’une requête dépourvue de bon sens, la Demoiselle avait entamé le jeu. Il était la souris, éprise de la malice du chat. Et elle s’était délectée de la situation, jusqu’à la venue de son compagnon ci présent. Là, les choses avaient prises une toute autre tournure, et la Douce s’était résignée à se retirer de la scène, se muant en simple observatrice. Elle avait alors eu le loisir d’apprécier le caractère déterminé de son interlocuteur, bien que la surprise fut faite tandis qu’il en venait à épargner sa proie. Mais qu’importe.

« La situation semble pourtant propice à pareil scénario, car nous voici à présent sur… « leur » territoire, tout comme il piétina nos terres en ce jour. »

Bref sourire amusé, tandis qu’elle accordait un coup d’œil au Drow qui allait à ses côtés, au sein de quelques ruelles désertes. Bien qu’il soit évident que la Douce ne soit du genre à accorder à ses « rencontres » plus d’attention que nécessaire, elle semblait pourtant se complaire en sa compagnie, progressant toujours à cadence légère et régulière. Finalement, après quelques mots laissés pour compte, elle obtiendra là matière à satisfaire sa curiosité, tandis qu’il dévoilait brièvement la raison de sa présence, en un simple murmure désinvolte.

« Je suis à la recherche de l'homme qui a tué ma mère. »

Reposant des iris diaphanes sur sa personne, elle se remémora alors les paroles qu’il avait énoncé au sein de la Faille. Dès lors, elle avait eu le loisir de constater la haine qui liait cet homme aux humains, et en avait plus ou moins appris les raisons. Aussi, cette révélation n’aura qu’à faire peu de chemin, laissant un instant la Demoiselle songeuse. Finalement, l’observant encore un instant, elle hochera doucement la tête, pour elle même. Elle ne doutait nullement de sa détermination, et songeait bien qu’il comptait fermement mener à bien la « mission » qu’il s’était imposée. Aussi, elle répondra simplement :

« Je vois… »

Voilà tout. Que voyait-elle, si ce n’était la franchise singulière dont il avait fait preuve envers elle en lui annonçant cela. Pourtant, bien que semblant s’adoucir un peu plus en chaque instant, bien vite, elle laissait ce voile d’impassibilité reprendre place. Cependant, elle reportera ses iris devant elle, tandis qu’il continuait à se justifier. Son ton trahissait la haine et le mépris, au travers de l’amusement qu’il laissait parfois transparaître.

« Je sais que des lois régissent cette Cité mais ma rage peut venir à bout d'un colosse et mon influence me permettre d'agir comme bon me semble alors peu importe... »

Alors elle marquera un bref temps d’arrêt, avant de se remettre en route à ses côté, répondant d’un ton calme, posé.

« Un acte mené à bien par la haine ne peut aboutir… Votre détermination, votre agilité et votre force sont certes des atouts majeurs et non négligeables, mais ils ne vous seront que d’une aide mineure si votre raison ne se mêle pas à la bataille. Vous serez bien tôt dépassé par les évènements si votre mépris aveugle votre jugement. »

Finalement, sa phrase achevée, ils parvinrent à une intersection. Ralentissant l’allure, jusqu’à se rendre immobiles, leurs regards se croisèrent le temps d’un instant. Elle se tenait droite, impassible… Pourtant, en ce regard étrangement pâle, l’on pouvait discerner un intérêt non feint envers celui qui lui faisait face. Néanmoins, à ses quelques paroles, elle détournera son attention vers les trois ruelles qui s’offraient à eux, haussant vaguement les épaules.

« Il nous est inutile de mener quelconque recherche en cette heure… Il nous faudra profiter des premières heures de la journée afin de trouver matière à nous satisfaire. Une fois le soleil haut dans le ciel, il nous sera délicat de progresser sans nous retrouver avec une armée sur le dos, pour vous, comme pour moi… Mais je me doute que je ne vous apprends rien… »

Elle sourit doucement à ces derniers mots, avant de continuer.

