Souvenirs douloureux (PV- Erluthiel)

[list]La lune décrivait ses rondeurs dans un ciel assombrit par la nuit. Des rayons tamisés s’encraient dans les nuages, les traversant avec la beauté d’une flamme assoupie. Au loin, un silence de plomb, traduisant le calme et la beauté de ces terres. Seuls un bruit de galop vient casser cette ambiance, y amenant un rythme de course effrénée. De légers hennissements, un rire d’enfant. Se rapprochant entre les arbres, on peut apercevoir une jeune elfe à la chevelure de neige, aux reflets dorés. Un regard d’émeraude qui perce la nuit, un sourire magique et étincelant. Une elfe ? Non pas vraiment ; ses oreilles rondes et humaines trahissent son sang humain. Son air jovial, son caractère enfantin également. La demi avait les bras levés, laissant le vent s’engouffrer dans son cou, caressant sa chair sans jamais la mordre, le froid n’étant pas un ennemi pour elle. Elle souriait toujours, encourageant de sa voix elfique et mélodieuse sa monture, qui semblait elle aussi prendre un malin plaisir à contourner les arbres, à traverser les chemins…coupant la nuit de sa robe d’Eben et de ses crins blancs. Il s’agissait en fait d’Erluthiel, qui, de son éternelle personnalité enfantine, profitait de cet instant de liberté, de la nuit caressant sa peau, du froid soulevant ses cheveux clairs. Finalement, au bout de quelques instants, la jeune demi-elfe décida de s’arrêter, calmant l’excitation de son cheval ; elle venait de percevoir la douce mélodie de l’eau, frappant la roche avec cette férocité digne des plus grandes cascades. Elle resta quelques minutes silencieuse, à écouter cette chanson naturelle, avant de comprendre que la dite cascade était proche, très proche.

Lâae, sa monture, prit une allure stable et douce, pour faciliter la notion de distance de sa maîtresse. En effet, celle-ci paraissait déjà bien plus sérieuse, écoutant l’appel de l’eau…cet élément qu’elle jugeait si beau, mais qui lui ramenait toujours son reflet et par conséquent…ses ‘souvenirs’. Tous plus douloureux les uns que les autres, parce que sûrement irréels et inconsistants. Son cerveau inventait des images, faisait crier son cœur de douleur. Mais jamais, jamais ses yeux ne s’embuaient, son visage ne prenait la forme de cette souffrance. Il lui semblait que c’était interdit. Pleurer lui aurait sûrement fait un bien fou, mais elle en était incapable…Sur quoi aurait-elle pu s’apitoyer ? Erluthiel vit finalement la silhouette magnifique d’une cascade bleuâtre, qui brillait sous la lueur lumineuse des astres. Elle s’avança légèrement, observa le ciel, puis le paysage, qui lui paraissait sublime. Et puis, au bout d’un instant, elle vit une femme nue, assise sur un rocher. Les lumières accentuaient sa beauté, et il s’agissait d’une elfe qui laissait sa tristesse affluer sur ses joues, concentrant des larmes brillantes qui tombaient, juchées sur les coins pâles de ses yeux..Elle se leva, calmée ; s’habilla. Ce fût d’ailleurs à ce moment-là qu’elle remarqua Erluthiel, et que le cheval remarqua le loup… La jeune demi-elfe descendit de sa monture, lentement ; le calmant par des caresses doucereuses sur les naseaux.

« Je ne voudrais pas…vous déranger, mais… si vous voulez être seule, je peux m’éloigner. »