En fait, peu importait que le bien retourne dans les mains de son propriétaire légitime. Valeria faisait de la redistribution de richesses. Elle participait à l'équité de la société, quoi de mieux ? Elle avait besoin de choses qui n'étaient pas nécessaire aux autres. Ce n'était pas du vol, c'était remettre les choses comme elles devaient êtres. D'accord, ce n'était pas non plus de l'emprunt, mais ce mot servait surtout à ne pas avoir à parler ouvertement de vol. Valeria édulcorait la réalité, en d'autres termes.
Elle eut un très léger sourire à la dernière réplique d'Isabeau. Se faire égorger. Honnêtement, ça l'étonnerait beaucoup. Le maître d'armes qui l'avait formée en prison n'était pas un imbécile et elle savait effectivement se battre, même si elle n'aimait pas ce genre de confrontation directe. D'un coup, elle vida sa coupe de vin, puis prit la bouteille en main en se relevant, remettant le bouchon de façon plus ou moins approximative, pour au minimum pouvoir la trimballer sans problème.
"Tu ne les as pourtant pas égorgés. Tu n'es pas une tueuse, pas plus que moi. Et puis... Je suis bien meilleure qu'eux.", dit-elle de façon moins méfiante, et plus sympathique que d'habitude. C'était quand même pas un trésor de sociabilité, mais c'était déjà moins mauvais qu'en général...
"Nous nous retrouverons peut-être, quand tu repasseras dans ces rues. Pense à toujours regarder derrière toi. Les ombres sont traîtres."
Il y avait une once de menace dans cette façon, plutôt inhabituelle, de dire aurevoir. Ou alors, simplement, elle la mettait en garde contre les autres voleurs. C'est que tous n'étaient pas aussi gentils ni subtils qu'elle. Après l'avoir saluée d'un hochement de tête, Valeria se dirigea tranquillement vers la sortie, bouteille en main. Bientôt, elle se fondrait à nouveau dans la nuit, comme un fantôme qui n'était jamais vraiment apparu dans cette taverne miteuse. On l'oublierait à nouveau... Et inutile de préciser que ça l'arrangeait bien.