« Peut être serait-il plus judicieux de nous reposer avant cela… »

A nouveau, elle haussera doucement les épaules en signe de perplexité, tandis que des pas vinrent à raisonner dans la petite ruelle étroite qui prenait place à leur droite. Là, un homme marchait, tête basse. Ainsi, il ne s’était pas même rendu compte de la présence des deux étrangers, bien que cela ne saurait tarder. Se penchant légèrement en avant afin de discerner plus clairement la scène, elle haussera un sourcil. Cependant, il était a présent inutile de se dissimuler, car l’homme venait de relever les yeux, et, cessant son avancée, il ouvrit grand la bouche, ébahit. La prit alors place un balais de mimiques des plus grossières, tandis qu’il semblait prêt à prendre ses jambes à son coup. Cet homme était sans doute plus un simple travailleur forcé de se lever à des heures impossibles, qu’un guerrier capable de manier une lame sans se blesser.

[HRP : Un peu rouillée... xD]

Naïm n'avait pas vraiment poussé plus en avant la conversation... Il y avait un petit quelque chose dans l'attitude de Naylia qui semblait lui dire d'attendre, d'aller à son rythme et qu'ils finiraient par s'accorder un peu plus de confiance en temps voulu... Bien sur, le Drow était curieux, plus qu'il ne l'aurait cru d'ailleurs ce qui tentait à prouver que Naylia n'avait pas la même place pour lui que le commun des mortels... En entendant les mots de la jeune créature à son encontre il accrocha le regard de son interlocutrice et avec un détachement total et fier qui n'appartenait qu'à lui lui fit un petit mouvement négatif de tête...

"Le mépris que j'éprouve n'affecte en rien mon jugement, ma douce... Il le consolide... L'humain est un lâche qui mérite d'être châtié. Prouves-moi que j'ai tort, si tu penses pouvoir y arriver..."

Arrivés à l'intersection, trois routes s'offraient à eux... Mais l'obscurité empêchait de voir vraiment où celles-ci menaient... Naylia lui conseilla d'arrêter de marcher et de se reposer, pour attendre la lumière de l'aube qui les guiderait... Ils n'allaient quand même pas rebrousser chemin... Où aller ? Le froid devenait plus pénétrant mais il n'allait pas se plaindre, tout de même... Sa fierté de Drow en prendrait un coup dans le cas contraire...

"Ca va, il ne fait pas si froid que ça..."lacha t-il en redressant un peu plus la tête même si les légers tremblements de ses membres démentaient fortement son affirmation.

"Mais je suis réellement intrigué... Pourquoi es-tu venue jusqu'ici exactement... Si la personne que tu cherche n'est pas en ces lieux..."demanda-t-il alors tout en en semblant un peu plus concerné par tout ceci qu'il ne l'aurait été en temps normal, preuve qu'il s'intéressait vraiment à ce qui arrivait à la jeune créature.

Sentant par contre le froid jouer avec lui de plus en plus perfidement et faire descendre doucement sa température épidermique, le Drow aux prunelles de feu décida que bien qu'il faisait le fier et qu'il était hors de question qu'il perde la face en affirmant vouloir rentrer dans une auberge comme l'aurait fait une quelconque pathétique femelle frileuse, il n'était quand même pas bon de rester ainsi immobile et en prise aux rafales hivernales... Il fallait qu'il trouve un endroit un peu plus abrité s'il ne voulait pas se transformer en glaçon.

"Marchons un peu veux-tu..."dit-il alors qu'il attendait toujours sa réponse et qu'il commença à s'engager sur la ruelle de droite.

S’ils prenaient par-là, ils arriveraient près d'une auberge réputée pour sa chaleur et sa convivialité envers les étrangers.... Oui c'était très bien et c'est instinctivement la direction qu'il prit alors qu'il jettait toujours des regards autour d'eux... Quand ses yeux se posèrent sur la silhouette d'un homme qui marchait dans leur direction, il eut une sorte de rictus méprisant... le Drow pensa qu'il serait si facile de le tuer, là, dans cette ruelle sombre... Il n'y avait personne à part eux trois et ce sac à viande qui les regardait avec ce regard de Merlan suscitait chez l'elfe noir ses instincts de chasseur coutumier... Mais finalement, il n'esquissa aucun geste, se contentant de dévisager l'inconnu qui passa très vite son chemin, apeuré... Pourtant, quelque chose lui disait que cette brève rencontre ne resterait pas sans conséquences...

"Il risque d'alerter quelqu'un de notre présence, tu ne penses pas ?"fit-il en questionnant Naylia du regard, prêt à faire demi-tour et à égorger le pauvre passant... A présent, seule la jeune femme avait le pouvoir d'agir sur les "pulsions" de notre homme de main...

Désormais immobile, une main glissant sur sa taille, la Demoiselle esquissera un sourire face aux quelques mots de son compagnon, tandis que celui ci venait à mettre à bas ses conseils. Mais une nouvelle fois, elle ne s’en formalisera pas. Après tout, si émeute il y avait dans les prochains jours, la Douce serait certes aux premières loges. Jusqu’alors, elle se fierait à son instinct. Nul doute en cet instant que ce dernier ne semblait guère lui clamer de quitter si charmante compagnie. D’ailleurs, elle n’en fit rien.

« Loin de moi l’idée de vous en dissuader… »

Puis elle sourit, soudainement amusée. La façon dont il en était venu à la tutoyer ne lui avait certes pas échapper. Pourtant, elle semblait poursuivre à sa manière, nullement déconcertée. Quoiqu’il en soit, cela donnait une note curieuse et particulière à leur échange. Peu importe. Ceci n’était qu’un simple détail.

Finalement, l’observant plus attentivement, elle finit par discerner un léger tremblement, parcourir sa personne. Effectivement, l’air se rafraichissait peu à peu, et jusqu’alors, elle n’y avait guère fait attention. Pourtant, et sans grande surprise, il finit par clamer le contraire, se redressant comme pour ajouter une once de fierté à sa déclaration. Mais elle ne protestera pas, simplement amusée par sa réaction. Alors, elle portera plus ample attention à la suite de son discours, abaissant légèrement la tête, le moment venu de répondre. Après tout, il s’était montré honnête envers elle. Non que cela l’aurait étouffé de dissimuler la vérité en temps normal, elle se résoudra pourtant à la lui confier.

« Mais je suis réellement intrigué... Pourquoi es-tu venue jusqu'ici exactement... Si la personne que tu cherche n'est pas en ces lieux... »

Cependant, avant même d’obtenir réponse à sa curiosité, il finit par lui mentionner son désire de se remettre en route. Bien qu’elle se doutait une nouvelle fois de l’origine de cette demande, elle ne fera nulle remarque, se contentant de répondre calmement, tandis qu’ils se mettaient en route.

« Il y a de cela plusieurs années, deux jeunes filles résidaient ici. L’une fut forcée de quitter les lieux, la seconde contrainte à rester. Toutes deux de notre sang, sœurs et élevées parmi les humains. L’une des deux réside à ce jour sur nos terres, sous ma protection. Nous pensions la seconde depuis longtemps abattue. Mais force est de constater que ce n’est nullement le cas. Elle a, semble-t-il, tenté de s’échapper à maintes reprises, mais sans franc succès. Aussi me voilà. »

Il n’était que peu aisé de croire en cette histoire. Ainsi, la Douce se serait déplacée dans le seul but de reprendre aux hommes ce qu’ils avaient pu acquérir par la force quelques années plus tôt ? En quoi cela la concernait-elle, plus particulièrement qu'autre chose ? Quoique, en fin de compte… C’était plausible… De plus, elle semblait sincère, tandis qu’elle achevait sa réponse. Son ton était sérieux, presque préoccupé. Ce n’était pas son genre. Mais, finalement, qui pouvait réellement se venter d’affirmer ce qui était du « genre » de la Demoiselle…

Finalement, elle glissera ses iris sur l’homme qui allait vers eux, et qui semblait dès lors avoir noté leur présence. Le Drow à ses côtés n’esquissera par le moindre mouvement. Pourtant, l’homme qui se tenait face à eux, outre le fait qu’il s’apprêtait à rebrousser chemin en toute hâte, semblait également prêt à clamer haut et fort leur présence. Seule la crainte et la surprise l’en avaient alors dissuadé jusque là. Sans attendre, alors, la Demoiselle ira en sa direction, d’une rapidité et d’une agilité déconcertante aux yeux des humains, bien que coutumières à ceux des Drows.

Désormais, elle se tenait derrière l’humain, l’empêchant de faire demi tour, tandis que sa main gauche était plaquée sur sa bouche, étouffant son cri d’alerte, alors que sa droite le maintenait fermement, malgré l’agitation dont il faisait preuve. Pourtant, elle n’avait pas sortit sa lame. Certes, le tuer aurait été si simple… Mais dès l’aube venue, son cadavre alerterait les humains, et leur séjour serait compromis… Ceci, bien entendu, à moins de faire les choses fort proprement, et le plus habilement possible, ce qui, en cet instant, semblait bien délicat étant donné le mal qu’elle semblait se donner pour le maintenir immobile. La crainte semblait avoir pris entière possession de l’humain, et seule sa survie semblait compter, oubliant là tout bon sens.

Finalement, lassée, elle appliquera une pression sur l’arrière de ses genoux afin de le déséquilibrer, et ira jusqu’à le faire basculer au sol, face contre terre, s’agenouillant au dessus de l’homme afin de le maintenir à terre, tandis que sa main droite maintenait alors un bras en son dos, en une posture douloureuse, tandis que sa seconde empêchait toujours le moindre son d’échapper à ses lèvres.

Alors, d’un calme déconcertant, elle se penchera près de l’oreille de sa proie et soufflera quelques mots, esquissant un léger sourire.

« Si j’étais à ta place, je ferai preuve de moins d’ardeur… »

Certes, au plus les secondes passaient, et au plus l’idée de mettre fin à ce petit manège lui plaisait. Pourtant, elle n’en fera rien, levant les yeux vers celui qui l’accompagnait jusqu’alors, un soupçon de malice en ses iris. C’était l’occasion pour qu’il se réchauffe un peu, et à cette idée, elle ne put que sourire.

« Bien… Si tu souhaites nous en débarrasser, sans traces, je te le laisse… Sinon, il faudra nous contenter de trouver un moyen de le faire taire jusqu’à notre départ… »

Naïm observait d'un oeil amusé les réactions de Naylia, qui, souvent froides, ne montraient que très rarement de signes émotionnels... Et c'était dommage. Mais elle était comme elle était et le Drow n'avait de toute façon aucune prétention de la changer... Aussi, il préféra fixer son regard un peu plus sur l'impudent... Ce dernier n'en menait d'ailleurs pas large à vrai dire et c'est sans doute pour cela qu'il tenta de s'enfuir plus vite qu'il ne faut de temps pour le dire... La belle créature, sans l'ombre d'une hésitation, le rattrapa et lui cloua le bec... Naïm appréciait plus que tout ce spectacle et ne se gênait pas pour le montrer... Il arborait un de ses sourires triomphant et un poil sadique habituel quand il jouait au chat et à la souris avec un faible. Sauf que là, ce n'était pas lui, mais Naylia qui avait fait le premier pas... A croire qu'elle était plus aventureuse que lui...

Le fait que cet imbécile s'agite de la sorte ne semblait pas l'émouvoir outre mesure, mais après tout il avait croiser leur route... Entendant finalement la voix de Naylia enfoncer un peu plus le clou, après qu'elle l'ait mit au sol d'un geste brutal, une certaine délectation s'inscrivit sur le visage de Naïm qui n'avait plus vraiment cet air indifférent habituel, loin de là en fait... Laissant un petit rire moqueur passer ses lèvres en entendant son amie lui proposer d'en finir, Naïm ne rentra pas dans le jeu de la créature comme il l'aurait probablement fait avec un autre humain, l'enfonçant un peu plus avec délectation... En fait, un air amusé prit à nouveau place sur son visage et, l'air de rien, il s'approcha de l'humain et posa son pied sur sa tête en lui murmurant quelques mots lents et lourds de sens:

"Si tu avertis quelqu'un de notre présence... qui que ce soit... je t'arrache la langue et j'en fais des morceaux de viande, qui serviront d'entrée pour les enfants de Puy d'Elda... Ton corps quant à lui, ira nourrir un régiment entier de soldats Drows et de prisonniers... Compris ?"

Naylia n'apprécierait peut-être pas son chapardage amical -sûrement pas d'ailleurs en voyant son empressement de vouloir en finir avec l'humain- mais ce n'est pas ce qui l'empêcherait de n'en faire qu'à sa tête, comme toujours, dans un jeu du 'je te titille' qu'il adorait plus que tout.

"Compris ?"

"Hmff... "fit l'homme en tentant tant bien que mal d'acquiéscer, prenant surement la menace du Drow très au sérieux...

Il retira son pied du visage de l'humain, attrapant ensuite délicatement la main de Naylia qui empêchait toujours le moindre son de s'échapper de la bouche de l'individu ou lui permettre de bouger... Tremblant de frayeur, l'homme toujours à terre eut du mal à se relever, sonné par la décharge aussi bien physique que verbale qu'il venait de se prendre... L'idée de servir de repas n'avait vraiment pas l'air de l'enchanter du tout... Lorsque l'humain tituba devant lui, un nouveau sourire apparu sur le visage du Drow, un sourire victorieux oui, mais aussi emplit d'un certain plaisir à le voir ainsi à genoux à ses pieds...

"Allons, relève-toi, sois digne, ne reste pas au sol comme un mendiant... Tu vois, Naylia, ce qui différencie cette sous-race de la notre... Faible et sans aucun honneur. A sa place, j'aurais sauté au visage de mon ennemi pour lui faire regretter de m'avoir parler ainsi, quite à mourir dans la seconde... Quelle espèce puante... Tss, c'est affligeant..."

L'homme tremblait... de rage peut-être... En tout cas, la première chose qu'il fit une fois debout fut de tourner les yeux vers Naylia, une goutte de sueur perlant son front...

"Laissez-moi partir, je vous en supplie... Je ne dirais rien... "

Un nouveau sourire en coin vint poindre sur le coin des lèvres de Naïm. Ainsi, il avait poussé le vice à le déposséder de son honneur... Le Drow semblait littéralement jouer avec l'humain comme l'aurait fait un hibou peu affamé avec une malheureuse souris... Le regard acéré pausé sur sa proie, il était maintenant clair qu'il préférait que, comme la souris, l'individu tente quelque chose. Se rebeller, fuir, il lui laissait le choix mais qu'il l'amuse... La main de Naylia toujours dans la sienne, Naïm lui rendit sa liberté pour qu'elle fasse ce qu'elle veut avec cet imbécile... Lui s'était montré assez magnanime...

"Fais ce que tu veux de lui..."lui murmura t-il à l'oreille, tournant ensuite son regard vers l'homme qui hésitait à bouger.

Posant ses iris sur le Sombre, la Demoiselle plongera en un silence attentif, tandis que, sous son emprise, l’homme à terre tremblait d’ores et déjà de tout ses membres, sans doutes convaincu que, dès à présent, ses secondes étaient comptées. Là était en effet un raisonnement intéressant, voir parfaitement plausible. Mais il n’en sera rien… A dire vrai, Naïm mit un certain temps à la rejoindre, bien qu’aucun détail de la scène ne semblait lui avoir échappé, un sourire au coin de ses lèvres.

Cependant, c’est un rire qui lui échappera à la suite des paroles de la Douce, et, intriguée, cette dernière haussera un sourcil, attendant la suite avec patience. Il semblait se délecter de la scène, et prenait un malin plaisir à rendre la situation plus inconfortable encore à cet humain à terre. Sa voix s’élèvera enfin, calmement. Simple avertissement que voilà, pourtant lourd de sens.

« Si tu avertis quelqu'un de notre présence... qui que ce soit... je t'arrache la langue et j'en fais des morceaux de viande, qui serviront d'entrée pour les enfants de Puy d'Elda... Ton corps quant à lui, ira nourrir un régiment entier de soldats Drows... Compris ? »

Menace faite, elle lèvera doucement les yeux vers lui, intriguée, tandis qu’elle sentait les muscles de sa proie se crisper d’avantage en ces tremblements incessants dont était parcouru son corps entier, tandis qu’à la seconde reprise, il tentait d’approuver ses dires, malgré la main toujours posée contre ses lèvres. Néanmoins, c’est alors que le Drow en venait délicatement à prendre la main de la Douce, que celle ci finit par relâcher son emprise. Lentement, elle se redressera, et se placera aux côtés de son compagnon, sa main toujours glissée dans la sienne.

L’humain, pour sa part, mit un certain temps à se redresser. Terrifié, ses membres ne semblaient parvenir à se coordonner parfaitement. Cela rendait la situation grotesque, risible. Mais elle ne riait pas. A dire vrai, elle ne leur accordait que peu de confiance, a ces humains. Voir aucune. Et c’est un regard de glace qui observait l’homme, tel un nouveau né tentant d’apprendre à marcher. Quelque peu irritée, chose rare pour celle qui semblait sans cesse calme et impassible, elle prêtera une oreille distraite à la suite des paroles de Naïm.

« Aucun honneur non… Aucune parole… »

L’homme fit un pas en arrière au ton de la Demoiselle. Ces quelques mots avaient été secs, glaciales. Pourtant, c’était sur elle qu’il portait désormais son regard. Prêt à l’humiliation, il finit par la supplier de le laisser s’en aller, affirmant son silence. Mais elle ne semblait convaincue, et pour cause. Les humains étaient lâche. Si ce dernier en venait à se sentir en sécurité auprès d’un quelconque garde de la ville, il ne tarderait certes pas à les dénoncer.

« Oh… Vraiment… ? »

Naïm vint à lui lâcher la main, soufflant quelques mots à son oreille. Penchant légèrement la tête, elle s’avancera doucement vers l’humain. Sa démarche était mesurée, gracieuse, tel un serpent dansant face à sa proie. Ne pouvant effectuer le moindre mouvement, l’homme attendra la rencontre, fermant les yeux, les poings serrés, comme qui se résigne à souffrir une dernière fois.

Alors, la Douce cessera son avancée, à quelques centimètres à peine de la créature apeurée. Là, elle se penchera doucement près de son oreille, et soufflera quelques palabres, sifflantes.

« Sois certain que ta famille sera entre mes mains, avant que tu n’aies pu ouvrir la bouche. A ce moment précis, me supplier ne te suffira pas à les sauver. »

Sur ce, elle se redressera et lui tournera le dos, sans crainte, revenant sur ses pas, tandis qu’elle rejoignait Naïm. L’homme restera alors un instant à la fixer, incrédule, à nouveau la bouche grande ouverte. Puis, ses iris glisseront sur le Drow, et, finalement, après quelques pas maladroits, il finit par se retourner brusquement, et prit ses jambes à son cou, manquant de trébucher à plusieurs reprises. Là, a nouveau face à la ruelle, elle observera ce spectacle, navrant, quelque peu contrariée par le dénouement de la situation.

« Sois certain que ta famille sera entre mes mains, avant que tu n’aies pu ouvrir la bouche. A ce moment précis, me supplier ne te suffira pas à les sauver. »

Et maintenant, voila que l'homme partait à toutes jambes et en plus c'est lui qui se sentait mal de l'avoir laisser en vie... C'était quand même bizarre de se sentir mal pour une chose ayant si peu d'importance, ça ne lui ressemblait pas du tout en plus. Naïm détestait cette sensation qu'il avait du mal à comprendre... Quoi qu'il en soit, son visage ne trahissait pas la moindre de ses pensées pour un regard extérieur.

Il continua de marcher en compagnie de la demi-drow, lentement et dignement, la tête haute et fière, en direction de la sortie de la Cité, faisant fi des quelques regards interrogateurs qui l'avaient suivit.... Le Drow se coupa un instant de ses réflexions autant que de sa progression et attrapa Naylia par le bras...

"Je pense que je vais retourner à Puy d'Elda... Je n'ai plus rien à faire ici." fit-il à sa compagne en posant ses yeux dans les siens...

Il se souvenait de l'endroit par lequel il était entré, désormais, et n'avait envie plus que d'une chose, s'en aller d'ici... Après tout, il avait vu son frère et avait pu clarifier la situation avec lui... De plus, le danger guettait le Drow à chaque coin de ruelle, lui qui s'était longtemps fait maudire par les humains dont il avait été un fervent éliminateur lors de ses débuts aux côtés de Tebryn...

Il resta là un instant, aux côtés de Naylia, fixant ses prunelles dans les siennes. Enfin, il laissa un agréable sourire, inhabituel, venir flotter sur ses lèvres... il n'était du genre à faire ça en temps normal, mais là, ce n'était pas une situation tout à fait normale... Tout de même, ils étaient un peu en territoire ennemi, même si n'importe qui pouvait circuler librement dans la capitale des hommes... (tite précision pour Asté : on se situe bien avant la mort des princesses ^^)

Elle non plus n'avait peut-être plus rien à faire à Diantra, mais il préférait partir seul, elle pourrait toujours rebrousser chemin et trouver une auberge ou un hôte, vu qu'elle était à moitié humaine, voir retourner s'amuser un peu avec le sans-cervelle qui les avait croiser...

"Je ne t'empêche pas de venir avec moi... Mais je compte me rendre le plus vite possible là-bas, le chemin risque donc d'être long et éprouvant... Je ne trouverai le repos qu'une fois que je serais auprès des miens."

Le Drow avait envie de lui dire autre chose mais à vrai dire, il ne savait pas quoi et c'est sans doute pour ça qu'il resta à la regarder quelques instant, semblant se foutre complètement de paraitre hésitant... Finalement, il déposa un baiser fugitif sur sa joue, puis la lâcha...

"Au plaisir de te revoir un jour. Ou même tout de suite..."dit-il simplement avant d'entamer sa progression vers la sortie de la ville.

(A toi de voir si tu me suis, ou non ^^)

Un certain temps encore, elle observera l’homme s’en aller, rapidement, jusqu’à disparaître au coin d’une ruelle, échappant à son champ de vision. Pourtant, les bruits de sa course raisonneront encore un instant, irréguliers. Finalement, elle se détournera, reportant ses iris sur son compagnon : celui ci semblait contrarié, bien d’avantage qu’elle même ne pouvait l’être.

Pourtant, ils se remirent en route, et à ses côtés, le Sombre allait, fièrement, tandis que la Demoiselle se contentait de se mouvoir calmement, quelques mèches glissant sur ses épaules à cadence régulière. Elle observait désormais devant elle, songeuse, tandis qu’inévitablement, ils se dirigeaient vers l’entrée qu’ils avaient sans nul doute emprunté quelques heures, voir quelques jours plus tôt. Certains regards se posaient sur eux, curieux.

Soudainement, il attrapera le bras de la jeune femme, l’invitant de ce fait à l’imiter en cessant sa progression, tandis qu’il exprimait son désire de quitter Diantra. Là, surprise, elle penchera légèrement la tête sur le côté, interrogatrice. Son comportement lui échappait, et elle semblait perplexe, bien malgré elle. Pourtant, elle l’observera avec attention, tentant de discerner ce qui le troublait.

Finalement, c’est un sourire qui viendra se dessiner sur les lèvres de son compagnon, rendant la Douce d’autant plus perplexe. La décision du jeune homme semblait irrévocable, et la voici qui s’attendait une nouvelle fois à ce qu’il n’en vienne à la planter sur place, tout comme le jour de leur première rencontre. Alors, son regard semblera s’assombrir, le temps d’un bref instant. Sans doute imaginait-il que, venue seule, elle n’aurait aucun mal à continuer seule. Et peut être avait-il raison.

Alors, il reprendra la parole, la tirant ainsi de quelques songes divers, tandis qu’elle reportait ses iris sur sa personne.

« Je ne t'empêche pas de venir avec moi... Mais je compte me rendre le plus vite possible là-bas, le chemin risque donc d'être long et éprouvant... Je ne trouverai le repos qu'une fois que je serais auprès des miens. »

Elle ne savait que dire, ni même ce qu’elle pouvait ajouter. Ce n’était nullement dans ses habitudes, pourtant, elle conservait le Silence, un simple « Je vois… » échappant à ses lèvres. Lui même semblait hésitant, jusqu’à ce qu’il n’en vienne à déposer un simple baiser sur sa joue, tirant là un bref frisson à la Douce, qui glissera ses iris sur lui, une nouvelle fois, surprise. Et c’est ainsi qu’elle l’observera se détourner, avant de se remettre en route.

Interdite, elle restera un instant sur place, songeuse. S’en aller revenait à délaisser ce pour quoi elle été venue, ce pour quoi elle avait quitté la cité, et cette solution lui semblait particulièrement pénible. Elle n’appréciait pas hésiter de la sorte ; elle qui avait pour habitude d’avoir chaque situation en main, aujourd’hui, les choses étaient plus complexe, et cela la contrariait.

Pourtant, il s’éloignait toujours plus, et elle en venait presque à lui en vouloir. C’était pénible, mais elle devait le reconnaître : elle lui en voulait de la laisser une nouvelle fois face à si peu d’explications. Alors, ses doigts glisseront à sa taille, et son bras s’élancera en un geste précis et calculé. Enfin… Façon de parler… Sans doute était-ce alors une chance qu’aucun humain ne s’était trouvé sur le chemin suivit par la lame de la Demoiselle, qui venait siffler aux côté du Drow, et se planter à quelques mètres devant lui, légèrement sur sa gauche et nullement gêné par les dalles qui jonchaient le sol, ici et là. Si l’arme l’avait effleuré, elle fut cependant lancée de telle sorte à ne pas le blesser, et effectivement, la lame n'entailla pas même ses vêtements, simple moyen d’attirer son attention, tandis qu’elle comptait sur le fait qu’il ne s’arrête pour rattraper son retard.

Alors, revenant à ses côtés, elle soufflera, contrariée :

« Cela devient une habitude… »

Naïm fut finalement coupé dans sa progression quand il sentit quelque chose frôler son bras gauche, dangereusement... Intrigué et méfiant envers l' impudent qui avait oser lancer une lame dans sa direction, il tourna légèrement la tête pour rencontrer la silhouette de Naylia qui vint le rattraper, profitant de son temps d'arrêt... Elle l'avait retenu ? Mais cette façon de faire... Cette créature avait vraiment un tempérament à part... Que lui avait-elle pris ?

Et bien, la réponse ne se fit pas vraiment attendre car un souffle de contrarieté passa sur les lèvres de Naylia... Ainsi donc elle avait du hésiter, un tant soit peu, pour décider finalement de l'accompagner... Bien sur, le Drow en était surprit, il était rare qu'on le suive de la sorte, même dans sa fonction, alors c'était assez bizarre à vrai dire... D'ailleurs il se surprit à sourire à en la voyant le rejoindre, charmé par ce geste original.. Si Naïm avait été autre, sans doute que tout ceci l'aurait mit mal à l'aise mais rien n'en paru...

Il lui offrit d'ailleurs un petit sourire amical et naturel, ayant perdu son habituelle connotation narquoise pour se faire plus sincère...

"Il fallait le dire si tu voulais venir..."dit-il finalement sur un ton doux qui n'était en rien moqueur comme il l'aurait pu l'être avec n'importe qui d'autre.

Ainsi tout était dit. Il l'invitait à le suivre à le suivre si le coeur lui en disait. Lui de toute façon, ne se sentait pas d'humeur à côtoyer encore un moment les humains de Diantra... Il jeta d'ailleurs un coup d'oeil rapide en direction d'un groupe d'individus non loin qui les épiait et sentit son sourire s'évanouir alors que son regard se faisait plus dur... Mais il revint très vite sur Naylia, plaisantant...

"Si tu promets de ne pas m'égorger lorsque j'ai le dos tourné, je veux bien qu'on fasse la route ensemble..."

La distraction avait eu tôt fait d’obtenir l’effet escompté, tandis que le Drow posait ses iris sur sa personne, semblant que peu surpris, voir déconcerté. Sans nul doute avait-il songé qu’elle ferait demi-tour sans autre procès. Et probablement avait-il eu raison, car elle aurait, en temps normal, préféré accorder de l’indifférence et un dédain certain à celui qui agissait de la sorte. Pourtant, cela n’avait nullement été le cas, et à l’évidence, l’un comme l’autre, au cours des dernières heures, semblaient avoir troqué leurs habitudes pour un comportement qui aurait pu paraître comme étranger à leur entourage.

Pourtant, et à sa grande surprise, elle vit un sourire se dessiner sur les lèvres de Naïm, tandis qu’elle progressait en sa direction. L’idée qu’elle puisse elle même se mettre en danger par ce geste, ne semblait pas même lui avoir effleuré l’esprit. D’ailleurs, il prit la parole, d’un ton étrangement doux, dénué de toute moquerie.

« Il fallait le dire si tu voulais venir… »

A nouveau, cela sera un voile de contrariété qui passera sur le visage de la Douce, qui prit son temps pour répondre. A vrai dire, elle ira en tout premier lieu récupérer sa lame, sans mal, venant la glisser à sa taille. Là, elle reportera ses iris sur son compagnon, ce dernier souriant toujours.

« Il faut reconnaître que tu ne m’en as guère laissé le temps… »

Cependant, peu de temps après, elle vit le sourire de son interlocuteur s’effacer, tandis qu’il détournait son regard. Glissant alors ses iris en cette même direction, la Demoiselle notera la présence des dits humains, mais ne s’y attardera que peu, revenant à son principal sujet d’intérêt à cette heure ci, ce dernier reprenant d’ailleurs la parole, une pointe de plaisanterai en sa tournure.

« Si tu promets de ne pas m'égorger lorsque j'ai le dos tourné, je veux bien qu'on fasse la route ensemble... »

Un simple sourire glissera alors sur ses lèvres, tandis qu’elle faisait mine de réfléchir à la proposition. Puis, finalement, elle haussera les épaules, et déclarera d’un ton faussement déçu.

« Bon et bien, s’il le faut… Je ferai un effort… Allons-nous en…»

Ces dernières paroles étaient plus sérieuses, tandis que le groupe précédemment mentionné allait en s’agrandissant, et que les murmures et les regards devenaient plus oppressants.

» Si la guerre il faut, la guerre il y aura [GUERRE]
» La guerre ! Oui la guerre ! Mais la stupidité, non ! [Lourmel - Solo]
» Une p'tite chasse ? [Réservé]
» La nuit, tous les chats sont gris [Réservé]
» Méréwyïn Alaryïn [Grand prêtre d'Arcamenel] {réservé Ambre}

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